Miroir des classiques Frédéric Duval |
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On ne connaît qu’une seule traduction du second volume du Digeste. Les
sous-ensembles Infortiat (D. 24.3-35.2.81) et Tres
partes sont à l’évidence le résultat d’une même entreprise, individuelle
ou collective, de traduction et doivent donc être considérés comme une seule et même
traduction : ils proposent en effet les mêmes équivalences lexicales françaises aux
mots techniques latins et affectionnent les mêmes tours syntaxiques comme la locution
prépositionnelle a ce que
ou l’attaque par et
des
propositions principales.
Cette traduction anonyme nous est transmise par deux témoins:
La tradition directe est complétée par le témoignage indirect et très partiel du Livre de jostice et de plet, qui compile la traduction de l’Infortiat. D’après le ms Paris, Bibl. nat. de Fr., fr. 2844, témoin unique du Livre de jostice et de plet (abrégé LJP), la traduction de l’Infortiat date au plus tard des années 1260.La traduction est à la fois précise et compréhensible, voire élégante. La maîtrise des concepts du droit romain apparaît nettement à la pertinence des solutions de traduction adoptées. Tout en évitant les latinismes syntaxiques et lexicaux, la traduction rend au mieux la substance du texte-source. Cette réussite incontestable tend à faire penser que le ou les traducteurs n’en étaient pas à leur coup d’essai et qu’ils possédaient une solide expérience en matière de droit romain énoncé en français.
NB : Pour une présentation détaillée, on se reportera à Pastore-Duval [à paraître].
De nombreux accords sémantiques entre le texte-source et R contre B permettent de conclure avec certitude que R n’a pas été copié sur B, en particulier en cas d’omission dans B. Les collations établissent également que R et B sont indépendants et remontent à un ancêtre commun. Enfin, deux erreurs conjonctives communes à BR et au Livre de jostice et de plet prouvent qu’aucun des trois témoins ne remonte à l’original, mais qu’ils descendent tous trois d’un archétype commun.
Confirmant la critique externe, en particulier la datation des témoins, la critique interne établit nettement que le LJP ne dérive ni de B ni de R, puisqu’il s’accorde tantôt avec R là où B est fautif, tantôt avec B là où R est erroné. Le manuscrit fr. 2844 permet également de mettre en évidence des erreurs conjonctives de BR et donc de leur supposer un ancêtre commun, α, différent de celui dont s’est servi le compilateur du Livre de jostice et de plet. On aboutirait donc, pour les passages transmis par les trois témoins, à un stemma du type :
L’une des hésitations du stemma tient au statut du ms fr. 2844, qui peut être soit considéré comme un original rédigé sans grand soin par un compilateur qui s’est fié à des sources parfois défectueuses, soit comme une copie réalisée rapidement par un scribe qui a amplifié les défauts déjà présents dans l’original. En supposant que le compilateur est toujours meilleur que le scribe, G. Pastore penche en faveur de la seconde hypothèse.
Quel serait le manuscrit à consulter en priorité et à utiliser comme base pour une édition ? Si l’on excepte la partie copiée par l’éphémère et apparemment bien négligent second copiste de B, aucun des témoins directs ne se distingue de l’autre par l’authenticité de ses leçons. Toutefois B, dont le copiste principal a travaillé vite, comme le prouve son écriture, se démarque par la fréquence des sauts du même au même. Une édition gagnerait sans doute à éviter de choisir B comme témoin de base, de peur d’avoir constamment à combler des omissions par des segments de R qui nuiraient trop fortement à la cohérence graphique du texte critique. En outre, rappelons que B est incomplet du premier feuillet.
La collation de B et de R avec le latin montre qu’il ne saurait être envisageable de se passer d’une méthode reconstructionniste, qui plus est dans une configuration où le latin permet d’identifier aisément les erreurs, tant elles sont partagées entre les deux témoins. R doit donc être corrigé en cas d’accord sémantique de B avec l’original latin. Ainsi, l’établissement du texte permettra d’atteindre un état textuel plus proche de α.
Contenu: traduction française anonyme de l’Infortiatum (= Digestum de Justinien 24.3-38.3) (titre ancien : l’Enforsade en françois, f. 205a) (sigle B).
Parchemin (de qualité très médiocre : nombreux trous, brisets, coutures, préparation imparfaite), 205 f. précédés et suivis d’1. f. de garde papier moderne ; France (Ile-de-France, Orléanais, Champagne occidentale), 1300-1325 (d’après la scripta, les initiales filigranées et l’écriture) ; 255 x 170mm. (justification : 198 x 140 mm.). Réglure à la mine de plomb (1-1-11/0/1-1/J) uniforme pour l’ensemble des cahiers : d’après le f. 99, (20 + 198 + 37 mm. [de haut en bas]) x (10 + 65 + 10 + 65 + 20 mm. [de la reliure vers la gouttière]). Trace de piqûres ayant servi à tracer la linéation dans la marge de gouttière ; piqûres pour le tracé des rectrices verticales en marges de tête et de queue. Copié sur 2 col., le ms compte de 50 (f. 44b) à 52 (f. 201a) lignes par col., soit une UR comprise entre 3,8 et 3,95 mm. pour le corps du texte. – foliotation moderne à l’encre en chiffres arabes, parfois doublée (avec une unité de décalage) d’une autre foliotation moderne en chiffres arabes à la mine de plomb ; titre courant : sur le f. verso, « L » rubriqué ; numéro du livre en capitales romaines bleues et rouges sur le recto. La numérotation des livres est continue de I à XIV avec quelques flottements entre les rubriques et les titres courants : le numéro XI comprend à la fois le livre 11 de l’Infortiat et le premier livre des Tres partes ; le numéro XIII comprend les livres 2 et 4 des Tres partes. Une main plus récente a indiqué au-dessus de la numérotation primitive, le numéro du livre du Digeste.
Collation: 17 [3+4] (f. 1-7v [réclame à l’encre noire]), 28 (f. 8-15v [réclame à l’encre noire encadrée à l’encre noire]), 38 (f. 16-23v [réclame à l’encre noire]), 44 (f. 24-27v), 58 (f. 28-35v), 66 (f. 36-41v), 78 (f. 42-49v [réclame à l’encre noire]), 88 (f. 50-57v [réclame à l’encre noire]), 98 (f. 58-65v [réclame à l’encre noire]), 108 (f. 66-73v [réclame à l’encre noire]), 118 (f. 74-81v [réclame à l’encre noire]), 128 (f. 82-89v [réclame à l’encre noire]), 138 (f. 90-97v [traces de réclame à l’encre noire]), 148 (f. 98-105v [réclame à l’encre noire]), 158 (f. 106-113v [réclame à l’encre noire]), 166 (f. 114-119v [réclame à l’encre noire]), 174 (f. 120-123v [réclame à l’encre noire]), 188 (f. 124-131v [réclame à l’encre noire]), 198 (f. 132-139v [traces de réclame à l’encre noire]), 208 (f. 140-147v), 218 (f. 148-155v [réclame à l’encre noire]), 228 (f. 156-163v [réclame à l’encre noire]), 238 (f. 164-171v [réclame à l’encre noire]), 248 (f. 172-179v [réclame à l’encre noire]), 258 (f. 180-187v [réclame à l’encre noire]), 268 (f. 188-195v [réclame à l’encre noire]), 276 (f. 196-201v [réclame à l’encre noire]), 284 (f. 202-205). Traces de signatures à la mine de plomb.
Reliure: demi-reliure moderne de basane (en mauvais état).
Ecriture: main 1, f. 1-7v, f. 28-fin : semitextualis
libraria irrégulière et rapide, assez peu soignée,
avec une tendance à la cursivité ; main 2, f. 8-27v : semitextualis
libraria un peu moins rapide et plus soignée que la
main 1. Les changements de main correspondent à des changements
d’encre et de cahier. On distingue en outre la main d’un
rubricateur postérieur : si chaque copiste semble avoir copié
les rubriques des segments textuels dont il s’est chargé,
quelques rares rubriques omises, pour lesquelles aucune réserve
n’avait été prévue, ont été ajoutées postérieurement en cursiva
currens (cf. par ex. f. 197b). – Coefficient
d’abréviation de la main 1 :17, 2 %, 15, 3 %, sans
et
; main 2 : 6,9 %, 6% sans
et
.
Scripta: les aires septentrionales et orientales
sont d’emblée exclues (ex. fet
,
fere
, cf. Dees 1980, c. 248 ;
meson
, cf. ibid., c. 171 ou encore leu
,
cf. ibid., c. 168), de
même que le poitevin-saintongeais (ex. mois
, cf.
Dees 1987, c. 177) et l’anglo-normand dans
l’aire occidentale. Les extraits édités ne livrent aucun des
traits suivants, caractéristiques du normand : absence de
palatalisation de /ka-/, /ga-/, palatalisation en chuintante de
/ki-/ ou /ke-/, absence de l’effet de Bartsch, désinence de la
P4 en -on ou -um). L’utilisation exclusive des graphies
hoir
, oir
tend à écarter les
autres scriptae occidentales
(cf. Dees 1980, c. 158). On peut hésiter entre une
localisation en région parisienne, en Orléanais ou même en
Champagne occidentale, mais l’on rencontre peu d’influences
occidentales qui font l’originalité de la scripta orléanaise par rapport à la
scripta parisienne (cf.
Simoni-Aurembou, LRL, t. II/2, 1995, p.
352-354 ; Gossen, Skriptastudien,
1967, p. 187-211). Les graphies
procuratour
et procurator
(25.4.1.10) font exception (cf. Goebl, LRL,
t. II/2, p. 330-331), de même que la fréquence
supérieure des articles contractés el
par rapport
à ou
(cf. Dees 1980, c. 53 : formes
de l’article contracté « en + le » : el / ou : 77% Normandie,
32% région parisienne, Orléanais 3%) et as
par
rapport à aus
(cf. Dees 1980, c. 50
: formes de l’article contracté « a + les » : as /aus : 22%
Normandie, 64% région parisienne, Orléanais 63%).
Les deux mains pratiquent une scripta semblable, même si la main 1, largement
majoritaire, se distingue par l’utilisation de la forme
-aige
vs -age
(main 2) (cf.
Dees 1980, c. 204heritaige, usaiges / heritage, usage : 2% Ile-de-France, 3%
Normandie, 4% Sarthe et Mayenne, mais 39% Orléanais, 63% Yonne
et forte représentation dans les scriptae de l’Est).
Le passage de l’Infortiat aux Tres partes est peu marqué : le saut de colonne (f. 147d) n’a aucun relief puisqu’il intervient en bas de colonne. L’initiale des Tres partes est une lettre bleue et rouge de 5 UR à filigranes rouges se prolongeant dans la marge par des festons (= bande de I) alternativement bleus et rouges se prolongeant jusqu’au second paragraphe du premier titre. Elle ne se distingue pas des initiales ouvrant un nouveau livre au sein des deux ensembles. En outre, le titre courant du 11e livre de l’Infortiat est conservé tout au long du premier livre des Tres partes.
Le passage d’un livre à l’autre est
signalé : 1. par une initiale rouge et bleue filigranée de 4
UR se prolongeant en marge par une bande de I alternativement bleus et rouges ;
2. par le changement de titre courant (sauf erreurs) ; 3. par
une rubrique de début du type Ci commence li tierz
livres d’Enforcade
, f. 29d ou Ci comence li
premiers livres de trois parz
, f. 148a.
Les titres se distinguent par une rubrique disposée en escalier. L’initiale du titre, haute de 2 UR, alternativement bleue à filigrane rouge et rouge à filigrane bleu ne se distingue pas de celle du paragraphe.
Chaque paragraphe est signalé par un
retour à la ligne. Le nom de l’auteur de la loi commence par
une initiale filigranée de 2 UR. Le début de la loi
proprement dite, après le verbe d’énonciation (le plus
souvent dit
), s’ouvre par une lettre nue
alternativement rouge ou bleue, d’une UR. L’irrégularité de
l’écriture, plus ou moins serrée, permet au copiste de
ménager un espace blanc afin de rendre visible le saut de
ligne entre chaque paragraphe. Les paragraphes sont
structurés par des pieds-de-mouche rouges, souvent suivis
d’une lettre rehaussée de rouge. A un niveau inférieur,
quelques lettres sont rehaussées de rouge.
Des f. 8 à 27, le décor de couleur n’a pas été réalisé, à l’exception des rubriques copiées par le copiste de ces cahiers. Même le titre courant, réduit au numéro du livre sur les f. rectos, est indiqué à l’encre brune. En revanche, le copiste a dessiné les initiales à l’encre brune des f. 9v-11 avant de s’interrompre. Lettres d’attente à l’encre noire dans les marges de gouttière et de reliure des f. copiés par la première main.
Traces de lecture: Notes marginales en cursiva currens, dues à plusieurs mains postérieures. Dans la marge supérieure, en latin, d’une main du 3e quart du 14e s., incipit de chaque paragraphe, colonne par colonne. Dans le coin supérieur droit de chaque recto, d’une plume plus fine et d’une encre un peu plus foncée, la même main a noté le nom du titre latin à la manière d’un titre courant. Une autre main a indiqué, au-dessus du titre courant, en chiffres arabes le numéro du livre du Digeste correspondant à celui de l’Infortiat. Une main cursive de la 2e moitié du 16e s. a entrepris de revoir et commenter quelques passages du texte (f. 30v, 42-43, 187v-189v). Cette révision s’appuie sur le texte latin.
Provenance: mentions de possesseurs du 16e s. : « Pichonus » (f. 205) ; « Aemilius S. Ferretus » (f. 205). A appartenu aux Carmes de Bordeaux.
[25.4.0]De garder le ventre a la feme qui dit que ele
est grosse .v. (rubr.)
[25.4.1] Ulpians dit. [pr.] il avint
ou tans aus S. freres que uns homs disoit que sa feme estoit
grosse. et ele le nioit. et quant conseulz leur en fu demandez. il
escristrent a
priscian. le prevost de la cité en tiex
paroles. Il samble que sevoirs requiere aucune nouvele chose que il
mete garde a sa feme qui est departie de
lui. qui nie que ele n’est pas grosse. et pour ce ne se doit nus merveillier se nous
i metons nouvel conseil. se il se tient
donques en cele requeste il est bien que
l’en eslisse la meson a une tres preudefeme en quoi la feme
viengne. et iluecques ait .iii. ventrieres esprouvees
et sages et
leaus qui la gardent par ton
commandement. et se toutes les .iii.
ou les .ii. dient que il leur samble qu’ele soit grosse. il
convendra amonnester a la feme que
ele reçoive la garde autresi comme se ele
meismes l’eust requis. et se ele n’a enfant li maris sache que ce
apartient a sa male renonmee. quar il
samble que il l’a fait pour faire aucun
tort a la feme. Et se les .iii. femes ou les .ii. dient que ele
n’est pas grosse il n’i a nule cause de garder la
[1] par cez letres voit l’en
apertement que li
conseulz au senat de
reconnoistre les enfanz n’i a pas leu
se la feme ne veult faire samblant qu’ele soit grosse. ou ele nie
que ele ne l’est pas ne ce n’est pas tors.
quar ainz que li enfes soit nez ce est
une partie des entrailles a la feme. mes
quant li enfes est nez li peres le
puet demander comme siens. ou requerre que
il soit aportez avant / li princes secort donc en cause
neccessaires. [2] et selonc cez letres la feme puet
estre apelé par devant le prevost.
et li puet l’en demander. se ele cuide estre grosse. et ele doit
estre de respondre. [3] se ele ne respont donc pas.
ou ele ne vient pas par devant le
prevost li enjoindrons
nous la paine du conseill au senat.
C’est assavoir [f. 9a] que il loise au mari a renoier
l’enfant mais il puet avenir que li mariz ne se
tendra pas a paiez de tant
quar il a greignor desirrier d’estre
peres que d’estre sanz enfanz il convendra
dont que ele soit contrainte par la force
au prevost de venir a court. et de respondre. Et se ele n’i veult
venir et ele i vient mes ele ne veult
respondre. il convendra que si gage soient
pris et vendu. et que
ele soit contrainte par paine de chatel [4] se
ele respont donc que ele est grosse. il
convendra garder l’ordre qui est dite ou
conseill au senat. et se ele le nie. lors doit li prevolz apeler
les ventrieres. selonc ce que nous avons dit avant.
[5] Et l’en doit savoir que il n’est pas otroié
au mari a la feme apeler aucune ventriere.
mes li prevolz les i doit toutes mettre. [6] Et si
doit eslire la meson a la preudefeme ou ele doit venir pour estre
veue. [7] Et se ele ne veult pas estre pas veue. ou
ele ne vient pas a la maison a la prudefeme. li prevolz la doit
contraindre par s’auctorité. [8] Et se toutes les
ventrieres ou les .ii. dient que ele n’est pas grosse. l’em demande
se ele puet pour ceste cause plaidier a son mari
par action de tort fet. Et je croi
que oïl bien. se ainssi est que li mariz la feist veoir
pour cause de fere li tort. mais s’il
ne le fist pas par cel corage mes pour ce que il cuidoit que ele
fust grosse pour aucune droite cause. ou pour le
grant desirrer que il avoit d’avoir enfanz. ou
pour ce que ele li avoit fait acroire
tant comme li mariages duroit. il est droit
que l’en le pardoinst au mari. [9] Il
convient savoir que certainz tanz
n’est pas establiz es lettres que nous avons dites avant. ja soit
ce que termes de .xxx. jors est establis a la feme ou
conseill au senat qui fu fez de
reconnoistre les enfanz. Coment sera
il donc. dirons nous que il loira toz jors au mari a apeler sa feme
par devant le prevost ou nous establirons terme de .xxx. jors
et je croi
que quant li prevolz aura
conneu la cause. il devra oï le mari
aprés .xxx. jors [10]
Li prevolz dist ainssi de regarder le [f. 9b] ventre a la
feme et de garder l’enfant se feme dit puiz que ses mariz est mors
que ele est grosse. et ele le denonce a .ii. foiz ou mois a ceulz a
qui la chose apartient ou a leur
procuratour que il envoient se il veulent pour veor son ventre.
franches femes i soient envoiees qui l’esgardent toutes ensamble.
si que nule d’eulz ne touche a son ventre maugré sien. Et la feme
ait enfant a la meson d’une tres preudefeme que je li establirai.
Et .xxx. jors ainz que la feme cuide avoir enfant ele face savoir a
ceulz a qui la chose apartient ou a leur
procurateurs que il envoient s’i veulent
garder son ventre en la chambre en quoi
ele devra enfanter n’ait que une entree. et devant cele entree ait
.iii. franz homes. et .iii. franches femes qui la gardent
loiaument. Toutes les fois que cele feme entre en la chambre. ou
que ele se veult baignier les gardes i regardent avant se eles
veulent. et metent hors ceus qui i sont
entré. Et quant la feme
commencera a traveillier. ele face
savoir a ceulz a qui la chose apartient ou a leur procurateurs que
il envoient qu’il soient la ou ele aura enfant. Cil i envoient
franches femes. .v. sanz plus. si que
par dessus les .ii. ventrieres il n’ait en la chambre ou ele
enfantera que .x. franches femes et toutes
les autres en soient mises hors. et en la
chambre ou ele devra enfanter n’ait pas mainz de .iii. luminaires.
quar teniebres sont
convenables a baillier li autrui
enfant. et faindre qu’ele enfante li enfes qui sera nez soit
mostrez a ceulz a qui la chose apartient ou
a leur procurators se il le veulent veoir. et soit bailliez a
norrir la ou ses peres commandera : et se
cil ne le veult recevoir quant la cause
sera conneue. je establirai ou il devra
estre norriz. Et cil qui le prendra a
norrir le mosterra .ii. fois ou moiz tant que il aura .iii. mois.
Et aprés ce une fois ou mois. tant que il ait .vi. mois
et aprés ce en .ii. mois. tant que il
ait .i. an. Et quant il aura .i. an. il le mosterra. en .vi. mois
une fois tant que il puisse parler. se il ne plest a aucune que ses
ventres soit gardez ne veuz. ou que [f. 9c] l’en soit a son
enfantement. ou se aucune chose est faite pour quoi il ne soit pas
fait ainssi. comme nous avons ci dit avant
je ne donrai pas a l’enfant qui nestra la possession. ou se li
enfes qui est nez n’est moustrez si comme
nous avons dit avant. Et je proumet que je donrai cez actions a
ceulz a qui la possessions des biens est
donnee par mon banissement mais je ne le donrai pas a cez se il me
samble que il i ait droite cause [11] Ja soit ce que
li banissemenz au prevost est
bien aperz
nepourquant l’em ne doit pas despire
l’exposicion. [12] il
convient dont
que la feme face savoir que ele est
grosse a ceulz qui eussent preu se ele n’eust pas enfant. pour ce
qu’il eussent tout l’eritage. ou une partie
ou par testament ou sanz testament. [13] Et se uns
sers avoit esté fais hoirs. se la feme au mort n’eust enfant.
Aristo. escrit que ja soit ce que totes les choses qui sont dites
ou banissement au prevost ne doivent pas estre gardees envers lui.
nepourquant il
convient garder celes qui
sont dites de l’enfantement et je croi que cele sentence soit vraie.
quar ce est li communs preus que feme
ne tiengne pas autrui enfant pour sien. que la dignitez des ordres
et des mesniees ne soit gardees. Et
pour ce dont que cilz sers est en l’esperance de l’eritage quiex
que il soit il doit estre oïz quar il fait
la commune besoigne. et la seue
propre. [14] et il
convient denoncer a ceus qui
sont en esperance de l’eritage aprés le
serf sicomme a celui qui est establis a
estre hoirs ou premier degré ou a celui qui
est li plus prochaim. d’avoir l’eritage
sanz testament. se li peres muert
sanz fere testament. Et se plusors le devoient avoir ensamble. l’em
le doit faire savoir a toz. [15] Ce que li
prevolz dit que
quant la cause sera
conneue. il ne donra pas possession. ou
il veera action apartient a ce que se
aucunne chose est entrelessiee par
rudesce. ou par ignorance des choses que li prevolz voult que l’en
gardast. ce ne nuise riens a l’enfant. quar
s’aucune des choses que li prevoz commanda.
legierement qui fussent gardees est entrelessiee. la possession des
biens ne doit pas pour ce estre vaee
a l’enfant. mais la coustume de la region[f. 9d] doit estre regardee. et selonc ce
convient il garder le ventre
et l’enfant
quant il nest et
puis qu’il est nez.
[25.4.2] Julians. dit. [pr.]Li banissemenz de garder l’enfant abat celui qui est fez a la maniere du conseill au senat qui est apelez carboniaus. [1] mes li prevolz doit aucune fois quiter cestui : quant il avient par la simplece a la feme. et sanz malice que li ventres n’est pas veuz. ne li enfes gardez.
[25.4.3]Paulus dit Se cil qui est establis a estre hoirs aprés l’enfant qui est encore a nestre. ou cil qui est fais hoirs simplement veult garder le ventre. il doit estre oïz.
[25.4.4]Scevola dit. cil a qui il fu commandé que s’il moreust sanz enfanz. il lessast a sa sereur tout ce qui estoit venu a lui des biens au mort. morut et fist son hoir de sa fille qui estoit encore a nestre. et establi que autre fussent hoir aprés lui. et pour ce que la feme au mort disoit qu’ele estoit morte l’en demande se l’em doit otroier a la sereur ou a son procurateur a garder le ventre selonc la forme du banissement. Et la response est. que en cest cas il samble que il convient regarder a la forme a celui a qui il fu commandé que li heritages fust renduz. et selonc ce doit l’em establir quant la cause est conneue.
[D. 38.11]Coment li mariz et sa
feme sont hoir li .i. a l’autre
.x. (rubr.)
Ulpians dit. A ce
que li mariz
et la feme aient li uns la
possession des
biens a l’autre. il covient
que il ait
entr’eus leal mariaige.
et se li mariaiges ne fu leal la
possession des biens ne puet mie estre
demandee autresi comme li
heritaiges ne porrait estre receuz
par testament ne la possession demandee
selonc les tables quar nule chose ne puet
estre prise par ma[f. 200d]riaige
qui n’est mie
leauus et a ce que ceste
possession de biens ait leu. il covient
que li mariaiges durast el tens de la
mort. et se
departemenz a esté fez.
neporquant li mariaiges dure encore
par droit la possession des biens ne puet
mie estre demandee. Einsi avient il quant
cele qui a esté franchie se depart de
son patron malgré suen quar la loi
que iulius fist veult
que ele remaigne el mariaige quar ele
li deffent qu’ele ne se marit a autre
malgré son patron. autresi est il par la loi
que iulius fist des avoltres qui dit
que li departemenz ne vaille riens.
se il n’est fez en certaine maniere.
[D. 38.12]De l’eritaige as anciens chevaliers .xi. (rubr.)
Marceaus dit. Paulus et meandres es escristrent
que l’en doit otroier au chevalier qui a
desservi a estre puniz par paine capital.
que il face
testament et se il est puniz li
bien apartienent a ses parenz sanz
testament. se einsi est qu’il soit puniz por mesfet de chevalerie.
et ne mie por
commun.
Papinians dit. Li bien que li chevaliers qui est morz avoit conquis par chevalerie ne sont mie a la borse l’empereor se il a aucun qui soit ses hoirs selonc les lois trusqu’a la fin del quint degré. Et se aucuns de ses parenz de cel meismes degré reçoit la possession de ses biens dedenz le terme qui est establiz.
[D. 38.13]A qui la possession des
biens
n’apartient mie .xii. (rubr.)
Julians dit. Quant mes sers fu fez hoirs. ge fis par trecherie
que li
testamenz ne fust mie muez.
et puis le franchi. l’en demande se
actions li doivent estre vaees. Et la responsse est
que cil cas n’est mie contenuz es
paroles del banissement mes il est droiz
que se li sires fist par ta
chevalerie que li testamenz ne
fust muez en quoi ses sers estoit fez hoirs. ja soit ce qu’il
estoit franchiz quant il reçut l’eritaige.
les actions li soient vaees. quar au fill qui seroit hors de baill
seroient eles vaees. se ses peres avoit fet
par tricherie que li testamenz ne
fust muez.
[D. 38.14]Quant possession de
biens est donee par les lois ou
par le conseill au senat .xiii. (rubr.)
Ulpians dit. Li
prevolz dit.
sicomme il covendra
que ge doingne
possession de biens par loi ou par le
conseill au senat. einsi la dorrai
ge. La possession des biens qui est donee
par l’autre [f. 201a] partie del
banissement n’empeesche nule foiz ceste.
Et quant aucuns a heritaige
par la loi des .xii. tables il ne le demande pas
par ceste
partie mes par
la ou il puet estre oirs quar la possession
des biens n’en
apartient pas
autrement. se la loi ne li done
especialment.
[D. 38.15]Quele ordre doit estre gardee en la possession
des biens .xiiii. (rubr.)
Modestins dit. Quant aucuns muert sanz fere
testament si enfant
que il a de leal mariaige sont
premierement apelé
a son heritaige . et
puis cil qui pueent estre hoir par les
lois. et puis li plus prouchien parent.
et aprés li mariz ou la feme. Se
aucuns ne fet point de testament ou il le
fet mes ses heritaiges n’est receuz ne selonc les tables ne contre
les tables. la possession des biens est
donee en ceste maniere. La
possession des
biens au pere
qui muert sanz
testament est donee a ses enfanz
et non pas a ceus tant
seulement qui estoient en sa poesté
quant il morut mes a ceus qui en estoient
hors.
Contenu: traduction française anonyme de l’Infortiatum (= Digestum de Justinien 24.3-38.3) (sigle R).
blanc
Parchemin (bonne qualité, même si grosse couture f. 82 ; trous f. 66, 86 ; brisets f. 63, 195...), 231 f. précédés de 3 f. de garde papier moderne + 1 f. de garde parch. et suivis de 3 f. pap. moderne. F. non folioté après f. 12, 49, 50, 51, 106, 123, si bien que la foliotation moderne s’interrompt au f. 225 ; France (Ile-de-France), 1270-1300 ; 360 x 250mm. (justification : 245 x 145 mm.). Réglure à la mine de plomb (1-1-11/0/1-1/J f. 2-93v ; 1-1-11/0/3-3-3/J f. 94-225v). Malgré la modification du schéma de réglure, la justification reste la même : d’après le f. 49, (26 + 245 + 89 mm. [de haut en bas]) x (36 + 66 + 13 + 66 + 69 mm. [de la reliure vers la gouttière]). Trace de piqûres pour le tracé des lignes verticales ainsi que pour la linéation (f. 195). Copié sur 2 col., le ms compte 50 lignes par col., soit une UR de 4,9 mm. pour le corps du texte. La linéation couvre l’entrecolonne. – Foliotation moderne ; titre courant : sur le f. verso, « L » rubriqué ; numéro du livre en capitales romaines bleues et rouges sur le recto. La numérotation des livres reprend à I avec les Tres partes.
Collation: 18 (f. 2-9v [réclame à l’encre noire]), 28 (f. 10-16v [réclame à l’encre noire ; f. non folioté après f. 12]), 36 (f. 17-23v [réclame à l’encre noire]), 48 (f. 24-32v [réclame à l’encre noire]), 58 (f. 33-40v [réclame à l’encre noire]), 68 (f. 41-48v [réclame à l’encre noire]), 78 (f. 49-53v [réclame à l’encre noire ; f. non foliotés après f. 49, 50 et 51]) ; 88 (f. 54-61v [réclame à l’encre noire]), 98 (f. 62-69v [réclame à l’encre noire]), 108 (f. 70-77v [réclame à l’encre noire]), 118 (f. 78-85v [réclame à l’encre noire]), 128 (f. 86-93v [réclame à l’encre noire]), 138 (f. 94-101v [pas de réclame à l’encre noire]), 148 (f. 102-108v [réclame à l’encre noire ; f. non folioté après le f. 106]), 1510 (f. 107-116v [réclame à l’encre noire]), 168 (f. 117-123’v [pas de réclame à l’encre noire ; non folioté avec f. 123]), 178 (f. 124-131v [pas de réclame à l’encre noire]), 188 (f. 132-139v [réclame à l’encre noire]), 198 (f. 140-147v [pas de réclame à l’encre noire]), 2010 (f. 148-157v [pas de réclame à l’encre noire]), 218 (f. 158-165v [réclame à l’encre noire]), 228 (f. 166-173v [réclame à l’encre noire]), 238 (f. 174-181v [pas de réclame à l’encre noire]), 248 (f. 182-189v [pas de réclame à l’encre noire]), 258 (f. 190-197v [réclame à l’encre noire]), 266 (f. 198-203v [pas de réclame à l’encre noire]), 278 (f. 204-211v [pas de réclame à l’encre noire]), 288 (f. 212-219v [réclame à l’encre noire]), 296 (f. 220-225v [pas de réclame à l’encre noire]) ; réclame à l’encre noire centrée sous la 2e col. du verso ; traces de signatures à la mine de plomb.
Reliure: Reliure moderne en veau, restaurée en décembre 1949 (étiquette de relieur avant les gardes papier de la fin), portant au dos estampé à chaud le titre « infortiat en françois » . Etiquette de papier au dos : Mss E 1.
Ecriture: semitextualis libraria ;
changement de main à partir du f. 94a (confirmé par l’analyse
scriptologique, correspond à un changement de cahier et à un
changement de schéma de réglure). Coefficient d’abréviation :
main 1 : 9,3% (7,5% en excluant les et
) ; main 2
: 12,7% (11% en excluant les et
).
Scripta: les aires septentrionales et orientales
sont d’emblée exclues (ex. fet
,
fere
, cf. Dees 1980, c. 248 ;
meson
, cf. ibid., c. 171), de
même que le poitevin-saintongeais et l’anglo-normand dans l’aire
occidentale. Les extraits édités ne livrent aucun des traits
suivants, caractéristiques du normand : absence de
palatalisation de /ka-/, /ga-/, palatalisation en chuintante de
/ki-/ ou /ke-/, absence de l’effet de Bartsch, désinence de la
P4 en –on ou –um). On peut hésiter entre une localisation en région
parisienne ou en Orléanais, mais on ne rencontre pas les
influences occidentales qui font l’originalité de la scripta
orléanaise par rapport à la scripta parisienne (cf.
Simoni-Aurembou, LRL, t. II/2, 1995, p.
352-354 ; Gossen, Skriptastudien,
1967, p. 187-211). Les cartes de Dees 1980 sont
également plus favorables à la région parisienne :
solement(main 1) /
seulement(main 2) ;
tens(main 1) /
tans(main 2) ;
coseil(main 1) /
conseill(main 2) ;
possession(main 1) /
posession(main 2) ; uniquement formes en –age (main 1) / utilisation de formes en –aige (main 2) :
mariaige,
heritaige; bases du verbe co(n)venir en coven-, covien- (main 1) / 1 occ. du verbe en conv- (main 2). Pour le reste, les deux mains sont scriptologiquement proches et concordantes pour la localisation du manuscrit. L’alternance -age / -aige, attestée uniquement sous la main 2, témoigne peut-être d’une influence orléanaise, mais le fait est ténu. Il semble raisonnable de situer la copie du manuscrit en région parisienne.
Le manuscrit s’ouvre par une miniature, introduisant au contenu du ms. Chacun des textes (Infortiat et Tres partes) est distingué par une rubrique et par la numérotation des titres courants, qui recommence à I au début des Tres partes. De même, un saut de page (f. 157v blanc) sépare les deux textes.
Le passage d’un livre à l’autre est
signalé : 1. par des lettres filigranées alternativement
rouges à filigrane bleu et bleues à filigrane rouge allongées
sur 12 UR formant ULPIANS (f. 12’b, 29b, 42d, 59d, 74b, 83d,
93a, 106a, 123’b, 140d, 158a, 161b, 176a, 183a) ; 2. par le
changement de titre courant (Infortiat
numéroté de I à XI, Tres partes de I à IV) ;
3. pour la plupart par une rubrique de début et de fin du
type Ci comence li premiers livres
d’Enforcade
, f. 2a ; Ci fenist li segonz
livres d’Enforcade
, f. 29a, avec confusion dans la
numérotation des livres 8 à 11 de l’Infortiat
et dans les numéros de livre du Digeste en
début de chacun des livres des Tres
partes.
Les titres se distinguent par une rubrique disposée en escalier. L’initiale du nom de l’auteur de la loi est une initiale filigranée de 2 UR, soit bleue à filigrane rouge, soit rouge à filigrane bleu.
Chaque paragraphe est signalé par un
retour à la ligne. Le nom de l’auteur de la loi commence par
une initiale filigranée de 2 UR, alternativement bleue à
filigrane rouge et rouge à filigrane bleu. Le début de la loi
proprement dite, après le verbe d’énonciation (le plus
souvent dit
), s’ouvre par une lettre nue
alternativement rouge ou bleue, d’une UR. Par souci de mise
en page, lorsqu’un paragraphe se termine en bout de ligne, le
copiste ménage un saut de ligne à la moitié de la première
ligne du paragraphe suivant, afin que le découpage des
paragraphes structure la page.
Les paragraphes sont structurés par des pieds-de-mouche alternativement bleus et rouges. Quelques f. des Tres partes présentent des rehauts de rouge : f. 158, 174, 181r-v, 184-185, 187v, 188, 190...).
En tête du texte (f. 2a) [miniature de 12 UR], sur la droite, un personnage couronné tenant une épée pointée vers le haut est assis de trois quarts, un personnage debout derrière lui. Devant lui, un groupe de quatre hommes debout, têtes nues, y compris un clerc tonsuré portant une coule. Les deux personnages les plus proches du souverain se tiennent par la main, le visage de l’un d’eux est accidentellement mutilé. Double encadrement : cadre non peint à l’extérieur ; second encadrement bleu et rose avec décors géométriques blancs ; coins dorés.
Traces de lecture: quelques intitulés de titres en
latin dans le coin supérieur droit en cursiva currens, d’une main
médiévale différente de celles des copistes (f. 8, 49, 61,
88...) ; de cette même main, sujets de paragraphes notés en
marge. Aujourd’hui, ces traces ont été rognées et ont disparu en
grande partie. hic est § li, cuius principium hic
omittit
f. 156a.
Provenance: cathédrale de Rouen (cf.
abbé Saas, Notice des manuscrits de l’église
métropolitaine de Rouen, Rouen, 1746, n° 52, p.
23 : Second volume du Digeste, appellé
Infortiat, qui commence au Titre III. du vingt-quatrième
Livre du Digeste jusqu’au vingt-neuf exclusivement, in-folio
en velin
)
Anciennes cotes: E. 87 (correspond au catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Rouen dressé par Th. Licquet et Hyacinthe Langlois (1819-1820) et publié par Haenel, dans Catalogi librorum manuscriptorum qui in bibliothecis Galliae, etc. asservantur, col. 414-437, à la col. 427 : « 89. Le second volume de l’infortiat en français ; saec. XIV. membr. fol. » ) ; cote ancienne « K-148 » f. 2. La cote actuelle « E 1 », collée au dos de la reliure, est utilisée parallèlement au numéro d’ordre du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (794).
[25.4.0]De regarder le ventre a la feme qui dit
que ele est grosse (rubr.)
[25.4.1]Ulpians dit. [pr.]Il avint el tens as sainz freres
que uns hons disoit
que sa feme estoit grosse.
et ele le nioit. Et
quant conseulz leur en fu demandez il
escristrent a priscian le
prevost de la cité en tiels paroles.
Il semble que sevoirs requiere novele
chose. que il mete garde a sa feme qui est
departie de lui qui nie [f. 11c]que ele n’est pas grosse. Et por ce ne se
doit nus merveillier se nos i metons novel conseil. Se il se tient
donc en cele requeste il est bien
que l’en eslise la meson a une
trespreudefeme en quoi la feme viegne et ileques ait .iii. ventrieres esprovees
et sages et
leaus qui la regardent par ton comandement. Et se toutes les .iii.
ou les .ii. dient que il lor semble
que ele soit grosse. il covendra
amonester a la feme que ele reçoive la
garde autresi come se ele meisme l’eust requis Et se ele n’a
enfant li mariz sache
que ce apartient a sa male renomee.
car il semble qu’il l’a fet por fere aucun tort a la feme. Et se
les .iii. femes ou les .ii. dient que ele n’est pas grosse il n’i a
nule cause de garder la. ¶ [1] Par cez letres voit
l’en apertement que li conselz au senat de
reconoistre les enfanz n’i a pas leu. se la feme ne velt fere
semblant que ele soit grosse. ou ele nie
que ele ne l’est pas. Ne ce n’est pas
torz. Car ainz que li enfes soit nez ce est
une partie des entrailles a la feme. Mes
quant li enfez est nez li peres le puet
demander come suen ou requerre que il soit aportez avant. li
princes secort donc en cause
necessaire. [2] Et selonc ces letres la feme puet
estre apelee par devant le prevost.
et li puet l’en demander se ele cuide
estre grosse. et ele doit estre contrainte
de respondre. [3] Se ele ne respont dont pas. ou ele
ne vient pas par devant le prevost. li enjoindrons nos la peine del
conseil au senat. Ce est a savoir que il
loise au mari a renoier l’enfant. Mes il puet avenir
que li mariz ne se tendra pas a paiez
de tant Car il a greignor desirrier d’estre peres
que d’estre
sanz enfanz. Il covendra donc que ele soit
contrainte par la force au prevos de venir a cort
et de respondre. Et se ele n’i velt
venir. ou ele i vient. mes ele ne velt respondre il covendra
que si gage soient pris
et vendu. et que ele soit contrainte par peine de
chatel. [4] Se ele respont donc
que ele est grosse il covendra garder
l’ordre qui est dit qui est dite ele
conseil au senat. Et se ele le nie lors
doit le prevoz apeler les ventrieres selonc
ce que nos avons dit avant.
[5] Et l’en doit savoir
que il n’est pas otroié au mari ou a la
feme a apeler aucune ventrriere. mes li prevoz les i doit toutes
metre. [6]et si doit eslire la meson a la preude fame
ou ele doit venir por estre [f. 11d] veue.
[7] Et se ele ne velt pas estre veue. ou ele ne
vient pas a la meson a la preude feme li
prevoz la doit contraindre par
s’actorité [8] Et se toutes les ventrieres ou les
.ii. dient que ele n’est pas grosse. l’en demande se
ele puet par ceste cause pledier a son mari par action de tort fet.
et ge croi
que oïl bien. Se einsi est
que li mariz la feist veoir por cause
de fere li tort. Mes se il ne le fist pas par cel corage. mes por
ce que il cuidoit
que ele fust
grosse por aucune droite cause. ou por
le grant desirrier que il avoit d’avoir
enfanz. ou por ce que ele li avoit fet
acroire tant come li mariages duroit. il est droiz
que l’en le pardoint au mari. ¶
[9] Il covient savoir que
certains tens n’est pas establiz es letres
que nos avons dites avant. Ja soit ce
que termes de .xxx. jorz est establiz a la feme
el conseil au senat qui fu fez de reconoistre les enfanz. Coment
sera il donc : ¶ Dirons nos que il loira
toz jorz au mari a apeler sa feme par devant le
prevost : ou nos li establirons terme de
.xxx. jorz : Et ge croi que quant li prevoz aura coneu la cause. il
devra oïr le mari aprés .xxx. jorz. ¶ [10] Li
prevost dist einsi de regarder le ventre a la feme.
et de regarder l’enfant. ¶ Se feme
dit puis que ses mariz est morz
que ele est grosse.
et ele le denonce .ii foiz el mois a
cels a qui la chose apartient ou a leur procurateur
que il envoient se il vuelent por
veoir son ventre. franches femes i soient envoiees qui l’esgardent
toutes ensemble. si que nule d’eles ne
touche a son ventre. malgré suen. Et la
feme ait enfant en la meson a une trespreude fame
que ge li establirai. Et .xxx. jorz
ainz que la feme cuit avoir enfant ele face
savoir a cels a qui la chose apartient ou a lor procurators
que il envoient se il velent qui
gardent son ventre en la chambre en quoi
ele devra enfanter n’ait que une entree.
et devant cele entree ait .iii.
franz homes
et trois franches femes qui la gardent
loiaument. Toutes les foiz que cele feme
entre en la chambre. ou
que ele se vet baignier. les gardes i
regardent avant se eles vuelent .
et metent hors cels qui i sont entré.
Et quant la feme comencera a traveillier
ele face savoir a cels a qui la chose apartient ou a leur
procurateurs que il envoient qui soit la ou
ele aura enfant. Cil i envoient franches femes .v. sanz plus. si
que par desus les .ii. [f. 12a] ventrieres il n’ait en la chambre ou ele enfantera
que .ii. franches femes
et .vi. serves.
et toutes les autres en soient mises
hors. Et en la chambre ou ele devra enfanter n’ait pas
meins de .iii. lumieres. Car tenebres
sont covenables a baillier li autrui enfant.
et a feindre que
ele a enfanté. Li enfes qui sera nez soit
monstrez a cels a qui la chose
apartient. ou a leur procurateurs s’il le velent veoir.
et soit bailliez a norrir la ou ses
peres comanda. Et se cil ne le ne le velt recevoir
quant la cause sera coneue ge
establirai ou il devra estre norriz. Et cil qui le prendra a norrir
le mostrera .ii. foiz ou mois tant que il
aura .iii. mois. Et aprés ce en .ii. mois une foiz tant qu’il ait
.i. an. Et quant il aura .i. an il le
mostrera en .vi. mois une foiz trusqu’a
tant que il puisse parler. Se il ne plest a
aucune que ses ventres soit gardez ou veuz.
ou que l’en soit a son enfantement. ou se
aucune chose est fete por quoi il ne soit pas fet einsi come nos
avons dit avant. Ge ne donrai pas a l’enfant qui nestra la
possession. ou se li enfes qui est nez n’est mostrez si come nos
avons dit avant. Et ge pramet que ge donrai cez actions a cels a
qui la possession des biens est donee par mon
banissement. mes ge ne les donrai pas
a cez se il me semble que il i ait droite cause ¶
[11] Ja soit ce que li
banissement au prevost est bien aperz.
Nepourquant l’en ne doit pas
despire l’exposition. [12] Il
covient donc que
la feme face savoir que ele est grosse a
cels qui eussent preu se ele n’eust pas
enfant por ce que il eussent tout
l’eritage ou une partie. ou par testament ou sanz testament.
[13] Et se uns sers avoit esté fez hoirs. se la
feme au mort n’eust enfanz. aristo escrist
que ja soit ce
que toutes les choses qui sont dites el
banissement au prevost ne doivent pas estre
gardees envers lui. Neporquant il covient
garder celes qui sont dites de
l’enfantement .
et ge croi que
cele sentence est veraie. car ce est li comuns
preuz que feme ne tiegne pas autrui enfant por
suen. que la digneté des ordres
et des mesniees soit gardees. Et por
ce dont que cist sers est en esperance de l’eritage
quielx que il soit il doit estre oïz. car il fet
la comune besoigne et la seue propres.
[14]et il covient
denoncier a cels qui sont en esperance
de l’eritage aprés le serf. sicome a celui qui est establiz a estre
hoirs el premier degré. ou a celui qui [f. 12b] est li plus
prochains d’avoir l’eritage sanz testament. se li peres muert sanz
fere testament. Et se plusor le deussent avoir ensemble l’en le
doit fere savoir a touz. [15] Ce
que li prevoz dit
que quant la cause sera coneue. il ne donra pas
possession. ou il vaera action apartient a
ce que se aucune chose est entrelessiee par
rudece ou par ignorance des choses que li
prevost volt
que l’en gardast. Ce ne nuise pas de
riens a l’enfant. Car se aucune des choses
que li prevoz comanda legierement
que fussent gardees est entrelessiee
la possession des biens ne doit pas por ce estre vaee a l’enfant.
mes la costume de la region doit estre regardee.
et selonc ce covient il garder le ventre
et l’enfant
quant il nest et puis qu’il est nez.
[25.4.2]Julians dit. Li banissemenz de garder l’enfant abat celui qui est fez a la maniere del conseil au senat qui est apelez carbonians. Mes li prevoz doit aucune foiz quiter cestui quant il avient par la simplece a la feme. et sanz malice que li ventres n’est pas veuz. ne li enfes gardez.
[25.4.3]Paulus dit. Se cil qui est establiz a estre hoirs aprés l’enfant qui est encore a nestre. ou cil qui est fez hoirs simplement velt garder le ventre il doit estre oïz.
[25.4.4]Scevola dit. Cil a qui il fu comandé que se il moreust sanz enfanz il lessast a sa sereur tout ce qui estoit venu a lui des biens au mort morut. et fist son hoir de sa fille qui estoit encore a nestre. et establi que autre fussent hoir aprés lui. Et por ce que la feme au mort disoit que ele estoit morte. l’en demande se l’en doit otroier a la sereur ou a son procurateur a garder le ventre selonc la forme del banissement. Et la response est que en cest cas il semble que il covient regarder a la cure a celui a qui il fu comandé que li heritages fust renduz. et selonc ce doit l’en establir quant la cause est coneue.
[1]Ulpians dit Testamenz est droite sentence de nostre volenté. de ce que aucuns vuelt que soit fet aprés sa mort.
[2]Labeo dit. Il covient regarder en celui qui fet testament non pas a la santé del cors. mes a l’enterineté de la pensee.
[3]Ulpians dit. Fere testament n’est pas del privé droit. mes del comun.
[4]Gaius dit. Se nos demandons se testament vaut : nos devons premierement enquierre se cil qui le fist avoit pooir de fere testament. Et aprés se il le fist selonc les rieules del droit citoien.
[5]Gaius dit. Voions en quel aage li home ou les femes pueent avoir testament. Et il est voirs que l’en doit entendre es homes tant que il aient .xiiii. anz. et es femes tant que eles aient .xv1. anz. Voions donc se il covient [f. 43a]que aucuns aient passé . xiiii. anz a ce que il puissent2 fere testament ou se ce est assez que aucuns3 les ait acompliz. si come se il fu nez es kalendes de genvier. et il fist testament a cel jor meismes au chief de .xiiii. anz. Et ge di que li testamenz vaut. Et encor di ge plus que se il le fist le jor devant les kalendes aprés la siste heure de la nuit li testamenz vaut. Car il semble ja que il ait acompli le .xiiii.sieme an. sicome il plest a marceau.
[6]Gaius dit. [6.pr.]Cil qui est en la poesté son pere n’a pas pooir de fere testament. Neis se li peres li otroie. [6.1] li sorz et li muz ne pueent fere testament. Mes se aucuns amuist ou asourdist par maladie ou par aucune maladie4 puis que il a fet son testament. por ce n’est pas li testament quassez.
[7]Marcus dit. Se li muz ou li sorz empetre aucune chose envers l’empereor que il li loise a fere testament li testamenz vaut.
[8]Gaius dit [8.pr.]Li testamenz que aucuns fet tant come il est en la poesté a ses anemis ne vaut riens. Ja soit ce que il reviegne. [8.1] Se la comune de feu ou d’eve est deffendue a aucun. li testamenz qu’il fist avant. ne cil que il mist5avant6 ne vaut riens. Car li bien que il avoit quant il fu dampnez seront pueploié. ou il seront lessié a ses anemis. [8.2] Cil qui sont envoié en une isle en essil sont de cele meisme cause. [8.3] a qui la terre de lombardie et leur contree est deffendue. retienent la droiture de fere testament. [8.4] Cil qui sont condampné a fer. ou a bestes. ou a metal perdent franchise. Et lor bien sont pueploié. Et parce apert il que il perdent le pooir de fere testament. ¶ [9] Se aucuns a esté acusez et il muert en prison ainz que il soit dampnez ses testamenz valdra.
[10]Paulus dit Cil qui a perdu les mains puet fere testament. ja soit ce que il ne le puet escrire.
[11]Ulpians dit. Estaage ne puet fere testament se il ne li7 est otroié.
[12]Ulpians8 dit. Li testament a cels qui sont mort en la poesté a lor anemis sont confermé par la loi que cornelius fist. autresi come se cil qui les firent ne fussent onques venu en la poesté a lor anemis sont confermé par la loi que cornelius fist. autresi come se cil qui les firent ne fussent onques venuz en la poesté a lor anemis. sont confermez par la loi que cornelius [f. 43b] fist. autresi come se cil qui les firent ne fussent onques venu en la poesté a lor anemis9. Et lor heritages apartient a cels de qui il firent lor hoirs. li sers de qui cil qui morut a10 la poesté a lor11 anemis fist son hoir sera franchiz et hoirs vueille ou ne vueille. Ja soit ce que l’en ne dit pas proprement que il soit hoirs necessaires. Car li filz a celui qui morut en la poesté a ses anemis12 est obligiez a l’eritage malgré suen. Ja soit ce que l’en ne puisse pas dire que il soit propres hoirs dés que il n’estoit en sa poesté quant il morut.
[13]Marceaus dit [13.pr.]Cil qui sont pris de larrons pueent fere testament por ce que il sont franc. [13.1] Et cil qui muerent loiaument entre estranges genz pueent fere testament. ¶ [13.2] Se aucuns fu dampnez de crime capital. et il apela. et il morut ainz que li apiaus fust examinez. ses testamenz vaut.
[14]Paulus dit. Se cil qui fu franchi el testament son seignor ne set pas que ses sires soit morz. Et que ses heritages ait esté receuz : il ne puet fere testament. Ja soit ce que il soit franchiz hors d’autrui poesté. Car cil qui n’est pas certains de son estat ne puet fere13 certaine loi en son testament.
[15]Ulpians dit. cil qui doutent de lor estat ou qui en sont en erreur ne pueent pas fere testament. si come14 li empereres pius escrist.
[16]Pomponius dit. [16.pr.]Li filz qui est en bail et autrui serf. et cil qui est el ventre sa mere. et li sorz pueent partir en testament. que ja soit ce que il ne pueent fere testament. Neporquant il pueent avoir par testament ou a els ou a autres [16.1] si come marceaus dit. ¶ li forsenez puet partir en testament. Ja soit ce que il ne puet fere testament. Car personielx actions sont aquises a cels qui sont de saine pensee. Ja soit ce que il n’en sevent riens.
[17]Calistratus dit. Cil qui chiet en frenesie par maladie ne puet pas fere testament en cel tens.
[18]Ulpians dit. [18.pr.]Cil qui ses choses sont deffendues par la loi ne puet pas fere testament : Et se il le fet il ne vaut riens. mes cil que il fist devant cil vaudra. il ne porra pas estre apelez a estre tesmoinz de testament dés que il ne puet fere testament. ¶ [18.1] Se aucuns est dampnez que il ait fet libelle por diffamer15[f. 43c] il est contenu el conseil au senat que il ne puisse fere testament. Il ne puet donc fere testament. n’estre tesmoinz de testament
[19]Modestins dit. Se li filz qui est en bail ou uns orfelins ou uns sers fet les tables de son testament et il les seele : la possession de ses biens ne puet pas estre donee selonc cez tables ja soit ce que cil qui estoit en bail en soit hors quant il muert. et li orfelins ait passé .x. iiii. anz. et li sers soit franchiz car les tables del testament ne sont nules que cil a fetes qui n’avoit pas pooir de fere testament.
[20]Ulpians dit [20.pr.]Cil qui est fez hoirs en testament ne puet16 estre tesmoinz en cest testament. Mes il est autrement en celui a qui .i. lés est lessiez. et en celui qui est fez deffenderres. car cist pueent bien estre tesmoignz se autre chose ne lor tolt. si come s’il sont dedenz l’aage de .xiiii. anz. ou en la poesté a celui qui fist le testament. ¶ [20.1] la parole de testament ne doit pas estre raportee as enfanz tant solement. mes a celui que aucuns a rachaté de ses anemis. ja soit ce que il n’est pas sers. ainz est obligiez tant qu’il rende le pris. [20.2] Encontre ce puet l’en demander se li peres a celui qui fet testament del chatel que il a conquis par chevalerie puet estre tesmoinz en son testament. Et marceaus escrist que oïl bien. donc en puet ses freres estre tesmoinz. ¶ [20.3] Ce que nos avons dit de cels qui sont en bail qui ne pueent porter tesmoign es testamenz doit estre entendu en toz testemoignes de cels par qui aucune chose est aquise. ¶ [20.4] forsenez ne puet estre tesmoinz dés que il n’est ordenerres de sa pensee. mes se la forsenerie l’entrelesse en aucun tens lors puet il estre tesmoinz. Et li testamenz qu’il parfist devant la forsenerie vaudra. et la possession des biens en porra estre demandee. ¶ [20.5] Je croi que cil qui est dampnez a rendre arriere ce que il a pris en sa baillie ne peut estre tesmoinz en testament. Car il est veé que il ne soit tesmoinz en vile cause ¶ [20.6] Feme ne puet porter tesmoign en tes[f. 43d]tament17 mes en autres cas puet feme porter tesmoing. sicome nos poons comprendre par la loi que julius fist des avoltires. qui desfent que feme qui soit dampnee d’avoltire ne puisse porter tesmoing. ¶ [20.7] Serf ne puet porter tesmoing ne estre receuz par droit a nul sollempnel fet. car il n’a nule communité en droit citoien ¶ [20.8] li ancien distrent que cil qui sont apelez a fere testament por acomplir la sollempnité il doivent estre tant que il soit toz parfez. [20.9]Neporquant il ne covient pas que il entendent les paroles. Einsi l’escrist li empereres marc a julian qui ne savoit pas parler en latin. car ce est assez se il reçoit le sens de la chose por quoi il i fu apelez. [20.10] Et se li tesmoign i sont amené ou detenu par force lor tesmoign ne vaut rien.
[21]Cil meismes dit. [21.pr.]Li hoir doivent estre nommé en apert si que l’en le puisse oïr. Il loist donc a celui qui fet son testament que il les nomme ou que il les escrive. Mes se il les nomme il les doit nommer apertement. apertement n’es18 pas en comun. mes si que il puisse estre oïz. et si ne covient pas que tuit l’oient. mes cil qui i sont amené por estre tesmoing. Et se il i a plusors tesmoinz ce est assez que li sollempnelx nombre l’oie. ¶ [21.1] Se aucuns velt muer aucune chose puis que il a fet son testament il li covient fere tout de rechief. ¶ Se aucuns nomme ou escrit aucune chose en son testament l’en demande se il la puet esclerier aprés ce que la sollempnité del testament est acomplie. Si come se il avoit plusors sers et il en lessa .i. ne il n’esclera pas en son testament19 le quel il lessa. Ou s’il lessa une chose a tyce. et il avoit plusors amis qui avoient non tyce20. Ou se il fu deceuz ou non ou el seurnon. et il ne fu pas deceuz el cors. Et ge croi que il le puet bien esclerier. car il ne done riens. ainz esclere a qui il a doné. ¶ Et se il i met aprés aucune conoissance et il mostre ou par paroles ou par letres la somme des lés. ou le non de celui a qui il le lesse. ou la qualité de la chose que il lesse. l’en demande s’il fet a droit. Et ge croi que il puet bien nommer la qualité de la chose. car s’il ne la nommoit il covendroit regarder ou as autres escritures. ou a la coutumace21 as preudes homes. ou a cele de la re[f. 44a]gion. ¶ [21.2] Es testamenz en quoi tesmoing suelent estre apelé por porter tesmoing il nos plest que cil qui i sont apelé por autre chose ne soient pas soffisant a porter tesmoing . et ce doit estre einsi entendu que ja soit ce que il i soient apelé por autre chose ne porquant se il lor est dit ainz que il facent le testament que il i soient come tesmoing il pueent par droit porter tesmoing. ¶ [21.3] Il covient fere testament tout ensemble si que il ne face el mileu nule autre chose. mes se l’en fet en mi22 aucune chose qui apartiegne au testament li testamenz n’est pas failliz.
[22]Cil meismes dit. [22.pr.]Ge et mes peres et plusors autres qui sont en une meisme poesté poons estre conté el nombre des tesmoinz qui sont apelé a testament. ¶ [22.1] Nos devons regarder la condicion des tesmoinz quant il seelent et ne mie quant cil muert qui fet le testament. Se il estoient donc receu a tesmoign chose qui puis lor soit avenue ne lor nuist pas. ¶ [22.2] Se ge ai pris de celui qui fist le testament son anel et ge ai fet le testament seeler autretant vaut com23 se ge le seelasse. ¶ [22.4] Se aucuns des tesmoinz n’escrist pas son non el testament et il le seele autretant vaut come se il n’eust pas esté apelez a tesmoing. Et se il met son non si come plusor font il ne le seele pas. encor disons nos ce meismes. ¶ [22.5] L’en demande se l’en doit24 seeler d’un anel tant solement. ou d’aucun autre signe. Et sanz doute li home seelent en diverses manieres. Me [sic] il est mielz que aucuns puisse seeler de son anel tant solement qui ait aucune empriente ¶ [22.6] Il n’est nule doute que testamenz ne puisse estre seelez par tuit. ¶ [22.7] l’en doit dire que les tables sont seelees se li dras est seelez de quoi eles sont covertes. ¶ [23] Se li testamenz que cil qui le fist resnia est seelez de rechief des seaus a .ii. tesmoinz il est parfez. et vaut par le droit citoien. et par cel au prevost.
Florentins dit. [24]Aucun pueent seeler .i. testament de plusor essamples. Et aucune foiz est ce necessaire chose. Si come quant aucuns velt aler hors del païs et il velt porter o lui son testament. et lessier le en sa meson.
[f. 44b][25]Jabolenus dit. Se cil qui fesoit son testament nomma ses premiers hoirs. et il amui ainz que il nommast le segont. l’en ne doit pas dire que il ait fet son testament. mes que il l’a comencié. et25 Cil qui furent nommé ne seront pas donc hoir par cel testament. Et labeo dist que ce est voir se il est certaine chose que cil qui fist le testament volsist fere plus d’oirs et ge croi que ce soit li droiz entendemenz.
[26]Gaius dit. Quant il est comandé en la loi que aucuns n’ait pas pooir de fere testament ce est a dire que ses testamenz ne soit pas receuz. et si come aucun cuident que n’en ne port tesmoign.
[27]Celsus dit. Labeo saluz a celsus26 Je te demant se cil doit estre contez el nombre des tesmoinz qui fu amenez a escrire le testament. et puis le seela quant il l’ot escrit. Celsus mande a labeo. Ou ge n’entent pas qui cil est de qui tu demandes ou ta demande est fole. de douter se aucuns doit mielz estre tesmoinz. que cil qui escrist les tables del testament.
[28]Modestins dist. Il n’est pas deveé que autrui serf ne puisse escrire testament par le comandement a celui qui le fet.
[29]Paulus dit. [29.pr.]Por l’escriture qui estoit apareilliee a fere testament ne puet27 lés estre demandé se li testamenz ne fu parfez.
[30]Cil meismes dit. Il covient que chascuns des tesmoinz qui sont apelé a testament fere28 escrive en son propre cyrogrefe qui li testamenz est que il a seelé.
[D. 38.11]Coment li mariz et sa
feme sont li hoir l’uns de29 l’autre (rubr.)
[1]Ulpians dit [1.pr.]A ce que li mariz
et la feme aient li uns la posessions
des biens a l’autre il couvient
que il ait entr’els loial mariage
et se li mariages ne fu loiaus : la
posession des biens ne puet mie estre
demandee. autresi comme li heritaiges ne
porroit estre receuz par testament. ne la
posessions demandee selon les tables quar
nule chose ne peut estre prise par mariage.
qui n’est mie loiaus. [1.1] Et a ce
que ceste posession de
biens ait leu Il
couvient que li mariaiges durast el tans de la mort
Et se departemenz a esté fez :
Neporquant li mariaiges dure encore
par droit la posessions des
biens ne puet mie estre demandee.
Einssi avient il quant cele qui a esté
franchie se depart de son patron malgré
suen ; quar la loi
que julius fist velt
que ele remaigne el mariaige.
quar ele li desfent
qu’ele ne se marit a autre malgré son
patron. Autresi est il par la loi que
julius fist des avoutires qui dit que li
departemenz ne vaille riens.
se il n’est fez en certaine maniere.
[D. 38.12]De l’heritage as anciens chevaliers (rubr.)
[1]Marceaus dit Paulus et meandres escrivent30que l’en doit otroier au
chevalier qui a deservi a estre puniz
par paine capital :
que il face testament. Et se il est
puniz li bien apartiennent a ses parenz sanz
testament se einssi est qu’il soit
puniz por mesfet de chevalerie et ne mie por commun.
[2]Papinians dit. Li biens que li chevaliers qui est morz avoit aquis par chevalerie. ne sont mie a la borse l’empereor. se il a aucun qui soit ses hoirs selonc les lois jusqu’a la fin del quint degré. Ou se aucuns de ses parenz de cel meisme degré reçoit la posession de ses biens dedanz le terme qui est establiz.
[D. 38.13][f. 220c]A qui la posessions des
biens
n’apartient mie (rubr.)
[1]Julians dit Quant mes sers fu fez hoirs ge fis
par tricherie que li testamenz ne fust mie muez.
et puis le franchi. L’en demande se
actions li doivent estre vees. Et la responsse est
que cil cas n’est mie contenuz es
paroles del banissement. Mes il est droiz
que se li sires fist
par tricherie que li testamenz ne
fust muez en quoi ses hoirs est31 fez hoirs Ja soit ce qu’il estoit franchiz
quant il reçut l’eritaige : les
actions li soient vees Quar au fill qui
seroit hors de baill seroient eles vees se ses peres avoit fet
par tricherie
que li testamenz
ne fust muez.
[D. 38.14]Quant posession de
biens est donnee par les lois ou
par le
conseill au senat (rubr.)
[1]Ulpians dit. [1.pr.]Li prevoz dit Si comme il convendra
que ge doigne posession de
biens par loi ou par le conseill au
senat. Einssi la donrai ge. [1.1] La posessions des
biens qui est donee
par l’autre
partie del banissement n’enpeesche nule
foiz ceste. [1.2] Et quant
aucuns a heritaige par la loi des .xii.
tables. Il ne la demande mie par iceste32partie mes par la
ou il puet estre hoirs.
quar la posessions des
biens ne li apartient mie autrement
se la loi ne li donne especialment.
[D. 38.15]Quelle ordre doit estre gardee en la possessions
des biens (rubr.)
[1]Modestins dit [1.pr.]Quant aucuns muert
sanz fere testament : si enfant que il a de
loial mariaige sont premierement apelez a son heritage
et puis cil qui pueent estre hoir par
les lois. et puis li plus prochain parent.
et aprés li mariz ou la feme.
[1.1] Se aucuns ne fet point de testament ou il
le fet. mes ses heritaiges n’est receuz. ne selonc les tables ne
contre les tables la posessions des biens
est donnee en ceste maniere. [1.2] la posessions des
biens au pere qui muert sanz
testament est donee a ses enfanz et non mie
a cels tant seulement qui estoient en sa poesté
quant il morut mes a
ceus qui en estoient hors.
[2]Ulpians dit. [2.pr.]L’en conte proffita[f. 220d]ble tans a demander la posession des biens. Se cil a qui ele apartient le sorent toz les jorz. et il la porent demander et le jor en quoi il ne le sorent mie ou il ne la porent33 demander ne leur doivent mie estre contés. Si comme se aucuns sot que cil de qui il devoit avoir la posesion de ses biens estoit morz sans fere testament et puis li vient .i. mesaige qui li dist qu’il n’estoit mie morz ou que il avoit fet testament et einsi commença il a douter se la posessions des biens li apartenoit ou non : li termes en quoi il en douta ne li sera mie contez [2.1]et autresi se il ne pot mie34 demander la posession des biens ainz l’en convint aler a plet puis que il sot que cil fu morz sans fere35 testament : [2.2] li jors en quoi il en pleda ne li doivent mie estre conté. Autresi ne li doit mie estre contez li tans en quoi li prevoz ne pot mie entendre a tenir le plet en quoi36 il estoit enbesoigniez des37communes besoingnes ou des38privees[2.3] Et se li prevoz estoit en une autre cité : cil a qui la posession des biens apartient ne doit mie atendre que il viegne la ou il est ainz doit aler a lui. se il est dedenz .xx. lieues prés de lui. ¶ [2.4] Se li enfes qui est encore el ventre sa mere doit estre mie39 en posession des biens l’en li doit donner terme non mie tant seulement .xxx. jorz mes tant qu’il soit nez. Quar se il nest ainz les .xxx. jorz il doit avoir maintenant la posession des biens ¶ [2.5] Pomponius dit que l’en ne doit mie atendre le seu40que cil ont qui ne doutent de riens ; mes celui que aucuns puet avoir ou par lui ou par41 autres par demander conseill a plus sages que il n’est.
[3]Paulus dit. Se li peres set que la posessions des biens soit eschaete au fill. et li filz ne le set mie li seuz au pere ne nuist mie au fill.
[4][J]ulians dit. [4.pr.]Se tu estoies sozmis a celui qui fu fez hoirs o toi. et tu receus la posession des biens . et tes compainz [f. 221a] ne la volt demander l’en entent qu’ele t’est toute donnee. et il n’avra mie puis pooir de demander la ¶ [4.1] Li filz a .i. an de terme a demander la posession des biens non mie tant seulement quant il la demande comme filz mes quant il la demande comme parens. Et autresi comme42quant li peres a franchi son fill ja soit ce qu’il demande la posession de ses biens comme patrons. ne porquant il a .i. an de terme a demander la.
[5]Marceaus dit [5.pr.]Quant posession de biens eschiet au fill qui est en baill Le jor en quoi il ne le puet mie fere savoir a son pere. si qu’il li commant que il la reçoive ne li doit mie43 estre conté mes li .c. jor qui li sont otroiez commencent a corre dés que il li pot fere savoir. Et quant li .c. jor seront passé li peres li otroiera por neant qu’il reçoive la posession des biens. [5.1] Et se li filz pooit demander la possession des biens . et li peres estoit hors del païs si que li peres44 ne li pot mie fere savoir que ele li estoit eschaete ou par aventure il estoit forsenez et li fiz ne la demanda mie. l’en puet demander se il a perdu par ce qu’il ne la puisse puis demander mes ge ne voi mie por quoi ce qu’il ne la demanda mie li doie nuire. quar se il ne45 l’eust demandee. si ne li fust ele mie confermee devant que ses peres l’otroiast. [5.2] Se uns sers fu fez hoirs et ses sires le vent a un autre et46 en demande se tant comme il passa del terme tant comme il fu au premier seingneur doit estre conté au derrenier. et il nos plest que il i soit conté.
1 xii B [lat. duodecim]
2 puisse B [lat. possit]
3 que il les B
4 m. ou par aucune aventure p. B [lat. aut quolibet alio casu]
5 il mit corr. à date plus récente dans l’interligne en fist B [lat. nec id quod postea fecerit]
6 corr. dans l’interligne à date récente en despuis B [lat. nec id quod postea fecerit]
7 ne lor est B [lat. nisi eis permittitur]
8 Julians d. B [lat. Julianus]
9 sont confermé... a lor anemis om. B
10 m. en la B [lat. in hostium potestate]
11 a ses a. B
12 fist son hoir... anemis om. B
13 p. pas f. B
14 c. se li B [lat. ut divus Pius rescripsit]
15 d. autrui il B [lat. ob carmen famosum]
16 p. pas e. B
17 car il est veé... en testament om. B
18 a. est p. B
19 en son testament om. B
20 et il avoit... tyce om. B
21 la costume as B [lat. ex consuetudine]
22 f. ennui a. B [lat. sed si aliquid pertinens ad testamentum faciat]
23 com om. B [lat. quasi]
24 se nos devons s. B
25 et om. B
26 L. demande saluz a cels B [lat. Domitius Labeo Celso suo salutem]
27 p. pas l. B
28 a fere testament B
29 u. a l’a. B
30 m. escristrent B [lat. scribunt]
31 ses sers estoit B [lat. servus eius heres scriptus erat]
32 par ceste p. B
33 p. pas d. B
34 ne puet pas plainement d. B
35 fere om. B
36 plet por ce que il B
37 e de c. B
38 ou de p. B
39 e. mis en B [lat. missus sit]
40 le sen que B [lat. scientia]
41 ou pas a. B [lat. per se aut per alios]
42 comme om. B [lat. sicuti]
43 li doivent pas e. B [lat. non cedunt]
44 li filz B [lat. ut certiorare eum non possit]
45 ne om. B [lat. si petita esset]
46 a. l’en B [lat. quaeritur]
Dès le 12e siècle, le Digeste est transmis en trois volumes comprenant respectivement le Digestum Vetus (D. 1-24.2), l’Infortiatum (D. 24.3-38) et le Digestum novum (D. 39-50). L’Infortiatum (ou Infortiat en français) est lui-même divisé en deux parties dénommées Infortiatum (D. 24.3-35.2.81) et Tres partes (D. 35.2.82-38.3).