L’édition
Les éditeurs : éléments biographiques
La Société archéologique et historique de l’Orléanais, dans sa séance du 9 juin 1899, votait les conclusions du rapport présenté par M. Thillier, proposant au nom de la commission élue le 29 mai précédent la publication intégrale du Chartularium ecclesie Aurelianensis vetus, dont le ms. 78 de la collection Baluze à la Bibliothèque nationale nous a conservé la copie, et, en appendice, de toutes chartes relatives au chapitre de Sainte-Croix jusqu’à la fin du XIIe siècle. Le rapporteur était désigné pour entreprendre le travail.
(avant-propos de l’édition, p. I).
Moins tragique, la vie d’Eugène Jarry est aussi mieux connue. Né à Orléans en 1865, décédé en 1940, il est sorti diplômé de l’École des chartes en 1887. Son grand-père avait été l’un des fondateurs de la Société historique et archéologique de l’Orléanais. Monarchiste, il refusa de solliciter toute fonction de la République et vécut de ses rentes après avoir soutenu et publié sa thèse sur La vie politique de Louis de France, duc d’Orléans. C’est à l’histoire et à l’archéologie d’Orléans et de l’Orléanais que furent consacrées la plupart de ses recherches et publications.
Source : notice nécrologique par dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 102, 1941, p. 363-365.
Conception et contenu de l’édition
Après l’avant-propos présentant la genèse du volume (p. I-III), Eugène Jarry a composé une introduction nourrie, comprenant :
- une mise au point sur l’ancienneté du chartrier et surtout sur les cartulaires médiévaux (p. IV-XV),
- une liste chronologique des actes mentionnés dans un inventaire ancien (Arch. dép. Loiret, G 163-165) et dont le texte n’a pas été retrouvé, soit 1 acte s.d., 1 acte du XIIe siècle, un minimum de 64 actes du XIIIe siècle (p. XV-XX),
- une étude critique sur les privilèges de Léon VII et Benoît VII (p. XX-XXVII),
- une longue étude toponymique et topographique des biens confirmés aux chanoines par les diplômes et privilèges des IXe-Xe siècles et de 1151 (p. XXVII-CXIII),
- des errata à l’introduction et à l’édition (p. CXIV-CXVII),
- une mise au point additionnelle sur l’identification des souverains cités dans des confirmations postérieures (p. CXVIII-CXIX).
L’édition elle-même comprend trois parties, mais avec une numérotation continue des actes :
- la reconstitution du Chartularium vetus d’après Baluze, dont les copies sont le cas échéant confrontées aux autres témoins de la tradition des actes (actes I-LXI, p. 1-120),
- dans l’ordre chronologique (de 978 à 1300), les actes retrouvés qui n’étaient pas transcrits au cartulaire, parce que négligés ou postérieurs (actes LXII-CCCLXXV, p. 121-518),
- une nouvelle série de 12 actes retrouvés après coup (de 956 à 1211 et 1321), toujours dans l’ordre chronologique (actes CCCLXXVI-CCCLXXXVII, p. 519-TTT).
Deux belles photographies, en planches hors-texte, sont données d’actes, juste avant leur édition : après la p. 6, le testament et état des dettes de Simon de Beaugency de [1146-1153] (acte V) ; après la p. 120, un acte de l’archevêque de Bourges de 978 (acte LXII).
Le volume s’achève avec deux outils :
- une table alphabétique des noms de lieu et de personne cités dans l’introduction ou les actes (p. 545-609),
- une table des matières, qui donne le détail des actes édités (p. 610-634).
L’édition dans ses trois sections (cartulaire, appendice, supplément, sans compter les 66 deperdita énumérés dans l’introduction) compte 390 pièces, ainsi réparties :
IXe siècle | 6 |
---|---|
Première moitié IXe siècle | 3 |
811-820 | 1 |
821-830 | 1 |
841-850 | 1 |
Seconde moitié IXe siècle | 3 |
851-860 | 1 |
881-890 | 2 |
Xe siècle | 12 |
Première moitié Xe siècle | 2 |
931-940 | 2 |
Seconde moitié Xe siècle | 10 |
951-960 | 1 |
971-980 | 7 |
981-990 | 1 |
991-1000 | 1 |
XIe siècle | 10 |
Première moitié XIe siècle | 5 |
1021-1030 | 4 |
1041-1050 | 1 |
Seconde moitié XIe siècle | 5 |
1051-1060 | 1 |
1071-1080 | 2 |
1081-1090 | 1 |
1091-1100 | 1 |
XIIe siècle | 108 |
Première moitié XIIe siècle | 26 |
1101-1110 | 2 |
1111-1120 | 5 |
1121-1130 | 7 |
1131-1140 | 4 |
1141-1150 | 8 |
Seconde moitié XIIe siècle | 72 |
1151-1160 | 11 |
1161-1170 | 7 |
1171-1180 | 27 |
1181-1190 | 10 |
1191-1200 | 17 |
S.d. XIIe siècle | 10 |
XIIIe siècle | 253 |
Première moitié XIIIe siècle | 167 |
1201-1210 | 31 |
1211-1220 | 35 |
1221-1230 | 39 |
1231-1240 | 31 |
1241-1250 | 31 |
Seconde moitié XIIIe siècle | 86 |
1251-1260 | 19 |
1261-1270 | 13 |
1271-1280 | 28 |
1281-1290 | 10 |
1291-1300 | 16 |
XIVe siècle | 1 |
Première moitié XIVe siècle | 1 |
1321-1330 | 1 |
Qualité de l’édition
L’édition, dans sa conception et dans sa réalisation, est d’excellente venue et reflète bien les améliorations apportées, autour des années 1890, aux techniques d’édition, très soucieuses de la prise en compte des méandres de la tradition, sans pourtant porter à son terme la logique de l’édition critique, ni d’ailleurs celle de la critique des faux. Appuyées sur une connaissance intime des archives et du terrain, datations et identifications semblent sûres. Les regestes sont étoffés et les index précis.
Il demeure quelques incommodités d’emploi : d’abord du fait de l’absence d’une table chronologique récapitulative des actes, puisque la reconstitution du cartulaire suit l’ordre de la compilation médiévale, alors que les autres actes sont dans l’ordre chronologique, et que sont donnés à part les deperdita (introduction) et les actes retrouvés après coup dans un dépôt très déclassé (supplément) ; ensuite par la présentation de la table alphabétique, où les noms de personne sont entrés sous leur forme ancienne, et les noms de lieu sous leur forme moderne, sauf certains, apparemment les plus connus (Blois est en français, Beaugency en latin ; Orléans en latin, les monastères orléanais en français…).