259 Nous croyons intéressant de compléter ces indications sommaires par les détails
que fournit à cet égard le manuscrit de Pihan de la Forest, plus complet que celui
de Dom Racine :
« Thibaut Ier enrichit son abbaye de plusieurs reliques
authentiques telles que celle de saint Flaive ou Flavius, prêtre, dont le corps
entier se conserve dans une châsse au Trésor. Ce saint Flavius était inhumé dans
la chapelle de Marcilly-en-Champagne, laquelle porte encore son nom. Depuis ces
ossements avaient été transférés à Villemaur, à Sens et au village d'Ermon dans la
vallée de Montmorency. Lorsque le prince Louis, fils de Philippe Ier, faisait le siège de Montmorency, les habitants d'Ermon abandonnèrent
leur village et leur église. L'abbé Thibaut informé de leur résolution envoya de
ses religieux enlever les saintes reliques et les mettre à couvert des désastres
inséparables de la guerre. Il les fit placer au haut du grand autel du côté de
l'épître, où elles ont été pendant plusieurs siècles. En 1661, le corps de saint
Flaive fut transféré dans une châsse plus belle ; sa fête se célébrait le 23 août
avec cessation de travail pour les religieux...
« On croyait encore être redevable à Thibaut Ier du chef de
sainte Félicité, mère des sept frères martyrs, enfermé dans un buste de vermeil
représentant l'image de la sainte.
« Dans un inventaire de la sacristie fait en 1412 on lit : » Item, le chief sainte Félice, tout d'argent suroré, avec son étui que Domp
Jehan Hurel, prévôt de céans, fist faire. « A son retour de captivité l'abbé
Pierre le Boucher déclare : « A ma revenue de route j'ai trouvé... un vaisseau
d'argent où estoit le chef de sainte Félice pesant 14 marcs et 6 onces, vendu par
les Anglais pour 86 livres 16 sous parisis... »
« Il racheta, non le reliquaire, mais la relique, qui se trouvait en 1661 » dans
un chétif groupe de cuivre porté sur un piédestal de même métal. « D.
François Chevalier, prieur de Morcerf, fit faire en 1680 une belle tête de vermeil
pour lui donner une plus digne demeure.
« Les reliques de saint Flaive furent données par les derniers religieux de St
Martin aux Carmélites, qui au moment des ravages de la Révolution, prises de
frayeur, brûlèrent les authentiques et se partagèrent les reliques. »
(Pihan de la Forest, Hist. de l'abbaye de St Martin,
p. 13. Bibl. mun. de Pontoise).