L’établissement
Historique
Le prieuré de Saint-Gondon, établi sur les rives de la Loire, est une dépendance de l’abbaye de Saint-Florent-de-Saumur ; il relevait jusqu’en 1801 du diocèse de Bourges, de l’archidiaconé de Sologne et de l’archiprêtré d’Angilon, et dépend depuis le Concordat du diocèse d’Orléans et du doyenné de Gien.
La fondation primitive de l’établissement remonte au VIe siècle ; c’est à cette époque qu’est édifiée dans le village, qui portait alors le nom de Nobiliacus, une cella destinée à honorer la mémoire et les reliques de Gundulfus (Gondon), évêque lombard fuyant les persécutions menées par les ariens. En 866, Charles le Chauve fait don de ce petit monastère à Hecfrid, abbé de Saint-Florent du Montglonne (en Anjou ; aujourd’hui Saint-Florent-le-Vieil, Maine-et-Loire), pour y offrir un refuge aux reliques de saint Florent ainsi qu’aux moines du monastère, récemment détruit par les invasions normandes. Cet acte, confirmation d’une première donation faite à Didon, prédécesseur d’Hecfrid, constitue le plus ancien document conservé pour le prieuré de Saint-Gondon, ainsi que le premier acte édité dans le cartulaire. Les quatre premiers actes (numéros I à IV) nous donnent les noms des premiers abbés de Saint-Gondon, avant la restauration de la communauté en Anjou ; l’acte III (avril 901), « actum monasterio Sancti Gundulfi », confirme par ces mots l’existence d’une communauté régulière en ces lieux. Une fois les moines de Saint-Florent rétablis dans leur possession du monastère angevin, dans la première moitié du Xe siècle (l’église abbatiale de Saint-Florent-de-Saumur est consacrée en 950), la cella de Saint-Gondon devient un prieuré dépendant de cette abbaye bénédictine.
Au cours du XIe siècle, l’autorité des moines de Saint-Florent sur le prieuré est remise en cause par les moines de l’abbaye de Saint-Pierre de Vierzon, qui se sont emparés de ce petit monastère, et ce avec l’aide de deux seigneurs puissants dans les environs, le vicomte de Bourges et son gendre Gilon de Sully. Cette usurpation donne lieu à plusieurs actes passés entre les deux monastères ; en 1095, les moines de Saint-Florent finissent par abandonner tout droit sur le prieuré de Saint-Gondon, en échange d’une rente de deux onces d’or. Le non-paiement de cette somme entraîne au cours de l’année suivante la réintégration du prieuré dans le patrimoine de l’abbaye de Saumur, confirmée définitivement en 1158 par Adrien IV (acte XIII).
La petite communauté de Saint-Gondon vit dès lors sous l’autorité de l’établissement principal, Saint-Florent de Saumur, et connaît un développement relativement florissant, le bâtiment du prieuré étant réputé dans tout le Berry. Situé dans la châtellenie de Saint-Gondon, le prieuré passe donc successivement de l’influence des sieurs de Sully à celle des de la Trémouille ; en 1602, la châtellenie devient la possession de Maxmilien de Béthune, duc de Sully.
Localisation du patrimoine à grands traits
Il ressort de la lecture des documents composant le cartulaire que la majeure partie des biens du prieuré de Saint-Gondon se situent à proximité géographique de l’établissement, notamment dans le Val-de-Loire ; les moines semblent également avoir été possessionnés autour du cours de la Quiaulne (plusieurs actes y font référence). De l’abbaye de Saint-Florent et de son prieuré dépendent également plusieurs églises : celle de Saint-Étienne de Coullons (Loiret, cant. Gien), entrée dans le patrimoine des religieux en 1100 par une donation de Bernard de Coullons (actes XXIV et XXVIII) ; celles de Saint-Florent et de Lion-en-Sullias (Loiret, cant. Sully-sur-Loire), conjointement données aux moines en 1111 par l’évêque d’Orléans (acte XXIX). Le prieuré est également détenteur de dîmes et revenus banaux (actes XIV, XXV, XXVI).
Réseaux de bienfaiteurs
Le prieuré semble avoir bénéficié de l’appui de quelques puissants ; le premier d’entre eux est Carloman, qui par un diplôme de 881 fait don aux moines de quatre navires et de divers autres privilèges (acte II) ; mais c’est là le seul exemple de la générosité royale à l’égard de l’établissement. Par la suite, lors du conflit qui oppose les religieux de Saint-Florent de Saumur et de Saint-Pierre de Vierzon à la fin du XIe siècle, les premiers ont bénéficié de l’appui de Gilon de Sully (acte VI), et grâce à lui, de celui du vicomte de Bourges, son beau-père, et d’Étienne de Blois, son seigneur (acte VIII), qui confirment le retour de Saint-Gondon à l’abbaye angevine. Si, au cours du XIIe siècle, c’est la famille des seigneurs de Saint-Gondon qui se montre la plus prodigue envers le prieuré, les héritiers de la famille de Sully ne se désintéressent pas pour autant de la vie de la communauté, comme le montrent les actes XXXIII et XXXIV, respectivement datés de 1170 et 1172.