Nom: BASTARD Prénom: Jean, François, Auguste comte de Date de début d'activité: 13/04/1835 Adresses professionnelles: 93, rue Saint-Dominique Ville - Département: Paris Adresse personnelle: 93, rue Saint-Dominique |
Né le 11 décembre 1792 à Nogaro (Gers). Issu d'une famille de la noblesse d'Ancien Régime, il embrasse tout d'abord la carrière militaire et s'illustre dans les dernières campagnes napoléoniennes; il est décoré de la Légion d'honneur en 1815. Il continue à servir dans la garde royale sous la Restauration, puis comme aide de camp du maréchal Oudinot sous la monarchie de Juillet. Nommé à la section historique du Dépôt général de la Guerre sous la seconde République, il démissionne en 1849. Parallèlement, passionné par l'histoire médiévale, il participe à la redécouverte et la sauvegarde du patrimoine architectural du Moyen Age par son action au sein du Comité des arts et monuments; il se lance, d'autre part, dans une vaste entreprise de reproduction de miniatures qui doit constituer à la fois une histoire de la peinture, une source documentaire pour la connaissance de la vie matérielle de cette époque en même temps qu'un guide pour les restaurateurs et un répertoire de motifs iconographiques. Les peintures et ornements des manuscrits profitent d'importantes subventions de l'État sous forme de souscriptions, renouvelées au fur et à mesure des livraisons entre 1834 et 1847. L'incendie des ateliers en 1848 met fin à l'entreprise alors que la discussion du budget de 1848 à la Chambre des députés avaient déjà été l'occasion d'une remise en cause sévère de ces subventions. À partir de 1869 et jusqu'à sa mort le 16 avril 1883 à Bachac, Bastard cherchera à obtenir de nouvelles souscriptions officielles qui lui auraient permis de se rembourser des frais considérables qu'il avait engagés.
Pour réaliser ses reproductions d'enluminures, Auguste de Bastard veut créer ses propres ateliers lithographiques dans son hôtel de la rue Saint-Dominique. Sa demande de brevet le présente comme éditeur de la « Librairie du Berry » souhaitant installer chez lui, pour l'impression de planches, une presse en taille-douce et trois presses lithographiques. Dans ses ateliers travaillera une trentaine de personnes sous l'autorité du lithographe Charles Mathieu, parmi lesquelles Théophile Fragonard, Alexandre Pons, les lithographes Lemercier, Martenot, Jouy ... et beaucoup de collaborateurs étrangers polonais, suisses (Guillaume Régamey) ou allemands. Wilhelm Stengel qui réalisa beaucoup de calques, collabora aussi avec Bastard pour la rédaction des textes. Les miniatures sont reproduites par le procédé lithographique sur un papier spécialement fabriqué par Canson, puis coloriées à la main et rehaussées d'or et de platine. Chaque planche coûtait 100 F l'exemplaire et un exemplaire complet revenait à 15 000 F. Quatre-vingts exemplaires des Peintures et ornements des manuscrits ont été tirés, dont les trois quarts ont été souscrits par l'État et déposés pour la plupart dans des bibliothèques publiques. Les planches de Bastard ont été présentées aux expositions universelles de Londres en 1850 et Paris en 1878.
Archives nationales F18 1731
Archives nationales F 17 13399, F17 3115, F17 3345 (dossiers de souscriptions ministérielles aux Peintures et ornements des manuscrits)
Jocelyn Bouquillard, Le comte Auguste de Bastard (1792-1883), archéologue et imprimeur-lithographe, thèse pour le diplôme d'archiviste paléographe, École nationale des chartes, 1995.
Voir également les 2 articles suivants de Jocelyn Bouquillard :
- "Les Peintures et ornements des manuscrits du comte de Bastard. Histoire d'une entreprise de reproductions lithographiques d'enluminures sous la monarchie de Juillet" dans le Bulletin du bibliophile, 1996, n°1, p. 109-150.
- "Les fac-similés d'enluminures à l'époque romantique" dans les Nouvelles de l'estampe, octobre-novembre 1998, n° 160-161, p. 6-17.