BERGER Pierre

Nom: 
BERGER
Prénom: 
Pierre
Date de début d'activité: 
20/11/1838
Date de fin d'activité: 
29/08/1861
Adresses professionnelles: 

7, rue d'Enghien (1850)
380, rue Saint-Denis, passage Lemoine (1837)
64, rue Saint-Laurent, Belleville (1845, fabrique)

Ville - Département: 
Paris
Adresse personnelle: 

27,  rue Paradis Poissonnière (1838)

Informations personnelles: 

Il est né à Goetzenbruck (Moselle) le 14 mai 1800. Il est marié et père de deux  filles.
Il signe Berger-Walter, du nom de ses deux parents, les familles Berger et Walter étant associées dans la fondation de la verrerie de Goetzenbruck au milieu du XVIIIe siècle. Il dirige la verrerie et possède, depuis plusieurs années, à Paris, un magasin prospère. On dit qu'il a des capitaux et paie un loyer de 4 000 F.

Informations professionnelles: 

Il est l'associé de Georg Michael Bauerkeller. Celui-ci est un lithographe né en 1805 à Wertheim (Bade-Würtemberg), spécialiste de cartes géographiques ; il a fondé en 1833, associé à son demi-frère, une imprimerie à Wertheim, puis, en 1835, à Karlsruhe, une imprimerie artistique Bauerkeller et Gutsch qui ouvre l'année suivante une succursale à Paris. Séparé de son associé allemand, Bauerkeller fonde en 1837 la société Bauerkeller et cie avec l'apport financier de Berger. C'est ce dernier qui fait la demande de brevet pour la lithographie puisque Bauerkeller étant allemand ne peut être breveté. Malgré ces deux contributions essentielles au fonctionnement de l'entreprise Bauerkeller, Pierre Berger continue de s'impliquer dans son entreprise de verrerie et prend cinq brevets entre 1843 et 1850, en tant que fabricant de cristaux.
La  société Bauerkeller et cie est spécialisée dans les produits en papier lithographié et gaufré : étiquettes, emballages et papiers divers pour la parfumerie, la confiserie et les liquoristes ; "papiers peints en bas-reliefs, en couleur or  et argent et sur étoffes" (Annuaire du commerce, 1849) ; abat-jours pour lesquels Bauerkeller prend 4 brevets entre 1844 et 1847 ; portraits de savants et hommes illustres, et surtout, cartes géographiques en relief . Pour ce nouveau genre de cartes, Bauerkeller a demandé en janvier 1839 un brevet d'invention ; cette production, nouvelle en France, remporte un très grand succès.
La première carte, Environs de Paris en relief, est parue en 1839 ; suivent une vingtaine de cartes (Sainte-Hélène, Europe, Allemagne, Suisse, France et Belgique, Russie, États-Unis, Empire ottoman...) et une quinzaine de plans en relief (Paris, Versailles, Londres, Mont-Blanc, Hambourg, Saint-Petersbourg). Le choix des lieux représentés montre que cette production s'adresse à un public large, dont elle pique la curiosité et le rêve de tourisme, alpin notamment, grâce à des produits abordables (12 F la carte du Mont-Blanc, 25 F celle de la Suisse). Le déclin des ventes marquera le repli vers une utilisation didactique des cartes en relief, mais, signe de l'engouement des années 1840, elles sont l'objet d'une tentative de contre-façons par un ancien employé, condamné en 1844, et de concurrence de la part d'anciens ouvriers. Brunet, Tronel, Mallaclef et Undreiner essaient de fonder une entreprise rivale ; Bauerkeller porte plainte pour coalition ; les anciens ouvriers plaident que ce n'est qu'une concurrence industrielle normale, ce que reconnaîtra l'administration (voir le dossier Tronel) ; ils dénoncent au passage l'habitude d'une retenue sur salaire justifiée par la nécessité de payer si nécessaire les dettes des ouvriers pour leur nourriture ou leur logement.
Dès 1838, ayant besoin de caractères mobiles, Bauerkeller obtient l'autorisation d'utiliser des caractères typographiques appartenant à l'imprimeur Poussielgue qui lui a déjà prêté une presse métallique de grandes dimensions avant qu'il ne la lui rachète et n'en acquière deux nouvelles. Le 11 avril 1845, il est autorisé à utiliser ses propres caractères typographiques. L'entreprise qui emploie alors 110 ouvriers s'installe à Belleville.
A-t-il vu trop grand, malgré ses ventes à l'exportation ? Les mauvaises affaires de l'entreprise entraine sa liquidation le 12 mars 1849, et Berger, son commanditaire, devient propriétaire du matériel de la fabrique, dont 6 presses typographiques et 500 kg de caractères ; déjà breveté lithographe, il lui suffit de demander, en décembre 1850, le renouvellement de l'autorisation d'utiliser la typographie, qu'il obtient le 23 janvier 1851 jusqu'au 1er mars 1853, puis sans limite de date en juin 1853. Et c'est lui qui prend désormais les brevets d'invention pour les abat-jours (INPI, 1 BB 15495) en 1853-1854. Si la production de cartes en relief se poursuit, l'accent semble mis sur la fabrication d'abat-jours  "qui présentent de charmants effets lithophaniques, d'autres dont la pression en relief et en couleur est à peu près irréprochable, d'autres qui sont de jolies imitations de verre, de porcelaine, de dentelle" selon le rapport du jury de l'Exposition de l'industrie de 1849 qui note aussi, parmi les articles de ville, lanternes et ballons, "tuyautés par un ingénieux  procédé mécanique et vendus  de 15 centimes à 10 F la pièce". Les attendus d'un procès en contrefaçon des supports d'abat-jour soulignent que cette production "est l'objet d'une grande industrie".
Présent à l'Exposition universelle de Paris en 1855, il y reçoit une médaille de deuxième classe, après une médaille d'argent à l'Exposition de l'Industrie de 1849  et une médaille de bronze à celle de 1839 ; il reçoit aussi une médaille d'or du Wurtemberg en 1849.
Qand il se retire "sans esprit de retour" , il rend son brevet à l'administration, considérant que le brevet est accordé gratuitement et qu'il se refuse donc à spéculer sur sa revente ; le geste, très rare, est salué par l'administration qui l'annule ainsi que l'autorisation pour la typographie.

 

Bibliographie Sources: 

Archives Nationales F18 1733

INPI, 1 BA  7730   Nouveau genre de cartes géographiques, dit géomontographie Bauerkeller, 1839              http://bases-brevets19e.inpi.fr/
         1 BA  11677 Perfectionnements dans les abats-jours et appareils analogues reflétant ou entourant la lumière, 1844
         1 BB   4164  Procédés de gaufrage appliqués à la confection d'abat-jour, de globes et objets de divers formes, en papier, carton ou autre matière apte à conserver une empreinte donnée par pression, 1846

 Mémoire descriptif du Brevet d'invention de quinze ans, délivre à MM. Bauerkeller et Cie à Paris le 13 juillet 1840
Conclusions pour Fontaine contre : Berger-Walter, Auguste et Gérard Manc
Bibliographie de la France,
Feuilleton, n° 11, 15 mars 1845, p. 10.
Annales de l'imprimerie, 1851, p. 272-274.

Jeanblanc (Helga), Des Allemands dans l'industrie et le commerce du livre à Paris, 1811-1870, Paris : CNRS éd., 1995, p. 185-193.

Les cartes en relief du XIXe siècle   http://grosrich.free.fr/Bauerkeller.php3

     

Remarques: 
C'est par erreur qu'a été attribué le prénom de Walter à Pierre Berger. Walter est le nom de jeune fille de sa mère, les familles Walter et Berger étant, par ailleurs associées depuis longtemps dans l'exploitation de la verrerie de Goetzenbruck. Berger-Walter est aussi la raison sociale du magasin de vente parisien. E. P., 25/07/2018