Nom: CHÉRET Prénom: Jean, Jules Date de début d'activité: 30/05/1866 Adresses professionnelles: 16, rue de la Tour des Dames (1866) Ville - Département: Paris Adresse personnelle: 36, rue du Montparnasse (1866) |
Il est né le 1er juin 1836 à Paris ; son père était ouvrier typographe. Après trois ans d'apprentissage, il est entré en 1853 comme ouvrier lithographe chez Bouasse-Lebel, tout en suivant les cours du soir de l'École nationale de dessin. Il quitte rapidement cet imprimeur spécialisé dans l'imagerie religieuse, et part pour Londres où il reste six mois ; il y dessine des illustrations pour un catalogue commercial avant de revenir à Paris où il vit du dessin d'affiches de librairie. Après un bref passage chez la veuve Prudont à Dole, il revient à Paris où il continue de dessiner pour divers imprimeurs. En 1858, notamment, Offenbach lui commande une affiche pour Orphée aux Enfers, mais la commande reste sans suite immédiate (l'affiche sera réimprimée en 1866). En 1859, il travaille pour Lemercier, puis repart pour Londres où il dessine des couvertures de partitions pour des éditeurs de musique et surtout fait la rencontre d'Eugène Rimmel. Le parfumeur lui demande d'illustrer tout un matériel publicitaire (étiquettes, cartes et éventails parfumés, calendriers...)
Il s'est marié à Londres où est né l'aîné de ses deux enfants. Le 4 avril 1890, il a été nommé chevalier de la Légion d’honneur et gravira les différents échelons jusqu'à la dignité de grand-officier le 13 septembre 1926 ; Roger Marx, Gustave Larroumet et Frantz Jourdain tour à tour le parraineront. Il meurt le 23 septembre 1932 à Nice.
Revenu de Londres, il se met en société le 1er juillet 1866 avec Rimmel qui lui fournit les capitaux pour fonder son imprimerie et acheter neuf presses. Dans sa demande de brevet, il dit souhaiter faire des travaux d'ornements en chromolithographie pour les parfumeurs, principalement pour Rimmel. Le 25 juin 1867, Chéret demande l'autorisation d'utiliser une presse typographique afin d'imprimer des affiches-tableaux, pour faire concurrence aux Anglais qui monopolisent à Paris, selon lui, l'impression typographique en couleurs : il utilisera des "planches gravées dont aucun caractère n'est mobile". Il fait une déclaration le 22 mai 1872 car il s'adjoint l'impression typographique.
L'imprimerie s'est très vite spécialisée dans l'impression d'affiches dont il dessinera et imprimera plus d'un millier. S'il travaille pour des marques commerciales (pastilles Géraudel, apéritifs Dubonnet, vin Mariani, Saxoléine, magasins Aux Buttes-Chaumont, Au petit Saint-Thomas, Aux Filles du Calvaire...), la majorité de ses affiches est consacrée à la publicité de spectacles et divertissements en tout genre (fêtes du bal Bullier, du Moulin-rouge, des jardins Tivoli, spectacles des Folies-Bergère, du Casino de Paris... ) et d'oeuvres légères musicales, littéraires ou théâtrales. La société formée avec Rimmel a été dissoute le 23 août 1869 ; Chéret reste seul aux commandes de son entreprise jusqu'en 1878 , quand il s'associe avec René Bricheteau de la Morandais ; cette seconde association prend fin en janvier 1880 et, en 1881, pris dans des difficultés financières, il vend son imprimerie à Chaix, mais en reste le directeur artistique. Toutefois, après 1890, son talent de dessinateur et de coloriste trouve à s'épanouir dans la création de panneaux décoratifs pour le compte de demeures privées (villa du baron Vitta à Évian, de l'industriel Maurice Fenaille à Neuilly...), puis pour des lieux publics (Hôtel de ville de Paris, préfecture de Nice, musée Grévin...) ainsi que de cartons pour la Manufacture des Gobelins (1908). Les affiches de Chéret se distinguent rapidement par leur dynamisme, donné par le mouvement des personnages et/ou des titres, et leurs couleurs éclatantes. Imprimant sur papier teinté uniforme ou arc-en -ciel (présentant un dégradé entre deux couleurs), il ajoute d'abord le rouge, en sus du noir, puis une deuxième couleur ; au milieu des années 1870, il introduit de plus en plus souvent une troisième couleur ; la technique du crachis venant consteller les zones déjà colorées lui permet de créer des modelés délicats et très libres ; ils contrastent avec les à-plats de rouge cerise et jaune clair purs pour créer des images lumineuses et gaies qu'anime la "Chérette", type de la Parisienne mutine et rayonnante. Ont travaillé à ses côtés René Péan, Lucien Lefèvre, Lucien Baylac, Georges Meunier.
La qualité de sa production change le regard des artistes et des collectionneurs sur la chromolithographie. Malgré l'exemple du Faust illustré par Delacroix et imprimé par Motte en 1828, l'usage commercial et administratif de la lithographie ancre pour longtemps l'idée chez les artistes et les bibliophiles que la lithographie ne peut être qu'un succédané à moindre coût de la gravure. L'admiration exprimée par Champsaur, Roger Marx, Huysmans, Maindron et Grand-Carteret parmi les premiers, pour l'oeuvre de Chéret réhabilite le procédé comme moyen original d'expression artistique ; en même temps, elle porte le regard des amateurs d'art sur les des objets du quotidien qui peuvent devenir objets d'exposition et de collection.
À côté de sa production d'affiches, Chéret imprime aussi des étiquettes pour la parfumerie (Parfumerie des nymphes, 1876). Il a reçu une médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1878, une médaille d'or à celle de 1887 et, à celle de 1900 où il est membre du comité d'admission de la classe XIII et membre du jury, il est récompensé par un Grand prix et une nouvelle médaille d'or.
Archives nationales F18 1746
Archives nationales, 19800035/63/1760, base Léonore http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/leonore_fr
Maindron (Ernest), Les affiches illustrées, Paris, 2 t., 1886-1896.
Mauclair (Camille), Jules Chéret, Paris, Le Garrec, 1930.
Jules Chéret. La naissance de l'affiche moderne, Chaumont, Les Silos, 1994.
Bagiel (Réjane), Le Men (Ségolène) dir., La Belle Époque de Jules Chéret : de l'affiche au décor, Paris, Les Arts décoratifs, 2010.
Vignon (Virginie), Jules Chéret et l'âge de l'imprimé. L'image dans tous ses états, Courbevoie : musée Roybet Fould / Paris : Somogy, 2015.
La Vie parisienne, opéra-bouffe, 1866.
Orphée aux enfers, imp. Lemercier, 1866.
La Grande-Duchesse de Gerolstein, 1867.
Théâtre des Folies Dramatiques, Les Turcs. 1869.
Parfumerie Violet. Savon royal de Thridace. 1869
Valentino. Grand bal de nuit. 1869.
Tertulia. Café spectacle. 1871.
Frascati. Bal masqué. 1874.
Folies Bergère.1874.
Folies Bergère. Delmonico. Le Dompteur noir. 1874.
Folies Bergère. Les Tziganes. 1874.
Les ennemis de M. Lubin, grand roman de Constant Guéroult dans La Petite Presse. 1874.
Exposition des arts incohérents. Eden Théâtre. Chaix imp., 1887.
Halle aux chapeaux. Articles de luxe et de travail. Chaix imp. 1888.
L'amant des danseuses, roman de Félicien Champsaur. Chaix imp., 1888.
Aux Buttes Chaumont, jouets ...Chaix imp., 1888.
Bal du Moulin Rouge. Chaix imp., 1889.
Jardin enchanté, Exposition universelle. Le Jardin des fées. Chaix imp., 1889.
La Diaphane, poudre de riz... Chaix imp., 1890.
Théâtrophone. Chaix imp., 1890.
Hippodrome de la porte Maillot. Paris Courses. Chaix imp., 1890.
La Musique, panneau décoratif, 1891
Saxoléïne. Chaix imp., 1891.
Théâtre optique d'Émile Reynaud. Chaix imp., 1892.
Théâtre national de l'Opéra. Carnaval 1892. Chaix imp., 1892.
Palais de glace. Chaix imp., 1893.
Purgatif Géraudel. Chaix imp., 1893.
Théâtre de la Tour Eiffel. Paris-Chicago. Chaix imp., 1893.
Closerie des lilas. Redoute des étudiants. Chaix imp., 1894.