Nom: LECERF Prénom: Nephtali Date de début d'activité: 19/01/1844 Date de fin d'activité: 26/10/1858 Adresses professionnelles: 13, rue Marie Stuart (1857) Ville - Département: Paris Adresse personnelle: 72, rue de Rivoli (1860) |
Il est né le 30 juin 1810 à Metz (Moselle) ; son père était artiste dramatique. Il est garde national depuis 1848. L'inspecteur Bailleul fait un récit détaillé des années passées chez Delarüe dans son rapport du 26 novembre 1840 : Delarüe mit d'abord l'apprenti de 14 ans à la presse mais, "après six mois d'épreuve, il fallut y renoncer ; il essaya alors d'en faire un écrivain sur pierre et se proposait de lui confier la tenue de ses livres : un an de patience démontra la chose impossible" ; néanmoins l'imprimeur l'a gardé à son service au salaire, sans augmentation prévisible, de 1 500 F par an car c'est un bon garçon.
Sa première demande en 1840 a été rejetée car, au vu du rapport de Bailleul et de deux textes écrits de sa main, Cavé a conclu : "Sa capacité est nulle". Il fait une nouvelle demande en 1843. Entre-temps, il a quitté Delarüe et il travaille avec sa tante qui fait le change des monnaies, galerie de Valois. Comme il a fait de nouveaux tests d'écriture très corrects, que son oncle est susceptible de l'aider financièrement, qu'il s'est marié avec une jeune fille de bonne famille, il obtient son brevet.
Il fait faillite le 30 décembre 1851 avec un actif de 12 222 F et un passif de 17 081 F ; il obtient un concordat et ses créanciers n'ont plus rien à réclamer, mais le syndic a perdu le brevet et il doit en demander une copie qu'il obtient le 28 mars 1855. Il semble qu'il ait eu encore des difficultés financières et qu'il vive en faisant la commission pour d'autres imprimeurs. En 1857, il achète à nouveau 3 presses pour son atelier de la rue Marie-Stuart, mais il doit les rendre à son fournisseur en janvier 1858, faute de réussir à les payer. L'inspecteur Gaillard demande le 2 juin 1858 l'annulation du brevet qui est prononcée le 26 octobre. Toutefois, Lecerf n'a pas disparu, comme le dit Gaillard, il a repris son travail de commissionnaire notamment pour Judée et , le 24 mai 1860, ayant trouvé deux associés, il dit sa surprise de voir les scellés apposés sur ses nouvelles presses au motif qu'il n'a plus de brevet. Il proteste qu'il n'a pas été avisé de l'annulation de son brevet, qui était injustifiée puisqu'il peut prouver qu'en 1857 et 1858 il n'a pas cessé de travailler et fournit des attestations de ses clients. Il conclut : "Daignez me conserver mon brevet, ma propriété, mon droit au travail, le pain de ma famille". L'inspecteur Gaillard soutient qu'il cherche à louer son brevet et qu'il n'y a pas lieu de revenir sur l'annulation. Il fait une nouvelle demande le 11 mai 1861 pour laquelle le préfet de Police donne un avis favorable, mais l'inspecteur Gaillard écrit le 22 mai : "Il a toujours eu le don de s'associer à des aigrefins et à des gens tarés qui ont exploité son brevet en location. [...] Je me félicite qu'il ne puisse plus l'employer à couvrir de prétendues associations où les plus piètres sujets de l'imprimerie lithographique trouveraient asile pour effectuer des impressions clandestines". Malgré une longue réponse point par point de Lecerf, soulignant qu'il n'a jamais fait de faillite "indélicate", jamais loué son brevet, jamais noué une association avec des personnes douteuses, le préfet de Police se rend aux arguments de la direction de la Librairie et le brevet n'est pas rendu. Une nouvelle supplique envoyée en décembre 1861 reste sans effet ; le maintien du refus est encore confirmé en janvier 1862.
Archives Nationales F18 1788
Archives de Paris D10 U3 28 n°10257 et AP D11 U3 146