Nom: BAYVET Prénom: Virginie, Nanneci Date de début d'activité: 04/03/1842 Date de fin d'activité: 13/07/1853 Ville - Département: Chateauroux (Indre) |
Elle est née le 28 juin 1812 à Chateauroux. Après le décès de sa mère en 1836, elle ne se contente pas de toucher, en tant qu'héritière, la rente que lui sert son père (et qu'elle lui réclame par voie judiciaire), mais entre dans l'entreprise dont elle devient l'associée. En 1842, l'association est dissoute et son père se démet de ses brevets en sa faveur. Veuve de Charles Teisserenc, elle se remarie avec Jean Auguste Amouroux.
Elle reprend les brevets d'imprimeur en lettres et de lithographe de son père en même temps que l'imprimerie, maison ancienne et respectée. Elle est imprimeur de la Préfecture et du Journal de l'Indre. Ses rapports avec le Préfet se gâtent en 1849 : "M. Amouroux avait le monopole des impressions de mon cabinet ; c'était une véritable subvention déguisée qui lui était accordée depuis fort longtemps", écrit-il le 27 juillet 1849. "Je n'ai pas cru devoir subventionner l'anarchie et je n'ai pas hésité en face de ses écarts à les lui retirer". Virginie Bayvet proteste et tente à plusieurs reprises de récupérer la clientèle de la Préfecture. Le Préfet se justifie auprès du ministre en précisant : "M. Amouroux, rédateur en chef du Journal de l'Indre, était, sous le dernier gouvernement, journaliste ministériel et touchait une somme de 6 200 F sur les fonds secrets. Depuis un an environ, il s'est fait l'écrivain officiel du parti démagogique dans l'Indre. [...] Dans son journal comme dans les pamphlets qui sortent de ses presses, il n'a pas cessé de développer la haine aveugle des classes pauvres contre la richesse et toutes les supériorités sociales." Désormais l'imprimerie sera étroitement surveillée. Le 27 janvier 1853, Virginie Nanneci (Nancy!) Bayvet, épouse Amouroux, est condamnée à un mois de prison et 100 F d'amende pour absence de déclaration et de cautionnement d'un numéro du Courrier de l'Indre qui avait publié un article jugé d'économie sociale et intitulé "L'éclairage au gaz". Remise lui sera faite, en juillet, de la peine de prison, mais non de l'amende. Entre-temps, elle a cherché à vendre son imprimerie à un ancien prote devenu directeur de l'établissement pénitentiaire de Chateauroux ; elle s'inquiète, en mars 1853, de la lenteur du transfert de ses brevets à son acquéreur, condition nécessaire de la vente, car son mari a déjà une place à Paris et elle-même est sur le point d'y prendre un établissement. La raison de ce retard est expliquée par la mère de son repreneur effectif, Migné : "L'établissement où s 'imprimait le journal d'opposition étant à vendre, l'administration ne voulant pas qu'il passât dans des mains qui eussent pu en continuer la publication, força pour ainsi dire mon mari à acheter cet établissement afin d'éteindre la presse hostile qui la gênait." Cet achat représentait une dépense "énorme dont le chiffre peut être évalué à environ 50 000 F. " Ce chiffe témoigne de l'importance de l'imprimerie, mais il est à prendre avec précaution, la veuve Migné ayant tout intérêt, dans cette déclaration, à l'exagérer.
Archives Nationales F18 1944