Nom: SCHERTZ, veuve LEVRAULT Prénom: Caroline Date de début d'activité: 12/11/1823 Date de fin d'activité: 16/01/1851 Ville - Département: Strasbourg (Bas-Rhin) |
Elle est née à Strasbourg le 1er mars 1775, fille d'un riche négociant de la ville. Elle a épousé en 1793 l'imprimeur François Laurent Xavier Levrault, dit Levrault l'aîné,qui, pris par ses autres activités, se repose sur elle et son frère Louis pour la gestion de l'imprimerie et de la librairie. Elle se retrouve veuve le 17 mai 1821 et poursuit son travail à la tête de l'entreprise.
Elle meurt le 23 novembre 1850.
Après la mort de son mari, elle tarde à demander le transfert de ses brevets. Rappelée à l'ordre (la direction de la Librairie juge qu'elle "y a mis une extrême négligence"), elle se justifie : "Quoique les brevets eussent été délivrés en son nom, sa maison était gérée par Louis-Charles Levrault, son frère, pour l'imprimerie et par Mme Levrault son épouse, pour la librairie et les autres parties du commerce. À sa mort, aucune changement n'était survenu dans la direction des affaires, les héritiers ne songèrent pas à se pourvoir." Elle obtient donc le transfert des brevets de libraire et de lithographe. Elle réclame à la même date un second brevet de libraire qui avait été délivré pour Paris le 15 mai 1818, sans que soit précisé le prénom du breveté ; l'administration préférerait breveter Jean Charles Pitois, le gendre de Caroline qui gère la librairie parisienne. Pour le brevet d'imprimeur en lettres, il est transféré à son beau-frère Louis-Charles qui meurt en1824. Caroline Levrault le reprend le 26 octobre 1824, concentrant entre ses mains les 3 brevets. À partir de 1825, elle associe sa fille Antoinette Eléonore qui vient d'épouser l'avocat Pierre Frédéric Berger, puis démissionne en sa faveur de son brevet d'imprimeur en lettres. Elle conserve ses brevets de libraire et de lithographe jusqu'à sa mort, ainsi que la direction de la librairie. L'entreprise porte le nom de Veuve Levrault.
Le ministre Corbière témoigne en 1824, dans un rapport au Roi : " La maison Levrault est l'une des plus considérables de France et jouit d'une réputation méritée" et le Préfet renchérit : elle est "la mieux montée de la ville de Strasbourg." Après la reprise en 1825 de l'imprimerie typographique Eck, elle possède 14 presses typographiques. Elle comporte aussi une fonderie et, surtout, une maison de librairie. Sa prospérité retrouvée, après ses longs déboires financiers sous l'Empire, s'appuie sur la croissance du volume des publications administratives et sur sa position privilégiée pour le commerce de la librairie en Europe où elle a depuis longtemps un réseau de correspondants.
Si le matériel typographique ne fait pas l'objet d'investissement, deux nouveautés apparaissent : le clichage pour les ouvrages souvent réédités et la lithographie. S'il semble que les Levrault se soient très tôt intéressés à la lithographie, il semble qu'il faille attendre 1821 pour qu'un atelier spécifique soit installé et 1823 pour qu'il soit pleinement organisé. Il compte alors deux presses et plus de 200 pierres dont certaines conservées dessinées en vue d'une diffusion longue (cartes géographiques, manuels d'écriture, images pieuses). En 1833, on compte 5 presses dont une "à deux cylindres avec une grande planche pour cartes au zinc" et plus de 1 100 pierres ; en 1851, l'inventaire se sera encore accru de 3 nouvelles presses Brisset. À côté des productions déjà évoquées, la lithographie est aussi utilisée pour les travaux de ville courants qui forment un socle stable du chiffre d'affaires de l'imprimerie, et pour l'illustration d'ouvrages édités par la maison comme la Flore française destinée aux herborisations (1834-1838) de Mutel, avec son dernier volume de 95 planches, ou, moins ambitieuses, les couvertures de petits ouvrages de grande diffusion et les images de saints.
Archives Nationales F18 2046
Barbier (Frédéric), Trois cents ans de librairie et d'imprimerie. Berger-Levrault, 1676-1830. Droz, Genève, 1979.
Imprimerie et édition à Strasbourg au XIXe siècle. Livres, journaux, prospectus, éditeurs, libraire de 1815 à 1870. Catalogue d'exposition de la Bibliothèque municipale de Strasbourg, 1976.