Nom: GUIZONNIER Prénom: Pierre, Auguste Date de début d'activité: 13/04/1835 Date de fin d'activité: 06/12/1844 Ville - Département: Bordeaux (Gironde) |
Il est né à Bordeaux le 26 avril 1799 ; son père était opticien. Il se prévaut de 20 ans de pratique de la lithographie, à Paris jusqu'après la Révolution, puis à Bordeaux. Il a participé, dit-il, à la composition de textes politiquement importants à Paris ; il est en 1835 employé à l'imprimerie et à la rédaction du Mémorial bordelais.
En janvier 1835, il demande un brevet d'imprimeur en lettres qui lui est refusé en raison du grand nombre de typographes déjà installés. À défaut, il demande, le mois suivant, un brevet de lithographe qui lui est accordé en avril. En mai, il renouvelle sa demande de brevet de typographe en l'accompagnant d'un projet de "gymnase typographique" pour l'École royale des sourds-muets ; il a le soutien de la commission administrative de l'École qui fournira le local dans l'institution et 4 à 8 apprentis qui seront aussi inités à la taille-douce et à la papeterie. C'est une levée de boucliers : une quinzaine d'imprimeurs, après avoir dénoncé une ruse de Guizonnier pour se procurer de la main d'oeuvre à bon marché, proposent à leur tour de former des sourds-muets ; une pétition réunissant 80 signatures d'ouvriers dénonce l'exploitation dont sont l'objet les apprentis et s'oppose à la proposition des imprimeurs ; une nouvelle pétition de 13 imprimeurs fragilise la position du Préfet, plutôt favorable à Guizonnier, face à la direction de la Librairie. Le 19 novembre 1835, la demande est officiellement rejetée. Guizonnier se plaint que, croyant le Préfet sur parole, il a abandonné sa place de prote et investi dans l'achat de matériel ; la commission réaffirme qu'elle encadrerait l'imprimeur pour éviter les abus et insiste sur la particulière adaptation des métiers du livre au handicap de la surdité. Finalement, le brevet est délivré le 12 février 1836, mais à titre conditionnel. L'enseignement aux sourds-muets ne dure que deux ans à cause "de convenances administratives et de l'incompatibilité de ce genre d'enseignement avec le mode d'éducation qu'ils reçoivent". Guizonnier reprend son matériel et demande un brevet d'imprimeur en lettres définitif. Malgré des demandes répétées, il ne l'obtiendra jamais ; en 1848, le rapport note que le mauvais état de ses affaires (il a cédé son brevet de lithographe) ne lui permettrait pas de s'installer, qu'il est honnête mais "un peu adonné à la boisson".
Archives Nationales F18 1930