Miroir des classiques
Miroir des classiques
Frédéric Duval
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Jacques Monfrin [promotion 1947] et l'Inventaire critique des traductions d'auteurs anciens du XIIIe au XVe siècle.

En 1954, R. R. Bolgar avait publié un tableau des différentes traductions des auteurs classiques en anglais, français, allemand, italien, espagnol et antérieures à 1600. Ce travail n'est véritablement utile qu'à partir de la fin du XVe siècle et de l'apparition du livre imprimé:

  • R. R. Bolgar, « The Translation of the Greek and Roman Classical Authors before 1600 », dans The Classical Heritage and its Beneficiaries, Cambridge, 1954, p. 506-541.

Jacques Monfrin4 présenta en 1955 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres un Inventaire critique des traductions d'auteurs anciens du XIIIe au XVe siècle, qui a obtenu le Prix du budget. Le séjour de Jacques Monfrin à l'École française de Rome ainsi que son passage au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale lui avaient permis de rassembler les matériaux qui fondent cet inventaire. Ce travail de débutant, resté dactylographié, est aussi un travail de pionnier. Il nous a semblé utile de redonner ici, à la fois pour lui rendre hommage et pour qu'on puisse mesurer les prolongements, voire les infléchissements, que nous avons donnés aux voies qu'il a ouvertes, le texte complet de son introduction, en lui ajoutant simplement quelques notes bibliographiques :

« Le principal objet de ce travail est de dresser la liste des œuvres anciennes qui ont été traduites en langue française du XIIIe au XVe siècle. Nous avons pris le mot ancien dans son sens le plus étroit, en nous limitant aux œuvres de l'Antiquité classique ; nous n'avons retenu les auteurs de basse époque que dans la mesure où leurs écrits se rattachent à la civilisation antique : c'est ainsi que l'on trouvera un article Justinien et un article Végèce, alors que nous avons laissé de côté saint Augustin et tous les écrivains chrétiens. Seul le cas de Boèce pouvait donner lieu à quelque hésitation ; mais les traductions de la Consolatio Philosophiæ sont bien connues ; la récente notice de l'Histoire littéraire5 analyse celles qui sont antérieures au milieu du XIVe siècle ; de celles qui viennent après cette date, nous avons rencontré une foule de manuscrits dont nous remettons l'étude à plus tard.

D'autre part, nous nous sommes limité aux œuvres dont l'authenticité était, en tout ou en partie, assurée. Le Moyen Âge a mis sous le nom de grands écrivains de l'Antiquité une foule de composition qui n'ont rien de commun avec leurs œuvres certaines, mais dont la diffusion a été tout aussi grande : on ne trouvera pas ici de renseignements sur le De quattuor virtutibus attribué à Sénèque, ni sur les Pseudo-Ovidiana, ni sur les Proverbes de Caton, ni sur le Secret des Secrets d'Aristote6.

C'est l'impossibilité de faire, sans des recherches spéciales, le départ entre l'authentique et l'apocryphe qui nous a empêché de consacrer un article aux médecins : parmi eux quelques fragments remontent peut-être à l'Antiquité, mais on ne peut espérer voir clair dans cette littérature abondante sans entreprendre un dépouillement méthodique des manuscrits médicaux, aussi bien latin que français.

Tous les écrits authentiques des écrivains anciens qui ont été traduits en français au Moyen Âge ne l'ont pas été directement sur les originaux. Pendant la période que nous considérons, toutes les œuvres grecques n'ont été connues des traducteurs français que dans des versions latines ; ce fait a des conséquences très importantes du point de vue des procédés de traduction et de la langue des traducteurs : les œuvres grecques originales sont, du point de vue du style, tout à fait défigurées. En les traduisant en latin, les savants du XIIe et du XIIIe siècle leur ont déjà donné une physionomie médiévale si bien qu'au XIVe et au XVe siècle, les traducteurs français trouveront leur besogne d'adaptation à moitié faite. Si l'on veut étudier comment la prose française a été façonnée par les traducteurs, on devrait, comme on l'a déjà fait remarquer, étudier séparément les traductions du grec, indirectes, et les traductions du latin, faites directement sur l'original.

Mais ces faits n'ont qu'une importance secondaire en ce qui concerne l'histoire de la littérature et des idées ; on ne saurait par exemple séparer les traductions de César par Jean Duchesne, ou de Quinte Curce par Vasque de Lucène, les traductions de la Cyropédie de Xénophon par le même Vasque de Lucène ou celle du Hiéron par Charles Soillot.

L'idée que les écrivains du Moyen Âge se sont fait de la tâche de traducteur est assez différente de celle qui a prévalu plus tard. Le souci historique et philologique de laisser ou de retrouver l'œuvre d'un auteur sous la forme exacte que celui-ci avait voulu lui donner était souvent remplacé par l'idée que tout écrit est perfectible et que, du moment qu'on le transcrivait, ou qu'on le traduisait, il n'y avait aucune raison pour ne pas le modifier ou l'améliorer en combinant parfois le texte avec celui d'un autre ouvrage : de là des modifications sans nombre apportées aux textes originaux. En dehors de ces manifestations d'un état d'esprit que, le plus souvent, les prologues des traducteurs éclairent parfaitement, on a toujours, pour des raisons diverses, réalisé, à côté des traductions, des adaptations, en faisant passer un ouvrage d'une langue dans une autre.

Le départ entre les compilations, les adaptations, les traductions est forcément arbitraire. Nous avons retenu les poèmes inspirés de l'Art d'aimer d'Ovide parce que ceux-ci contiennent un nombre considérable de vers traduits exactement du latin ; nous avons retenu les Faits des Romains parce qu'ils contiennent une traduction à peu près intégrale des Commentaires de César et de la Vita Cesaris de Suétone ; on ne peut en revanche considérer comme une traduction, les morceaux que les Faits empruntent à Lucain. La Pharsale de Nicolas de Vérone est une chanson de geste inspirée des Faits des Romains et de Lucain, non une traduction de la Pharsale latine.

Les limites chronologiques de notre sujet sont, au point de départ, faciles à établir. On ne trouve pas de traductions véritables avant le XIIIe siècle ; la plus ancienne semble bien être celle des Institutes de Justinien. Il est plus délicat de fixer le moment auquel arrêter notre enquête. Nous l'avons arbitrairement arrêtée à 1500. On aurait pu, ou l'arrêter au milieu du XVe siècle, après Laurent de Premierfait, par exemple, ou la poursuivre plus avant dans le XVIe ; on a beaucoup traduit, en France, pendant le règne de Louis XII et les premières années de celui de François Ie. Il y a eu, à la cour de ces souverains, tout un groupe de traducteurs, Octovien de Saint Gelays qui a traduit l'Énéide (1500), Claude de Seyssel qui a mis en français Xénophon, Diodore, Appien, Justin, Thucydide ; Simon Bourgoing, qui a traduit des Vies de Plutarque, Étienne le Blanc etc.

Mais comment séparer de ces œuvres la traduction des Héroïdes de Saint-Gelays (1496), celle de César de Gaguin, le Suétone qui semble venir de la cour de Bourgogne ?

Une raison pratique peut justifier le parti que nous avons adopté : les ouvrages que nous avons retenu sont ceux dont les livres manuscrits, principalement, nous ont conservé le texte ; ce n'est que secondairement ou plusieurs années après qu'ils ont été imprimés. Inversement, pour les traductions des années 1500-1520, il faudrait commencer l'enquête par un examen systématique des collections de livres imprimés. Un parti qui se justifie difficilement du point de vue de l'histoire littéraire est en quelque sorte commandé par les exigences de la recherche.

Nous avons commencé par la lecture de tous les catalogues de manuscrits que nous avons pu atteindre ; nous avons largement fait appel aux catalogues de vente et aux catalogues de collections privées. Cette méthode un peu lente nous aura permis, nous l'espérons, de ne rien omettre d'essentiel. Nous n'avons pas trouvé beaucoup de textes qui n'aient pas été signalés : la traduction de la Vie de César de Suétone, le manuscrit daté de la traduction en prose de Térence. Mais nous avons pu allonger considérablement les listes de manuscrits qui avaient été dressées pour chaque traduction ; dans deux ou trois cas seulement, nous n'avons rien pu ajouter aux travaux de nos devanciers.

Nous avons dressé un répertoire comprenant pour chaque texte une brève notice où nous indiquons le nom du traducteur, la date et les circonstances de la traduction ; nous nous sommes efforcé aussi de caractériser la méthode de traduction, en indiquant s'il s'agissait d'une paraphrase, d'une adaptation, s'il y avait des erreurs, des additions ou des suppressions.

Vient ensuite l'incipit des textes puis la liste des manuscrits. Ces listes sont disposées selon l'ordre alphabétique des villes où sont conservés les documents. Elles indiquent pour chaque manuscrit, sa date, son origine, lorsqu'on la connaît, et les collections où il est passé, lorsque cela nous paraît utile. Pour le Moyen Âge, nous donnons toutes les indications que nous avons ; cela a de l'intérêt pour l'histoire de la diffusion des textes. à partir du moment où il s'agit de collections d'amateurs, nous n'avons indiqué les possesseurs successifs que lorsque les manuscrits ont souvent changé de mains, et qu'il y a des chances qu'ils aient été cités, dans des travaux d'érudition, avec une indication de collection qui n'est pas plus valable aujourd'hui.

La liste des éditions anciennes, qui vient ensuite, aurait besoin d'être revue ; elle est souvent incomplète et de seconde main. Les indications bibliographiques qui terminent les notices sont réduites à l'essentiel : un renvoi au Manuel bibliographique de M. Bossuat7 permet d'alléger beaucoup cette partie.

Parmi les traductions ainsi inventoriées, certaines ont fait l'objet de travaux plus ou moins approfondis, d'autres ont été brièvement signalées. Nous aurions voulu consacrer une notice à chacun des textes qui n'ont pas encore été étudiés. L'ampleur du sujet nous a mis dans l'impossibilité de mettre en œuvre toutes les notes que nous avions prises.

On trouvera à la suite du répertoire, une notice sur les traductions du De senectute et du De amicitia de Cicéron par Laurent de Premierfait8 ; une notice sur la Vie de César de Suétone9 ; une notice sur les deux traductions de Térence10 ; une notice sur les traductions de Végèce11 ; enfin les éléments d'une notice, à savoir un catalogue détaillé et des extraits du texte, sur la traduction de Tite-Live par Pierre Bersuire12. Nous pourrons donner sous peu la fin de ce travail, et une étude étendue sur le Valère Maxime de Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse13. Aucune de ces notices n'épuise le sujet ; le catalogue détaillé des manuscrits est souvent de seconde main en ce qui concerne les manuscrits conservés à l'étranger. De plus tous les problèmes n'ont pas été envisagés. Nous nous sommes surtout attaché à éclaircir les questions d'attribution et de datation, à déblayer le terrain, sans nous attarder, pour ceux qui voudraient étudier plus à fond la tradition manuscrite, les procédés de traduction, etc.

Il est un point sur lequel nous devons insister. Le texte des auteurs latins que lisaient les traducteurs n'est jamais tout à fait celui que nous lisons dans les éditions critiques modernes ; celles-ci sont établies, autant que possible, sur les manuscrits les plus anciens, et c'est à peine si les philologues classiques énumèrent dans leurs études sur la tradition du texte les manuscrits postérieurs aux XIe-XIIe siècles. Or c'est sur ces manuscrits tardifs, ceux que l'on mentionne en vrac sous l'étiquette de recentiores ou deteriores, que nos traducteurs ont travaillé. Et ce qui n'a pas d'intérêt pour les éditeurs est pour nous d'importance capitale : ce sont les modifications qu'ont subi les textes au cours des derniers siècles du Moyen Âge. L'Italie a mis en circulation un nombre considérable de manuscrits ; en France, on a beaucoup travaillé aussi sur les auteurs antiques de 1350 à 1500. Mais si l'on s'est attaché à décrire les manuscrits des humanistes italiens, on n'a jamais songé à regarder ceux des humanistes français. Ici comme là, on a remanié les leçons, on en a redistribué le texte, on a composé des titres, des rubriques, des sommaires ; on a inscrit en marge des gloses et des remarques.

Les traducteurs ont profité de ce travail critique. Les hors-d'œuvre qui accompagnent le Térence ont certainement une source latine, qui est à retrouver. Nous avons pu voir, dans un cas particulier, celui de Végèce, que lorsqu'une traduction s'écartait du texte adopté par l'éditeur moderne, ce n'est pas par suite d'une fantaisie du traducteur : certains manuscrits latins présentent déjà des modifications qu'un examen trop sommaire mettrait volontiers à charge de Jean de Meung ou de Jean de Vignay. Giuseppe Billanovich a montré quel parti on pouvait tirer14 de l'examen des manuscrits tardifs pour éclairer la genèse des traductions italiennes de Tite-Live. Pour Bersuire, le problème est plus simple, car il travaillait sur la vulgate établie par les soins de Pétrarque ; mais on pourrait aisément aboutir à plus de précision que n'en comporte une indication donnée en passant.

Les commentaires développés ont pu eux aussi être utilisés. Lorsque le même Bersuire inscrit en marge de la traduction de Tite Live des rapprochements avec d'autres historiens latins, fait-il preuve de curiosité d'esprit et de véritable érudition ou recopie-t-il les gloses d'un annotateur antérieur ? La traduction des Héroïdes d'Ovide donne ces épîtres dans un ordre très éloigné de celui des éditions. Nous avons conjecturé que cet ordre avait été adopté pour permettre, tant bien que mal, l'insertion de ces morceaux dans un récit de la guerre de Troie. Mais la preuve nous manque ; on peut trouver demain un manuscrit latin où les Héroïdes sont disposés comme dans le recueil des Epistres des Dames de Grece. Que doit l'énorme compilation de Simon de Hesdin aux commentaires antérieurs de Valère Maxime ? Et que savons nous de ces commentaires ? Il n'y a dans ce domaine, ni bibliographie ni étude qui puisse nous guider.

Notre bibliographie comprend l'indication de quarante deux traductions du latin et treize traductions de textes grecs faites sur des versions latines (nous laissons de côté quelques adaptations faites à l'aide de traductions antérieures) ; mais certains de ces textes sont traduits plusieurs fois, si bien que le nombre réel des œuvres antiques mises à la disposition des lecteurs de langue français ne dépasse pas trente-cinq.

Il semble que l'initiative de quelques personnages ait été pour beaucoup dans le choix des textes traduits : c'est ce que l'on constatera en passant en revue les traductions dans l'ordre chronologique.

La plus ancienne est sans doute celle des Institutes de Justinien. Il parait qu'elle a été exécutée en Normandie, vers 1220-1230, dans une région et à l'époque où les écoles de droit étaient particulièrement actives. Nous ne savons pas si elle a été commandée par un haut personnage ou si nous la devons à l'initiative de quelque clerc ; mais nous la voyons du XIIIe au XVe siècle, copiée dans des manuscrits assez simples, aux mains de clercs, d'officiers royaux : c'est un ouvrage technique, simplement traduit, un instrument de travail ; sa présence dans la bibliothèque de Charles V et dans celle de Jacques de Nemours montre qu'on y attachait encore du prix un siècle et demi après sa confection. On pourrait sans doute faire les mêmes remarques pour le Digeste et pour le Code.

Les Faits des Romains sont presque aussi anciens : une catégorie de traductions particulièrement bien fournie, celle des ouvrages historiques, commence par eux ; mais ils sont à la limite de notre sujet : s'ils donnent, en fait, la traduction intégrale des Commentaires de César, ils sont avant tout une compilation historique. Leur succès a été constant et on les a copiés jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Il faut descendre jusqu'à la fin du XIIIe siècle pour trouver des œuvres nouvelles.

Le mouvement commence dans les cours princières et seigneuriales : c'est Jean comte d'Eu15 qui commande les Méthéores d'Aristote et l'Art de chevalerie de Végèce (vers 1270-1284). Le premier texte, ardu, technique, ne semble pas avoir eu beaucoup de succès : un châtelain des environs d'Eu en possède un exemplaire ; Charles V le fera copier, et c'est son exemplaire que nous avons conservé, mais on n'a trouvé la trace d'aucun autre. Végèce au contraire est immédiatement recopié. Les seigneurs français sentent peut-être que le temps est passé des grands coups d'épée et des charges désordonnées : on peut leur prêter quelque désir de s'instruire de l'art militaire ; le texte de Végèce est clair, élémentaire et convient parfaitement à leurs besoins. Peut-être un peu avant Jean d'Eu, peut-être un peu après, les princes anglais, Edouard I ou Edouard II, se font de leur côté traduire Végèce, mais l'œuvre qu'ils ont suscitée n'est jamais sortie d'un cercle étroit et nous n'en connaissons qu'une copie. Au début du XIVe siècle, peut-être à la demande du roi de France, Jean de Vignay, moins de trente ans après Jean de Meung, publie à son tour une traduction nouvelle de l'art militaire. Il n'est pas indifférent que nous retrouvions plus tard ces traductions copiées à côté de traités de croisade ou à côté du Gouvernement des princes de Gilles de Rome : ce voisinage souligne dans quel esprit il a été utilisé : on le considère comme utile à la formation du chef de guerre, du souverain.

A peu près en même temps que Jean d'Eu commandait son Végèce, à l'autre bout du monde chrétien, en Terre sainte, un chevalier de l'Hôpital, frère Guillaume de Saint-Etienne, se faisait traduire la Rhétorique de Cicéron ; l'œuvre ne semble avoir eu aucune diffusion.

Les Institutes, le Code, Végèce sont des livres utiles, dont la littérature médiévale ne fournit pas l'équivalent, les Méthéores peuvent piquer la curiosité d'un homme qui a le goût de l'astronomie ; les Lettres de Sénèque à Lucilius sont au contraire une œuvre philosophique, sans portée pratique ; toute la morale antique s'y exprime ; l'idée de les faire traduire n'a pu venir qu'à un homme très cultivé, tel que l'on ne l'imagine guère en France, dans les premières années du XIVe siècle. Mais celui qui commanda cette traduction était un Italien, chambellan du royaume de Naples, et depuis longtemps déjà, en 1308-1310, cette région était un foyer d'humanisme, où une telle œuvre pouvait éveiller quelque écho. Si bien que très vite recopié en Italie, très vite traduit en italien, ce beau travail ne survivra en France que grâce aux copies faites pour Charles V et suscitera à ce moment, dans un milieu plus favorable, un peu d'attention.

Pour en finir avec les traductions sérieuses de ce temps, nous mentionnerons une bizarre traduction des Institutes en vers français et la version française, par frère Jofroi de Waterford et son acolyte Servais Copale, du Bréviaire d'Eutrope. Là encore, il s'agit d'œuvres qui n'ont sans doute jamais été beaucoup recopiées.

Mais la littérature antique n'est pas seulement constituée d'œuvres graves. Depuis le XIIe siècle, Ovide est à la mode ; sa fortune est liée à cette curiosité pour les choses de l'amour qui marque si profondément la littérature du XIIe et du XIIIe siècles. Aussi on met l'Art d'aimer en français. Mais il n'y a aucun rapport entre les compositions légères, qui ne suivent que de très loin le texte latin et les traductions énumérées plus haut. L'Art d'amour de maître Elie, celui de Jacques d'Amiens et celui de Guiart, aussi bien que la Clef d'amour rejoignent toute une série de dits, de traités d'amour mis en circulation par les jongleurs et les trouvères ; ils n'ont pas le caractère savant de la plupart des œuvres dont nous nous occupons. Il en va de même pour la traduction des Remedia amoris, qui est d'ailleurs un peu plus tardive.

La version en prose de l'Ars amatoria que l'on date des environs des 1320 a un caractère tout à fait particulier : il s'agit bien d'une traduction, puisque le texte latin est mis en français ; mais le traducteur a ajouté tant de choses, depuis des considérations morales et des développements mythologiques jusqu'à des refrains de chansons, qu'on peut bien dire qu'il a fait œuvre nouvelle et complètement défiguré son modèle.

Dans cette catégorie d'ouvrages auxquels le texte latin sert de prétexte plutôt que de modèle, on peut ranger les Métamorphoses d'Ovide moralisées dont la reine Jeanne de France reçut l'hommage vers 1316-1318 ; l'auteur anonyme a brodé tout autour des fables d'Ovide : un tel texte a dû beaucoup faire pour éveiller dans les esprits du temps la curiosité des choses antiques, mais il n'a pu donner qu'une image bien déformée de l'œuvre du poète latin.

Avec la traduction de Tite-Live de Pierre Bersuire commence vraiment la série des œuvres importantes qui ont fait connaître l'Antiquité. D'une part la traduction de Bersuire est correcte, parfois vigoureuse, d'autre part, elle a eu un franc succès. Les quelque soixante manuscrits qui nous en restent en témoignent. Les plus anciens d'entre eux ont un air de famille qui prouve que les officines de copie avaient l'habitude d'en fournir et de les offrir à la vente ; les illustrations qui se retrouvent, à peu près identiques, d'un volume à l'autre, montrent que l'on avait établi dans les ateliers une sorte de programme d'illustration qui permettait d'accélérer la production. La traduction de Bersuire est très sérieuse et au fond très bonne ; les additions, très discrètes, sont isolées du reste du texte par une formule qui équivaut à notre appel de note. Le petit glossaire qui précède le texte éclaire les mots qui manquent au vocabulaire français du XIVe siècle et que Bersuire a dû fabriquer en francisant de son mieux les termes latins. Ce souci de se faire comprendre marque un progrès sur les traductions antérieures qui transposaient absurdement ou calquaient sans comprendre.

Jean le Bon s'intéressait-il à l'histoire romaine au point d'avoir l'idée de faire exécuter ce travail ? La preuve du contraire est impossible à administrer, mais il est permis de faire remarquer que Bersuire avait quelques liens avec l'Italie et que l'exemple de Boccace traduisant Tite Live a pu l'inciter à entreprendre une tâche analogue.

C'est au contraire une volonté bien arrêtée de Charles V qui a doté la littérature française d'une série de traductions d'Aristote. Oresme, sur son ordre, a traduit le Quadripartit de Ptolémée (dont on avait déjà une traduction dont l'origine est inconnue), et surtout les grands ouvrages aristotéliciens : Éthiques, Politiques, Économiques, De caelo et mundo. Traductions commentées, véritables instruments de travail destinés à faciliter l'accès aux œuvres d'Aristote, voulus par un prince persuadé que leur lecture exercerait une heureuse action sur la vie du royaume. Sans avoir eu le succès du Tite Live, et par nature beaucoup moins accessibles, ces œuvres ont été bien diffusées. La traduction des Problemata Aristotelis, confiée par le roi à son médecin Evrard de Conti, largement commentée, était trop spéciale pour toucher un large public ; l'aspect assez simple des quelques manuscrits dans lesquels on peu encore la lire montre bien qu'elle ne s'adressait pas aux grands seigneurs collectionneurs de beaux livres.

Au temps de Charles V remonte encore, sans doute, une bonne traduction, celle des Antiquités judaïques et de la Guerre des Juifs, mais on ne sait ni qui l'a commandée, ni qui l'a faite. Le sage roi avait encore d'autres projets ; il avait confié à maître Simon de Hesdin le soin de traduire Valère Maxime. L'œuvre de ce collectionneur d'anecdotes était bien faite pour plaire aux gens du Moyen Âge ; mais il fallait parfois la leur expliquer : aussi Simon de Hesdin ajouta-t-il à son modèle des commentaires sur des récits nouveaux. Mais la mort l'interrompit au milieu de son œuvre et le volume resta à la bibliothèque du Louvre. Nicolas de Gonesse le reprit vingt-cinq ans après. Charles V n'était plus mais son frère, Jean de Berry, patronna l'entreprise qui eut plus de succès. Ce trésor des exempla antiques se prêtait à l'illustration : on le copia et on le décora jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Le mouvement humaniste qui a marqué la vie intellectuelle parisienne au temps de Charles VI a eu une petite influence sur l'histoire des traductions ; c'est un membre du petit cénacle formé par les frères Col, Nicolas de Clamanges et d'autres, Laurent de Premierfait, qui a traduit les traités philosophiques de Cicéron, De amicitia et De senectute. Laurent de Premierfait a eu une initiative importante, même s'il a mal réalisé son dessein : il s'est occupé de revoir le texte latin, de le corriger avant de traduire, et il a joint ce texte à sa traduction. Ce sont bien là des soucis de traducteur humaniste. La traduction, par ailleurs, est prolixe et maladroite et le texte de Cicéron prend sous la plume de Laurent une curieuse allure scolastique.

L'intense activité intellectuelle qui a marqué les règnes de Charles V et de Charles VI se ralentit à l'époque suivante : il y a peu de travaux nouveaux et ils sont d'importance secondaire. Jean de Rouvroy traduit Frontin pour Charles VII. La traduction de Tite-Live est améliorée par l'introduction, entre les décades un et trois, de la traduction française de l'ouvrage latin que Leonardo Bruni avait composé pour remédier à la perte de la seconde.

Mais vers 1450 s'amorce un mouvement qui ne déclinera plus. Une excellente traduction, celle de Térence, en prose, est publiée dans des conditions que malheureusement nous ne connaissons pas. Anjorrant Bourré, vers 1460, donne pour Tanneguy du Chatel, sa version des Offices de Cicéron, mais c'est là une œuvre presque rétrograde : le traducteur mêle au texte du philosophe latin des historiettes tirées d'une médiocre compilation de la fin du XIIIe siècle.

Le grand centre de traductions est d'ailleurs non plus l'Île-de-France mais la Flandre française et la cour des ducs de Bourgogne16. On y traduit avec un égal succès deux catégories d'ouvrages : des textes historiques et des textes relatifs au bon gouvernement. Dans la première catégorie, nous rangerons le Quinte Curce de Vasque qui est d'autant plus intéressant que le traducteur a fait des recherches assez adroites pour suppléer aux lacunes de son modèle ; les Commentaires de César, traduits par Jean Duchesne, malheureusement dans un état d'esprit assez voisin de celui du compilateur des Faits des Romains. Jean Mansel et Henri Romain copient tous deux en l'abrégeant, le Tite-Live de Bersuire pour le faire entrer dans leurs compilations historiques. Le dernier volume de la série semble être une Vie de César de Suétone dont le traducteur fait preuve d'esprit critique et comble les lacunes avec de petites dissertations tirées d'Appien et de Plutarque. A la seconde série appartiennent de traités sur le gouvernement qui intéressaient visiblement Charles le Téméraire : la Cyropédie et le Hiéron de Xénophon, traduits sur des versions humanistiques latines, l'une par Vasque de Lucène, l'autre par Charles Soillot, et la lettre à Quintus de Cicéron traduite par Jean Miélot.

Toute cette production est marquée par un souci excessif de faire la cour à Charles le Téméraire et de mettre en relief les leçons morales qui peuvent se tirer des récits historiques.

C'est à Paris, à nouveau, où l'effort de quelques hommes a ramené le souci des belles lettres, que l'on trouvera des travaux ayant un caractère plus scientifique. Le César de Gaguin atteste une réelle connaissance de l'Antiquité. Et Saint-Gelays avec sa traduction des Héroïdes d'Ovide annonce tout un groupe d'œuvres que nous devons laisser de côté.

Nous ne voudrions pas terminer cette introduction sans dire un mot des méthodes de traduction : on pourra le remarquer, jusqu'à la fin du XVe siècle, elles évoluent assez peu; les traducteurs ne peuvent s'empêcher de gloser, de commenter et cela autant à la fin du XVe siècle et peut-être plus qu'au XIIIe siècle ; ils ont tous la même habitude de rendre un mot latin, lorsque le sens n'est pas brutalement évident, par deux synonymes dont l'un complète ou nuance l'autre, ce qui donne à leur prose une allure prolixe toujours déconcertante ; jamais ou presque le style n'est rendu. Si les traductions du XVe siècle paraissent meilleures, ce n'est pas tant parce que les traducteurs ont amélioré leurs méthodes que parce qu'ils ont en général une meilleure connaissance de l'Antiquité et laissent passer moins d'anachronismes. Quant à leur connaissance de la langue, elle est souvent moins sûre qu'on ne l'attendrait d'hommes de culture latine ; dès qu'une difficulté grammaticale se présente, ils sont désarmés. »

Jacques Monfrin a continué toute sa vie de travailler les dossiers ouverts lors de l'élaboration de son inventaire: en témoignent les séminaires de l'École pratique des Hautes Études qu'il a consacrés à ces problèmes17. Il a en outre publié sur les traductions de l'Énéide de Virgile, qui ne figurent pas dans son inventaire de 1951, les résultats de ses recherches ultérieures :

  • Jacques Monfrin, « Les translations vernaculaires de Virgile au Moyen Âge », dans Lectures médiévales de Virgile. Actes du Colloque organisé par l'École française de Rome (Rome, 25-28 octobre 1982), Rome, 1985 (Collection de l'École française de Rome, 80), p. 189-249. Réimpr. dans Études de philologie romane, p. 859-917 [donne en appendice p. 911-917 le texte des confidences de Didon à Anna (Aen., IV 1-38) dans l' Histoire ancienne jusqu'à César (Paris, BNF, fr. 20125), dans le Livre des Eneydes (Paris, BNF, Rés. G Yc 312) et dans la traduction d'Octovien de Saint-Gelays (Paris, BNF, fr. 861)].
  • Jacques Monfrin, « L'Histoire de Didon et Énée au XVe siècle », dans Études littéraires sur le XVe siècle. Actes du Ve Colloque international sur le moyen français. Milan 6-8 mai 1985. Vol. III. Contributi del Centro studi sulla letteratura medio-francese, vol. quinto. Milan, 1986, p. 161-197.

Jacques Monfrin a utilisé les données qu'il avait rassemblées pour son répertoire dans trois articles de synthèse qu'il a consacrés aux traductions en 1963, en 1964 en 1972. Ces articles, dont il a chaque fois souligné le caractère provisoire, sont devenus des références obligées pour ceux qui après lui tentent de suivre « la découverte progressive de la pensée antique par le Moyen Âge finissant, le cheminement hasardeux des manuscrits et des premières éditions »18:

  • Jacques Monfrin, « Humanisme et traductions au Moyen Âge », dans Journal des Savants, 1963, p. 161-190. Réimpr. dans Études de philologie romane, p. 757-785 [propose une vue d'ensemble sur les traductions dans l'ensemble des pays romans (France Italie, Catalogne et Castille) à l'exclusion du domaine occitan, selon une présentation chronologique qui reprend celle de l'introduction à l'Inventaire].
  • Jacques Monfrin, « Les traducteurs et leur public au Moyen Âge », dans Journal des Savants, 1964, p. 5-20 publié aussi dans L'humanisme médiéval dans les littératures romanes du Xlle au XIVe siècle. Colloque... Strasbourg... 1962, Paris, 1964 (Actes et Colloques, 3), p. 217-246 et p. 247-264. Réimpr. dans Études de philologie romane, p. 787-801 [envisage la réception des traductions dans les bibliothèques princières et privées aux XIVe et XVe siècles et définit la méthode].

« La méthode la plus sûre serait d'étudier comment et à quel degré les textes qui nous intéressent ont été utilisés dans les œuvres postérieures. Mais faute d'édition et de répertoires nous n'avons guère la possibilité d'instituer une telle recherche. Nous nous proposons donc d'utiliser aujourd'hui un moyen beaucoup plus grossier, fondé sur l'examen des manuscrits et leur histoire. C'est une vérité d'évidence qu'un texte souvent copié est un texte qui a eu du succès et de l'influence, à partir du moment, bien entendu, où la littérature a été lue… »19

  • Jacques Monfrin, « La connaissance de l'Antiquité et le problème de l'Humanisme en langue vulgaire dans la France du XVe siècle », dans The Late Middle ages and the Dawn of Humanism outside Italy, Louvain, 1972, (Mediaevalia Lovaniensia, Series I/ Studia I), p. 131-170. Réimpr. dans Études de philologie romane, p. 803-837 [resserre le point de vue sur la fin du Moyen Âge et intéresse essentiellement la traduction des historiens anciens et son intégration dans les tentatives d'histoire générale qui ont été réalisées en France au XVe siècle. L'article fournit en appendice un choix de prologues: Prologue de Jean de Courcy pour la Bouquechardière (Paris, BNF, fr. 329), Prologue de Jean Lebègue pour la traduction du De bello punico primo de Leonardo Bruni [(Paris, BNF, fr. 23085), Prologue de Jean de Hangest pour l'abrégé de Valère-Maxime (Paris, BNF, fr. 2118)].

Ont été entreprises sous la direction de Jacques Monfrin les thèses pour l'obtention du diplôme d'archiviste paléographe concernant le domaine des traductions:

  • Laurence Dupré-Latour, « Le Compendium historial d'Henri Romain. Édition critique du livre I », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses…1973 , p. 71-84 ; en partie publié : « La tradition manuscrite du Compendium historial d'Henri Romain », dans Revue d'Histoire des Textes, t. 5, 1975, p. 137-168.
  • Cécile Eymard, « Les Marguerites historiales de Jehan Massue. Édition critique », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses…1973, p. 85-89.
  • Marie-Hélène Tesnière, « Le Livre IX des Décades de Tite-Live traduites par Pierre Bersuire, suivi du commentaire de Nicolas Trevet. Édition critique », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses…1977, p. 143-148. Voir du même auteur, « Un remaniement du Tite-Live de Pierre Bersuire par Laurent de Premierfait (Manuscrit Paris, B. N., Fr. 264-265-266) », dans Romania, t. 107, 1986, p. 231-181 ; « A propos de la traduction de Tite-Live par Pierre Bersuire. Le manuscrit Oxford, Bibliothèque bodléienne, Rawlinson C 447 », dans Romania, t. 118, 2000, p. 449-498 ; L'histoire romaine de Tite-Live: un miroir de sagesse antique pour le roi de France au XVe siècle, Paris, 2000; « Une traduction des Décades de Tite-Live pour Jean le Bon », dans Revue de la Bibliothèque nationale de France, n° 23, 2006, p. 81-85; « Art militaire et “discipline de chevalerie” au milieu du XIVe siècle. Pétrarque et Bersuire », à paraître.
  • Béatrice de Chancel, « Étude des manuscrits et de la traduction du texte de la Bouquechardière de Jean de Courcy », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses…1986, p. 23-27 ; en partie publié : « Les manuscrits de la Bouquechardière de Jean de Courcy », dans Revue d'Histoire des textes, t. 17, 1987, p. 219-290 et « Les manuscrits de la Bouquechardière de Jean de Courcy et leur décor », dans Manuscrits et enluminures dans le monde normand (Xe-XVe siècles). Colloque de Cerisy-la-Salle (octobre 1995). Actes publiés sous la direction de Pierre Bouet et Monique Dosdat, Caen, 1999, p. 181-196.
  • Christophe Pavlidès, « L'Histoire ancienne jusqu'à César (première rédaction). Étude de la tradition manuscrite. Étude et édition partielle de la section d'histoire romaine », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses…1989, p. 161-165.

En 1970, Robert H. Lucas a publié une liste d'auteurs classiques traduits au Moyen Âge. La documentation très succincte est généralement incomplète pour une traduction donnée (elle ne mentionne pas, par exemple, les manuscrits conservés dans des collections privées et se limite pour les imprimés aux incunables), et révèle quelquefois entre les différentes traductions d'une même œuvre d'assez nombreuses confusions.

  • Robert H. Lucas, « Mediaeval French Translations of the Latin Classics to 1500 », dans Speculum, t. 45, 1970, p. 225-253.

Le Dictionnaire des traducteurs et de la littérature traduite publié par Paul Chavy en 1986 inclut bien sûr les traductions des classiques. Les limites de l'entreprise sont clairement indiquées dans la préface: « L'information que le lecteur y trouvera restera souvent schématique, voire élémentaire… Nous ne nous flattons pas d'avoir évité d'emblée les erreurs et les omissions ; c'est à force de révisions qu'un travail de ce genre est susceptible d'être amendé… » ou « Devant l'incertitude de la terminologie, nous n'avons pas voulu élever de barrières entre entre “traductions”, “paraphrases”, “adaptations”, voire “imitations” et “sources” ». Le livre peut donc utilement servir de contrôle et le Miroir des classiques y renverra systématiquement.

  • Paul Chavy, Traducteurs d'autrefois. Moyen Âge et Renaissance. Dictionnaire des traducteurs et de la littérature traduite en ancien et en moyen français (842-1600), 2 vol. Paris, 1986.

4 Voir sur les travaux et la carrière de Jacques Monfrin, professeur de Philologie romane à l'École de 1958 à 1989, Françoise Vielliard et Emmanuel Poulle, « Jacques Monfrin (1924-1998) », dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. 157, 1999, p. 317-325. On trouvera une bibliographie, en principe exhaustive, de ses travaux, aux p. 981-997 du volume de réimpression d'un certain nombre de ses articles, Jacques Monfrin, Études de philologie romane, Genève, 2001 (Publications romanes et françaises, 220).

5 Antoine Thomas, « Traductions… », op. cit.

6 On rappellera que le Secret des secrets que le Moyen Âge attribue à Aristote avait fait l'objet de la thèse d'École des chartes de Jacques Monfrin: « Le Secret des Secrets. Recherches sur les traductions françaises suivies du texte de Jofroi de Waterford et Servais Copale », résumé dans École nationale des chartes. Positions des thèses...1947, p. 93-99. Il lui a consacré ensuite deux articles: « Sur les sources du Secret des Secrets de Jofroi de Waterford et Servais Copale », dans Mélanges de linguistique romane et de philologie médiévale offerts à Maurice Delbouille, Gembloux, 1964, t. Il, p. 509-530 et « La place du Secret des Secrets dans la littérature française médiévale », dans Pseudo-Aristotle, The Secret of Secrets. Sources and Influences, edited by W. F. Ryan et Charles B. Schmitt, Londres, 1982 (Warburg Institute Surveys, 9), p. 73-113. Il n'a pas eu le temps de publier l'édition de la traduction faite par Jofroi de Waterford et Servais Copale « à peu près en état d'être publiée » (« La place… », op. cit. p. 74).

7 Robert Bossuat, Manuel bibliographique de la littérature du Moyen Âge, Paris, 1951 à compléter Manuel bibliographique de la littérature du Moyen Âge (Supplément 1949-1953) avec le concours de Jacques Monfrin, Paris, 1955; Manuel bibliographique de la littérature du Moyen Âge. Second supplément (1954-1960), Paris, 1960; Françoise Vielliard, Jacques Monfrin, Manuel bibliographique de la littérature du Moyen Âge de Robert Bossuat. Troisième supplément (1960-1980). II. L'ancien français (Chapitres IV à IX). Le moyen français, Paris, 1991.

8 Cette notice a été en partie utilisée dans Humanisme et traduction…, voir Études de philologie romane p. 774 note 45 et extraits du prologue du De amicitia p. 774-775. Les travaux de Richard Famiglietti, Carla Bozzolo, Marie-Hélène Tesnière et Claudia Villa ont depuis établi la biographie et l'activité humaniste de Laurent de Permierfait. Jacques Monfrin avait présenté au colloque organisé en 1986 par l'Institut de recherche et d'histoire des textes sur les traductions (Traductions et traducteurs au Moyen Âge. Actes du colloque international du CNRS organisé à Paris, Institut de recherche et d'histoire des textes, les 26-28 mai 1986. Textes réunis par Geneviève Contamine, Paris, 1989), une communication sur les traductions de Cicéron par Laurent de Premierfait mais il ne l'a pas publiée.

9 Cette notice a été publiée: Jacques Monfrin, « Notice sur une traduction de la Vie de César de Suétone contenue dans le manuscrit français 20312 de la Bibliothèque nationale de Paris », dans Fin du Moyen Âge et Renaissance. Mélanges de philologie française offerts à Robert Guiette, Anvers, 1961, p. 203-224 et « Un grand seigneur humaniste, Georges d'Halluin », dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1963, p. 94-96.

10 Cette notice inédite a été rendue en partie obsolète par la publication d'Henry Bardon, « La première traduction de Térence en français », dans Rivista di cultura classica e medioevale, t. 27, 1975, p. 233-247.

11 Cette notice inédite a été rendue en partie obsolète par les travaux de Leena Löfstedt sur les traductions de Végèce.

12 Cette notice a été publiée: Jacques Monfrin en collaboration avec Charles Samaran, « Pierre Bersuire Prieur de Saint-Éloi de Paris (1290-1362) », dans Histoire littéraire de la France, t. 39, Paris, 1962, p. 301-314[en particulier « La traduction française de Tite-Live », p. 348-414 et « Appendice. Manuscrits et éditions », p. 434-450].

13 Cette étude a été rendue obsolète par les travaux de Giuseppe di Stefano sur Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse.

14 Giuseppe Billanovitch, « Petrarch and the textual tradition of Livy », dans Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, t. 14, 1951, p. 137-208.

15 Jacques Monfrin, « Jean de Brienne, comte d'Eu, et la traduction des Météorologiques d'Aristote par Mahieu le Vilain (vers 1290) », dans Académie des inscriptions et belles-lettres. Comptes rendus des séances de l'année 1996, p. 27-36. Réimpr. dans Études de philologie romane, p. 919-928.

16 Jacques Monfrin a exploité ces remarques dans une conférence prononcée devant la Société des antiquaires de France en 1967; voir un résumé « Le goût des lettres antiques à la cour des ducs de Bourgogne », dans Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1967, p. 285-287.

17 Voir le « Rapport de conférence de philologie romane 1980-1981 [I. Étude des traductions en français d'auteurs latins classiques du XIIe à la fin du XVe siècle] », dans École pratique des Hautes Études. IVe section. Sciences historiques et philologiques. Livret I, 1982, p.139 et le « Rapport de conférence de philologie romane 1981-1982 [I. La mise en romanz. Recherches sur les traductions de textes latins (XIIe-XVe siècle)] et 1982-1983 [I. Traductions en ancien français d'auteurs latins classiques.] », dans École pratique des Hautes Études. IVe section. Sciences historiques et philologiques. Livret II, 1985, p. 139-140.

18 « Séance publique du 27 mars 1982. Réception de M. Jacques Monfrin. Discours de M. Pierre Ruelle et de M. Jacques Monfrin », dans Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises, t. 60, n° 1, Bruxelles, 1982, p. 9-37, à la p. 14 [discours de Pierre Ruelle].

19Études de philologie romane, p. 788.