Composition entre le Comte et le Chapitre.

  • B Vidimus original en parchemin du XVIIe siècle. Arch. dép. Eure-et-Loir, G 533 (ancienne cote : fonds du Chapitre, carton X, F, 4).
  • a E. de Lépinois, Histoire de Chartres, tome I, p. 529.
  • b Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, Chartres, 1862.
D'après b.

« Philippus, Dei gratia, Francorum Rex, notum facimus universis, tam presentibus quam futuris, nos infrascriptas vidisse litteras, formam que sequitur continentes :

A tous ceux qui verront et orront ces présentes lettres, Charles, fils de Roy de France, Conte de Valoys, de Alençon, de Chartres et de Anjou, et nous Katherine, sa compaigne, par la grace de Dieu, Emperière de Constantinoble, et Contesse des devant diz lieus, et Dame de Courtenay, Salut. Sachent tuit que, comme contenz et descors eussent esté et fussent encores entre nous, pour raison de nostre conté de Chartres, d'une part, le dean et le Chapitre de Chartres en non de leur Eglise, d'autre, sus une composition qui jadis avoit esté faicte entre nous, Margueritte, nostre première compaigne, jadis Contesse des devants diz lieus, et le dean et le Chapitre devant diz, sur plusieurs et divers articles contencieus, laquelle composition ledit dean et Chapitre requièrent que nous leur gardisseins et foisseins garder par nos genz tout enterinemant, sanz faire mutation ou addition de ci en avant : Nous, maintenanz que à ladite composition devoient estre adjoutez aucuns articles ordenez par Révérend Père Jehan de Chivri, jadis Evesques de Carcassone : A la parfin, du conseil de bonnes genz, pour bien de pez, des contenz et des descorz devant diz fu accordé et appaisié en la fourme qui s'ensuit :

Il est acordé, se homme de cors de Chapitres, hoste le Conte, couchant et levant souz le Conte en son propre demainne ou sa propre justice, fet aucun meffet qui emporte paine de sanc, la cognoissance, le jugement et l'exécution dudit meffet appartendront au Chapitre, exceptez les cas qui sont ci-dessouz escripz qui demouront au Conte, quant à la cognoissance et au jugement. Et pourront les Justices de Chapitre prendre ou faire prendre lesdiz hommes de cors en la terre le Conte ès cas qui s'ensuient :

C'est à sçavoir, quant le crime ou meffet sera ou aura esté notoires par évidance de faict, ou quant il auront esté condempnez par les Justices de Chapitre, ou convaincu d'aucun crime, ou quant il auront confessié le crime par devant lesdiz justiciers, ou quant il auront esté forbaniz par lesdiz justiciers et il s'en seront foïs apres le forban, ou quant il auront pris le fet sur eus defuïant, sur lequel fet il auront esté appelez souffisammant par les Justiciers du Chapitre, selon la coustume du païs. Et quant la prise aura esté faite, se les genz le Conte s'en deulent, le Chapitre sera tenuz à les enformer par son Justicier, et par deus hommes dignes de foy, que la prise aura esté faite pour aucune des causes dessus dites : et sera faite l'information à Sainct-Jehan-en-Vallée, ou aus frères de Sainct-Jacques : Laquelle information Chapitre sera tenuz à faire dedans huict jours après ce que il aura esté requis. Et se Chapitre faut de ladite information faire, il sera tenuz à remettre l'omme au lieu là où il aura esté pris, sanz ce que point d'amande en soit faite. Et se les Justiciers le Conte prenoient ou avoient pris, pour cas de crime qui emporte paine de sanc, aucuns des hommes dessus diz, pris à présent forfaict ou non présent, il seroient tenuz, à la requeste ou à la monicion de Chapitre, de les rendre sanz contredit au Chapitre ou à son commandement, o touz les biens qui auroient esté pris avec eus pour l'occasion du forfait : Et se lesdiz Justiciers du Conte avoient saisi ou emporté, pour occasion dudit meffait, autres biens que lesdiz meffaiteurs tenissent ou pourseissent en la terre ou en la justice le Conte, lesdiz Justiciers les recroiront ausditz hommes, en donnant caution suffisant, jusques à tant que il seront jugez par la justice de Chapitre : Et endemantes, l'en leur livrera souffisamment de leurs biens pour leur vivre, et pour défendre leur cause, selonc la fervé de leurs biens, en quelque lieu que il soient, soient souz le Conte, soient souz le Chapitre, soient ailleurs, selonc la qualité dou forfait, et la condition des hommes. Et se aucun desdiz hommes estoit pris o tout biens emblez ou ravis, et mis en la prison le Conte, les gens le Conte pourroient faire rendre les choses emblées ou ravies à iceluy, ou à ceus qui les pourroient faire pour leur, avant que ledit homme soit requis de Chapitre ; et se il est requis de Chapitre avant que les genz le Conte aient rendu ou fait rendre lesdites choses, il leur sera rendu avec lesdites choses. Et se ainsy estoit que il eust reconneu le larrecin ou meffait devant les genz le Conte, ou il fust si notoire que il ne peust estre celé, et il s'avouoit à homme de Chapitre avant que il fust requis de Chapitre, les genz le Conte ne le pourroient punir sans jugement fait en appert et sollennement, ne ne hasteront le jugement, ne ne le pourront jugier sanz l'assentement du Baillif en ce cas, ne ne feront fraude, ne barat, ne tricherie, par quoy le Chapitre ne puisse avoir temps souffisant de le requerre, de quoy le Prévost sera creu par son serement ; Et se il le requièrent, il leur sera rendu des genz le Conte, tantost comme il le requerront, à jugier, ou à punir, selonc le meffait, ne confession que il ait faite devant les genz le Conte, ne le fet, se il n'est notoire, ne autre manière de preuve, ne la rendu des biens dessus diz, ne nuira au Chapitre, ne ne leur pourra faire préjudice, puisque il aura esté requis, que le Chapitre n'en ait cognoissance et le jugement.

Vezci les cas exceptez qui demeurent au Conte.

Se un homme de cors de Chapitre appelle aucun en la court le Conte par gaige de bataille, sur cas qui, par coustume de païs, doient estre menez et traitiez par gaige de bataille.

Item, se il estoit appelez en ladite court du Conte, et respoigne de sa bonne volenté, avant que il soit requis, de par Chapitre, ou il y vouloit demourer emprès la requeste de Chapitre, sanz nul contraignement.

Item, se il venoit de sa propre volenté, sanz contraignement, pour tesmoignier en la cour le Conte, en aulcune cause, et il estoit levé comme parjure ; en ces cas devant diz, la court le Conte, pourroit mener et traitier ledit homme de cors en cognoissant et en jugeant ainsy comme ses autres justiciables, sauf ce que l'exécution dudit homme demourra au Chapitre : et n'est mie à entendre que semonse soit contraignement. Et se il advenoit que ledit homme fust appellé en la court du Conte par gaige de bataille, et il estoit requis de par Chapitre, ains que il respondit de son bon gré, ou se il ne vouloit demorer illecques, ou se il estoit contraint de venir à la court le Conte pour tesmoigner, jà soit ce que il y eust receu le gaige, ou tesmoignié efforciez, et contre son gré, les genz le Conte seroient tenuz de le rendre audit Chapitre : Et ès autres cas qui n'emportent pas paine de sanc, la cognoissance, le jugement et l'exécution, quant ausdiz hommes et leurs biens estanz souz le Conte, demourront par devers les Justiciers le Conte ; exceptez se il estoit tenuz ou obligiez au Chapitre, aus Chanoines, ou à autres personnes de l'église, ésquiex cas la cause seroit traitiée, menée et déterminée en Chapitre, par devant l'ordinaire du lieu ou devant autre Juge de l'Eglise souffisant. Et pourront lesdiz hommes obligier leur cors, pour leurs debtes, par les lettres le Conte, et tenir prison en la prison le Conte. Et se aucun de eus étoit condempné en cas de crime, ses biens meubles et non meubles qui seroient souz le Conte li demourroient comme forfaiz, se ce estoit cas en quoi ils deussent estre forfaiz selonc la coustume du païs. Et se il avenoit que les Justiciers le Conte preissent aucun des hommes dessus diz és cas qui leur appartiennent, il seroient tenuz à le retroire, et à le mener par droit aussy comme les autres Bourgois de la Ville. Et autel droit aura Chapitre du tout en tout és hommes du cors le Conte, demouranz en la terre de Chapitre. Et toutes ces choses dessus dites ont lieu, et sont à entendre és hommes de cors de Chapitre, couchanz et levanz ou propre domaine du Conte, ou en sa justice, non pas en ses fiez, ne en ses refiez où il n'a justice que par ressort, et aussy des hommes de cors le Conte, couchanz et levanz ou propre domaine ou en la propre justice de Chapitre.

Item, il est accordé des hommes de cors de Chapitre, qui ne sont couchanz ne levanz ou domainne le Conte, ne en sa justice, que se les Justiciers le Conte les prenoient pour forfait quel que il soit (exceptez les cas qui s'ensuivent), neis se il les prenoient en présent forfait, ou pour autre cause quelle que elle soit, lidiz Justiciers seroient tenuz, à la requeste ou à la monicion de Chapitre, de les rendre sanz contredit audit Chapitre, ou à leur commandement. Sauf ce que se ils estoient condempnez en cas de crime, leurs meubles et non meubles qui seroient souz le Conte li demouroient comme forfaiz, se le cas estoit tel que il deussent estre forfaiz par la coustume dou pays.

Vezci les cas qui demeurent par devers les genz le Conte, les hommes de Chapitre qui ne sont couchanz ne levanz souz le Conte.

Premièrement, les trois cas qui sont dessus exceptez ou premier article. C'est à sçavoir, quant il appelle et est appelez et il porte tesmoignaige, si comme il est dessus dit, et yceus demouront aus genz le Conte quant à la cognoissance et au jugement ; mais l'exécution des hommes demoura à Chapitre.

Item, se aucuns desdiz hommes font injures aus Justiciers le Conte, ou aus sergens jurez, en metant main en eus, ou en les vilenant autrement, notoirement et publiquement en la court le Conte, la court séant ou non séant, ou se il faisoient injure hors de la court le Conte, au Baillif ou au Prévost le Conte, en mettant main en eus en la terre le Conte, en ce cas, la justice demouroit au Conte, ne ne seront pas lidiz hommes renduz au Chapitre pour justicier ; et se il avoient biens souffisanz en la juridiction le Conte pour amander l'injure et le meffait, secont loy et coustume du païs, les justiciers le Conte justiceront lesdiz biens pour l'amande : Et se il n'avoient biens à ce souffisanz souz le Conte, il les tendroient jusques à tant que il eussent donné seurté de faire satisfaction de l'injure et du forfait : Et se il n'avoient nuz biens, lesdits Justiciers le Conte les tendroient en leur prison tant comme il seroient à tenir, secont la qualité du forfait et de l'injure, par le serement des Justiciers le Conte. Et tel droit sera tenuz et gardez en ce cas és hommes de cors le Conte, qui ne sont couchanz et levanz souz Chapitre, envers le Chapitre et envers ses Justiciers et ses Sergenz jurez, se il leur font injure en leur court ou en leur terre : Et se il avenoit que aucun homme de cors le Conte qui ne fust ne couchant ne levant sous Chapitre, feist injure à aucun Chanoine, ou à aucun estant en sa mesnie, en metant main en eus en la terre le Conte, ledit Chanoine ou Chapitre le pouroient prendre et faire prendre à présent, et en demouroit la justice au Chapitre : Et aussy, li Justicier le Conte en la terre de Chapitre, se les hommes de cors de Chapitre, qui ne fussent ne couchanz ne levant souz le Conte, leur faisoient injure en mettant main en eus, ou en leur compaignie, qui fust de leur mesnie, il les pourroient prendre à present et justicier.

Item, il est acordé que se homme de cors de Chapitre non couchant ne levant ou demainne, ne en la propre justice le Conte, si comme il est dessus dit, obligoit son cors à tenir prison en la prison du Conte, les genz du Conte seroient tenuz de le rendre à Chapitre tantost comme il en seroient requis ; et le Chapitre tendroit ledit homme en sa prison, secont la forme de l'obligation, jusques à tant que satisfaction fut faite de ce dont il seroit obligiez : Et tout aussy sera-il gardé des hommes de cors le Conte, qui ne sont couchanz ne levanz ou demaine ne en la justice de Chapitre, se il se obligent par les lettres de Chapitre.

Item, il est acordé que se les gens le Conte tiennent ung homme de cors de Chapitre, où que il soit couchant ne levant, pour cas de crime, et il soient amonestez par le Chapitre, ou par l'ordinaire du lieu, que il le rendent, il sera mis en la monicion que lesdiz Justiciers le rendent, ou que il veignent en Chapitre à certain jour à proposer aucunes des causes exceptées dessus dites, par quoy il ne le doivent mie rendre ; et se il en veulent aucune proposer, il seront tenuz à amener avecques eus en Chapitre ledit homme, et proposeront leur cause en sa présence ; Et se il cognoist leur cause, il leur sera laissié à justicier secont la forme de la composition dessus ditte : Et se li homme la nie, le Baillif tout seul, le Prévost non fermier avecques ung autre digne de foy, et le Prévost fermier avec deus autres dignes de foy, seront cruz par leur serement, juranz et affermanz, sur les sains touchiez, tout en appert, en Chapitre, sollennement, que la cause que il proposent est vraie.

Item, il est acordé que se le Prévost ou la force le Conte prennent ou saisissent hoste de Chapitre, ou les biens de l'oste, ou les biens de l'omme de cors où que il soit demourant, ilz seront tenuz, à la requeste ou à la monicion de Chapitre, de les rendre, ou retroire, ou de dire cause pour quoi il n'i soient tenuz, à jour certain à ce assigné en Chapitre : Et se la cause de la prise ou de la saisine despent dou fet du Baillif ou dou Prévost, pour ce qu'il aient pris ou saisi, ou commandé à prendre ou à saisir les choses dessus dites o cause resonnable, si comme pour la taille, ou pour l'eschauguete, ou pour autre cause souffisant et raisonnable, ilz feront foy de la cause ou de la prise au jour assigné, si comme il est contenu en l'autre article dessus dit. Adecertes, se la prise ou la saisine ne despent pas de leur fet, quar il n'avoient pas faite la prise, ne la saisine, ne commandée à faire, il auront délibéracion de sis jours, et entre deus feront la récréance, se récréance y affiert, et au chief des sis jours, il seront tenuz de prouver la cause de la prise, ou de la saisine raisonnable, en la forme qui s'ensuit :

C'est à sçavoir, le Baillif par son serement o ung autre digne de foy, le Prévost fermier ou non fermier, chacun de eus o deus autres dignes de foy, affermanz, en appert, par leur seremenz, que il tiennent pour la cause proposée sanz fraude et sanz malice, et que il, souffisamment enformez, croient que elle soit vraie ; et se il ne la preuvent, il seront tenuz à rendre quitte et delivre et amander : Et se lesdiz Justiciers le Conte allégaient que il eussent pris l'oste de Chapitre en présent forfait en leur terre, il seroient tenuz à le mener en Chapitre : Et se il nie le présent forfait, il seront tenuz à le retroire en Chapitre, jusques à tant que il aient prouvé, par leur seremanz, la cause, sy comme il est dit tantost devant.

Item, il est acordé que si li Justiciers le Conte prennent hommes de cors de Chapitre, où qu'il soit couchant ne levant, et eus amonestez de le rendre ou de dire une des causes contenues en la composition dessus dite, ou se il prennent les biens dudit homme de cors, ou prennent l'oste et ses biens, et amonestez de rendre ou de retroire, ou de dire cause souffisant par quoi il ne soient pas tenuz, ne rendent ne ne retroient, ne au jour assigné en Chapitre il ne allégaient cause souffisant, ou se il l'alégaient et ne la poursuioient pas, ou il ne vellent respondre ou jurer, et il soient escommeniez pour ce, il ne seront pas absouls se il ne rendent quitement et délivrement et amendement, ou se il ne viennent au jour assigné, et se pour ce il estoient escommeniez, il ne seroient pas absouls sans faire satisfaction, si comme devant, se il ne pevent souffisamment escuser leur défaut, par leurs seremenz ; et se il le pevent escuser, il ne seront escommeniez que pour contumace.

Item, il est acordé se les Justiciers du Conte emprisonnent homine de cors où que il soit demourant, ou hoste de Chapitre, ou autre justiciable de Chapitre sanz cause et sanz raison, il ne payeront point de geolaige ; et se le Geolier l'a pris de eus, il le rendra : Et se il emprisonnent aucun d'iceus dessus diz ou cas où il le peuvent prendre tenir, et justicier, ne que il ne soient tenuz de le rendre, il seront tenuz au geolaige : Et se il le prennent en cas où il puissent prendre et non mie cognoistre de la cause, et il esconveigne que il le rendent, il seront tenuz au geolaige de l'entrée et non mie de l'issue.

Item, il est acordé que se homme de cors de Chapitre, où que il soit couchant ne levant, est pris en la justice le Conte pour cas de crime qui emporte paine de sanc, et il est doute se il veult avoer à homme de cors de Chapitre, les Justiciers le Conte amonestez de le rendre seront tenuz de l'amener en Chapitre : Et se il s'avoue à homme de cors du Chapitre, il leur demourra, se les Justiciers le Conte ne proposent aucunes des causes exceptées, ésquiex la cognoissance et le jugement demeurent par devers le Conte, si comme il est dessus dit : Et se il la proposent, l'en yra avant, si comme il est contenu és articles dessoubz mis : et se il ne proposent aucunes des causes dessus dites, ains veulent suivre ledit homme comme homme de cors le Conte, ou proposer autre chose semblable, il poursuiront leur droict en Chapitre : Et se il se désavouoit de Chapitre, et se advouoit à homme de cors le Conte, la saisine en demourroit au Conte, jusques à tant que Chapitre l'eust prouvé à son homme de cors, là où il déniroit.

Item, il est acordé que se aucun homme de cors de Chapitre se tenoit pour franc bourgois le Conte, le Chapitre, avant que il li meuvent question de son estat, sera tenuz de enformer les justiciers le Conte par deus personnes dignes de foy, appellé à ce l'omme, de cui estat il veulent mouvoir question, lesquiex jureront et affirmeront que il croient que ledit homme soit homme de cors de Chapitre, pour ce que l'en tenoit ses parenz à hommes de corps de Chapitre, ou pour autres souffisanz conjectures ; et jurera le Procureur de Chapitre, que il cuide avoir bonne raison de mouvoir la question dessus dite, ne ne le faict par fraude, ne par malice, ne en dommage dou Conte, ne pour diffamer ledit homme. Et ceste informacion faite en la manière dessus dite, le Chapitre pourra movoir audit homme question de son estat, et sera la cause traitiée audit homme, et sauf ce que ladite informacion ne li face préjudice : Et sera faite ceste informacion à Sainct-Jehan-en-Vallée ou aus freres de Sainct-Jacques :

Et en faisant cet accord dessus dit, fist le Conte devant dit retenue du droit que il a et a acoustumé à avoir quant ses hommes sont joinz par mariaige aus hommes ou aus fames de cors de Chapitre, et le Chapitre fist retenue du droit que il a acoustumé à avoir quant à ce cas.

Item, il est déclairé que la Justice du cloistre de l'Eglise de Chartres et des maisons et des habitants oudict cloistre appartiennent du tout à l'Eglise, et sont frans et hors de toute la justice le Conte.

Item, il est acordé que le Chapitre aura vint et six maisons canoniaus, en la ville de Chartres, hors du cloistre, franches et délivres de toute justice du Conte ; et au nombre de ses vint et sis maisons seront contenues les maisons canoniaus que les Chanoines ont à présent hors du cloistre, avecques toutes leurs adjonctions, lesquelles seront veues et bonnées : outre lesquelles ledit Chapitre pourra acquerre en la terre le Conte maisons souffisanz pour habitations des Chanoines, tant que le nombre dessus dit soit accompliz. Et les Chanoines qui demourront en ses maisons, y auront toute justice des privez et des estranges, ainsy comme il ont és maisons du cloistre ; mais se il advenoit que aucun maufeteur se serroit en aucunes de ces maisons à garantye, en préjudice dou Conte, le Maire de Chapitre ou son lieutenant, lequel y sera tenuz touzjours à avoir en la ville de Chartres, seroit tenu, à la requeste des genz le Conte, de le mettre hors et delivrer aus genz le Conte ; ne ne pouront les genz le Conte entrer ésdites maisons pour justicier en ce cas, ne en aultre. Et se il advenoit que bourgoys ou autre homme lay demourast en aulcune desdites maisons comme principal chief de hostel, la justice desdites maisons demourroit au Conte, ou au seigneur temporel à cui elle appartendroit, tant comme il y demourroit. Et par cest accort ne demoura pas que li chanoine qui tendront les maisons dessus dites ne soient tenuz à rendre les rentes que lesdites maisons doivent ainsy comme devant. Et jurront les Chanoines qui ores tiennent ou tendront les maisons dessus dites, que nul malfeteur ne recevront à garantie malicieusement, ne en fraude, ne en préjudice du Conte, et sera fait ce serement en Chapitre toutes les fois que Chanoine se muera, appelée à ce la justice le Conte se elle y vieust venir. Et se il avenoit que le devant dit Maire ou son lieutenant, ou le Chanoine demourant en aucunes desdites maisons, feissent aucune chose en fraude ou en préjudice du Conte, quant à destourner le malfeteur qui se furoit ès dites maisons à garantie, le Chapitre, à la requeste des genz le Conte, seroit tenu à faire hative raison du chanoine devant dit, ou du Maire, ou de son lieutenant, et à faire satisfacion secont raison. Et à ce fermement tenir se est obligiez le Chapitre.

Item, se il avenoit que Chanoine demourast en aucune autre maison hors du cloistre que des maisons dessus dites en la justice le Conte, tant comme le Chanoine la tendra pour son demourer, il aura toute la justice de sa mesnie et de ses hostes tant seulement.

Item, il est acordé que la coustume de Chapitre soit gardée, qui est telle, que se aucun justicier le Conte ou autre est semons ou amonestez devant un des Juges ordinaires de Chapitre en Chapitre, et le juge est absent, le Chapitre pourra mettre un Chanoine pour luy.

Item, il est acordé que le Chapitre et les personnes de l'Eglise, secont ce que à chascun appartient, auront en tous cas la justice des clercs de cœur et de leur mesnie, des Maregliers et de leur mesnie, des Sergens de l'Eglise et de leur mesnies, en quelque lieu que il demeurent en la justice du Conte de Chartres : et est assavoir que les advoez de l'Eglise ne sont pas contenuz au nombre des Sergens dessus diz.

Item, il est acordé que la composition faite sus les advoez entre le dean et le Chapitre d'une part et le Conte Jehan de Chartres et de Blois de autre, par le Roy Philippe sera gardée1.

Item, il est acordé que le Chapitre puisse prendre les biens meubles de ses clercs justiciables en la terre le Conte, c'est assavoir les meubles clers, sanz faire violance, sauf ce que par tele prise il ne réclaiment pas ne contendent à avoir juridicion temporelle en ce lieu où il les prendront.

Item, il est acordé que les Huissiers, les Geoliers et le Maire et les autres genz de Chapitre qui seront députez à ce qui s'ensuit, jurront en Chapitre, à la requeste du Prévost, au Conte de Chartres, en la manière qui s'ensuit.

Je, tel, jure que je ne demanderay, ne demander feray aus Justiciers du Conte de Chartres, aucun pour homme de cors dudit Chapitre, pour aucune fausse ou fainte advoerie, fors que je croiré estre homme de cors de l'Eglise.

Item, je jure que l'omme de cors de Chapitre qui me sera rendu des Justiciers le Conte, tantost comme je pouray, en bonne manière mèneray jugement, et si comme il aura déservi loialement le jugeray, toute fraude, malice, dilacions faintes et coulourées du tout lessiées, fors que celles qui appartiennent de droict et de coustume : et que je ne délivreré ledit homme par don, ne par prière, ne par profict que je en aie, ne que je en atende à avoir, ne que je ne li donray, ne ne procureré à donner ne à souffrir audit homme, faculté ne matière de eschaper, ne ne ferai autre chose par quoy le Conte de Chartres puisse estre deffraudez, par aucune voie, de son droit ès biens dudit homme qui seront en la terre et en la justice dudit Conte, et que je garderay loialement et sanz rompre la composicion dessusdite.

Item, il est acordé que le Baillif et le Prévost et tuit li autre qui tendront justice et exécution de justice pour le Conte de Chartres, pour raison de ladite Contée de Chartres, qui sont et seront à ces offices establiz, tantost comme il seront requis, de par Chapitre, jurront en Chapitre que il ne prendront, ne prendre feront, ne ne soufferont à prendre les hommes de cors de Chapitre, et que il ne prendront, ne prendre feront, ne ne souffreront à prendre les biens desdiz hommes, ne les hostes de Chapitre, ne leurs biens, se il n'ont, ou se il ne croient en bonne foy avoir juste cause et loial de prendre et de tenir, c'est assavoir pour la taille le Conte ou pour son autre droict léalment et justement, sanz fraude et sanz malice garder, ou pour justice faire à autres gens és cas ésquiex il leur laira loialement et bien, si comme il est contenu en la composicion dessus dite, et que les hommes de cors de Chapitre pris en présent forfet ou autrement, exceptez les cas ésquiex il les peuvent tenir, secont l'ordinacion dessus dite et leurs biens et les hostes de Chapitre et leurs biens rendront au Chapitre devant dit ou à leur commandement, sans dilacion nulle et sans difficulté, tantost comme il en seront requis, se il n'ont juste cause et loial de les tenir, de laquelle l'en cognoistra si comme il est contenu en la composition dessus dite.

Item, il jureront que ès choses dessus dites, ne en aucunes d'icelles, ne adjouteront, ne adjouter feront, ne ne soufferont à adjouter, ne fere, ne en répont ne en appert, malice ne fraude principaument ne occasionnaumant, ne ne la troubleront, ne ne feront troubler par aucune machination, ne par engin, ne par cautelle, ains la garderont loialment et sanz rompre.

Item, il est acordé que le Conte qui ores est, et ses successeurs en la Contée, comme il seront requis de par Chapitre, seront tenuz à jurer en Chapitre, une fois en leur vie, par eus ou Procureur souffisamment à ce establiz, en leur ames, que ceste dite composition garderont et feront garder, sans rompre, tant comme à eux appartendra, et que par eus ne par autres ne feront empeschier ne ne empescheront ladite composition, ne ne troubleront ne en réponst ne en appert, ne ne feront ne ne soufferont à estre empeschée ne troublée de leurs genz, en quelque manière que ce soit, pour quoi il le saichent, Et autel serement fera le Procureur du Chapitre en l'ame de eus, et les Chanoines qui ores sont et cil qui sont à venir, en la première réception de chanoine, feront semblable serement, à ce appellé le Prévost de Chartres, se il est en estat, èt, se il n'est en estat, l'Argentier le Conte, ou le Chapellain de la chapelle de la Tour le Conte.

Laquelle pes et lequel acort, si comme il sont dessus devisez, nous voulons, accordons et octroions en bonne foy, pour nous et pour nos hoirs, et pour noz successeurs qui pour temps seront Contes de Chartres, et promettons en bonne foy que encontre ne vendrons, ne ne ferons venir par nous ne par autres, ainçois les garderons et tendrons perpetuelement, léalement et fermement, sans rompre, et ferons tenir et garder nous et noz hoirs en ladite Contée de touz et contre touz. Et quant à ce, nous obligons nous et noz hoirs et noz successeurs au dean et Chapitre et à l'Eglise de Chartres dessus diz. En tesmoing de laquelle chose, Nous avons scellées ces présentes lettres nos sceaulx.

Donné à Pontoise, l.

Et ceste composition nous faisons en nom dessus dit et en nom de noz enfanz, enfanz de ladite Marguerite nostre première compaigne, pour tant comme il leur peut appartenir pour raison de leur mère et de eus en la Contée de Chartres dessus dite. Donné en l'an et ou jour dessus dit.

Nos vero, ad requisitionem partium predictarum, premissa omnia et singula, prout superius sunt expressa, laudamus, approbamus, et, ex certa scientia, authoritate regia, confirmanus. Verum, quia, vivente Margareta, quondam consorte predicti Karoli germani nostri, predicta compositio extitit consummata, que, certis ex causis, post mortem ipsius Margarete, fuit renovata, liberis ex dicto Karolo et dicta Margareta natis, adhuc in minori etate constitutis, Nos, defectum etatis dictorum liberorum supplentes, ipsos, quantum ad omnia premissa et singula pro majoribus in etate completa constitutis et consentientibus, haberi volumus, ac omnia et singula in presenti compositione contenta, ejusdem esse roboris ac etiam firmitatis, cujus essent si predicti liberi per cursum temporis et nature ad etatem legitimam pervenissent, et expresse in premissis omnibus et singulis specialiter consensissent, quacumque consuetudine contraria nonobstante ; salvo in aliis jure nostro ac quolibet alieno. Quod ut ratum et stabile in posterum perseveret, presentes litteras sigilli nostri munimine fecimus roborari. Datum Parisius, . »