1 Amaury
VI, fils de Simon
IV de
Montfort et d'Alix de Montmorency, succéda, en 1218, à son père dans ses possessions
du Languedoc et dans la seigneurie de Montfort.
2 Depuis l'an 1204 qu'ils en étaient devenus propriétaires
par suite de l'échange fait entre Philippe-Auguste et Amicie de Beaumont, comtesse
de Leicester, les seigneurs et comtes de Montfort, depuis Simon
IV
jusqu'à Robert
IV, comte de Dreux, firent souvent de pareilles
concessions dans leur forêt Yveline, ou eurent à confirmer celles, plus nombreuses
encore, qui avaient été faites par les rois de France leurs prédécesseurs. Nous en
avons trouvé de fréquents exemples dans les chartes originales conservées aux
archives d'Eure-et-Loir et de Seine-et-Oise, des abbayes de Clairefontaine, de
Saint-Remi des Landes, de Grandchamp, des prieurés de Saint-Thomas d'Épernon et de
Saint-Martin de Bretheucourt ; nous en avons même publié plusieurs dans notre
Recueil de chartes relatives au prieuré de Notre-Dame des Moulineaux
et dans le
Cartul. de l'abbaye de Notre-Dame des Vaux de
Cernay.
3 Nous avons publié dans notre
Recueil de
chartes du prieuré des Moulineaux,
p. 12, un accord entre Amaury
de Montfort et les religieux de ce lieu, daté du mois de mai 1222, et dans le
Cartul. des Vaux de Cernay,
t.
I,
p. 225, la confirmation par ce même seigneur de la
concession faite à cette abbaye par la comtesse Amicie, son aïeule, datée, comme la
charte qui nous occupe, du prieuré de Haute-Bruyère et du 29 octobre
1222. Ce sont les trois plus anciens actes d'Amaury
VI que
nous connaissions, donnés dans sa seigneurie de Montfort. Ces dates de l'année et du
lieu nous semblent également remarquables, et nous croyons pouvoir y trouver deux
documents importants pour l'histoire de ce personnage célèbre. En effet, depuis la
mort de Simon de Montfort, son père, Amaury avait successivement perdu toutes les
conquêtes que celui-ci avait faites dans le Languedoc, et faisait de vains efforts
pour les recouvrer. Après la prise de Moissac par le jeune Raymond, comte de
Toulouse, vers la fin de mars 1222, le cardinal Conrad, légat du pape, était
inutilement venu en France supplier Philippe-Auguste de secourir Amaury. Celui-ci se
voyant réduit à la dernière extrémité, sans argent, presque sans troupes, et
désespérant de pouvoir jamais rétablir ses affaires, envoya les évêques de Nîmes et
de Béziers offrir au roi de lui céder tout le pays que son père avait conquis. (Dom
Vaissette,
Hist. génér. du Languedoc.) Or les trois chartes en
question constatant bien la présence d'Amaury dans sa seigneurie de Montfort du mois
de mai à la fin d'octobre 1222, nous permettent de supposer qu'il accompagna ou
suivit de près ses ambassadeurs et qu'il vint lui-même implorer l'aide du roi de
France. En second lieu, sa présence à Haute-Bruyère permet de supposer que ce fut à
cette époque si critique qu'il rapporta dans l'église des dames de ce prieuré, lieu
de la sépulture de sa famille, le corps de son père, qui avait été provisoirement
inhumé dans l'une des églises de Carcassonne.