L’établissement
Historique
Ce que l’on connaît de l’histoire du prieuré de Saint-Christophe-en-Halatte commence en 1061, lorsque le roi de France Philippe Ier confirme la dotation faite par son chambrier, Waleran, à un groupe de religieux vivant au milieu de la forêt de Halatte, au nord de Senlis, transformant ainsi leur « abbatiola » en couvent (éd. critique : Maurice Prou, Recueil des actes de Philippe Ier…, no 9). L’acte, qui ne nous est connu aujourd'hui que par un vidimus de 1326, est le premier à faire mention de ce lieu et d’une présence de religieux dans cette forêt. En 1083, Waleran rattache l’établissement à l’abbaye de La-Charité-sur-Loire, où l’un de ses fils est peut-être moine ; comme celle-ci obéit à la règle de Cluny, on parle désormais du prieuré de Saint-Christophe-en-Halatte.
Dans les siècles suivants, le prieuré reste un établissement à dimension locale, qui a des rapports avec quelques seigneurs, les représentants de l’autorité royale et surtout la ville de Senlis. L’abbaye de La-Charité-sur-Loire quant à elle intervient dans les affaires les plus importantes. Au reste, les éléments manquent pour retracer une histoire de l’abbaye, en dehors des actes de cette édition, qui renseignent surtout sur la gestion des biens du prieuré.
La famille de Waleran ne semble pas exercer de tutelle après la disparition de celui-ci. La charge de prieur est confiée à des personnes peu identifiées avant 1454. À ce moment, elle passe à la famille Parent, qui la garde jusqu’en 1570, et s’efforce de faire reconnaître les droits du prieuré et d’obtenir avantages et agrandissements du domaine. Pendant le reste de l’époque moderne, l’établissement, tombé en commende, est dirigé par des personnes venues d’horizons géographiques et sociologiques divers, sans cesser de ne garder qu’un rayon d’activité local.
L’existence du prieuré est troublée principalement par les difficultés de la fin du xive et du début du xve siècles, par les guerres de religion et par son endettement pour le paiement du don gratuit du clergé. En juillet 1791, alors que le prieur est en exil, le prieuré est vendu avec ses terres ; il ne sera jamais réaffecté à la vie monastique. Il n’en reste aujourd'hui qu’une partie de l’église, située sur une petite butte en pleine forêt de Halatte.
Localisation du patrimoine
La donation de départ en 1061 comprend, outre des biens à proximité directe de l’établissement et dans les localités avoisinantes (Fleurines, Pontpoint, Rieux, Senlis), des possessions relativement éloignées, à Rotheleu (banlieue de Clermont-en-Beauvaisis, Oise), à Amigny (Aisne, canton de Chauny) et à Sennevières (Seine-et-Marne, cant. Crécy-la-Chapelle, comm. Vaucourtois). Dans les années suivantes, des droits sont également mentionnés aux environs de Chaalis, soit nettement au sud de Senlis. Puis le domaine se concentre progressivement autour du prieuré, par quelques échanges, mais surtout par des acquisitions dans les localités alentour. Ce n’est qu’à la fin du xvie siècle que des biens sont abandonnés, pour payer la participation de Saint-Christophe au don gratuit du clergé.