Nom: ZANOTE Prénom: Henry Date de début d'activité: 07/01/1848 Date de fin d'activité: 06/08/1852 Ville - Département: Montargis (Loiret) |
Il est né à Joigny (Yonne) le 11 janvier 1820. Son grand-père puis son oncle dirigent la seule imprimerie de la ville et publient la feuille d'annonces. Après avoir servi 9 ans, il revient à Joigny où il travaille comme compositeur.
Il reprend les deux brevets de Fortin à Montargis, qu'il exploite avec l'aide de son frère Léon, mais il est rapidement classé parmi les propagandistes socialistes les plus influents de Montargis, "faisant preuve d'une grande activité soit dans les clubs soit dans les sociétés secrètes" selon le rapport du procureur général du 26 décembre 1851, confirmé le 25 janvier 1852 par celui du sous-préfet qui souligne "la désastreuse influence qu'ont exercée sur les dispositions du pays les publications anarchiques auxquelles il a depuis trois ans fait servir ses presses". Imprimeur du journal d'annonces Le Loing, il lui a donné une coloration politique, ce qui lui vaut une condamnation le 1er août 1849 par le tribunal correctionnel d'Orléans à 100 F d'amende pour diffamation. Il est ensuite l'imprimeur de l'Ami du Peuple, et se retrouve en juillet 1850 devant la Cour d'assises du Loiret pour deux articles dont les auteurs seront condamnés ; il est personnellement acquitté. Toutefois la raison de ces rapports est son rôle dans les manifestations contre le coup d'État le 6 décembre 1851 à Montargis où des coups de feu ont été tirés par les manifestants. Avant même le jugement, le Garde des sceaux consulte sur l'opportunité de retirer ses brevets à Zanote. Pour le procureur, "c'est chez lui que le complot a été formé, c'est de chez lui qu'on est parti pour l'exécuter. Les armes de quelques-uns des insurgés étaient chargées avec des caractères d'imprimerie" ; mêmes accusations dans le rapport du sous-préfet : "C'est surtout à son initiative qu'est due l'insurrection du 6 décembre à Montargis, insurrection dans laquelle il a groupé tous ses ouvriers (et jusqu'à des apprentis de 15 ans !) en leur mettant aux mains des armes chargées, à défaut de balles, avec les caractères de ses ateliers". Le Préfet fait suivre ces deux rapports en les accompagnant d'une lettre au ton plus modéré : il considère que le retrait du brevet serait mal perçu localement (les Zanote sont des imprimeurs anciennement implantés dans plusieurs villes du département) et ruinerait complètement toute la famille ; il plaide donc pour une cession qui laisserait à la famille les premières ressources dont elle a un véritable besoin." C'est l'avis du Préfet qui est suivi. Zanote est condamné le 21 février 1852 à dix ans de détention, peine commuée le 4 octobre 1853 en dix ans de bannissement. Les scellés sont posés sur l'atelier. Sa femme cherche à céder l'imprimerie et les brevets. Ni Fortin, l'ancien cessionnaire, ni le concurrent local direct Chrétien ne se déclarent intéressés ; un premier candidat est refusé par l'administration. Elle supplie que le second, Roberjot, soit agréé, car elle a deux enfants à nourrir et son père, ancien maire de Gien et garant de son mari, est ruiné. L'administration traîne car elle soupçonne une manoeuvre faisant de Roberjot un prête-nom, avant d'accepter le transfert.
Archives Nationales F18 1968
Le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier... http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article180508
Poursuivis à la suite du coup d'État de 1851, http://tristan.u-bourgogne.fr:8088/4DCGI/Fiche1851/26874