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Formules et formulaires
Réflexions sur la rédaction des documents royaux au Portugal à la fin du Moyen Âge

Résumé

In this paper, we study a formulary of royal letters written by the Portuguese King Edward (1433-1438), which presents the main formulas to be followed in written correspondence with a set of 65 addressees, almost all foreigners, ranging from the highest Church officials and lay officers of the neighboring kingdoms to several relatives of the king. This formulary allows us to know with whom the Portuguese monarch had been corresponding and which forms of the protocols, greetings, final greetings and addresses written on the back of the letter should be used in each case. This study presents the beginning of an analysis of Portuguese royal formularies of a similar nature that the authors intend to pursue.

Introduction

Au début du xve siècle, le Portugal connut un âge d’or dans le domaine culturel. Après un temps d’interrègne qui finit en 1385 avec l’élection, aux cortes de Coimbra, du frère illégitime du dernier roi, Ferdinand Ier, une nouvelle dynastie parvint au pouvoir, connue sous le nom de dynastie d’Avis, parce que son fondateur était le maître de l’ordre militaire portugais homonyme1. Jean Ier fut marié à la fille de Jean de Gand, duc de Lancastre, liant ainsi la monarchie portugaise à la maison royale anglaise ; la reine, Philippa, fut responsable en grande partie de l’introduction au Portugal des habitudes culturelles raffinées de la maison de Lancastre et de la cour d’Angleterre2.

Le patronage accordé à la culture écrite et à la traduction en langue vernaculaire d’œuvres érudites, ainsi que l’éducation soignée que reçurent les enfants du couple royal ont certainement été des facteurs décisifs dans le développement du goût de l’écriture du prince héritier, Édouard, surnommé l’Éloquent précisément à cause des livres dont il a été l’auteur3. Le Livre de l’enseignement de bien monter tous les chevaux et le Loyal conseiller sont des ouvrages4 qui occupent une place de première importance dans la littérature en portugais de l’époque. Édouard nous a aussi laissé un autre livre, inachevé, constitué par un ensemble de notes qu’il écrivait ou faisait écrire sur les sujets les plus variés, depuis les remèdes contre plusieurs maladies jusqu’à la copie de lettres en passant par des réflexions sur des matières diverses5. Ce même codex contient aussi, aux fol. 188-308v, un ensemble de « dictées » (ditados en portugais) sur la façon d’écrire les lettres royales, qui constitue un vrai formulaire de lettres missives à utiliser par le monarque portugais.

I. La source et son contexte

Ce formulaire d’Édouard (roi de 1433 à 1438) a certainement été à l’origine d’autres recueils élaborés postérieurement. Nous connaissons un très long formulaire du temps de son fils et successeur Alphonse V (1438-1481)6 ; un autre, concernant seulement les lettres destinées aux rois de Castille, du temps du roi suivant, Jean II (1481-1495)7 ; et un autre encore du temps de Manuel Ier (1495-1521)8. D’autres formulaires du même genre sont connus pour les siècles suivants, certains d’entre eux conservés à la Biblioteca da Ajuda de Lisbonne9 ; notre intention est de les étudier dans leur ensemble. Pour ce colloque, cependant, nous avons décidé de concentrer notre attention sur le premier de ces formulaires, celui qui concerne les lettres-missives d’Édouard, et qui a probablement été la matrice qui servit d’inspiration à tous les autres.

Ce genre de texte se caractérise par une certaine ambivalence10. Selon la définition du Vocabulaire international de la diplomatique, « une missive est une lettre par laquelle une personne, publique ou privée, communique avec une autre pour l’informer ou pour lui demander des informations, lui rendre compte, la prier ou la requérir »11. Mais le même ouvrage nous dit justement que « si certaines missives – et notamment dans le domaine de la diplomatie – répondent à certaines règles de forme et constituent une espèce diplomatique, la plupart d’entre elles sont de nature privée et sont rédigées avec une grande liberté de forme ».

Les formulaires de lettres-missives donnaient donc une forme diplomatique à ces textes, ce qui est parfaitement compréhensible, surtout dans les cas où leur auteur était un monarque. En fait, un roi du Moyen Âge, chez qui coexistait une double personne, la publique et la privée, n’écrivait ou ne faisait écrire de lettre sans suivre des règles protocolaires. Ou, en posant la question d’une autre façon, s’il le faisait, ces lettres ne nous sont pas parvenues.

Si l’épistolographie, dans le sens d’art de la composition des lettres personnelles, intimes, privées, est mal représentée aux temps médiévaux, elle est encore moins significative au Portugal12. On sait que le développement urbain, économique et commercial a eu comme conséquence la divulgation et l’accès à l’écriture et aux écrits, suscitant ainsi l’essor de la correspondance de nature privée. À partir du xive siècle, hommes et femmes commencent à écrire (ou à faire écrire) des lettres pour prendre des nouvelles de membres de leurs familles ou de leurs amis, pour obtenir des renseignements et des nouvelles, pour envoyer des requêtes, des avertissements, des notes ou des ordres. Le tableau de la correspondance d’hommes et de femmes habitant la Toscane ou Florence, tel qu’il a été brossé par Charles de la Roncière dans son étude sur la vie privée de cette population13, pour nous limiter à un exemple, laisse une remarquable impression sur l’importance de la circulation de la correspondance dans différentes couches de la société, chez les hommes comme chez les femmes, chez les adultes comme chez les jeunes, qui recourent tous à une écriture de nature plus familiale, intime ou personnelle, quand elle n’est pas liée à la gestion et au contrôle des affaires.

Nous ne possédons rien de semblable pour le Portugal. L’absence de pratique écrite y était peut-être plus lourde, empêchant ainsi cette manifestation de sentiments, de gestes et de volontés de recourir à l’écriture. En outre, même si cette correspondance au poids intime et affectif énorme avait existé, sa validité aurait été réduite, ne concernant que la vie de l’auteur et celle du destinataire. Conserver et archiver la correspondance privée n’était pas une priorité en une époque où l’on a peu conservé les écrits, même pas la documentation de caractère public ; qui plus est, le support des ces lettres, dans la plupart des cas le papier, était plus difficilement compatible avec la conservation au long des siècles.

Ce qui donc nous est parvenu, et en petit nombre, sont les chartes allographes mises au nom des rois, des reines et des princes qui, sachant ou non écrire, avaient des clercs à leur service pour le faire, des scribes aux fonctions plus publiques ou plus privées selon les cas.

On peut donner comme exemples les plus notables de correspondance connue pour le Moyen Âge portugais, les échanges entre la reine sainte Isabelle (qui était la nièce d’une autre reine sainte, Isabelle de Hongrie) et son frère, le roi d’Aragon, sa nièce, princesse d’Aragon, et des officiers castillans14 ; les lettres envoyées à ses familiers anglais par Philippa de Lancastre, mère d’Édouard15 ; ou encore les missives reçues par celui-ci de différentes parties du monde, qui lui ont été adressées par son frère Pierre16.

Si les exemples mentionnés relèvent essentiellement du monde de la correspondance privée (ce qui ne signifie pas, notons-le, qu’elle était sans intérêt quant aux affaires publiques, ou ne faisait pas mention de sujets de cette nature), d’autres nous montrent des missives dont le but était de donner des ordres, de gouverner, de répondre à des questions politiques ou de caractère administratif. Signalons, dans ce champ, et pour nous maintenir à peu près dans la même chronologie, la riche collection de lettres envoyées par le susnommé prince Pierre à la municipalité de Coimbra, siège de son duché 17; ou les nombreuses missives du fils d’Édouard, Alphonse V, adressées à la municipalité de Lisbonne18.

Centrons le regard sur notre sujet. Il faut tenir compte, redisons-le, du fait que nous ne savons pas si les formulaires d’Édouard ont été utilisés pour l’élaboration de lettres plus intimes et de contenu privé, puisque celles-ci ne nous sont pas parvenues. Mais il est plus que probable que même ces missives privées auraient correspondu à des modèles compilés, car l’homme-roi ne se dépouillait pas de sa dignité royale. On imagine peu d’exceptions, petits billets d’amour, missives contenant des notes ou de courts messages… Une lettre royale, bien que destinée à apprendre ou à donner des nouvelles de familiers et amis ou à faire connaître des événements domestiques et privés, devait toujours se soumettre aux formalités de l’adresse, de la suscription, du salut.

Les lettres expédiées par Édouard et suivant ces modèles visaient essentiellement à renforcer des relations diplomatiques, à envoyer ou demander des renseignements, à communiquer ou solliciter des décisions. Quand il s’agissait de familiers ou d’amis, les missives pouvaient évidemment contenir aussi des mots ou des renseignements plus intimes sur l’état de santé de tel ou tel, sur des événements de nature privée.

II. Le formulaire

Comme nous l’avons dit, le recueil de modèles sous examen se trouve copié dans un codex en papier, formé de vingt cahiers et comptant à peu près trois cents feuillets, transcrit par une seule main en écriture humanistique cursive, sûrement pendant la deuxième moitié du xve siècle 19. Nous ignorons l’identité du scribe qui l’a copié à partir du cahier d’annotations diverses qui accompagnait toujours Édouard, contenant, entre autres, des copies de lettres, des recettes, l’enregistrement des dates de naissance de ses enfants et d’autres événements importants, des conseils, des textes sur différents aspects de l’administration de la cour royale et de l’administration du royaume, mais dont nous ne savons pas s’il était écrit par le roi lui-même ou par son secrétaire. C’est à la fin du fol. 188 que commence ce que la table du manuscrit désigne comme Dictées par latin et langage du roi pour d’autres princes et seigneurs20. Dans les vingt et un feuillets qui suivent sont copiés les protocoles initiaux, ce qui doit figurer sur les adresses et encore, parfois, un souhait final, surnommé finda (fin en français). On compte soixante-cinq items différents, correspondant au même nombre de missives pour des destinataires aussi bien individuels que collectifs.

Une différence entre ce formulaire et les dictées ou styles (comme elles sont aussi désignées) d’Alphonse V et de Manuel Ier saute aux yeux : il mentionne en général un destinataire concret. Telle lettre, ainsi, n’est pas adressée au roi de Castille en général, mais au monarque qui, au temps d’Édouard, siégeait sur le trône castillan. Les formulaires postérieurs, eux, pratiquent la dépersonnalisation des destinataires, la lettre n’étant plus adressée à une personne donnée. Cette différenciation montre, à notre avis, le processus de transformation des recueils d’exemples en de vrais formulaires, visant la généralité, donc plus abstraits et en accord avec l’ars dictaminis21.

Remarquons aussi que ce recueil n’est pas un simple groupement d’adresses désordonnées, mais le résultat d’une organisation rationnelle, indiquant les destinataires dans un ordre très clair.

(1) En tête, on trouve des modèles en latin destinés aux plus hautes autorités religieuses : le pape, le concile général22, le collège des cardinaux, un cardinal en particulier. (2) Viennent ensuite les dictées en langage23, c’est-à-dire en portugais, pour des rois, ducs, princes et toute une série de personnes de plusieurs cours européennes, puis les reines et les femmes des dignitaires mentionnés. (3) On répète quelques-uns de ces destinataires dans un troisième ensemble, à nouveau rédigé en latin, et qui commence par l’empereur, suivi, en ordre décroissant d’importance, par des rois, des ducs, des comtes, des officiers et, finalement, des villes et des municipalités. (4) Le recueil s’achève avec les modèles à utiliser dans la correspondance entretenue avec l’abbé portugais de l’abbaye bénédictine de Santa Maria Assuntanella de Florence.

III. La langue

Un des critères d’organisation du contenu du formulaire a donc été la langue, portugaise ou latine. Pour quelques destinataires, il se trouve même des modèles rédigés dans chacun des deux idiomes.

On utilise le latin dans les contacts avec la curie pontificale (le pape, un cardinal, le concile, le collège des cardinaux), ainsi que pour écrire à un autre ecclésiastique, l’abbé déjà mentionné de Santa Maria Assuntanella de Florence. La même langue est encore utilisée dans la correspondance avec plusieurs princes, autorités ou grands officiers : l’empereur d’Allemagne ; les rois de Pologne et de Macamor24 ; quelques seigneurs et officiers anglais, comme le duc de Gloucester et le comte de Warwick ; le comte de Celje, territoire situé dans l’actuelle Slovénie ; un connétable nommé Hermon que nous n’avons pas pu identifier ; des seigneurs français comme le duc de Bretagne et le comte de Foix ; les ducs d’Autriche, de Milan et de Venise ; certaines villes d’Italie (Gênes, Florence, Bologne) et des Pays-Bas (Flandre et Bruges).

Le portugais était normalement compris, oralement ou par écrit, dans toute la Péninsule ibérique. Édouard écrivait en portugais aux rois et reines de Castille, d’Aragon et de Navarre et même au roi musulman de Grenade, ainsi qu’à leurs principaux officiers ou conseillers. Dans cette langue il se faisait aussi comprendre par les princes ou princesses et quelques seigneurs des royaumes péninsulaires, comme les comtes de Niébla, Benavente ou Medelin, et encore par la ville de Séville, l’archevêque de Compostelle et le prieur du monastère de Notre-Dame de Guadalupe.

Curieusement on admet la correspondance bilingue, avec des modèles en portugais et en latin, avec le roi d’Angleterre et le comte et la comtesse de Huntingdon, ce qui ne doit pas nous surprendre, étant donné les liens de parenté qui les unissaient25 : le jeune Henri VI était cousin au second degré d’Édouard (en tant que fils de son cousin germain Henri V), et la comtesse était sa demi-sœur Béatrice, qui avait été mariée auparavant avec le comte d’Arundel26. Autres destinataires de missives en portugais et en latin, et pour les mêmes raisons, le duc de Bourgogne Philippe le Bon, mari d’Isabelle, sœur d’Édouard27 ; mais aussi le grand-maître de Rhodes, originaire de la Péninsule ibérique, ainsi que le prieur et les baillis de ce même ordre28.

Ce dédoublement des écritures restait ouvert, instable, puisque l’intelligibilité du portugais dépendait beaucoup des liens de mariage ou de la détention de fonctions par des hommes et des femmes d’origine ibérique.

IV. Les destinataires

Nous avons présenté les destinataires des lettres intégrées à ce formulaire, mais sans aucun système ; nous les analyserons maintenant dans leur ensemble.

Édouard devait tout d’abord correspondre avec les monarques de tous les royaumes de la Péninsule ibérique – Castille (Juan II, son cousin germain et simultanément beau-frère29), Aragon (Alphonse V, son beau-frère lui aussi30), Navarre (Juan II, également son beau-frère31), Grenade (le musulman Muhammed IX). Mais, très souvent, des ordres, des informations, des éclaircissements étaient plus spécifiquement adressés aux officiers supérieurs de la cour. Nous trouvons ainsi dans le recueil des modèles de lettres pour le connétable Álvaro de Luna, l’amiral Fradique, l’adelantado maior Pierre Manrique de Lara y Mendonza, le principal gardien personnel du roi Jean Furtado de Mendonza et le rapporteur du roi de Castille, membre de son conseil, Ferdinand Diaz de Tolède, ainsi que le majordome Jean de Dixer et les conseillers du roi d’Aragon Beringel de Berdixi, docteur en lois, et Monsem Jean de Gurrea.

Dans la Péninsule ibérique, le roi Édouard échangeait encore des lettres avec d’autres seigneurs, comme les princes d’Aragon Henri et Pierre, frères de son épouse Éléonore ; les comtes de Niebla, Benavente et Medelin ; ou encore l’alcaide de Medina et Sancho de Lacara. Parmi les seigneurs ecclésiastiques, remarquons Lopo de Mendonza, archevêque de Compostelle, et le prieur du monastère de Notre-Dame de Guadalupe.

Curieusement, on n’indique pas comme destinataires de missives royales les membres du haut clergé national : ni les évêques, ni les prieurs ou abbés des principales institutions ecclésiastiques portugaises, monastiques ou séculières, à l’exception de l’archevêque de Lisbonne, qui était neveu du roi et membre de son conseil32.

Édouard entretenait des rapports écrits avec d’autres rois de la Chrétienté, tel le roi d’Angleterre, Henri VI, qui s’attribuait aussi le titre de roi de France, dont il disputait la couronne, comme son père l’avait déjà fait. Il correspondait aussi avec d’autres souverains, comme l’empereur allemand Sigismond, le roi de Pologne Ladislas III, le roi du royaume non identifié de Macamor, qu’Édouard disait être son consanguineus. La proximité avec la cour anglaise le menait aussi à conserver des modèles adaptés à la correspondance avec le maréchal et amiral du monarque anglais, Jean de Hollande, comte de Huntingdon, son beau-frère ; et encore avec le connétable anglais, le comte de Warwick, Richard de Beauchamp, très proche du roi, qu’il avait été chargé d’élever. Ce même rapport étroit avec l’Angleterre explique certainement le fait qu’il n’y ait pas de modèles de lettres destinées au roi de France, le Portugal appuyant les prétentions anglaises au trône français.

Le roi portugais écrivait aussi à d’autres princes de l’Europe, comme le puissant duc de Bourgogne, mari de sa sœur Isabelle ; les ducs de Gloucester, de Bretagne et d’Autriche (il était apparenté aux trois), ou encore ceux de Venise et de Milan et le comte de Foix33 (qui était aussi de sa famille, par affinité).

Une autre partie du formulaire contient Les dictées du roi Édouard pour les reines et autres dames34, qui prouve la correspondance du roi avec les reines de Castille (Marie, sœur de son épouse), d’Aragon (appelée elle aussi Marie, cousine et simultanément belle-sœur d’Édouard, par alliance) et de Navarre (Blanche, sa belle-sœur aussi) ; avec sa sœur Isabelle, duchesse de Bourgogne ; avec la princesse Catherine, sa cousine, mariée au prince d’Aragon Henri ; avec la comtesse de Huntingdon, sa demi-sœur. Il se trouve encore une formule pour les lettres envoyées à la femme du majordome et conseiller du roi d’Aragon, dont le rapport avec la maison royale portugaise reste encore obscur à nos yeux35.

Le puissant corps politique des villes commerciales des Pays-Bas, où la présence de Portugais était très forte de par l’intérêt qu’ils portaient aux relations du commerce atlantique avec la Hanse, amenait le monarque à écrire aux communautés flamandes et de Bruges. Parallèlement, il y avait d’intenses contacts entre les Portugais et les républiques italiennes qui dominaient les méandres politiques des relations entre la papauté et l’Empire, ainsi que les circuits du commerce méditerranéen entre l’Orient et l’Occident, ce qui justifiait la correspondance d’Édouard avec Gênes, Bologne et Florence. Il écrivait aussi à des villes marchandes de la Péninsule ibérique, comme Séville et Bayonne.

Comme tout autre monarque, Édouard avait affaire aux responsables de l’Église. Il n’est donc pas étonnant que le recueil s’ouvre, comme on l’a vu, avec les modèles à utiliser dans les lettres adressées au pape, au concile général qui était alors réuni à Bâle, au collège des cardinaux ou à un seul cardinal. Mais ce cadre s’élargit aux Hospitaliers de Malte et Rhodes, à leur maître, le frère Antoine Fluvian de Rivière, un Catalan à qui il pouvait s’adresser aussi bien en portugais qu’en latin. En Italie, Édouard avait un interlocuteur privilégié, l’abbé de Santa Maria Assuntanella de Florence, le bénédictin portugais Gomes36, qu’il qualifiait, dans l’adresse de la lettre, d’amico nostro ; ce qui nous conduit aux formules d’adresse.

V. Formules d’adresse

Écrire des lettres royales obligeait à suivre des règles bien définies de formulation de l’adresse et de la salutation. On perçoit clairement, surtout dans les modèles rédigés en portugais, toutes les gradations des formules selon le rang et le degré de proximité des destinataires.

Les façons de s’adresser aux rois d’Angleterre et de Castille, presque identiques, sont les plus raffinées : très haut, très excellent et très puissant37 pour le premier, très haut, très excellent et puissant38 pour le second. Viennent ensuite les rois d’Aragon et de Navarre, désignés tous deux comme très haut et très honorable39, puis le haut et puissant40 réservé au duc de Bourgogne.

Les tournures qui exaltent le pouvoir suprême de rois et de ducs, avec des adjectifs comme haut, excellent et puissant, empruntent, à un niveau inférieur, aux termes noble et honorable, auxquels s’ajoute l’adverbe très pour s’adresser aux princes d’Aragon. La formule très noble et très honorable41 s’applique aussi au roi de Grenade ; les formulaires postérieurs, cependant, adopteront pour les chefs politiques musulmans la formule plus ambiguë de très honorables parmi les musulmans42.

L’adjectif honorable est aussi utilisé pour s’adresser aux comtes de la Péninsule, à l’archevêque de Compostelle et au très puissant connétable du roi de Castille. Pour les autres officiers royaux, on indique seulement le nom ou la fonction, suivi du mot ami, exactement comme l’on fait du prieur de Notre-Dame de Guadalupe.

Quant au latin, la formule la plus élaborée, naturellement, est réservée au pape : sanctissime in Christo pater ac beatissime domine ; pour le concile réuni à Bâle, Édouard écrit : sacrosanctae generali sinodo Basiliensi et pour un cardinal, reverendissime in Christo pater et amice.

Dans les lettres envoyées aux Hospitaliers de Rhodes, la tournure est potens ac religiose magister pour le grand-maître, venerabilis et religiose prior pour le prieur. L’abbé de Florence est dit venerabili et religioso abbati.

Dans le traitement des chefs politiques laïcs, la forme d’adresse la plus élaborée est utilisée dans la correspondance avec l’empereur Sigismond : sacrae inclitaeque majestatis princeps ac victoriosissime imperator. Les rois d’Angleterre et de Pologne sont traités comme serenissime et excelentissime princeps. À leur tour, les ducs de Bourgogne, de Gloucester, de Bretagne et d’Autriche sont appelés illustris et inclite princeps. Le traitement est différent vis-à-vis des ducs de Milan et de Venise ; dans ces deux cas, la formule employée est potentissime et magnifice princeps. En ce qui concerne les comtes, celui de Huntingdon est appelé inclito et magnifico, celui de Warwick illustri ac magnifico, ceux de Foix et de Celje magnifico et nobili.

Pour finir, les gouvernants des communautés urbaines sont désignés magnificis et spectabilis viris (dans les lettres pour la Flandre, Gênes, Florence, Bologne et Bayonne – dans ce dernier cas avec inversion des adjectifs), ou alors honorabilibus et discretis viris (quand le roi s’adresse aux autorités de Bruges).

VI. La salutation

Si les formes de traitement sont différentes selon les destinataires, les salutations le sont naturellement aussi. Tous les modèles du formulaire commencent par l’adresse, que nous venons d’analyser, suivie de la suscription. Celle-ci est normalement abrégée, n’indiquant que le nom du roi et abrégeant sa titulature (roi du Portugal et de l’Algarve et seigneur de Ceuta43) par un etc. La salutation et les formules se rapportant à celle-ci, comme celles d’humilité, sont aussi fréquemment abrégées.

La salutation utilisée est directement en rapport avec l’importance du destinataire, ainsi qu’avec le degré de familiarité du roi à son égard. Commençant par les dictées en latin, nous trouvons pour écrire au pontife romain l’habituelle formule d’obéissance et de révérence cum subjectione qua decet et reverentia tam debita quam devota pedum oscula beatorum, une expression de déférence qui se traduisait aussi en une pratique effective44.

Les lettres adressées au concile de Bâle portent l’expression de la dévotion du roi : filialem devotionem legitimam et sinceram. Différente, mais suivant aussi la ligne dévotionnelle, est la formule adressée au collège des cardinaux : debita recomendatione promissa. Pour un cardinal seul, une salutation complète est utilisée, souhaitant sa santé et reportant celle-ci à Dieu : salutem in Eo qui vera est salus et actor salutis. La salutatio dirigée au maître de Rhodes est plus personnalisée : salutem com felici vestri status et religionis continuum incrementum. Cette formule donne lieu à une salutation collective plus laudative quand elle est adressée au prieur et au convent du même ordre militaire : salutem et utriusque militiae gloriosos obtinere triumphos. Simple mais affectueuse, peut-être conditionnée par la fréquence avec laquelle Édouard lui écrivait, était la formule courante réservée à Gomes, abbé de Santa Maria Assuntanella de Florence : salutem et sincerae dilectionis affectum.

Les salutations et les mots personnels se transformaient quand le roi s’adressait à des laïques. Les expressions prédominantes disent alors l’amitié, l’affection, la déférence, et devenaient plus intimistes et personnelles quand le destinataire appartenait à la famille royale, qu’il fût un parent très proche ou lointain.

Le salut à l’empereur révèle une grande déférence : felices in cunctis ad vota successus ab intimo sincerae affectionis. Le salut adressé aux rois d’Angleterre et de Pologne, ainsi qu’aux ducs de Milan et de Venise et à la communauté de Bayonne, est, au contraire, bien plus proche, se traduisant dans un souhait de salutem et sincere dilectionis continuum incrementum. La formule devient encore plus intime vis-à-vis de son beau-frère, le duc de Bourgogne : salutem et fraternae dilectionis continuum incrementum – autant de variation sur une formule très répandue.

Le même genre de salut, bien que se reportant au statut social plus qu’à des sentiments, est utilisé à l’adresse du duc de Gloucester : salutem statusque vestri prosperum incrementum ; un autre, très proche, est réservé au comte de Foix : salutem prosperumque status vestri continuum incrementum.

Les formules plus simples et fréquentes, comme salutem et sincerae dilectionis affectum, sont présentes dans la correspondance adressée aux ducs de Bretagne et d’Autriche, aux comtes de Huntingdon, Warwick et Celje, au connétable Hermon et aux communautés de Flandre, Gênes, Florence et Boulogne, troquant le mot dilectionis pour devotionis dans le cas du roi de Macamor. Pour la communauté de Bruges, la salutation était plus chaleureuse : salutem et in agendis feliciter prosperari, ce qui peut bien s’expliquer parce qu’il y existait, du moins depuis le xive siècle, un entrepôt commercial portugais45.

Les modèles de lettres en langue vernaculaire contiennent une plus grande variété de salutations et d’expressions de cordialité, auxquelles vient se joindre, parfois, la notification. Une salutation très complète est ainsi destinée aux frères de la reine portugaise, les rois d’Aragon et de Navarre et les princes aragonais Henri et Pierre, et était prévue aussi pour les lettres au roi de Castille, cousin d’Édouard : nous vous envoyons beaucoup saluer comme frère, cousin et ami (ou alors : comme celui) que nous aimons et apprécions beaucoup et auquel nous voudrions que Dieu donne autant de santé, vie et honneur que vous le désirez46. La même formule sert pour saluer les reines de Castille, d’Aragon et de Navarre.

Très complète aussi la salutation adressée à l’archevêque de Compostelle, formulée ainsi : nous vous envoyons beaucoup saluer comme à celui que nous aimons et pour qui nous voudrions que Dieu donne une longue vie avec honneur et bonne fortune47.

Utilisant aussi des verbes qui traduisent une grande proximité, comme aimer et apprécier, la formule nous vous envoyons beaucoup saluer comme celui (ou celle) que nous aimons et apprécions beaucoup48 est réservée à des familiers très proches, comme, par exemple, la sœur du roi, duchesse de Bourgogne ; la princesse Catherine, sa cousine ; le monarque anglais (qui est dit son cousin et vrai ami, que nous aimons et apprécions tout spécialement49), sa demi-sœur la comtesse de Huntingdon et le mari de celle-ci.

Une autre salutation qui montre bien la proximité et est parfois suivie par la notification, nous vous envoyons beaucoup saluer comme celui que nous aimons beaucoup nous faisons savoir50, est prévue pour écrire à certains officiers de haut rang des royaumes péninsulaires, comme l’amiral de Castille, l’adelantado maior de Léon (sans notification) et encore l’archevêque de Lisbonne (sans notification non plus).

Une formule plus longue – nous vous envoyons beaucoup saluer comme celui (ou celle) pour lequel (laquelle) nous aimerions que Dieu donne beaucoup d’honneur, nous faisons savoir51 – est utilisée pour écrire à certains officiers et à leurs femmes : le connétable de Castille (pour lequel le roi ajoute à l’honneur le souhait de bonne fortune52), le majordome du roi d’Aragon et son épouse, et encore deux conseillers de ce même roi (sans la notification).

Certains comtes péninsulaires, quelques-uns d’entre eux officiers royaux dans le même temps, sont salués par la formule nous vous envoyons beaucoup saluer comme à celui pour lequel nous voudrions que Dieu donne santé et bonne fortune, suivie par la notification nous faisons savoir 53; c’est le cas des comtes de Niébla et de Benavente, de Pero Ponce, comte de Medelin et Mendonza, et du guarda-mor du roi de Castille. Pour Sancho de Lacara, les lettres portaient nous vous envoyons beaucoup saluer comme à celui pour qui nous désirons beaucoup de bien54.

Les lettres en portugais pour le maître de Rhodes prévoient une salutation bien différente de celle qui accompagnait une lettre en latin : nous vous envoyons beaucoup saluer comme à celui pour lequel nous désirons une longue vie55.

La salutation la plus simple, suivie ou non d’une notification, s’exprime par les mots nous vous envoyons beaucoup saluer56 et est adressée à un ensemble hétérogène de personnes, quelques-unes proches du roi, à qui Édouard pouvait écrire très fréquemment, simplifiant donc le formulaire : le duc de Bourgogne, le membre du conseil du roi de Castille (les deux avec une notification), ainsi que l’alcaide de Medina, le prieur de Notre-Dame de Guadalupe, le comte de Séville, le prieur et les baillis de Rhodes et le capitaine des galères de Venise (tous sans notification).

Très curieusement, le modèle destiné au roi de Grenade ne possède pas de salut, mais seulement une notification très simple : nous vous faisons savoir57 ; dans le souhait final, cependant, il y a quelques mots de courtoisie adressés au souverain musulman et placés sous le signe divin : que Dieu vous guide dans ces choses qu’Il comprendra être le plus à Son service58, ce qui marque peut-être une certaine déférence, en soulignant le monothéisme des deux religions, la chrétienne et la musulmane. Dans le formulaire du temps d’Alphonse V, on dit expressément que les lettres pour les juifs ou les infidèles ne devaient pas porter de salut, ce que nous voyons avoir déjà été pratiqué par son père Édouard.

VII. Le souhait final

Comme nous l’avons remarqué, certaines dictées incluent, au-delà du protocole initial, les mots par lesquels le texte devait s’achever, formulant un souhait adressé au destinataire59. On ne trouve que dix cas, qui suivent une même structure : on retourne à la titulature du destinataire, normalement abrégée et indiquant le degré de parenté ou l’affinité avec l’auteur, laquelle est accompagnée de vœux de santé pour l’avenir. Ceux-ci sont plus ou moins développés, toujours autour de l’idée principale que Dieu protègera le destinataire, avec des variations dont la complexité correspond en général à la proximité ou à l’importance de la personne à laquelle la lettre était destinée.

Ainsi, si pour le roi de Castille l’expression utilisée est tout simplement que Notre Seigneur vous ait toujours en Sa sainte garde60 et pour celui de Navarre, que Dieu tout puissant vous ait toujours en Sa sainte garde61, pour les beaux-frères d’Édouard, qui étaient princes d’Aragon, le salut final, identique, est plus élaboré : que Notre Seigneur Dieu ait tous vos faits en Sa sainte garde et vous achemine toujours les choses de votre service et votre honneur62. Cette même formule est adressée à la princesse Catherine, cousine du roi, fille de Catherine de Lancastre et d’Henri III de Castille.

Pour les reines d’Aragon et de Navarre, ce salut final est un peu différent : que Dieu tout puissant vous ait toujours en Sa sainte garde et dirige bien vos faits63. Pour deux comtes castillans, il se raccourcit : que Dieu tout puissant vous ait toujours en Sa sainte garde64. Celui qui était employé pour le roi de Grenade a déjà été indiqué : que Dieu vous guide dans ces choses qu’Il comprendra être le plus à Son service65.

Nous ne trouvons pas de raisons simples qui expliqueraient la présence ou l’absence de ce souhait final. Il apparaît dans les dictées destinées à des personnes très proches du roi, mais aussi à d’autres avec lesquelles Édouard n’avait sans doute pas un étroit rapport personnel ; il est utilisé pour écrire à certains rois et princes, mais pas pour tous. Les formulaires plus tardifs indiquent expressément l’existence de ces expressions finales ; leur étude approfondie permettra peut-être de mieux connaître la raison d’être de cette pratique dans les lettres d’Édouard, où ces clauses constituent, comme nous l’avons vu, des cas exceptionnels.

VIII. L’adresse des lettres

Une fois écrite, la lettre était pliée et un sceau, normalement plaqué, garantissait son inviolabilité jusqu’au moment d’atteindre le destinataire. À l’extérieur, le nom du destinataire était écrit, ainsi que sa titulature complète, mais jamais le lieu de sa résidence : les lettres étaient délivrées par des messagers qui savaient bien où ils devaient se rendre66.

Le formulaire étudié contient de nombreux cas où la titulature portée au dos est plus longue et complète que celle qui est indiquée dans le protocole initial de la missive. Quelques exemples le montrent bien. La dictée adressée au comte de Huntingdon l’identifie au protocole comme inclite et magnifice comes frater et amice amantissime ; au dos, on propose cette longue titulature : inclito et magnifico viro Joanni comiti de Huntyngtom de Yuam mariscalo et arthimarino67 regi Angliae fratri nostro et amico charissimo. Le grand-maître de Rhodes est dit potens ac religiose magister amiceque noster charissime au début de la missive, adressée à son extérieur au potenti ac religioso fratri Antonio Fluviam sacrae domus Hospitalis Jherosolimitani supremo magistro amico nostro. Le roi d’Aragon, dans le protocole initial, est désigné simplement comme très haut et très honorable prince frère et ami68 ; sa titulature complète est indiquée au dos de la lettre : au très haut et très honorable prince Alphonse par la grâce de Dieu roi d’Aragon et de Sicile notre très aimé et apprécié frère69. La lettre pour le duc de Bourgogne commence par au haut et puissant prince notre très apprécié et aimé frère70 ; elle est adressée, au dos, au haut et puissant prince Philippe duc de Bourgogne, de Brabant, de Tembour71, comte de Flandre, d'Artois, Bourgogne et Namur etc. notre très aimé et apprécié frère72. Un dernier exemple, celui du roi d’Angleterre : serenissime et excelentissime princeps frater consanguinee et amice charissime, ainsi commence la lettre, quand l’adresse extérieure porte serenissimo et excelentissimo principi domino Henrrico Dei gratia Angliae et Franciae Hiberniaeque domino et fratri et consanguinee nostro charissimo.

Pour la commune de Bologne, la titulature du protocole était magnifici et spectabiles viri amici nostri ; mais sur l’extérieur devait figurer magnificis et spectabilibus viris consulibus ancianis gubernatoribus civitatis Bononiensis ; pour la communauté de Flandre, les formules utilisées sont magnifici et spectabiles viri amici nostri charissimi au début, et au dos magnificis et spectabilibus viris quattuor membrum atque rectoribus honorabilis comitatus Flandriae amicis nostris.

L’expéditeur de la lettre n’est mentionné au dos de la missive qu’en seize cas, qui expliquent que la lettre est envoyée par le roi du Portugal et de l’Algarve et seigneur de Ceuta73. Postérieurement, la mention par le roi sera réglementée, le formulaire du roi Alphonse V déclarant expressément : à aucune personne étrangère au-dehors du royaume [ne] doit se mettre ‘Par le roi’74. Au temps d’Édouard, pourtant, cette mention est surtout présente dans les lettres adressées à des officiers royaux étrangers, comme l’amiral de Castille, l’alcaide de Medina, le majordome du roi d’Aragon et sa femme, l’adelantado maior de Léon, des conseillers des monarques castillan et aragonais, le capitaine des galères de Venise ou l’archevêque de Compostelle, le prieur de Guadalupe, le prieur et les baillis de Rhodes. La lettre adressée à l’archevêque de Lisbonne, seul destinataire portugais de ce formulaire, inclut la même mention.

IX. La comparaison avec les lettres conservées

On aimerait bien savoir si, dans des lettres effectivement envoyées, les formules transcrites dans le Livre des Conseils d’Édouard ont été respectées. Malheureusement, le corpus des missives de ce roi qui nous soint parvenues n’est pas très étoffé.

Nous connaissons plusieurs lettres adressées par lui à l’abbé de Florence75, ouvertes par la séquence de l’adresse, de la salutation et de la notification : abbé ami, nous le roi vous envoyons beaucoup saluer, nous vous faisons savoir76 ; pour cet ecclésiastique, le recueil indiquait un salut en latin, salutem et sincerae dilectionis affectum, qui ne correspond pas à la formule en portugais, et ne faisait pas place à une notification.

Quelques suppliques adressées par Édouard au concile de Bâle ont comme destinataires les reverendissimi patres77 et portent parfois une invocation (in nomine Domini, amen)78. Une autre supplique, adressée au pape, commence par les mots beatissime pater79. Mais les suppliques sont différentes des lettres-missives et ne peuvent donc pas servir comme base pour une comparaison.

Il nous reste donc, pour cet exercice, deux lettres ayant aussi comme destinataire le concile de Bâle, l’une présentant et recommandant les ambassadeurs du roi envoyés à cette assemblée, l’autre demandant l’intervention du concile dans les négociations de paix entre l’Angleterre et la France, engagées alors dans la Guerre de Cent ans80. Ces deux missives nous permettent de vérifier que les formules utilisées par le roi sont exactement les mêmes que celles qui figurent dans le formulaire étudié.

À ces deux lettres il faut en ajouter une autre, copiée dans le Livre de conseils, écrite par Édouard au roi de Castille le 8 juillet 143481, et qui a été qualifiée de très gracieuse82 par le copiste qui a dressé la table du manuscrit. L’adresse au début de la missive dit : très haut et très noble très excellent et puissant prince83, ajoutant les mots très noble au texte de la dictée. La salutation est exactement celle qui a été donnée dans le formulaire, mais le souhait final, lui, ne suit pas le modèle ; selon celui-ci, la formule à utiliser serait : roi très apprécié et aimé cousin frère et ami, que Dieu Notre Seigneur vous ait toujours dans Sa sainte garde84 ; en fait, les mots qui figurent à la fin de la lettre sont très haut prince et très honorable roi cousin ami, Notre Seigneur Dieu vous octroie selon vos vertus de vivre toujours dans son service et avec votre honneur85. Nous ne savons rien de ce qui aurait été écrit sur le revers de la missive.

Il nous semble risqué de décider à partir de ces rares exemples si le formulaire était ou n’était pas respecté. Mais nous croyons pouvoir poser que, au moins dans certains cas, le formulaire était la norme, à laquelle on pouvait ajouter quelque autre détail, surtout quand l’on écrivait à des destinataires plus intimes.

Conclusion

L’analyse faite du formulaire édouardien constitue, comme nous l’avons dit, le début d’un projet d’étude des formulaires médiévaux et modernes du même genre utilisés par les rois portugais. Nous avons commencé par le plus ancien que nous connaissions, et que nous croyons être à l’origine de ceux qui se suivirent dans le temps.

Cet ensemble de soixante-cinq dictées présente le protocole initial, le souhait final et ce qui devrait figurer à l’extérieur, pour des lettres presque toujours destinées à des entités étrangères. Il nous permet de connaître le large nombre de personnes ou d’institutions avec lesquelles le roi Édouard correspondait ou comptait le faire. C’est une correspondance de caractère politique et diplomatique, mais échangée aussi entre des membres d’une même famille, la royauté portugaise étant alors liée de très près non seulement aux autres monarchies péninsulaires, mais aussi à la maison royale d’Angleterre et à celle de l’empereur allemand.

Les dictées, dont nous avons étudié les différentes formules, changent selon la catégorie et le degré de parenté de ceux à qui le roi s’adressait. De leur analyse, ressort la méticulosité qui caractérisait le souverain portugais, clairement présente dans les menues modifications qu’il introduisait pour presque chaque destinataire, pour broder et individualiser les adresses, les salutations ou les souhaits finaux. Cette caractéristique personnelle a comme conséquence que l’on n’est pas surpris par les adaptations que le roi introduisait dans les formules au moment d’écrire les vraies lettres, sûrement par sa propre volonté. Le formulaire jouerait ainsi le rôle d’un guide, mais qu’il ne faudrait pas suivre avec trop de rigueur.

L’examen d’un plus grand nombre de missives originales, et surtout l’analyse des autres recueils et la comparaison avec des documents de même genre d’autres provenances nous permettront, sans doute, de valider (ou pas) les hypothèses formulées, de mieux connaître les formules qui servaient à écrire les lettres-missives de la royauté portugaise et, par là, de mieux comprendre comment celles-ci étaient rédigées et la part qu’elles avaient de personnalisation ou, par contre, de soumission à des codes protocolaires internationaux.

Fig. n° 1. – Liens de famille anglais d’Édouard, roi du Portugal.

_____ descendance légitime

------- descendance illégitime

∞ marié(e) à

gras destinataire de lettres

Fig. n° 2. – Liens de famille ibériques d’Édouard, roi du Portugal.

_____ descendance légitime

∞ marié(e) à

gras destinataire de lettres


1 Sur la conjoncture qui marquait alors le Portugal, voir António Henrique de Oliveira Marques, Portugal na crise dos séculos xiv e xv, Lisbonne, 1987, t. IV de la Nova História de Portugal, dir. J. Serrão et A. H. de Oliveira Marques, et Armindo de Sousa, A monarquia feudal (1096-1480), t. IV de la História de Portugal, dir. J. Mattoso, Lisbonne, 2007. L’ascension au trône du Maître d’Avis est expliquée en détail dans sa biographie par Maria Helena da Cruz Coelho, citée à la note qui suit.
2 Des biographies de ce couple ont été récemment publiées par Maria Helena da Cruz Coelho, D. João I, o que re-colheu Boa Memória, Lisboa, 2008 (Biografias dos Reis de Portugal, 10), Manuela Santos Silva, A rainha inglesa de Portugal, Filipa de Lencastre, Rio de Mouro, 2012 (Rainhas de Portugal, 6) et Maria Helena da Cruz Coelho, D. Filipa de Lencastre. A Inglesa Rainha. 1360-1415, Vila do Conde, 2011 (Rainhas e infantas de Portugal). Sur la culture écrite de Philippa, ainsi que les formulaires de quelques lettres issues de la chancellerie de cette reine, voir Manuela Santos Silva, « A literacia de Filipa de Lencastre », Revista Férula, 1 (2012), p. 29-33.
3 Voir la biographie de ce roi composée par Luís Miguel Duarte, D. Duarte. Requiem por um rei triste, Rio de Mouro, 2005 (Biografias dos Reis de Portugal, 10).
4 Sur le premier de ces livres, voir Livro da ensinança de bem cavalgar toda sela que fez el-rey Dom Eduarte de Portugal e do Algarve e senhor de Ceuta, éd. Joseph Piel, Lisbonne, 1986 (Biblioteca de autores portugueses) ; l’œuvre a été étudiée par Carlos Henrique Pereira, Étude du premier traité d'équitation portugais : Livro da ensinança de bem cavalgar toda sela du roi Dom Duarte, Paris, 2001. La plus récente édition critique du deuxième ouvrage est due à D. Duarte, Leal Conselheiro, éd. critique de Maria Helena Lopes de Castro, Lisbonne, 1999 (Pensamento português).
5 Livro dos Conselhos de el-rei D. Duarte (Livro da Cartuxa). Edição diplomática, éd. João Alves Dias, Lisboa, 1982 (Imprensa Universitária, 27). Sur cet ouvrage, L. Duarte, D. Duarte…, p. 207-211, et p. 197-212 sur la culture écrite de ce roi en général.
6 « Livro Vermelho de D. Afonso V », dans José Corrêa da Serra, Colecção de Livros Inéditos de Historia Portugueza, t. III, Lisbonne, 1793, p. 402-419.
7 . Álvaro Lopes de Chaves, Livro de Apontamentos (1438-1489). Códice 443 da Colecção Pombalina da BNL, éd. A. M. Salgado et A. J. Salgado, Lisbonne, 1983, p. 151-152; mentionné par Saul António Gomes, « Testemunhos de formulários régios medievais portugueses », dans Os Reinos Ibéricos na Idade Média, éd. L. A. Fonseca [et al.], t. 3, Porto, 2003, p. 1295.
8 . Celui-ci, encore inédit, fait partie d’un manuscrit de la Biblioteca da Ajuda de Lisbonne, Cod. Ms. 51-VI-23, fols. 58v-88. Il est cité par Isabel dos Guimarães Sá, De princesa a rainha-velha. Leonor de Lencastre, Rio de Mouro, 2011 (Rainhas de Portugal, 8), p. 41-42.
9 Biblioteca da Ajuda, Ms. 51-X-35 (55) et 54-X-2, nº 30. Un petit travail a déjà été publié, concernant les lettres du roi Sébastien (1557-1578) adressées aux souverains d’outremer ou non chrétiens, élaboré cependant à partir des missives elles-mêmes et non pas d’un formulaire : Chantal de la Veronne, « Protocole des lettres adressées par Sébastien Ier du Portugal aux souverains non chrétiens ou orientaux », Arquivos do Centro Cultural Português, 4 (1972), p. 560-565.
10 Sur cette typologie documentaire, voir Giles Constable, Letters and letter‑collections, Turnhout, 1976 (Typologie des Sources du Moyen Âge Occidental, 17). 
11 Vocabulaire international de la Diplomatique, éd. M. Milagros Cárcel Ortí, Valencia, 1994 (Colleccio oberta, 28), nº 404.
12 Sur l’épistolographie portugaise, voir Andrée Crabbé Rocha, A epistolografia em Portugal, Coimbra, 1965, p. 13‑36.
13 Charles de la Roncière, « A vida privada dos notáveis toscanos no limiar do Renascimento », dans História da vida privada, dir. Philippe Ariès et Georges Duby, t. II : Da Europa feudal ao Renascimento, traduction portugaise, Porto, 1990, p. 256-258.
14 . Cette correspondance a été publiée dans les ouvrages suivants : Sebastião Antunes Rodrigues, « Rainha Santa. Cartas inéditas e outros documentos », Arquivo Coimbrão, 16 (1958), p. 81-212 ; Fr. Félix Lopes, « Actividades pacificadoras de Santa Isabel de Portugal nos dissídios entre Castela e Aragão, de 1300 a 1304 », Itinerarium, 13 (1967), p. 288-339 et « Duas cartas inéditas da Rainha Santa Isabel sobre jóias empenhoradas », Revista Portuguesa de História, 13 (1970), p. 61-72 ; Imagen de la Reina Santa. Santa Isabel, infanta de Aragón y reina de Portugal, I. Catalogo de la exposición, éd. Diputación de Zaragoza, Zaragoza, 1999, p. 199-201. Sur la reine Isabelle du Portugal, voir la récente biographie composée par Filomena Andrade, Rainha Santa, mãe exemplar, Rio de Mouros, 2012 (Rainhas de Portugal, 3).
15 Voir M. Coelho, D. Filipa de Lencastre, a rainha inglesa..., p. 59-61 ; M. Silva, A rainha inglesa de Portugal…, p. 221-229.
16 Ces lettres ont été copiées par ordre d’Édouard dans le Livro dos Conselhos…, p. 27, 87.
17 Cette correspondance a été publiée par Belisário Pimenta, As cartas do infante D. Pedro à Câmara de Coimbra (1429-1441), Coimbra, 1958, et étudiée par Maria José Azevedo Santos, « ‘Na volta do correio’. A correspondência de D. Pedro, duque de Coimbra (1429-1448) », dans As comunicações na Idade Média, coord. M. H. da Cruz Coelho, Lisbonne, 2002, p. 192-217. Voir aussi A. Rocha, A epistolografia…, p. 49-43.
18 Ces missives se conservent encore aux Archives Historiques Municipales de Lisbonne. Celles qui ont déjà été numérisées sont accessibles sur le site web http://arquivomunicipal2.cm-lisboa.pt/sala/online/ui/searchbasic.aspx?filter=AH;AI;AC;AF.
19 Nous suivons l’introduction du Livro dos Conselhos…, p. XIII-XVI.
20 En portugais: Ditados per latym e lingoajem del rey pera outros principes e senhores. Nous avons traduit en français tous les mots et phrases en portugais que nous citons, présentant en note les versions originales ; par contre, nous avons maintenu les citations en latin, en rendant simplement plus accessibles les normes de transcription suivant lesquelles le formulaire a été publié, mais en conservant les formes médiévales, sans les remettre aux normes grammaticales du latin classique.
21 Sur ce sujet, Martin Camargo, Ars dictaminis. Ars dictandi, Turnhout, 1991 (Typologie des sources du Moyen Âge occidental, 60). 
22 C’était le temps du concile de Bâle : Joseph Wohlmuth, « Le concile de Constance (1414-1418) et le concile de Bâle (1431-1449) », dans Les conciles œcuméniques, éd. G. Alberigo, t. I, L’Histoire, Paris, 1994 (Le magistère de l’Église), p. 203-255.
23 . En portugais : Ditados per lyngoajem.
24 Nous n’avons pas réussi à identifier ce royaume.
25 Ces liens de parenté, ainsi que ceux qui suivent, sont indiqués dans les généalogies de ces rois et reines présentes dans les biographies déjà citées : M. Coelho, D. João I…, p. 172-173… ; M. Silva, A rainha inglesa…, p. 292-295 ; L. Duarte, D. Duarte…, p. 314-315. Nous les avons résumés dans les deux schémas simplifiés présentés à la fin de notre contribution.
26 Ce nouveau mariage de Béatrice est prouvé exactement par le formulaire étudié, lequel la désigne comme comtesse de Huntingdon aussi bien que d’Arundel (Livro dos Conselhos…, p. 194) ; voir Manuela Santos Silva, « O casamento de D. Beatriz (filha natural de D. João I) com Thomas Fitzalan (conde d’Arundel), paradigma documental da negociação de uma aliança », dans Problematizar a história : estudos de história moderna em homenagem a Maria do Rosário Themudo Barata, éd. A. L. Faria, I. D. Braga, Lisboa, 2007, p. 77-91, aux p. 88-89.
27 Sur Isabelle, voir M. Coelho, D. João I…, p. 169-172 ; Maria Odete Sequeira Martins, D. Isabel de Portugal, duquesa de Borgonha, 1397-1471, Vila do Conde, 2011 (Rainhas e infantas de Portugal).  Monique Sommé, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne : une femme au pouvoir au xve siècle, Villeneuve d'Ascq, 1998 (Histoire et Civilisations). Monique Sommé a récemment publié les lettres écrites par la duchesse : La correspondance d’Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne (1430-1471), Ostfildern, Jan Thorbeck Verlag, 2009 (Instrumenta, 18).
28 Il est aussi intéressant de réfléchir sur les relations complexes attestées par les lettres des xve et xvie siècles entre la langue vernaculaire dans laquelle l’auteur pouvait dicter et le latin que son secrétaire utilisait pour rédiger et écrire la missive, comme le souligne G. Constable, Letters…, p. 40-41.
29 Il était le fils de la demi-sœur de Philippa de Lancaster, Catherine ; voir M. Silva, A rainha inglesa…, p. 294) et infra, fig. n° 2.
30 Il était le beau-frère d’Édouard, frère de sa femme Éléonore d’Aragon ; voir infra, fig. n° 2. Une biographie d’Éléonore est présentée avec celle d’Isabel d’Urgel, femme du prince Pierre, frère d’Édouard, par Ana Maria S. A. Rodrigues, As tristes rainhas. Leonor de Aragão. Isabel de Coimbra, Rio de Mouros, 2012.
31 Il était le frère aussi de la reine Éléonore ; voir infra, fig. n° 2.
32 Pedro de Noronha, qui avait négocié le mariage d’Édouard avec Éléonore d’Aragon, et soutint l’attribution de la régence à la reine après la mort prématurée de son mari.
33 Il y a aussi une formule pour écrire au connétable Hermon (personnage, nous l’avons dit, que nous n’avons pu identifier) et à Ulrich II, comte de Celje, en Slovénie.
34 . En portugais: Ditados del rey dom Eduarte pera as raynhas e outras senhoras.
35 . Il s’agit de D. Timbor, femme de Jean de Dixer.
36 . Parmi les principales études sur cet abbé portugais, voir Eduardo Borges Nunes, D. Frey Gomez, abade de Florença (1420-1440), Braga, 1963; António Domingues de Sousa Costa, « D. Gomes, reformador da abadia de Florença, e as tentativas de reforma dos mosteiros portugueses no século xv », Stvdia Monastica, 5:1 (1963), p. 59-164, et Saul António Gomes, « D. Gomes Eanes e a capela de Santo André e dos Cinco Mártires de Marrocos do mosteiro de Santa Cruz de Coimbra », Arquivo Coimbrão, 35 (2002), p. 439-540.
37 En portugais : muy alto, muy excelente e muy poderoso.
38 En portugais : muy alto, muy excelente e poderoso.
39 . En portugais : muy alto e muy honrado.
40 En portugais : alto e poderoso.
41 En portugais : muy nobre e muy honrado.
42 En portugais : muito honrados entre os mouros.
43 . En portugais : rei de Portugal e do Algarve e senhor de Ceuta.
44 Un bon exemple est celui d’Éléonore, fille d’Édouard, quand elle s’est présentée à la cathédrale de Saint-Pierre devant Nicolas V, qui a présidé à son mariage avec l’empereur allemand Frédéric III et l’a sacrée impératrice : la princesse a baisé le pied et la main du pape, comme l’écrivit Lopo de Almeida au roi du Portugal Alphonse V ; voir Lopo de Almeida, Cartas de Itália, éd. Rodrigues Lapa, Lisbonne, 1935, p. 10 ; A. Rocha, A epistolografia…, p. 49-53. Une description plus complète de la cérémonie se trouve dans Maria Helena da Cruz Coelho, D. Leonor de Portugal. A imperatriz. 1434-1467, Vila do Conde, 2011 (Rainhas e infantas de Portugal), p. 61-67.
45 . Voir à ce sujet A. H. de Oliveira Marques, Portugal na crise…, p. 180.
46 En portugais : vos enuyamos muyto saudar como irmão primo e amigo (como aquel) que muyto amamos e prezamos e pera que queryamos que Deus dese tanta saude, vida e honrra como vos desejais.
47 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel que amamos e pera quem queryamos que Deus desse longua vida com honrra e boa ventura.
48 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel (aquela) que muyto amamos e prezamos.
49 En portugais : muyto especialmente amamos e prezamos.
50 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel que muyto amamos fazemos saber.
51 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel (aquela) pera que queriamos que Deus dese muyta honrra fazemos saber.
52 En portugais : boa ventura.
53 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel pera que queryamos que Deus dese saude e boa ventura fazemos saber.
54 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel pera que muyto bem desejamos.
55 En portugais : vos envyamos muyto saudar como aquel pera que queriamos longa vida.
56 En portugais : vos envyamos muyto saudar fazemos vos saber.
57 En portugais : vos fazemos saber.
58 En portugais : Deus vos encaminhe aquelas cousas que mais entender por seu serviço.
59 Vocabulaire international…, n° 252.
60 En portugais : Nosso Senhor Deus vos aja sempre em sua santa garda.
61 En portugais : Deus todo poderoso vos aja sempre em sua santa garda.
62 En portugais : Nosso Senhor Deus aja todos vosos feitos em sua santa garda e vos encaminhe sempre as cousas de seu serviço e vosa honrra.
63 En portugais : Deus todo poderoso vos aja sempre em sua santa garda e encaminhe bem vosos feitos.
64 En portugais : Deus vos aja sempre em sua santa garda.
65 En portugais : Deus vos encaminhe aquelas cousas que mais entender por seu serviço.
66 Sur l’envoi de lettres, voir G. Constable, Letters…, p. 52-55, et, pour le cas du Portugal médiéval, As comunicações na Idade Média…
67 Sic, peut-être pour archimarino.
68 En portugais : muy alto e muy honrrado principe irmão e amiguo.
69 En portugais : ao muy alto e muy honrrado prinçipe dom Afonso pola graça de Deus rey d'Aragon e Cezilia nosso muyto amado e prezado irmão.
70 En portugais : alto e poderoso principe nosso muyto prezado e amado irmão.
71 Sic, probablement pour Lembour, c’est-à-dire Limbourg.
72 En portugais : o alto e poderoso prinçipe Felipe duque de Borgonha, de Barbante e de Tembour, conde de Flandes, d'Artooes, Bregonha e Naamur etc. nosso muyto amado e prezado irmão.
73 En portugais : por el rey de Portugal e do Algarve e senhor de Cepta.
74 En portugais : A nenhuma pessoa estrangeira para fora deste reino se ponha ‘Por el rei’.
75 La correspondance de l’abbé de Florence, y compris des lettres échangées avec le roi Édouard, a été objet d’une étude menée par Rita Costa Gomes, « Letters and letter-writing in fifteenth century Portugal », dans Reading, interpreting and historicizing : letters as historical sources, éd. R. Schulte et X. von Tippelskirch, San Domenico, 2004, p. 11-37.
76 En portugais : dom abade amigo, nos el rei vos enviamos muyto saudar, fazemos-vos saber. Monumenta Henricina, t. VI, Coimbra, 1964, docs. 16 (23 mai 1437), 23 (16 mai 1437), 36 (25 juin 1437), 43 (11 juillet 1437), 55 (25-26 août 1437), 58 (8 septembre 1437), 75 (17 mars 1438) ; ces trois dernières lettres ne possèdent pas de notification.
77 Monumenta Henricina, t. VI, doc. 18 (1437).
78Ibid., doc. 19 (1437).
79Ibid., doc. 29 (25 mai 1437).
80 Monumenta Henricina, t. V, Coimbra, 1963, docs. 88 (18 novembre 1435) et 134 (10 septembre 1436).
81 Livro dos Conselhos…, p. 90-92.
82 En portugais : muyto graciosa.
83 En portugais : muy alto e muy nobre muy excelente e poderoso principe.
84 En portugais : rey muy prezado e amado, primo irmão e amiguo, Nosso Senhor Deus vos aja sempre em sua santa garda.
85 En portugais: muy alto principe e muyto honrrado rey primo amigo, nosso senhor Deus vos outorgue segundo virtudes viver sempre em seu serviço e com vosa honrra.