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[p. 65] Typologie des actes de Philippe Ier (1060–1108) et de Louis VI (1108–1137), rois de France

Au cours de cet exposé, je voudrais montrer tout à la fois les constantes des actes des rois Philippe Ier et Louis VI, qui ont régné en tout plus de trois-quarts de siècle et aussi les changements qui ne manquèrent pas d’intervenir pour diverses raisons que j’aimerais avancer.

Quelques repères bibliographiques tout d’abord :

Pour Philippe Ier, j’ai bien sûr utilisé l’édition de ses actes due à M. PROU (Recueil des actes de Philippe Ier, Paris, 1908 ; citée par la suite PROU1), à laquelle il convient d’adjoindre trois articles, le premier de M.L. CAROLUS-BARRE, Notice inédite d’une donation faite par le roi Philippe Ier au prieuré de Saint-Arnoul de Crépy, dans : Bibliothèque de l’École des chartes, t. 132, 1974, p. 95–96, le deuxième de M.R.-H. BAUTIER, La prise en charge du Berry par le roi Philippe Ier et les antécédents de cette politique de Hugues le Grand à Robert le Pieux, dans : Media in Francia. Recueil de mélanges offert à Karl Ferdinand Werner, Maulévrier, 1989, p. 31–60, le dernier de M.O. GUYOTJEANNIN, Les actes établis par la chancellerie royale sous Philippe Ier, dans : Bibliothèque de l’École des chartes, t. 147, 1989, p. 29–48.

Pour Louis VI, j’ai eu recours au travail ancien d’A. LUCHAIRE, Louis VI le Gros. Annales de sa vie et de son règne (1081–1137) avec une introduction historique, Paris, 1890 (réimpr. Bruxelles, 1964 ; cité par la suite LUCHAIRE), et surtout à mon édition (citée par la suite DUFOUR). J’ai en outre publié un article intitulé Un faux de Louis VI relatif à Liancourt (Oise), dans : Bibliothèque de l’École des chartes, t. 144, 1986, p. 39–67 et fait une communication sur Louis VI, roi de France (1108–1137), à la lumière des actes royaux et des sources narratives, parue dans : Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1990, p. 456–482, 8 figures, 2 cartes.

En élaborant la présente étude, j’ai songé à m’inspirer des travaux de Mme P. OSTOS SALCEDO, Genesis, tradicion y formas del documento de los condes de Pallars (1288–1327), Sevilla, 1985 et de M.M. ROMERO TALLAFIGO, La cancilleria del condado de Prades (1341–1358), dans : Landesherrliche Kanzleien im Spätmittelalter, t. II, München, 1984, p. 637–658 (surtout p. 652–655), concernant les XIIIe et XIVe s. ; malheureusement ma documentation, beaucoup moins abondante, ne m’a pas permis de procéder de la même manière.

Après un bref inventaire des documents conservés pour ces deux règnes, je montrerai les caractéristiques de la structure des actes royaux entre 1060 et 1137, puis j’insisterai sur quelques points particuliers (en privilégiant souvent les originaux et aussi le règne de Louis VI) : la dimension des actes, les monogrammes [p. 66] employés, le scellement des actes, la présence ou l’absence de préambules, de clauses comminatoires, l’ordre des souscriptions des grands officiers.

Les actes de Philippe Ier. L’édition de M. PROU comporte 178 numéros (dont sept faux) ; 42 d’entre eux sont des originaux. Il convient d’y ajouter une donation dépourvue de date pour S. Arnoul de Crépy, conservée en original2, ainsi qu’un acte de 1100 pour Plaimpied, connue par une copie de la fin du XVe s.3.

Sur ces 173 actes sincères, quarante doivent être considérés à part ; il s’agit d’actes de tiers (royaux ou privés), en général antérieurs à 1080, confirmés par Philippe Ier de sa souscription, de sa croix, de son monogramme ou de son sceau, parfois par une formule développée  ; remarquons que quelques églises ont obtenu de telles confirmations à plusieurs reprises : Pontlevoy, S. Père de Chartres, S. Nicolas d’Angers, S. Germain-des-Prés de Paris deux fois, Cluny trois fois et surtout Marmoutier huit fois.

A côté des diplômes (ordinaires ou mineurs), on compte sept mandements et lettres missives, tous postérieurs à 1089.

Pour M.O. GUYOTJEANNIN qui a procédé à un décompte très fin, 52 (ou peut-être 56) actes seraient dus à la chancellerie royale, tandis que 67 lui seraient étrangers, le reste étant difficile à attribuer d’une manière certaine.

L’un des originaux, le PROU n. 40 (S. Denis), est connu par une double ampliation originale, alors que les PROU n. 48 et 49 ont la forme de chirographe.

Les actes de Louis VI. Leur nombre est en très nette augmentation par rapport au règne précédent. J’en ai en effet inventorié 457 (dont vingt faux), émanant soit du prince royal (n. 1 à 18) soit du roi (n. 19 à 457), délivrés en faveur d’un grand nombre de destinataires4  : il s’agit de 408 diplômes (dont 91 perdus), de 33 lettres (dont dix-huit perdues), de 14 mandements (dont sept perdus) et de 2 lettres patentes. 96 de ces divers documents sont des originaux. Des doubles ampliations existent pour les DUFOUR n. 80 et 233 (Paris, S. Victor), tandis que deux autres actes (les DUFOUR n. 242, Corbeil, N.-D. 409, S. Denis, se présentent sous la forme de chirographe par CIROGRAPHUM). Une lettre missive mérite ici une mention spéciale ; il s’agit de celle qui, adressée aux cardinaux en 1130 pour notifier la reconnaissance d’Innocent II par le roi, est conservée par une seule source, à Olomouc, sous la coté Státní Archiv, CO 205, fol. 202, DUFOUR n. 2915.

Les actes de tiers, souscrits par le roi, disparaissent presque totalement sous Louis VI ; en effet, si l’on en compte encore six sous son principat6, trois seulement existent pour son règne, les DUFOUR n. 35 (Tournus), datable de 1108–1109, n. 44 (S. Benoît-sur-Loire) de 1110 et n. 243 (S. Riquier) de 1126.

Pour les caractères externes, j’examinerai essentiellement les actes de Louis VI, car M. PROU n’a pas décrit dans le détail les originaux de Philippe Ier et s’est borné à en noter les dimensions.

Le graphique n. I (Dimension des actes originaux de Philippe Ier) montre que les actes originaux intitulés au nom de Philippe Ier sont dans leur grande majorité plus hauts que larges ; seuls sept d’entre eux ont une largeur supérieure à la hauteur, notamment le PROU n. 169 (Paris, N.-D.), haut de 43 mm et large de 140, datable [p. 67] de 1103–1108, qui est un mandement. Dans la majorité des cas, la hauteur est comprise entre 400 et 600 mm (21 fois sur 43) et la largeur entre 300 et 500 mm (à 24 reprises).

Le graphique n. II (Dimensions des actes originaux de Louis VI)7 révèle la persistance des mêmes habitudes durant la première partie du XIIe s. En effet, à l’exception de cinq actes, les originaux sont plus hauts que larges. 16 mesurent entre 500 et 600 mm de haut, 16 autres entre 400 et 500 mm, 27 entre 300 et 400 mm. De plus, si l’on fait le rapport hauteur / largeur pour l’ensemble des originaux de Louis VI, on arrive à un chiffre compris dans la moitié des cas entre 1 et 1, 2 et dans le quart des cas entre 1, 2 et 1, 4.

Sous Louis VI, la réglure est faite habituellement à la pointe sèche, exceptionnellement à la mine de plomb ou à l’encre. Le parchemin est toujours préparé à longues lignes, à l’exception de celui des DUFOUR n. 102 (Paris, N.-D.-des-Champs) et 116 (Pontoise, S. Martin), où l’on observe une réglure à deux colonnes, donc envisagée pour un manuscrit.

La justification est délimitée par un trait vertical à gauche en bon nombre de cas, surtout à partir de Louis VI, plus rarement à droite. Soulignons que celle du DUFOUR n. 274 (Paris, N.-D.) est particulièrement soignée.

Les actes sont habituellement écrits à longues lignes, du moins pour le texte  ; on trouve cependant sur quelques originaux une première ligne incomplète (par exemple sur le DUFOUR n. 67, Orléans, S. Croix) ou encore des alinéas, notamment pour le préambule, les formules finales. Dans de nombreux cas, la première ligne est totalement ou partiellement écrite en lettres étirées, parfois enclavées (par exemple le PROU n. 4, S. Denis, ou le DUFOUR n. 140 Paris, S. Geneviève) ; alors les divers mots qui la composent peuvent être séparés les uns des autres par des points disposés verticalement (par exemple DUFOUR n. 226, Orléans, S. Croix).

Habituellement, l’encre employée, à base de sulfate de fer, est noire avec des nuances très diverses. Un acte de Philippe Ier, le PROU n. 100 (S. Benoît-sur-Loire), offre la particularité de présenter maintenant une encre verte, à l’origine noire et à base de sulfate de cuivre8. Quant à l’encre rouge, on la trouve en une occasion, sur le DUFOUR n. 274 (Paris, N.-D.), déjà cité, pour la première ligne, les noms de personne et le monogramme.

Des différences dans la taille de la plume comme dans l’encre utilisée, visibles sur quelques originaux, témoignent de l’établissement fréquent des documents royaux en deux ou plusieurs temps. Ainsi observe-t-on sur les DUFOUR n. 216 (Paris, S. Geneviève) et 331 (Yerres) des teintes différentes pour le texte et l’eschatocole.

Les actes de Philippe Ier, comme de Louis VI, sont transcrits bien évidemment par un grand nombre de mains différentes. Voici les plus marquantes de ce dernier règne.

Tout d’abord, deux écritures de chancellerie.

Un scribe [A] a copié notamment les DUFOUR n. 70 (pour S. Denis), 97 et 157 (tous deux pour Paris, N.-D.) ; comme cette main se retrouve sur une charte-partie, intitulé au nom de Galon, évêque de Paris9, il est clair que des chanoines de Paris étaient alors en charge à la chancellerie royale.

[p. 68] Un autre scribe [B] ou des copistes apparentés ont transcrit un très grand nombre de diplômes, en deux périodes différentes (1120–1127 et 1132–1137), au cours desquelles Etienne de Garlande détenait la chancellerie  ; a contrario, elles ont disparu durant le cancellariat de Simon de Chécy (1128–1132). Nous avons donc affaire dans ces divers cas aux mains de clercs proches d’Etienne de Garlande qui le suivirent dans sa disgrâce, comme lors de son retour auprès du roi10.

Pour les écritures de destinataires, je me bornerai à mentionner une main génovéfaine (DUFOUR n. 29, 50 et 141) qui se retrouve sur deux chartes d’Etienne de Garlande, doyen de S. Geneviève, établies dans le chapitre de cette église et datant de 1116 et 111811.

Passons maintenant aux trois signes de validation employés par Philippe Ier et Louis VI : la croix, le monogramme et le sceau.

Sous Philippe Ier12, une croix, placée après le texte, est parfois accompagnée d’une expression telle que Signum Philippi regis ; dans quelques cas, elle est dite apposée de la main du roi. En ce qui concerne Louis VI, on la trouve en 1102 au bas d’un acte du prince royal (n. 7, Molesme), puis en 1113–1114 et pour la dernière fois en 1118 (n. 135 et 142  ; elle semble parfois autographe.)

Les monogrammes de Philippe Ier comme de Louis VI sont de dimensions et de formes très variables. M. PROU13 a répertorié avec soin ceux de Philippe Ier, à savoir :

  • un monogramme cruciforme à losange central, type commun, dont il existe cependant 14 variantes différentes ;
  • un monogramme cruciforme dépourvu de losange central, avec quatre variantes différentes ;
  • un monogramme carré à losange central, connu seulement en trois exemplaires ;
  • un monogramme carré dépourvu de losange central, conservé sur quatre actes.

Le monogramme de Louis VI, premier roi à porter ce nom depuis le règne de Louis IV (936–954) – si l’on excepte celui très bref de Louis V (986–987) –, est tout aussi varié dans le détail. Cependant dans ce cas, ce n’est pas la structure des traits qui diffère, mais les lettres qui lui servent de base  :

  • un premier, en 1106, est construit sur la lettre O (en forme de losange), sur lequel viennent se greffer les lettres L, D, S et C (DUFOUR n. 12, Compiègne, S. Corneille)14  ; pour A. LUCHAIRE15, ce monogramme, dit encore cruciforme, se rattache aux traditions carolingienne et, en partie, capétienne ;
  • un deuxième, bâti régulièrement à compter de 1108 sur la lettre H de Hludovicus, représente le monogramme courant et reprend la pratique carolingienne ; dans la quasi-totalité des dessins, la structure est identique et c’est dans le détail que changent la forme des traits, celle des lettres, la place exacte assignée à chacune des lettres secondaires16. La diversité de ce type doit être rapprochée de la multiplicité des mains ;
  • un troisième, basé sur la lettre L, est conservé en quatre exemplaires ; au bas de trois actes (DUFOUR n. 83 et 201, S. Pierre de Beauvais, 141, S. Geneviève de [p. 69] Paris), il donne l’ensemble des lettres de Ludovicus, disposées seulement de manière différente ; sur le 4e acte (DUFOUR n. 355, Yerres), il est minuscule et se réduit aux lettres L, D, V et U ; A. LUCHAIRE17 a souligné qu’ « il n’a point de similaires dans la diplomatique carolingienne et est purement capétien  ».

Les deux sceaux de majesté de Philippe Ier18 et celui de Louis VI19 sont étroitement apparentés. Ils diffèrent seulement dans le détail, que ce soit dans l’aspect physique des rois, leurs vêtements, les graphies des légendes.

Philippe Ier réutilise, de 1060 à 1069, la matrice du sceau de son père Henri Ier. Retenons que, sur ce sceau rond de 73 mm de diamètre, le roi, assis sur une banquette à deux étages d’arcatures, porte une épaisse barbe et des cheveux courts, ceints d’une couronne à trois pointes ; vêtu d’une longue dalmatique et d’un court manteau attaché à l’épaule droite, il tient de la main droite un fleuron et de la gauche un sceptre. La légende en est :

PHILIPus DeI GRatiA FRANCORVm REX

Le second sceau de Philippe Ier, connu de 1080 à 1103 / 1108, de facture plus soignée, rond et de 71 mm de diamètre, montre le roi assis sur un trône, orné d’avant-corps de lions et placé sur une estrade ; outre la dalmatique, Philippe Ier porte un manteau attaché par un fermail à trois pointes et tient de la main droite une verge et de la gauche un sceptre orné de noeuds et terminé par une fleur de lis. La légende, comportant le mot PHILIPPVS bien orthographié et écrit en entier, en est :

PHILIPPVS DeI GRatiA FRANCORVM REX

L’unique sceau de majesté de Louis VI, en usage durant tout le règne, rond et de 71 mm de diamètre, est étroitement apparenté au second sceau de Philippe Ier ; les seuls éléments vraiment différents que l’on peut y noter sont le large bandeau de la couronne et les trois boules du fermoir du manteau. La légende en est :

LVDOVICVS DeI GRatiA FRANCORVM REX

Ces divers sceaux sont faits de cire vierge plus ou moins pure, d’où les couleurs plus ou moins foncées qu’ils ont prises avec le temps ; en de rares occasions20, on note toutefois une coloration rougeâtre qui, selon G. TESSIER21, ne peut guère s’expliquer que par l’addition d’une matière colorante. Ils ont toujours été plaqués jusque vers 1110, du moins sur les diplômes. Auparavant, une charte d’Anne de Kiev, confirmée par son fils22, et deux mandements (dont le PROU n. 169)23 – trop petits pour porter un sceau plaqué – avaient été scellés d’un sceau pendant.

Au cours du règne de Louis VI, un lent changement se produit, comme le montre le graphique n. III (Scellement des actes de Louis VI). La date exacte de l’emploi du premier sceau pendant fait difficulté : il apparaît en effet d’une manière isolée en [p. 70] 1110, au bas du DUFOUR n. 46 pour Bonneval (qui n’est pas sans soulever des problèmes), puis à compter de 1113, au bas d’une des deux ampliations du DUFOUR n. 80 (Paris, S. Victor) ; en 1124, il est utilisé pour trois actes ; en 1128, il l’emporte pour la première fois sur le sceau plaqué et, en 1134, triomphe définitivement, soit peu de temps après le début du second cancellariat d’Etienne de Garlande (1132, après le 23 octobre).

Les attaches peuvent être en parchemin, sous forme de double queue (DUFOUR n. 293, 307, 320, 321, 356, 367, 369, 383, 409), en cuir, sous forme de simple courroie (DUFOUR n. 80 [A2]), de double courroie (DUFOUR n. 142, 285), ou encore de lanière (DUFOUR n. 233 [A2], 269, 284), exceptionnellement en soie, sous forme de lacs (n. 220). Il convient de rappeler aussi que Louis VI fut le premier, comme roi désigné, à disposer d’un sceau ante susceptum de type équestre (connu par une gravure de MABILLON24). Mme M. DALAS25 en donne la description suivante : « Le prince, vêtu d’une longue tunique et coiffé d’un heaume conique, tient de la main droite une lance ornée d’un gonfalon et de la gauche la bride de son cheval qui marche vers la droite ». Autour du champ du sceau, la légende se lit :

(Crux) SIGILLVM LODOVICI DESIGNATI REGIS

J’en viens maintenant aux caractères internes des diplômes de Philippe Ier et de Louis VI ou plus précisément à leur structure.

Les feuilles descriptives, établies par mes soins, donnent, en plus de la légende des sigles employés26, un échantillon de l’ensemble de ma recherche : l’exemple choisi pour Philippe Ier27 couvre les années 1067–1077 et concerne donc deux des périodes déterminées par M.O. GUYOTJEANNIN ; le premier exemple pris pour Louis VI28 intéresse le début du règne (1108–1113), tandis que le second29 a trait à la période 1125–1130, correspondant à la fin du premier cancellariat d’Etienne de Garlande et à une grande partie de celui de Simon de Chécy.

Outre les références à l’édition de PROU ou à la mienne, le nom du destinataire et la date, ces trois feuilles descriptives mentionnent pour chacun des diplômes les parties essentielles du protocole et de l’eschatocole, dans l’ordre où elles apparaissent. Afin de rendre plus évidents cet ordre ou encore l’absence d’une de ces parties, j’ai donné comme épine dorsale au protocole la suscription (Su) et à l’eschatocole d’une part la clause de corroboration (C), d’autre part la date (qu’elle comprenne les dates de lieu et de temps [Dlt] ou seulement la date de temps [Dt]).

J’ai aussi reporté certaines de ces données (relatives au préambule, aux clauses comminatoires, aux souscriptions de témoins ou des grands officiers) sur des graphiques, afin de discerner exactement l’évolution de leur présence.

D’une manière générale, ce qui saute aux yeux de prime abord – on pouvait d’ailleurs s’y attendre –, c’est la grande complexité, la grande diversité des schémas, notamment pour le règne de Philippe Ier.

Le schéma habituel du protocole est I-Su-P (Invocation verbale – Suscription – Préambule) ; remarquons toutefois une anomalie étonnante pour quatre actes, un de [p. 71] Philippe Ier (le PROU n. 153 : Paris, N.-D.), trois de Louis VI, dont un original (DUFOUR n. 41, S. Maur-des-Fossés, 43, Dreux, S. Etienne et 49, Chartres, S. Jean-en-Vallée), à savoir l’absence de suscription : puisque ces divers actes sont délivrés en faveur de destinataires différents, cette « négligence » est à mettre au compte d’un clerc de la chancellerie royale étourdi ou inexpérimenté.

Quant au préambule, le graphique n. IV (Dénombrement des préambules)30 montre la coupure nette de l’année 1113 ; en effet, jusqu’à cette date, une grande proportion d’actes en est dotée ; seules font exception les années 1085, 1092, 1106, cette dernière correspondant au début du cancellariat d’ Etienne de Garlande, et 1108. A partir de 1114, le pourcentage des diplômes à préambule chute.

Le schéma de l’eschatocole, comportant de nombreuses données, offre plus de complexité ; par là-même, il est plus riche d’enseignements.

Le graphique n. V (Dénombrement des clauses comminatoires)31 indique une évolution différente pour l’emploi des clauses comminatoires ; en effet, on n’en trouve que fort rarement après 1094 / 1095, exception faite des années 1113 et 1118.

L’examen du graphique n. VI (Dénombrement des témoins)32 permet de distinguer deux périodes bien distinctes pour ces trois-quarts de siècle ; jusqu’en 1114, une grande proportion de diplômes sont souscrits par des tiers ; à compter de 1115, de telles souscriptions deviennent rares, voire exceptionnelles.

En résumé, comme on pouvait s’y attendre, il n’y a en aucun cas solution de continuité dans l’aspect formel des actes en 1108 ; certaines habitudes changent en effet dans les dernières années du XIe s., d’autres en 1106 avec l’entrée en charge du chancelier Etienne de Garlande, d’autres, plus nombreuses, en 1112 / 1114.

En fait, l’acte royal évolue en fonction, non seulement du changement de personnel à la tête de la chancellerie royale, mais aussi des contingences historiques. Pour le règne de Philippe Ier, je rejoins pour l’essentiel les conclusions d’O. GUYOTJEANNIN33 qui a distingué trois temps : 1) l’héritage (1060–1067) ; 2) la transition (1067–1072) ; 3) la longue mise en place d’un nouveau type de diplôme capétien (à partir de 1073). Suivent, à mon sens, les périodes suivantes pour la fin du règne de Philippe Ier et celui de Louis VI ; 4) le début du premier cancellariat d’Etienne de Garlande (de 1106 à 1112 / 1113) ; 5) les innovations consécutives à la fondation de Puiseaux / S. Victor (1112 / 1113–1120) ; 6) l’hégémonie d’Etienne de Garlande (1120–1127) ; 7) le cancellariat de Simon de Chécy (1128–1132) ; 8) les modifications consécutives au retour en grâce d’Etienne de Garlande (1132–1137).

Tout d’abord le règne de Philippe Ier.

1) L’héritage (1060–1067). Deux phénomènes apparemment contradictoires marquent ces sept années : d’une part, le maintien des idées et des termes carolingiens, d’autre part la contamination de l’acte royal par l’acte privé, avec entre autres l’apparition de souscriptions de tiers.

2) La transition (1067–1072). Cette période est marquée par un certain accroissement du personnel de la chancellerie qui entraîne une diversification des formules. La différence entre préceptes ordinaires et préceptes mineurs touche alors [p. 72] moins au fond qu’à la forme. Les préceptes ordinaires peuvent comporter de longs préambules à base scripturaire, semblables à ceux que l’on trouvera au début du règne de Louis VI (DUFOUR, n. 29, Paris, S. Geneviève, de 1109) ; ils sont habituellement souscrits par des tiers, ecclésiastiques ou laïques ; leur date contient souvent des éléments multiples (indiction, épactes, éventuellement concurrents…). Les préceptes mineurs, plus brefs, conjuguent une grande homogénéité de structure et une grande diversité des expressions  ; ils se caractérisent par l’absence de préambule et le développement de la pétition.

3) La longue mise en place d’un nouveau type de diplôme capétien (à partir de 1073). La proportion des préceptes ordinaires diminue encore ; leur aspect extérieur est souvent soigné ; les préambules abandonnent généralement leur tonalité religieuse pour retrouver la tradition carolingienne. Mais surtout des modifications, tantôt momentanées, tantôt durables, apparaissent dans les éléments du discours diplomatique : le pronom personnel accompagnant la suscription royale est de plus en plus rare ; le nom du roi peut n’être cité que par ses deux initiales ; mais surtout la souscription des quatre grands officiers se met graduellement en place à partir des années 1070–1080 (graphique n. VII : Ordre des souscriptions des grands officiers sous Philippe Ier, de 1060 à 1105). Un autre fait important se produit alors, à savoir l’apparition des mandements.

Ensuite, la fin du règne de Philippe Ier et celui de Louis VI.

4) Le début du premier cancellariat d’Etienne de Garlande (de 1106 à 1112 / 1113). Avec l’arrivée à la chancellerie du jeune Etienne de Garlande, dont les chroniqueurs dénoncent à l’envi l’ambition démesurée en même temps que la grossièreté34, le diplôme capétien se caractérise alors tout à la fois par le maintien de formes anciennes, l’existence de formules particulières et le début d’une certaine « standardisation ».

Au titre du maintien de formes anciennes, il convient de citer l’emploi de clauses comminatoires, la fréquence des souscriptions de témoins, l’utilisation constante du sceau plaqué.

L’existence de formules ou données transitoires apparaît dans :

  • un type particulier de préambules – présents dans des actes délivrés en faveur d’églises différentes et donc établis par la chancellerie royale – exprimant à une quinzaine de reprises, avec des variantes de détail, l’idée que tout fait, s’il n’est pas confié à l’écrit, tombe partiellement ou totalement dans l’oubli35 ;
  • la notification Universis sanctae Dei Ecclesiae cultoribus…, avec de multiples variantes de détail, notamment pour le choix du verbe, qui disparaît presque à compter de 1112, totalement en 1118 ;
  • l’ordre des souscriptions des grands officiers qui peut alors être représenté par la formule 1234 (graphique VIII : Ordre des souscriptions des grands officiers sous Philippe Ier et Louis VI, de 1106 à 1137), ou pour être plus explicite sénéchal – connétable – bouteiller – chambrier ;
  • le prénom des grands officiers qui est fréquemment suivi d’un déterminant (ex. Wido de Turri) ;
  • [p. 73] l’emploi d’un chrisme, faisant pendant au monogramme, sur six originaux de 1111 et 111236  ;
  • la coexistence de deux types de formules de souscription de chancellerie, l’un objectif, emprunté à la chancellerie pontificale, Data per manum talis cancellarii, l’autre subjectif (variant dans le détail), tel que Talis cancellarius relegendo subscripsi.

Un début d’uniformisation se manifeste enfin dans l’apparition de la formule introductive des souscriptions des grands officiers, destinée à un grand avenir : Astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa.

5) Les innovations consécutives à la fondation de Puiseaux / S. Victor (1112 / 1113–1120).

  • à compter de 1112, le déterminant accompagnant le prénom des grands officiers disparaît complètement, d’où quelque difficulté pour procéder à certaines identifications ;
  • pour la souscription de chancellerie, seul ou à peu près subsiste le type objectif à partir de 111337,
  • le sceau pendant commence à être employé assez fréquemment à compter de cette même date.

Subsistent cependant encore quelques exemples de clauses comminatoires en 1113–1114 (n. 81, Étampes, N.-D., 82, Meung-sur-Loire, S. Liphard, 84, Pithiviers, S. Pierre, 86, Givaudins, 87, S. Denis et 97, Paris, N.-D.).

Les années 1112 / 1113 marquent donc un tournant important dans les habitudes de la chancellerie royale, comme l’ont déjà remarqué A. LUCHAIRE38 et G. TESSIER39. Mais les raisons profondes de cette transformation sont difficiles à déceler : on peut y voir bien sûr une conséquence de la fondation de Puiseaux / S. Victor (1112 / 1113), faite à l’instigation de Guillaume de Champeaux, archidiacre de Paris, puis évêque de Châlons-sur-Marne en 1113 ; peut-être aussi ce dernier, qui continua à venir enseigner à Paris40 et donc à rester en contact étroit avec les évêques de cette cité, Galon (mort le 9 mars 1117), puis Girbert II, jusqu’à sa mort en janvier 1121, fit-il entrer à la chancellerie royale des clercs de N.-D. de Paris. Cela coïnciderait avec l’éloignement de Simon de Chécy de l’entourage royal et même avec un léger recul d’Etienne de Garlande.

6) L’hégémonie d’Etienne de Garlande (1120–1127). A la mort de son frère Guillaume, Etienne de Garlande ajoute à sa charge de chancelier celle de sénéchal – fait unique pour un clerc –, d’où l’expression d’a rege secundus que lui donne la chronique de Morigny41. Dans les actes royaux, cette hégémonie transparaît dans la mise en place d’une équipe de clercs, petite certes, mais cohérente, dont l’écriture est aisément identifiable. De nombreux préceptes mineurs au formulaire allégé sont alors produits ; leur structure la plus fréquente s’écrit I-Su / C-Dlt–1324-SC (Invocation verbale – Suscription / Formule de corroboration – Dates de lieu et de temps – Souscriptions des grands officiers, ordonnées selon la formule 1324 – Souscription de chancellerie). L’ordre de préséance des grands officiers a donc changé, le bouteiller Gilbert de Garlande prenant le pas sur le connétable Hugues de Chaumont.

[p. 74] 7) Le cancellariat de Simon de Chécy (1128–1132). Au cours du second semestre de 1127, Etienne de Garlande, trop ambitieux, en butte à l’hostilité d’une grande partie de l’entourage royal et en particulier de la reine Adélaïde, est disgracié ; le nouveau chancelier, Simon de Chécy, obtient le renvoi des clercs engagés par Etienne de Garlande et prend auprès de lui un nouveau copiste. Le cadre formel des actes royaux se modifie : le type de préceptes mineurs décrit à l’instant disparaît presque ; on adopte par exemple un type particulier de notification Omnibus notum esse volumus quod ; l’ordre de préséance des grands officiers est modifié du fait de la vacance de la charge de sénéchal, devenue trop dangereuse aux yeux du roi.

8) Les modifications consécutives au retour en grâce d’Etienne de Garlande (1132–1137). Peut-être à la suite de la mort du chancelier Simon de Chécy, Etienne de Garlande récupère le cancellariat, mais non le dapiférat qui est confié à une personne sûre, Raoul de Vermandois, cousin du roi. Etienne de Garlande rappelle les clercs qui avaient été à son service entre 1120 et 1127 et commande de nouveau l’établissement de préceptes mineurs : préambules, clauses comminatoires, souscriptions de témoins ont donc pour ainsi dire disparu. Le sceau pendant triomphe définitivement du sceau plaqué en 1134. L’ordre de préséance des grands officiers correspond comme dix ans plus tôt à la formule 1324, Guillaume Ier de Senlis, dit le Loup, occupant alors la charge de bouteiller.

Il me reste à présenter les lettres missives et les mandements qui apparaissent sous Philippe Ier, à partir de 1089, donc lors de l’archicancellariat de Geoffroy Ier de Boulogne, évêque de Paris42. Pour ce règne, on en compte sept, dont l’original PROU n. 169, déjà cité. Mandements et lettres, fort brefs, ont alors à peu près la même structure et se distinguent des préceptes par un cadre formel restreint : le protocole, dépourvu d’invocation verbale, est réduit à la suscription, à l’adresse et à une salutation (souvent salutem ou salutem et gratiam nostram) ; l’eschatocole, sans clause de corroboration ou date, se limite à une salutation (vale ou valete). En réalité, la différence essentielle entre mandements et lettres réside dans le ton employé : les mandements contiennent en général un verbe ou une expression verbale exprimant avec force l’ordre, la volonté du roi (mandamus, mandamus tibi et precamur), à moins que ce ne soit une interdiction formelle (prohibeo et defendo) ; le verbe présent dans le dispositif des lettres exprime une invite avec plus de tact (rogamus). Notons, bien sûr, que ces documents, dépourvus de monogramme, étaient scellés ; mais alors que les mandements portaient un sceau pendant à l’instar du PROU n. 169, le mode de scellement des lettres – nécessairement closes – devait être différent.

Le règne de Louis VI est marqué par l’accroissement du nombre des mandements et des lettres : j’ai en effet compté quatorze mandements, dont sept sont conservés, et trente-trois lettres, dont quinze conservées. Les mandements, adressés souvent aux agents royaux (quatre sur quinze) – ce qui dénote un développement certain de l’« administration » locale43 et aussi la volonté de Louis VI de mieux contrôler les affaires sur le terrain – sont établis selon une structure assez précise, très proche de celle des mandements de Philippe Ier. En revanche, les lettres de Louis VI ne suivent [p. 75] aucune règle précise et paraissent donc informes ; entre autres, elles comportent rarement de salutation finale. Cette diversité tient, me semble-t-il, d’une part à la multiplicité des destinataires (papes, cardinaux, évêques) et des affaires concernées (reconnaissance du pape Innocent II, convocation à une assemblée), d’autre part à la hâte mise pour les rédiger : il en va par exemple ainsi des trois lettres que Louis VI envoie dans les mêmes jours à son cousin Hugues, évêque de Châlons-sur-Marne, au clergé et au peuple de cette cité44.

Un mot, enfin, à propos du DUFOUR n. 404, concernant Évrard, doyen de Melun : contrairement à G. TESSIER45 qui estimait ce document aberrant, j’y vois l’origine des lettres patentes, nouvelle catégorie d’actes appelés à proliférer par la suite : débutant par une notification universelle, il est dépourvu d’invocation verbale, de formule de corroboration, de liste de grands officiers, de monogramme et de date ; vu sa petite taille, il ne pouvait être scellé que d’un sceau pendant46.

En conclusion, cette étude de la typologie des actes de Philippe Ier et de Louis VI a fait ressortir particulièrement deux faits en apparence antinomiques. En premier lieu, ces actes paraissent, sinon informes, du moins établis sans véritables règles constantes ; cela tient avant tout au rôle encore important que les destinataires continuèrent à jouer fréquemment dans leur rédaction. Mais, en second lieu, la chancellerie royale, se libérant peu à peu des habitudes anciennes, chercha, notamment sous Etienne de Garlande, en charge durant plus d’un quart de siècle, à élaborer des actes qui répondent mieux aux nécessités d’une administration plus active ; les préceptes mineurs, au cadre formel allégé, se multiplient ; mandements et lettres dénotent, à partir de la fin du XIe s., tout à la fois des relations plus fréquentes entre pouvoir royal et agents locaux et la volonté royale de traiter personnellement et directement d’affaires particulières, par exemple avec la papauté.

[p. 78] Structure des actes de Philippe Ier et de Louis VI

Légende :

  • C = Formule de corroboration
  • Dl = Date de lieu ; Dlt = Dates de lieu et de temps ; Dt = Date de temps ; Dtl = Dates de temps et de lieu
  • GO = Grands officiers
    • 1 = sénéchal ; (1) = personnage tenant lieu de sénéchal ; 15 = sénéchal et chancelier
    • 2 = connétable
    • 3 = bouteiller
    • 4 = chambrier
    • 5 = chancelier
    • chiffre barré = charge vacante
  • I = Invocation verbale
  • M = Clause comminatoire
  • P = Préambule
  • p = Souscription du prince, roi désigné
  • R = Souscription du roi
  • r = Souscription de la reine
  • SC = Souscription de chancellerie
  • SN = Souscription d’un notaire
  • Su = Suscription
  • T = Souscriptions de témoins

[p. 79] Structure des actes de Philippe Ier : exemple (1067–1077)

N. Destinataires Protocole Eschatocole Dates
29 S. Denis I Su P C R T+4+1 Dlt SC T 1067, 27. V
30 P., S. Mart. / Champs I P Su C M Dlt R T+1+4+2+3 1067, 29. V
31 Reims, S. Denis I Su P C 1067, av. 4. VIII
32 S. Benoît / Loire Su C T+r+4+1+2+3 Dlt SC 1067
37 S. Benoît / Loire Su C Dlt R T+1+2+3 1067 / 68
38 Meung / Loire, S. Liph. Su Dlt SC+C 1068, av. 4 : VIII
39 Senlis, N.-D. I Su C Dlt T+4+1+3+2 SC 1068, 15. VI
40 S. Denis I Su P M C R SC Dt+Dl 1068, 1. VIII
41 Erfroi (Saumur, S. F.) I Su C Dlt SC 1069, av. 4. VIII
42 Châteaufort, S. Ch. I Su C Dlt R 1069, av. 4. VIII
43 Senlis, S. Vincent I Su P C Dlt T+4+1+2+3 SC M 1069, av. 4. VIII
45 Pontoise, S. Germ. I Su P C T+1+3+2+5 Dlt 1069
46 Gisors, S. Ouen I Su Dlt M T+4+1 R SC 1069, av. 4. VIII
51 Ferrières I P Su C T+4+2+1 1070, 18. III
52 Sens, S. Pierre / Vif I Su P Su C R T+4+1+3+2 SC 1070, 18. III / 4. VIII
53 P., S. Mart. / Champs I P Su C R T Dlt 1070, 5. V
54 S. Benoît / Loire I Su 4+1+3+2 Dlt SC 1071, av. 4. VIII
55 S. Benoît / Loire I Su C R+4 Dlt 1071, av. 4. VIII
57 Montier-la-Celle I Su P C Dlt R T SC 1071, 25. IV
58 Montier-la-Celle I Su P C Dlt R T SC 1071, 25. IV
61 Laon, N.-D. I Su P C M R T+1+4+3+2 Dlt SC 1071, ap. 25. XII
62 Paris, S. Magloire I Su M C T+4+1+3 Dlt T+R SC 1072, ap. 23. V
63 S. Germain / Laye I Su C Dlt T 1073, 21. V
64 P., S. Germain / Prés I Su P C M Dlt R T 1073
65 S. Denis I Su C M Dlt T+1+2+3 SC 1073
66 Bourgueil, S. Pier. I Su C T+1+2+4 Dlt+Dt SC 1074
67 Sens, S. Colombe I Su C M 1+T+4+2+R Dlt+Dt SC 1074, av. 4. VIII
71 Puiset, S. Martin I Su M C Dlt SC 1074 / 75
72 Aire, S. Pierre I Su Dt T 1075
73 Paris, S. Magloire Su M Dlt T 1075
76 Cluny I Su C T+1+2+4 Dlt SC 1075, av. 23. V
77 S. Mesmin / Micy I Su P C Dlt SC 1+3+4+23 1075, ap. 23. V
78 Tournus I Su P M C T+1+4+3+2+R Dlt SC 1075, ap. 23. V
79 Cluny I Su C+1+3+4 Dlt SC 1075 / 76
81 Douai, S. Am I Su P Su+Dt+T+4+1+3+2 SC Dt 1076, II
82 Soissons, S. J. / Vign. Su P C T SC T 1076, ap. 4. VIII
84 Poitiers, Montiern. I Su C T+4 R Dlt 1076, 14. X
85 Charroux I P Su C Dlt [SC] 1077
86 Autun, S. Symphor I Su P C Rr T+1+2+4+3 Dlt SC 1077, av. 23. V
87 Orléans, S. Gervais I Su P C R T+1+4+2+3 Dlt+SC 1077, av. 23. V
89 Cluny I Su T R Dt 1077, av. 23. V

[p. 80] Structure des actes de Louis VI : 1er exemple (1108–1113)

N. Destinataires Protocole Eschatocole Dates
19 S. Benoît / Loire I P Su 1234 Dlt SC T 1108, peu ap. 3. VIII
20 Plaimpied I Su Dlt C SC 1108 (ns), ap. 3. VIII
21 Sens, S. Pierre / Vif I Su P Su C Dlt 1324 T SC 1108, ap. 3. VIII
22 Paris, N.-D. Su P Su M C 1234 T Dlt SC 1108, ap. 3. VIII
24 Orléans, S. Samson I Su P C 1234 Dlt SC 1108 [v. 25. XII]
26 S. Benoît / Loire I Su C T 1234 Dlt SC 1109 [I-II]
27 S. Benoît / Loire I Su P Dlt 1 T SC 1109 [I-II]
29 Paris, S. Genev. I P Su M C 1234 Dlt SC 1109 [f. IV–2. VIII]
30 Senlis, S. Framb. I Su P C 1243 Dlt SC 1109 [f. IV–2. VIII]
31 Tournai, S. Martin I Su Dlt 1235+T 1109 [f. IV–2. VIII]
32 Mont-S. Quentin I Su P M C 1234 T Dlt SC 1109 [f. IV–2. VIII]
34 Chartres, S. Père I Su P C 15243 Dlt SC 1109, ap. 3. VIII
37 S. Mart. / Champs I P Su C 1 T Dlt SC 1110, 4. II
39 E. Noël (Senl., ND) I Su C Dlt 1110, av. 3. VIII
40 S. Denis I Su C Dlt 1 T SC T 1110, av. 3. VIII
41 S. Maur / Fossés I P C 1234 Dlt SC 1110, av. 3. VIII
43 Dreux, S. Etienne I P C 1234 Dlt T SC 1110, av. 3. VIII
45 S. Mesmin / Micy I Su P C Dlt SC 1110 [15. VIII–14. IX]
46 Bonneval I Su P C Dlt T 1110, 14. IX
49 Chartres, S. Jean / V I P C 1234 Dlt SC T 1111 [av. 12. III]
50 Paris, S. Genev. I P Su C 1234 Dlt SC T D 1111 [av. 12. III]
52 Reims, S. Remi I Su P Dlt T 1324 SC 1111, 21. V
53 Beauvais, S. Quent. Su P Su Dlt T 1324 SC 1111, 21. V
54 Compiègne I Su P [1111, v. 21. V]
56 S. Mart. / Champs I Su P C 1234 Dlt SC 1111, av. 3. VIII
57 Senlis, N.-D. I P Su C 1324 Dlt SC 1111, av. 3. VIII
58 Chartres, N.-D. I P Su M Dlt 1234 C SC 1111 [f. V–2. VIII]
59 S. Denis I P Su C Dlt 1234 SC 1111, peu ap. 3. VIII
60 Barth / Fq (P. / N.D.Ch) I Su C T+5 Dlt SC 1111, 31. XII
64 Puiseaux I P Su C T Dlt SC 1112 [av. 18. IV]
65 H. Lor (P., S. Magl) I Su P C 1342 Dlt SC T 1112 [av. 18. IV]
66 S. Benoît / Loire P Su C 1234 Dlt SC T 1112 [f. IV–2. VIII]
67 Orléans, S. Croix I Su P Su C 1234 Dlt SC 1112 [f. IV–2. VIII]
68 Orléans, lépreux I Su P C 1324 Dlt SC 1112 [f. IV–2. VIII]
69 Morigny I Su Dlt 1342 C T SC T 1112 [f. IV–2. VIII]
70 S. Denis I Su P 1324 Dlt SC [1112, f. IV–2. VIII]
71 Compiègne, S. Co. I Su P M C Dlt 1324 SC 1112 [f. IV–2. VIII]
72 Poissy, N.-D. I Su P Dlt C 1324 SC T 1112 [f. IV–2. VIII]
74 S. Denis I Su Dlt C 1324 SC 1112, ap. 3. VIII
80 Paris, S. Victor I P Su C T+R+T Dlt SC 1243 1113 [21. V–2. VIII]
81 Étampes, N.-D. I P Su M Dlt R SC 1234 T 1113, av. 3. VIII

[p. 81] Structure des actes de Louis VI : 2ème exemple (1125–1130)

N. Destinataires Protocole Eschatocole Dates
228 Prémontré I Su C 15–324 Dlt T SC 1125, av. 3. VIII
229 Laon, évêque I Su P C R T Dl+SC(+1)+Dt 1125, 4. X
231 S. Leu / Esserent I Su C Dlt 1324 SC 1125, ap. 3. VIII
232 Orléans, S. P. / Puel. I P Su C Dlt 1324 SC 1125, ap. 3. VIII
233 Paris, S. Victor I P Su C Dlt T 1324 SC 1125, ap. 3. VIII
235 Coulombs I Su C Dlt 1324 SC 1125, ap. 10. IX
238 S. Leu / Esserent I Su C Dlt 1324 SC 1126, 14. IV
239 Noyon, N.-D. I Su P C Dlt 1324 SC 1126, av. 3. VIII
240 Cuissy Su C Dlt 1324 SC 1126, av. 3. VIII
241 Geof. « Silvestr. » I Su C Dlt 1324 SC [1126] av. 3. VIII
242 Corbeil, N.-D. I Su C Dlt 1324 SC 1126, ap. 3. VIII
243 S. Riquier acte privé Su C Dlt 1324 T SC R 1126 [ap. 3. VIII]
246 S. Germain / Laye Notice 1127 (ns) [1–3. II]
252 Orléans, S. Croix I Su C Dlt 1324 SC 1127 [I–III / V–VIII]
253 Bourges, S. M. / Ch. I Su C Dlt 1324 SC 1127, ap. 3. VIII
254 Bourges, S. M. / Ch. I Su C Dlt 1324 SC 1127, ap. 3. VIII
256 Laon, S. Martin I Su C Dlt 1324 SC 1127, ap. 3. VIII
261 Chartres, N.-D. Su P M C Dlt 324(1) 1128 [av. 10. V]
262 P., S. Mart. / Champs I Su C Dlt 324(15) SN 1128 [av. 10. V]
263 Laon, N.-D.-S. Jean I Su C Dlt 324(1) SC 1128, 10. V
266 P., S. Mart. / Champs I Su C Dlt 324 SC 1128 [10. VI]
269 S. Paul / Beauvais I Su C Dt 324 Dt SC 1128 [10. V–2. VIII]
270 Champeaux, S. Mart. I Su C 324 Dt SC 1128 [10. V–2. VIII]
272 Chartres, N.-D. I Su C 324(1) Dt SC 1128 [10. V–2. VIII]
273 Igny P Su C Dlt T 324(1) SC 1128 [f. V–2. VIII]
274 Paris, N.-D. I P SSu C (1)5342 Dlt 1128, [f. V–2. VIII]
275 Chelles, « commune » I Su C Dlt (1)324 SC 1128 [f. V–2. VIII]
276 Chelles, S. Bath. I Su P C Dlt 24(1)3 SC [1128, f. V–2. VIII]
277 Laon, « paix » I Su C Rpr (1)324 Dt Dl+SC+Dt 1128, 26. VIII
280 Dreux, S. Etienne P Su [1120, 18. IV–1129, 13. IV]
281 S. Denis / Argent. I SSu P C Rpr (1)35 Dlt 1129, 14. IV
283 Bruyères, « paix » I Su C Rrp (1)3 Dl+SC+Dt [1129] 20. IV
284 Bruyères I Su P C Rrp (1)324 Dl+SC+Dt [1129] 20. IV
285 Senlis, S. Vincent I P Su C p 342(1) Dlt SC M 1129 [20. IV–2. VIII]
286 Suzy I Su C p 324(1) Dt SC 1129 [14. IV–2. VIII]
287 Paris, S. Magloire I Su P C p 324(1) SC+Dt 1129 [14. IV–2. VIII]
288 Orléans, S. P. / Puel. I Su C p 324(1) Dt SC 1129 [14. IV–2. VIII]
289 Tiron I Su C p 324 Dt SC 1129 [14. IV–2. VIII]
292 Ourscamp I Su P Rp T [1130, av. 14. IV]
293 Senlis, S. Vincent I Su C p 324 Dt SC 1130 [14. IV–2. VIII]
294 Pier. ch. (Orl., SC) I Su C p 324 Dlt SC 1130 [14. IV–2. VIII]
295 Cluny I Su C p 324(1) Dt SC 1130, av. 3. VIII
[p. 82]
Dimensions des actes originaux de Philippe Ier
[p. 83]
Dimensions des actes originaux de Louis VI
[p. 84]
Scellement des actes de Louis VI
[p. 85]
Actes de Philippe Ier et de Louis VI – Dénombrement des préambules
[p. 86]
Actes de Philippe Ier et de Louis VI – Dénombrement des clauses comminatoires
[p. 87]
Actes de Philippe Ier et de Louis VI – Souscriptions de témoins
[p. 88]
Ordre des souscriptions des grands officiers sous Philippe Ier (de 1060 à 1105)
[p. 89]
Ordre des souscriptions des grands officiers sous Philippe Ier et Louis VI (de 1106 a 1137)
[p. 90]
1. Lettre de Louis VI aux cardinaux. Dufour nr : 291
[p. 91]
2. Mandement de Philippe I à Notre-Dame de Paris. Prou, nr. 169
[p. 92]
3. Louis VI pour Notre-Dame de Paris. Dufour, nr. 274
[p. 93]
4. Louis VI pour Sainte-Croix d’Orléans. Dufour, nr. 67
[p. 94]
5. Philippe I pour Saint-Denis. Prou, nr : 4
[p. 95]
6. Louis VI pour Sainte-Geneviève de Paris. Dufour, nr : 140
[p. 96]
7. Louis VI pour Sainte-Croix d’Orléans. Dufour, nr : 226
[p. 97]
8. Louis VI pour Saint-Denis. Dufour, nr. 70
[p. 98]
9. Galon, évêque de Paris, pour Saint-Martin-des-Champs. A.N.K 21 A, 13
[p. 99]
10. Lettre patente de Louis VI pour Évrard, doyen de Melun. Dufour, nr  : 404

1 A son propos, cf. notamment le compte-rendu de J. FLACH, dans : Journal des savants, n. s., 9e année, 1911, p. 389–402.

2 A son propos, cf. L. CAROLUS-BARRE, op. cit.

3 A son sujet, cf. R.-H. BAUTIER, op. cit.

4 Cf. J. DUFOUR, Louis VI, roi de France (1108–1137)…, p. 464, fig. 10 : carte des destinataires des actes de Louis VI.

5 Cf. Planche 1.

6 N. 1 (Reims, S. Remi), 4 (S. Mesmin-de-Micy), 5 (Morigny), 6 (Molesme), 10 (Étampes, N.-D.) et 14 (S. Maur-des-Fossés). En gras sont indiqués les actes conservés en original, en caractères normaux ceux conservés par des copies.

7 Cf. Planche 2.

8 A ce sujet, cf. A. GIRY, Manuel de diplomatique, Paris, 1894, p. 502 ; M. PROU, Philippe Ier, p. 258, n. 1.

9 Archives nationales, K 21A, n. 13 ; d. J. DEPOIN, Recueil de chartes et documents de Saint-Martin-des-Champs, monastère parisien, t. I, Paris, 1912, p. 197, n. 124 ; à ce sujet, cf. J. DUFOUR, Recueil des actes de Louis VI, t. I, p. 153, n. 3.

10 On peut ajouter que cette même écriture se retrouve sur un acte de Louis VII de 1137 (cf. A. LUCHAIRE, Études sur les actes de Louis VII, Paris, 1885 (réimpr. 1964), n. 8 ; F. GASPARRI, L’écriture des actes de Louis VI, Louis VII et Philippe Auguste, Genève-Paris, 1973, pl. XIII [14]), c’est-à-dire après qu’Etienne de Garlande a quitté officiellement l’entourage royal.

11 Archives nationales, L 879, n. 59 (éd. B. GUÉRARD, Cartulaire de Notre-Dame de Paris, t. I, p. 147, n. I ; cf. LUCHAIRE, Louis VI, n. 208) et S 163 (éd. R. de LASTEYRIE, Cartulaire général de Paris, p. 202, n. 179) ; à ce sujet, cf. J. DUFOUR, Recueil des actes de Louis VI, t. I, p. 57, n. 2.

12 Cf. M. PROU, Philippe Ier, p. CXVIII-CXIX.

13 Philippe Ier, p. CXIX-CXXIV et pl. I, IV.

14 Notons que ce monogramme est très proche de celui d’un précepte de Louis IV, également pour S. Corneille de Compiègne (éd. Ph. LAUER, Recueil des actes de Louis IV, roi de France…, Paris, 1914, p. 8, n. IV).

15 Sur deux monogrammes inédits de Louis le Gros, dans : Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Comptes rendus des séances de… 1886, 4e série, t. XIV, 1887, p. 460.

16 Cf. par exemple J. DUFOUR, Louis VI, roi de France (1108–1137)…, p. 458, fig. 1 : monogramme du DUFOUR n. 21 (Sens, S. Pierre-le-Vif).

17 Op. cit., p. 461.

18 A ce propos, cf. PROU, Philippe Ier, p. CXXIV-CXXIX ; Archives nationales. Corpus des sceaux français du Moyen Âge. T. II. Le sceaux des rois et de régence par M. DALAS, Paris, 1991, n. 63 et 64.

19 Ibid., n. 66.

20 N. 233 (Paris, S. Victor : A2), 356 et 369 (Paris, S. Victor) ; il en allait de même du sceau perdu des n. 31 (Tournai, S. Martin : couleur rouge brique), 165 (Senlis, S. Vincent : scel en cire blanche couvert d’un vernis rougeâtre), 218 (Josaphat : en cire blanche rougeâtre), 310 (Les Echarlis : en cire rouge), 358 (Paris, S. Victor : de cera rubea) et 378 (Laon, N.-D. : scellées en… cire vermaille).

21 Diplomatique royale française, Paris, 1962, p. 214.

22 PROU, Philippe Ier, n. 36 (1060–1067).

23 Ibid., n. 137 (1090–1100) et 169 (1103–1108).

24 De re diplomatica, p. 427 ; cf. aussi J. DUFOUR, Louis VI, roi de France (1108–1137)…, p. 464, fig. 5.

25 Corpus des sceaux…, n. 65.

26 Cf. Planche 3.

27 Cf. Planche 4.

28 Cf. Planche 5.

29 Cf. Planche 6.

30 Cf. Planche 7.

31 Cf. Planche 8.

32 Cf. Planche 9.

33 Les actes établis par la chancellerie royale…

34 Yves de Chartres le qualifie ainsi de : homo illitteratus, aleator, mulierum sectator, publice olim de adulterio publico infamatus (Epist. LXXXIX, éd. P.L., t. 162, col. 109).

35 Cf. notamment n. 45 (S. Mesmin-de-Micy), 49 (Chartres, S. Jean-en-Vallée de Chartres), 65 (Henri le Lorrain : fonds de S. Magloire de Paris), etc.

36 Notons que cela ne se reproduisit par la suite qu’en une seule occasion sous Louis VI, en 1132 (DUFOUR n. 333 [S. Martin-des-Champs]).

37 Au sujet de cette formule, cf. G. TESSIER, Diplomatique royale française, p. 222-223.

38 Louis VI, p. 298 et 308.

39 Diplomatique royale française, p. 214 (à propos de l’apparition du sceau pendant au bas des diplômes).

40 Cf. R.-H. BAUTIER, Paris au temps d’Abélard, dans : Abélard en son temps. Actes du colloque international organisé à l’occasion du 9e centenaire de la naissance de Pierre Abélard (1979), Paris, 1981, p. 54.

41 Ed. L. MIROT, Paris, 1912, p. 34.

42 A son sujet, cf. J. DEPOIN, Essai sur la chronologie des évêques de Paris de 768 à 1138, dans : Bulletin historique et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1906, p. 238 ; M. PROU, Philippe Ier, p. LVI.

43 A ce propos, cf. J.-F. LEMARIGNIER, Autour des premiers Capétiens (987–1108). D’un réseau d’encadrement à un embryon d’administration locale, dans : Histoire comparée de l’administration (IVe s.–XVIIIe s.). Actes du XIVe colloque historique franco-allemand (Tours, 27 mars–1er avril 1977), Munich, 1980, p. 245.

44 DUFOUR n. 77, 78 et 79.

45 Diplomatique royale française, p. 231.

46 Le n. 325 (Dilo), comportant une invocation verbale, lui est apparenté.