École des chartes » ELEC » Correspondance d'Antoine Du Bourg » Année 1536 » François Ier à Antoine Du Bourg

François Ier à Antoine Du Bourg

. — Valence

1. Paiement des soldes des troupes de Turin et des fantassins de La Mirande. 2. Retardement du remboursement pour les 10 000 écus empruntés par Jean Joachim de Passano et du paiement des 10 000 écus dus à Octavien Grimaldi. 3. Priorité à donner au paiement des troupes du camp du roi.

  • Orig. jadis scellé d’un cachet rouge au verso. Arch. nat., J 965, dossier 5, pièce n° 16, 22,5 cm x 32,4 cm, papier, 1 page.
[adresse au dos] À monsr le chancelier.

Monsr le Chancellier,

[1.] J’ay receu votre lettre du xxiiiie de ce moys et par icelles entendu, aussi par ce que le general de Normandye m’en a dict, la bonne dilligence et ordre qu’avez mise pour satisfaire au payement des parties dont je vous ay cy devant escript, tellement qu’il ne reste plus pour le present à fornir sinon la soulde de ceulx de Thurin du moys qui commancera le premier de septembre prouchain, montant lvim £, et des gens de pied de La Myrande pour ung autre second moys qui doit commancer environ le quinzeisme dud. septembre, qui pourra monter iiiixxm £, qui sont deux parties plus que neccessaires et forcees, et sans lesquelles satisfaire je tiens non seullement ce qui y a esté cy devant emploié perdu, mais tout le demorant de l’affaire de ceste guerre fort recullé, avec le peu de reputacion qui en adviendroit. Par quoy vous prie, Monsr le Chancellier, voulloir tant faire que lesd. deux parties soient faict tenir1 et, pour ce faire, vous ayder mesmement pour celle dud. Thurin de portion des lxiiiim £ qui sont bons a Lyon par l’estat que vous avez faict tenir aud. general, par lequel restera encores viiim £, qui pourront servir, actendant autres deniers advenir pour fornir à partie du paiement des Suisses qui restent a faire de la derreniere levee. Et, lesd. Suisses satisfaictz et passez, est plus que besoing des premiers deniers apportez par de la satisfaire ausd. iiiixxm £ de La Myrande, car j’espere que, led. prouchain mois paié, l’emprinse2 pour laquelle a été faicte lad. levee sera mise à execution. Et ne fauldra en l’advenir continuer lad. depense.

[2.] Aussi je treuve tres bon de povoir tant faire avec le bancquier qui a charge de recouvrer les xm escuz que Jehan Joaquin a faict prester à Venise, qu’il en puisse actendre son remboursement jusques aux paiemens de la presente foire ou de la prouchaine, et pareillement a Grysmaldy faire le semblable des autres xm escuz qu’il fault faire delivrer a cause du voiaige de Marillac, et de leur faire avant quelque don pour leur interest.

[3.] Aussi ay entendu par vosd. lettres la provision que avez donnee à faire tenir à mon cousin le grant maistre viixxm £ dont j’ay esté tres aise et vous prie, Monsr le Chancellier, que à mesure et ainsi que deniers viendront à Lyon, soit de mes finances ordinaires, don gratuit ou autres parties extraordinaires, vous le faictes achemyner la part que sera mon camp ou je me delibere en brief trouver. Et s’il y avoit faulte à la soulde des gens qui y sont, je vous laisse penser quel service j’en pourrois tirer, à quoi je suis certain que avez mis et mectrez toute peyne a vous possible pour y satisfaire, car de la partie des lvm £ de Languedoc dont m’escripvez, led. general m’a fait entendre en avoir receu porcion en ceste ville, sur quoy il a forny environ xviiim tant livres pour l’affaire de Guyenne, Montmelliant et rempars que faictz faire en cested. ville. Et le surplus de ce qu’il recevera sera porté aud. camp, car de ce qu’il avoit apporté de Lyon en a esté emploié la plus grant partie a quelques dons faictz aux Suisses et autres parties qui surviennent dont il vous envoira de brief l’estat. Et entendez, Monsr le Chancellier, que la moindre despense qui se peult faire de deça, elle se fait affin que d’autant l’en puisse espargner pour emploier au paiement de l’extraordinaire de mes guerres. Vous aurez sceu la provision qui a esté donnee pour les payemens de Picardie et Champagne, a raison de quoy pour quelque temps mes finances seront d’autant soulagees, qui est ce que vous escripray quant à present, sinon que Dieu vous ait en sa saincte garde.

Escript à Vallence le xxviie jour d’aoust mil cinq cens trente six.

François.

J. Breton.


1 Soient faict tenir: soient donnés.
2 Emprinse: entreprise.