Accueil « »
1850
1849
1851
11 janvier 1850 (39e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Lenormant, Paul Lacroix, Mercey, Vaudoyer, Questel, de Lasteyrie, de Maleville, Vitet, Blanc, Courmont.
Ventes Préault et Labarthe à Paris (Seine)

M. du Sommerard est introduit dans le sein de la Commission. Il fait connaître quels seraient les objets qui lui paraîtraient devoir être achetés aux ventes Préault et Labarthe, pour être ajoutés à la collection du Musée de Cluny.

MM. Lenormant et Mérimée, qui ont été visiter les expositions de ces deux ventes, partagent les idées de M. du Sommerard ; ils appellent toutefois son attention sur quelques objets que M. du Sommerard n'avait pas désignés.

Cheminées à Châlons-sur-Marne (Marne)

M. du Sommerard entretient ensuite la Commission de l'intention qu'il aurait d'acheter, pour la décoration des salles de l'Hôtel de Cluny, une ou deux cheminées, qui lui ont été signalées et qu'il a été dernièrement voir à Châlons-sur-Marne. On pourrait acquérir une de ces deux cheminées pour 250 Francs et les deux pour 1 000 Francs.

La Commission, sur la production des dessins, décide que les deux cheminées devront être achetées, et alloue, à cet 80/15/006/354 effet, un crédit de 1 000 Francs sur son crédit ordinaire exercice 1850.

Église de Caussade (Tarn-et-Garonne) [sic : Lot-et-Garonne]

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'administration a fait tous ses efforts pour obtenir le concours du Conseil municipal de Caussade dans les derniers travaux qu'exige la réparation du clocher de cette ville. Qu'il y ait impuissance ou mauvaise volonté, il paraît maintenant démontré qu'on ne peut plus espérer de concours. Comme il serait fâcheux de laisser le monument inachevé faute d'une faible allocation de 883 Francs 97, le rapporteur propose de l'accorder sur 1850.

Ces conclusions sont adoptées. 883 Francs 97 sur 1850.

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, fait l'analyse du rapport que, sur l'invitation de la Commission, M. Garrez a rédigé au sujet du projet de restauration de l'église de Lamballe. De ce rapport il résulte que les connaissances pratiques de l'architecte sont une bonne garantie pour être assuré qu'il pourra mener à bonne fin le redressement qu'il propose, mais que les résultats obtenus laissent trop à l'éventualité pour pouvoir avec sécurité confier à un mur ainsi redressé la charge d'un nouveau comble. En outre que le cube de bois, les moyens à employer, le déchet des matériaux, constitueraient une dépense presque aussi importante que celle de la dépose et repose de toute la partie en surplomb ; opération qui aurait des résultats bien plus tranquillisants, et qui est préférable alors même que la dépense devrait être un peu plus forte. M. Garrez conclut, en disant qu'il ne saurait trop rappeler l'urgence qu'il y a d'étayer immédiatement, pour sauver l'édifice d'une ruine que chaque jour semble devoir déterminer.

La Commission, sur les conclusions du rapporteur, décide qu'il sera de suite donné l'ordre à M. Guépin d'étayer immédiatement et de préparer un devis dans le sens 80/15/006/355 des observations présentées par M. Garrez.

Église Saint-Julien de Tours (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que le devis présenté par M. Guérin pour la restauration de l'église Saint-Julien de Tours s'élève à la somme de 376 450f dont 257 600 Francs pour travaux de consolidation et 118 850 Francs pour appropriation au culte.

En présence d'un devis si considérable, le rapporteur croit qu'il est très difficile de prendre un parti et de formuler une proposition. Il pense en outre que, avant de s'engager dans une affaire de cette importance, il est nécessaire de ne négliger aucun moyen de s'éclairer aussi complètement que possible. Il désirerait en conséquence que M. Duban voulût bien examiner sur les lieux le travail de M. Guérin, le rectifier s'il le faut et ce serait sur son rapport définitif que la Commission prendrait une résolution.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de Bois-Sainte-Marie (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission les dessins que M. Millet a préparés à l'appui du devis des réparations que réclame l'église de Bois-Sainte-Marie.

Suivant le rapporteur, ce travail suffit pour démontrer toute l'importance de l'édifice, que l'on peut regarder comme un type singulier de l'architecture romane du XIe siècle arrivée à son complet développement. Les travaux nécessaires pour la conservation de cette église sont nombreux et urgents. C'est une reconstruction presque complète de l'extérieur qui peut seule rendre à l'édifice son caractère original. Quant à l'intérieur de l'édifice, les réparations y seront peu considérables. Quant au clocher proposé, il paraît au rapporteur contraster avec le caractère général de l'édifice et même avec la tour qui lui sert de base, et le rapporteur croit qu'on doit appeler de nouveau l'attention et les recherches de l'architecte sur ce point. La dépense dépasse 40 000 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder conditionnellement une somme de 20 000 Francs sur 4 exercices, à condition que le ministère des Cultes prendra à sa charge 80/15/006/356 une somme de 10 000 Francs, et que le reste de la dépense sera couvert par la Commune et la Fabrique.

Ces conclusions sont adoptées. 5 000 Francs sur 1850, 5 000 Francs sur 1851, 5 000 Francs sur 1852 et 5 000 Francs sur 1853, conditionnellement.

Église Saint-Martin à Argentan (Orne)

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que le rapport de M. Danjoy sur les verrières de l'église Saint-Martin à Argentan prouve l'importance qu'elles ont.

La dépense est évaluée à 6 328 Francs, mais le dossier n'indique pas quelles sont les ressources ou les offres de la Commune ; la Commission trouve que les questions qui se rattachent à ce travail n'ont pas été suffisamment étudiées. L'architecte n'indique pas sur quelles bases il a fait ses évaluations ; il ne propose non plus aucun artiste pour l'exécution, il ne s'est pas enquis des moyens à employer pour conduire à bonne fin la réparation.

Par ces motifs, la Commission ajourne sa décision jusqu'à production de nouveaux renseignements.

Pont Flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

M. Mérimée expose que le rapport de l'ingénieur des Ponts et chaussées sur le pont de Saint-Chamas prouve que la situation du monument avait été un peu exagérée. Le même ingénieur propose un devis de la dépense qu'occasionnerait la restauration des deux arcs de triomphe. La plus grande partie consiste en sculpture. Le rapporteur pense que ce devis qui s'élève à 10 000 Francs ne peut être considéré comme un renseignements positif, et il propose de charger un architecte attaché à la Commission d'en préparer un plus sérieusement étudié.

La Commission, sur ces conclusions, décide que M. Révoil, architecte, sera chargé de ce travail.

Théâtre romain à Autun (Saône-et-Loire)

Au sujet d'une demande de secours adressée par le préfet de Saône-et-Loire en faveur du Théâtre romain d'Autun, M. Mérimée s'en réfère 80/15/006/357 aux conclusions de son rapport du 23 mars 1849. Il pense que les résultats à obtenir des fouilles ne sont intéressants qu'au point de vue de l'archéologie, et, dans l'état des fonds des Monuments historiques, il est d'avis qu'il est impossible de consacrer une partie de ses ressources à des travaux qui n'ont point un caractère d'urgence, quand il y a tant de monuments remarquables dont l'existence est menacée.

La Commission partage l'opinion du rapporteur et rejette la demande.

Tombeau de Sainte-Magnance (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que M. Amé demande l'autorisation de faire peindre le tombeau de Sainte-Magnance qu'il vient de restaurer. Il se fonde sur la nécessité de raccorder les pierres nouvelles avec les anciennes et sur des vestiges encore évidents de peintures anciennes.

M. le rapporteur regarde l'opération comme dangereuse, il propose de rejeter la demande.

La Commission partage cet avis.

Église de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un devis des travaux que demande l'église de Paray-le-Monial a été transmis au ministre par l'architecte-voyer de l'arrondissement.

Le rapporteur trouve ce devis insuffisant et croit que l'église de Paray est trop remarquable pour qu'elle ne soit pas confiée à un architecte ayant la confiance de l'administration. Il propose d'en charger M. Millet.

Ce choix est approuvé par la Commission.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Sur le rapport de M. Mérimée la Commission décide qu'il sera écrit au préfet de la Vienne pour lui dire

1° que le ministre n'a pas d'objections à faire contre la clôture que le Conseil municipal projette dans la ruelle du Temple Saint-Jean

2° qu'on est informé que deux propriétaires voisins du Temple Saint-Jean ont établi des latrines 80/15/006/358 contre les murs de ce monument, et qu'il veuille inviter le maire de Poitiers à les poursuivre au plus tôt en dommages et intérêts, et, si le maire refusait d'agir, le préfet devrait signaler le fait au procureur de la République(8).

Église de Dun-le-Roi (Cher)

M. Courmont, rapporteur.Sur les observations du secrétaire, la Commission renvoie au ministre des Cultes une demande par laquelle le curé de Dun-le-Roi réclame un secours de 381 Francs en faveur de son église.

Église de Jouarre (Seine-et-Marne)

Sur le rapport de M. Garrez, dont le secrétaire, M. Courmont, donne lecture, la Commission décide qu'il sera écrit à Monseigneur de Meaux pour lui faire connaître l'état d'abandon complet dans lequel la Commune de Jouarre laisse la chapelle si curieuse du VIIe siècle.

Protection des monuments

Le secrétaire donne connaissance à la Commission de l'avis transmis par M. Chaix d'Est-Ange en réponse aux demandes que lui avait adressées le ministre au sujet de plusieurs édifices classés au rang des Monuments historiques.

La Commission s'ajourne au vendredi 18 janvier prochain. 80/15/006/359

18 janvier 1850 (40e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Caristie, Courmont, de Maleville, Mercey, Blanc, de Laborde, Vaudoyer et Lenormant.
Dessins du Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Mérimée annonce qu'il a reçu de M. Doisnard une lettre en réponse à celle qu'il lui avait écrite sur l'invitation de la Commission au sujet de ses dessins. M. Doisnard s'excuse en disant qu'il croyait être en droit de faire une demande semblable, qu'il a demandé conseil, qu'il regrette de s'être trompé en faisant cette démarche.

La Commission décide que le travail de M. Doisnard sera inscrit au compte de 1848 pour une somme de 1 500 Francs. l'offre de cette indemnité sera faite à M. Doisnard.

Église de Conches (Eure)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'il a écrit à M. Bourguignon pour obtenir les renseignements que la Commission désire au sujet des vitraux de l'église de Conches.

Dessins de l'église Saint-Jean de Péronne (Somme)

M. Mérimée demande que le bureau réclame du ministre des Cultes les dessins de Saint-Jean de Péronne que l'administration de l'Intérieur lui a communiqués.

Église Saint-Géraud d'Aurillac (Cantal)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église Saint-Géraud d'Aurillac pour laquelle un secours est demandé, offre très peu d'intérêt. Elle n'a pas été classée, et ne mérite pas à son avis de l'être. Il s'agit d'ailleurs de l'agrandir et de la terminer, travaux qui ne regardent pas le ministère de l'Intérieur.

Le rapporteur demande en conséquence que l'affaire soit renvoyée au ministère des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Riquier (Somme)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission les intentions du curé de Saint-Riquier, qui se propose de faire des changements et des réparations à la sacristie 80/15/006/360 de son église avec les ressources dont il dispose. Le projet joint à cet avis est incompréhensible et inacceptable.

Dans ces circonstances, le rapporteur est d'avis d'accepter les offres généreuses du curé, et d'envoyer M. Ramée à Saint-Riquier pour y préparer le projet nécessaire à l'exécution de ces travaux.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Espondeilhan (Hérault)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église d'Espondeilhan, recommandée au ministère de l'Intérieur par M. le préfet de l'Hérault, est intéressante, mais ne se distingue pas assez du grand nombre d'édifices romans qui existent dans le Midi de la France. Le devis est rédigé fort succinctement et contient d'ailleurs un certain nombre d'articles qui ne concernent pas le ministère de l'Intérieur et d'autres articles comme badigeonnage et rejointoiement en ciment de Vassy, qui sont ou inutiles ou dangereux. La dépense est d'environ 4 000 Francs. La Commune ne peut faire de sacrifices.

Le rapporteur pense que l'affaire doit être transmise au ministère des Cultes, et, s'il accordait une subvention assez importante pour couvrir une grande partie de la dépense, la Commission aurait à examiner si elle doit proposer au ministre de l'Intérieur de prendre le surplus à sa charge.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Thines (Ardèche)

M. Mérimée met sous les yeux de la Commission les dessins que M. Laval a préparés pour la restauration de l'église de Thines, et desquels il résulte avec évidence que malgré ses proportions restreintes cette église est un monument des plus remarquables. Des travaux assez considérables sont devenus nécessaires. Il faut reprendre un contrefort, les soubassements, réparer les corniches etc. ; enfin il faudrait refaire presque entièrement la toiture et ajouter une sacristie et un campanile dont le service du culte a le plus grand besoin. 80/15/006/361 Les deux catégories du devis présentent pour dépense totale la somme de 191 776 Francs sur lesquels on pourrait obtenir le concours du ministère des Cultes pour les vitraux qui intéressent le service religieux, comme la construction de la sacristie et du campanile.

Le rapporteur propose donc en résumé de réserver sur deux exercices une somme de 10 000 Francs à la condition que le ministère des Cultes accorderait les 9 776 Francs restants.

Ces conclusions sont approuvées. 10 000 Francs conditionnellement.

Monuments de la cathédrale de Grenoble (Isère)

M. Mérimée, rapporteur, fait l'historique du projet de réparation des deux monuments placés dans la cathédrale de Grenoble. Ce projet, rejeté en 1842 parce qu'il était mal conçu, s'est reproduit en 1845 amélioré, mais alors la Ville et le ministère des Cultes se refusaient à prendre part à la restauration demandée.

Aujourd'hui pour la troisième fois le projet se présente, mieux étudié, et avec une offre de la part de la Ville et du département de contribuer à la dépense prévue au devis pour 1/3.

Comme le devis est de 21 000 Francs environ, ce seraient 14 000 Francs qui manqueraient pour faire le travail.

Le rapporteur croit que la Commission est engagée par ses délibérations précédentes, et qu'il ne s'agit aujourd'hui que de déterminer le chiffre du concours du ministère. Il pense que, par analogie avec quelques précédents, cette part ne saurait être plus forte que le 1/3 soit 7 000 Francs, et il propose de demander le dernier tiers au ministre des Cultes.

Ces conclusions sont approuvées. Les 7 000 Francs sont alloués conditionnellement en deux exercices, 1850 et 1851.

Église de Montier-en-Der (Haute-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission les dessins que M. [Émile] Boeswillwald a préparés à l'appui de son projet de restauration de l'église de Montier-en-Der. Le rapporteur pense que l'examen de ce travail le dispense de faire une 80/15/006/362 description détaillée de ce monument de premier ordre. Il expose seulement combien la situation de l'édifice est fâcheuse. Tout le système d'écoulement des eaux est à changer, presque tous les contreforts à reprendre, rétablir les soubassements et ça et là reprendre les fondations. Tous les travaux proposés par l'architecte ne sont que des réparations urgentes et nécessaires. La dépense réduite à ces seuls travaux ne s'élève pas à moins de 122 000 Francs. Au nombre des travaux les plus urgents figure le débadigeonnage de l'intérieur du choeur, pour une somme de 600 Francs, opération nécessaire pour reconnaître la situation de l'édifice, d'autant meilleure à faire que quelques expériences donnent lieu de supposer que l'on pourra retrouver sous le badigeon des peintures intéressantes.

M. le rapporteur ne pense pas que le ministre de l'Intérieur puisse entreprendre avec ses seules ressources la restauration d'un édifice aussi considérable. Il croit toutefois qu'il pourrait prendre à sa charge environ la moitié de la dépense, en chiffres ronds 60 000 Francs en 5 exercices, mais qu'il faudrait que le restant du devis fût couvert par des allocations de la Commune et du ministère des Cultes.

La Commission, consultée, vote l'allocation de 60 000 Francs en 5 exercices (12 000 Francs par an), à la condition expresse que le ministère des Cultes accordera pour les mêmes travaux 40 000 Francs et la Commune 20 000 Francs.

Église de Nohant-Vic (Indre)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que M. Regnault-Bréon, architecte, sera chargé de préparer un rapport et un travail graphique sur l'église de Nohant-Vic.

Dessin de l'hôpital de Beaune (Côte-d'Or)

Sur la demande de M. Caristie, la Commission décide que M. Scheffer, architecte à Auxonne, sera chargé 80/15/006/363 de dessiner l'hôpital de Beaune.

Dessins de maisons à Dijon (Côte-d'Or)

Elle charge, également, M. Lebelin de Chatellenot, à Grancey-le-Château, département de la Côte-d'Or, architecte, de dessiner les maisons intéressantes de la Ville de Dijon.

La Commission s'ajourne au vendredi 1 février prochain.

1er février 1850 (41e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Hauréau, Caristie, Paul Lacroix, de Laborde, Mercey, Blanc, Vaudoyer et Courmont.
Église Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren (Côtes-du-Nord)

M. Léon de Laborde exprime le désir de voir classer l'église ou prieuré de Notre-Dame-du-Tertre près de Châtelaudren (ancien évêché de Tréguier). Il pense qu'il serait bon de relever les dessins du monument ainsi que des verrières et peintures qu'il renferme.

Sur la proposition de son secrétaire, la Commission décide que M. Lambert, architecte, sera chargé de ce travail.

Église Saint-Laurent à Grenoble (Isère)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que le préfet de l'Isère demande le classement de l'église Saint-Laurent de Grenoble, le rapporteur rappelle à ce sujet que la Commission a reconnu que l'importance de la crypte de cette église était incontestable. Le travail de M. Manguin a prouvé combien cet édifice était intéressant. En annonçant au préfet que l'édifice est déjà classé, le rapporteur est d'avis que le ministre demande dès à présent le concours des autorités municipales pour subvenir aux frais d'une restauration.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de Dorat (Puy-de-Dôme) 80/15/006/364

Le préfet du Puy-de-Dôme rappelle qu'on avait ajourné toute décision au sujet de la restauration de l'église de Dorat, jusqu'à justification de l'emploi de la première allocation accordée à l'édifice, et envoie les pièces réclamées par le ministre en demandant un nouveau secours. M. Mérimée expose que M. Mallay n'a pas encore fourni la note qu'il avait annoncé devoir produire sur les travaux encore nécessaires pour l'achèvement de la restauration. Il propose en conséquence l'ajournement.

L'ajournement est prononcé.

Église de Montsalvy (Cantal)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que la Commission, dans son avis du 22 mai 1846, avait mis pour condition à l'allocation de 3 000 Francs accordée à l'église de Montsalvy, que la Commune et le département pourvoiraient au restant de la dépense (environ 5 000 Francs). La condition n'a pu être exécutée et l'allocation a cependant été rendue définitive.

M. le rapporteur croit que, si l'on accordait un nouveau secours, on prendrait encore cette allocation sans assurer la conservation de l'église, car la Commune n'a pas de ressources et le département ne veut pas concourir à la dépense. Le rapporteur pense, du reste, que l'on a déjà donné beaucoup plus que l'église ne méritait au point de vue de l'art et, en conséquence, il est d'avis de rejeter la demande.

Cette conclusion est adoptée.

Église de Souvigny (Allier)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'accorder conditionnellement une somme de 10 000 Francs en deux exercices pour la restauration de la toiture de l'église de Souvigny, conformément au devis de M. Millet et sous sa direction, pourvu que la Commune, le département et le ministère des Cultes réunissent une somme égale à la subvention du ministère de l'Intérieur. 80/15/006/365

Ces conclusions sont adoptées. 5 000 Francs sur 1850 et 5 000 Francs sur 1851 conditionnellement.

M. Arnould, inspecteur à Toul (Meurthe)

Sur une demande adressée par M. [Émile] Boeswillwald, architecte, M. Mérimée propose d'accorder une somme de 545 Francs 45 à M. Arnould, inspecteur à Toul, pour ses soins pendant la dernière campagne, mais il est d'avis d'ajourner, en ce qui concerne l'allocation pour 1850, jusqu'à ce que la Commission ait statué sur la subvention à accorder à l'église de Toul pendant cette même année 1850. (9)

Ces conclusions sont adoptées. 545 Francs 45 sur 1849.

Affaire de l'ancienne cathédrale de Toul (Meurthe)

M. Mérimée donne à la Commission lecture d'un rapport qu'il propose d'adresser au sous-secrétaire d'État de l'Intérieur, pour lui faire connaître tous les faits qui se sont passés à Toul, depuis le commencement des travaux, et les difficultés que l'administration de l'Intérieur a rencontrées par suite des obstacles apportés par l'administration municipale aux mesures adoptées par l'architecte, sur les ordres de la Commission.

La Commission, après lecture de ce rapport, pense qu'il serait bon de prendre l'avis du Conseil d'État sur les différentes questions qui sont l'objet des difficultés entre l'architecte, représentant l'administration centrale, et le maire, l'administration locale.

Musée à établir à Nancy (Meurthe)

M. Lenormant annonce que l'on est dans l'intention d'établir un Musée Lorrain à Nancy dans une des ailes du Palais Ducal ; il pense qu'il serait bon de réclamer le projet qui a été préparé à cet égard.

Verrières de Conches (Eure)

M. Lenormant demande aussi que l'on recommande vivement à M. Bourguignon le travail qu'on a dû lui demander sur les verrières de Conches.

La Commission s'ajourne au 15 février. 80/15/006/366

15 février 1850 (42e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, de Maleville, Caristie, Vaudoyer, de Lasteyrie, Mercey, Courmont.
Église d'Écouen (Seine-et-Oise)

Sur la proposition de son secrétaire, M. Courmont, la Commission décide que M. Maréchal sera chargé de visiter les vitraux d'Écouen, pour dresser un devis des réparations qu'ils réclament.

Église de La Madeleine à Troyes (Aube)

Le secrétaire donne lecture d'un rapport de M. Millet, architecte, duquel il résulte que les boiseries du XVIe siècle qui décorent l'église de La Madeleine méritent d'être conservées bien qu'il existe beaucoup d'exemples plus intéressants de ces sortes de boiseries, mais qu'on aurait tort de faire une dépense assez considérable pour compléter ces fragments qui ne sont pas des plus curieux de cette époque.

La Commission approuve le rapport de l'architecte.

Dessins du Mont-Saint-Michel (Manche)

La Commission décide qu'il sera alloué à M. Doisnard, pour prix de ses dessins du Mont-Saint-Michel, une somme de 1 500 Francs. 1 500 Francs sur 1849.

Église de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'état actuel de l'église de Saint-Père-sous-Vézelay, entièrement restaurée, fait ressortir davantage la situation déplorable du clocher et de la façade ouest. Malheureusement, la dépense est considérable et il n'y a rien à espérer de la Commune qui est sans ressources. Le chiffre du devis est de 60 000 Francs et l'architecte fait remarquer qu'il est nécessaire d'exécuter les travaux avec une certaine rapidité.

Comme jusqu'ici le ministre des Cultes n'a pris aucune part à la dépense, le rapporteur pense que le moment est venu de réclamer son concours, aussi propose-t-il de mettre à la charge du ministère de l'Intérieur 40 000 Francs en 4 ans en demandant le reste au ministre des Cultes. Les 40 000 Francs sont alloués conditionnellement. (10)

Église Saint-Ours de Loches (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, fait observer que l'église Saint-Ours de Loches, pour laquelle un secours est réclamé aujourd'hui, a été complètement réparée il y a 4 ans. Quant à la tour de Saint-Antoine, il la regarde comme un monument fort médiocre des XVIe et XVIIe siècles dont le rapporteur ne pense pas que l'on doive s'occuper.

Il propose en conséquence d'ajourner la demande et d'écrire à M. Verdier pour qu'il prépare un rapport au sujet de cette affaire.

Conclusions approuvées.

Église de Graville-l'Eure (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'au sujet des réparations proposées pour l'église de Graville, il partage l'avis de l'abbé Cochet qui, dans un rapport joint au dossier, fait remarquer que ce n'est pas un projet de restauration qu'on présente, mais un projet d'additions à faire à un monument d'un très grrand intérêt, additions si mal conçues qu'au lieu de contribuer à leur exécution, le ministre de l'Intérieur doit les interdire. Le rapporteur, démontrant ensuite l'insuffisance du travail graphique produit à l'appui de la demande, fait observer que le devis n'est pas signé par un architecte, mais bien par le maire de Graville.

Par tous ces motifs, M. Mérimée est d'avis de demander une nouvelle étude plus approfondie de l'affaire.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Colleville-sur-Mer (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Colleville-sur-Mer, au sujet de laquelle le préfet du Calvados a adressé une demande de secours, lui a paru intéressante. Une partie des travaux, compris au devis, n'a toutefois pas un caractère d'urgence et l'autre n'est pas de nature à être exécutée sur les fonds du ministère de l'Intérieur.

Le rapporteur propose d'ajourner la décision 80/15/006/368 jusqu'après avoir recueilli quelques renseignements sur l'importance de l'édifice et la capacité de l'architecte, auteur du projet.

Conclusions approuvées.

Église d'Andrivaux (Dordogne)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une lettre du préfet de la Dordogne qui prévient l'administration qu'un sieur Moclin, propriétaire à Andrivaux, forme une demande tendant à obtenir pour cause de sûreté publique, que l'église d'Andrivaux, qui depuis longtemps menace ruine, soit démolie. Le Conseil municipal, la Fabrique et le préfet appuient la demande.

Le rapporteur pense que sans doute on exagère la situation du monument, toutefois comme pour couvrir la responsabilité de l'administration, une visite lui paraît nécessaire. Il propose de charger M. Abadie de visiter le monument lors de son premier voyage dans la Dordogne.

Cet avis est adopté.

Église de Loupiac (Gironde)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que M. Abadie rappelle qu'en accordant une somme considérable pour l'église de Loupiac l'administration a imposé à la Commune la condition de baisser le sol du cimetière qui entoure l'église enterrée en certains endroits de 1 mètre 50 à 2 mètres. Il fait observer que ce déblaiement, qu'on promet toujours, ne se réalise pas, et il demande que ce travail puisse se faire immédiatement.

Le rapporteur est d'avis de transmettre à la direction des Communes le rapport de M. Abadie et de demander une décision d'urgence, car le dégagement des murs de l'église est une opération de la plus grande nécessité.

Ces conclusions sont adoptées.

Verrières de l'église de Ferrières (Loiret)

M. Delton est introduit avec M. Gsell. Cet artiste présente à la Commission les dessins qu'il a préparés 80/15/006/369 pour la restauration des verrières de l'église de Ferrières.

Comme la Commission n'est pas d'avis que la restauration s'exécute dans le sens indiqué par les dessins de M. Gsell, elle désigne deux de ses membres qui devront se rendre chez M. Gsell, où sont déposés des fragments des vitraux de Ferrières, pour s'entendre avec lui sur le parti à prendre pour la restauration dont il est chargé. MM. Lenormant et de Lasteyrie sont chargés de cette mission.

Verrières de Conches (Eure)

M. Lenormant prévient la Commission que, dans sa prochaine séance, il l'entretiendra de la restauration des verrières de Conches et du choix de l'artiste qui devra être chargé de ce travail.

Église de Marcilhac (Lot)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Marcilhac, pour laquelle on demande un secours de 7 000 Francs, n'offre qu'un faible intérêt. Toutefois, il est d'avis, dans le cas où le ministère des Cultes lui accorderait 2 000 Francs sur le devis des dépenses qu'elle réclame, d'accorder une deuxième allocation d'un millier de Francs pour compléter la somme nécessaire aux travaux urgents qui ne doivent pas dépasser 3 500 Francs.

Conclusions approuvées. 1 000 Francs sont accordés conditionnellement sur 1850.

Église de Montréal (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'allouer 5500 Francs pour l'église de Montréal dont les travaux sont en cours d'exécution ; savoir : 1500 Francs pour le complément du devis de 1ère catégorie, et 4 000 Francs pour les travaux de 2e catégorie, en demandant le complément au ministre des Cultes. Le total de ces dépenses complètera la restauration d'un monument fort intéressant qu'il serait fâcheux d'abandonner maintenant que les réparations les plus difficiles sont terminées.

Conclusions approuvées. 1 500 Francs sur 1849 et 4 000 Francs sur 1850. 80/15/006/370. (11)

Église Notre-Dame de Semur (Côte-d'Or)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que le préfet de la Côte-d'Or prévient l'administration que la Commune de Semur est hors d'état d'acheter les deux maisons attenantes à l'église Notre-Dame. M. le rapporteur ne croit pas qu'il soit nécessaire que le ministre de l'Intérieur en fasse l'acquisition. Il pense qu'il faut signifier au propriétaire de la maison que les travaux de restauration vont commencer, que, par suite, les ancres et les poutres doivent être retirées, et qu'il prenne les précautions qu'il jugera convenables dans l'intérêt de la sûreté. Dans le cas où il mettrait des obstacles aux travaux, l'affaire devrait être suivie devant les tribunaux.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Amand-Montrond (Cher)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que le ministère de l'Intérieur a déjà fait des sacrifices considérables pour l'église Saint-Amand, sacrifices disproportionnés dans son opinion avec l'importance de l'édifice. Une demande de secours a déjà été refusée en 1847. Elle est renouvelée aujourd'hui.

Le rapporteur ne voit aucun motif pour proposer des conclusions nouvelles et il croit que c'est à M. le ministre des Cultes que le dossier doit être transmis.

Conclusions approuvées.

Église de Bazouges-sur-le-Loir (Sarthe)

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que le travail de M. Delarue achève de prouver que l'église de Bazouges mérite à juste titre l'intérêt de l'administration. La dépense est évaluée à 3 455 Francs. La Commune, la Fabrique et le département ont réuni une somme de 2 500 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder 2 000 Francs.

Ces 2 000 Francs sont alloués par la Commission sur 1850.

Église de Cully (Calvados)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'il sera pris de nouveaux renseignements sur l'état de l'église de Cully, son importance, et les travaux qu'elle réclame. 80/15/006/371

Église de Baume-les-Messieurs (Jura)

M. Mérimée donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. [Émile] Boeswillwald sur l'église de Baume-les-Messieurs, duquel il résulte que sauf des observations sur le mode d'exécution, les travaux compris dans le 1er chapitre du devis présentant une dépense de 19 500 Francs, ne peuvent être différés sans préjudice pour le monument. Il pense même que l'architecte devrait y ajouter la reprise des soubassements du choeur et de l'abside qui sont dans un état de dégradation aussi avancé que ceux des bas-côtés de la nef.

Sur l'avis du rapporteur, la Commission décide que l'on communiquera à l'architecte les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald, et que la direction des travaux sera donnée à ce dernier.

La Commission s'ajourne au vendredi 22 février.

22 février 1850 (43e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Caristie, Paul Lacroix, Courmont, Questel, de Maleville, Mercey, Blanc, Lenormant.
Le procés-verbal de la dernière séance est lu et sa rédaction est adoptée.
Église du Folgoët (Finistère)

M. Mérimée, rapporteur, exprime l'avis de confier la rédaction du projet de restauration de l'église du Folgoët à M. Bigot, architecte du département du Finistère.

Sur les observations du secrétaire qui fait 80/15/006/372 remarquer qu'un monument de cette importance ne saurait être confié qu'à un des architectes attachés à la Commission et que M. Lambert, l'un d'eux, est déjà chargé de plusieurs monuments de la Bretagne assez rapprochés de celui qu'il s'agit d'étudier, la Commission décide que M. Lambert sera chargé de préparer les projets demandés.

Église de Lambader à Plouvorn (Finistère)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que le préfet du Finistère transmet au ministre une lettre par laquelle le sieur Heuder, adjudicataire des travaux de reconstruction du clocher de Lambader demande la résiliation de son marché, il joint à sa dépêche une délibération par laquelle le Conseil municipal de Plouvorn émet un avis favorable à cette demande.

Sur les observations du rapporteur, la Commission propose d'inviter le ministre à accepter la résiliation demandée.

Hôtel de Sens à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre transmise par M. le ministre de l'Instruction publique à son collègue de l'Intérieur et renfermant une réclamation adressée par M. Coulon, l'un de ses correspondants pour les Travaux historiques, contre la destruction projetée de l'Hôtel de Sens, par le Conseil municipal de Paris.

M. le rapporteur est d'avis d'écrire au préfet de la Seine pour lui rappeler les lettres qui ont déjà été adressées à son administration les 20 mai et 7 juin 1842 au sujet d'un projet semblable.

Ces conclusions sont adoptées.

Château de Bricquebec (Manche)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le Conseil général du département de la Manche émet une suite de voeux, parmi lesquels celui de voir réparer par le gouvernement le château de Bricquebec, sans les accompagner d'aucune offre de concours.

Le rapporteur ne pense pas que, jusqu'à ce que les offres aient eu lieu, la Commission 80/15/006/373 doive s'occuper des monuments qui lui sont signalés et pour lesquels du reste le ministre de l'Intérieur a déjà témoigné son intérêt par des allocations assez considérables.

Cet avis est adopté.

Église Saint-Pierre-de-Montmartre à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il vient de visiter l'église de Montmartre avec M. Abadie qui a bien voulu l'accompagner et lui prêter le secours de son expérience. La situation de l'église est déplorable. Ce n'est pas seulement l'abside et le chevet qui menacent ruine comme l'annonce le conseil de Fabrique, c'est l'église tout entière dont toutes ses parties se disloquent et qui s'écroulera bientôt si l'on n'arrête le progrès de la destruction par des travaux de restauration très considérables. La situation de l'édifice est telle qu'une réparation équivaudrait à peu près suivant le rapporteur à une reconstruction. Quant à estimer la dépense, le rapporteur croit qu'il serait même très difficile de l'apprécier après une étude approfondie, car une bâtisse en si mauvais état doit nécessairement cacher bien des désordres dans les parties de la construction qui ne sont pas à découvert. L'église est du reste un monument très curieux et qui mérite une étude sérieuse.

Le rapporteur croit que cette étude confirmerait ses prévisions et que cet édifice est un de ceux qu'il faut se résigner à voir périr. Il pense que c'est une raison de plus pour en conserver le souvenir et en étudier les dispositions caractéristiques. En conséquence, il propose de charger un des architecte attachés au ministère de ce travail, qui devrait comprendre l'état actuel, une restauration et un devis ou plutôt un aperçu de la dépense sans lequel la Commission ne saurait prendre de décision.

La Commission adopte les conclusions du rapport et charge M. Garrez de préparer le travail demandé.

Église Saint-Nicolas à Caen (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, en mettant sous les yeux de la Commission les dessins que M.[V.] Ruprich-Robert 80/15/006/374 a faits d'après l'église Saint-Nicolas de Caen, exprime l'avis que la Commission en fasse l'acquisition pour ses archives si l'état de ses fonds le lui permet. Quant à transformer l'église en musée, comme le propose M. Ruprich-Robert, le rapporteur croit la chose très difficile, et il lui semble que le ministre de l'Intérieur a déjà tant à faire en conservant les édifices qui ont actuellement une destination qu'il faut se résigner à abandonner les autres.

La Commission décide que les dessins de M. [V.] Ruprich-Robert seront achetés sur l'estimation qu'en fera la sous-commission chargée de ces sortes d'appréciations.

Église de Poissy (Seine-et-Oise)

M. Lenormant, rapporteur, chargé de faire un rapport sur la demande de secours adressée par le préfet de Seine-et-Oise en faveur de l'église de Poissy, annonce qu'il n'a pas trouvé dans le dossier de l'affaire les documents dont il a besoin pour l'étudier ; il demande en conséquence que M. Viollet-le-Duc soit chargé de faire un rapport sur la situation des travaux de cette église.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Conches (Eure)

M. Lenormant, rapporteur, demande que l'on réclame de M. Bourguignon un devis des travaux qu'il serait nécessaire de faire pour achever la restauration de l'église de Conches. Il pense qu'il faudrait aujourd'hui payer l'arriéré qui est encore dû, continuer ensuite la réparation de l'édifice jusqu'à son achèvement et enfin entreprendre la restauration des verrières.

La Commission approuve l'avis de M. Lenormant, et décide que M. Bourguignon sera invité à préparer le travail indiqué.

Dessins de M. Lebelin de Chatellenot (Côte-d'Or)

M. Caristie met sous les yeux de la Commission les dessins de M. Lebelin de Chatellenot, 80/15/006/375 architecte à Cussy-les-Forges par Grancey-le-Château, chargé dernièrement par la Commission d'un travail graphique.

La Commission remercie M. Caristie de cette communication et reconnaît que M. de Lebelin de Chatellenot mérite l'intérêt que la Commission lui témoigne.

Vitraux de Ferrières (Loiret)

M. Lenormant annonce qu'il a été voir chez M. Gsell la portion des vitraux de Ferrières transportée à Paris. Comme il n'a pas pu se rencontrer avec M. Ferdinand de Lasteyrie lors de cet examen, M. Lenormant attendra qu'il ait pu s'entretenir avec lui pour faire son rapport à la Commission.

La séance est levée, la Commission s'ajourne au 1er mars.

1er mars 1850 (44e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, de Maleville, de Laborde, Caristie, Paul Lacroix, de Lasteyrie, Blanc, Mercey, Lenormant, Questel, Durieu, Courmont.
Église de Civry à Massangis (Yonne)

M. Courmont, rapporteur.Sur la proposition du secrétaire, la Commission accorde pour les travaux du porche de l'église de Civry une allocation supplémentaire de 224 Francs 33. Ce surcroît de dépense est justifié par M Amé, architecte, dans son rapport au ministre du 27 janvier dernier.

Edicule de La Fierté à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que, dans une dépêche du 7 janvier dernier, M. le préfet de la Seine-Inférieure demande si la Commission des Monuments historiques ferait une condition de rigueur de l'abandon par la Ville de Rouen des loyers qu'elle perçoit des boutiques existant dans le soubassement de l'édicule de La Fierté.

A ce sujet, le rapporteur annonce qu'il a écrit à 80/15/006/376 M. Grégoire pour avoir des renseignements sur la situation de l'édifice, et sur les inconvénients qu'il y aurait à conserver les boutiques dont il s'agit.

Église d'Obersteigen à Wangenbourg-Engenthal (Bas-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les réparations nécessaires dans l'église d'Obersteigen s'élèvent à environ 20 000 Francs. Comme l'édifice est digne d'intérêt, le rapporteur n'hésiterait pas à en proposer la restauration, si, dans l'état du crédit des Monuments historiques, il n'était nécessaire d'apporter la plus grande réserve dans l'allocation de toute dépense nouvelle. Le rapporteur croit que la Commission doit se demander si la conservation de ce petit monument est le meilleur emploi qui puisse se faire de la somme de 20 000 Francs ; pour lui, il pense qu'il est dangereux d'éparpiller les ressources dont dispose la Commission sur des édifices d'une importance au moins secondaire.

La Commission partageant l'avis du rapporteur, ajourne la demande.

Sainte-Chapelle de Paris (Seine)

M. Blanc fait connaître à la Commission par suite de quelles circonstances il a cru devoir soumettre à la signature du ministre la lettre par laquelle l'administration de l'Intérieur se trouve engagée pour une somme de 48 000 Francs dans les travaux relatifs au changement apporté aux parties du Palais de Justice avoisinant la Sainte-Chapelle.

M. Mérimée pense que ce serait à tort que l'on consacrerait à ces travaux une portion quelconque du fonds affecté à la restauration des Monuments historiques ; il est d'avis de présenter des observations au ministre à ce sujet et de l'inviter à imputer cette dépense sur le fonds des Cours d'Appel.

La Commission partage l'avis de M. Mérimée et approuve le rapport au ministre qu'il a préparé à ce sujet.

Église de Ferrières (Loiret)

M. de Lasteyrie fait part à la Commission du résultat de l'examen qu'il a fait chez M. Gsell des fragments de vitraux de l'église de Ferrières. 80/15/006/377 Il résulte de ces observations que le peintre verrier est dans une mauvaise voie, et il croit qu'il faut l'inviter à suspendre jusqu'à ce que les vitraux de Ferrières (qui sont de la plus haute importance) aient été visités par un certain nombre de membres de la Commission.

La Commission partage son avis et délègue, pour se rendre à Ferrières pour préparer un rapport au ministre sur la restauration dont il s'agit, MM. de Lasteyrie, Lenormant et Mérimée. (12)

Église d'Eu (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un voeu du Conseil général de la Seine-Inférieure ainsi conçu : le conseil demande que MM. Legros et Blanquet, entrepreneurs, soient payés du surplus des 3300 Francs déjà accordés par M. le ministre de l'Intérieur, afin de compléter la somme de 4986 Francs 27 qui leur reste due pour la restauration de l'église d'Eu.

La Commission est d'avis que le ministre de l'Intérieur a fait tout ce qu'il était possible pour l'église d'Eu, et ne croit pas qu'il doive prendre à sa charge une dépense qui évidemment concerne l'administration départementale.

Église de La Chaise-Dieu (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle les soustractions d'ornements signalées par M. Mallay dont l'église de La Chaise-Dieu a été victime, et l'invitation qui a été adressée au préfet de saisir le procureur de la République de cette affaire. Le rapporteur annonce qu'aujourd'hui le préfet répond que malheureusement le long intervalle qui s'est écoulé depuis la perpétration du délit, et la difficulté de recueillir les preuves suffisantes, ne laissent guère d'espoir d'arriver à une répression.

Le rapporteur craint que dans toute cette affaire les autorités locales n'aient fait preuve de peu de vigilance et d'encore moins d'activité.

Cette opinion est partagée par la Commission.

Église Notre-Dame-de-Nanteuil à Montrichard (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une allocation de 1 500 Francs avait été accordée à l'église de Montrichard 80/15/006/378 à la condition que la Ville rétablirait, comme il était avant toute restauration, un pignon de l'édifice. La Commune est dans l'intention de remplir la condition imposée ; elle signale seulement au ministre des travaux qui lui paraissent plus urgents et pour lesquels elle demande le concours de l'administration centrale.

Le rapporteur pense qu'avant tout il serait nécessaire d'avoir un devis de la dépense que doit occasionner la reprise du pignon, et de vérifier si les observations du Conseil municipal et du conseil de Fabrique de Montrichard sont fondées.

Il propose de charger M. de La Morandière de la rédaction de ce travail, et de ne se prononcer sur le chiffre de l'allocation à accorder que lorsque son travail sera entre les mains du ministre.

Conclusions approuvées.

Église de Vertheuil (Gironde)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance d'une lettre par laquelle le préfet de la Gironde se plaint de la mesure par laquelle M. Abadie a été chargé de rédiger un projet de restauration de l'église de Vertheuil, faisant observer combien cette mesure est pénible non seulement pour l'architecte, rédacteur du projet de Vertheuil, mais encore pour tous ceux d'un mérite distingué que compte la Ville de Bordeaux. M. Mérimée fait remarquer que le travail sur Vertheuil était absolument mauvais, et que le ministre qui a la responsabilité des travaux qui s'exécutent au moyen de subventions de son département, ne peut faire autrement que d'employer des artistes qui ont mérité sa confiance et qui lui offrent toutes les garanties. Ces observations obtiennent l'assentiment de la Commission.

Église de Roye (Somme)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que le préfet de la Somme appelle l'attention du ministre sur le mauvais état de l'église de Roye dont deux 80/15/006/379 des principaux piliers ont éprouvé un tassement considérable, et demande qu'un architecte soit envoyé pour faire un rapport et indiquer les travaux à exécuter. Le rapporteur rappelle que le ministère de l'Intérieur a déjà fait des sacrifices considérables pour l'église de Roye, qu'il y a peu de temps que les réparations sont terminées, et que l'église a peu d'intérêt du point de vue de l'art. Il croit en outre que, sans refuser précisément de concourir aux réparations, l'administration ne doit pas se charger des études préparatoires, qui doivent tomber à la charge de la Ville ou du département. Conclusions approuvées.

Église de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte d'un rapport de M. [Émile] Boeswillwald que, par suite de la réouverture de grandes lézardes qui, depuis le XVe siècle, existent dans les murs du transept sud de la cathédrale de Toul, la restauration partielle des faces sud et est de ce transept n'est plus possible. Il est donc nécessaire de procéder à la restauration des deux faces à la fois. La dépense que doit occasionner ce travail est de 134 707 Francs qu'il est nécessaire de réunir avant de commencer l'opération si l'on veut la mener à bonne fin, car elle ne saurait souffrir d'interruptions.

Le rapporteur propose de mettre à la charge du crédit des Monuments historiques une somme de 75 000 Francs, à la condition que le ministère des Cultes accorde au moins 25 000 Francs pour le même objet et le département avec la Commune les 34 000 Francs restants. La Commission approuve ces conclusions et décide que les 75 000 Francs seront accordés conditionnellement par annuités de 15 000 Francs chaque.

Proposition de nommer M. Lequier correspondant pour le Pas-de-Calais

Sur la proposition de M. de Maleville, la Commission décide que la nomination de M. Lequier, représentant du Pas-de-Calais, aux fonctions de correspondant du ministère de l'Intérieur pour ce département, sera soumise à l'approbation du ministre. 80/15/006/380

La séance est levée et la Commission s'ajourne au vendredi 8 mars.

8 mars 1850 (45e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Labrouste, de Laborde, Vaudoyer, Lenormant, Paul Lacroix, Charles Blanc, Mercey, Courmont.
Edicule de La Fierté à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre qu'il a reçue de M. Grégoire, architecte à Rouen, et contenant les renseignements que la Commission avait demandés au sujet des boutiques que renferme l'édicule de la Fierté ou chapelle de Saint-Roman. Il résulte de cette communication que les boutiques dont il est question dans la lettre du maire de Rouen, dont lecture a été donnée dans la séance précédente, sont placées en partie sous les escaliers et en partie en dehors sous les auvents. M. Grégoire pense que tout essai de restauration de l'édifice doit être précédé de la démolition de ces échoppes afin de dégager le soubassement des escaliers.

La Commission décide qu'il sera écrit au préfet dans le sens des conclusions de la note de M. Grégoire.

Église de Cully (Calvados)

Sur les observations de M. Mérimée, rapporteur, la Commission renvoie le dossier de l'affaire de Cully à l'examen de M. Labrouste. 80/15/006/381

Église du Dorat (Puy-de-Dôme)

Sur la proposition de M. Mérimée, rapporteur, la Commission réserve sur le crédit de l'exercice courant une somme de 500 Francs pour l'église du Dorat. M. Mérimée demande que le dossier lui soit renvoyé.

Église de La Ferté-Bernard (Sarthe)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission décide que M. Lassus sera invité à se rendre à La Ferté-Bernard, pour préparer un rapport sur l'état des vitraux de l'église de cette Ville.

Église de La Canourgue (Lozère)

La Commission décide également, sur la demande du secrétaire, qu'un architecte attaché à la Commission sera chargé de visiter l'église de Canourges. M. Manguin est désigné.

Église de Puysserampion (Lot-et-Garonne)

La Commission est d'avis de renvoyer au ministre des Cultes une demande adressée par les habitants de la Commune de Puysserampion en faveur de leur église.

Pont Saint-Bénézet à Avignon (Vaucluse)

La Commission charge M. Renaux, architecte à Avignon, de lui adresser un rapport sur l'état du Pont Saint-Bénézet, et un devis des travaux qu'il réclame.

Sainte-Chapelle de Riom (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la situation de la Sainte-Chapelle de Riom est des plus graves, mais il ne pense pas qu'il soit possible d'en entreprendre la restauration avec les seules ressources du fonds des Monuments historiques. Le devis dressé par M Mallay en 1849 estime les réparations de maçonnerie à 10 000 ou 11 000 Francs, celle des verrières était évaluée en 1842 à 25 000 Francs, depuis 1842 les dégradations des verrières ont fort augmenté et le rapporteur croit rester au dessous des probabilités en supposant que la restauration des verrières coûtera plus de 40 000 Francs. M. le rapporteur croit que le ministère ne peut en ce moment s'occuper de restauration de vitraux, quand tant de monuments très importants exigent des travaux très dispendieux. Quant à l'édifice, peut-être pourrait-on dès à présent consacrer quelques fonds à la réparation 80/15/006/382 de la maçonnerie.

Le rapporteur propose en résumé de demander au ministre que 5 000 Francs soient appliqués à ces travaux sur les fonds des cours et tribunaux, et que le reste, soit 6 000 Francs, soit pris sur le fonds des Monuments historiques.

Ces conclusions sont adoptées. 6 000 Francs sont réservés sur 1850.

Monuments de Carnac et de Locmariaquer (Morbihan)

M. Mérimée demande qu'on rappelle au ministre de la Guerre la promesse faite par un de ses prédécesseurs de faire dresser, pour en communiquer une copie à l'administration de l'Intérieur, une carte des monuments de Carnac et de Locmariaquer.

Église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un antiquaire distingué de la Ville de Rouen, consulté par M. Grégoire au sujet de l'ornementation de la partie inférieure de la façade de Saint-Ouen, lui a présenté un programme fort détaillé et qui comprend un assez grand nombre de bas-reliefs et de statues. L'ensemble de la composition est tiré de l'histoire religieuse de la ville et de la province. Un second parti a été proposé à l'habile architecte de Saint-Ouen. Il consiste à copier ou plutôt à reproduire, avec des variantes de proportion et quelques légers changements, la disposition de quelques églises du même temps, à imiter les statues qu'on trouve le plus fréquemment aux portails du XIVe siècle, ainsi que ces grandes compositions un peu banales peut-être, mais dont la convenance ne peut être contestée, qui se présentent dans presque toutes nos grandes églises.

C'est pour décider entre ces deux partis que M. Grégoire consulte la Commission.

M. le rapporteur se demande si la Commission doit avoir un avis sur cette matière et si la question n'est pas de celles qui doivent être décidées par le goût de l'architecte. Et, dans le cas où la Commission se prononcerait, 80/15/006/383 M. Mérimée croirait devoir rappeler une décision assez récente prise dans une circonstance analogue, au sujet du portail de Notre-Dame de Paris. Après un examen approfondi, on résolut de reproduire les motifs les plus fréquents dans les grandes églises du XIVe siècle. Les considérations qui déterminèrent cette résolution furent que dès qu'on invente dans une restauration, on court le risque de faire une faute et de laisser voir trop clairement une reprise moderne.

M. Lenormant partage l'avis de M. Mérimée, il croit toutefois que la Commission doit hardiment exprimer son avis ; il ne voudrait pas qu'on imposât un programme à M. Grégoire, mais il est d'avis de lui donner des conseils lorsqu'il en demande. En conséquence, il propose de charger M. Mérimée de rédiger une note pour M. Grégoire, résumant les principes qui sont ressortis de la discussion, c'est-à-dire la reproduction de types connus et des dispositions adoptées le plus généralement, dans les monuments de la même époque.

La Commission adopte ces conclusions.

Église de Saint-Florentin (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un mémoire a été adressé au ministre au sujet des projets proposés pour la restauration de l'église de Saint-Florentin. M. Mérimée pense que le travail envoyé à l'administration de l'Intérieur est rédigé avec si peu d'exactitude qu'il ne peut en aucune façon modifier les résolutions déjà prises par la Commission.

Église de Poissy (Seine-et-Oise)

M Lenormant demande que M. Viollet-le-Duc soit invité à se rendre à Poissy avec deux membres de la Commission pour y examiner les travaux déjà faits, et ceux qu'il serait encore nécessaire d'exécuter à l'église de cette Commune.

Ces conclusions sont adoptées. (13)

Vitraux de Conches (Eure)

M. Lenormant donne communication des renseignements qu'il a reçus au sujet de la dépense qu'occasionnerait la reproduction par le dessin des vitraux de Conches. Ce travail coûterait 80/15/006/384 3 675 Francs pour les dessins à faire et 400 Francs pour frais d'échafaudages. M. Lenormant fait observer que chaque verrière pourrait être dessinée successivement sans qu'il fût nécessaire de faire toute la reproduction avant de commencer la restauration ; il annonce du reste qu'il fera un rapport à ce sujet dans la prochaine séance.

La Commission s'ajourne au 22 mars.

22 mars 1850 (46e séance) [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée ; Labrouste, Hauréau, Questel, de Laborde, Caristie, de Maleville, Mercey, Blanc, Lenormant, Paul Lacroix, Durieu, de Lasteyrie, Courmont.
Hôtel de ville de Saint-Quentin (Aisne)

M. Courmont, rapporteur.Sur le rapport du secrétaire, la Commission décide qu'en considération du sacrifice que vient de s'imposer la Ville de Saint-Quentin en votant une somme de 18 000 Francs pour la restauration de son Hôtel de ville, une allocation de 10 000 Francs lui serait accordée d'une manière définitive avec promesse d'un second secours de même somme lorsque la Commune consentirait à prendre à sa charge le restant de la dépense prévue au devis de M. Lacroix, architecte. Il est bien entendu que cette somme de 10 000 Francs, réunie aux 18 000 Francs de la ville, sera affectée à la restauration de la façade comprise au devis pour 22 000 Francs (les 10 000 Francs sont répartis, 7 000 Francs sur 1850 et 3 000 Francs sur 1851).

Église de Jouarre (Seine-et-Marne)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission 80/15/006/385 charge M. Garrez, architecte, de se rendre à Jouarre pour y préparer un rapport sur l'état de l'édifice, et les causes de la détérioration que l'on remarque déjà dans ce monument tout récemment réparé.

Église d'Auxonne
Hôpital de Beaune (Côte-d'Or)

M. Caristie met sous les yeux de la Commission les dessins de M. Scheffer sur l'église d'Auxonne ; d'après l'inspection de ce travail, la Commission décide que M. Scheffer sera chargé de relever les dessins de l'Hôpital de Beaune, travail pour lequel il avait été proposé dans une précédente séance. Ecrire à M. Scheffer, en le prévenant de faire les dessins dont il s'agit à deux centimètres par mètre pour élévation et à un centimètre pour les plans.

Palais ducal de Nancy (Meurthe)

M. Lenormant rappelle à la Commission que l'on est dans l'intention d'établir un musée lorrain à Nancy dans une des ailes de l'ancien palais ducal. Il demande qu'à cette occasion qui va donner lieu à des réparations dans le palais, M. [Émile] Boeswillwald soit chargé d'étudier un projet de restauration de l'édifice.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Die (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'isolement de l'église de Die, pour lequel un secours est demandé au ministre de l'Intérieur, est assurément désirable, mais, dans l'état des finances des Monuments historiques, il lui paraît difficile de concourir efficacement à l'acquisition d'une maison, dépense de luxe pour ainsi dire, et qui n'intéresse pas matériellement la conservation de l'édifice.

Le rapporteur pense que le concours du ministère des Cultes devrait être sollicité d'abord, et, si on l'obtenait, peut-être pourrait-on, pour encourager la Commune, accorder une subvention de 1 000 Francs.

Ces conclusions sont adoptées.

Porte Saint-Marcel à Die (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, croit que le travail de M. Manguin et l'excellent rapport qui l'accompagne doivent dispenser l'administration de s'occuper davantage d'une ruine qui n'offre plus qu'un médiocre intérêt. Une restauration partielle coûterait plus de 9 000 Francs et n'aurait 80/15/006/386 indubitablement presque aucun résultat. Il en attendrait davantage d'un travail de déblaiement et d'isolement, mais pour cela il faudrait dépenser près de 40 000 Francs. Dans l'état du fonds des Monuments historiques, le rapporteur ne pense pas qu'un pareil sacrifice soit possible. Il existe en France un si grand nombre de monuments, et leur situation est en général si grave que, même avec des ressources beaucoup plus considérables, on ne parviendrait pas à les réparer et à les conserver tous. Par ces considérations, le rapporteur propose l'ajournement de cette affaire.

L'ajournement est prononcé.

Église de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la situation de l'église de Saint-Paul-Trois-Châteaux, déjà signalée comme fâcheuse par M. Questel dans son rapport, s'est encore sensiblement aggravée. Le devis de M. Questel prévoyait une dépense d'environ 24 000 Francs ; les évaluations de M. Manguin portent cette dépense à près du double, c'est-à-dire 46 349 Francs. Encore dans son devis supplémentaire, M. Manguin n'a pas porté la reconstruction du porche, ni celle du clocher, deux opérations importantes qui compléteraient la restauration de l'édifice. Le rapporteur n'a aucune observation à faire sur le travail de M. Manguin qui n'est qu'un complément à celui de M. Questel et qui est parfaitement justifié.

En résumé, comme la dépense n'est pas disproportionnée avec l'intérêt que doit inspirer cette admirable église, le rapporteur propose d'accorder conditionnellement une somme de 30 000 Francs en 5 exercices en réclamant le concours de la Commune pour 7 000 Francs, et celui du ministre des Cultes pour 10 000 Francs.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Notre-Dame de Calma à Lachau (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, regarde le travail que M. Manguin présente sur l'église de Notre-Dame de Calma comme fort intéressant, mais il ne trouve pas que le monument mérite un sacrifice aussi considérable que celui que nécessiterait sa restauration. Il croit que le ministre de l'Intérieur peut employer beaucoup plus 80/15/006/387 utilement les 7 347 Francs que demanderaient les travaux. Il propose donc le rejet de l'allocation, en demandant toutefois le classement de l'édifice.

Le classement est prononcé ainsi que l'ajournement de toute allocation.

Sainte-Chapelle de Saint-Germer-de-Fly (Oise)

Sur la proposition de M. Mérimée, rapporteur, la Commission accorde une somme de 27 000 Francs pour la continuation des travaux de la chapelle Saint-Germer, dont le devis général a déjà été approuvé. Cette somme sera répartie sur trois exercices, 10 000 Francs sur 1849, 7 000 Francs sur 1850, et 10 000 Francs sur 1851.

Église de Gargilesse (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, propose l'allocation de la somme de 11 000 Francs prévue au devis de M. Mérindol pour les réparations de l'église de Gargilèse. En considération de l'urgence des travaux, la Commission accorde le secours demandé en deux exercices, à savoir 4 000 Francs sur 1850 et 7 000 Francs sur 1851.

MM. Godard-Faultrier et Backer proposés comme correspondants du Maine-et-Loire et du Nord

La Commission décide que la nomination de M. Godard-Faultrier comme correspondant du Maine-et-Loire et de M. Backer comme correspondant dans le département du Nord seront soumises à l'approbation du ministre.

Église de Poissy (Seine-et-Oise)

M. Lenormant, rapporteur, fait connaître à la Commission les résultats de l'examen que la sous-commission nommée dans la dernière séance a été faire de la situation de l'église de Poissy. Il fait l'éloge des travaux exécutés jusqu'à ce jour et expose la nécessité de leur donner une nouvelle impulsion. Une somme de 10 000 Francs est encore nécessaire pour imprimer aux travaux une marche convenable. La Ville de Poissy a déjà donné 10 000 Francs sur cet exercice et serait disposée à continuer le concours qu'elle a prêté jusqu'ici à l'opération.

M. Lenormant demande que l'on invite la Commune de Poissy à s'engager 80/15/006/388 pour plusieurs années, et propose d'allouer sur le fonds des Monuments historiques une somme de 45 000 Francs à la condition que le ministre des Cultes en accordera 25 000 Francs.

Ces conclusions sont adoptées. Les 45 000 Francs sont alloués, savoir : 15 000 Francs sur 1849, 15 000 Francs sur 1850 et 15 000 Francs sur 1851.

Vitraux de l'église à Conches (Eure)

M. Lenormant, rapporteur, reprend la proposition qu'il avait faite dans la dernière séance au sujet des vitraux de Conches. Il expose que ces verrières forment l'ensemble le plus riche et le plus précieux des productions de la peinture sur verre en Normandie, dans la première moitié du XVIe siècle. Il propose donc d'abord de les ranger dans la première catégorie des Monuments historiques, c'est-à-dire parmi ceux dont l'intérêt extraordinaire autorise l'État à se charger seul du travail de restauration qui les concerne. Le rapporteur est d'avis que cette grande entreprise de restauration exige l'intervention de trois ordres de coopérateurs :

1° le meilleur atelier de peintres verriers,

2° un artiste d'un mérite supérieur pour rétablir et compléter les compositions, et suivre l'exécution dans ses moindres détails,

3° des agents dévoués qui sur les lieux commencent par faire le calque et l'inventaire, morceau par morceau, de chaque panneau de verre.

M. Lenormant propose de confier les travaux de peinture sur verre à l'atelier de la Manufacture nationale de Sèvres ; de désigner M. Savinien Petit comme peintre chargé de faire les dessins et cartons nécessaires à la restauration ; enfin, de commander le calque des vitraux existants à MM. Laumonnier frères, sculpteurs en bois à Conches. Ces derniers demandent 205 Francs pour chacune des fenêtres du choeur et 155 Francs pour chacune des fenêtres de la nef, en tout 3 675 Francs, plus 450 Francs pour frais d'échafaudage. La restauration aurait lieu successivement et on commencerait par les fenêtres de la nef, à partir de celles qui ont été le plus endommagées par la chute du clocher.

La Commission approuve toutes les 80/15/006/390 conclusions du rapport, et adopte le principe de la restauration, mais elle décide qu'elle ne sera mise en voie d'exécution qu'après qu'une sous-commission prise dans son sein aura examiné sur place les verrières avec les artistes qui devront être chargés de la restauration.

Église de La Chapelle-sur-Crécy (Seine-et-Marne)

Sur la proposition de M. Lenormant, rapporteur, la Commission accorde 3 600 Francs sur l'exercice 1850 pour les réparations de l'église de La Chapelle-sur-Crécy, demandées par M. Garrez.

Clocher de Déols (Indre)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission ajourne l'allocation d'une somme de 3 191 Francs demandée pour la réparation du clocher de Déols, seul reste d'une magnifique abbaye. La Commission est d'avis de réserver pour d'autres édifices d'une utilité actuelle le peu de fonds dont elle dispose.

La Commission s'ajourne au 5 avril. 80/15/007/1

5 avril 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Paul Lacroix, Vaudoyer, Questel, Labrouste, Mercey, Courmont.
Église des Minimes de Nantes (Loire-inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église des Minimes pour laquelle un secours est réclamé de M. le ministre de l'Intérieur, ne lui paraît offrir aucun intérêt au point de vue de l'art. Dans le moment où l'épuisement des faibles ressources du ministère ne permet pas d'entreprendre la réparation d'un grand nombre d'édifices d'une importance réelle, le rapporteur croit qu'il n'y a pas lieu de classer une église construite dans une époque de décadence avancée, et qui ne se recommande par aucun détail remarquable.

Les conclusions du rapport sont adoptées. Le classement n'est pas admis.

Église de Selles-Saint-Denis et chapelle Saint-Genoulph (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'adopter les conclusions du rapport de M. de La Morandière, c'est-à-dire d'autoriser la démolition de Selles-Saint-Denis, et de s'occuper de la conservation de la chapelle Saint-Genoulph. La dépense nécessaire à la restauration de ce dernier édifice est de 5 180 Francs en la réduisant aux travaux de consolidation les plus urgents. Le rapporteur expose qu'il ne serait pas possible d'obtenir de secours du ministre des Cultes, la chapelle Saint-Genoulph n'étant ni paroisse ni succursale. Il n'y a rien non plus à espérer de la Commune qui doit faire une dépense considérable pour se bâtir une église en remplacement de celle qui doit être démolie.

Le rapporteur croit donc que toute la somme demandée doit retomber à la charge du ministère de l'Intérieur.

La Commission, d'après les conclusions du rapport de M. Mérimée, accorde les 5 000 Francs en deux exercices. Le secrétaire est chargé de déterminer sur quels exercices le secours devra être imputé.

Hôtel de ville de Compiègne (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le devis envoyé à l'appui d'une demande de secours en faveur de l'Hôtel de ville de Compiègne est beaucoup trop sommaire pour qu'on puisse y avoir égard. Il propose de charger M. Verdier d'étudier la restauration de ce monument.

Conclusions approuvées.

Église de Tracy-le-Val (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'une somme de 2 287 Francs est encore due sur les travaux qui ont été 80/15/007/2 exécutés à l'église de Tracy-le-Val, d'après les ordres de l'administration de l'Intérieur. Sans doute, on a eu tort de pousser les travaux au-delà du chiffre alloué par cette administration, avant d'avoir obtenu le vote que l'on avait réclamé de la Commune et du département, mais comme il serait aujourd'hui impossible de l'obtenir, le rapporteur pense que l'administration, tout en blâmant l'architecte, ne peut l'empêcher de solder la dépense faite.

La Commission, approuvant les conclusions du rapport, décide que cette somme de 2 200 Francs sera imputée sur le crédit de l'exercice 1849.

Église de Rouvres (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, fait observer à la Commission que c'est toujours avec répugnance qu'il propose l'allocation de petites sommes à des monuments d'une importance secondaire. Toutefois, l'église de Rouvres pour laquelle le préfet du Calvados demande un secours lui semblerait mériter une exception, et il n'hésiterait pas à proposer une allocation de 1600 Francs pour concourir, avec celles qu'ont accordées la Commune et le département, à l'exécution des travaux de 1ère catégorie, si le devis était rédigé d'une manière plus satisfaisante. Mais le travail transmis au ministre ne fait pas bien connaître la situation de l'édifice ; en outre, il n'est pas signé par un architecte déjà connu et offrant des garanties à la Commission.

M. Mérimée propose de charger soit l'architecte diocésain, soit M. Vérolles d'étudier la restauration du clocher de Rouvres.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission qui décide que M. Vérolles sera chargé de préparer un nouveau travail.

Église de Cully (Calvados)

M. Labrouste, rapporteur, expose que le clocher de Cully menace ruine ; il penche d'un côté de 0, 75 M. L'architecte du département propose de le démolir et de le reconstruire ensuite en remplaçant les pierres de mauvaise qualité par des matériaux de bonne qualité ayant les mêmes dimensions que les premières. Le rapporteur pense que, pour prendre un parti convenable, il serait avant tout nécessaire de savoir si le clocher ne peut pas être conservé au moyen de quelques travaux ; deuxièmement, si la démolition est inévitable, doit-on le rétablir à la place qu'il occupe aujourd'hui ou à une autre place, ainsi que le propose l'architecte. Selon le rapporteur, cette transposition serait fâcheuse, car, pour la forme, la disposition de ses 80/15/007/3 ouvertures, le clocher a évidemment été conçu pour occuper le centre de l'église, et il eût certainement été tout autrement disposé s'il avait dû en décorer l'entrée.

Par ces motifs, le rapporteur propose à la Commission de n'accorder de fonds que pour la conservation du clocher par une consolidation quelconque, et, si la démolition est inévitable, M. Labrouste est d'avis d'en faire exécuter un dessin exact pour les Archives des Monuments historiques et de laisser à l'administration des Cultes le soin de pourvoir à la sécurité des paroissiens et aux besoins du culte. Cet avis est adopté.

Église de La Trinité à Vendôme (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il a visité, il y a peu de temps, l'église de La Trinité, à Vendôme, et qu'il a pu voir combien étaient urgentes les réparations demandées pour la toiture et les contreforts. Ce qui surprend le rapporteur, c'est que les travaux commencés sous la direction de M. Lenormant soient aujourd'hui entre les mains de l'architecte de Vendôme, sans que ce changement de direction ait été notifié au ministre de l'Intérieur et approuvé par lui. Le devis rédigé par ce nouvel architecte n'a pas semblé à M. Mérimée rédigé d'après les principes souvent recommandés par la Commission des Monuments historiques . Ainsi, on y voit figurer pour une somme assez considérable le ragréage en ciment romain des contreforts de l'église.

Le rapporteur propose donc, comme l'église de Vendôme mérite une restauration bien faite, de charger M. Lenormant de rédiger un nouveau devis et 2° d'en informer le préfet de Loir-et-Cher en l'invitant à réclamer le concours du ministère des Cultes, celui de la Fabrique et celui de la Ville de Vendôme qui ne paraît pas encore avoir contribué en rien à la dépense. On devrait également avertir le préfet de Loir-et-Cher que les sacrifices que feraient les deux ministères des Cultes et de l'Intérieur seraient subordonnés à ceux de la Ville et de la Fabrique.

Ces conclusions sont approuvées par la Commission, et il est décidé qu'il sera écrit dans ces termes.

Église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère)

M. Mérimée, rapporteur, donne avis à la Commission de l'envoi adressé au ministre de l'Intérieur des rapports de la commission nommée par le préfet du Finistère pour constater l'état de la flèche de Quimperlé. Contrairement à l'avis de messieurs Lassus et Bigot, ces rapports concluent à la possibilité de la 80/15/007/4 conservation de ce clocher.

La Commission décide que ces rapports seront communiqués à M. Lassus, en lui demandant quand il pourra se rendre à Quimperlé, et lui disant qu'il serait à désirer que sa visite pût être connue assez longtemps à l'avance pour qu'on en puisse prévenir les autorités locales.

Église Saint-Sylvain de Levroux (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que, dans le dernier rapport qu'il fit à la Commission sur l'église de Levroux, il annonçait que les allocations accordées par les ministres de l'Intérieur et des Cultes et par la Commune étaient tout à fait insuffisantes, et que les premiers travaux avaient démontré la nécessité de faire des travaux beaucoup plus considérables qu'il n'avait été possible de prévoir. Le rapporteur a déjà signalé l'importance de l'édifice, il ne fait que remettre sous les yeux de la Commission l'opinion qu'elle s'en est faite elle-même, que c'était un monument qui méritait un intérêt exceptionnel. Le devis présenté par M. Mérindol s'élève à 84 000 Francs.

Le ministre de l'Intérieur a alloué, sur 1850, 4 000 Francs,

le ministre des Cultes, 8 000 Francs,

la Commune, 2 000 Francs,

au total, 14 000 Francs.

Comme la Commune s'est engagée à fournir 6 000 Francs en trois exercices, les ressources s'élèvent donc à 20 000 Francs. C'est donc 64 000 Francs de déficit. L'opinion de l'architecte est qu'il serait dangereux de différer les réparations ou de les diviser en trop grand nombre de campagnes.

Le rapporteur croit qu'il est bien difficile de pourvoir à une pareille dépense dans la situation financière des ministères de l'Intérieur et des Cultes. Cependant, comme il serait possible de trouver un entrepreneur qui ferait les avances si une subvention était assurée sur plusieurs exercices, le rapporteur propose de communiquer le devis et les dessins de M. Mérindol au ministère des Cultes et de proposer au ministre de l'Intérieur d'accorder 30 000 Francs en trois exercices, à la condition que le ministre des Cultes donnerait un secours de pareille somme.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission. 30 000 Francs conditionnellement en trois exercices.

Église de Nohant-Vic (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que les réparations réclamées pour l'église de Nohant-Vic, dont les peintures ont excité l'intérêt de la Commission, 80/15/007/5 consistent dans la réfection de la toiture et la démolition d'un clocher en bois qui fatigue les murs latéraux ; en outre l'architecte propose l'agrandissement de l'église et la construction d'un clocher nouveau.

Le rapporteur est d'avis qu'il n'y a dans ces réparations qu'un petit nombre de travaux qui concernent l'administration des Monuments historiques. Dans son opinion, la moitié au moins de la dépense prévue doit incomber au ministère des Cultes. De plus, il ne doute pas qu'il ne soit très facile de réduire assez notablement la dépense prévue par l'architecte.

La Commission, sur ce rapport, décide que la moitié de la dépense sera supportée par le budget des Monuments historiques à la condition que ce travail ne coûtera pas plus de 12 000 Francs.

Église de Saint-Maximin (Var)

Sur le rapport de M. Questel, la Commission décide qu'il sera alloué une somme de 400 Francs pour indemniser le sieur Allard du tort qui lui a été causé en détruisant une écurie qui lui appartenait, et dont l'enlèvement était nécessaire à la bonne exécution des travaux faits d'après les ordres du ministère de l'Intérieur pour le déblaiement des abords de l'église.

La Commission s'ajourne au vendredi 12 avril.

12 avril 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Maleville, Mérimée, Caristie, de Laborde, Lenormant, Mercey, Vitet, Vaudoyer, Courmont.
Pont Flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant annonce qu'il présentera dans la prochaine séance un travail que M. Révoil lui a adressé sur la restauration du pont de Saint-Chamas.

Église Saint-Urbain de Troyes (Aube)

Sur la demande de M. Lenormant, la Commission décide que M. [Émile] Boeswillwald sera chargé d'examiner le projet de travaux que M. Fléchet propose d'exécuter à l'église Saint-Urbain de Troyes.

Abbaye de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche)

La Commission demande aussi que M. Danjoy soit invité à remettre dans le plus bref délai les comptes 80/15/007/6 des travaux de l'église de Saint-Sauveur-le-Vicomte qu'il a été chargé de régler, et dont le paiement se trouve empêché par son retard.

Musée du Puy-en-Velay (Haute-Loire)

Le secrétaire, M. Courmont, soumet à la Commission la demande adressée au ministre d'une allocation pour la création d'un musée au Puy.

Ce projet est rejeté par la Commission.

Chapelle du Liget (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'importance de la chapelle du Liget, constatée comme elle l'est, le premier sacrifice que l'administration a fait en l'achetant en implique nécessairement un second, qui est sa restauration. Le rapporteur ne peut qu'approuver le devis de M. Verdier, et proposer l'allocation du fonds qu'il demande, savoir : 3 431F 10 sur les exercices 1850 et 1851. Le rapporteur fait remarquer qu'il importe extrêmement de fermer au plus vite ce petit monument pour assurer la conservation des peintures.

Conclusions adoptées. 2 000 Francs sur 1850, 1 431F10 sur 1851.

Église de Thuret (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'importance de l'église de Thuret résulte suffisamment du travail graphique de M. Mallay, et le classement de cet édifice lui paraît devoir être proposé au ministre.

La Commission partage cet avis.

Église de Saint-Calais (Sarthe)

M. Mérimée rappelle qu'on a déjà accordé, et cela peut-être un peu légèrement, une allocation à l'église de Saint-Calais. On en demande une autre aujourd'hui pour réparation à la toiture, ce qui semble mettre l'entretien de ce monument à la charge du ministère. M. Mérimée propose de répondre que le ministère ne peut se charger des travaux d'entretien qui sont à la charge de la Fabrique et de la Commune ; qu'en cas d'insuffisance constatée de ressources, elles doivent s'adresser au ministère des Cultes.

Conclusions adoptées.

Pont Saint-Bénézet à Avignon (Vaucluse)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commission a déjà témoigné de son intérêt pour ce monument si intéressant, et aujourd'hui unique en son genre, en demandant à M. Renaux un devis des travaux d'urgence qu'il nécessite. Le devis monte à 5 360 Francs, mais il semble qu'en ajournant la construction 80/15/007/7 d'un parapet de pierre, et en y substituant provisoirement un parapet en bois, on pourrait réduire notablement la dépense.

Le rapporteur estime qu'une somme de 2 500 Francs suffirait, et il en propose l'allocation sur 1850.

Conclusions adoptées. 2 500 Francs alloués sur 1850.

Église d'Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais)

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'église d'Aire mérite de l'intérêt, bien que son architecture appartienne à une époque de décadence assez avancée ; l'administration ne saurait donc à son avis se dispenser de prendre en considération les sacrifices que la Ville paraît déterminée à s'imposer pour la restauration de cet édifice. En effet, elle dispose pour cet objet d'une somme de 20 000 Francs et sollicite du gouvernement un secours de 10 000 Francs. Le préfet a demandé la moitié de cette somme au ministre de l'Intérieur, et l'autre au ministre des Cultes. Le rapporteur proposerait d'accorder cette allocation si le montant de la dépense lui paraissait fixé d'une manière régulière. En effet, le devis rédigé par M. Morey avec beaucoup de soin, s'élevait à 120 000 Francs ou au moins à 93 000 Francs si on ne s'attachait qu'aux travaux urgents.

L'évaluation de 30 000 Francs, au contraire, a été faite par une commission du Conseil municipal qui n'a pas indiqué sa manière de procéder. Il faut observer, en outre, que le devis de M. Morey est de 1845, et par conséquent les évaluations du devis loin d'être réduites devraient probablement être augmentées.

Le rapporteur propose en conséquence

de réserver conditionnellement une somme de 5 000 Francs et de communiquer à M. Morey le rapport de la commission du Conseil municipal, en lui demandant ses observations

de transmettre au 2e bureau de la 4e division du ministère la délibération du Conseil municipal d'Aire relative à l'aliénation d'une rente dont le produit est destiné à la dépense des réparations à faire dans l'église d'Aire.

Conclusions adoptées. 5 000 Francs sont réservés conditionnellement, savoir : 2 500 Francs sur 1850, 2 500 Francs sur 1851.

Château de La Caze à Laval-du-Tarn (Lozère)

M. Durieu, rapporteur, met sous les yeux de la Commune des dessins d'un château situé à la Caze, appartenant à M. Marandon de Montyel, et qui a été détérioré par un incendie.

Comme les renseignements communiqués ne peuvent suffire à l'instruction de l'affaire, 80/15/007/8 la Commission décide que M. Laval, architecte, sera chargé de préparer un travail pour l'étude de cette affaire.

Dessins de la Ville des Baux (Bouches-du-Rhône)

La Commission est également d'avis de charger M. Révoil des dessins qu'elle désire avoir sur la Ville des Baux. Cette mission devrait être donnée à M. Laval, mais comme M. Révoil possède déjà un grand nombre de dessins faits par son père sur les mêmes monuments, il est préférable de le charger de ce travail dont il a déjà entre les mains beaucoup de documents.

La Commission s'ajourne au vendredi 19 avril.

19 avril 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Lenormant, Mérimée, Questel, Caristie, Mercey, Vaudoyer, de Maleville, Hauréau, Courmont. Présidence de M. de Maleville.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par le secrétaire. La rédaction est adoptée.
Découverte de M. Gamé, moulage (Sarthe)

Le secrétaire donne lecture à la Commission d'une lettre d'un M. Gamé, professeur de dessin au Mans, qui annonce avoir découvert un procédé de moulage qui, par sa rapidité, son économie, et les autres avantages qu'il présente sur les modes employés jusqu'ici, mériterait d'attirer l'attention de la Commission des Monuments. M. Gamé serait disposé à faire connaître les moyens dont il se sert, si le gouvernement voulait lui accorder une faible indemnité. Des spécimens de moulages envoyés par M. Gamé sont mis sous les yeux de la Commission.

La Commission est d'avis qu'elle ne saurait prendre un parti quelconque avant une expérimentation du procédé de M. Gamé. Elle pense, en conséquence, que le ministre devra inviter M. Gamé à se rendre à Paris dans le cas où il consentirait à se soumettre à cette épreuve devant une commission qui serait nommée ad hoc.

Mosaïque de M. Cretin à Paris (Seine)

Le secrétaire lit une lettre adressée au ministre par M. Cretin au sujet d'une mosaïque qu'il a composée.

La Commission est d'avis que l'affaire dont traite cette lettre n'est en rien de sa compétence.

Ville des Baux (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant fait passer sous les yeux de la Commission les premiers dessins faits par M. Révoil sur les maisons de la Ville des Baux.

Pont Flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant, rapporteur, présente ensuite les dessins envoyés par M. Révoil à l'appui d'une demande de secours 80/15/007/9 pour la réparation du pont antique de Saint-Chamas. Le rapporteur expose que la dépense qu'occasionneront les travaux urgents s'élève à 1 700 Francs. Un devis de 2e catégorie ayant trait à la restauration complète, pouvant être considéré comme inutile, c'est donc 1 700 Francs seulement qu'il s'agirait d'accorder. Le rapporteur propose l'allocation de cette somme, qui doit sauver de la ruine un monument des plus intéressant. Les 1 700 Francs sont alloués par la Commission sur l'exercice 1850.

Sur les observations de MM. Questel et Caristie, il est décidé que M. Révoil sera invité à ne pas procéder pour la réparation des voûtes du pont, en dessous de l'Arc de côté d'Aix de la manière qu'il indique dans son devis descriptif : au lieu d'appliquer des dalles de 20 centimètres, il devra en laisser les pièces qui ont souffert telles qu'elles sont, ou les remplacer par des claveaux entiers.

Sur la demande de M. Lenormant, la Commission décide encore que le ministre sera invité à demander l'interdiction du pont (route nationale 7) pendant le délai nécessaire pour l'achèvement des travaux. La route peut être détournée facilement et, au moyen d'un pont provisoire de 2 mètres au plus et une légère indemnité à deux propriétaires riverains, on pourrait pourvoir à ce changement.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, rend compte à la Commission des résultats de l'examen fait par la sous-commission composée de messieurs Questel, Vaudoyer et lui, sur les travaux exécutés à l'église Saint-Leu d'Esserent. Une somme de 29 000 Francs a été dépensée, dont 21 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, et l'impression qu'ont éprouvée les commissaires délégués a été qu'il y avait peu de besogne faite pour autant d'argent dépensé. A l'extérieur, les contreforts ont été réparés avec des pierres beaucoup trop petites, dont l'effet nuit à l'ensemble de l'appareil, en outre des contreforts ont été inutilement ajoutés, qui défigurent le monument. A l'intérieur, les moulures, les bases des colonnes ont été taillées d'une manière tout à fait grossière. Comme l'architecte n'a pas conservé les attachements, il a été impossible de se rendre de suite [sic] compte de la somme qui a pu être employée.

d'un autre côté, les commissaires ont été à même de reconnaître que ce n'est pas par suite d'un mauvais vouloir contre l'architecte que les autorités locales ont dénoncé les faits signalés à l'autorité centrale ; il semble que le scandale leur a paru si grand qu'elles n'ont pas osé taire ce qui s'était passé. Le maire et le curé affirment que M. Ramée, pendant tout le cours 80/15/007/10 des travaux, n'a pas été à Saint-Leu plus de quatre ou cinq fois. L'entrepreneur n'y a pas été vu davantage. Il a seulement envoyé son fils, jeune homme de 17 ans, qui ne s'est pas du tout occupé des travaux qu'il avait à surveiller. Il y a donc eu dans toute cette affaire négligence très grande, et présomption que les dépenses ont été plus fortes qu'elles n'auraient dû l'être. En présence de ces faits, le rapporteur pense qu'il est indispensable d'apporter la lumière la plus grande ; il propose donc de choisir, parmi les trois architectes vérificateurs les plus estimés, celui qui prendra l'engagement d'aller en personne à Saint-Leu pour y contrôler les travaux faits et faire un rapport très circonstancié sur les faits qui s'y rapportent. Une fois ce rapport entre les mains de la Commission ; il sera pris un parti sur la suite à donner à cette affaire.

En ce qui concerne l'église elle-même, M. Mérimée expose que c'est un des édifices les plus intéressants du commencement du XIIIe siècle, qu'il renferme au-dessus du porche une salle d'un style et d'un caractère admirables, qui est dégradée par suite d'infiltrations, que trois piliers de la nef s'écrasent, et que les réparations n'ont amélioré en rien la situation de l'édifice. Enfin, qu'à côté de l'église il y a un très beau cloître faisant partie d'une propriété particulière.

M. Lenormant partage tout à fait l'avis de M. Mérimée sur la mesure qu'il est nécessaire de prendre pour arriver à connaître au juste le chiffre de la dépense faite. Toutefois, comme dans son rapport il remarque deux choses, d'une part, l'irrégularité dans l'exécution des travaux et la nécessité de poursuivre, dans le cas où les faits avancés seraient prouvés ; de l'autre, une question d'art qui intéresse autant la Commission puisqu'elle est chargée de la conservation du monument ; comme, sur cette dernière question, l'opinion de la Commission doit être déjà faite, qu'il est évident que le monument est entre des mains incapables de le conserver, il demande que dès à présent, la restauration de l'édifice soit confiée à un autre architecte.

La discussion s'engage sur ces deux points, il en résulte que l'on attendra, pour prendre une décision au sujet du maintien de l'architecte dans les travaux qui lui ont été confiés, que l'enquête à laquelle doivent se livrer l'architecte vérificateur et la sous-commission, soit terminée.

La Commission décide que le vérificateur sera un des trois qu'elle désigne, messieurs Monot 80/15/007/11 (quai Malaquais, 9), M. Auger (rue des Saint-Pères, 19) et M. Gourneau.

Le secrétaire est chargé de s'entendre avec celui de ces messieurs qui pourra remplir personnellement la mission dont il s'agit. (Le secrétaire a pu conférer avec M. Auger qui s'engage formellement à y aller en personne et prochainement) (14).

Restauration du cloître de Saint-Ouen à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Mérimée annonce qu'au moyen des fonds votés M. Grégoire se propose non seulement d'achever les travaux projetés, mais même de restaurer les restes intéressants du cloître de Saint-Ouen ; le rapporteur propose d'autoriser cette restauration et de prier le ministre d'écrire à M. Grégoire pour lui témoigner toute sa satisfaction de la manière dont il a administré l'affaire grande et difficile qui lui était confiée.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Église Saint-Nazaire de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée donne communication à la Commission d'une lettre qu'il a reçue de M. Viollet-le-Duc au sujet des travaux de Saint-Nazaire de Carcassonne. Cet architecte aurait besoin d'un terrain situé dans la partie occidentale de l'édifice pour y établir un chantier. Il serait indispensable d'acheter ce terrain pour en avoir sûrement la jouissance jusqu'à l'achèvement des travaux. L'entrepreneur consentirait à en faire l'achat s'il était sûr qu'à la fin des travaux le gouvernement le rembourserait de ses avances qui s'élèveront à 2 600 Francs environ.

La Commission décide que ce terrain sera acheté et payé sur les premiers fonds libres dont on pourra disposer lors de la liquidation du fonds d'un exercice.

Maison romane à Saint-Gilles (Gard)

M. Lenormant propose de charger M. Révoil de continuer les démarches commencées par M. Questel pour l'acquisition de la maison romane de Saint-Gilles.

Cette proposition est adoptée par la Commission. Avis en sera donné à M. Révoil et au préfet du Gard.

Clocher de Vertheuil (Gironde)

M. Mérimée annonce que M. Abadie signale la situation alarmante du clocher de l'église de Vertheuil, et demande l'autorisation de l'étayer d'urgence. La dépense est évaluée de 400 à 500 Francs.

Le rapporteur propose de l'autoriser. 80/15/007/12

La Commission, approuvant ces conclusions, alloue les 500 Francs nécessaires sur 1850.

Ancienne cathédrale d'Apt (Vaucluse)

M. Mérimée expose que les réparations que réclame l'ancienne cathédrale d'Apt et évaluées à 1575 Francs sont de véritables dépenses d'entretien, et il trouve surprenant qu'on s'adresse au ministère de l'Intérieur pour y pourvoir. La Ville et la Fabrique ont voté ensemble une somme de 800 Francs. On demande au ministère le complément du devis, 775 Francs. Sans doute, ajoute le rapporteur, l'importance du monument est grande, mais il y aurait peut-être du danger à laisser s'établir un précédent qui autoriserait toutes les Fabriques d'églises monumentales à compter sur l'administration pour de simples travaux d'entretien.

En conséquence, le rapporteur propose le rejet de la demande du préfet du Vaucluse. Le rejet est prononcé par la Commission.

Église de l'ancienne abbaye de Fontgombault (Indre)

M. Mérimée rappelle qu'une somme de 10 000 Francs a été allouée pour la restauration de l'église de Fontgombault, bien que l'édifice soit devenu propriété particulière. C'est une exception fort rare, méritée sans aucun doute, mais qu'il serait peut-être excessif de marquer encore par une nouvelle subvention. Le résultat le plus désirable, la conservation des restes admirables du choeur, a été obtenue. Il y a tout lieu d'espérer que la communauté qui possède Fontgombault parviendra à réunir les ressources suffisantes non seulement à la réparation de la partie conservée de l'église, mais encore au rétablissement de la nef démolie.

Le rapporteur pense que, dans la situation où se trouve le fonds des Monuments, une nouvelle allocation serait impossible.

La Commission partage l'avis du rapporteur. (15)

Église d'Andlau (Bas-Rhin)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission reporte sur 1850 l'allocation accordée sur 1849 pour les travaux de l'église d'Andlau, qui n'ont pas pu être faits dans le courant de la campagne dernière, et, acceptant la soumission du sieur Brion, demande qu'elle soit soumise à l'approbation du ministre.

Église Notre-Dame-de-Nantilly à Saumur (Maine-et-Loire)

M. Mérimée expose que le rapport de M. Joly signale la situation inquiétante de l'église de Notre-Dame-de-Nantilly 80/15/007/13 dont il est inutile de rappeler l'importance. Cette situation paraît être le résultat de la déplorable négligence de la Fabrique ou même de travaux très imprudents qu'elle a fait exécuter à une époque déjà éloignée. Le devis de M. Joly ne donne lieu qu'à fort peu d'observations qui d'ailleurs n'auraient pour objet que de réduire le chiffre de la dépense. Ce devis est de 25 000 Francs non compris les honoraires de l'architecte et l'imprévu. Sur cette somme, on pourrait retrancher un certain nombre d'articles, et 15000 Francs suffiraient pour les travaux les plus urgents. Rien dans le dossier ne fait connaître quelles peuvent être les ressources locales. On ne peut guère compter sur le concours de la Ville et sur celui de la Fabrique. Le concours de l'administration des Cultes serait indispensable pour arriver à une restauration efficace, et le rapporteur proposerait de le réclamer.

En résumé, le rapporteur proposerait de réserver 7 000 Francs sur deux exercices et de solliciter une allocation de même valeur du ministère des Cultes, ainsi que le concours de la Ville et de la Fabrique.

Conclusions approuvées. 3 500 Francs réservés sur 1850, 3 500 Francs sur 1851 conditionnellement. (16)

Église du Puy-Notre-Dame (Maine-et-Loire)

M. Mérimée expose que l'église du Puy-Notre-Dame est un édifice fort curieux, surtout par sa position dans le voisinage de Saumur, où son architecture est une exception fort singulière au système général du pays. On s'explique sa disposition étrange en se rappelant que la Ville du Puy-Notre-Dame appartenait aux comtes de Poitiers. La situation de cet édifice est déplorable. Le travail que M. Joly adresse au ministre comprend les réparations les plus urgentes, le total est de 28 304 Francs non compris l'imprévu et les honoraires de l'architecte. C'est donc au moins 32 000 ou 33 000 Francs qu'il faudrait réunir.

Le rapporteur croit même que ce dernier chiffre serait insuffisant. Comme le travail graphique de M. Joly est encore incomplet, que l'église est assez intéressante pour mériter une étude complète, le rapporteur propose de la demander à l'architecte en l'engageant à revoir son devis et à le diviser par catégories suivant le degré d'urgence des travaux.

En même temps on réclamerait dès à présent le concours de l'administration des Cultes, et on 80/15/007/14 écrirait au préfet de Maine-et-Loire pour connaître les ressources de la Commune et de la Fabrique, ajournant toute décision quant à une allocation de secours jusqu'à l'année prochaine.

Conclusions approuvées par la Commission. (17)

Église de Taverny (Seine-et-Oise)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission accorde une allocation de 2 460 Francs pour les travaux d'urgence proposés par M. Garrez pour la reprise d'un arc-boutant au nord, et celle des contreforts à l'est.

Église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne)

M. Mérimée donne connaissance à la Commission d'une lettre par laquelle M. de Chergé annonce que la Ville de Poitiers vient de mettre à la disposition de la Commission pour les travaux de Notre-Dame de Poitiers une somme de 4 500 Francs.

Le rapporteur pense que ce serait l'occasion de donner à cette Ville un témoignage de satisfaction. Il fera à cet égard prochainement une proposition à la Commission.

Église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

Sur l'avis du secrétaire, la Commission approuve la soumission présentée par messieurs Jean et Bonnet, pour les travaux de sculpture de l'église Saint-Ouen et s'élevant à 29 310 Francs.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission approuve l'imputation sur 1849 d'une allocation de 6 000 Francs, formant la 2e moitié d'une allocation de 12 000 Francs accordée pour les travaux de Saint-Sulpice de Favières, dont avis a été donné au préfet de Seine-et-Oise, par lettres du 2 mai 1849 et 28 février 1850.

Église de Montbenoît (Doubs)

Sur l'avis du secrétaire, la Commission reporte sur 1850 une allocation de 1 000 Francs accordée pour le cloître de l'église de Montbenoît, sur l'exercice 1849.

Fouilles à Jurançon (Basses-Pyrénées)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission alloue une somme de 200 Francs sur l'exercice 1850 pour contribuer aux fouilles qui s'exécutent dans la Commune de Jurançon près de Pau. 80/15/007/15

Conservatoire des Arts et Métiers, moulages, Paris (Seine)

Le secrétaire rappelle à la Commission la délibération dans laquelle elle avait invité M. le directeur des Beaux-arts à autoriser M. Vaudoyer à faire mouler certain nombre de parties d'ornements intéressantes de l'ancien réfectoire de l'abbaye Saint-Martin des Champs, à Paris, aujourd'hui conservatoire des Arts et Métiers. Ce à quoi M. Blanc avait consenti en s'engageant à imputer cette dépense sur le fonds des Beaux-arts.

Comme les moulages sont terminés, la Commission décide qu'elle demandera à M. le ministre de donner les ordres pour que cette dépense soit soldée ainsi qu'il avait été convenu.

Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

Une somme de 6 000 Francs est accordée à M. Denuelle pour le prix des dessins qu'il a exécutés au Palais des Papes à Avignon et sera portée sur l'exercice 1849.

La Commission s'ajourne au 26 avril 1850.

26 avril 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, de Guizard(18), Vaudoyer, Paul Lacroix, Caristie, Lenormant, de Laborde, Mercey, Vitet, de Lasteyrie, Courmont. Présidence de M. Lenormant, vice-président.
Château de Conches (Eure)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre par laquelle M. Bonnin, correspondant du ministère pour les Monuments historiques de l'Eure, annonce que Mme de Clercq, propriétaire du château de Conches par suite de difficultés survenues entre la municipalité de Conches et elle serait dans l'intention d'abattre le château. M. Lenormant pense que, comme dans la destruction de cet édifice, il n'y aurait aucun avantage pour la propriétaire, et que sa détermination ne peut venir que d'un mouvement de mécontentement que sans doute on pourrait apaiser, il y aurait lieu de faire une démarche auprès de Mme de Clercq pour obtenir d'elle qu'elle renonçât à ce projet.

La Commission charge MM. Mérimée et Lenormant de se rendre dans ce but auprès de Madame de Clercq.(19)

Hôtel Lambert à Paris (Seine)

M. Lenormant annonce que l'Hôtel Lambert est de nouveau en vente. Il est d'avis de renouveler auprès de la Ville de Paris les démarches qui ont été déjà faites dans une circonstance semblable. Il regrette qu'à cette époque la Ville, qui paraissait bien disposée, n'ait pas pris une détermination plus prompte, car le passage de cet édifice entre les mains du prince 80/15/007/16 Kartoriki (20), et les dépenses que ce dernier a faites pour le restaurer, lui ont été plutôt nuisibles qu'utiles.

La Commission décide que des démarches nouvelles seront faites auprès du Conseil municipal de la Seine, afin qu'il achète cet immeuble pour l'affecter à un service public, à l'école gratuite de dessins par exemple. Les écoles primaires de l'arrondissement pourraient être placées dans le rez-de-chaussée de l'Hôtel. La Commission délègue à quatre de ses membres MM de Lasteyrie, de Laborde, Lenormant et Vaudoyer le soin de préparer un rapport pour cette affaire. Sur la proposition de MM de Laborde et Lenormant, elle désigne ensuite trois artistes MM. Holfeld(21), Savinien Petit(22) et Laurens(23) qui, pendant le cours des négociations que va demander la solution, feront des copies des peintures de Le Sueur qui décorent l'Hôtel Lambert.

Procédé de moulage de M. Lottin de Laval

Sur la proposition de M. de Laborde, la Commission décide que M. le ministre de l'Intérieur sera prié d'inviter son collègue, M. le ministre des Cultes, de lui communiquer le procédé découvert par M. Lottin de Laval, pour l'exécution de ses moulages, et dont le secret vient d'être acquis par les soins de son administration.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, soumet à la Commission un devis de M. Lenoir pour la mise en place de la restauration de l'une des deux cheminées achetées à Châlon pour la décoration des salles de l'Hôtel de Cluny. M. le rapporteur pense que l'acquisition votée par la Commission des cheminées de Châlon, suppose leur établissement dans l'Hôtel de Cluny, et il croit qu'en les autorisant elle l'a décidée implicitement. Il propose donc d'allouer sur 1850 les 1 300 Francs montant du devis de l'architecte.

La Commission approuvant les conclusions du rapport, vote les 1 300 Francs sur 1850.

Église des Aix-d'Angillon (Cher)

M. Mérimée expose qu'un secours est demandé pour l'église des Aix, monument intéressant, et pour le choeur et l'abside qui appartiennent au meilleur temps de l'architecture romane. 80/15/007/17

Malheureusement l'instruction de cette affaire est tellement mal faite qu'il est impossible de se rendre un compte exact de l'état du monument et des dépenses qu'entraînerait sa réparation. Le travail graphique est d'une si grande médiocrité qu'il est nécessaire de s'en procurer un meilleur.

Sur ces conclusions, la Commission décide qu'un architecte attaché aux travaux de la Commission sera chargé de voir l'édifice (l'architecte diocésain [M. Delton]). (24)

Église d'Asnières-en-Bessin (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis que l'église d'Asnières pour laquelle le préfet du Calvados demande un secours est intéressante par sa disposition et par les détails de son architecture, la Commune témoigne d'ailleurs de sa bonne volonté par une contribution de 1 300 Francs sur une dépense évaluée à 2 087 Francs. C'est cette bonne volonté surtout qui milite en faveur de la demande.

Le rapporteur propose donc l'allocation de la somme demandée, 787 Francs si le fonds de secours peut y pourvoir cette année.

La Commission alloue les 787 Francs sur 1850.

Église Sainte-Marie-aux-Anglais au Mesnil-Mauger (Calvados)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission ajourne toute allocation pour la restauration de la petite église de Sainte-Marie-aux-Anglais, jusqu'à une époque où les fonds du ministère permettraient d'entreprendre la réparation de cet édifice.

Ancienne cathédrale de Noyon (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que, dans sa dernière session, le Conseil général du département de l'Oise a émis le voeu que M. le ministre de l'Intérieur fît reprendre les travaux de l'ancienne cathédrale de Noyon. M. le rapporteur est d'avis que la situation du monument est effectivement très grave, les renseignements qui lui ont été donnés à son égard font craindre que le dallage en asphalte, établi sur les absides, ne remplisse fort mal son office. On a signalé des infiltrations d'eaux pluviales dans les voûtes, par suite des crevasses de cette couverture. Sans doute, il y a dans cet accident un effet assez naturel du mauvais système de couverture ; si cependant la Ville et la Fabrique apportaient plus de soin à son entretien, un changement complet dans le système de couverture pourrait être ajourné encore quelque temps sans inconvénient. Aujourd'hui, l'épuisement du fonds du monument ne permet pas de songer à une 80/15/007/18 restauration complète. Dans tous les cas, la Fabrique et la Ville de Noyon pourraient être mises en demeure dès à présent de concourir à la dépense.

M. le rapporteur propose d'inviter M. le préfet de l'Oise à prendre les mesures nécessaires. Il propose également de réclamer le concours du Conseil général dont les voeux seraient plus efficaces, s'ils étaient accompagnés d'une subvention.

Ces conclusions sont adoptées.

Monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble (Isère)

La Commission décide que M. Manguin sera chargé de diriger et surveiller la restauration des monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble pour laquelle une subvention a été allouée par le ministre de l'intérieur. Sur les observations faites par M. Mérimée, le 3 mai, cette décision est annulée.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

La Commission décide, sur la demande de M. Garrez, qu'une indemnité de 120 Francs soit allouée à M. Richard, rapporteur des travaux de l'église de Saint-Sulpice-de-Favières, sur les fonds affectés à la restauration de cet édifice.

Église de Nohant-Vic (Indre)

La Commission alloue encore à M. Regnault-Bréon pour son projet de restauration de l'église de Nohant-Vic (Indre), 600 Francs sur 1850 et à M. Mérindol, pour la rédaction de deux rapports 56 Francs sur 1850.

La Commission s'ajourne au vendredi 3 mai 1850. 80/15/007/19

3 mai 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, de Lasteyrie, de Guizard, Mercey, Paul Lacroix, Labrouste, de Maleville, de Laborde, Courmont.
Monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble (Isère)

M. Mérimée, rapporteur, annonce qu'il a reçu sur l'architecte, qui a adressé à l'administration un travail sur la restauration des monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble, des renseignements peu favorables. Au contraire, il sait que l'architecte diocésain chargé des travaux de l'édifice mérite tout l'intérêt de la Commission. En conséquence, le rapporteur demande que M. Manguin, à qui on se proposait de donner la direction des travaux, ne soit chargé que de surveiller officieusement.

Cet avis est adopté par la Commission.

Palais ducal de Nevers (Nièvre)

M. de Guizard demande que M. Lassus soit chargé de la surveillance des travaux qui doivent être exécutés au Palais ducal de Nevers. M. Mérimée rappelle à la Commission que déjà elle avait donné cette mission à M. Verdier.

Sur les observations du secrétaire, la Commission décide que M. Verdier sera prié de regarder comme non avenue la mission qu'il avait reçue et que M. Lassus n'aura que la surveillance générale du travail qui restera confié à M. Paillard, architecte de Nevers.

M. Isabelle : Autorisation de prendre communication des dessins des Monuments historiques

Sur la proposition de M. le directeur des Beaux-arts, la Commission décide que M. Isabelle, architecte, sera autorisé à prendre sur place communication des dessins que renferment les archives de la Commission.

Remerciement à M. Durieu

M. le président donne lecture à la Commission de la lettre que M. Durieu [ex-directeur des Cultes] lui a adressée en le priant d'être auprès de la Commission l'organe de la vive gratitude pour l'accueil bienveillant qu'elle lui a témoigné.

M. de Maleville demande qu'il soit fait mention de cette lettre au procès-verbal de la séance du jour et que le secrétaire soit chargé d'exprimer à M. Durieu combien la Commission est reconnaissante du concours qu'il lui a prêté pendant tout le cours de son administration, et regrette vivement d'être privé de ses lumières.

La Commission approuve cet avis du président.

Voeu pour le remplacement de M. Durieu par le nouveau directeur des Cultes

M. de Maleville demande ensuite, dans l'intérêt de la continuation du bon accord qui règne entre les deux administrations, que M. le ministre soit invité à pourvoir à la vacance laissée au sein de la Commission par le départ de M. Durieu, et à nommer pour lui succéder l'administrateur nouvellement promu à la direction des Cultes. 80/15/007/20

Ancienne [sic] cathédrale de Laon (Aisne)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que dernièrement il a fait parvenir au ministre un nouveau rapport sur l'état de l'ancienne cathédrale de Laon. M. le ministre, sur la lecture de ce rapport, a demandé par une note s'il ne serait pas possible de faire quelques travaux de consolidation. M. [Émile] Boeswillwald, consulté à cet égard par M. Mérimée, vient de rédiger un rapport en réponse à cette demande. De son rapport, il résulte qu'il faut au moins 600 000 Francs pour pouvoir entreprendre la consolidation des tours, et que, s'il n'était pas possible de réunir cette somme, il vaudrait mieux s'abstenir de commencer ce travail.

M. Mérimée propose de faire connaître au ministre cette réponse de l'architecte, en lui demandant de permettre que le mémoire de M. [Émile] Boeswillwald soit imprimé à la suite du rapport que la Commission lui a adressé.

Cet avis est adopté par la Commission.

Église Saint-Julien de Tours (Indre-et-Loire)

M. Duban, rapporteur.M. Mérimée fait à la Commission l'extrait du rapport rédigé par M. Duban sur le projet de M. Guérin pour la restauration de l'église Saint-Julien de Tours. Le devis présenté au ministre s'élevait à 257 600 Francs, dont 102 538 Francs pour la réparation du clocher. M. Guérin exprime des craintes sur la possibilité de conserver cette tour, à moins que d'énergiques consolidations n'y soient immédiatement appliquées. M. Duban pense comme l'architecte qu'il importe que ce travail soit exécuté le plus promptement possible. Mais il pense que l'on peut supprimer du devis les dépenses autres que celles de consolidation relative à la partie inférieure de la tour. Cette réduction a fait descendre le devis primitif de la Tour de 102 000 Francs à 67 000 Francs. De même sur le reste de la restauration (intérieure de l'église), le rapporteur croit que l'on peut faire 15 000 Francs d'économies. 80/15/007/21 Ce qui réduirait le devis total à 207 000 Francs. Comme le Conseil municipal s'est engagé à participer aux travaux d'appropriation pour une somme de 30 000 Francs, il resterait à réunir (en défalquant l'économie que l'on obtiendra sur les travaux que l'on peut estimer à 17 centimes par franc) une somme de 142 000 Francs.

M. Mérimée propose d'allouer sur le fonds des Monuments la moitié de cette somme, c'est-à-dire 71 000 Francs en quatre exercices de 17 750 Francs, à la condition que la Ville consentira à mettre de suite à sa disposition les 30 000 Francs pour lesquels elle s'est engagée, et que le ministère des Cultes fournisse les autres 71 000 Francs que réclame l'opération.

La Commission approuve ces conclusions, et vote conditionnellement 71 000 Francs en 4 exercices.

Château de Conches (Eure)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission que Madame de Clercq n'est pas, comme on le supposait, propriétaire du château de Conches ; ce monument appartient à la famille de Royan et doit être mis en vente le 28 de ce mois, à Évreux, chez M. Petit, notaire.

Église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Courmont, rapporteur.M. le secrétaire expose qu'il résulte d'une lettre que lui a adressée M. Grégoire, architecte de Saint-Ouen, que M. le préfet de la Seine-Inférieure pense qu'il lui faut l'approbation du ministre pour mandater un mémoire de M. Vilain, pour le paiement du groupe qu'il vient d'exécuter pour le couronnement du fronton principal du portail. Le prix auquel a été réglé ce mémoire est de 2 500 Francs.

La Commission pense que ce prix n'est pas exagéré et décide que M. le ministre sera invité à approuver ce paiement.

Église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine (Aube)

M. Mérimée, rapporteur, expose que, le 24 avril 1846, la Commission proposa et le ministre de l'Intérieur consentit d'accorder une allocation de 6 000 Francs pour la réparation de l'église de Saint-Laurent, à la condition que la Fabrique ou la Commune concourraient pour une somme de 20 000 Francs à la dépense estimée par M. Gauthier, architecte, à environ 38 000 Francs. En conséquence, 3 000 Francs furent réservés sur 1847 et 3 000 Francs sur 1848. 80/15/007/22 Depuis, on a réclamé à plusieurs reprises l'allocation pure et simple des 6 000 Francs - aujourd'hui on la réclame de nouveau prétendant que la Ville a consacré 22 000 Francs aux travaux de restauration. Or, la condition a-t-elle été remplie ? L'a-t-elle été en temps utile ?

Sur le premier point, le rapporteur fait remarquer que le sous-préfet compte, dans les 22 000 Francs de la Ville, une somme de 5 296 Francs dépensée un an avant la décision du ministre qui demandait que les 22 000 Francs que consacrerait la Ville, soient affectés aux travaux à faire. En second lieu, c'est que lorsque le ministre accorde une subvention conditionnelle, la somme promise ne peut être réservée indéfiniment ; car si elle l'était, à la clôture de l'exercice elle se trouverait le plus souvent perdue pour les besoins du service.

Par ces considérations, le rapporteur propose l'ajournement qui est approuvé par la Commission.

Église Saint-Barnard à Romans (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une nouvelle demande de secours est adressée par le préfet de la Drôme en faveur de l'église Saint-Barnard de Romans. Déjà le ministre de l'intérieur a témoigné plusieurs fois de son intérêt pour ce monument par des allocations assez fortes. Dans la situation actuelle des fonds de secours, il est impossible, du moins pour cette année, de venir en aide à la Ville surtout si elle ne fait pas elle-même de nouveaux sacrifices.

Le rapporteur propose en conséquence d'ajourner l'affaire. Toutefois, comme il y a dans le devis un article qui paraît vraiment utile et urgent, savoir la réparation de la toiture, le rapporteur croit qu'on devrait transmettre le devis au ministre des Cultes en appelant son attention sur l'état de cet édifice.

La Commission approuve cette dernière conclusion.

Monument de La Haute-Borne (Haute-Marne)

M. Courmont, rapporteur.Sur les conclusions du secrétaire, la Commission rejette une demande d'allocation adressée par le préfet de la Haute-Marne en faveur de la réparation d'un aqueduc antique, retrouvé dans la Commune de Fontaine. 80/15/007/23

Église de La Chapelle-sur-Crécy (Seine-et-Marne)

Sur l'avis du secrétaire, la Commission alloue à M. Garrez, architecte, une somme de 632 Francs pour son projet de La Chapelle-sur-Crécy.

Église de Nohant-Vic (Indre)

Et à M. Regnault-Bréon, architecte, une somme de 600 Francs pour son projet de restauration de l'église de Nohant-Vic.

Église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne)

Sur la proposition de M. Courmont, la Commission décide qu'une somme de 20 000 Francs sera réservée en 4 exercices pour la continuation des travaux de l'église de Notre-Dame de Poitiers, auxquels la Commune de Poitiers vient de s'accorder par un vote de 4 500 Francs.

La Commission décide qu'il sera demandé au ministre des Travaux publics communication des plans avec les éclaircissements que pourra fournir l'architecte.

La Commission s'ajourne au mardi 14 mai.

14 mai 1850 [Mardi]
Présents : MM. Mérimée, de Guizard, Caristie, Mercey, Labrouste, Courmont.
Église de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle à la Commission les diverses circonstances de l'affaire de Toul et les difficultés qu'a rencontrées l'architecte M. [Émile] Boeswillwald dans l'exécution des travaux dont le ministre l'avait chargé. Aujourd'hui, ajoute M. le rapporteur, de nouveaux renseignements sont parvenus qui signalent au sujet de l'état du monument, des inquiétudes graves de la part des habitants des maisons voisines de l'église.

M. le directeur est d'avis d'envoyer immédiatement un architecte attaché au ministère des Travaux publics pour constater quel est au juste l'état du monument. Il est probable que les craintes exprimées sont exagérées, mais au moins faut-il en avoir la conviction. 80/15/007/24 Quant aux prétentions du Conseil municipal et du maire, lorsque les faits avancés par le maire et signalés par le préfet auront été vérifiés, M. le directeur se charge d'en faire justice, et de soumettre à la signature du ministre une dépêche conçue de telle sorte qu'elles ne se renouvelleront plus.

Sur la proposition de M. le directeur, la Commission décide que M. Pellechet, architecte, rue Blanche n°30, sera chargé de se rendre à Toul pour y vérifier avec M. Mérimée les faits sur lesquels l'attention du ministre a été appelée.

Église Notre-Dame de Laon (Aisne)

M. Mérimée donne lecture à la Commission de l'exposé des motifs du projet de loi portant demande d'un avoir de 635 000 Francs pour la consolidation de l'église Notre-Dame de Laon, qui doit être prochainement présenté à l'Assemblée législative.

La Commission approuve les termes de cet exposé.

Église de Plombières (Haute-Marne)

Sur le rapport du secrétaire, la Commission décide que la demande adressée par le préfet en faveur de l'église de Plombières sera renvoyée aux Cultes. Cette décision est fondée sur le peu d'intérêt que présente cet édifice.

Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission approuve le choix fait par M. Viollet-le-Duc de M. Abant comme entrepreneur et de M. Olivier comme inspecteur des travaux de l'église de Moissac.

Église de La Trinité à Vendôme (Loir-et-Cher)

Le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Lenormant par laquelle cet architecte répond à une demande de renseignements qui lui avait été adressée par le ministre au sujet des motifs qui l'avaient écarté des travaux de La Trinité. M. Lenormant assure qu'il ignore les raisons qui l'ont empêché de diriger les travaux de La Trinité, et il est prêt à les reprendre, si la Commission veut bien les lui confier de nouveau.

M. de Guizard demande qu'avant de rendre ces travaux dont il s'agit à cet architecte, il soit pris des renseignements auprès du préfet, pour connaître la cause du renvoi de M. Lenormant et la nature des travaux exécutés depuis le départ de M. Lenormant.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/007/25

Église de La Souterraine (Creuse)

Sur la demande du secrétaire, la Commission approuve le choix fait par M. Abadie pour l'inspection des travaux de La Souterraine.

Cité Narbonnaise à Carcassonne (Aude)

Sur la lecture faite par le secrétaire d'une lettre de M. Cros sur l'état de la Cité narbonnaise de Carcassonne, la Commission décide que M. le ministre de la Guerre sera invité à faire à ce monument les réparations qu'il réclame.

Église de Rieux (Haute-Garonne)

M. le directeur des Beaux-arts demande que l'on vérifie si l'église de Rieux est classée, et que l'on demande au préfet des renseignements sur la situation de cet édifice.

Église de Pont-Croix (Finistère)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que M. Lassus se rendra à Pont-croix, pour y rédiger un rapport sur l'état du monument.

Église de Mussy-sur-Seine (Aube)

Le secrétaire expose qu'une demande de secours est adressée en faveur de l'église de Mussy-sur-Seine, sans qu'aucun renseignement soit produit à l'appui. La Commission décide que ces renseignements seront réclamés.

Palais ducal de Nevers (Nièvre)

La Commission décide également que l'on réclamera les dessins du Palais ducal de Nevers [au préfet de la Nièvre].

Rapport de l'Inspecteur correspondant des Ardennes

Et que l'on accusera réception du rapport adressé sur les monuments des Ardennes par le correspondant du ministère, et qu'il sera mis au nombre des archives pour être consulté dans l'occasion.

Église de Saint-Amand-Montrond (Cher)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commune de Saint-Amand réclame contre le chiffre de l'allocation accordée pour les réparations de son église 2 000 Francs. Il est vrai que la somme n'est pas considérable eu égard à l'importance de l'édifice et à l'exiguïté des ressources du ministère.

Le rapporteur propose en conséquence de répondre que les fonds sont épuisés et que l'on a recommandé cette affaire à M. le ministre des Cultes.

Approuvé.

Église de Mirepoix (Ariège)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que la Fabrique de Mirepoix se contente de demander un conseil sur ces projets qu'elle a de restaurer son église. Mais il est évident que l'envoi du dossier n'est qu'un préliminaire qui sera suivi d'une demande 80/15/007/26 de secours, car la Fabrique et la Commune sont dépourvues de ressources. Quant aux projets sur lesquels on demande un avis, l'insuffisance et l'imperfection du travail graphique pourraient dispenser la Commission de se prononcer. En outre, le devis n'est pas fait pour inspirer une confiance absolue.

En résumé, le rapporteur propose de renvoyer l'affaire à M. le ministre des Cultes, le peu d'intérêt qu'offre l'église de Mirepoix et l'épuisement du fonds de secours ne permettant pas de longtemps à l'administration des Beaux-arts de s'occuper de cet édifice.

Ces conclusions sont adoptées.

La Commission s'ajourne au vendredi 24 mai.

24 mai 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Caristie, Courmont, Mérimée, Contencin, Hauréau, Lenormant, de Laborde, de Maleville, Vaudoyer, Mercey, de Guizard, Paul Lacroix, Vitet.
Arc de triomphe romain de Saintes (Charente-Inférieure)

M. Courmont, rapporteur.Le secrétaire donne lecture de renseignements que lui a transmis l'architecte de l'Arc de Saintes, au sujet du retard apporté dans l'achèvement des travaux. Il résulte de la lettre de M. Clerget que c'est au mauvais vouloir de l'entrepreneur qu'il faut attribuer la lenteur avec laquelle se poursuit cette restauration. L'architecte demande au ministre l'autorisation de pourvoir à son remplacement.

Sur les observations de M. le directeur des Beaux-arts, la Commission décide que l'on mettra d'abord l'entrepreneur en demeure de terminer son entreprise, en obtenant de lui qu'il paie un dédit si les travaux ne sont pas achevés dans le délai qui sera fixé par M. Clerget, dans le cas où l'entrepreneur ne voudrait pas consentir à ce nouvel arrangement, l'architecte serait autorisé à lui donner un remplaçant.

Découvertes faites dans la Commune d'Orrouy (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission les dessins d'un certain nombre de fragments sculptés trouvés dans la Commune d'Aurouy. M. Édouard Caillette de l'Hervilliers, 80/15/007/27 qui a adressé à M. Mérimée communication de cette découverte, demande un secours pour la continuation de ces fouilles qui seraient dirigées par M. Marnau (25).

La Commission alloue 500 Francs sur l'exercice courant, à la condition que les objets importants qui seraient découverts seraient déposés au Musée national, et ceux d'une valeur secondaire au Musée de Compiègne.

Hôtel Lambert à Paris (Seine)

M. de Laborde demande à la Commission permission de lui présenter M. Savinien Petit, l'un des trois artistes qui doivent être chargés d'exécuter des copies d'après les peintures de Le Sueur de l'Hôtel Lambert. M. Savinien Petit est introduit. Il fait passer sous les yeux de la Commission un grand nombre de dessins exécutés en Italie d'après les maîtres du XVe et du XVIe siècle. Son travail excite le plus grand intérêt.

Ancienne cathédrale de Toul (Meurthe)

M. Mérimée donne connaissance à la Commission du résultat de la mission dont il a été chargé concurremment avec M. Pellechet, architecte (26), relativement aux travaux que M. [Émile] Boeswillwald a fait exécuter à l'ancienne cathédrale de Toul.

M. l'Inspecteur général fait d'abord l'analyse du rapport que M. Pellechet a adressé au ministre. Il résulte de ce mémoire que les étaiements que M. [Émile] Boeswillwald a fait placer sont conçus dans le meilleur système possible, et que, depuis leur pose, aucun mouvement ne s'est manifesté dans l'édifice ; les craintes exprimées dans les dépêches adressées à M. le ministre sont donc absolument mal fondées.

M. Mérimée donne ensuite quelques détails sur des faits qu'il a recueillis pendant son séjour à Toul. Les plus importants ont trait à la tentative qu'a faite à deux reprises l'entrepreneur évincé pour pénétrer dans le chantier des travaux. Comme cette personne ne jouit pas entièrement de sa raison, et, en outre, qu'elle est animée contre l'architecte de mauvais sentiments, on aurait lieu de craindre quelque action fâcheuse de sa part. M. l'Inspecteur a cru devoir signaler sa conduite à M. le sous-préfet, en lui recommandant de prendre des mesures pour le faire surveiller.

Quant à la question du concours réclamé à la Ville par l'administration de l'Intérieur, M. Mérimée donne lecture d'une lettre du curé de l'église de Toul qui pense qu'une nouvelle tentative auprès 80/15/007/28 du Conseil municipal aurait sans doute un meilleur succès que la première.

La Commission, sur l'avis de M. le directeur des Beaux-arts qui pense qu'on ne pourrait imposer d'office la Ville de Toul pour une dépense de cette nature, décide que le préfet de la Meurthe sera invité à faire délibérer de nouveau sur cette question le Conseil municipal de Toul(27).

Conservatoire des Arts et Métiers, église de l'ancienne abbaye de Saint-Martin-des-Champs, à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle M. le colonel Morin, directeur du Conservatoire des arts et métiers, demande que la Commission des Monuments historiques veuille bien visiter l'église de l'ancienne abbaye de Saint-Martin-des-Champs, monument digne de tout son intérêt. Comme l'administration de l'Intérieur devra sans doute intervenir dans la restauration de cet édifice, M. Mérimée pense qu'il est bon que la Commission se rende à l'invitation du directeur.

M. de Guizard croit qu'il est utile que la Commission se rende compte de l'état de l'édifice. Mais il ne pense pas que le fonds des Monuments historiques puisse être appliqué à la restauration qui devra en assurer la conservation. Comme l'ancienne église Saint-Martin est affectée à un service public, et peut en outre recevoir des secours de la Ville dans laquelle il se trouve, il ne croit pas qu'on puisse la mettre au nombre des édifices pour lesquels a été institué le service des Monuments historiques. En créant ce fonds de secours, M. de Guizard pense que les Chambres avaient eu l'intention d'assurer des ressources aux monuments intéressants qui s'en trouveraient absolument dépourvus.

M. Lenormant combat cette doctrine. Il rappelle qu', en fait, les sacrifices faits par les localités n'ont jamais été en raison directe des ressources de ces localités, et qu'un grand nombre des monuments les plus intéressants auraient été compromis si la Commission ne s'était écartée de la règle indiquée par M. de Guizard, pour prendre une autre base à la distribution de ses secours.

C'est d'abord et presque exclusivement en raison de l'intérêt des édifices qu'elle a fixé le chiffre de ses allocations et il pense qu'elle ne doit pas faire exception à cette règle quand elle rencontre dans la Ville de Paris un des monuments 80/15/007/29 les plus intéressants qu'elle puisse inscrire au nombre des édifices historiques.

M. de Guizard, en réponse à M. Lenormant, ajoute qu'il croit qu'il est du devoir de la Commission de réserver pour des édifices dans des conditions pécuniaires plus fâcheuses que celui dont il s'agit les faibles ressources dont elle peut disposer.

La Commission décide qu'avant de prendre aucune détermination sur le concours qu'elle apportera à la restauration, elle se rendra vendredi 31 au Conservatoire des Arts et Métiers à l'heure ordinaire de ses séances.

Église de Gaillac (Tarn)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les dessins envoyés à l'appui d'une demande de secours en faveur de l'église de Gaillac n'en donnent pas une idée très avantageuse. Il ne parle pas de la restauration proposée, car le travail envoyé par le préfet du Tarn n'est pas signé par un architecte, et il s'agit, non de réparation à proprement parler, mais de modifications très considérables à faire dans l'église. Dans l'état où se trouve le crédit des monuments, il ne peut être question de dépenses qui n'ont pour objet que l'embellissement d'un édifice.

Le rapporteur pense que l'on doit des remerciements à M. Dumège(28), d'abord pour une notice très intéressante sur l'Église de Gaillac, et ensuite pour avoir empêché le curé et la Fabrique de faire un fâcheux usage des fonds dont ils disposent. M. Mérimée propose en concluant d'exprimer au préfet le regret que l'état du crédit ne permette pas de concourir à l'exécution d'un projet semblable, et de le renvoyer au ministère des Cultes qui seul peut y donner suite.

Ces conclusions sont approuvées.

Église [Saint-Pierre] de Beaulieu (Tarn-et-Garonne)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle qu'en 1849 le préfet de Tarn-et-Garonne annonçait qu'il était nécessaire d'ajourner indéfiniment la translation de l'église de Beaulieu à Saint-Antonin, et qu'en conséquence les fonds réservés par le ministère de l'Intérieur redevenaient libres. Aujourd'hui, le maire de Saint-Antonin renouvelle sa demande et le préfet l'appuie, en annonçant qu'il a fait faire une estimation nouvelle de la dépense, et qu'au lieu de 80 000 Francs qu'on avait prévu, c'est sur une dépense de 153 000 Francs qu'il faut compter.

Le rapporteur trouve d'abord singulier que M. le préfet de Tarn-et-Garonne 80/15/007/30 ait fait réviser le devis de M. Viollet-le-Duc sans en avoir demandé l'autorisation ; de plus il lui parait évident qu'on ne peut admettre que les Communes ajournent et changent selon leur bon plaisir leurs engagements avec l'administration de l'Intérieur. Enfin, il lui semble que, dans cette circonstance, on demande même à transporter, pour la conserver, l'église de Beaulieu, qu'à en bâtir une neuve à Saint-Antonin. Il propose donc de rejeter la demande du maire de Saint-Antonin.

La Commission ajourne à une autre séance la décision à prendre sur cette affaire, désirant avoir de M. Viollet-le-Duc des explications sur la modification apportée à son devis.

Église de Caussade (Tarn-et-Garonne)

M. de Maleville demande que des renseignements soient pris dans le bureau au sujet d'une réclamation faite par l'administration municipale de Caussade pour les travaux exécutés à l'église de cette Commune, ce qui ne lui paraît pas suffisamment justifié(29).

Église Saint-Nazaire de Béziers (Hérault)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une demande de secours est adressée pour la réparation des orgues de l'église Saint-Nazaire de Béziers. Le rapporteur est d'avis qu'il est absolument impossible d'imputer sur les fonds des Monuments la réparation d'un orgue d'église, lequel d'ailleurs n'est ni ancien ni remarquable par ses sculptures. Il trouve même étrange la demande du préfet, car elle semble prouver qu'il se fait une idée peu exacte des attributions des divers ministères.

Cette opinion est partagée par la Commission.

Tombeau de Sainte-Magnance (Yonne)

M. Mérimée fait un rapport sur les résultats de l'expertise intervenue par suite de difficultés entre M. Amé architecte, et M. Guillaumet, sculpteur du tombeau de Sainte-Magnance. M. le rapporteur trouve qu'il y a un peu de partialité de la part des experts pour le sculpteur évincé, et qu'il serait possible de réduire encore les prétentions. Cependant comme il ne s'agit que d'une somme de 100 Francs, il croit préférable, pour éviter des frais peut-être plus considérables, d'accorder à M. Guillaumet la somme fixée par eux. Peut-être il conviendrait, ajoute le rapporteur, de faire remarquer à M. le 80/15/007/31 sous-préfet d'Avallon qu'il aurait dû consulter le ministre avant de nommer les experts.

Cathédrale Notre-Dame à Paris (Seine)

M. Lenormant, rapporteur, demande que les architectes chargés de la restauration de Notre-Dame soient invités à prendre des mesures pour protéger contre la pluie et la poussière les tableaux qui décorent l'église de Notre-Dame et qui, par suite des travaux qui s'exécutent, ont considérablement souffert.

La Commission partage cette opinion, et décide qu'il sera écrit dans ce sens aux architectes de Notre-Dame.

Crypte de Jouarre (Seine-et-Marne)

M. Lenormant annonce qu'il résulte d'un rapport adressé au ministre que M. Garrez s'est entendu avec M. le maire de Jouarre et avec l'entrepreneur des travaux de la crypte, et a obtenu d'eux qu'ils referaient à leurs frais les parties détériorées soit par suite de mal façon, soit faute d'entretien suffisant.

Le rapporteur est d'avis que la Commission n'a plus à intervenir, seulement qu'il sera bon de recommander au maire l'exécution des mesures survenues avec M. Garrez. Conclusions approuvées.

Château de Saint-Sauveur-le-Vicomte (Manche)

M. Lenormant expose que, d'après la demande qui lui a été faite par le ministre, M. Garrez a rédigé un rapport sur la restauration du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte ; à l'appui de ce rapport sont deux devis, l'un de 25 000 Francs, l'autre de 11 000 Francs.

Le rapporteur trouve que le château dont il s'agit offre peu d'intérêt, il n'est réellement parmi les monuments de ce genre qu'au 4° ordre. Il pense que, dans l'état actuel des fonds des Monuments, il n'est pas raisonnable de conserver une allocation quelconque à un monument d'un mérite aussi minime.

En conséquence, il propose d'inviter le préfet à réclamer pour ce monument les ressources départementales.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'utilité et même l'urgence des travaux proposés par M. Garrez en faveur de l'église de Moret n'est pas contestable, mais que, dans l'état du fonds des Monuments, il est impossible que le ministre de l'Intérieur continue 80/15/007/32 à faire seul tous les frais de la restauration. Il propose d'écrire au préfet de Seine-et-Marne pour qu'il insiste de nouveau afin d'obtenir le concours des ressources locales. Le devis de M. Garrez est de 5 638 Francs.

Le rapporteur est d'avis d'inviter la Commune et la Fabrique à prendre à leur charge une somme de 2 638 Francs, et, dans ce cas, d'accorder 3 000 Francs sur le fonds des Monuments, par moitié sur les exercices 1850 et 1851. Ces conditions sont approuvées.

Dessins du château des Papes à Avignon (Vaucluse)

Sur leur réclamation, la Commission alloue à M. Denuelle, pour ses dessins des peintures du château des Papes à Avignon, 6 744 Francs.

Dessins de l'église de Saint-Nicolas à Caen (Calvados)

et à M. [V.] Ruprich-Robert, pour ses dessins de l'église de Saint-Nicolas à Caen, 1 200 Francs.

La Commission s'ajourne au vendredi 31. [sic]

7 juin 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Caristie, Labrouste, Questel, Guizard, Vaudoyer, Lenormant, de Maleville, de Laborde, Mercey, Courmont, de Lasteyrie, Vitet.
Hôtel Lambert, peintures de Le Sueur à Paris (Seine)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture à la Commission d'une lettre adressée au ministre de l'Intérieur par laquelle le Prince Czartoryski consent à laisser reproduire la peinture de Le Sueur que renferme l'Hôtel Lambert, suivant le désir exprimé par la Commission. La Commission décide que des remerciements seront adressés au Prince Czartoryski.

M. Lenormant au sujet des copies dont il s'agit donne quelques renseignements sur le parti auquel s'est arrêtée la sous-commission chargée de déterminer quelles seraient les peintures dont la reproduction devrait avoir lieu.

La sous-commission a pensé que ce travail ne devait pas s'étendre au delà des peintures de Le Sueur et qu'il devrait comprendre les trois pièces qui se suivent, décorées toutes trois de la main de ce maître : la salle à 80/15/007/33 manger, s'il est possible de bien retrouver la peinture primitive malgré les fâcheuses restaurations qu'elles ont subies, enfin la salle de bains dans son entier. La sous-commission a encore décidé que le travail qui serait fait par les trois artistes proposés ne serait pas un concours à proprement parler, en ce sens que les artistes devront chacun choisir pour leur essai un sujet différent, et que les dessins des deux concurrents évincés devront être payés aux artistes et joints au restant du travail qui sera fait par l'artiste que la Commission choisira après l'épreuve qu'elle a demandée. Dans le cas où des difficultés s'élèveraient entre les artistes sur le choix du sujet de leur essai, la sous-commission serait chargée de vider le différend.

La Commission approuve entièrement les décisions de la sous-commission.

Église de Pontigné (Maine-et-Loire)

M. Lenormant, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport adressé au ministre par M. Godard-Faultrier, correspondant du ministère pour les monuments de Maine-et-Loire, sur une église non classée, sise à Pontigné, arrondissement de Baugé.

Sur la proposition du rapporteur qui reconnaît d'après les renseignements que contient le mémoire du correspondant que ce monument mérite à tous égards de prendre rang parmi les édifices historiques, la Commission décide que M. Joly, architecte, sera invité à visiter l'édifice et à rédiger un travail complet sur ce monument.

Découverte faite à Marseille auprès de l'église de La Major à Marseille (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant, rapporteur, soumet à la Commission les renseignements transmis par M. le préfet des Bouches-du-Rhône sur des constructions découvertes dans un terrain situé auprès de l'église de La Major, à Marseille, et qu'on suppose avoir appartenu à des fonts baptismaux de l'église primitive de la cathédrale qui est contiguë. Le rapporteur est d'avis de remercier le préfet et l'architecte des Bouches-du-Rhône de la communication qu'ils ont faite. La découverte de l'ancien baptistère de la Majoure [sic] étant un fait intéressant et dont, dans tous les cas, il est bon de conserver le souvenir, M. Lenormant demande que M. Cosse, correspondant, soit chargé de faire 80/15/007/34 au ministre un rapport sur les fouilles et sur la question de savoir s'il est possible de leur donner plus d'extension.

Dans tous les cas, après que la recherche pourra être considérée comme terminée, le rapporteur est d'avis qu'on devra recouvrir de terre les vestiges de l'édifice et en déposer un dessin et un plan exactement mesurés dans les archives de la cathédrale de Marseille, dans celles du département des Bouches-du-Rhône et enfin dans celles de la Commission des Monuments historiques .

Ces conclusions sont approuvées.

Sainte-Chapelle de Riom (Puy-de-Dôme)

Le secrétaire, M. Courmont, fait connaître à la Commission que M. le ministre de l'Intérieur approuvant un rapport qui lui a été adressé en son nom, vient d'allouer, sur le fonds des cours et tribunaux, une somme de 5 000 Francs pour contribuer à la réparation de la Sainte-Chapelle du Palais de Justice de Riom. Comme la Commission a réservé sur son crédit une somme de 6 000 Francs pour faire face au restant de la dépense que demanderont les réparations urgentes de ce monument, le rapporteur pense qu'il y a lieu de donner à l'architecte l'ordre de mettre promptement les travaux en voie d'exécution.

La Commission approuve ces conclusions.

Fragments de l'Hôtel de La Trémoille à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. de Laborde, la Commission décide que la sous-commission des fragments de l'Hôtel de La Trémoille se réunira, le mardi 11 juin à l'École des Beaux-arts, pour aviser au moyen d'utiliser de la manière la plus convenable, soit à l'École des Beaux-arts, soit ailleurs, tout ou partie des tourelles de l'ancien Hôtel de La Trémoille, qui se détériorent tous les jours davantage dans le lieu où elles ont été déposées.

Procédé Gamé pour moulages

Le secrétaire, M. Courmont, fait connaître que M. Gamé, inventeur d'un procédé de moulage dont les propositions ont été communiquées à la Commission dans une de ses précédentes séances, demande que M. le ministre veuille bien lui fixer le jour où l'on pourrait s'entendre et examiner sa découverte.

Sur l'avis du rapporteur, la Commission décide que M. Gamé ne pourra être invité à se rendre à Paris que lorsque M. le ministre de l'Instruction publique aura fait part à son collègue du procédé de moulage de M. Lottin de Laval, dont le secret vient d'être acquis par les soins de son administration. 80/15/007/35

Conservatoire des Arts et Métiers, ancienne abbaye de Saint-Martin-des-Champs à Paris (Seine)

M. Vaudoyer, rapporteur, donne lecture à la Commission du rapport dont il a été chargé sur l'église de l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs, faisant partie des bâtiments du Conservatoire des Arts et Métiers.

Il résulte de ce travail qu'il est on ne peut plus urgent de prendre en considération sérieuse la situation du monument.

d'une part, la Ville de Paris menace de destruction l'une des absides par suite d'un projet d'alignement qui, d'un jour à l'autre, peut être mis à exécution. D'une autre part, il est nécessaire, pour dégager complètement ces absides, d'acquérir trois maisons dont le voisinage est des plus dangereux pour la conservation de l'édifice.

Des travaux considérables vont s'exécuter au Conservatoire, si les projets qui vont être proposés par le ministre du Commerce reçoivent l'assentiment de l'Assemblée Législative, le rapporteur pense que ce serait là le cas pour la Commission d'intervenir pour assurer, par son concours, la conservation de cette portion de l'édifice qui, à tous égards, mérite son intérêt.

M. Vaudoyer donne approximativement le chiffre de la dépense qu'occasionnerait le dégagement, 69 000 Francs. Quant au chiffre de la restauration des absides, il ne peut le donner, car il n'a pas encore préparé le devis des travaux qu'elles réclament.

M. Lenormant fait le résumé des observations que la Commission a faites dans sa visite au Conservatoire des Arts et Métiers. Il décrit le monument sur lequel M. Vaudoyer appelle l'intérêt de la Commission, d'une part la nef, portion intéressante de l'église, d'un aspect très majestueux, et qui représente peut-être la plus grande superficie couverte par une même charpente, de l'autre, les absides qui ont excité l'admiration de tous les membres de la Commission. Pour la nef, ajoute M. Lenormant, sa conservation est assurée, bien qu'elle soit en très mauvais état, car le Conservatoire en a besoin pour le service de l'établissement. Cette partie doit donc rester en dehors de l'intervention du ministère de l'Intérieur. Restent donc la restauration des absides et leur isolement. M. Lenormant pense que, quant au dégagement des absides, l'établissement 80/15/007/36 est tellement intéressé à ce qu'il soit pratiqué, que c'est à lui à poursuivre l'exécution de cette partie du projet. Mais, pour la restauration, il est d'avis que la Commission ne saurait se refuser à y prendre une part considérable.

M. de Guizard partage l'opinion de M. Lenormant, sur la manière dont il a envisagé l'affaire quant à la nef de l'église et quant à l'isolement ; pour la question de la restauration de l'abside elle-même, il croit que l'on n'y parviendra que si on engage l'affaire d'une manière convenable. Il propose, en conséquence, la manière suivante de parvenir à un bon résultat. Le Conservatoire, parmi les crédits qu'il doit réclamer pour le complément des travaux que réclame l' Établissement, doit en réclamer un pour la restauration de la nef ; il serait naturel qu'en même temps il demande un crédit pour la réparation des absides. Le rôle de la Commission se bornerait pour le moment à constater le haut intérêt artistique de l'abside, et à inviter M. le ministre de l'Intérieur à réclamer de son collègue des Travaux publics qu‘il voulût bien comprendre cette partie de l'édifice dans la demande qu'il est sur le point de faire. Car si la nef doit servir à exposer des machines de grande dimension, le rond-point ne serait pas non plus inutile, car il servirait à placer des machines d'un moins grand volume, et en quelque sorte un choix des instruments les plus précieux. On peut donc établir qu'il y a pour l'Établissement une utilité directe à la conservation des absides et par conséquent à leur restauration.

M. le directeur des Beaux-arts demande donc que la commission veuille bien lui donner un avis très explicite sur les questions suivantes, sur la question de dégagement d'abord, et sur la proposition qu'il vient de faire d'inviter le ministre des Travaux publics à comprendre la restauration des absides de l'église Notre-Dame des Champs [sic] dans la prochaine demande de fonds qu'il compte faire pour l'achèvement du Conservatoire.

M. Vitet est d'avis que le voeu, que M. de Guizard demande à la Commission d'exprimer, ne suffirait pas pour obtenir du ministre des Travaux publics de comprendre le travail des absides dans la demande de crédit. Il pense 80/15/007/37 que le ministre du Commerce, qui n'a à satisfaire qu'aux besoins industriels, ne voudra demander que juste ce qu'il faut pour les nécessités du service du Conservatoire, et ne voudra pas compliquer son projet d'une demande qui aurait pour but un autre intérêt. M. Vitet est d'avis de faire plus. Il croit qu'il faut, en s'adressant au ministre du Commerce, que le ministre de l'Intérieur lui dise que s'il veut bien comprendre dans son projet l'isolement des absides et leur réparation jusqu'à un certain point, il est de son côté disposé à accorder, sur le fonds dont il dispose, 50, 60, 80 000 Francs en plusieurs années, pour la partie purement artistique de la restauration. De cette manière, on donnerait au ministre du Commerce une idée de l'extrême intérêt que l'on attache à ce travail, et l'on obtiendrait son consentement, que l'on n'obtiendra sans doute pas autrement.

M. Lenormant partage l'avis de M. Vitet. Il fait remarquer à la Commission combien sont déjà considérables les obligations auxquelles doit faire face le ministre des Travaux publics. Il peut même invoquer ce qu'il va faire en faveur des Beaux-arts, par la restauration de la nef de l'église, et ce qu'il a déjà fait en restaurant le réfectoire, magnifique monument qu'il aurait pu ou détruire, ou au moins laisser périr. C'est donc en quelque sorte un second sacrifice qu'on lui demande. M. Lenormant craindrait, en outre, dans le cas où le ministre de l'Intérieur ne contribuerait pas à la dépense, qu'il ne perdît le droit de faire des observations sur l'usage qu'on pourrait faire par la suite de cette portion de l'édifice. Il pense que ce rond-point ne devrait en quelque sorte renfermer que des objets d'art, et une espèce de musée des restes de l'ancienne abbaye Saint-Martin ou au moins ne contenir que la partie archéologique des produits de l'industrie, c'est dans ce but surtout qu'il désirerait voir le ministre intervenir.

M. de Lasteyrie appuie l'opinion de M. le directeur des Beaux-arts. Il pense que le projet que présentera le ministre du Commerce ne sera que médiocrement bien reçu par l'Assemblée législative, qui adressera au conservatoire le reproche de n'avoir pas demandé des crédits suffisants pour l'achèvement de ses travaux. Si donc on doit faire une tentative auprès de l'Assemblée 80/15/007/38 pour obtenir des crédits nouveaux dans lesquels la nef serait comprise, il ne verrait pas pourquoi on ne comprendrait pas les absides, dont la réparation paraîtra tout aussi naturelle à l'Assemblée. Suivant M. de Lasteyrie, les travaux principaux sont l'isolement et la consolidation. L'isolement lui semble indispensable, car le monument tout entier est menacé par le voisinage des bâtiments parasites qui l'entourent. Et quant aux absides, il est évident qu'en isolant l'édifice, on ne peut négliger d'y faire les réparations que le dégagement signalera comme indispensables. Comme les ressources de la Commission sont très bornées, M. de Lasteyrie demande qu'on les réserve pour des édifices placés dans des conditions plus désavantageuses.

M. Vitet insiste de nouveau pour que la Commission adopte son avis. Il pense que la première chose à faire est de poursuivre la modification de l'alignement adopté par la Ville de Paris, la deuxième de faire disparaître les maisons parasites. Il est tellement convaincu de la nécessité pour la Commission d'offrir son concours qu'il voudrait même que le ministre l'offrît même pour contribuer aux dépenses de l'isolement.

M. Lenormant pense que, si le ministre se borne à exprimer des voeux, il affaiblit l'autorité dont il est revêtu. Le ministre a le droit d'intervention, comme protecteur des Monuments historiques. Il ne saurait donc abandonner un monument aussi important à des chances quelconques de destruction.

M. Lenormant rappelle en terminant que la Ville de Paris est si peu soucieuse de la conservation de ses monuments qu'il ne reste plus à Paris que 5 monuments de 1er ordre : la métropole, la Sainte-Chapelle, Saint-Julien-le-Pauvre, Saint-Germain-des-Prés et enfin l'église de Saint-Martin qu'il s'agit aujourd'hui de sauver.

M. de Lasteyrie croit que les ministres du Commerce et des Travaux publics ne refuseront pas d'intervenir ; dans tous les cas, il pense qu'avant d'engager les fonds des Monuments, on doit faire une tentative auprès d'eux. M. Vitet présente de nouveaux arguments en faveur de l'opinion qu'il a exprimée.

M. de Lasteyrie est d'avis que l'isolement ne peut en aucun cas être fait 80/15/007/39 avec une subvention du ministre de l'Intérieur. Dans le cas où le ministre des Travaux publics ne voudrait pas comprendre l'isolement et la réparation de l'abside dans son projet, il croit que ce serait alors que la Commission devrait aviser.

M. de Maleville résume la discussion, il fait ressortir la différence qui existe entre les opinions de MM. de Guizard et de Lasteyrie et celles de MM. Vitet et Lenormant.

D'après le vote qui intervient, l'opinion de MM. de Guizard et de Lasteyrie obtient la majorité et la Commission décide qu'il sera écrit au ministre des Travaux publics pour l'inviter à comprendre dans des projets l'isolement et la restauration des absides, mais sans faire aucune offre de concours sur le fonds des Monuments, la Commission se réservant de prendre sur le fond de la question une décision lorsque les ministres du Commerce et des Travaux publics auront répondu à cette première démarche.

La séance est levée.

21 juin 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Contencin, Vaudoyer, Lenormant, Questel, Buchez, Mérimée, de Laborde, Vitet, de Guizard, Mercey, Courmont.
Conservatoire des Arts et Métiers, ancienne église Notre-Dame-des-Champs [sic], Saint-Martin-des-Champs à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission décide qu'on demandera immédiatement au ministre de l'Intérieur de vouloir bien prendre les mesures nécessaires pour faire modifier l'alignement approuvé par l'un de ses prédécesseurs en ce qui concerne l'ancienne église de l'abbaye Saint-Martin des Champs.

Le secrétaire est chargé de poursuivre la solution de cette affaire auprès de la division chargée de la voirie urbaine.

Arc de triomphe de Saintes (Charente-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que M. Clerget a obtenu de l'entrepreneur chargé des travaux de l'Arc de Saintes-qu'il terminerait cette restauration 80/15/007/40 avant la fin de la campagne. Il s'est même engagé, dans le cas où il dépasserait le moment fixé par l'architecte, à payer 50 Francs par jour de retard.

Château d'Écouen (Seine-et-Oise)

M. Lenormant présente quelques observations sur le projet conçu par l'administration de la Guerre d'ériger le château d'Écouen en succursale de la Maison de Saint-Denis. M. Lenormant rappelle à ce sujet combien l'établissement de la Maison de la Légion d'Honneur dans le monument dont il s'agit, sous la direction de Madame Campan, a été fatale à ce précieux édifice. Outre le carrelage émaillé qui a été détruit, les peintures ont été recouvertes de badigeon pour les soustraire aux regards des pensionnaires. Avant l'installation de la Maison de la Légion d'Honneur, déjà l'édifice avait subi de nombreuses mutilations dans le but d'enrichir le Musée des monuments français. Ainsi, l'autel de Jean Goujon et les vitraux retraçant la suite de l'Histoire de Psyché en avaient été enlevés. Aujourd'hui qu'un projet d'appropriation nouveau se présente, M. Lenormant croit qu'il est du devoir du ministre de l'Intérieur de faire connaître à la Commission de l'Assemblée législative, qui sera saisie du projet, les faits qu'il vient de rappeler, et de demander qu'il soit pris au moment des travaux que va nécessiter l'installation projetée toutes les précautions que réclame un monument aussi intéressant.

Ces observations sont approuvées par la Commission.

Église de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance d'une lettre envoyée au ministère de l'Intérieur par M. le ministre des Cultes, dans laquelle sont signalées des difficultés nouvelles soulevées par M. le maire de Toul, qui tendent à entraver l'administration dans la suite des travaux qu'elle fait exécuter dans ce monument.

Le rapporteur pense que, en présence de ces obstacles répétés apportés par le maire de Toul aux intentions de l'administration, la Commission ne peut qu'inviter M. le ministre de l'Intérieur à prononcer la révocation de ce fonctionnaire.

Cette opinion est partagée par la Commission. 80/15/007/41

Château de Conches (Eure)

M. Lenormant donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle il est informé de la conclusion de l'affaire du château de Conches. Ce monument vient d'être acheté par l'administration municipale de Conches et se trouve par conséquent à l'abri de la destruction dont il était menacé. M. Lenormant rappelle à cette occasion le projet conçu par la Commission de se rendre à Conches pour y voir les vitraux que renferme l'église, et décider sur place quel sera le mode le meilleur de procéder à leur restauration.

Église Saint-Laurent à Grenoble (Isère)

M. Mérimée, rapporteur, en mettant sous les yeux de la Commission les dessins soumis par M. Manguin sur la crypte de Saint-Laurent, fait remarquer combien la partie graphique de ce travail est digne d'éloges.

Quant au dessin et au projet de reconstruction à l'appui, le rapporteur regrette qu'ils aient été conçus dans un système qui s'écarte des principes suivis jusqu'à présent par le ministère de l'Intérieur dans les travaux de cette nature. Ainsi, l'architecte propose de remplacer les chapiteaux détruits, de refaire les colonnes, de les repolir, de les déposer et de les remettre en place. M. Mérimée craint que cette opération, quelque bien conduite qu'elle soit, n'ait pour résultat de faire disparaître des traces importantes au point de vue archéologique de la première construction. L'emploi maladroit de bases et de fragments antiques, le mélange bizarre de tradition romaine et de la barbarie du VIIe siècle qui rendent la crypte de Saint-Laurent particulièrement curieuse, disparaîtraient par une restauration complète.

Le rapporteur considère cette crypte comme une ruine très importante qu'il faut conserver à l'état de ruine, sous peine de lui faire perdre tout son mérite. En un mot, c'est de la conservation du monument dans son état actuel qu'il pense que la Commission doit se préoccuper, et non de la restauration.

En conséquence, le rapporteur propose de demander à M. Manguin une modification à son travail dans le sens des observations qu'il vient de présenter.

La Commission partage l'opinion de M. Mérimée et décide qu'il sera écrit à M. Manguin pour lui faire part des observations du rapporteur.

Église de Bois-Sainte-Marie (Haute-Marne)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission approuve le choix de l'entrepreneur fait par M. Millet pour les travaux de l'église de Bois-Sainte-Marie, ainsi que son cahier des charges et la soumission acceptée par l'entrepreneur. 80/15/007/42

Fragments de l'Hôtel de La Trémoille à Paris (Seine)

M. Vaudoyer, rapporteur, chargé par la Commission d'examiner l'état des fragments de l'Hôtel de La Trémoille déposés à l'École des Beaux-arts, expose que dans ce monument ces fragments sont entourés d'une végétation si considérable qu'il est impossible de se rendre compte de leur état. Il demande que M. Duban soit invité à faire nettoyer cette place, pour qu'on puisse les classer et constater si le nombre des morceaux encore intacts est assez important pour qu'on puisse relever la tourelle, ou au contraire, si on devra se contenter d'incruster les fragments dans les murs nus de l'école.

Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

Sur le rapport de M. Lenormant, la Commission décide que les 2 000 Francs réclamés par le préfet du Gard pour les travaux de l'Amphithéâtre de Nîmes lui seront alloués, mais en lui recommandant toutefois d'affecter autant qu'il lui sera possible la totalité des 1 500 Francs votés par le Conseil général à la restauration dont il s'agit. 2 000 Francs sur 1850.

Église du Dorat (Puy-de-Dôme)

Sur la proposition de M. Mérimée et vu l'importance du monument, la Commission alloue pour l'église du Dorat les 1 000 Francs demandés par M. Mallay dans son rapport du 14 avril dernier. 1 000 Francs sur 1850.

Église de Saint-Junien (Haute-Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Saint-Junien pour laquelle le ministre des Cultes réclame le concours de son collègue de l'Intérieur est classée, et a déjà reçu des secours du ministère, qui l'a considérée comme un des édifices romans du XIIe siècle les mieux conservés du Limousin.

Le rapporteur propose, en conséquence, d'accorder les 80/15/007/43 800 Francs demandés par le ministre des Cultes.

La Commission approuve ces conclusions et alloue la somme sur 1850.

Église de Rueil (Seine-et-Oise)

Sur le rapport de M. de Laborde, la Commission ajourne une demande d'allocation de 6 000 Francs adressée en faveur de l'église de Rueil.

Église du Mas-d'Agenais (Lot-et-Garonne)

M. de Laborde, rapporteur, expose que, sur un projet rédigé par M. Viollet-le-Duc en 1844, on a alloué pour l'église du Mas-d'Agenais une somme de 2 534 Francs sur l'exercice 1845. Le dossier ne contient aucun nouveau projet. La lettre que Monseigneur l'évêque d'Agen a adressée au ministre peut être considérée seulement comme une recommandation pressante, mais vague, et ne fournit aucune appréciation de l'urgence des restaurations demandées, de leur nature et de leur importance.

Le rapporteur réclame, en conséquence, l'ajournement de cette affaire.

L'ajournement est prononcé.

Église de Montmorency (Seine-et-Oise)

Sur la réclamation de M. de Lasteyrie, la Commission décide qu'il sera pris auprès de M. le préfet de Seine-et-Oise des renseignements sur un empiètement fait par un particulier, qui a établi des constructions parasites pour recueillir toutes les eaux pluviales que reçoivent les toitures de l'église de Montmorency.

La séance est levée. 80/15/007/44

28 juin 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Pastoret, de Guizard, Mérimée, Lenormant, de Maleville, Mercey, Goureau, de Laborde, Paul Lacroix, Vitet, Courmont.
Église de Lisieux (Calvados)

Sur l'avis du secrétaire, M. Courmont, la Commission autorise M. Danjoy à confier à M. Pyanet les travaux de sculpture de l'église de Lisieux.

Église de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une lettre qu'il a reçue de Toul par laquelle on l'informe que le Conseil municipal vient de voter les fonds que le ministre l'avait invité à fournir pour la restauration de son église, mais à la condition que l'architecte désigné par le ministre serait changé. M. le rapporteur fait observer à la Commission combien cette proposition est inadmissible.

La Commission partage son avis.

Dolmen de Poitiers (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre de M. Fouard au sujet d'un dolmen situé près de Poitiers qu'il serait urgent d'acquérir si on veut le préserver de la destruction qui le menace. L'intérêt qui se rattache à ce monument est encore augmenté par les souvenirs qu'il rappelle. En effet, Rabelais l'a popularisé en attribuant son érection à Pantagruel, (lequel, dit-il, voyant que "les escholiers étaient aucunes fois de loisir et ne savaient à quoi passer leur temps en une compassion. Et un jour prit d'un grand rocher qu'on nomme Passe Hourdin une grosse roche, et la mit sur quatre piliers au milieu d'un champ bien à son aise afin que lesdits escholiers, quand ils ne sauraient autre chose faire, passassent tenus à monter dessus ladite pierre et là bancqueter à force flacons, jambons et pastés et écrire leurs noms dessus avec une cousteau et de présent l'appelle-t-on la Pierre-levée".

La Commission sur les conclusions du rapporteur et l'avis de M. le directeur des Beaux-arts, alloue, pour l'acquisition de ce monument, une somme de 500 Francs sur l'exercice 1851.

Fontaine des Innocents à Paris (Seine)

M. de Guizard annonce que, sur la demande de M. le directeur des Musées, il serait dans l'intention d'autoriser le transport au Musée des statues 80/15/007/45 et bas-reliefs formant la décoration de la Fontaine des Innocents, et de les remplacer par des copies bien exécutées, dans le cas où le monument dont il s'agit devrait être déplacé par suite des projets conçus par la Ville de Paris pour l'agrandissement des Halles. Il désirerait avoir à cet égard l'avis de la Commission, pour s'en appuyer auprès du ministre.

La Commission est d'avis que ce qu'il y aurait de mieux à faire serait de laisser en place le monument tel qu'il est, mais que, comme déjà il a été altéré, dans le cas où il devrait être démonté, le parti proposé par M. le directeur des Beaux-arts serait le meilleur à suivre.

Église Saint-Sylvain de Levroux (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle qu'il a déjà entretenu la Commission de la situation de l'église Saint-Sylvain à Levroux. Un projet de restauration avait été présenté par M. de Mérindol, dont le devis s'élevait à environ 84 000 Francs. Il avait été pourvu aux travaux les plus urgents par des allocations montant ensemble à 20 000 Francs, dont 4 000 Francs donnés par le ministère de l'Intérieur.

Sur l'avis de la Commission, une somme de 30 000 Francs fut en outre réservée pour continuer la restauration à la condition que le ministère des Cultes en fournirait une d'égale valeur. Depuis, un accident est survenu dans le commencement des travaux, et on s'est aperçu que toute la construction était beaucoup plus mauvaise qu'on ne l'avait supposé. Il a fallu étayer d'urgence, démolir quelques parties qui allaient tomber, et enfin on a reconnu que le dévalement et la reconstruction devaient s'étendre pour toute la façade jusqu'au niveau de la tribune. M. de Mérindol a été obligé de faire un dessin supplémentaire qui ne comprend que la restauration de cette façade et qui s'élève à près de 46 000 Francs. Ainsi, la restauration complète de l'église monterait à 120 000 Francs. L'examen des lieux et l'état des dessins ne permettent pas au rapporteur de croire que des réductions soient à espérer sur ce total, et il lui semble que l'ajournement des travaux aurait les plus grands inconvénients et compromettrait l'existence même de l'édifice.

M. Mérimée propose, en conséquence, de porter la subvention des deux ministères de 30 à 45 000 Francs, et d'exiger de la Commune un nouveau sacrifice de 10 000 Francs, ainsi, le ministère de l'Intérieur fournirait 49 000 Francs, le 80/15/007/46 ministre des Cultes, 53 000 Francs, et la Commune 18 000 Francs.

La Commission approuve ces conclusions et accorde conditionnellement 12 000 Francs sur 1851, 12 000 Francs sur 1852 et 11 000 Francs sur 1853.

Palais de Justice, ancien Palais ducal de Nevers (Nièvre)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la restauration du Palais de Justice de Nevers est évaluée à 140 000 Francs. Le Conseil général a voté 45 000 Francs, et demande un secours de 20 000 Francs. En supposant ce secours accordé, le rapporteur fait remarquer qu'on n'aurait réuni que 65 000 Francs, un peu moins de la moitié de la dépense totale. Le rapporteur pense que le ministère de l'Intérieur ne peut refuser son intérêt à un monument aussi important. Mais, avant de s'engager dans une entreprise si considérable, il croit qu'il serait à propos de connaître plus exactement les ressources du département et de la Ville. M. Mérimée fait observer que la plus grande partie de la dépense consiste dans l'appropriation du Palais ducal à sa nouvelle destination, celle d'un Palais de Justice, travaux qui ne peuvent être exécutés sur le fonds des Monuments historiques. Les seules réparations qui puissent être encouragées sur ce fonds consisteraient dans le rétablissement de l'ancienne ornementation. Le dessin de M. Paillard ne sépare pas suffisamment bien les articles qui se rapportent aux réparations de cette nature.

Le rapporteur croit donc nécessaire de demander à l'architecte un devis spécial à ce sujet. Il propose, en conséquence, d'ajourner toute délibération, et d'attendre, pour prendre une décision, les renseignements dont il vient d'indiquer la nécessité.

Ces conclusions sont approuvées.

Pont Flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

Sur le rapport de M. Lenormant, la Commission alloue pour payer les frais qu'a dû occasionner la construction d'un pont provisoire pendant les réparations du pont de Saint-Chamas, et quelques travaux supplémentaires indiqués dans un nouveau rapport de M. Révoil, la somme de 569 Francs 90 sur l'exercice 1850.

Église de La Chapelle-sur-Crécy (Seine-et-Marne)

Sur la proposition du même rapporteur, M. Lenormant, la Commission alloue sur l'exercice 1850 80/15/007/47 une somme de 2 300 Francs pour faire face aux dépenses proposées par M. Garrez dans son rapport au ministre du 12 juin 1850, au sujet des travaux de l'église de La Chapelle-sur-Crécy.

Fouilles à Vaison-la-Romaine (Vaucluse)

La Commission ajourne, sur le rapport de M. Lenormant, la demande faite par le préfet de l'Aude dans le but d'obtenir une allocation pour pratiquer des fouilles à Vaison.

Église de Fécamp (Seine-Inférieure)

La Commission sur les conclusions de M. Vitet, rapporteur, accorde 6 000 Francs en deux exercices, savoir : 1 000 Francs sur 1850 et 5 000 Francs sur 1851 pour les travaux que réclame l'église de Fécamp.

Abords de la cathédrale de Bordeaux (Gironde) : cloître.

M. le secrétaire, M. Courmont, met sous les yeux de la Commission les projets de la Ville de Bordeaux pour l'alignement des rues placées aux abords de la cathédrale. Ces projets supprimaient le cloître attenant à la cathédrale et une partie de l'archevêché. D'après les observations qui lui ont été adressées à deux reprises au sujet de la suppression du cloître, par le Conseil des Bâtiments civils, M. le chef de la 3e division demande aujourd'hui l'avis de la Commission des Monuments historiques .

M. Danjoy, architecte, chargé de la restauration de la cathédrale, réclame vivement contre ces projets par des motifs puisés dans l'intérêt que lui inspire le monument placé sous sa surveillance.

D'après l'examen des plans qui lui sont soumis, la Commission décide que M. le ministre sera invité d'une manière pressante à faire modifier les projets d'alignement de manière à préserver de toute atteinte le cloître de la cathédrale.

Quant à l'archevêché, elle est d'avis que l'architecte devra invoquer l'appui du ministre des Cultes pour réclamer la modification de l'alignement en ce qui concerne cet édifice.

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que la Commission a déjà depuis longtemps reconnu l'importance de l'église de Lamballe et s'est même engagée à concourir à la réparation, le dessin adressé aujourd'hui avec les modifications demandées par le ministre sur l'avis de la Commission, est divisé 80/15/007/48 en trois parties qu'il semble impossible de diviser, toutes les trois paraissant avoir le même caractère d'urgence. Le total s'élève à la somme de 46 592 Francs. Le curé met à la disposition de l'architecte une somme de 16 200 Francs.

Le rapporteur propose d'allouer en deux ou trois exercices une somme de 15 000 Francs.

La Commission, modifiant le chiffre proposé par le rapporteur, alloue 12 000 Francs en trois exercices à partir de 1851.

Orgues de Sarlat (Dordogne)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission rejette une demande de secours adressée par le préfet de la Dordogne pour la réparation des orgues de Sarlat.

Église de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'un rapport de M. Millet, duquel il résulte que l'église de Paray mérite au plus haut point l'intérêt de la Commission. Bien que la situation du fonds des Monuments historiques ne laisse que peu d'espoir d'entreprendre prochainement la nouvelle restauration, le rapporteur croit qu'il y a lieu, quant à présent, d'inviter M. Millet à faire une étude complète du monument, et de rédiger un devis des réparations qu'il exige.

La Commission partage l'avis du rapporteur.

Église de Fontgombault (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître une nouvelle demande adressée en faveur de l'église de Fontgombault. Sur cette réclamation, il propose avec regret toutefois, à la Commission de persévérer dans sa décision et de borner les secours accordés à l'église de Fontgombault à l'allocation de 10 000 Francs déjà accordée.

Le rapporteur croit que, dans la situation du crédit, il est impossible de donner une subvention plus considérable sans porter préjudice à d'autres monuments dont l'importance est aussi grande que celle de Fontgombault.

Cet avis est adopté par la Commission.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre de M. le ministre de l'Instruction publique, de laquelle il résulte que, dans le cours des travaux qui s'exécutent à l'église Saint-Sulpice de Favières, les pierres en tombant des parties supérieures 80/15/007/49 de l'édifice ont déjà brisé plusieurs verres faisant partie de verrières du XIIIe siècle du plus haut mérite.

Le rapporteur est d'avis de transmettre cette note de M. le ministre de l'Instruction publique à M. Garrez, architecte chargé de ces travaux, en le priant de répondre s'il y a lieu, et, dans le cas où les observations seraient fondées, à l'inviter à prendre les mesures nécessaires pour prévenir ces accidents fâcheux.

Église Notre-Dame-la-Grande à Poitiers (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le curé de Notre-Dame de Poitiers vient d'affecter une somme de 6 000 Francs dont le don lui a été fait avec cette destination, à l'exécution de peintures dans son église. M. Joly, architecte, doit envoyer un dessin de la décoration qu'il se propose de faire avec cette somme.

Le rapporteur regrette que l'on s'occupe de travaux accessoires qui peuvent toujours être ajournés, lorsqu'un devis de 44 000 Francs de dépenses urgentes n'est pas encore couvert. Il rappelle qu'une somme de 20 000 Francs a été réservée sur le fonds des Monuments historiques pour faire face aux dépenses prévues dans le devis de M. Joly et propose de les accorder à la condition que la Ville de Poitiers ou le ministère des Cultes pourvoiront au restant de la dépense.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Vermenton (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, fait passer sous les yeux de la Commission les dessins de l'église de Vermenton et annonce qu'il fera, dans le cours de la séance prochaine, son rapport sur cette affaire.

Église d'Espondeilhan (Hérault)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle au sujet de l'affaire de l'église d'Espondeilhan les conclusions de son rapport du 18 janvier dernier. Depuis cette époque, M. le ministre des Cultes a promis un secours de 1 800 Francs sur un devis de 4 000 Francs avant de décider s'il y a lieu d'ajouter quelque chose à cette allocation sur le fonds des Monuments ; le rapporteur serait d'avis de savoir si la Commune ou le département peuvent ou veulent faire quelques sacrifices.

Il propose d'écrire au préfet avec une certaine réserve pour lui annoncer que, si la Commune accordait une allocation de quelque importance, le ministre de l'Intérieur pourrait compléter la somme nécessaire.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Ligny-Saint-Flochel (Pas-de-Calais)

Sur le rapport du secrétaire, M. Courmont, la Commission décide 80/15/007/50 que des renseignements plus complets seront réclamés pour l'instruction de la demande adressée en faveur de l'église de Ligny-Saint-Flochel.

Église Sainte-Colombe (Gironde) [sic : Charente-Inférieure]

Sur les conclusions du même rapporteur, M. Courmont, la Commission est d'avis d'écrire à M. l'abbé, chanoine à Saintes, et acquéreur de l'église Sainte-Colombe, qu'il est impossible d'affecter les fonds des Monuments à la restauration de l'édifice qu'il vient d'acheter, et l'inviter à s'adresser à M. le ministre des Cultes.

Église de Blaison-Gohier (Maine-et-Loire)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture d'une lettre de M. Godard-Faultrier, correspondant de Maine-et-Loire, au sujet de l'église de Blaison, la Commission décide qu'il sera pris des renseignements sur les besoins de cet édifice auprès du préfet de Maine-et-Loire et de M. Joly, architecte à Saumur.

Indemnité à l'architecte, inspecteur des travaux de M. Mérindol

La Commission autorise l'allocation d'une indemnité de 396 Francs à l'architecte, inspecteur des travaux dont M. Mérindol est chargé dans le département de l'Indre. Cette allocation a pour but de couvrir cet agent des dépenses de déplacement qu'il est obligé de faire pour le bien du service des monuments dont il suit les travaux.

Église de Celles (Deux-Sèvres)

Sur l'avis du secrétaire, M. Courmont, la Commission décide que le préfet des Deux-Sèvres sera invité à transmettre au ministre un projet des travaux que réclame l'église de Celles.

Église de Breuil au Mesnil-Mauger (Calvados)

La sous-commission des plans approuve la demande faite par M. Danjoy, architecte, pour ses dessins de l'église de Breuil.

Église de Laval (Mayenne)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture d'une lettre du maire de Laval qui signale l'état de détérioration d'une voûte en lambris de bois recouverte de peinture qu'il croit digne d'un haut intérêt dans l'église Notre-Dame.

La Commission ne partage pas absolument l'opinion de M. le maire de Laval, et tout en regrettant de ne pouvoir intervenir, décide qu'il n'y a pas lieu de donner suite à cette affaire. 80/15/007/51

La Commission s'ajourne au vendredi 5 juillet 1850.

5 juillet 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Maleville, Lenormant, de Guizard, Mérimée, de Contencin, Courmont, Questel, Mercey, Vitet, de Pastoret, Paul Lacroix, de Lasteyrie et Vaudoyer. Présidence de M. de Maleville.
Plaques trouvées à Saint-Denis (Seine)

M. Mérimée soumet à la Commission trois plaques en cuivre provenant des cercueils contenus dans les tombes de Saint-Denis et enlevées en 1793. (L'une de ces plaques était placée dans le tombeau de Louis XIV) trouvées par M. Debret, architecte, ces trois pièces seront mises bientôt en vente par Madame Debret sa veuve.

M. du Sommerard à qui elles ont été proposées a commencé des négociations pour leur acquisition, le propriétaire en demande 300 Francs. M. Lenormant est d'avis de faire l'achat dont il est question, mais non pas pour le Musée de Cluny, il pense que les plaques devaient être replacées à Saint-Denis.

La Commission est d'avis d'inviter M. du Sommerard à poursuivre la négociation, et d'inviter M. le ministre des Travaux publics à faire l'acquisition sur les fonds dont il dispose pour l'église de Saint-Denis.

Église de Toul (Meurthe)

M. de Guizard donne lecture d'une lettre par laquelle M. le curé de Toul l'informe que le Conseil municipal de Toul a voté les fonds qui lui étaient demandés pour sa part de concours dans la restauration de l'église de Toul, mais à la condition que l'architecte chargé des travaux serait changé.

M. le directeur, ainsi que la Commission, pensent qu'avant de répondre il est bon d'attendre l'avis officiel du préfet de la Meurthe.

Fouilles à Handouis à Vertault (Yonne)

M. de Guizard lit à la Commission une note par laquelle M. Gradot annonce au ministre que, sur les confins de l'Yonne, de l'Aube et de la Côte-d'Or, au lieu appelé Handouis, on vient de découvrir à environ 1 mètre de profondeur du sol, par des fouilles, une Ville romaine qu'on dit être Laudunum. On ajoute que, si M. le ministre veut disposer de plus amples renseignements, M. de Permangle, (rue Castiglione, 14), 80/15/007/52 pourra les donner.

La Commission décide qu'il sera écrit à M. de Permangle pour lui demander tous les renseignements qu'il possède.

Château de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. de Laborde présente à la Commission des observations sur les restaurations qui se poursuivent en ce moment à Fontainebleau. Dans une visite qu'il a faite récemment, il a été à même de reconnaître que les peintures exécutées en ce moment par M. Couder dans la Galerie de François Ier sont plus nuisibles qu'utiles, et qu'elles doivent faire disparaître ce qui reste des belles peintures qui en faisaient l'ornement. Il demande qu'une commission soit nommée pour examiner le plus tôt possible l'état des peintures anciennes ; la responsabilité de la Commission lui parait compromise si ces restaurations se continuent sans qu'elle ait au moins fait des représentations à leur sujet.

M. Lenormant fait observer que déjà les peintures de MM. Abel de Pujol et Picot ont détruit complètement une grande partie des peintures, que celles de M. Alaux, bien que faites avec tout le soin possible et un véritable talent, ont produit le même résultat. Il demande que le ministre des Travaux publics soit invité à faire suspendre les travaux commencés pour M. Couder et qu'une Commission soit nommée pour étudier les réparations qui doivent être faites à Fontainebleau et dans le parti à prendre pour certaines restaurations fâcheuses déjà exécutées.

M. de Maleville, sur la proposition de la Commission, veut bien se charger de parler à cet égard à M. le ministre des Travaux publics.

Château d'Écouen (Seine-et-Oise)

M. Lenormant fait part à la Commission des résultats de la visite que la sous-commission du château d'Écouen a faite dernièrement dans ce palais. Il annonce que la sous-commission du Budget avec laquelle la Commission des Monuments s'est rencontrée, a reconnu la nécessité de n'altérer en rien l'oeuvre si remarquable de Jean Bulland et s'est chargé, lors de la discussion du projet d'appropriation à la Légion d'Honneur, de demander toutes garanties possibles.

M. Lenormant ne pense pas que cela suffise et il croit qu'une fois le pensionnat installé, il sera difficile d'empêcher que les travaux d'aménagements ou de changements, qui le pratiqueront postérieurement, ne soient faites dans un esprit peu respectueux pour la belle architecture du monument ; 80/15/007/53 ce qui lui inspire cette crainte, c'est le choix de l'architecte chargé par la Légion d'Honneur des travaux d'Écouen. M. Lenormant termine en exprimant de vifs regrets au sujet du projet présenté, et il est d'avis qu'un monument dont le revenu suffisait à l'entretien, était dans une position assez satisfaisante pour qu'on ne lui donnât par une affectation semblable.

La Commission, sur les observations de M. Lenormant, est d'avis d'écrire à M. le Grand Chancelier pour lui exprimer les regrets de la Commission au sujet de la destination proposée pour le château d'Écouen, pour lui faire part des craintes que lui inspire l'architecte chargé de l'exécution du projet, et lui demander de vouloir bien confier ce travail à un artiste d'un mérite reconnu, qui n'oserait pas dans la restauration modifier en quoique ce soit la belle architecture de ce monument.

Église de Lavoûte-Chilhac (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il n'y a d'intéressant dans l'église de La-Voûte-Chilhac, pour laquelle un secours est demandé, que la porte en bois, enlevée à un édifice très ancien. S'il s'agit de conserver cette porte, le rapporteur croit que, malgré l'état des ressources des monuments, il est impossible de ne pas accorder une allocation. Mais si selon toute apparence, il n'est question que de l'église très médiocre du XVe siècle, il est d'avis de ne pas prendre part à sa restauration.

Le rapporteur conclut à l'ajournement qui est prononcé par la Commission.

Église de Chissey (Jura)

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'église de Chissey a des titres réels à l'intérêt du Gouvernement. Elle a reçu, il est vrai, des secours du ministère montant à la somme de 3 000 Francs ; mais la Commune a fait de son côté des sacrifices très considérables pour ses faibles ressources. Aujourd'hui, elle vient de s'imposer encore pour une somme de 1 000 Francs et sollicite un secours pour l'achèvement des réparations dont le total s'élève à 7 500 Francs. Le rapporteur n'hésiterait pas à demander une allocation si la rédaction du devis ne lui inspirait des inquiétudes sur l'utilité des travaux et la façon dont ils seront exécutés. Il propose, en conséquence, de charger M. [Émile] Boeswillwald, qui dirige d'autres travaux dans le département du Jura, d'examiner la situation de l'édifice, et de faire à la Commission un rapport 80/15/007/54 sur les réparations qu'il serait convenable d'exécuter.

Ces conclusions sont adoptées.

Vitraux de l'église d'Écouen (Seine-et-Oise)

M. Lenormant, rapporteur, donne lecture à la Commission du rapport adressé au ministre par M. Maréchal au sujet des vitraux de l'église d'Écouen. Il résulte de ce rapport que les plombs et les ferrures sont dans le plus mauvais état, et qu'il en est ainsi des meneaux. Ceux des vitres du sud ont été étayés par des tiges en fer. M. Maréchal croit qu'il y a lieu de pourvoir à une prompte restauration des meneaux de plusieurs fenêtres et du plombage de toutes les verrières. Il ajoute qu'il serait souhaitable qu'on profitât de la nécessité de plombage pour rétablir l'intégrité des images par une restauration complète. Dans le cas où l'on ne prendrait pas de suite un parti, le prix du plombage serait perdu quand viendrait le temps de faire la restauration, et ce prix est assez élevé pour éviter d'en renouveler la dépense. M. Maréchal pense qu'il ne coûterait pas moins de 4 à 5 000 Francs, et que la restauration n'en demanderait pas plus de 8 à 9 000 Francs.

Après avoir fait le plus grand éloge des verrières de l'église d'Écouen, M. Lenormant propose de charger M. Maréchal de préparer un devis détaillé de la dépense.

La Commission approuve ces conclusions, elle demande que, lors de l'exécution du projet, M. Maréchal soit invité à ne procéder que panneaux par panneaux, la Commission se réservant de suspendre son travail dans le cas où il ne lui paraîtrait pas suffisamment bien réussi.

Église Saint-Nazaire de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la première série des travaux de l'église Saint-Nazaire de Carcassonne est terminée, et que la consolidation de l'église peut être considérée comme désormais assurée. De l'examen du décompte des travaux, il résulte même que, sans dépasser le chiffre de 120 000 Francs, montant de la 1ère catégorie, l'architecte a fait plus de travaux qu'il n'en avait annoncé. Le rapporteur rappelle que le devis général s'élevait à 383 346 Francs, sur lequel les travaux achevés actuellement figuraient pour 120 000F. Jusqu'à ce jour, le ministère de l'Intérieur a alloué 80/15/007/55 150 000 Francs, la Ville de Carcassonne 6 500 Francs et elle s'est engagée en outre à concourir à la réparation des verrières pour une somme de 6 000 Francs. Il reste donc libre une somme de 42 500 Francs.

L'architecte demande que cette allocation soit reportée comme somme à valoir sur les devis n° 1 et 2 qui font suite à celui qui comprenait les travaux de la 1ère catégorie.

M. le rapporteur est d'avis que, lorsqu'il s'agit d'un monument aussi important que Saint-Nazaire, c'est un devoir de se préoccuper non seulement de la consolidation, mais encore de la restauration complète. Il rappelle que telle a été l'opinion de la Commission lorsqu'elle a demandé à M. Viollet-le-Duc un devis pour la restauration complète des magnifiques vitraux de Saint-Nazaire, pour lesquels le rapporteur propose de demander aujourd'hui une allocation.

M. Mérimée fait observer qu'il est impossible de séparer la restauration des vitraux de celle des meneaux et des tympans, enfin de tout le choeur qu'on peut comparer à une grande caze [sic] de verre, et que l'inverse, c'est-à-dire la réparation des fenêtres, indépendamment de celle des vitraux, serait une grande faute contre l'économie.

La réparation des fenêtres, clochetons, balustrades s'élève à 113 895 Francs 49.

et celle des verrières à 70 814 Francs 70,

au total 184 710 Francs 19.

Le rapporteur rappelle qu'une somme de 42 500 Francs reste disponible sur les premières allocations. Il s'agit donc de couvrir un déficit de 142 210 Francs 19.

Le rapporteur propose de réserver sur les exercices prochains une somme de 100 000 Francs, et de demander au ministère des Cultes et à la Ville de faire face au reste de la dépense, soit 42 210 Francs 19. Cette allocation, ajoute M. le rapporteur, serait conditionnelle et subordonnée au concours de la Ville et du ministère des Cultes.

Ces conclusions, après observation de plusieurs membres sur la manière dont les fonds seront répartis, sont adoptées par la Commission. Les 100 000 Francs sont réservés en 5 exercices, à partir de 1851, et ils seront alloués en moins d'exercices, si le total du crédit le permet.

Église de Saint-Savin (Hautes-Pyrénées)

M. Mérimée, rapporteur, indique tout l'intérêt qui s'attache à l'église de Saint-Savin, un des rares exemples des églises fortifiées. La couverture est dans un état déplorable et exige un remaniement ou plutôt une réfection complète. Le devis présenté par 80/15/007/56 l'architecte évalue la dépense à environ 8 500 Francs car il déclare n'avoir pu se rendre un compte exact de la quantité de bois nécessaire à la restauration.

Avant de rien statuer sur cette affaire, le rapporteur appelle l'attention des architectes membres de la Commission sur le système de charpente adopté par l'auteur du projet.

Sur les observations de MM. Questel et Vaudoyer, la Commission décide que M. le préfet des Hautes-Pyrénées sera invité à produire un travail mieux étudié.

Église de Lautenbach (Haut-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Lautenbach pour laquelle on sollicite un secours, a déjà reçu des secours du Gouvernement, et le ministre des Cultes offre de concourir pour 1 500 Francs à la dépense totale du devis montant à 2 593 Francs, si le ministre de l'Intérieur prend le reste à sa charge. La Commune est dans l'impossibilité d'y contribuer par la moindre allocation. Malgré son désir de seconder les intentions du ministère des Cultes, le rapporteur propose de n'accorder pour ce monument qu'une somme de 500 Francs parce qu'il remarque que le devis qui est transmis ne comprend aucune dépense qui concerne la conservation de l'église comme monument.

M. Mérimée propose de donner avis au ministre des Cultes de cette allocation en exprimant le regret que la spécialité du crédit ne permette pas de s'associer par une plus forte somme aux travaux de Lautenbach.

Ces conclusions sont approuvées 500 Francs sur 1851.

M. de Guizard donne lecture d'une lettre par laquelle M. Crozat-Lafond demande qu'une indemnité lui soit allouée sur le crédit des Monuments historiques pour les soins qu'il donne depuis longtemps, à titre gratuit, aux affaires de ce service.

Sur les observations présentées par M. le directeur, la Commission décide qu'une somme de 900 Francs sera accordée à M. Crozat-Lafond, sur l'exercice 1850.

Église de Caussade (Tarn-et-Garonne)

Sur la proposition de M. de Maleville, la Commission alloue une somme de 596 Francs 09 pour le paiement du reliquat des mémoires restant pour les travaux de l'église de Caussade. 80/15/007/57

Monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble (Isère)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture à la Commission d'une lettre de M. le ministre des Cultes relative à la restauration des deux monuments gothiques de la cathédrale de Grenoble. Cette dépêche a pour but de demander à M. le ministre de l'Intérieur de vouloir bien confier à M. Janniard, architecte de la cathédrale, les travaux de ces deux monuments qui ont été primitivement accordés à M. Peronnet, inspecteur des travaux de la cathédrale.

La Commission est d'avis de faire droit à la demande de M. le ministre des Cultes qui lui paraît parfaitement fondée.

Église de La Chapelle-sur-Crécy (Seine-et-Marne)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission autorise le paiement d'une somme de 30 Francs à un ouvrier blessé dans le cours des travaux de La Chapelle-sur-Crécy, pour l'indemniser de son chômage.

Procédé de moulage

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture d'une lettre de M. le ministre de l'Instruction publique, en réponse à une demande de communication du procédé de moulage de M. Lottin de Laval acquis par l'État. De cette lettre il résulte que la description de ce procédé a été déposée provisoirement sans cachet au secrétariat de l'Académie des Sciences, et qu'il doit être statué ultérieurement, d'après l'avis de l'Institut, sur le degré de publicité que devra recevoir ce procédé et cela dans l'intérêt même de la science et de l'art. En outre, qu'il résulte des renseignements donnés à M. le ministre de l'Instruction publique par les personnes les plus compétentes qu'il y aurait les plus graves inconvénients à divulguer dès à présent ce procédé et qu'il était convenable de le tenir encore quelque temps secret.

Église de Vézelay (Yonne)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'une indemnité extraordinaire de 1 500 Francs sera allouée à M. Amé, architecte, pour les travaux de l'église de Vézelay.

Église de Rueil (Seine-et-Oise)

Sur le rapport de M. de Laborde établissant que le dossier adressé à l'appui d'une demande de secours pour l'église de Rueil est incomplet, la Commission ajourne toute allocation et décide 80/15/007/58 qu'un supplément d'instruction sera demandé.

Église de Javron (Mayenne)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte de l'examen des plans et du devis dressés par M. le préfet de la Mayenne à l'appui d'une demande d'allocation pour l'église de Javron, qu'il s'agit beaucoup moins d'une restauration que de l'agrandissement et plus de la reconstruction de l'église, opération qui ne regarde pas l'administration des Monuments historiques. En conséquence, et comme l'église n'a qu'une médiocre importance, le rapporteur propose de transmettre les pièces de l'affaire au ministre des Cultes.

Ces conclusions sont approuvées.

La Commission s'ajourne au 12 juillet.

12 juillet 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Lenormant, Mérimée, de Guizard, de Laborde, Questel, Caristie, Courmont, Vaudoyer, Mercey, Labrouste.
Église Notre-Dame d'Étampes (Seine-et-Oise)

Sur la proposition de MM. de Laborde et Questel, la Commission décide que M. Laisné, architecte, sera invité à continuer le travail qu'il a commencé sur l'église Notre-Dame d'Étampes, en ayant soin toutefois d'éviter de faire en double les parties de ce même travail, fournies à l'administration par M. Magne, architecte.

Château de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. de Guizard donne à la Commission des renseignements sur les circonstances par suite desquelles M. Couder, chargé par l'ancienne Liste civile de réparer les peintures de la Galerie de François Ier à Fontainebleau, a continué ses travaux jusqu'à ce jour.

M. Lenormant donne connaissance d'une lettre par laquelle M. de Maleville l'informe de l'impossibilité où il se trouve de se rendre à la séance de la Commission et lui annonce que, 80/15/007/59 sur la demande de M. le ministre des Travaux publics, il a donné à M. Couder l'ordre de suspendre la peinture dont il poursuivait l'exécution. M. Caristie rappelle le concours du Conseil des Bâtiments civils, lors de l'examen du projet de surélévation de la galerie de François Ier et les conseils qu'il donne en cette circonstance.

La Commission décide qu'il sera écrit au ministre des Travaux publics pour lui demander de se concerter avec son collègue, le ministre de l'Intérieur, pour la création d'une Commission mixte qui aurait pour mission de rédiger un programme pour la rédaction du projet de travaux que réclame le château de Fontainebleau et de fixer les réparations qui devront être exécutées à l'une des façades du château, qui menace ruine, et de décider ce qui devra être fait pour la restauration des peintures, ainsi que pour la surélévation de la galerie de François Ier.

Château d'Écouen (Seine-et-Oise)

M. de Guizard donne lecture à la Commission du passage du rapport de M. Berryer relatif à l'intervention de la Commission dans l'affaire d'appropriation du château d'Écouen. Voici les termes par lesquels il se termine : la sollicitude du Gouvernement ne sera pas moindre, nous l'espérons, que celle qui a animé votre Commission dans l'examen de cette affaire, et nous demandons que les ministres de la Justice et de l'Intérieur se concertent pour déterminer dans le nouvel établissement d'Écouen des mesures réglementaires qui assurent la parfaite conservation du château et de ses dépendances, et pour qu'il n'y soit fait aucun travail intérieur, sans avis préalable de la Commission des Monuments historiques .

Église de Conches (Eure)

M. Lenormant, rapporteur, expose les résultats de l'examen des vitraux de l'église de Conches auquel s'est livrée la sous-commission désignée pour prendre connaissance de leur valeur et de leur état de conservation. Non seulement les 7 Fenêtres du choeur, ajoute le rapporteur, offrent un échantillon de ce qui a été fait de plus avancé sous le rapport du dessin, de la disposition des couleurs et des soins minutieux dans toutes les parties de l'exécution, mais en outre l'extrême intérêt des fenêtres des bas-côtés qui sont dues chacune à la main d'un maître 80/15/007/60 différent, forme un ensemble que rien n'égale en France. Quant à leur état, il y en a qui ont été maltraités d'une manière fort regrettable, d'autres au contraire qui sont dans un parfait état de conservation.

A la suite de cet exposé, M. Lenormant donne lecture d'une lettre de M. Laumonier, sculpteur en bois à Conches, qui indique à quelle condition il pourrait faire les calques qu'il serait nécessaire de réunir pour la restauration des vitraux dont il s'agit : le prix demandé par M. Laumonier est de 107 Francs, pour chaque fenêtre du choeur et 67 Francs pour chacune de celles de la nef, ce qui ferait en tout une somme de 1 837 Francs. Le charpentier demanderait 450 Francs pour les échafaudages.

La Commission considérant que ce travail préliminaire est indispensable, si l'on veut poursuivre la restauration complète des vitraux de Conches, approuve la dépense proposée et décide qu'il en sera donné avis à M. Laumonier. M. Lenormant devra leur indiquer par quelle vitre ils devront commencer.

Église de Toul (Meurthe)

M. de Guizard donne lecture à la Commission de la lettre par laquelle le préfet de la Meurthe transmet à M. le ministre de l'Intérieur une lettre du maire de Toul et une délibération du Conseil municipal de cette ville, au sujet du concours qui lui a été demandé pour les travaux de la cathédrale. Il résulte de ces pièces que la Ville de Toul consentirait à accorder, ainsi qu'un avis officieux l'avait déjà fait pressentir à la Commission, les fonds qui lui ont été demandés, à la condition que les architectes chargés des travaux seraient changés.

La Commission est unanime pour refuser les fonds offerts à cette condition, et demande qu'il soit d'abord écrit au préfet, en réponse à la communication, pour le prévenir qu'après la délibération du Conseil municipal, il croit devoir retirer l'allocation considérable qu'il destinait au monument.

M. Mérimée serait d'avis de réclamer de M. le ministre de poursuivre la suspension du maire auprès du Conseil d'État.

M. de Guizard demande que l'on attende quelques jours pour voir si le retrait de la subvention ne produira pas dans les esprits un retour favorable au but que la Commission 80/15/007/61 désire atteindre.

Après une longue discussion, la Commission décide que M. Mérimée préparera pour la prochaine séance un rapport sur toute la suite de cette affaire. (30)

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le maire de Saint-Leu vient d'adresser au ministre une demande de secours pour la restauration de l'église de cette Commune. Le rapporteur est d'avis de répondre au maire en termes généraux que le ministre de l'Intérieur apprécie toute l'importance de l'église de Saint-Leu et qu'il désire contribuer à sa restauration dans la limite de ses ressources ; que cette restauration sera longue et coûteuse et qu'elle ne pourra avoir lieu qu'avec le concours de toutes les administrations intéressées à la conservation de cet édifice, c'est-à-dire le ministre des Cultes, le département et la Commune ; enfin l'informer que le ministre attend le résultat de l'expertise commencée et que, lorsqu'il sera connu, on se préoccupera de continuer la restauration. Et l'inviter à se pourvoir en attendant auprès du préfet de l'Oise pour obtenir s'il se peut une subvention du département.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Marciac (Gers)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Marciac, pour laquelle le préfet du Gers sollicite un secours, est un monument d'une importance très secondaire, et que le travail graphique produit ainsi que le devis n'indique guère que la situation ait été étudiée d'une manière sérieuse. Le rapporteur ajoute qu'il résulte de la lettre même du préfet, du 27 juin 1850, que les autorités municipales ne sont nullement disposées à concourir à la dépense. Le rapporteur pense que le fonds des Monuments historiques, fût-il infiniment plus considérable qu'il n'est, on devrait encore hésiter à s'engager dans la restauration de cet édifice.

Il propose en conséquence, vu l'état du fonds de secours, l'avancement de la saison, le mauvais vouloir des autorités locales, enfin le peu d'intérêt que présente le monument, de rejeter la demande communiquée.

Ces conclusions sont adoptées et le rejet est prononcé.

Église des Minimes de Compiègne (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle à la Commission que par la demande du préfet de l'Oise, elle avait autorisé 80/15/007/62 l'affectation de l'église des Minimes, à Compiègne, aux besoins des Frères des Écoles chrétiennes. M. le ministre des Finances prévient aujourd'hui que cette destination ne peut être donnée sans que le projet de loi ne l'ait autorisé.

Le rapporteur partage l'opinion du ministre des Finances et il est d'avis de préparer un projet de loi pour régulariser la cession du bâtiment aux Frères des Écoles chrétiennes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Mézières-en-Brenne (Indre)

M. Mérimée, rapporteur, donne à la Commission les dessins de l'église de Mézières. Il expose que ce monument appartient à une époque de décadence avancée, et ne se distingue en rien d'une multitude d'églises du XVe et du XVIe siècle, une chapelle assez remarquable par son ornementation est son seul ornement.

Le rapporteur pense que, après les sacrifices faits pour Neuvy-Saint-Sépulchre et Lesroux, la Commission ne saurait accorder de secours à un monument aussi peu distingué. Il propose en conséquence, de rejeter la demande relative à l'église de Mézières.

Cette proposition est adoptée.

Église de Châtillon-sur-Indre (Indre)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission ajourne l'examen d'une demande de secours en faveur de l'église de Châtillon, faute de documents graphiques suffisants.

Église de Saint-Marcel (Indre)

M. Mérimée, rapporteur.

Par les mêmes motifs et faute de ressources suffisantes, la Commission ajourne également la demande faite en faveur de l'église de Saint-Marcel.

Église de Saint-Genou (Indre)

M. Mérimée, rapporteur.

Au sujet d'une demande pour l'église de Saint-Genou, M. le rapporteur est d'avis de réclamer de M. Mérindol le travail définitif que l'avis de la Commission du 25 août 1848 l'invitait à produire. Ce n'est que lorsque ce travail sera soumis que M. Mérimée pourra représenter à la Commission ses premières conclusions tendant à accorder une allocation pour la restauration de l'abside.

Cet avis est adopté.

La Commission s'ajourne au vendredi 19 juillet 1850. 80/15/007/63

19 juillet 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, de Guizard, Vitet, de Lasteyrie, Caristie, Questel, de Contencin, Lenormant, Paul Lacroix, de Pastoret, Mercey, de Laborde, Vaudoyer, Courmont.
Prieuré de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren (Côtes-du-Nord)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture à la Commission d'un rapport de M. Lambert, architecte, sur les peintures de l'église du Prieuré de Notre-Dame-du-Tertre près Châtelaudren, et les moyens qu'il serait nécessaire d'employer pour les restaurer.

Le mode proposé par l'architecte ne paraissant pas suffisamment efficace, la Commission décide que le mémoire de M. Lambert sera renvoyé à M. Caristie qui préparera un rapport sur cette affaire.

Église de La Trinité à Vendôme (Loir-et-Cher)

Le secrétaire, M. Courmont, fait connaître à la Commission une lettre de M. Lenormant, architecte, qui informe le ministre d'un changement que sans autorisation la Fabrique de La Trinité de Vendôme vient d'apporter à la forme de la porte de la tour de l'église qu'elle administre.

La Commission, sur la proposition de M. Lenormant, décide qu'un rapport sera demandé à M. Pétigny, correspondant du ministère à Vendôme.

Ancienne cathédrale de Toul (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture à la Commission du rapport au ministre, qu'il a été, dans la dernière séance, chargé de préparer sur les faits qui se sont passés depuis le commencement des travaux de restauration de l'ancienne cathédrale de Toul. Il donne ensuite de vive voix quelques renseignements sur la conduite du maire de Toul à l'égard de M. Arnould inspecteur des travaux.

M. de Pastoret exprime le regret que le ministre n'ait pas trouvé moyen de récompenser le dévouement de M. Arnould qui, par suite 80/15/007/64 de son zèle à défendre les intérêts de l'administration centrale, a encouru la disgrâce des autorités locales, et la perte d'une place qu'il remplissait depuis près de 30 ans.

M. Lenormant partage l'opinion de M. de Pastoret et désire que la connaissance des faits contenus dans le rapport de M. Mérimée soit portée aux personnes qui s'intéressent aux monuments de l'ancienne Lorraine. M. de Contencin demande qu'il soit adressé au ministre des Cultes copie de la lettre qui sera écrite au préfet de la Meurthe.

La Commission décide que le rapport de M. Mérimée sera présenté au ministre et qu'il sera inséré textuellement dans le procès-verbal de la séance du 19 juillet.

Rapport à M. le ministre des Travaux de l'ancienne cathédrale de Toul (Meurthe)

"M. le ministre,

Un de vos prédécesseurs, sur le rapport de la Commission des Monuments historiques, accorde, le 25 avril 1848, une somme de 12 000 Francs pour les réparations les plus urgentes à exécuter dans l'ancienne cathédrale de Toul. Ces travaux étaient d'une nature délicate. Dans le siècle dernier, le bras sud du transept a été foudroyé, on attribue à ce sinistre de grandes lézardes et un affaiblissement général de toute cette partie de la construction ; des réparations assez mal combinées et faites à la même époque n'avaient pu arrêter le mouvement alarmant qu'on observait dans ce côté de l'église. On a reconnu depuis, en outre, que la base des contreforts était mal construite et affirmée par des cercueils de bois incrustés dans les fondations. Les soubassements des murs entre ces contreforts, particulièrement du côté de l'est, étaient en mauvaises pierres, mal cimentées entre elles, et revêtues d'un parement sans profondeur.

L'architecte désigné pour diriger ces travaux fut M. [Émile] Boeswillwald, déjà avantageusement connu par des restaurations exécutées par ordre du ministère de l'Intérieur. Il présente et fait agréer pour son inspecteur M. Arnould, architecte de la Ville de Toul. Le sieur Halftermeyer se rendit adjudicataire des travaux, le 31 octobre 1848.

Ils commencèrent le 16 mars 1849.

Dès le 19, l'inspecteur se plaignait de ce que l'entrepreneur 80/15/007/65 ne se conformait pas aux clauses de son adjudication. Le 18 mars, il dut refuser à l'entrepreneur un changement de matériaux de mauvaise qualité, mais il ne put obtenir qu'ils fussent enlevés du chantier, comme le prescrivait le cahier des charges.

Les premières réparations avaient pour objet de reprendre en sous-oeuvre le pied des contreforts. Il fallait arracher les pierres une à une et les remplacer à mesure, tout en étayant avec le plus grand soin.

M. [Émile] Boeswillwald, en quittant Toul, avait ordonné à l'entrepreneur d'obéir à M. Arnould, son inspecteur, comme à lui-même, il avait défendu aucune brèche ou refouillement sans son autorisation et prescrit d'étayer avec les plus grandes précautions toute pierre mise en l'air.

Cet ordre écrit était du 19 mars 1849. Il fallut le réitérer dans la même journée, l'entrepreneur ayant déjà exposé la maçonnerie et dessus du contrefort, faute de soutenir les pierres mises en oeuvre, par suite de trous d'étais pratiqués sous des joints verticaux.

Le 11 avril, par un temps de pluie, l'entrepreneur, sans autorisation, faisait trois grandes brèches dans le mur sud et A-B (voir le dessin ci-joint), et une autre dans l'angle rentrant formé par ce mur et le contrefort C.

L'inspecteur, M. Arnould, l'oblige de cesser et d'étayer.

Le 13, nouvelle brèche, malgré la défense formelle de l'inspecteur. Ce dernier en prévint M. le maire de Toul.

Le 16, l'entrepreneur continuait à refouiller le mur à une profondeur de 0, 70 m, en l'étançonnant si mal que les assises au-dessus de la brèche s'échappèrent. L'inspecteur, désespérant de se faire obéir, voulut donner sa démission en la motivant sur son désir d'échapper à la responsabilité d'une catastrophe imminente, à laquelle l'obstination de l'entrepreneur ne lui permettait pas de s'opposer.

Tous ces faits sont consignés sur le journal des travaux.

L'architecte, convaincu du mauvais vouloir ou de l'incapacité de l'entrepreneur, crut devoir lui appliquer l'article 8 du cahier des charges, c'est-à-dire la résiliation de l'adjudication. En vertu de ce même cahier des charges il lui intima l'ordre de cesser les travaux en attendant que le Conseil de préfecture en statue en dernier ressort.

Cet ordre fut lu sur le chantier à l'entrepreneur Halftemeyer, par M. Arnould, en présence du maire de Toul. 80/15/007/66

Le 20, avis officiel de la demande de résiliation et de ses motifs fut donné à M. le maire par lettre de M. [Émile] Boeswillwald.

Le maire se refusa à faire fermer le chantier, et répondit à l'inspecteur qu'il ne reconnaissait pas à l'architecte le droit d'interrompre les travaux.

Le 21, M. Arnould, en présence du maire, constate un mouvement alarmant dans toute la hauteur du transept, suite des brèches faites contrairement aux défenses de l'architecte.

Les lézardes et les fissures s'agrandissant toujours, le maire écrivit le 20 avril 1849 à M. Arnould une lettre dans laquelle il lui prescrivait certains travaux de son invention, et dont le résultat eût été désastreux sans doute, si l'inspecteur les avait exécutés. (voir la lettre ci jointe pièce A).

Averti du danger, M. [Émile] Boeswillwald arrive à Toul, le 30 avril.

Le maire lui communiqua son ordre du 28, lui répéta qu'il n'avait pas le droit de faire cesser les travaux, et lui annonça qu'il venait d'écrire au préfet de la Meurthe pour demander la nomination d'une Commission de trois architectes de Nancy, pour que la responsabilité des travaux exécutés retombât sur qui de droit. Il termina par la menace d'une sommation par huissier, si M. [Émile] Boeswillwald continuait à donner des ordres sur le chantier.

Cependant, le ministre, instruit de l'étrange intervention du maire, lui écrivit le 2 mai 1849, pour l'avertir de la responsabilité qu'il encourrait en cas d'accident, et lui rappeler qu'il n'appartenait qu'à l'architecte commissionné par le Gouvernement de donner des ordres pour les travaux. Il autorisa peu après, sur l'avis de la Commission, la pose de cintres dans les voûtes du transept et fit prendre toutes les mesures que la situation commandait. (Lettre au préfet de la Meurthe, du 21 mai 1849).

M. le maire répondit au ministre en niant qu'il eût jamais donné d'ordre pour les travaux, seulement, il convint qu'il avait indiqué à l'inspecteur un moyen de consolidation que ses connaissances en architecture lui suggéraient. Il projette d'ailleurs cette doctrine que, l'article 10 de la loi de 1837 ayant confié aux maires 80/15/007/67 la direction des travaux communaux, le maire a le droit d'examiner et de diriger la confection des devis et d'en surveiller l'exécution (voir pièce B sans date, fin de mai). Cette théorie, sauf quelques réserves, fut également présentée par M. le préfet de la Meurthe (lettre du 6 juin 1849).

Cependant, le Conseil de préfecture statuant le 1er juin, sur la demande de résiliation présentée par M. [Émile] Boeswillwald pour infraction au cahier des charges, prononça la résiliation qui fut notifiée au sous-préfet le 2 du même mois.

Pour que les travaux de charpenterie nécessaires aux étayements des voûtes pussent commencer, il était nécessaire que le chantier du sieur Halftermeyer fût évacué promptement. Or, cet entrepreneur s'y refusait absolument et prétendait qu'il ne viderait les lieux que lorsque la Commission d'enquête demandée par le maire, et approuvée par le préfet, aurait fait son rapport sur les causes des accidents survenus dans l'église.

Le ministre se refusait formellement à cette enquête :

1° parce qu'il n'y avait pas d'apparence qu'une Commission d'architectes pris dans le département de la Meurthe prononçât sur le mérite d'un projet approuvé par une Commission compétente (celle des Monuments historiques) et autorisé par un ministre

2° parce que, si une enquête eût été nécessaire, c'était au ministre à désigner les experts, enfin, en ce qui concernait l'évacuation du chantier, l'enquête était absolument inutile, et il était démontré, par l'examen du Journal des travaux et par le jugement du Conseil de préfecture de la Meurthe, que l'entrepreneur avait manqué à ses engagements, et à cette occasion encouru la résiliation prévue par le cahier des charges.

Au milieu de ces contestations, l'étayement ne se faisait pas malgré le danger d'une catastrophe.

Ce ne fut que le 23 décembre 1849 que, sur l'ordre positif du ministre, le sous-préfet de Toul, en personne, sur le refus du maire, fit évacuer le chantier, et que l'on put commencer ses travaux d'étaiement ; ainsi plus de 6 mois s'écoulèrent avant qu'il fût possible d'exécuter cette opération si urgente.

Dans cet intervalle et peu après l'arrêté du Conseil de préfecture qui résiliait l'adjudication, le maire soulagea sa mauvaise humeur contre l'inspecteur des travaux, M. Arnould, en le destituant des fonctions d'architecte de la Ville qu'il remplissait honorablement depuis 30 ans.

A cette occasion, la Commission des Monuments historiques recommande 80/15/007/68 à la bienveillance du ministre de l'Intérieur, cet architecte qui, entre l'alternative de continuer sa collaboration à M. [Émile] Boeswillwald et de perdre sa place, n'avait pas hésité à prendre ce dernier parti, persuadé que sa présence dans les travaux de l'église de Toul était en ce moment absolument nécessaire à la conservation du monument.

M. Dufaure, ministre de l'Intérieur à cette époque, en témoigna sa satisfaction à M. Arnould par une lettre, en date du 20 septembre, et lui exprima le regret de ne pouvoir lui offrir de dédommagement.

Les travaux d'étaiement terminés, le préfet de la Meurthe renvoya le charpentier qui s'en était chargé au maire de Toul pour recevoir le paiement. En effet, il y avait dans la caisse municipale une somme plus que suffisante provenant d'un versement fait par le ministère des Cultes qui avait consenti à concourir à la restauration et dont les fonds devaient, selon ses intentions, se confondre avec ceux du ministre de l'Intérieur.

Le préfet aurait dû sans doute délivrer un mandat sur le payeur, au lieu de le demander au maire. Le maire a profité de cette irrégularité pour refuser le paiement à un ouvrier pauvre, à qui ces retards portent un grand préjudice.

Il attend encore (voir la lettre du préfet de la Meurthe, du 13 juin 1850. Pièce C).

Je n'ai pas besoin, Monsieur le ministre, de vous faire observer combien ces retards de paiement déconsidèrent l'administration, rebutent les entrepreneurs et par suite peuvent nuire à la bonne exécution des travaux.

L'étaiement avait fait cesser les inquiétudes immédiates qu'on pouvait avoir sur la solidité de l'édifice, mais de grands travaux étaient nécessaires pour en assurer la consolidation. Le devis examiné et approuvé par la Commission des Monuments historiques s'élevait à environ 140 000 Francs. La Commission vous propose d'accorder une somme de 75 000 Francs, sur le fonds des Monuments historiques, de réclamer du ministère des Cultes une somme de 25 000 Francs et de demander le concours de la Ville et du département pour une dernière somme de 40 000 Francs.

Le Conseil municipal de Toul refusa toute subvention, le 25 novembre 1849,

1° sur les règles d'une expertise 80/15/007/69 qui seule pouvait, disait-on, constater si les accidents devaient être attribués à l'imprévoyance de l'architecte

2° sur ce que le maire avait été mis dans l'impuissance de surveiller l'emploi des fonds qui seraient alloués par le Conseil municipal. (lettre du préfet, en date du 19 novembre 1849 pièce D).

Peu après le bruit se répandit à Toul que les étais n'avaient pas la solidité désirable. Les voisins de l'église étaient alarmés de la chute de quelque pierre ; on prétendait que les lézardes s'ouvraient d'une manière menaçante. A cette occasion, et sur l'avis de la Commission vous avez bien voulu charger M. Pellechet, membre du Conseil des Bâtiments civils, et l'inspecteur général du monument historique de se rendre à Toul et d'examiner le système d'étaiement. Le rapport de M. Pellechet contient l'approbation formelle des dispositions prises par M. [Émile] Boeswillwald (voir pièce E).

Vous avez désiré qu'il fût communiqué au Conseil municipal de Toul et qu'une nouvelle délibération eût lieu, au sujet de la demande de concours déjà rejetée en novembre 1849. La nouvelle délibération qui vient d'être transmise par le préfet de la Meurthe, prouve que le Conseil demeure toujours animé des mêmes sentiments d'hostilité. Elle porte que la Ville accorde 20 000 Francs pour concourir avec l'État et le département aux travaux de restauration de la cathédrale, à la condition que M. le maire pourra surveiller les travaux, et que ceux-ci seront dirigés par des architectes autres que ceux qui les ont si malheureusement conduits jusqu'ici. (Voir pièce F).

Tel est en ce moment l'état de l'affaire, Monsieur le ministre.

La Commission a plusieurs fois exprimé le voeu que tous les travaux de quelque importance fussent confiés à des architectes d'une capacité reconnue. Elle avait de nombreux exemples à citer des déplorables conséquences de travaux exécutés par les soins des autorités municipales et départementales, et tous vos prédécesseurs se sont réservé le droit de désigner les architectes chargés de grandes restaurations. Ce système a été adopté récemment par le ministère des Cultes. Je ne pense pas que le vote du Conseil municipal de Toul soit de nature à changer votre opinion à cet égard. Déférer à un tel vote, en remplaçant M. [Émile] Boeswillwald, dont vous avez 80/15/007/70 souvent apprécié le zèle et l'intelligence, ce serait en quelque sorte reconnaître le droit des Communes à imposer des architectes de leur choix. Aussi, la Commission a-t-elle été unanime pour regarder comme inacceptable l'offre conditionnelle de concours adressée par le Conseil municipal de Toul.

Dès lors, deux partis se présentaient :

l'un consistait à se passer du concours de la Ville et au moyen d'une subvention nouvelle de l'État, d'achever la consolidation de l'église.

l'autre, de retirer l'allocation de 75 000 Francs et d'abandonner, du moins momentanément, l'édifice.

Le premier parti a l'inconvénient de donner en quelque sorte une prime à l'inertie et au mauvais vouloir des administrations municipales. On peut craindre que le second parti n'ait pour conséquence la ruine d'un monument très digne d'intérêt.

Après avoir mûrement examiné sous ses différentes faces, la Commission s'est déterminée à vous proposer de retirer la subvention de 75 000 Francs par les considérations suivantes :

1° Il y a lieu d'espérer que cette juste sévérité produira quelque effet sur le Conseil municipal et l'obligera avant peu à changer d'avis.

2° Pour que la situation des étais permette de croire qu'aucun accident n'est à craindre d'ici à quelque temps, que, de plus, s'il en arrivait, la responsabilité ne pourrait tomber sur l'administration supérieure qui a fait tous ses efforts pour obtenir un concours sans lequel ses propres ressources sont insuffisantes.

3° Par ce qu'il y aurait une injustice manifeste à priver de secours d'autres monuments aussi remarquables que la cathédrale de Toul, ce qui aurait lieu si on augmentait sa subvention. Car, dans l'état du fonds des Monuments historiques, il est malheureusement impossible d'accorder des subsides à un édifice, sans les refuser à un autre.

Ici doivent s'arrêter les propositions de la Commission toujours attentive à ne pas s'écarter des attributions qui lui sont assignées.

Cependant, Monsieur le ministre, elle ne peut s'empêcher de vous faire remarquer que tous les ménagements de l'administration supérieure à l'égard de M. le maire de Toul n'ont eu pour effet jusqu'ici que de l'engager 80/15/007/71 à persévérer dans son inqualifiable opposition. Elle doit vous rappeler ses prétentions étranges à la direction des travaux, les obstacles sans cesse renouvelés à l'exécution des ordres ministériels, le refus de concours du Conseil municipal et le dernier vote qui impose à votre administration une condition dérisoire.

La Commission appelle encore votre attention sur les calomnies répandues contre un architecte qui a toujours bien mérité de votre département, sur la destitution brutale d'un inspecteur nommé par l'un de vos prédécesseurs et coupable d'avoir montré trop de zèle à défendre les intérêts de l'administration supérieure ; sur les retards apportés au paiement des entrepreneurs et des ouvriers, enfin sur les dangers même que court l'ancienne cathédrale de Toul. S'il existe quelque moyen de faire cesser la déplorable opposition de M. le maire, elle ne doute pas qu'instruit de sa conduite vous ne preniez les mesures les plus propres à y mettre un terme.»

[P. Mérimée]

Église Saint-Étienne-le-Vieux à Caen (Calvados)

Sur les observations de M. Vitet et de M. Lenormant, M. Mérimée, rapporteur, demande à la Commission d'ajourner à la prochaine séance la lecture du rapport qu'il avait préparé sur les propositions adressées par la Société des antiquaires de Normandie au sujet de l'église de Saint-Étienne-le-Vieux à Caen.

Église de Saint-Menoux (Allier)

M. Mérimée, rapporteur, propose le rejet d'une demande adressée par M. Durand pour les travaux de l'église de Saint-Menoux. Sur les observations de MM. Lenormant et Caristie, qui rappellent que, par suite de la mauvaise direction donnée par M. Durand aux travaux de Saint-Rémy de Riom et de Saint-Menoux, les restaurations de ces deux édifices ont été compromises, la Commission rejette la demande de l'architecte.

Église de Saint-Pair (Manche)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le clocher de Saint-Pair pour lequel on réclame un secours offre quelque intérêt par la forme de sa tour, mais que la flèche qui la surmontait et qui a été en partie détruite par la foudre était une addition assez moderne dépourvue de caractère. Le rapporteur 80/15/007/72 ne pense pas qu'il y ait lieu d'accorder un secours pour la reconstruction, particulièrement dans l'état actuel du fonds des Monuments historiques, d'autant plus qu'il est impossible de voir dans l'église de Saint-Pair un de ces monuments exceptionnels pour la conservation desquels l'administration doit faire des sacrifices.

Sur les conclusions du rapporteur, la Commission rejette la demande et décide qu'elle sera transmise au ministre des Cultes.

Cimetière de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, présente quelques observations sur le projet présenté pour la restauration de la porte du cimetière de Montfort-l'Amaury, et la rédaction incomplète du devis de M. Guénepin.

M. de Guizard fait remarquer à la Commission que c'est par erreur que le dossier de cette affaire a été communiqué à M. le rapporteur et ajoute que M. Guénepin doit fournir sur cette affaire des renseignements beaucoup plus complets.

M. Mérimée demande à continuer son rapport malgré l'insuffisance des renseignements. Il lui semble que le projet conçu par l'architecte est tout à fait vicieux, et il voudrait savoir s'il n'y aurait aucun moyen de conserver la porte dont il s'agit sans la démonter. Il croit qu'il y a en France un grand nombre de monuments qu'on ne saurait conserver qu'à l'état de ruine, et c'est le cas pour la porte de Montfort-l'Amaury.

Il propose en conséquence, de charger M. Garrez de visiter le cimetière de Montfort-l'Amaury et d'aviser aux moyens d'en conserver la porte gothique pour la démonter.

La Commission approuve ces conclusions.

Église de Juziers (Seine-et-Oise)

M. Lenormant, rapporteur, signale à l'attention de la Commission l'église de Juziers près de Meulan, monument du XIe ou XIIe siècle fort intéressant, qui renferme une piscine très curieuse de la fin du XIIe siècle qu'il faudrait débadigeonner et mouler.

M. le rapporteur demande que cette église soit classée, et que M. Garrez soit chargé de visiter et de faire sur cet édifice les études préparatoires nécessaires pour renseigner la Commission sur son mérite et son état de conservation.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/007/73

Église de Mantes (Seine-et-Oise)

M. de Guizard, rapporteur.M. Questel invite la Commission à s'occuper de nouveau de l'église de Mantes dont la restauration est suspendue. M. Questel consulté sur la possibilité de rétablir la tour qui a été démolie, pense qu'il ne serait pas possible de la reconstruire dans la forme qu'elle avait ; il demande même qu'avant de la reconstruire une sous-commission composée de trois architectes soit chargée de visiter l'édifice pour constater l'état du soubassement de la tour qu'il s'agit de compléter.

La Commission approuve la proposition de M. Questel, et décide que MM. Questel, Labrouste et Vaudoyer se rendront à Mantes le plus tôt possible pour préparer un rapport sur cette affaire.

Sans reprendre de nouveau l'affaire, M. Vitet propose de réclamer encore une fois le concours du Conseil général de Seine-et-Oise, dans le cas où le rapport de la sous-commission ferait connaître la possibilité de la reconstruction.

Ces conclusions sont approuvées.

Église Saint-Michel de l'Aiguilhe (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, présente quelques observations au sujet du travail adressé au ministre de l'Intérieur pour la restauration de Saint-Michel de l'Aiguilhe ; le rapporteur pense que l'ornementation de la porte du XIIe siècle gagnerait à être simplifiée. Les peintures en sont trop volumineuses et la position du heurtoir est insolite. M. Mérimée blâme également un article du devis de M. Mallay, comprenant un rejointoyement général de l'appareil, opération d'une utilité douteuse. Le devis s'élève à 11 175 Francs 67 somme considérable pour les ressources dont dispose le ministre, mais qui n'est pas disproportionnée avec l'importance de ce petit édifice. Il semble au rapporteur qu'un édifice de cette espèce, véritable tour de force d'architecture ne peut exister qu'avec les secours du Gouvernement. Il propose donc d'accorder pour sa restauration une allocation considérable. Toutefois, il pense que la Ville du Puy ne saurait se refuser à concourir à ces travaux ; M. Mérimée propose donc d'inviter le Conseil municipal à prendre part à la dépense. Dans le cas où il ne le pourrait parce que le faubourg de l'Aiguilhe forme une Commune indépendante du Puy, le rapporteur croit qu'il faudrait s'adresser au Conseil général ou faire ouvrir une souscription dans la ville.

Sur ce rapport, la Commission décide que ces observations présentées par M. Mérimée au sujet de la porte et du 80/15/007/74 rejointoyement seront soumises à M. Mallay, qu'une somme de 8 000 Francs sera réservée sur les exercices 1850 et 1851 pour faire face à la plus forte partie de la dépense, et en outre que M. Mallay sera invité à fournir une coupe de l'état actuel sur la ligne AB du plan indiquant la position du sol et une élévation sur la ligne CD.

Fouilles à Quatrevaux (Côtes-du-Nord)

Sur la proposition de M. de Guizard, la Commission accorde une somme de 200 Francs sur l'exercice 1850 pour la continuation des fouilles commencées à Quatrevaux.

Clocher de Saint-Émilion (Gironde)

M. Questel, rapporteur, expose que le devis des travaux projetés au clocher de Saint-Émilion est de 54 000 Francs, mais que le préfet, dans sa dépense, exprime l'opinion qu'une somme de 20 000 Francs suffirait à sa consolidation, et que le Gouvernement n'approuvera sans doute que le projet de 54 000 Francs. Le rapporteur se demande si le monument vaut de la part du ministère un sacrifice semblable, et même s'il mérite un secours quelconque. La tour est, il est vrai, en très mauvais état.

M. Vaudoyer pense qu'on ne peut s'engager dans une affaire semblable.

La Commission décide qu'avant de prendre une décision, le préfet sera invité à faire connaître sur quelles ressources il peut compter pour faire face à cette entreprise.

Fouilles auprès de Reims (Marne)

M. Mérimée, rapporteur.M. Lenormant fait connaître que les monnaies d'or trouvées auprès de Reims, dont la découverte a été signalée au ministre par M. le préfet de la Marne, n'ont pas assez d'importance pour que le Gouvernement en poursuive l'achat. Le rapporteur propose de remercier le préfet de sa communication et de lui dire qu'il serait à désirer que les pièces trouvées pussent trouver place dans les collections publiques du département de la Marne.

Ces conclusions sont approuvées.

Église Saint-Pierre de Moissac (Tarn-et-Garonne)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission accepte la soumission de M. Abadie 80/15/007/75 pour les travaux de l'église Saint-Pierre à Moissac.

Église de Vignory (Haute-Marne)

La Commission décide également, sur le rapport du secrétaire, qu'une indemnité de 300 Francs sera accordée à M. Gangneur pour les soins qu'il donne aux travaux de Vignory.

Membres correspondants. avis du préfet pour deux nominations (Seine-Inférieure)

M. de Guizard propose de présenter à la signature du ministre la nomination de M. Darcel comme correspondant du ministère pour le département de la Seine-Inférieure. Sur l'observation de M. Lenormant qui rappelle que, lors de la nomination de l'abbé Cochet, on a écarté M. Léon Fallue, la Commission décide qu'il sera pris auprès du préfet de la Seine-Inférieure des renseignements sur MM. Darcel et Léon Fallue, et que leur nomination sera soumise conjointement à la signature du ministre.

Église de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte d'une lettre de M. Garrez que des travaux nouveaux, sur lesquels il n'a pas été consulté ni l'administration non plus, s'exécutent dans l'église de Moret, à laquelle à plusieurs reprises le ministère a accordé des subventions. Le rapporteur pense que cette lettre soulève une question fort grave ; il se demande si les curés, les maires et les Fabriques peuvent faire exécuter dans une église, dont l'architecte a été choisi par le Gouvernement, des travaux dirigés par un autre architecte. Les instructions énoncées des ministères de l'Intérieur et des Cultes ne sont observées nulle part. Le rapporteur demande quels sont les moyens de répression dont l'administration peut disposer. Le rapporteur pense qu'on pourrait à l'avenir, en accordant des subventions, insérer cette clause qu'aucune réparation ou disposition nouvelle ne sera faite dans l'église subventionnée que par l'entremise de l'architecte du Gouvernement.

Quant à l'église de Moret, le rapporteur propose d'écrire au maire et au curé que si des faits semblables à ceux que signale M. Garrez se renouvelaient, on supprimerait toute subvention, et qu'on mettrait à leur charge les réparations qui pourraient être devenues nécessaires par suite des travaux de leur fait.

La Commission approuve les conclusions du rapport.

Église de Vermenton (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le devis rédigé par M. Amé pour la réparation de l'église de Vermenton 80/15/007/76 s'élève à 60 000 Francs sur lesquels la Commune contribue pour 10 000 Francs en 5 annuités. Reste donc à couvrir un déficit de 50 000 Francs. Bien que le devis de M. Amé soit régulier, et que l'église de Vermanton soit intéressante, le rapporteur pense qu'il n'est pas difficile de trouver un meilleur emploi à faire d'une somme de 50 000 Francs et sans sortir du département de l'Yonne.

Il propose donc de répondre que l'état du fonds des Monuments historiques ne permet pas de prendre part à la restauration.

Ces conclusions sont adoptées.

Ancien archevêché de Narbonne (Aude)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle les sacrifices que la Ville de Narbonne a faits pour la restauration et l'embellissement de son Hôtel de ville et de son musée. Bien que les travaux que réclame encore ce monument ne soient pas des travaux de consolidation, le rapporteur pense que la Commission croira comme lui que le zèle des habitants de Narbonne et les sacrifices qu'ils ont faits pour la restauration de l'ancien archevêché doivent leur mériter une exception aux règles sévères que l'administration a dû s'imposer.

Le rapporteur propose en conséquence d'accorder une somme de 5 000 Francs, comme un témoignage de l'intérêt que le ministre porte au Musée de Narbonne et au magnifique monument que la Ville a racheté pour lui donner une destination si utile aux arts.

La Commission partage l'avis du rapporteur et accorde 5 000 Francs en deux exercices 2 500 Francs sur 1851 et 2 500 Francs sur 1852.

Église de Mouzon (Ardennes)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que la demande adressée en faveur de l'église de Mouzon n'est accompagnée d'aucune des pièces nécessaires à l'instruction de l'affaire. Il propose, en conséquence, de réclamer des plans et un devis régulier.

Conclusions approuvées.

Église de Beaulieu (Tarn-et-Garonne)

M. Mérimée expose que de nouvelles explications sont données par M. le préfet de Tarn-et-Garonne au sujet de l'affaire de Beaulieu. Malgré ces explications, le rapporteur persiste dans les conclusions de son premier rapport.

La Commission partage 80/15/007/77 l'avis du rapporteur.

La Commission s'ajourne au 26 juillet 1850.

26 juillet 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Caristie, de Laborde, Mérimée, Hauréau, Lenormant, Labrouste, Le Prévost, Paul Lacroix, Vaudoyer, Guizard, Mercey, Courmont. Présidence de M. Lenormant.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par le secrétaire, la rédaction est adoptée.
Prieuré de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren (Côtes-du-Nord)

M. Caristie, rapporteur, rappelle que la Commission a été consultée sur le projet de consolidation des panneaux en menuiserie ornés de peintures qui décorent les voûtes ogivales au-dessus du choeur et l'une des chapelles latérales de l'église Notre-Dame-du-Tertre. Originairement, les planchettes peintes posaient sur les membrures de la voûte et elles étaient maintenues par des couvre-joints ; actuellement ces planchettes, pourries dans leurs portées, ne sont plus maintenues, et elles glissent les unes derrière les autres.

M. Lambert a proposé, pour réparer cette décoration, d'établir, sur les membrures qui forment la voûte ogivale en bois, un lambris en feuillettes de sapin et de fixer sur ces lambris les planchettes peintes au moyen de couvre-joints et les planchettes trop courtes par des vis. M. Caristie pense que les vis auraient l'inconvénient de s'oxyder promptement, et en outre placées par derrière elles ne pourraient saisir les planches que dans la partie la plus altérée et par conséquent la moins solide. Le rapporteur a proposé à M. Lambert de fixer les planchettes au moyen de chevilles en bois imbibées de colle forte, l'architecte adopte ce moyen comme le plus simple et le plus efficace.

En conséquence, le rapporteur est d'avis d'approuver le devis de l'architecte s'élevant à 3 630 Francs avec cette modification dans l'exécution.

La Commission approuve les conclusions du rapport et alloue les 3 630 Francs sur le crédit de 1850.

Copie des peintures de Romanelli à la Bibliothèque Nationale à Paris (Seine)

M. Paul Lacroix soumet à la Commission une copie d'une 80/15/007/78 des figures de la composition de Romanelli qui décore l'une des salles de la Bibliothèque nationale. Il demande à la Commission de vouloir bien charger l'auteur de ce travail, M. Frappaz, de la reproduction des autres peintures qui décorent cette salle. En faisant cette proposition, M. Lacroix rappelle que le projet de la Commission était de faire copier la composition entière.

La Commission décide que la sous-commission de l'Hôtel Lambert examinera cette copie et lui fera une proposition.

Église Saint-Pierre-les-Églises (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, lit une lettre de M. Joly sur l'église Saint-Pierre-les-Églises. M. Joly signale des fresques intéressantes qu'il a découvertes dans ce monument. Les L couronnés qui se rencontrent fréquemment dans ces peintures doivent en faire remonter la date probablement à Louis XI.

Salle synodale à Sens (Yonne)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission charge M. Viollet-le-Duc de rédiger un travail préparatoire pour la réparation de la salle synodale de Sens dont l'intérêt a été dernièrement signalé à la Commission par le rapporteur.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission des conclusions du rapport que M. Auger, architecte vérificateur, a rédigé sur les travaux de l'église de Saint-Leu-d'Esserent. La différence entre le chiffre des mémoires payés à l'entrepreneur et celui auquel s'est arrêté M. Auger, après un examen approfondi des travaux, est tel que le rapporteur croit ne pouvoir s'empêcher de demander que le Conseil de préfecture de l'Oise soit saisi de cette affaire.

La Commission approuve les conclusions du rapporteur et demande que le ministre invite le préfet de l'Oise à poursuivre l'entrepreneur en restitution de la somme qu'il a indûment touchée.

M. Ramée, architecte

Lettre de M. le préfet de la Somme sur les travaux de M. Ramée.

M. de Guizard donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle M. le préfet de la Somme se plaint vivement de la manière dont M. Ramée, depuis plusieurs années, a surveillé les travaux que l'administration centrale lui avait confiés, et demande son remplacement dans le plus bref délai, si l'on ne veut laisser en 80/15/007/79 souffrance un grand nombre de travaux dignes d'intérêt.

La Commission, après avoir délibéré sur le contenu de la lettre de M. le préfet de l'Oise, décide que le ministre sera invité par M. le directeur des Beaux-arts à retirer à M. Ramée, architecte, tous les travaux dont la surveillance lui avait été confiée.

La Commission ajourne quant à présent le choix du successeur qui devra être donné à M. Ramée.

Église de Ligny-Saint-Flochel (Pas-de-Calais)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission décide que le clocher de l'église de Ligny Saint-Flochel ne peut faire ranger cet édifice parmi les Monuments historiques et elle propose d'envoyer le dossier de cette affaire à M. le ministre des Cultes en prévenant de cet envoi M. le préfet du Pas-de-Calais.

Église de Saint-Étienne-le-Vieux à Caen (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Ville de Caen, sur la réclamation de la Société des Antiquaires de Normandie, a voté 30 000 Francs pour la réparation de l'église de Saint-Étienne-le-vieux à Caen, somme insuffisante si on s'en rapporte au devis présenté il y a quelques années et dont le total pour les deux premières catégories était de plus de 48 000 Francs. On demande 14 000 Francs au ministre de l'Intérieur d'après une estimation dont les bases ne sont pas soumises à l'administration.

Le rapporteur ne pense pas qu'au point de vue de l'art, l'église de Saint-Étienne mérite les éloges que lui prodigue la Société des Antiquaires de Normandie. Presque toutes les parties de l'édifice sont d'une époque de décadence très avancée, et, lorsqu'il y a tant d'édifices admirables du XIIIe siècle qui sont prêts à périr faute de secours, le rapporteur demande si l'administration doit consacrer une somme considérable à la restauration d'une église reconstruite au XVe siècle.

M. Mérimée propose d'ajourner toute allocation jusqu'à ce qu'il ait été répondu aux questions suivantes - quelle destination sera donnée à l'édifice ? La Ville a-t-elle l'intention de pourvoir aux frais d'appropriation ? d'autres édifices de la Ville de Caen plus importants, notamment l'abbaye aux Dames, sont-ils dans un assez bon état de conservation pour que, d'ici à quelque temps, ils puissent se passer de réparation ? Enfin, le rapporteur demanderait qu'un devis des dépenses de 80/15/007/80 restauration et d'appropriation fût joint aux réponses que ferait le Conseil municipal de la Ville de Caen.

M. Vaudoyer et M. Le Prévost approuvent les conclusions du rapport de M. Mérimée. M. Lenormant parle en faveur de la demande de la Société des Antiquaires.

La Commission consultée décide qu'il sera écrit que la Commission prend la demande en considération eu égard au vote du Conseil municipal, que, si le projet en question présente des chances certaines de réussite, la Commission contribuera aux dépenses dans une proportion qui ne pourra être considérable, enfin, que M. Danjoy préparera un rapport sur l'état de l'édifice et donnera un aperçu de la dépense qu'occasionnerait sa réparation.

Église de Saint-Maixent (Deux Sèvres)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Saint-Maixent, pour laquelle on sollicite un secours, est incontestablement un des plus beaux monuments de la Saintonge. Les travaux qu'elle réclame sont très considérables, et le rapporteur croit que le devis de M. Segrétain est plutôt un aperçu de la dépense qu'une estimation certaine. Le devis s'élève à 25 000 Francs et le rapporteur pense qu'il est aisé de voir que l'architecte a fait tous les efforts pour se renfermer dans la plus stricte économie. Du reste, l'architecte donne de bonnes raisons pour n'avoir pas fourni un travail plus complet.

Comme la situation de l'église est telle que, si les secours étaient différés, il y aurait à craindre une catastrophe ; malgré l'insuffisance du travail, le rapporteur propose d'allouer dès à présent un secours de 10 000 Francs qui serait employé à la consolidation des contreforts et des parties de l'église les plus endommagés. En même temps, M. Segrétain pourrait faire une étude sérieuse du monument et préparer les éléments d'une réparation suffisante pour assurer la consolidation de tout l'édifice.

Ces conclusions sont approuvées par la Commission qui alloue 10 000 Francs en deux exercices : 5 000 Francs sur 1850 et 5 000 Francs sur 1851.

Conservatoire des Arts et Métiers, Église Saint-Martin-des-Champs à Paris (Seine)

M. de Guizard, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre de M. le ministre des Travaux publics au sujet de l'église de Saint-Martin-des-Champs renfermée dans les bâtiments de Conservatoire des arts et métiers. 80/15/007/81

Il résulte de cette lettre que l'intention du ministre est de comprendre la restauration de l'édifice entier dans la demande de crédit qu'il compte faire à l'Assemblée législative.

Église du Folgoët (Finistère)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux de restauration de l'église du Folgoët s'élèvent à 64 000 Francs. Les travaux de 1ère catégorie ayant pour objet l'assainissement de l'église et le rétablissement du jubé se montent à 12 000 Francs. Le rapporteur propose d'accorder cette somme en deux exercices.

La seconde catégorie montant à environ 30 000 Francs pourrait être exécutée avec le concours des Cultes. Le rapporteur propose de ne statuer sur cette portion de la dépense que lorsqu'on aura sollicité le ministre des Cultes.

Ces conclusions sont approuvées. 6 000 Francs sur 1850 ; 6 000 Francs sur 1851.

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

Mérimée, rapporteur, rappelle que la Commission a promis un secours à l'église de Lamballe ; l'importance de cette église étant bien établie, il ne reste plus qu'à fixer le chiffre de la subvention qu'on peut lui accorder. Le devis des travaux urgents est de 36 000 Francs. La Commune est sans ressources, mais le curé peut disposer d'une somme de 10 000 Francs pour les travaux de 1ère catégorie.

Le rapporteur propose d'allouer 15 000 Francs en trois exercices.

Cette proposition est adoptée par la Commission. Les 15 000 Francs sont alloués : 5 000 Francs sur 1850 ; 5 000 Francs sur 1851 et 5 000 Francs sur 1852.

Église d'Orbais (Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il ne partage pas l'opinion transmise par le préfet de la Marne sur la possibilité d'exécuter des travaux utiles dans l'église d'Orbais, avec les seules subventions de la Commune et du ministère de l'Intérieur. Cependant, en présence des dangers graves qu'on signale au ministre, il croit qu'on peut accorder ces fonds sans attendre la réponse du ministre des Cultes.

La Commission approuve les conclusions en demandant qu'on insiste cependant auprès du ministre des Cultes.

Église Sainte-Marie-aux-Anglais au Mesnil-Mauger (Calvados)

La Commission approuve la demande de 640 Francs, faite par M. Danjoy, architecte, pour la rédaction de plusieurs rapports et des dessins de l'église Sainte-Marie-aux-Anglais. 80/15/007/82

La Commission s'ajourne au vendredi 2 août 1850.

2 août 1850 [Vendredi]
Présents MM. Mérimée, Vaudoyer, Labrouste, de Guizard, Lenormant, Paul Lacroix, Mercey, Vitet, de Lasteyrie, Caristie, Courmont. Présidence de M. Lenormant, vice président.
Pierre tumulaire de Pierre de Bailleul (Seine-Inférieure)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission alloue une somme de 50 Francs sur le crédit de 1850 pour le déplacement et la pose d'une pierre tumulaire consacrée au souvenir de Pierre de Bailleul et placée dans l'église de Saint-Vaast de Bailleul, canton de Neufchatel (Seine-Inférieure).

Beffroi de Béthune (Pas-de-Calais)

Le secrétaire, M. Courmont, propose à la Commission d'allouer une somme de 600 Francs pour concourir avec la Ville de Béthune aux travaux de réparation que réclame son beffroi. Le rapporteur fait observer que la Commune a fait de grands sacrifices pour la conservation de ce monument.

La Commission sur ces conclusions alloue les 600 Francs demandés sur 1850.

Église Notre-Dame d'Alençon (Orne)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que la Commune d'Alençon vient de remplir les conditions que lui avait imposées l'administration de l'Intérieur en lui accordant une subvention de 12 000 Francs.

La Commission est d'avis d'allouer définitivement le secours promis sur 1850 et 1851.

Église de La Fosse (Gironde)

Sur le rapport de M. Vaudoyer, la Commission rejette une demande de secours adressée par M. le préfet de la Gironde en faveur de l'église de La Fosse, par les motifs que la nature des dépenses projetées ne peut être approuvée par la Commission qui croit devoir, entre d'autres choses, blâmer 80/15/007/83 l'intention manifestée d'ouvrir une fenêtre dans l'abside. Dans le cas où la Commune insisterait de nouveau pour obtenir un secours, elle devrait produire des dessins d'une échelle plus grande.

Décoration des églises de Paris (Seine)

M. Mérimée donne lecture à la Commission d'une lettre de M. Mellet, correspondant du ministère de l'Instruction publique, au sujet des artistes chargés de décorer les églises de Paris. Le rapporteur ne comprend pas comment M. le ministre prend la peine de transmettre à son collègue des observations aussi peu importantes que celles que renferme cette lettre.

La Commission partage son avis.

Le secrétaire donne connaissance à la Commission d'une lettre par laquelle M. de Pastoret le charge d'être son interprète auprès d'elle, pour la prier de l'excuser s'il n'assiste pas à la séance. La Commission charge le secrétaire de faire mention de cette lettre dans son procès verbal.
Église de Mantes (Seine-et-Oise)

M. Vaudoyer, rapporteur, rend compte à la Commission des résultats de l'examen dont a été l'objet l'église de Mantes de la part de la sous-commission nommée dernièrement et dont faisaient partie MM. Questel, Labrouste et lui. Toutes les indications, données par M. Questel et qui avaient reçu l'approbation de la Commission, ont été parfaitement suivies par l'architecte, M. Durand, les travaux qui en ont été la conséquence sont bien faits, il en est de même de ceux que M. Durand a cru bon de faire en dehors des propositions de M. Questel pour assurer encore mieux la consolidation de la tour du nord. D'après l'inspection des bases de cette tour à laquelle s'est livrée la sous-commission, M. Vaudoyer, en son nom, croit pouvoir assurer que la reconstruction de la partie démolie est possible maintenant ; seulement, pour en avoir la certitude complète, la sous-commission n'a pu prendre connaissance que des travaux faits aux parements intérieurs des fondations. Elle désirerait pouvoir faire une reconnaissance à l'intérieur de la tour. La dépense qui en résulterait serait peu considérable. Elle s'élèverait à 4 100 Francs environ, y compris la fouille, les étrésillons et le béton qu'il faudrait y établir après le déblaiement.

M. de Guizard demande que la dépense signalée par M. Vaudoyer soit partagée par la Commune. M. Lenormant présente quelques observations en demandant que le ministère de l'Intérieur se charge seul de cette dépense.

La Commission prenant en 80/15/007/84 considération la proposition de M. le directeur des Beaux-arts, prend à sa charge la moitié de la dépense à la condition que la Ville de Mantes fera le reste. 2 000 Francs sur 1850.

M. Durand, architecte, demande que la Commission veuille bien prendre un parti sur le choix du style de la tour qui devra être rétablie en remplacement de celle qui a été démontée, pour qu'il puisse en étudier les projets de restauration.

M. Vaudoyer pense qu'on doit demander la reconstruction de la tour du XIIIe siècle, dont les traces existent encore et qu'a dû prendre la tour du XVIe. Il est d'avis que cette tour, étant beaucoup moins épaisse que la dernière, est la seule que l'on puisse penser à refaire. Le principe ne lui paraît pas douteux ; quant aux détails, il pense qu'il faudrait les étudier avec soin.

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission décide que M. Durand sera invité à préparer le projet de rectification de la tour dans le sens d'une certaine harmonie avec l'ensemble de l'édifice, sans lui imposer d'autre obligation que de reproduire la masse et l'aspect de la tour qui subsiste encore aujourd'hui.

Église Saint-Vulfran d'Abbeville (Somme)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission ajourne la demande transmise par M. le préfet de la Somme en faveur de l'église Saint-Vulfran à Abbeville, et décide qu'il sera écrit au préfet que l'administration entre dans les considérations qu'il présente, qu'elle reconnaît l'importance des sacrifices faits par la Commune et le département, qu'on lui recommande de faire ses efforts pour que les ressources de la Fabrique soient employées de préférence aux travaux de consolidation, et que, quoique le monument ne soit pas de ceux auxquels le ministère de l'Intérieur affecte habituellement ses subventions, on ne va pas moins faire faire une étude nouvelle de l'état du monument.

M. de Guizard rappelle à cet égard que, dans la dernière séance, on n'a pas statué sur le choix de l'architecte qui devait succéder à M. Ramée dans ses travaux, et demande que la Commission veuille bien lui désigner l'artiste auquel elle désirerait les voir confier.

La Commission désigne M. Verdier chargé déjà par 80/15/007/85 elle de plusieurs missions.

Porte Saint-André à Autun (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose que de légères augmentations de dépenses ont eu lieu dans l'exécution du projet de restauration de la Porte Saint-André à Autun. Elles sont justifiées par le mémoire de M. Viollet-le-Duc dont le rapporteur fait l'analyse.

Il propose en conséquence d'allouer la somme demandée sur l'exercice 1849.

Ces conclusions sont adoptées. 6 907 Francs 50 sur 1849.

Arc de Triomphe de Saintes (Charente-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le devis, approuvé de M. Clerget, pour la restauration de l'Arc de Saintes, complété par son devis supplémentaire, s'élève à 81 612 Francs. Jusqu'à présent, on a payé pour les travaux exécutés 67 000 Francs. Donc un déficit à couvrir de 14 612 Francs. Mais dans ce devis supplémentaire, l'architecte, par une considération d'économie, a prévu en zinc la couverture plate de l'arc.

Le rapporteur pense que le plomb serait infiniment préférable, mais il en résulterait une dépense de 2 000 Francs de plus, soit pour le total 16 612 Francs.

Le rapporteur propose d'allouer cette somme sur 1850.

Ces conclusions sont approuvées. 16 600 Francs sur 1850.

Église Notre-Dame-de-Nanteuil à Montrichard (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle tous les antécédents de l'affaire de l'église de Nanteuil à Montrichard, aujourd'hui, ajoute le rapporteur, il n'y a que deux partis à prendre, l'un d'allouer à la Commune les 1 500 Francs promis sans exiger qu'ils soient employés à la façade, ce qui, d'après les nouveaux renseignements fournis par M. de La Morandière, paraîtrait d'ailleurs sans utilité ; l'autre d'accorder une somme considérable, 16 000 Francs au moins pour la restauration définitive de l'église sous la condition que la Ville de Montrichard s'imposerait un sacrifice de 18 000 Francs. Or, comme elle paraît avoir eu beaucoup de peine à payer les 1 500 Francs d'arriéré il croit impossible qu'elle consente à ce nouveau sacrifice.

La Commission consultée adopte le premier parti proposé par le rapporteur et alloue les 1 500 Francs sur 1850. 80/15/007/86

Église de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission ajourne une demande de secours adressée au ministre en faveur de l'église de Moret par le maire de cette Commune.

Église de Locronan (Finistère)

M. Mérimée propose, sur le rapport de M. Lassus, d'allouer une somme de 1 200 Francs pour les travaux urgents que réclame l'église de Locronan.

Cette proposition est adoptée, 1 200 Francs sur 1850. Le surplus de la dépense devra être demandé au ministre des Cultes.

Église de Saint-Aignan (Loir-et-Cher)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'il sera de suite écrit au préfet de Loir-et-Cher pour l'inviter à faire sommation au sieur Poilcot, de discontinuer les reconstructions qu'il élève contre l'église de Saint-Aignan jusqu'à ce que le dommage qu'il a causé aux contreforts ait été constaté. M. Lassus devra être invité à se rendre au plus tôt à Saint-Aignan pour rédiger un rapport sur cette affaire.

Église Saint-Sauveur de Dinan (Côtes-du-Nord)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux d'urgence que réclame l'église de Saint-Sauveur à Dinan s'élèvent à 4 849 Francs. Mais, d'un côté l'architecte comprend dans ce total un rejointoyement général de la façade, et il néglige une dépense beaucoup plus urgente, savoir la réparation des morceaux de la grande fenêtre du portail. Ce serait donc une dépense de 5 983 Francs à laquelle il faudrait pourvoir.

Le rapporteur propose d'y prendre part pour 3 000 Francs, à condition que

1° la Ville et la Fabrique se chargeraient du reste de la dépense,

2° qu'on ne ferait pas de rejointoyement et qu'on ne réparerait pas les curieuses sculptures de la façade.

Ces conclusions sont adoptées. 3 000 Francs conditionnellement. 1 500 Francs sur 1850 et 1 500 Francs sur 1851.

Peintures de la porte de l'Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

M. Mérimée soumet à la Commission les peintures 80/15/007/87 proposées par M. Lenoir pour la grande porte de l'Hôtel de Cluny. La Commission n'accepte pas le dessin proposé par l'architecte.

Sur la proposition de M. Labrouste, la Commission décide que la nomination de M. Miney, comme inspecteur des travaux de l'Hôtel de Cluny, sera proposée à l'approbation du ministre.

Église de Château-Landon (Seine-et-Marne)

M. Courmont, rapporteur.Sur la demande du préfet de Seine-et-Marne, la Commission décide que M. Garrez sera chargé de préparer un rapport sur l'église de Château-Landon.

Église de Richebourg (Seine-et-Oise)

Sur la proposition de M. de Guizard, la Commission décide qu'un rapport sera également demandé à M. Garrez sur l'église de Richebourg, canton de Houdan.

Chapelle du lycée de Versailles (Seine-et-Oise)

M. Courmont, rapporteur.Sur la demande du préfet de Seine-et-Oise, la Commission charge M. Questel, architecte du château de Versailles, de visiter la chapelle du lycée de Versailles et d'adresser au préfet un rapport sur les travaux qu'on projette d'y exécuter.

Église de Chaumont (Haute-Marne)

M. Courmont, rapporteur.La Commission autorise M. [Émile] Boeswillwald, architecte de l'église de Chaumont, à choisir M. Delay pour inspecteur des travaux de ce monument.

Église de La Trinité à Vendôme (Loir-et-Cher)

Le secrétaire, M. Courmont, donne lecture d'une dépêche par laquelle le préfet de Loir-et-Cher prie le ministre de l'Intérieur de vouloir bien appuyer une demande qu'il vient d'adresser à M. le ministre de la Guerre dans le but d'obtenir la suppression de la construction appuyée contre l'église de La Trinité et qui sont affectés aux cuisines d'une caserne.

La Commission décide que M. le ministre sera invité à appuyer la requête du préfet de Loir-et-Cher auprès de son collègue.

Église Saint-Maurice à Vienne (Isère)

M. Courmont, rapporteur.La Commission décide que M. le ministre sera prié de faire rechercher le domicile de M. Crépu, ancien inspecteur des travaux de Saint-Maurice. 80/15/007/88

Cathédrale de Laon (Aisne)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission alloue à M. Van Cleemputte, architecte, une indemnité de 3 000 Francs sur l'exercice 1849 pour les études qu'il a faites des travaux de consolidation nécessaires à la conservation des tours de l'église de Laon.

La Commission s'ajourne au vendredi 9 août 1850.

9 août 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Lenormant, Mérimée, Vitet, Labrouste, Questel, de Guizard, de Lasteyrie, Mercey, de Contencin, Courmont. Présidence de M. Lenormant.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par le secrétaire, la rédaction est adoptée.
Église de Saint-Aignan (Loir-et-Cher)

Sur la recommandation de M. Mérimée, la Commission décide que M. de La Morandière sera invité à presser la conclusion de l'affaire de l'église de Saint-Aignan.

Église de Toul (Meurthe)

M. Mérimée donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle le curé de l'église de Toul annonce au ministre que le Conseil municipal de Toul vient d'allouer sans condition et à l'unanimité les fonds que le ministre l'avait invité à voter.

La Commission pense qu'avant de prendre une décision au sujet de l'allocation qui a été retirée il sera bon d'attendre la notification officielle de la décision de la Commune de Toul.

Fouilles dans le département de l'Isère

M. Lenormant, rapporteur, donne lecture d'une demande par laquelle le préfet de l'Isère réclame quelques allocations pour pratiquer des fouilles dans plusieurs localités du département de l'Isère.

Sur les observations du rapporteur, la Commission décide que M. le ministre sera invité à répondre au préfet de l'Isère que sans doute les fonds qu'il réclame auraient un emploi utile, que dans des circonstances différentes le ministre s'empresserait de les accorder, mais qu'ici cette affaire se lie à une autre, à laquelle le 80/15/007/89 ministre et la Commission attachent un intérêt tout particulier, savoir le transport du musée dans l'église de l'ancienne abbaye de Saint-Pierre et en même temps la restauration du Temple d'Auguste et de Livie, que le musée est actuellement trop encombré pour qu'on puisse y rien ajouter, que le ministre devra donc ajourner toute décision au sujet de la demande du préfet, tant que la Commune de Vienne et le département de l'Isère n'auront pas pris un parti conforme au voeu de l'administration, pour les monuments signalés plus haut.

Église des Aix-d'Angillon (Cher)

Sur le refus de M. Gay de préparer pour l'administration les études nécessaires à la réparation de l'église des Aix, la Commission décide que M. Mérindol sera chargé de ce travail et qu'à l'avenir aucun projet ne sera demandé à M. Gay.

Hôtel Lambert à Paris (Seine)

M. le directeur des Beaux-arts donne à la Commission lecture d'un projet de lettre qu'il a préparé en réponse à la dépêche de M. le préfet de la Seine au sujet de l'Hôtel Lambert, dont le contenu a été communiqué à la Commission dans une précédente séance.

Le projet de lettre, par lequel M. le directeur insiste de nouveau pour éveiller l'intérêt du préfet et du Conseil municipal de Paris en faveur de la conservation de l'Hôtel Lambert et indique des moyens de lui donner un emploi utile, est approuvé par la Commission.

La Commission invite M. le directeur à prier M. Delaroche de lui servir d'appui auprès du Conseil municipal.

Église Saint-Étienne à Nevers (Nièvre)

La Commission, sur l'avis de M. Mérimée, décide qu'il sera écrit à M. le ministre de la Guerre pour l'inviter avec beaucoup d'instances à céder à la Fabrique de Saint-Étienne de Nevers une partie du jardin nécessaire à l'isolement de l'église qu'il peut abandonner sans que les services auxquels il doit pourvoir en souffrent en aucune façon.

Église de Montsalvy (Cantal)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une nouvelle demande de secours est adressée au ministre en faveur de l'église de Montsalvi, il rappelle qu'en février dernier une semblable demande a été rejetée par la Commission, et il demande qu'on s'en réfère aux conclusions du rapport 80/15/007/90 qu'il présenta à cette époque.

La Commission, reconnaissant que la plupart des travaux pour lesquels des fonds sont demandés, ne concernent pas le ministère de l'Intérieur, ajourne la demande.

Église de Celles (Deux-Sèvres)

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis qu'il est impossible de considérer comme un monument historique l'église de Celles en instance pour obtenir un secours du ministre de l'intérieur. Les édifices, qui méritent ce titre à bon droit, sont tellement nombreux que le budget des monuments ne peut subvenir à leurs réparations les plus urgentes.

En conséquence, le rapporteur propose le rejet de la demande.

Ce rejet est prononcé.

Église Saint-Jacques à Orléans (Loiret)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le devis des réparations urgentes à faire à la Chapelle de Saint-Jacques à Orléans s'élève à 7 000 Francs. Il ne pense pas qu'il soit possible de faire une réduction sensible sur cette somme si ce n'est sur l'article du dallage. Il propose d'adopter le devis en principe, mais de n'ordonner l'exécution des travaux que lorsque la Ville aura consenti à payer le 1/3 de la dépense, soit 2 333 Francs.

Ces conclusions sont approuvées. Réservés 4 666 Francs sur 1851.

Église d'Andrivaux (Dordogne)

Sur la proposition de M. Mérimée, rapporteur, la Commission autorise la démolition de l'église d'Andrivaux aux termes du rapport de M. Abadie. Il est bien entendu que la Commune en supportera les frais, et quant à la crypte, on pourra engager le Conseil municipal à la conserver, mais il n'y a pas lieu pour le Gouvernement à faire pour cet objet le moindre sacrifice.

Église d'Andlau (Bas-Rhin)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission autorise M. [Émile] Boeswillwald à charger M. Crou de l'inspection des travaux de l'église d'Andlau.

La Commission s'ajourne au vendredi 16 août. 80/15/007/91

16 août 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Questel, Caristie, Courmont, de Guizard, Paul Lacroix, Vaudoyer, Labrouste, Mercey.
Salle des États du Velay au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance d'une lettre par laquelle M. le ministre de l'Instruction publique réclame l'intervention de M. le ministre de l'Intérieur pour obtenir la conservation de l'ancienne Salle des États du Velay, que les projets de restauration de la cathédrale du Puy tendent à détruire.

Le rapporteur pense qu'en signant cette lettre M. le ministre de l'Instruction publique a oublié qu'il était en même temps ministre des Cultes et que l'architecte qui dirige les travaux de la cathédrale du Puy a été nommé par lui, et ne fait qu'exécuter un projet approuvé par son administration.

Cet avis du rapporteur est partagé par la Commission.

Le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. de Pastoret qui s'excuse de ne pas assister à la séance de ce jour.

Église de Gennes (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Gennes, pour laquelle un travail a été demandé à M. Joly, est un monument qui n'offre d'intérêt que par son antiquité. Il trouve qu'il n'a ni dans ses dispositions, ni dans son ornementation cette unité de style qui doit distinguer les édifices qu'on choisit comme types d'un style ou d'une époque pour consacrer des fonds à leur restauration.

Sur ces motifs, le rapporteur ne pense pas que l'état du fonds des Monuments permette de faire pour un édifice de cette nature un sacrifice un peu considérable.

La Commission consultée pense que le travail de M. Joly n'est pas assez complet pour qu'elle puisse prendre une décision, elle est en conséquence d'avis d'ajourner toute allocation jusqu'à ce que l'architecte ait produit sur l'édifice un travail complet, savoir une coupe en long et une élévation qui manquent à ses premières études du monument.

Église de Lisieux (Calvados)

Le secrétaire. M. Courmont, communique à la Commission une lettre du préfet du Calvados relative aux voies et moyens à employer par la Commune de Lisieux pour remplir les conditions auxquelles la dernière allocation du ministère de l'Intérieur lui a été accordée.

La Commission décide que cette dépêche doit être 80/15/007/92 renvoyée à l'administration départementale et communale.

Église de Toul (Meurthe)

M. de Guizard donne lecture de la lettre par laquelle le préfet de la Meurthe transmet la délibération du Conseil municipal de Toul relative au concours qui lui a été demandé pour les travaux de l'ancienne cathédrale.

La Commission, sur l'audition de cette pièce, est d'avis de rendre à la Ville de Toul les 75 000 Francs qui lui avaient été retirés lors de son dernier vote, et de donner avis de cette décision au ministre des Cultes.

Église de Montsalvy (Cantal)

M. de Guizard demande qu'il soit envoyé au secrétaire général du ministère de l'Intérieur copie de la délibération de la Commission, séance du 9 août dernier, au sujet de l'église de Montsalvy.

Église de Clamecy (Nièvre)

M. Mérimée fait connaître qu'il résulte d'un rapport de M. Lenormant au sujet de l'église de Clamecy que, par suite des travaux de terrassement exécutés aux abords de ce monument, le soubassement de l'église se trouve entièrement déchaussé et qu'il serait nécessaire d'y faire des travaux qui s'élèveraient à 1 880 Francs.

Le rapporteur est d'avis que le travail que propose l'architecte est utile, et même urgent, mais il lui semble qu'il soit incombé à la Ville qui, en abaissant le terrain des rues voisines de l'église, a compromis la solidité de l'édifice, et que les reprises des contreforts et des soubassements auraient dû être comprises dans le devis de l'entrepreneur qui a abaissé le niveau de la rue.

Cet avis est adopté par la Commission.

Église Notre-Dame-de-Nantilly à Saumur (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que M. Joly a transmis au ministre le dessin rectifié des travaux de l'église Notre-Dame-de-Nantilly pour lesquels une somme de 7 000 Francs a été allouée conditionnellement.

Comme M. le ministre des Cultes n'a pas encore statué sur cette affaire, il demande qu'on le lui rappelle en lui communiquant le devis nouveau de M. Joly.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Riquier (Somme)

M. Mérimée soumet à la Commission un travail préparé par M. Ramée pour la construction 80/15/007/93 d'une sacristie dans l'église de Saint-Riquier. Le rapporteur expose qu'il verrait avec beaucoup de peine altérer la régularité de l'église de Saint-Riquier par la construction de cette sacristie ; il pense qu'il y aurait moyen d'approprier à cette destination, soit la sacristie actuelle soit la chapelle qui se trouve au-dessus.

Le rapporteur propose en conséquence de transmettre ce projet à M. Verdier pour lui en demander la modification.

Ces conclusions sont approuvées.

Palais ducal de Nevers (Nièvre)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux d'art du Palais ducal de Nevers consistent dans la sculpture des bas-reliefs qui couvraient autrefois les travaux et les frontons de la façade qui regarde la place. Sculpture évaluée à 30 000 Francs. Le rapporteur croit que cette dépense serait pour le département de la Nièvre une dépense de luxe, car elle est absolument inutile à la destination nouvelle du Palais ducal. Mais comme tout l'effet de cette façade serait perdu si on ne reproduisait la décoration, le rapporteur pense qu'il y a lieu, vu l'importance du monument, de prendre à la charge du ministère de l'Intérieur la dépense totale des sculptures. Il propose, en conséquence, d'accorder cette somme en trois exercices, aux conditions suivantes :

1° que tous les projets du sculpteur seront soumis au préalable à la Commission

2° que dans le cas où les premiers essais ne seraient pas trouvés satisfaisants, le ministre de l'Intérieur, sur l'avis de la Commission, pourrait nommer un autre artiste pour les exécuter.

Ces conclusions sont approuvées. 30 000 Francs à réserver. (31)

Église de Saint-Émilion (Gironde)

Sur le rapport du secrétaire, M. Courmont, la Commission rejette la demande adressée par M. le préfet de la Gironde en faveur de l'église de Saint-Émilion.

Peinture de la Galerie de François Ier au Palais de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur.

M. Mérimée donne lecture d'une lettre de M. le ministre des Travaux publics relative aux peintures de la Galerie de François Ier à Fontainebleau et dont le ministre de l'Intérieur avait demandé la suspension.

Le ministre des Travaux publics expose dans sa dépêche tout ce qu'il s'est passé relativement aux restaurations des peintures dont il s'agit, et finit par annoncer qu'après la suspension 80/15/007/94 prononcée, par des motifs dont il donne connaissance, il vient d'autoriser la reprise des travaux. M. Mérimée croit qu'il serait facile de répondre victorieusement aux observations de M. le ministre des Travaux publics, mais il n'est pas d'avis, d'après le ton de la lettre, qu'il y ait lieu d'entrer dans une polémique qui probablement n'aurait pas de résultats.

Le rapporteur attribue le mauvais succès de l'intervention du ministre de l'Intérieur à la fâcheuse répartition des attributions ministérielles. Il propose de laisser sans réponse la lettre du ministre des Travaux publics.

Cet avis est adopté.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le maire de Favières demande au ministre que les remises municipales de la Commune sur les recettes et les dépenses des travaux de restauration de l'église de Saint-Sulpice soient prises sur les fonds alloués par le ministère de l'Intérieur.

Le rapporteur est d'avis, ainsi que la Commission, qu'il est impossible de se rendre au désir du maire de Favières, la Cour des Comptes ne permettrait pas que les fonds des Monuments historiques reçussent une pareille destination.

Médailles trouvées au Mans (Sarthe)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission autorise M. le maire du Mans à procéder à la vente des médailles trouvées dans la Commune ainsi que le demande en son nom M. le préfet de la Sarthe.

Église de Belloy (Seine-et-Oise)

La Commission, sur la demande du secrétaire, M. Courmont, approuve la soumission du sieur Deseine, entrepreneur des travaux de l'église de Belloy, et décide qu'il en sera donné de suite avis au préfet de Seine-et-Oise.

Chapelle du Liget (Indre-et-Loire)

La Commission autorise le paiement de l'allocation demandée par M. Verdier de 552 Francs pour les études de la chapelle du Liget.

La Commission s'ajourne au vendredi 23 août. 80/15/007/95

23 août 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Mercey, de Laborde, Courmont.
Église de Champagne (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, propose de charger M. Verdier de revoir le travail que M. Ramée avait préparé pour la réparation de l'église de Champagne et qui avait été le sujet de quelques observations de la part de la Commission.

Ces conclusions sont adoptées. M. Verdier devra être invité à rendre cette affaire avant la prochaine réunion de la Commission.

Château de Thorigny à Torigni-sur-Vire (Manche)

M. le secrétaire, M. Courmont, expose à la Commission qu'il semblerait résulter d'une lettre du préfet de la Manche que la première allocation accordée pour la restauration du château de Thorigny aurait été par lui employée à solder des frais de restauration d'une galerie de tableaux placée dans le château.

Le secrétaire demande à la Commission l'autorisation de refuser l'ordonnancement des fonds détournés de leur emploi.

Cette autorisation est accordée.

Église de Cully (Calvados)

Sur les observations de M. Mérimée, rapporteur, la Commission décide que le dossier de l'affaire de Cully sera envoyé à l'examen de M. Labrouste.

Hôtel Carnavalet à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, expose que, par un décret du 17 janvier 1849, il a été arrêté que "l'aile de l'Hôtel Carnavalet dans toute son étendue sur la rue de Sainte-Catherine, ne sera assujettie aux retranchements des alignements arrêtés qu'au moment où le propriétaire voudrait en modifier l'architecture en totalité ou dans l'une de ses parties, et que jusque là cette portion d'édifice sera exemptée des servitudes de voirie et le propriétaire aura la faculté de le consolider".

Comme aujourd'hui la Ville de Paris s'occupe de fixer les alignements de la rue Couture-Sainte Catherine d'une manière définitive, M. le préfet de la Seine demande si le ministre de l'Intérieur consent à ce qu'une disposition semblable à celle qui a été prise par le décret du 17 janvier 1849 le soit également pour la façade de l'Hôtel située sur la rue Couture-Sainte Catherine.

M. le rapporteur est d'avis d'accepter cette proposition, car la condition contenue dans le décret du 19 janvier 1849 lui parait décider la question très heureusement puisque non seulement elle conserve l'Hôtel, mais encore qu'elle offre au propriétaire une espèce de prime à sa conservation.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Laurent de Nogent-sur-Seine (Aube)

L'administration locale de Nogent-sur-Seine demande à être affranchie de la condition que le ministre de l'Intérieur a mise à une allocation qu'il a donnée pour la réparation de l'église Saint-Laurent.

Le rapporteur pense que les arguments présentés par le Conseil municipal sont contestables. Cependant, en considération du nouveau sacrifice qu'il fait pour la restauration de l'église Saint-Laurent, le rapporteur propose d'accorder définitivement l'allocation de 6 000 Francs sur les exercices 1851 et 1852.

Ces conclusions sont adoptées.

Clocher de Limay (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le clocher de Limay, bien que l'architecte lui attribue à son avis une date un peu trop reculée, est cependant un monument très remarquable et dont la conservation est à désirer. La Commune très pauvre s'est imposé une allocation de 1 000 Francs. La dépense étant de 7 000 Francs, il resterait à couvrir un déficit de 6 000 Francs.

Le rapporteur propose de demander au ministre des Cultes son concours pour la somme de 2 000 Francs, et il est accordé d'allouer à l'église de Limay un secours de 4 000 Francs sur 1851.

Ces 80/15/007/96 conclusions sont adoptées.

Tombeau de Marguerite d'Autriche et d'Emmanuel Philibert de Savoie, son mari, dans l'église de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture à la Commission d'une lettre par laquelle M. le ministre des Cultes réclame de son collègue M. le ministre de l'Intérieur un secours en faveur du mausolée renfermant le tombeau de Marguerite d'Autriche et d'Emmanuel Philibert de Savoie. Il propose en outre, sur l'avis de l'architecte de l'église de Brou, de confier le travail à M. Morel, statuaire.

M. le rapporteur est d'avis d'allouer les 3 400 Francs que réclame la restauration proposée. Mais il propose de prendre des renseignements sur M. Morel, statuaire, et de demander qu'avant de se mettre à l'ouvrage il envoie à la Commission son projet de restauration.

Ces conclusions sont adoptées. 3 400 Francs sont réservés sur 1851.

Église de Missillac (Loire-inférieure)

M. Mérimée fait connaître une demande adressée au ministre par le préfet de la Loire-Inférieure dans le but d'obtenir une allocation pour réparer une verrière placée dans l'église de Missillac. La dépense proposée 80/15/007/97 serait de 2 880 Francs.

Le rapporteur pense que ce n'est que dans des cas tout à fait exceptionnels que le ministre de l'Intérieur peut s'occuper de la restauration des verrières. Dans un moment où le manque de fonds oblige à ajourner un grand nombre de restaurations importantes, il croit impossible de penser à la réparation de la verrière de Missillac. Il propose de rejeter la demande.

Cette proposition est adoptée.

Église de Montsalvy (Cantal)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission alloue une somme de 2 000 Francs sur l'exercice 1851 pour les travaux urgents que réclame l'église de Montsalvi.

Église de Montmoreau (Charente)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide qu'il sera pris la somme la plus forte possible sur le reliquat de 1849 pour combler le déficit des travaux de Montmoreau qui s'élève à 17 000 Francs.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Sur la proposition du secrétaire, M. Courmont, la Commission décide qu'il sera réservé une somme de 3 800 Francs sur l'exercice 1849 pour faire face aux frais et dépenses du procès entre l'administration et le sieur Masson, pour paiement de dommages causés par le mauvais état des conduites d'eau de l'Hôtel de Cluny.

Tombes de Saint-Denis (Seine)

La Commission décide qu'une somme de 300 Francs sera allouée sur 1850 pour l'achat de 3 plaques en cuivre provenant des tombes de Saint-Denis, dans lesquels étaient renfermés les corps de Louis XIV et de la duchesse de Bourgogne.

La Commission s'ajourne au mois de novembre. 80/15/007/98

8 novembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Lenormant, de Contencin, Questel, Buchez, Paul Lacroix, de Guizard, de Pastoret, de Laborde, Hauréau, Vitet, Courmont.
Découverte de peinture à la cathédrale du Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée met sous les yeux de la Commission le dessin d'ensemble et les calques des peintures récemment découvertes dans une salle attenante à la cathédrale du Puy.

Sur sa proposition, la Commission décide que M. Denuelle sera chargé de dessiner ces fresques.

M. Mérimée rend compte à la Commission des observations qu'il a recueillies dans le cours de la dernière inspection.

Fortification de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée rappelle que la Ville de Carcassonne avait été déclassée comme place de Guerre. Cette mesure pourrait avoir des résultats fâcheux pour les fortifications, car elles eussent été bientôt masquées par des constructions parasites, et en outre par le défaut d'entretien, elles n'auraient pas tardé à tomber en ruines. Sur la demande des autorités locales, Carcassonne vient d'être replacée au nombre des villes fortifiées et même on prétend qu'une somme assez considérable vient d'être accordée par le ministre de la Guerre pour la réparation.

M. le rapporteur craint que cette nouvelle intention de l'administration de la Guerre n'ait également de graves inconvénients. Il croit que ce serait le cas de rappeler au ministre tout l'intérêt que le ministre de l'Intérieur attache à ce monument, en ajoutant que, bien que les travaux qu'on se propose aient un but utile, il serait cependant à désirer qu'un architecte expérimenté les dirigeât, on le prierait de permettre que l'officier du Génie s'entendrait avec M. Viollet-le-Duc qui a déjà fait une étude approfondie de ces fortifications.

La Commission approuve un avis et décide qu'il sera écrit dans ce sens.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Mérimée annonce qu'il vient d'apprendre de M. Verdier, architecte, que M. Suisson, entrepreneur de Saint-Leu, est disposé à restituer la somme qu'il a reçue indûment sur les travaux qu'il a faits à ce monument.

Aqueducs de la vallée de Beaunant (Rhône)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre de M. le correspondant des Monuments pour le département du Rhône signalant l'état de dégradation des aqueducs de la vallée de Beaunant qui font suite à la ligne de Chaponost ; des travaux faits par des ramasseurs de graviers minent les galets de plusieurs piliers, et il est à craindre 80/15/007/99 qu'il perde l'équilibre par le choc des eaux de la rivière de Francheville.

Sur l'avis du rapporteur, la Commission propose de demander avis au préfet, sur les faits signalés par l'inspecteur et un devis de la dépense.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Lenormant propose de demander également des renseignements sur les travaux qui pourraient avoir été exécutés sans l'avis du ministre, à l'église d'Ainay, pour la réparation de laquellle M. Questel a rédigé un travail qui a reçu l'approbation de la Commission.

Cette proposition est adoptée.

Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

M. Mérimée signale la mauvaise situation du Pont du Gard. Les grands arcs sont dans un état épouvantable, un certain nombre de claveaux sont détachés, et tous sont rongés de manière à donner de vives inquiétudes. (32)

Le rapporteur pense que c'est une affaire dont il faut s'occuper sans perdre de temps, car l'administration serait impardonnable s'il arrivait un accident. M. Mérimée croit que cette restauration devra être l'objet d'un crédit spécial car elle demandera au moins 2 à 300 000 Francs.

Sur ces conclusions du rapporteur, la Commission charge M. Questel de préparer un projet de restauration.

Peintures de la porte de l'Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission charge M. Vaudoyer de donner son avis sur le dessin nouveau de peintures pour la porte de l'Hôtel de Cluny, proposé par M. Lenoir.

Château de Beaucaire (Gard)

Sur l'avis de M. Mérimée, la Commission charge M. Laval de préparer un projet pour la réparation du château de Beaucaire.

Château de la Caze à Laval-du-Tarn (Lozère)

Sur le rapport de M. Mérimée, et d'après les observations de M. Laval, la Commission décide qu'il n'y a pas lieu d'accorder un secours pour la restauration du château de la Caze.

Église de Chassiers (Ardèche)

M. Mérimée soumet à la Commission les dessins de l'église de Chassiers préparés par M. Laval. Le curé de cette Commune voudrait faire bâtir une façade à son église. Le rapporteur est d'avis de réprimer autant que possible le zèle du curé et de l'inviter à s'adresser pour les travaux qu'il projette à l'architecte diocésain.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/007/100

Église de Thines (Ardèche)

Sur les observations de M. Laval, architecte, présentées par M. Mérimée, la Commission rend définitive l'allocation conditionnelle de 10 000 Francs accordée à l'église de Thines.

Église de Levroux (Indre)

M. Mérimée présente un devis supplémentaire de 5 577 Francs et rédigé par M. de Mérindol pour la restauration de l'église de Levroux.

Il propose de rappeler de nouveau au ministre des Cultes la demande de concours qui lui a été faite, en lui annonçant que sur un devis de 135 000 Francs, le ministre de l'Intérieur consent à prendre 65 000 Francs à sa charge.

Cet avis est adopté.

Église d'Ennezat (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'il vient de visiter l'église d'Ennezat, et qu'il a reconnu la nécessité de continuer les travaux commencés pour la restauration. M. Mallay vient de transmettre à l'administration le devis des dépenses que réclame encore l'édifice, elles s'élèvent à 7 701 Francss 49. La Commune qui a déjà fait des sacrifices assez considérables se trouve aujourd'hui sans ressources. M. le rapporteur rappelle que le ministre des Cultes avait pour les premiers travaux alloué la moitié de la dépense, et il propose d'allouer 3 850 Francs sur 1852 à la condition que l'autre moitié du crédit nécessaire sera accordée par le ministre des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Sainte-Honorine à Graville-l'Eure (Seine-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le choeur de l'église Sainte-Honorine, à Graville, pour lequel un secours est demandé, est étayé, et que, dans l'intérêt de la sûreté publique, on a dû y interdire la célébration des offices. Un projet de restauration, dont M. le rapporteur soumet les dessins à la Commission, établit la nécessité des travaux que réclame le monument, mais, comme l'architecte n'a pas produit dans les dessins l'état actuel du monument, il est impossible d'apprécier le changement qu'il propose dans la disposition du choeur de l'église. Le rapporteur se trouve en conséquence dans l'impossibilité de faire des propositions au sujet du concours à demander au ministre de l'intérieur.

Sur ces conditions, la Commission décide qu'il sera demandé un supplément au travail graphique de l'architecte, 80/15/007/101 c'est-à-dire une coupe et une élévation du choeur, état actuel, avec une note sur les matériaux des contreforts et des murs anciens. Lorsqu'il aura été fait droit à cette demande, l'affaire sera examinée de nouveau.

Porte du cimetière de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, ne pense pas qu'il y ait lieu d'accorder une allocation pour la réparation de la porte du cimetière de Montfort-l'Amaury. Si cependant la Commission ne partageait pas son opinion en raison du mérite de l'ornementation, il croit que c'est conformément au projet de M. Garrez que le travail devrait être exécuté, et qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de celui qu'a proposé M. Guénepin.

La Commission adopte ce dernier avis du rapporteur et décide que les observations présentées par M. Garrez seront soumises à M. Guénepin qui sera invité à rédiger un devis conforme à cette proposition.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une réponse adressée au ministre par M. Garrez au sujet des détériorations qu'ont souffertes les verrières de Saint-Sulpice pendant le cours des travaux qu'il dirige.

M. le rapporteur reconnaît justes les explications données par l'architecte et propose de signaler au maire de Favières les mutilations exercées par les enfants de l'endroit, et de l'inviter à faire un exemple d'un de ceux qui se livreraient à l'avenir à ces mutilations.

M. Mérimée demande en outre, que M. Garrez soit invité à préparer un travail pour la restauration de ces verrières, sauf à en ajourner l'exécution à un temps plus heureux.

Ces conclusions sont adoptées.

Façade de la chapelle de l'Hôtel-Dieu de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que des travaux qui paraissent devoir être coordonnés avec ceux de la restauration de la façade de la chapelle de l'Hôtel-Dieu de Brie-Comte-Robert, vont être prochainement exécutés. M. le maire de Brie-Comte-Robert sollicite du ministre une allocation pour subvenir aux frais de cette restauration.

Comme l'édifice dont il s'agit présente un intérêt réel, le rapporteur propose de demander un devis à M. Garrez et d'en prévenir M. le maire de Brie-Comte-Robert.

Ces conclusions sont adoptées.

Vitraux de l'église d'Écouen (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission que M. Maréchal a remis à l'administration le devis qui lui avait été demandé pour la réparation des verrières de 80/15/007/102 l'église d'Écouen. Ce devis demandé s'élève à 14 232 Francs.

Le rapporteur propose à la Commission de décider dès à présent que M. Maréchal sera chargé de cette restauration. Cependant comme il est indispensable de restaurer les meneaux et les chambranles des fenêtres avant de s'occuper de remplacer les vitraux, il croit nécessaire de demander un devis de la dépense que doit occasionner cette réparation. Il est d'avis de réclamer les soins de M. Garrez et de demander en même temps à la Commune dans quelle proportion elle contribuerait à la dépense.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Agnetz (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, donne communication à la Commission des dessins de l'église d'Agnetz, monument très curieux d'une disposition originale et dont le classement ne peut être contesté. Ce devis s'élève à 18 500 Francs dont 900 Francs pour la construction d'une sacristie nouvellle. La Commission offre de contribuer pour une somme de 6 353 Francs à la dépense.

Le rapporteur propose de demander au ministre que

1°l'église d'Agnetz soit classée et d'en prévenir le préfet et le maire en félicitant la Commune sur son concours et en lui promettant celui du ministre de l'Intérieur

2° de charger M. Verdier de revoir sur les lieux le devis transmis par la préfet de l'Oise en l'invitant à adresser à la Commission les observations qu'il croirait devoir faire. Après les observations de M. Verdier, on demanderait, s'il y a lieu, le concours du ministre des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Brantôme (Dordogne)

M. le préfet de la Dordogne, sur le refus qu'il vient d'éprouver de la part du Conseil général de son département, au sujet d'une demande qu'il lui avait faite, d'accorder les fonds nécessaires à la réparation des piliers de soutènement des carrières voisines de l'église de Brantôme, s'adresse au ministre de l'Intérieur pour obtenir les 3 000 Francs que doit coûter cette opération. Il envoie à l'appui de la demande les rapports des ingénieurs des Mines qui ont visité les lieux et rédigé les devis.

M. Mérimée, rapporteur, pense qu'en envoyant ces rapports à l'appui de la demande, le préfet ne les a pas étudiés comme il aurait fallu, car il aurait pu se convaincre d'après l'opinion énoncée jusqu'à trois fois dans ces documents par l'ingénieur en chef, M. Maner, que les travaux dont il s'agit ne pouvaient être entrepris que sur les fonds départementaux ; aussi, comme l'urgence parait démontrée, puisque l'avis du Génie, du 1er juin 1850, 80/15/007/103 était de commencer immédiatement les travaux pour les terminer dans l'espace de 4 mois, le rapporteur est d'avis d'inviter le préfet à le faire mettre immédiatement en voie d'exécution.

Ces conclusions sont approuvées par la Commission.

Église Saint-Vulfran d'Abbeville (Somme)

M. le curé de Saint-Vulfran demande au ministre l'autorisation de faire exécuter une verrière, conforme à un croquis qu'il envoie, pour être placée dans une chapelle collatérale de l'église Saint-Vulfran. C'est un voeu qu'il a fait pour la cessation du choléra en 1849.

M. Mérimée, rapporteur, ne voit aucun motif pour ne pas autoriser l'exécution de cette verrière. Il propose donc de l'approuver, et demande qu'on renvoie au curé le dessin qu'il a transmis. Il serait bien à désirer, ajoute M. le rapporteur, que MM. les ecclésiastiques imitassent l'exemple de M. le curé de Saint-Vulfran et consultassent la Commission sur les travaux qu'ils font exécuter sur leurs propres fonds.

Cette opinion est partagée par la Commission.

Église de Lusignan (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'importance de l'église de Lusignan, dont des dessins et un projet de restauration sont communiqués par M. Joly, ne saurait être contestée, et sa situation est de nature à inspirer de vives inquiétudes. Malheureusement, outre que la dépense que les réparations doivent occasionner sera considérable, il parait indispensable, pour assurer la conservation de l'édifice, d'ajouter à cette dépense des acquisitions dont l'évaluation n'est pas jointe au dossier.

Il propose d'ajourner toute décision jusqu'à ce que le montant de ces acquisitions soit connu. On pourrait également s'informer des ressources locales et rappeler aux autorités que les sacrifices que feront la Commune et le département auront nécessairement une grande influence sur la détermination que le gouvernement prendra à l'égard du monument.

Ces conclusions sont adoptées. (33)

Peintures de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. de Laborde demande que le ministre soit invité à intervenir de nouveau dans l'affaire des peintures de Fontainebleau. M. de Guizard fait l'historique des démarches relatives à cette affaire, il ne pense pas que après la dernière réponse du ministre des Travaux publics, il soit possible de la reprendre.

M. Vitet propose d'adresser au ministre de l'Intérieur un rapport, pour lui faire connaître que les assurances données par son collègue n'ont pas ôté à la Commission 80/15/007/104 toute l'inquiétude que lui fait éprouver la restauration qui se poursuit, et le prier, dans le cas où il ne croirait pas pouvoir reprendre la correspondance de cette affaire, de demander à son collègue ou mieux s'il le faut au Conseil des ministres, la création d'une commission mixte, pour décider les conflits de cette nature.

Cet avis appuyé par M. Lenormant est adopté par la Commission.

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Sur la proposition de M. Questel, la Commission autorise l'acquisition d'une des maisons placées aux abords de l'Amphithéâtre d'Arles et dont la démolition a été décidée en principe, moyennant 10 000 Francs à imputer sur le crédit de 61 000 Francs demandé à l'Assemblée Nationale et, dans le cas où le crédit serait refusé, sur le fonds ordinaire de 1851.

Sainte-Chapelle de Paris (Seine)

Le secrétaire propose à la Commission de charger M. l'inspecteur général de vérifier les assertions contenues dans les journaux du jour au sujet des travaux de la Sainte-Chapelle.

Cet avis est adopté.

La séance est levée et renvoyée au 15 novembre.

15 novembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Caristie, Mérimée, Labrouste, de Contencin, Buchez, de Guizard, Vaudoyer, Paul Lacroix, Lenormant, Questel, de Laborde et Courmont.
Le procès-verbal de la séance du 8 est lu par le secrétaire et sa rédaction est adoptée.
Église de Grignan (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Grignan, dont les souvenirs qu'elle rappelle, n'offrent que très peu d'intérêt, est un édifice de l'époque de la Renaissance, assez vaste, simple de disposition ; la terrasse du château de Grignan couvre les voûtes de l'église. Or, cette terrasse est dans une situation déplorable et laisse filtrer les eaux sur les murs de l'église. Si l'on ne répare pas convenablement cette terrasse, toutes les reprises faites à la voûte de 80/15/007/105 l'église n'auront qu'un effet temporaire. Mais la terrasse est une propriété particulière.

Le projet transmis au ministre ne va pas à la source du mal, ce n'est qu'un palliatif à proprement parler, il s'agit d'une dépense d'entretien, et à ce titre le rapporteur propose de renvoyer au ministre des Cultes la demande du Conseil municipal de Grignan.

Ces conclusions sont adoptées.

Abbaye de Cluny (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que M. Verdier, architecte, demande l'allocation d'un supplément de 2 188 Francs pour les travaux qu'il a commencés dans l'abbaye de Cluny. Le rapporteur ne verrait pas d'inconvénient à l'accorder, si en principe il ne fallait pas toujours faire des efforts pour que les Communes contribuassent à des travaux qui en dernière analyse leur sont profitables.

Il est donc d'avis de demander, avant d'accorder la somme, au Conseil municipal de Cluny de convenir à la dépense pour la moitié, savoir : 1 094 Francs.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe)

M. Mérimée, rapporteur, pense que ce n'est pas 1 500 Francs, ainsi que le demande le préfet de la Meurthe, qu'il faudrait à l'église Saint-Nicolas du Port, mais bien 150 000 Francs. Malheureusement le ministère de l'Intérieur, obligé de faire face à la restauration de l'église de Toul, bien plus intéressante, ne peut se charger, quant à présent, de l'église Saint-Nicolas. D'ailleurs, il est fort à craindre que cet édifice, dont la situation est des plus graves, ne puisse attendre longtemps, M. Mérimée propose de transmettre la lettre du préfet et la délibération du Conseil général à M. le ministre des Cultes en recommandant l'église à son intérêt.

La Commission adopte l'avis du rapporteur, mais elle décide en outre que M. Boeswillwald sera chargé de se rendre sur les lieux pour préparer un rapport sur l'état de l'édifice et revoir le devis de 244 000 Francs présenté en 1846 par l'architecte du département.

Fortifications de Carcassonne (Aude)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre qu'il a préparée pour le ministre de la Guerre, par laquelle le ministre de l'intérieur demande à son collègue de vouloir bien adjoindre un architecte de la Commission à l'officier du Génie chargé des travaux de Carcassonne.

La Commission approuve les termes de la lettre.

Église de Vézelay (Yonne)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission alloue sur les fonds généraux à M. Viollet-le-Duc une indemnité de 549 Francs 27, pour les soins qu'il a 80/15/007/106 donnés aux travaux de Vézelay.

Église de Juziers (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Juziers mérite non seulement d'être classée, mais encore de recevoir des secours de l'administration. Le rapport de M. Garrez prouve parfaitement son importance et la nécessité d'y faire de promptes réparations. Le devis ne dépasse pas 15 000 Francs pour les trois catégories. Les deux premières sont absolument urgentes. La dernière, si elle n'intéresse pas la consolidation de l'édifice, doit lui rendre son caractère et le rapporteur ne pense pas que l'exécution de ces derniers travaux doive être ajournée.

Le rapporteur propose de mettre à la charge de la Commune toutes les acquisitions nécessaires, et de lui demander en outre son concours pour un tiers de la dépense 5 000 Francs. Les 10 000 Francs restant seraient alloués sur les fonds des Monuments si la première condition était remplie. Dans le cas où les ressources de la Commune ne lui permettraient pas de concourir à la dépense pour la somme proposée, le rapporteur pense que le ministre des Cultes voudrait bien y pourvoir.

Cet avis est adopté.

Église de Vézelay (Yonne)

M. Mérimée, rapporteur, fait savoir que le nouveau devis supplémentaire de M. Viollet pour Vézelay s'élève à 186 000 Francs. Les dépenses s'appliquent, conformément au projet général de l'architecte déjà approuvé, à

1° le rétablissement de la portion du cloître longeant la salle capitulaire, celui de la salle qui y touche et le bâtiment au-dessus,

2° l'achèvement du porche de la façade et des reprises à exécuter dans diverses parties de l'église,

3° divers travaux de décoration,

4° l'ameublement de l'église, c'est-à-dire la construction d'autels, établissement de grilles.

Le rapporteur croit que cette dernière partie du devis, qui monte à environ 30 000 Francs ne peut être imputée sur le fonds des Monuments historiques, mais que le montant doit en être demandé au ministre des Cultes. Reste à pourvoir à une dépense de 156 000 Francs sur laquelle le rapporteur ne croit pouvoir proposer aucune réduction, car à son avis les travaux sont très nécessaires et il ne pourrait y avoir de doute qu'au sujet des travaux de décoration, (art. 3), mais ces travaux ne dépassent pas 18 000 Francs, et il les croit indispensables 80/15/007/107 pour rendre à l'église le caractère qui doit lui être consacré.

Il propose en conséquence d'accorder la somme de 156 000 Francs sur cinq exercices, et de solliciter auprès du ministre des Cultes l'allocation des 30 000 Francs nécessaires au mobilier.

Après une discussion à laquelle prennent part MM. Lenormant, Caristie et de Guizard, la Commission adopte, sur l'avis de M. Lenormant, l'ordre qui sera donné aux travaux et sur celui de M. Caristie, décide que les 156 000 Francs entiers seront mis à la charge de la Commission. Seulement il ne sera accordé définitivement d'abord qu'une somme de 30 000 Francs sur 1851, et pour le reste il ne sera alloué que lorsque la Commission aura examiné sur les lieux les questions relatives au mobilier et à la décoration.

Sur la proposition du secrétaire, il est décidé que l'allocation définitive de 30 000 Francs sera imputée, savoir : 15 000 Francs sur 1850, et 15 000 Francs sur 1851.

Peintures de Fontainebleau (Seine-et-Marne)
Rapport au ministre sur les peintures de Fontainebleau

M. Mérimée donne lecture du rapport qu'il a préparé sur l'invitation de la Commission au sujet des peintures qui s'exécutent en ce moment, à Fontainebleau.

La Commission décide que ce rapport sera présenté au ministre.

Chapelle Saint-Michel de l'Aiguille au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur.Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que l'allocation de 8 000 Francs primitivement accordée pour les travaux de Saint-Michel de l'Aiguille serait portée à 11 000 Francs.

Peintures de la porte de l'Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

M. Vaudoyer demande que, pour les peintures de la porte de l'Hôtel de Cluny, M. Lenoir soit invité à se procurer des peintures du XVe siècle et à les copier scrupuleusement.

Église de Tournus (Saône-et-Loire)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission décide que les 4 622 Francs nécessaires pour achever complètement la restauration de l'église de Tournus seront alloués définitivement et imputés sur le crédit de 1850.

Église Saint-Vulfran d'Abbeville (Somme)

M. Lenormant, rapporteur, donne lecture du rapport de M. Verdier sur la situation de Saint-Vulfran d'Abbeville. Il résulte de ce rapport qu'il faudrait plus de 150 000 Francs pour mettre l'édifice dans un état 80/15/007/108 passable. MM. Mérimée et Labrouste pensent qu'il est bâti en si mauvais matériaux qu'on ne peut espérer de le sauver.

La Commission est d'avis de réserver les ressources dont elle dispose pour Saint-Riquier et de prévenir le préfet des motifs qui la déterminent, en lui faisant connaître que l'église d'Abbeville n'est pas même parmi les Monuments historiques.

Sainte-Chapelle de Paris (Seine)

M. Mérimée rappelle les faits qui se sont passés au sujet des travaux de la Sainte-Chapelle par suite desquels une allocation de 12 000 Francs par an pendant quatre ans a été inscrite sur le budget des Monuments historiques. Il propose d'adresser à ce sujet un rapport au ministre.

La Commission, sur les observations de M. de Guizard qui pense qu'il n'est plus possible de revenir sur cette décision, passe à l'ordre du jour.

Fontaine des Innocents à Paris (Seine)

M. de Laborde rappelle qu'à plusieurs reprises il a été question de démonter les trois faces de la Fontaine des Innocents, de la main de Jean Goujon et de les mettre à l'abri, en les remplaçant par des copies bien faites. Il demande qu'une correspondance soit entamée dans ce but avec la Ville de Paris.

M. Caristie craint que si l'on démonte la Fontaine, ce sera achever la ruine, il proposerait de la laisser où elle est, en en détournant les eaux.

La Commission décide qu'il sera écrit dans le sens demandé par M. de Laborde.

Église de Colleville-sur-Mer (Calvados)

M. Mérimée expose que le préfet du Calvados n'envoie, à l'appui d'une demande en faveur de l'église de Calleville, qu'un dessin insuffisant. Le rapporteur croit en outre la capacité de l'architecte assez médiocre, à en juger par son dessin et son devis où l'on voit figurer un article ainsi conçu : sculpture de chapiteaux à bases romanes ou gothiques, à raison de 4 Francs 28. Il est évident, ajoute M. le rapporteur, que de la sculpture à ce prix ne peut que déshonorer l'édifice où elle sera introduite. Il ne pense pas, en conséquence, qu'il y ait lieu d'encourager une pareille restauration.

Ces conclusions sont adoptées. La demande est rejetée 80/15/007/109. (34)

22 novembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Questel, Labrouste, Caristie, Mérimée, de Laborde, Paul Lacroix, Buchez, de Guizard, Vitet, Lenormant, Courmont.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par le secrétaire, la rédaction est adoptée.
Rotonde de Simiane (Basses-Alpes)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un secours est demandé par le préfet des Basses Alpes pour la restauration d'un monument connu sous le nom de Rotonde Simiane, qui passerait pour avoir été un temple de Bruïsse.

Le rapporteur est d'avis que ce prétendu temple de druide paraît être une ancienne église circulaire ou un baptistère comme la Tour d'Evrault. Le monument est assez curieux pour mériter un examen approfondi. Le rapporteur propose de demander un rapport et un devis à M. Geoffroy(35), architecte à Avignon.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle Sainte-Maxime et Panthéon de Riez (Basses-Alpes)

M. Mérimée est d'avis que la chapelle Sainte-Maxime à Riez pour laquelle un secours est réclamé par le préfet des Basses Alpes, n'offre en réalité aucun intérêt. C'est un édifice de la fin du XVIIe siècle qui n'a pu être classé probablement que parce qu'il renferme des colonnes romaines. Quant au petit édifice circulaire placé dans la même localité qu'on appelle le Panthéon et qui est également orné de colonnes antiques, le rapporteur le croit beaucoup plus important, et il désirerait qu'il fût examiné par un architecte plus habile que celui qui a rédigé le devis transmis au ministre. Il propose de charger M. Joffroy d'étudier le Panthéon et de rédiger un projet pour sa réparation.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de La Noë (Mayenne)

M. Mérimée fait connaître que le secours demandé pour l'église de La Noë doit être employé en travaux de réparation à l'intérieur et à l'extérieur de la nef et du transept. Or la façade de l'église est à vrai dire la seule partie du monument qui maintenant offre de l'intérêt.

Le rapporteur est d'avis que, du moment qu'il s'agit de dépenses qu'on peut considérer comme d'entretien, la Commission doit être inflexible dans les principes. Il est malheureusement trop vrai que la plupart des Communes n'ont pas les 80/15/007/110 ressources nécessaires pour entretenir leurs églises, mais si l'administration de l'Intérieur entrait dans la voie où on cherche à l'engager, tous les fonds seraient absorbés par des réparations minimes à faire dans les 20 000 églises de France.

Le rapporteur propose de renvoyer la demande au ministre des Cultes.

Cet avis est adopté.

Port Flavien à Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître à la Commission une lettre adressée par M. Révoil au ministre de l'Intérieur, dans laquelle cet architecte rend compte des motifs qui ont jusqu'ici retardé la restauration du Pont Flavien et demande au ministre de vouloir bien lui déterminer à quelles limites doit s'arrêter la direction dans les travaux, et s'il doit étudier le projet de route de déviation et à ce jour provisoire auquel doit donner lieu l'interdiction du Pont Flavien.

Le rapporteur est d'avis que l'administration départementale a apporté une déplorable lenteur dans l'instruction de cette affaire. Une chose incontestable, c'est la nécessité de réparer le pont. Il semble que ce soit au ministère des Travaux publics que cette réparation devrait appartenir ; mais ce pont étant un Monument historique classé, le ministre de l'Intérieur offre son concours et réclame la surveillance des travaux. Maintenant il résulte de la nécessité de réparer que le passage doit être momentanément interdit, et qu'un pont provisoire doit être établi. Ce pont provisoire rentre dans les attributions du ministère des Travaux publics.

Le rapporteur propose d'exposer les faits au ministre des Travaux publics et de le prier de se charger de l'exécution et de la dépense des travaux nécessaires.

Ces conclusions sont adoptées.

Plaques du tombeau de Louis XIV à Paris (Seine)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre par laquelle M. le chef de la Comptabilité générale du ministère de l'Intérieur refuse d'imputer sur le crédit ordinaire des Monuments historiques le prix accordé par la Commission pour le paiement des plaques achetées à Madame Debret et provenant des tombeaux de Louis XIV et de sa famille. Il propose de le mettre à la charge du crédit de 25 000 Francs accordé à l'Hôtel de Cluny. M. Mérimée pense que M. le chef de la Comptabilité [Laisné] s'est complètement mépris, les plaques dont il s'agit ne peuvent être considérées comme des objets d'art pouvant trouver leur place au 80/15/007/111Musée de Cluny et être payées sur le crédit qui lui est destiné. C'est un souvenir historique du plus haut intérêt qui se rattache à un monument historique. De plus les plaques seront replacées à Saint-Denis aussitôt que la Commission le jugera convenable. Elles feront donc de nouveau partie d'un Monument historique. Il n'y aura donc que le crédit ordinaire du monument qui peut faire face à la dépense de leur acquisition.

Cet avis est adopté par la Commission dont l'institution a eu lieu précisément pour définir ce qui constitue un monument historique et servir dans ce but de conseil à l'administration de l'Intérieur pour établir en pareille circonstance sur quels crédits les secours distribués doivent être imputés.

Église Notre-Dame de Champagne (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte du nouveau devis que M. Verdier a préparé pour la restauration de l'église de Champagne qu'une somme de 36 000 Francs est nécessaire pour pourvoir à tous les travaux. La Commune offre 2 600 Francs.

Le rapporteur pense que, malgré tout l'intérêt que présente ce monument, le ministère ne saurait prendre part à la dépense pour une somme plus forte que le tiers du devis total, soit 12 000 Francs sur deux exercices. Resterait donc à obtenir du ministre des Cultes et de la Commune une somme de 24 000 Francs.

La Commission adopte les propositions du rapporteur et décide que le concours de la Commune et celui du ministre des Cultes seront demandés avec l'offre d'un concours égal au 1/3 de la dépense.

Église Saint-Lubin à Suèvres (Loir-et-Cher)

M. Mérimée, rapporteur, donne des renseignements sur l'église Saint-Lubin à Suèvres, qui paraît intéressante et d'une date très reculée. La Commune et la Fabrique font des sacrifices considérables, et, sur un devis de 6 000 Francs, elles offrent de concourir pour 4 200 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder une allocation de 1 800 Francs sur l'exercice 1851.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Souillac (Lot)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre par laquelle le préfet du Lot transmet une réclamation d'un entrepreneur des travaux de Souillac.

Le rapporteur est d'avis que cette réclamation, qui a pour but d'obtenir le paiement d'une fourniture de pierres qui ont gelé en 1841, est insensée. Il ne comprend pas comment le préfet du Lot a pu se charger de la transmettre. Il propose le rejet pur et simple de la demande.

Le rejet est prononcé. 80/15/007/112

Tour de Saint-Bertin à Saint-Omer (Pas-de-Calais)

M. Questel, rapporteur, soumet à la Commission le projet proposé par M. Morey, architecte, pour la condolidation d'un pilier de la tour Saint-Bertin ; ce projet consiste à doubler les piliers, au moyen d'arcs qui couperaient la hauteur d'une des arcades existantes en deux parties.

Le rapporteur, d'accord avec MM. Labrouste et Caristie, est d'avis qu'il y aurait plus d'économie à reprendre les piliers en sous-oeuvre, en remplissant les arcades par de la maçonnerie qu'on enlèverait après la reprise des piliers. Ce moyen consoliderait véritablement, tandis que dans le projet de M. Morey, le mauvais état des piliers défigurerait l'édifice.

Église Saint-Vincent de Mâcon (Saône-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre du préfet de Saône-et-Loire qui réclame une allocation promise sur 1847 pour les réparations de l'église Saint-Vincent à Mâcon, et demande un supplément de 500 Francs à ce secours.

Le rapporteur propose, si on maintient l'allocation, de faire remarquer au Conseil municipal que c'est une gracieuseté qu'on lui fait. Quant à la demande nouvelle, il faudrait, pour faire droit, avoir un rapport de l'architecte sur les travaux exécutés, qui n'est pas joint à la demande.

La Commission, d'après ces observations impute, sur 1850 les 1 500 Francs promis et est d'avis de réclamer l'état des travaux.

Cloître de Buisson-de-Cadouin (Dordogne)

M. Mérimée, rapporteur, croit qu'il serait déplorable d'abandonner le cloître et l'église de Cadouin, et il est d'avis d'accueillir la demande adressée par M. Abadie d'une allocation pour les réparations les plus urgentes. Il propose d'accorder sur 1851 un secours de 4 000 Francs pour le cloître, et, quant à l'église, il ne voit que de l'avantage à faire exécuter, ainsi que le propose l'architecte, un travail graphique qui permettra d'apprécier plus exactement l'importance de l'édifice.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de Cully (Calvados)

Sur la proposition de M. Labrouste, la Commission décide que M. Ruprich-Robert sera chargé d'étudier les moyens de consolidation les plus propres à 80/15/007/113 assurer la conservation du clocher de l'église de Cully.

Fouilles à Rayon (Aisne)

Sur l'avis de M. Lenormant, la Commission accorde une somme de 200 Francs sur 1851 pour son concours dans les fouilles de Rayon.

Fouilles de Laudunum

M. Lenormant, rapporteur, propose de réserver, pour les fouilles commencées sur l'emplacement de Laudunum, une somme de 2 000 Francs en deux exercices qui seront accordés définitivement lorsque la Commune aura reconnu les droits qu'a l'État de partager le résultat des fouilles quand il y a contribué par ses subventions.

Le rapporteur propose de demander en même temps un dessin ou un rapport spécial, au sujet de l'autel orné de peintures sur les trois faces dont la disposition sommaire se trouve dans le rapport de M. Baudot.

La Commission approuve ces conclusions et réserve 1 000 Francs sur 1851, et 1 000 Francs sur 1852.

Maison à Rodez (Aveyron)

M. de Guizard fait connaître à la Commission que la Ville de Rodez serait dans la disposition d'acheter une maison de cette Commune remarquable par son architecture pour en faire la Maison Commune et son Musée. Cet achat l'entraînera dans une dépense de 40 à 50 000 Francs. M. le directeur des Beaux-arts demande si la Commission ne pourrait pas, dans le cas où la Ville de Rodez donnerait suite à ce projet, se charger de la restauration de ce petit monument pour une somme de 20 000 Francs environ.

La Commission est d'avis qu'elle ne saurait prendre de détermination sur cette proposition avant d'être saisie de l'affaire par la production d'un dessin ou d'un devis. M. de Guizard partage cette opinion et se charge de les réclamer.

Église de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle que l'église de Dives pour laquelle un secours est demandé, est classée, mais il croit que c'est par suite d'une confusion avec l'église de Saint-Pierre-sur-Dives que cette faveur a été accordée. Ce monument appartient au style du XVe siècle, et il se trouve dans un état déplorable. La couverture entre autres choses est entièrement pourrie.

Comme le travail graphique joint à la demande est tout à fait incomplet, qu'en outre l'église ne paraît pas offrir un intérêt considérable, le rapporteur est d'avis de renvoyer l'affaire au ministère des Cultes, en prévenant toutefois 80/15/007/114 le préfet que le projet qu'on se propose d'exécuter est capable d'entraîner la chute de l'édifice.

Ces conclusions sont approuvées.

Ancienne cathédrale de Vaison-la-Romaine (Vaucluse)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'ancienne cathédrale de Vaison n'est plus même aujourd'hui une paroisse, L'architecte du Vaucluse envoie un devis de 800 Francs pour mettre des vitraux aux fenêtres et annonce l'envoi d'un travail général sur l'édifice.

Le rapporteur pense qu'il faut ajourner toute allocation jusqu'au moment où la Commission pourra approuver l'ensemble des dépenses à faire pour assurer la conservation de ce beau monument ; et en attendant, on écrirait au ministre des Cultes et à Monseigneur l'évêque d'Avignon pour obtenir l'érection de cette église en paroisse.

Cet avis est approuvé.

Église de Saint-Saturnin (Puy-de-Dôme)

Conformément à son rapport du 21 juillet, M. Mérimée propose d'accorder à l'église de Saint-Saturnin une somme de 2 040 Francs pour la réparation de son clocher et l'exécution du devis supplémentaire de M. Mallay.

Ces conclusions sont approuvées. Les 2 040 Francs sont alloués sur 1851.

Église de Beaulieu (Tarn-et-Garonne)

Le préfet de Tarn-et-Garonne insiste de nouveau auprès du ministre pour que la translation de l'église de Beaulieu à Saint-Antonin soit effectuée et prie le ministre de revenir sur la décision qu'il avait prise de retirer la subvention.

M. Mérimée, rapporteur, pense que, pour prouver à la Commune tout l'intérêt que l'administration porte aux efforts qu'elle a faits pour la construction de son église, on pourrait de nouveau réserver l'allocation de 10 000 Francs. Mais il ne croit pas que, dans aucun cas, il y ait lieu d'accorder cette allocation que lorsque les clauses de la première promesse auraient été remplies, c'est-à-dire lorsqu'une somme suffisante, soit 153 000 Francs, aurait été remplie pour transporter à Saint-Antonin l'église de Beaulieu et l'y rebâtir.

Approuvé.

Prieuré de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren (Côtes-du-Nord)

Sur l'avis de M. Mérimée, rapporteur, la Commission accorde sur 1851 pour les travaux projetés à l'église de Châtelaudren, une somme de 2 025 Francs montant du devis supplémentaire de M. Lambert en date du 7 novembre 1850.

Vitraux de Sèvres (Seine-et-Oise)

M. de Guizard transmet à la Commission des propositions qui lui ont été faites par le secrétaire général du ministère du Commerce au sujet des verrières de Sèvres.

La Manufacture serait disposée à donner à la direction des Beaux-arts 50 mètres environ de verrières par an, si, de son côté, l'administration de l'Intérieur consentait à lui fournir les cartons et les ferrures pour lesquels elle manque de crédits.

M. le directeur demande à la Commission de vouloir bien lui donner son opinion sur cette ouverture du ministre du Commerce.

MM. Lenormant, Mérimée et 80/15/007/115 Vitet sont d'avis que, si la Manufacture de Sèvres a, la première, relevé en France l'art de la peinture sur verre, la mauvaise marche, qu'elle a toujours suivie et dont les résultats ont été vus de tout le monde aux différentes Expositions, a été cause que dès qu'une restauration sérieuse de verrières a dû être entreprise, on ait cru devoir s'adresser à d'autres fabrications que la sienne. Et aujourd'hui que l'industrie privée est en état de faire face à toutes les demandes que la France et même l'étranger peuvent lui faire, ce serait décourager complètement les artistes qui se sont mis à la tête de ces établissements que d'accepter les offres du ministre du Commerce. Il y aurait en outre cet inconvénient qu'on ne pourrait agir avec l'administration du Commerce comme avec un particulier et refuser les verrières qui paraîtraient défectueuses.

En somme, MM. Lenormant, Mérimée et Vitet pensent qu'il y a lieu de répondre au ministre du Commerce que la Commission des Monuments ne donne jamais de fonds pour l'établissement de vitraux neufs ; que par conséquent elle ne peut accepter les propositions qui lui sont faites, car pour les restaurations de verrières anciennes, elle est obligée de s'adresser à l'industrie privée, qui seule jusqu'ici s'est scrupuleusement conformée aux procédés particuliers à l'époque des vitraux, qu'on lui a donné à restituer.

Cet avis est partagé par la Commission.

Revendication de bancs sculptés appartenant à l'église Saint-Pierre de Bordeaux (Gironde)

La Commission est d'avis de proposer à M. le ministre de l'Intérieur de vouloir bien s'opposer par toutes les voies de droit, à la vente d'un objet compris au catalogue de la Collection de M. Fouquieux, qui doit avoir lieu prochainement à la salle du commissaire priseur.

Cet objet décrit, sous le n° 220, comprend deux bancs de choeur, huit stalles en bois sculpté d'un très beau style, travail du XVe siècle, provenant de l'église Saint-Pierre à Bordeaux.

La séance est levée et renvoyée au vendredi 29 novembre. 80/15/007/116

29 novembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. Mérimée, Caristie, Buchez, Mercey, de Maleville, de Pastoret, Lenormant, Labrouste, Questel, Vaudoyer, Vitet, de Guizard, Courmont.
Stalles de l'église Saint-Martial à Bordeaux (Gironde) [sic]

Le secrétaire, M. Courmont, donne connaissance à la Commission des résultats produits par l'opposition qui a été faite, sur son avis, à la vente annoncée de 16 stalles provenant de l'église Saint-Martial (Saint-Laurent) à Bordeaux. Le marchand, propriétaire de ces objets, ne persiste pas à en poursuivre la vente, il est dans l'intention de les rendre à la Fabrique de Saint-Martial, mais il demande à être remboursé de ses frais.

La Commission décide qu'au point où elle en est, l'affaire doit être renvoyée au ministère des Cultes avec l'invitation de réclamer la réintégration des stalles de la part de la Fabrique.

Église Saint-Jean à Chaumont (Haute-Marne) Monnaies trouvées dans cette église

M. Mérimée, rapporteur, apprend à la Commission qu'on vient de trouver sur les voûtes de l'église Saint-Jean, à Chaumont, dans le cours des travaux qui s'y exécutent, un grand nombre de monnaies renfermées dans un coffret de fer qui paraît avoir été placé en cet endroit du temps de Charles VII.

M. Mérimée demande que ce petit trésor soit partagé en plusieurs parts que les pièces uniques soient placées au Cabinet des Médailles, qu'une collection soit réservée à la Ville de Chaumont, et qu'un certain nombre de pièces soit donné à M. de Lassaussay, qui en a fait le catalogue, pour le Musée de Blois, et à M. Duchalais pour une collection commencée à Orléans.

Ces propositions sont adoptées. 80/15/007/117

Peintures de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. de Maleville annonce qu'il n'a pas encore remis au ministre le rapport rédigé par M. Mérimée au sujet des peintures de Fontainebleau. S'il ne l'a pas fait, c'est que le ministre des Travaux publics lui a affirmé que la Commission était mal renseignée et que les assertions étaient inexactes.

M. Lenormant pense que, du moment qu'on conteste les faits, la Commission ne peut pas se dispenser d'aller elle-même à Fontainebleau les vérifier.

La Commission accepte cette proposition et décide qu'elle se rendra à Fontainebleau le mercredi 4 décembre, MM. Couder et Blouet devront être avertis.

Forêt de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. de Guizard donne lecture d'une réclamation adressée au ministre par un certain nombre de peintres paysagistes au sujet du projet conçu par l'administration des Forêts d'abattre les futages du Bois-Bréau. M. de Pastoret demande que cette lettre lui soit envoyée pour qu'il puisse saisir l'Académie des Beaux-arts de cette affaire.

Il pense que la Commission doit également intervenir en faveur de la conservation de ces arbres qui sont la meilleure école de paysage que les peintres puissent trouver dans notre pays.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église de Laon (Aisne) et Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

M. Mérimée fait savoir à la Commission que le ministre serait dans l'intention de demander prochainement à l'Assemblée un crédit extraordinaire pour la restauration de l'église de Laon, mais il désirerait que ce projet fût accompagné d'une autre demande en faveur d'un monument plus renommé en quelque sorte. M. Mérimée propose d'y adjoindre le Pont du Gard dont la réparation est urgente.

La Commission partage cette opinion, et, persuadée qu'il est nécessaire que ce travail soit confié à un de ses membres pour montrer l'importance qu'elle y attache, elle désigne M. Questel pour le préparer.

Statues de Louis XIII et de Louis XIV appartenant à l'église [sic] cathédrale Notre-Dame à Paris (Seine)

Sur la proposition de MM. Lenormant et de Pastoret, la Commission décide qu'une démarche sera faite auprès de M. le ministre de l'Intérieur pour obtenir de son administration la réintégration dans l'église Notre-Dame des statues de Louis XIII et de Louis XIV qui en ont été enlevées en 1830 pour être transportées à Versailles, et qui depuis ont été placées dans la collection du Louvre.

M. de Pastoret annonce qu'il fera adresser une semblable réclamation au ministre par le Conseil de Fabrique de Notre-Dame.

Église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'on demande pour l'église Sainte-Croix de Quimperlé un secours de 1 000 Francs afin d'y faire des réparations dont il est maintenant impossible de connaître exactement l'importance.

Le rapporteur est d'avis d'ajourner toute allocation jusqu'à la production d'un travail complet sur l'église de Quimperlé, qu'il propose de demander à M. Lambert.

Cet avis est partagé par la Commission.

Église Saint-Étienne de Nevers (Nièvre)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'il résulte d'une dépêche du ministre de la Guerre qu'il est disposé à faciliter, autant qu'il dépendra de lui, 80/15/007/118 l'exécution des travaux projetés par la Ville pour l'assainissement de l'église Saint-Étienne du Mont, mais qu'il ne saurait céder sans le consentement de l'administration des Domaines la parcelle de terrain que le ministre, sur l'avis de la Commission, avait réclamée de lui par une dépêche, en date du 26 août dernier.

Sur la proposition du rapporteur, la Commission est d'avis d'écrire au ministre de la Guerre pour le remercier de sa bonne volonté, et lui proposer de permettre qu'on abaisse le terrain autour de l'abside de l'église et d'accorder à la Ville l'autorisation de prendre les autres dispositions nécessaires pour la conservation du monument.

Église de Montmoreau (Charente)

M. Mérimée, rapporteur, expose que M. Abadie signale, aujourd'hui que les travaux de Montmoreau sont terminés, un déficit de 17 400 Francs dans le montant de la restauration. Comme la Commune est absolument dépourvue de ressources et qu'il n'y a rien à attendre de son côté, qu'en outre il n'y a pas lieu de supposer que le ministre des Cultes veuille contribuer à la dépense dans une proportion plus forte que le ¼, le rapporteur propose

1° d'admonester M. Abadie et de l'inviter sévèrement à apporter à l'avenir plus de régularité dans ses travaux,

2° de demander au ministre des Cultes une allocation nouvelle de 4 275 Francs,

et enfin d'accorder sur l'exercice 1850 une somme de 13 125 Francs.

Ces conclusions sont adoptées.

Peintures de Saint-Eustache et de Saint-Germain-des-Prés à Paris (Seine)

M. Lenormant expose le projet conçu par la Ville de Paris de faire exécuter des peintures à Saint-Eustache et à Saint-Germain-des-Prés. D'après les dessins de M. Victor Baltard, M. Séchan serait chargé des peintures de Saint-Eustache, MM. Denuelle et Révoil de celles de Saint-Germain-des-Prés.

Le rapporteur craint que les observations que la Commission pourrait présenter au sujet de l'habitude fâcheuse prise par la Ville de Paris de confier à un seul artiste la direction de la décoration de toutes les églises de Paris ne soient sans résultats. Il propose donc d'autorité purement et simplement.

M. de Pastoret ne partage pas cet avis, il croit qu'il faut faire sentir à la Ville tout le déficit de sa manière de procéder et l'inviter à suivre 80/15/007/119 une autre voie.

M. Buchez, ancien membre de la Commission municipale, partage cet avis et croit que ce serait le cas d'entrer en rapport avec la Commission municipale.

La Commission en résumé serait d'avis qu'il ne devrait pas se faire, dans les monuments importants de la Ville de Paris, de projet de décoration sans que ce projet ait été soumis à la critique de l'administration centrale. Elle charge M. Lenormant de rédiger un projet de rapport au ministre sur cette question.

Correspondants pour les Monuments historiques

M. de Maleville demande que la Commission veuille bien présenter au ministre pour être admis au nombre des correspondants du ministère, MM. Lespès à Saint-Sever (Landes) et de Ginestel, bibliothécaire à Bayonne (Basses-Pyrénées).

Hôtel de ville de Bergues (Nord)

Sur la proposition de M. de Maleville, la Commission décide qu'il sera demandé un projet de réparation de l'Hôtel de ville de Bergues.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission est d'avis d'inviter le conservateur de l'Hôtel de Cluny à faire enlever les cuirs peints qu'il avait placés dans la salle des tapisseries, et à les faire remettre dans la place qu'ils occupaient précédemment

Château d'Écouen (Seine-et-Oise)

La Commission demande qu'il soit ajouté dans le rapport au sujet des peintures de Fontainebleau quelques mots au sujet des réparations qui s'exécutent en ce moment au château d'Écouen.

Hôtel Lambert à Paris (Seine)

La Commission décide que M. Holfeld sera invité à fournir son dessin de l'Hôtel Lambert avant sa séance prochaine, jour qu'elle fixe pour trancher la question qui lui est soumise.

La séance est levée et renvoyée au vendredi 6 décembre. 80/15/007/120

6 décembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Maleville, Lenormant, Mérimée, de Laborde, de Guizard, de Contencin, Caristie, Mercey, Vitet, Courmont.
Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière séance qui est adopté.
Statues de Louis XIII et de Louis XIV à Paris (Seine)

M. de Laborde réclame contre une décision prise par la Commission, dans la dernière séance, au sujet des statues de Louis XIII et de Louis XIV qu'on vient de transporter de la chapelle du château de Versailles dans la galerie du Louvre et que la Commission demandait qu'on rendît à l'église Notre-Dame.

M. de Laborde propose de demander des copies en plâtre ou en marbre à l'église Notre-Dame mais il s'élève contre l'idée adoptée. M. Lenormant persiste dans sa proposition.

Musée de Cluny à Paris (Seine)

M. de Guizard demande que des modifications soient faites dans la salle de l'Hôtel de Cluny destinée à exposer les tapisseries. Il propose quelques moyens.

La Commission charge M. Lenormant de suivre les différents essais que devra faire M. du Sommerard, et de préparer un rapport sur les résultats qu'il aura obtenus.

Église Notre-Dame de Laon (Aisne)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une lettre par laquelle le Conseil de Fabrique de l'église Notre-Dame de Laon et le Conseil général de l'Aisne réclament l'intervention du gouvernement à l'effet de remédier à l'état de dégradation fâcheux et véritablement inquiétant dans lequel se trouve la magnifique cathédrale de cette ville.

La Commission, sur l'avis de M. l'inspecteur général, décide que la lettre du Conseil de Fabrique de Notre-Dame et la délibération du Conseil général seront communiquées à M. le ministre de l'Intérieur.

Église de Brantôme (Dordogne)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre par laquelle M. Abadie donne avis au ministre que, sur l'invitation du préfet de la Dordogne, M. le maire de Brantôme vient de lui signifier de débarrasser le chantier de ses travaux, sur l'emplacement duquel on a l'intention de faire passer une route. M. Abadie réclame contre cette décision qui ne peut qu'avoir des résultats fâcheux pour le monument 80/15/007/121 dont la restauration lui est confiée.

Sur l'avis du rapporteur, la Commission décide que la note de M. Abadie sera communiquée au préfet, et exprime le voeu que M. le ministre insiste pour que la route ne soit pas changée, et pour qu'elle ne passe pas le long du mur de l'abside ni sur la terrasse.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'il résulte d'une lettre du préfet de l'Oise que l'entrepreneur des travaux de Saint-Leu-d'Esserent demande une nouvelle expertise des travaux dont M. Auger a remis dernièrement le règlement.

Comme il est à craindre que le sieur Puissant n'ait d'autre but, en faisant cette demande, que de gagner du temps, le rapporteur croit qu'il est préférable de faire statuer le plus tôt possible le Conseil de préfecture, et de poursuivre l'affaire dans les formes légales et avec la plus grande rigueur.

Cet avis est partagé par la Commission.

Peintures de Saint-Eustache et de Saint-Germain-des-Prés à Paris (Seine)

M. Lenormant donne à la Commission lecture du rapport suivant au sujet des projets transmis à M. le directeur des Beaux-arts pour les peintures de Saint-Germain-des-Prés et de Saint-Eustache.

Le résumé de ce rapport tend à demander avec une nouvelle instance que désormais aucun monument classé ne demeure soustrait à la surveillance de la Commission, et que le ministre de l'Intérieur fasse observer à Paris comme ailleurs cette juridiction qu'il a créée. (36)

Rapport de M. Lenormant sur ces peintures :

"Les marchés relatifs à des peintures d'ornements que la préfecture de la Seine a l'intention de faire exécuter dans deux églises de Paris, Saint-Eustache et Saint-Germain-des-Prés, rentrent naturellement dans les attributions de la Commission des Monuments historiques .

En effet, les deux églises auxquelles on destine ces peintures sont au nombre des monuments les plus dignes d'intérêt de la Ville de Paris ; elles ont été classées depuis plusieurs années, et, si l'on suivait, en ce qui concerne les édifices de la capitale, les règles imposées à tous les départements de la France, le préfet de la Seine ne pourrait ordonner l'exécution d'aucun travail nouveau dans ceux de ces édifices qui ont été officiellement rangés au nombre des Monuments historiques, sans l'avis préalable de la Commission chargée de ce service par le ministre de l'Intérieur.

On sait malheureusement que dans la pratique il n'en est pas ainsi : la Commission n'intervient que par sa propre initiative. En ce qui concerne les Monuments historiques de la capitale : la préfecture de la Seine 80/15/007/122 n'a jusqu'ici tenu aucun compte des instructions ministérielles, en ce qui concerne les Monuments historiques, et, dans le cas particulier sur lequel nous sommes appelés à délibérer, c'est uniquement à une communication officieuse de M. le directeur des Beaux-arts que nous devons d'être instruits des projets de l'administration départementale.

En règle générale et a priori, ce qui concerne la décoration des églises de la capitale est réglé d'une manière qui donne lieu aux objections les plus sérieuses. C'est une seule personne à qui ce service considérable est confié, et quel que soit le talent de cet artiste, on ne peut admettre qu'il puisse se prêter à la diversité des styles qu'exigent des édifices construits dans des siècles si différents. Supposez même que l'architecte en question posséde cette heureuse variété de disposition, il y aurait toujours de l'inconvénient à ce qu'un seul homme étende sa manière personnelle à tous les monuments religieux de Paris. L'individualité est nécessaire chez un artiste, mais cette qualité devient un danger, quand on laisse un seul homme imprimer son cachet à quarante édifices différents.

Dans la circonstance présente, on a suivi la marche habituelle, en apparence du moins : M. Séchan, pour Saint-Eustache, MM. Bérail et Denuelle, pour Saint-Germain-des-Prés, semblent n'avoir d'autre mission que d'exécuter des projets d'ornementation qui appartiennent à M. Victor Baltard. Il est possible toutefois qu'en réalité les positions soient un peu différentes, que, par exemple, M. Séchan ait à peu près les coudées franches dans les cinq chapelles de Saint-Eustache qui lui sont attribuées, et que M. Denuelle soit désormais plus maître de l'ornementation intérieure de Saint-Germain-des-Prés que lorsqu'il s'agissait de compléter les belles peintures historiques exécutées par M. Hippolyte Flandrin. Dans le choeur de cette église, s'il en est ainsi, nous devons dire que M. Denuelle, artiste éprouvé dans ces sortes de travaux, doit offrir à la Commission des Monuments historiques, toutes les garanties d'un style approprié au monument et d'une bonne exécution, tandis qu'on peut s'inquiéter de voir des parties d'une église élégante et originale comme Saint-Eustache abandonnées à la fougue d'un artiste qui a fait ses preuves dans un genre absolument opposé à toute destination religieuse.

Au reste, quelles que 80/15/007/123 soient ces remarques, la seule sur laquelle nous devions insister, puisque l'occasion s'en présente, a trait à la situation fâcheuse où se trouve la Commission des Monuments historiques par rapport à l'administration départementale de la Seine.

Nous demandons avec une nouvelle instance que désormais aucun monument classé ne demeure soustrait à la surveillance de la Commission ou que le ministre de l'Intérieur fasse observer à Paris comme ailleurs une juridiction qu'il a créée."

Sur ce rapport, la Commission décide que M. le directeur des Beaux-arts sera prié d'insister dans le sens indiqué par M. Lenormant auprès de son collègue de l'administration départementale et communale.

Église du Prieuré de Morteau (Doubs)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission, en considération de l'intérêt que présente le joli cloître de Morteau, alloue sur 1851 la somme de 1 000 Francs promise en 1847 et annulée par une décision postérieure, faute d'emploi.

Ancienne cathédrale de Senlis (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un rapport adressé au ministre par M. Verdier fait connaître les fâcheux résultats des réparations maladroites exécutées à Senlis, au lieu de s'occuper de travaux vraiment urgents, on a dépensé des sommes considérables en reprise à l'ornementation, aussi inutiles que mal exécutés.

Le devis de M. Verdier s'élève pour les deux premières catégories à 20 000 Francs. Le rapporteur propose d'en allouer 10 000 Francs en deux exercices à la condition que la Ville pourvoira au reste de la dépense. M. Mérimée fait toutefois observer que dans un temps donné la 3e catégorie de travaux s'élevant à 95 000 Francs devra être exécutée si l'on veut éviter une catastrophe, car ils ont pour but de rétablir l'ancien système d'écoulement des eaux qui a été changé à tort, ce qui fait que l'église souffre aujourd'hui d'infiltrations occasionnées par le mauvais système des couvertures.

Ces conclusions sont approuvées. 10 000 Francs sont alloués conditionnellement savoir 5 000 Francs sur 1851 et 5 000 Francs sur 1852.

Église Saint-Esprit de Rue (Somme)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux de la chapelle Saint-Esprit à Rue touchent à leur fin ; une somme de 6 000 Francs à peu près suffirait pour les terminer. Jusqu'à présent les travaux de cette église 80/15/007/124 ont été exécutés sur les fonds du ministère de l'Intérieur avec le concours très faible du département et il est impossible d'espérer celui du ministère des Cultes attendu que cette chapelle n'est ni paroissiale, ni succursale.

Le rapporteur propose d'accorder 4 000 Francs sur 1851, et de demander au département une allocation de 2 000 Francs.

Ces conclusions sont adoptées. 4 000 Francs sur 1851.

Église Saint-Just de Narbonne (Aude)

M. Mérimée, rapporteur, donne lecture d'une lettre de M. le maire de Narbonne qui réclame un secours en faveur de l'église Saint-Just, pour l'aider à exécuter des réparations urgentes tendant à éviter la ruine de cet édifice. Le rapporteur croit que les craintes exprimées par M. le maire sont fort exagérées. L'église aurait besoin de quelques réparations d'entretien et surtout d'une allocation assez considérable pour qu'on pût les terminer. Mais comme le rapporteur ne pense pas que ni les travaux d'entretien, ni l'achèvement doivent être imputés sur le fonds des Monuments, il propose d'ajourner toute allocation.

Cet avis est adopté.

Château de Fontainebleau (Seine-et-Marne)

M. Lenormant expose le résultat des observations que la Commission a faites dans le cours de la visite au château de Fontainebleau.

"L'impression de la Commission entière a généralement été la même. Afin de se rendre un compte exact de la question qu'elle avait à examiner, la Commission a voulu suivre un ordre méthodique dans son examen. Elle a voulu voir, d'abord, les restaurations faites antérieurement, dans la Salle de bal de Henri II, l'ancienne chambre de la duchesse d'Étampes, enfin celle de la porte dorée. Les premières exécutées par M. Alaux, les secondes par M. Abel de Pujol, les troisièmes par M. Picot.

Ensuite, la Commission a pris connaissance des peintures qui décoraient l'ancienne galerie de Diane, puis, pour voir les peintures qui n'eussent encore subi aucune restauration, elle a examiné attentivement les travaux de Martin Fréminet dans la chapelle des Trinitariens faisant actuellement partie du salon. Malheureusement, ces peintures sont en très mauvais état, et ce n'est que par celles qui sont placées derrière l'autel qu'elle a pu se rendre compte de l'intérêt qu'elles devaient présenter.

Enfin, elle s'est transportée dans la Chapelle royale qui sert actuellement de bibliothèque, pour y voir les quelques 80/15/007/125 fragments de décoration qu'on pense y apercevoir.

Après s'être ainsi bien renseignée, et avoir comparé ce qui subsiste et ce qui a été l'objet d'une restauration plus ou moins complète, la Commission s'est rendue dans la galerie de François Ier.

Là, plusieurs questions ont paru devoir être l'objet de son examen, les unes concernant l'architecte et sur lesquelles M. Blouet a été le premier à demander l'avis de la Commission ; parmi ces premières questions est celle du surélèvement de la galerie exécutée sous le roi Louis-Philippe. On a superposé aux stucs anciens une frise en plâtre de l'effet le plus fâcheux. L'architecte serait d'avis de l'enlever et de mettre à la place quelque chose de plus calme qui laisserait toute leur valeur aux anciens stucs.

La Commission, sur ce point, a partagé l'opinion de l'architecte.

Le rapporteur, passant ensuite à l'entreprise confiée à M. Couder, est d'avis que l'artiste ne fait en définitive qu'achever ce qu'on avait déjà fait dans le château avec une espèce d'approbation. Venant après trois artistes recommandables qui avaient plutôt reçu des compliments pour leurs travaux, il a cru faire une chose toute simple qui ne pouvait donner lieu à des observations sérieuses. On ne peut donc contester même son talent, même sa bonne foi.

Mais quel a été le résultat des observations de la Commission quand elle a examiné les restaurations des autres peintres. Parmi eux, il y en avait dont le talent ne se prêtait aucunement à des travaux de ce genre là ? Quel parti ont-ils pris devant des peintures en grande partie détruites ? Ils ont d'après des estampes et des dessins refait des tableaux. Voilà ce qu'on peut dire des travaux de MM. Pujol et Picot. Quant à M. Alaux, d'un talent plus souple que les deux autres artistes, il s'est trouvé chargé d'une tâche bien plus délicate. Il y avait dans la Salle de bal des endroits où la peinture n'existait plus, mais certaines grandes compositions étaient encore bien conservées. Certainement, M. Alaux s'est bien rendu compte des peintures qu'il était chargé de restaurer, il avait un talent bien adapté à ce genre de travail, et cependant malgré ces deux conditions sa restauration est loin d'être irréprochable. A quoi cela tient-il ?

Au parti pris pour la décoration de la salle entière. La précaution qu'on aurait dû prendre, c'était de tenir le plafond et la boiserie dans des gammes peu brillantes de manière que l'artiste n'eût qu'à réparer les fresques et non pas à les remonter de tout. On a fait tout le contraire, on a multiplié l'or et M. Alaux a dû 80/15/007/126 remonter les peintures, peut être plus qu'elles n'étaient dans l'origine. La Galerie de François Ier était dans les mêmes conditions de détérioration que la Galerie de Henri II.

Ce monument respectable après avoir subi les outrages du temps, fut dans le siècle dernier mis entre les mains d'un homme plein de talent, Carle Van Loo, qui pour obéir au désir de revoir les peintures ravivées, refit entièrement un des côtés des compositions du Rosso. Ainsi, tel était l'état des peintures avant que M. Couder pénétrât dans la Galerie : à droite tous les tableaux repeints dans un style qui n'avait aucun rapport avec celui de l'école florentine, du côté gauche, les oeuvres du Rosso, dégradés, en mauvais état, mais encore assez reconnaissable pour qu'on pût étudier l'effet de cette peinture que les maîtres italiens venaient d'introduire en France.

Pour la partie restaurée par Carle Van Loo, M. Couder a à peu près enlevé tout ce qu'il était possible d'enlever, et il a tâché de retrouver l'ancien modelé du Rosso.

Sous ce rapport, il n'y a aucun reproche à lui adresser. Quant à ce qui concerne l'autre partie à gauche, M. Couder a considéré cette décoration, comme MM. Picot et Pujol avaient envisagé la leur, il a repris des gravures et des dessins et a refait les peintures avec une main, des pratiques et des idées d'amélioration qui n'appartiennent qu'à notre époque.

M. Blouet atteste que, depuis qu'il est chargé de la direction des travaux de Fontainebleau, M. Couder n'a pour ainsi dire pas continué la restauration, et pour ce qu'il a fait, il a suivi les indications de la Commission nommée par le ministre des Travaux publics, pour fixer le sens dans lequel ce travail devrait être fait.

M. Lenormant croit qu'effectivement, depuis les avertissements qu'il a reçus, M. Couder a cherché à se rapprocher dans sa manière de celle de M. Alaux. Il croit même entrevoir qu'il a nettoyé un des tableaux qu'il avait entièrement refait pour le repiquer avec soin et faire une véritable restauration. Mais il n'est pas persuadé qu'il aît toujours mis le même soin. Ainsi, dans le tableau représentant un éléphant, des ornements ont été changés. En résumé, sur 6 trumeaux qui ornent la partie gauche, le rapporteur est d'avis qu'il y en a 4 qui n'existent plus, et 2 qui sont heureusement préservés."

Reste donc à examiner la question même du principe de la restauration.

Le rapporteur croit qu'on peut la résoudre en faisant une comparaison : si l'on apprenait, dit-il, 80/15/007/127 que le Pape voulant encourager les arts, ait donné l'ordre de restaurer les peintures des salles de Raphaël ou celle des Loges que le temps a presque entièrement détruites, il n'y aurait dans toute l'Europe qu'un cri d'indignation. La restauration des peintures de Fontainebleau est aussi fâcheuse, il n'y avait rien en France de plus intéressant que cette suite des oeuvres des maîtres italiens que François Ier avait appelés à sa cour.

Le Primatice, élève de Jules Romain, Rosso le peintre de Florence qui ait le mieux conservé la tradition de Michel-Ange, enfin Nicollo de l'Abbate, élève du Corrège, deviennent à leur tour les maîtres d'une école qui produisit Martin Fréminet, Dubois et Dubreuil qui ont continué après eux la décoration de Fontainebleau, de manière qu'il n'y avait point en France une seule chose aussi capitale au point de vue de l'histoire de l'art.

En résumé, le rapporteur demande que puisqu'il n'y a rien pour ainsi dire maintenant qu'on puisse dire avec certitude être de la main des maîtres italiens, que l'on préserve au moins de la restauration les deux seuls trumeaux de la galerie de François Ier, qui sont restés intacts, et il insiste pour qu'on présente au ministre le rapport de M. Mérimée qui est justifié de tous points, car on ne saurait se montrer trop prompt pour empêcher que les peintures dont il s'agit ne soient détruites.

La Commission, sur la proposition de M. Mérimée, décide que M. Lenormant préparera un rapport sur les impressions de la Commission dans la visite à Fontainebleau, qui sera joint au rapport de M. l'Inspecteur général.

Statues de Louis XIII et de Louis XIV à Paris (Seine)

M. de Guizard donne lecture d'une lettre de M. de Nieuwerkerke relative aux statues de Louis XIII et de Louis XIV dont il a été question au commencement de la séance, la Commission décide qu'elle reprendra dans sa prochaine séance la discussion de cette affaire.

La Commission s'ajourne au vendredi 13 décembre 1850 [sic].

Hôtel Lambert à Paris (Seine)

La Commission décide que M. Savinien Petit sera seul chargé de l'exécution des copies des peintures de l'Hôtel Lambert qui seront désignées par la sous-commission chargée de ce soin. Quant aux dessins fournis par MM. Holfeld et Laurens, ils leur seront payés sur la demande qu'ils en feront. 80/15/007/128

20 décembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Laborde, Mérimée, Questel, de Contencin, Hauréau, Buchez, de Maleville, Lenormant, Vitet, de Guizard, Paul Lacroix, Vaudoyer, Mercey, Courmont.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et sa rédaction est adoptée.
Église de Saint-Michel de l'Aiguille au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, donne à la Commission lecture d'une lettre de Monseigneur l'évêque du Puy et d'un mémoire du Conseil de Fabrique de l'église Saint-Laurent au sujet du projet conçu pour l'administration centrale de restaurer la chapelle de Saint-Michel, dont la jouissance appartient à la Fabrique de Saint-Laurent. La Fabrique se plaint de n'avoir pas été consultée sur les travaux projetés, ainsi que cela aurait dû avoir lieu si l'on s'était conformé aux prescriptions des circulaires de M. le ministre des Cultes. M. de Contencin pense que le conseil n'a pas bien saisi l'esprit de la circulaire qu'il invoque et qui a trait seulement aux constructions d'église et de presbytère.

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que les projets seront soumis officieusement à monseigneur l'évêque du Puy, et qu'il ne sera pas répondu à la communication de la Fabrique dont les termes ne semblent pas convenables.

Église de Cunault à Chênehutte-Trèves-Cunault (Maine-et-Loire)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre par laquelle M. Joly l'informe de découvertes intéressantes qu'il vient de faire dans l'église de Cunault.

Copie de dessins : demande faite par l'administration des Ponts et Chaussées

M. Renaux, professeur d'architecture à l'École des Ponts et Chaussées, est introduit.

Sur la demande du président, il expose quel usage il voudrait faire des dessins que renferme les archives de la Commission et dont il a demandé communication. M. Renaux aurait l'intention d'envoyer un dessinateur pour prendre copie des dessins qu'il choisirait dans la collection, et ces copies seraient ensuite reproduites par la gravure pour être mises entre les mains des élèves. M. Renaux annonce qu'il viendra prochainement prendre connaissance des cartons de la Commission et qu'il indiquera quels dessins il serait dans l'intention de faire copier. [M. Renaux se retire. ]

Publication des dessins de la Commission.

Par suite de la communication de 80/15/007/129 M. le professeur de l'École des Ponts et Chaussées, la Commission est d'avis de reprendre le projet anciennement conçu de publier les dessins qu'elle possède.

Elle charge M. Mérimée de préparer pour la prochaine séance un projet de loi dans le but d'arriver à la solution de cette question.

Église Saint-Étienne de Beauvais (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les réparations de l'église Saint-Étienne de Beauvais ont été jusqu'à présent assez mal dirigées par l'architecte de la Ville qui, avec les fonds de la Fabrique et ceux qu'accorde le Conseil municipal, a fait exécuter un certain nombre de travaux secondaires tandis qu'il a négligé de restaurer les parties les plus importantes de l'édifice. A son dernier voyage à Beauvais, le rapporteur a appelé sur cette situation l'attention de M. Verdier et l'a prié de faire un devis sommaire des travaux les plus urgents. Ils forment en totalité 17 214 Francs.

Le rapporteur propose d'accorder une somme de 12 000 Francs en deux exercices, applicables à la restauration du transept, aux conditions suivantes :

1° que M. Verdier sera chargé de la direction des travaux,

2° que la Ville et la Fabrique fourniront ou obtiendront une somme nécessaire pour compléter le devis de M. Verdier et de plus pourvoiront à la réparation de la tour.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission : 6 000 Francs sur 1851 et 6 000 Francs sur 1852 conditionnellement.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

M. Vaudoyer fait connaître que la Porte Saint-Denis vient d'être soumise à un grattage général qui a compromis les sculptures d'une manière fâcheuse. Il demande que ce fait soit ajouté aux griefs signalés dans le rapport rédigé par M. Mérimée au sujet des restaurations de Fontainebleau.

La Commission décide qu'il est préférable de faire de cette dernière mutilation l'objet d'un rapport spécial et charge M. Mérimée de le préparer.

Église de Rumilly-lès-Vaudes (Aube)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Rumilly, bien que construite à l'époque de la décadence, a cependant une grande importance en raison de ses belles verrières du XVIe siècle. On assure qu'elles ont besoin d'être remises en plomb, la dépense est évaluée à 6 000 Francs, et la Commune ne peut y contribuer que pour 1 000 Francs. Malgré tout l'intérêt que présentent les verrières, le rapporteur croit que le ministère 80/15/007/130de l'Intérieur ne peut prendre à sa charge les 5 000 Francs de déficit, l'administration des monuments a déjà des engagements considérables pour des réparations de même sorte, et dans la situation du crédit les réparations de cette nature ne peuvent être que des exceptions.

Le rapporteur propose en conséquence d'ajourner la dépense demandée. Cet avis est adopté.

Église de Guebwiller (Haut-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle à la Commission qu'après l'église de Rosheim, l'église de Guebwiller est la plus intéressante de l'Alsace par la date ancienne, la disposition originale et le caractère empreint dans toutes les parties de sa construction. Des réparations fort anciennes n'ont pas sensiblement altéré ce caractère, mais exécutées sans précaution et fort à la hâte après un incendie qui a eu lieu au commencement du XIVe siècle, elles rendent aujourd'hui nécessaire une restauration à peu près complète du monument. La dépense présumée est d'environ 70 000 Francs, et s'applique presqu'entièrement à des travaux de consolidation de la plus grande urgence.

Le rapporteur est d'avis qu'un travail si considérable ne peut avoir lieu qu'avec le concours de la Commune intéressée et celui du ministère des Cultes et du département. Il propose en conséquence d'accorder une subvention conditionnelle de 25 000 Francs en deux exercices, et de demander à la Commune, au ministère des Cultes, et au département, de pourvoir au reste de la dépense, c'est-à-dire 45 000 Francs.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission ; la Commission charge en outre le secrétaire, sur la proposition de M. Lenormant, d'écrire officiellement à M. [Émile] Boeswillwald pour le complimenter sur le mérite des travaux dont il a saisi l'administration.

Église Saint-Pierre-de-Montmartre à Paris (Seine)

M. Mérimée, rapporteur, expose que le devis des travaux de consolidation indispensable à exécuter à l'église de Saint-Pierre à Montmartre, dépasse 104 000 Francs, le total des 2 catégories est de 192 000 Francs. Une dépense si considérable ne pourrait se faire, ajoute le rapporteur, qu'avec le concours de la Commune et celui du département. Mais il ne faut pas compter sur la Commune ; car si l'église actuelle présente beaucoup d'intérêt, au point de vue de l'archéologie, elle est on ne peut plus mal 80/15/007/131 placée pour les habitants de Montmartre.

La Commission avait prévu l'impossibilité de réparer cet édifice, et c'est dans la prévision d'une destruction prochaine qu'elle a désiré en conserver au moins un souvenir exact. Le travail de M. Garrez remplit très heureusement ce but. Toutefois, comme il est du devoir de l'administration de faire tous les efforts pour conserver un monument si remarquable et si ancien, le rapporteur croit qu'il conviendrait de mettre en demeure la Commune et le département de prendre un parti, en lui offrant le concours de l'administration de l'Intérieur. M. Mérimée serait d'avis d'offrir 50 000 Francs.

Ces conclusions sont approuvées.

Église Notre-Dame d'Étampes (Seine-et-Oise)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître quels sont les travaux les plus urgents que réclame l'église de Notre-Dame d'Étampes. Ils consistent dans la restauration du clocher dont un des points d'appui se lézarde et se déverse, dans la dépose et la repose d'un clocheton, enfin dans le débouchement de quelques fenêtres plâtrées, etc.. Les moyens que l'architecte se propose d'employer pour la consolidation du clocher sont indiqués dans un rapport de l'architecte, mais il avoue que l'estimation qu'il a faite de la dépense n'est qu'approximative. Le rapporteur pense qu'il est imprudent de commencer les travaux sans avoir réuni une somme qu'il ne croit pas pouvoir évaluer à moins de 60 000 Francs.

Le rapporteur se demande si, dans une affaire aussi délicate, il ne serait pas prudent de confier la surveillance des travaux à un architecte attaché à l'administration centrale.

En conséquence, il demande, et préalablement à toute exécution du projet, que M. Garrez examine sur les lieux le projet de M. Magne, en ce qui concerne la consolidation de la tour.

Ces conclusions sont adoptées.

La Commission s'ajourne au vendredi 27 décembre prochain. 80/15/007/132

27 décembre 1850 [Vendredi]
Présents : MM. de Contencin, Mérimée, de Laborde, Lenormant, Vitet, Buchez, de Guizard, Questel, de Pastoret, de Maleville, Mercey, Courmont.
Bas-reliefs de Bagnols (Gard)

M. Mérimée communique à la Commission le dessin d'un bas-relief trouvé près de Bagnols, que M. Seles de Nîmes lui a adressé sur la demande que lui en a faite ce correspondant, M. Mérimée propose de reprendre l'affaire du Bassin de jaugeage de Nîmes.

La Commission décide que cette question sera mise à l'ordre du jour de la prochaine séance.

Château de Semur (Côte-d'Or)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux du château de Semur qui sont terminés ont occasionné une augmentation de dépense de 520 Francs 25. Comme ce surseoir de dépense est justifié par la nature des travaux et particulièrement par la nécessité où s'est trouvé l'architecte de faire venir de Dijon des bois d'une grande longueur pour servir d'étai, le rapporteur propose d'accorder les 520 Francs 25 sur 1850.

Cette proposition est adoptée.

Porte Saint-Denis à Paris (Seine)

M. Mérimée donne lecture à la Commission du rapport suivant qu'il a préparé sur la demande que lui en a faite la Commission dans la dernière séance. (37)

"La Porte Saint-Denis vient d'être restaurée, la restauration consiste dans le remplacement de quelques pierres détériorées particulièrement dans le soubassement, dans un rejointoyement et dans le grattage de toutes les parties lisses ou sculptées. Je n'étais pas à Paris pendant cette opération et je ne puis parler de la manière dont elle a été exécutée. On dit qu'on a fait usage de la rise et qu'on a enlevé plusieurs millimètres de la pierre. Je crois qu'il y a de l'exagération dans ce rapport. Il est certain que la pierre a été grattée, mais elle l'a été avec quelque précaution. Cependant il me semble que les trophées d'armes en très bas-relief du soubassement ont perdu sensiblement de leur finesse. Les traces du ciseau du sculpteur, qu'on aime à retrouver, ont disparu et l'apparence est celle d'un relief un peu usé. Parmi les réparations qui m'ont semblé modernes, je dois signaler le raccord de quelques trophées d'armes. Du côté de la rue du Faubourg-Saint-Denis, on a refait, à ce que je suppose, des masses d'armes laciques imitées de la Colonne Trajane, ces armes 80/15/007/133 telles qu'on les voit sur les bas-reliefs antiques par la forme d'un bâton à tête recourbée, garni d'un tranchant, et quelquefois sur la tête du bâton il y a une espèce de serpent ou une tête d'animal. A la place de cette tête, on voit aujourd'hui une espèce de tasse qui me parait une invention fort malheureuse.

Je n'ose affirmer que l'on n'ait pas reproduit ce qui existait autrefois, mais c'est le sort de certaines restaurations qu'on leur attribue toutes les erreurs qu'on y découvre jusqu'aux plus anciennes. En résumé, le mal n'est pas grand, mais on peut se demander à quoi bon gratter un monument noirci par le temps ? quelque soin qu'on y apporte, il est évident que lorsque cette opération a été répétée quelquefois, il n'y a plus de traces du travail original sur les sculptures ainsi traitées.

Doit-on raccorder quelques pierres neuves, gratter toutes les vieilles ?

Ne serait-il pas plus simple de teinter les vieilles, comme l'a fait si heureusement à Blois M. Duban ?

Le ministre de l'Intérieur dans maintes circulaires a défendu de gratter les monuments sous prétexte de les nettoyer. Quelle déférence à ces prescriptions doit-on attendre des architectes de la province, lorsqu'ils savent qu'à Paris on les enfreint impunément. On accuse souvent l'administration d'une partialité injuste pour les architectes de la capitale. On leur passe, dit-on, bien des erreurs et l'on n'est sévère que pour des gens qui éloignés du centre des lumières sont plus excusables que les premiers parce qu'ils ne pèchent que par ignorance. Il serait facile de répondre à ces accusations si l'on pouvait faire comprendre aux gens de province que l'administration n'est pas une, et qu'en matière de Beaux-arts il existe plusieurs centres de direction.

Chacun voit le mal et le remède, et pourtant la fâcheuse répartition des attributions ministérielles subsiste toujours au préjudice de l'art et des artistes".

Signé P. Mérimée.

La Commission approuve le rapport et prie M. Caristie de donner au Conseil des Bâtiments civils avis des observations auxquelles la restauration de la Porte Saint-Denis a donné lieu dans le sein de la Commission M. Caristie veut bien se charger de cette mission.

Château d'Écouen (Seine-et-Oise)

Le secrétaire, M. Courmont, donne connaissance à la Commission de l'état des travaux qui s'exécutent en ce moment au Château d'Écouen, et signale le mauvais effet 80/15/007/134 des deux passages pratiqués dans les angles de la cour d'honneur. La Commission demande qu'une réclamation soit faite auprès des membres de l'assemblée qui s'étaient portés garants de la conservation du monument. M. Vitet rappelle que M. Achille Leclère avait été chargé de l'inspection particulière de l'édifice.

La Commission décide que des informations seront prises auprès de M. Leclère.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. Lenormant, la Commission décide qu'elle se rendra à l'Hôtel de Cluny le vendredi 3 janvier pour y étudier diverses questions relatives à la salle des tapisseries. D'abord pour décider quel ton devra être définitivement donné au fond des tapisseries, et ensuite prendre une détermination au sujet des montres [sic vitrine] proposées par le conservateur, pour les angles de la salle, et dans lesquelles on placera les ornements en étoffes brodées, qui sont une des principales richesses de la collection de Cluny et qui jusqu'ici ont été entassées dans des armoires.

Église d'Uzeste (Gironde)

M. Mérimée, rapporteur, donne connaissance à la Commission d'une inscription recueillie dans l'église d'Uzeste et dont une copie est envoyée au ministre par M. Ducos.

La Commission décide qu'il y a lieu de remercier M. Ducos de cette communication, et de le prier de se procurer une empreinte sur papier de l'inscription qu'il a bien voulu transmettre.

Église d'Avon (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que M. Garrez a transmis au ministre deux devis au sujet des travaux que réclame l'église d'Avon.

M. le rapporteur exprime le regret que M. Garrez n'ait pas indiqué quelles observations il avait à faire sur les deux devis qu'il envoie, l'un dressé par un maître-maçon s'élevant à 1 300 Francs, l'autre rédigé par l'architecte de Melun de 12 000 Francs.

La Commission décide qu'il sera demandé à M. Garrez copie des observations qu'il a dû envoyer à M. le maire d'Avon.

Église de Torsac (Charente)

La Commission, sur la proposition de M. Mérimée, charge M. Abadie d'étudier le projet de restauration de l'église de Torsac.

Ancienne abbaye de Creil (Oise)

Sur l'avis de M. Mérimée, la Commission charge M. Verdier d'exécuter le travail qu'il propose sur l'ancienne abbaye de Creil, et de prendre en même temps 80/15/007/135 des renseignements exacts sur les réparations qu'elle exige et sur les dispositions de son projet actuel.

Église de Noyon (Oise)

M. Mérimée, rapporteur, rappelle qu'il a déjà signalé, il y a quelques années, la situation fâcheuse de l'église de Noyon. Les Galeries supérieures souffrent beaucoup des infiltrations qui pourrissent leurs voûtes couvertes d'une simple couche de bitume. Des reprises considérables sont encore à faire aux chambranles des fenêtres, aux soubassements et à quelques contreforts. M. Verdier a présenté un devis des travaux qu'il considère comme les plus urgents, ils s'élèvent à la somme de 27 346 Francs Avec le devis des deux autres catégories, c'est un total de 52 104 Francs. Un autre devis s'applique à la restauration du cloître et de la salle capitulaire, occupée aujourd'hui par des artisans, ce qui est une source de désagréments continuels pour l'église. Ce devis, auquel M. Verdier a joint un travail graphique, s'élève à 18 620 Francs. Le total des travaux est donc d'environ 70 000 Francs, non compris 4 à 5 000 Francs pour acquisition ou expropriation.

Comme cette somme n'est pas disproportionnée avec le mérite de l'édifice, le rapporteur propose d'affecter 25 000 Francs à la restauration de l'église, et 15 000 Francs à celle du cloître et de la salle capitulaire, à la condition

1° que la Ville de Noyon fera les frais des acquisitions de terrain et de l'expropriation des personnes qui occupent aujourd'hui les dépendances de l'ancienne cathédrale,

2° qu'elle contribuera avec le ministère des Cultes à parfaire le reste de la dépense prévue, soit 30 000 Francs.

La Commission approuve la proposition, accorde 40 000 Francs en 4 exercices, les exercices seront fixés quand le concours sera obtenu.

Église de Souvigny (Allier)

M. de Guizard, rapporteur, annonce que, sur la demande du préfet de l'Allier, il a cru devoir allouer définitivement à l'église de Souvigny une somme de 10 000 Francs à compter sur les 10 000 Francs réservés conditionnellement par la Commission pour la restauration de cette église. Comme la Commune accordait une somme égale de son côté, il a pensé que la Commission ne verrait pas d'inconvénients au parti qu'il a pris.

La Commission approuve.

Communication des dessins de la Commission

M. de Maleville donne lecture de la lettre par laquelle M. Renaux indique quel usage il compte faire des dessins de la Commission dont il a demandé communication. La Commission décide que, dans tous les cas, les dessins, dont M. Renaux voudra avoir copie, seront reproduits 80/15/007/136 par les architectes auteurs des dessins, et ajourne à 8 jours la décision à prendre sur le fond même de la question.

Rejet de la demande de publication des dessins des maisons de Cluny (Saône-et-Loire)

Le secrétaire donne lecture à la Commission de la demande par laquelle M. Verdier sollicite l'autorisation de publier les dessins des maisons de Cluny. La Commission rejette cette demande.

Publication des archives de la Commission des Monuments historiques

M. Mérimée donne lecture du rapport suivant sur les publications des Archives de la Commission des Monuments historiques .

"Monsieur le ministre,

Tous les projets soumis à l'examen de la Commission des Monuments historiques sont accompagnés de plans, coupes et élévations qui, après l'instruction des affaires, sont déposés dans les archives de la direction des Beaux-arts. Ces dessins, indispensables aujourd'hui pour l'appréciation des projets, fixent désormais, pour ainsi dire, la disposition et la décoration des principaux édifices de la France. Exécutés par des artistes distingués, ces documents graphiques offriront un jour les ressources les plus précieuses pour des restaurations futures ; mais il est un autre usage, non moins utile qu'on en pourrait faire dès à présent. La Commission des Monuments historiques a pensé que leur publication serait le meilleur enseignement pour les architectes et les archéologues et qu'elle seconderait puissamment des études encore entourées de nombreux obstacles.

Vous n'ignorez pas en effet, Monsieur le ministre, que l'architecture du Moyen Âge n'est pas encore enseignée dans nos écoles, et cependant d'un côté le Gouvernement et les administrations municipales et départementales dépensent annuellement des sommes considérables pour l'entretien et les réparations de nos anciens monuments, d'un autre côté, une variation du goût public exige depuis quelques années la construction d'un certain nombre d'édifices dans le style roman ou gothique. En un mot, on recherche les produits d'un art, et cet art n'est pas enseigné. Bien plus, sauf quelques livres écrits surtout pour les gens du monde et pour les amateurs d'archéologie, il n'existe encore en France aucun ouvrage qui puisse remplacer un cours public.

L'architecture du Moyen Âge dont personne ne conteste plus aujourd'hui l'importance, n'a été exposée qu'à son point de vue pittoresque, ou tout au plus on en signale certains détails d'ornementation qui peuvent offrir aux antiquaires les moyens de déterminer la date d'un monument. Des procédés pratiques de construction, des systèmes qui ont successivement prévalu 80/15/007/137 au Moyen Âge, c'est à peine s'il en est question dans nos livres d'archéologie, et cependant c'est à quoi se réduisent les ressources d'études offertes aujourd'hui aux architectes qui veulent se consacrer à la restauration de nos églises et de nos cathédrales. On doit observer qu'il n'y a pas de pays où ces études soient plus longues et plus difficiles qu'en France, en raison du nombre même des monuments et de la singulière variété de leurs styles.

Depuis le XIe jusqu'au XVe siècle, plusieurs systèmes d'architecture ont existé simultanément en France, chacune de nos provinces a conservé des types distincts d'un art qui avait ses limites déterminées ; en sorte que l'architecte qui n'aurait pu étudier d'autres monuments que ceux de la Normandie, par exemple, aurait tout à apprendre s'il se transportait en Poitou. L'architecture de la Bourgogne diffère essentiellement de celle de la Saintonge ou de l'Alsace, et chez nous chaque école différente a laissé des chefs d'oeuvre pour souvenir. Ainsi ce n'est que péniblement après de longs voyages qu'on peut aujourd'hui acquérir une expérience toute personnelle. Le temps est venu de créer pour les jeunes artistes un enseignement plus facile.

Il n'est douteux pour personne que l'on obtiendrait cet utile résultat par la publication des riches archives de la Commission des Monuments historiques . Où trouver ailleurs en effet un dépôt plus complet, des recherches plus sérieuses, des études plus pratiques ? L'expérience de tous les architectes attachés à votre département s'y trouve en quelque sorte résumée. Tous les styles et toutes les époques y sont représentés par leurs types les plus remarquables.

La Commission s'est attachée depuis longtemps à rechercher quel serait le mode de publication qui réunirait à l'avantage de l'économie celui d'une exécution complètement intéressante. Le résultat de son examen est le travail qui vous est soumis.

Il a été déjà présenté à quelques-uns de vos prédécesseurs qui l'ont approuvé en principe. La Commission ose espérer, Monsieur le ministre, qu'il trouvera la même faveur auprès de vous et que vous voudrez bien apprécier quelques considérations nouvelles qui aujourd'hui plus que jamais en rendent l'exécution désirable. Avant tout, il convient d'exposer le plus de la publication tel que la Commission l'a conçu. Il fallait d'abord choisir entre deux systèmes, l'administration devait-elle faire graver, imprimer et distribuer à ses frais la collection de nos Monuments historiques ou bien remettre ces soins à un éditeur 80/15/007/138 assuré d'un encouragement suffisant pour l'engager à toute cette grande entreprise ? C'est à ce dernier mode de publication que la Commission a cru devoir donner la préférence par les motifs suivants :

1° Au point de vue de l'économie, il est certain qu'un éditeur obtiendra des artistes, dessinateurs et graveurs des conditions plus favorables que celles que le Gouvernement pourrait exiger.

2° Un éditeur étant intéressé à ce que la publication ait le débit le plus considérable, on doit espérer de sa part des soins tout particuliers pour la répandre dans le public.

3° Quant à l'exécution matérielle de l'ouvrage, elle dépend dans tous les cas de la surveillance dont il est entouré.

On a jugé que cette surveillance serait plus exacte et plus rigoureuse à l'égard d'un éditeur seul responsable qu'à l'égard des nombreux artistes que le Gouvernement devrait employer et en faveur desquels bien des considérations accessoires pourraient être mises en usage. D'ailleurs l'expérience a prouvé que la plupart des publications exécutées aux frais de l'État n'obtiennent ni le succès ni même le résultat qu'on en pouvait espérer.

Peut-être existe-t-il un préjugé contre les ouvrages qu'on donne, toujours est-il que ceux qu'on achète sont d'ordinaire plus recherchés. En dépit de sages règlements, les ouvrages publiés par l'État n'arrivent pas toujours aux mains des personnes qui en feraient le meilleur usage. Les uns sont distribués à des bibliothèques de province où ils ne sont connus que de quelques curieux ; d'autres sont donnés à des personnes à qui leur position ou leurs occupations ne laissent pas le temps de les étudier.

d'autres enfin, il faut bien le dire, arrivent dans le commerce, on ne sait comment, sont vendus à vif prix et discréditent et leurs auteurs et l'administration qui les a édités. C'est ainsi qu'on a le grand ouvrage d'Égypte offert chez maint bouquiniste à un prix fort inférieur à celui de la reliure.

C'est d'après tous ces motifs que la Commission a cru que la publication de ses archives devait être confiée à un éditeur. Ce point fixé, restait à déterminer les garanties qui seraient prises pour la bonne exécution de l'ouvrage ou, en d'autres termes, les conditions qui seraient imposées à cet éditeur.

En premier lieu, il était à désirer que l'ouvrage fût d'un 80/15/007/139 format commode et pût être mis en vente à un prix accessible aux personnes qui auraient le plus besoin de le consulter, c'est-à-dire aux artistes. Il fallait encore stipuler que les différentes parties de la collection pussent se subdiviser au gré des acheteurs, en sorte que, pour des recherches spéciales, on ne fût pas obligé de faire les frais de toute la publication. On a donc décidé que l'ouvrage paraîtrait par livraison au prix de 4 ou 5 Francs la livraison de 2 planches et 4 pages in-folio de texte. Quant à la gravure des planches, le moyen le plus sûr d'obtenir l'exactitude et les soins convenables, c'était de donner aux architectes, auteur des dessins, le soin d'en faire la réduction quand la chose serait nécessaire, et d'en contrôler la gravure.

On a exigé qu'aucune planche ne fût imprimée sans un bon-à-tirer des architectes, cependant la Commission conserverait encore sa surveillance générale et à elle seule appartiendrait de déterminer le nombre et la nature des planches affectées à la description d'un monument. Elle surveillerait également la rédaction du texte confié à l'Inspecteur général des Monuments historiques, et ce texte ne serait imprimé qu'après avoir été lu et approuvé en séance.

Telles sont les conditions générales qu'il a paru convenable de fixer par avance pour que la publication projetée puisse remplir le but qu'on se propose.

Sur l'invitation d'un de vos prédécesseurs, la Commission a poursuivi son enquête jusqu'à rechercher un éditeur et régler avec lui les clauses d'une publication. Le choix s'est porté sur M. Lemaitre, artiste distingué, et qui depuis longtemps dirige avec succès une grande école de graveurs. On le conçoit, un ouvrage si important doit s'exécuter sous une direction unique, mais avec l'aide d'un très grand nombre d'artistes.

M. Lemaitre a gravé lui-même ou dirigé la publication de plusieurs ouvrages très importants. Les meilleures planches d'architecture, du Voyage de Morée, des Monuments assyriens, de la Monographie de Chartres sont sorties de son atelier. Les conditions qu'il a proposées ont paru modérées, et la Commission a pensé qu'elles étaient acceptables, M. Lemaitre, en prenant l'engagement de se conformer à toutes les clauses qui viennent d'être exposées, a demandé que le ministère de l'Intérieur lui accordât par année une subvention de 8 400 Francs moyennant laquelle il lui livrerait 200 exemplaires, dont 25 sur papier de chine de 24 planches, plus 24 feuilles de texte format demi-Jésus, en 12 livraisons.

L'ouvrage, planches et texte, demeurerait la propriété de l'éditeur, 80/15/007/140 sous la réserve du droit d'inspection que la Commission conserverait toujours.

La rédaction des notices et les dessins originaux seraient fournis par le ministère.

En cas que l'administration demandât des exemplaires en sus des 200 stipulés ci-dessus, M. Lemaitre s'obligerait à les fournir avec une remise de 25% sur le prix de publication, ainsi la livraison de 2 planches et de 2 feuilles de texte reviendrait pour le ministère à 3 Francs au lieu de 4 Francs prix du commerce.

La réduction des dessins originaux, évaluée en moyenne à 100 Francs par planche serait à la charge de l'éditeur qui ne pourrait la faire exécuter que par les artistes auteurs des dessins.

Ainsi, Monsieur le ministre, moyennant une subvention annuelle de 8 400 Francs, on offrirait aux artistes les bases d'un enseignement nouveau et plus que jamais nécessaire ; on procurerait du travail à un nombre assez considérable de jeunes artistes, enfin on formerait une école spéciale pour la gravure des monuments, art, qui, plus qu'aucun autre, a besoin, pour se perfectionner de la tradition des bonnes méthodes et d'une direction expérimentée.

Quelques mots maintenant sur l'étendue de la publication.

Plus de 3 000 édifices sont classés parmi les Monuments historiques, mais il est inutile de vous faire remarquer qu'il ne peut être question de les publier tous.

La Commission, dans ses rapports annuels, vous a fait connaître la nécessité où elle se trouverait, par suite de l'insuffisance du budget des Monuments historiques, de concentrer les ressources du Gouvernement sur les édifices que l'on peut à bon droit considérer comme les types caractéristiques d'une époque et d'un style d'architecture.

C'est à faire connaître ces monuments d'élite qu'il faudrait se borner. On pourrait même, si cela était nécessaire, faire encore un choix parmi ces derniers et ne publier que les plus importants.

La Commission a pensé que trois ou quatre planches en moyenne suffiraient à la description de chaque monument, car s'il y a quelques édifices qui exigeront jusqu'à 10 planches, il y en a d'autres qui n'en auront qu'une seule. 24 planches par an feraient connaître 6 ou 8 monuments. Si l'on suppose que la publication dure 10 ans, on aura au bout de ce terme une description complète de 60 ou 80 des plus beaux édifices de la France. 80/15/007/141

Sans doute il y aurait encore des lacunes à remplir, mais on aurait cependant rendu un immense service aux artistes, et, on ne saurait trop le répéter, on aurait posé des bases solides pour des études qui n'ont encore aucune direction régulière.

En commençant ce rapport, Monsieur le ministre, on a fait allusion à certaines circonstances qui rendraient en quelque sorte urgente la publication des archives de la Commission.

M. le ministre des Travaux publics vous a demandé récemment communication des dessins originaux de vos archives pour en extraire ceux qui pourraient être présentés comme modèles aux élèves du cours d'architecture à l'École des Ponts-et-Chaussées. Ces dessins seraient gravés et publiés par le savant professeur de cette école. Sans doute la Commission verrait avec plaisir que les travaux auxquels elle consacre ses soins servissent à tous les genres d'études. Cependant, elle ne peut se défendre d'une certaine appréhension en pensant que tant de dessins remarquables vont être publiés sous une forme qu'elle ne peut contrôler et dans des vues bien différentes des siennes. En effet, les études d'un ingénieur ne sont pas celles d'un architecte, et par conséquent il est évident que l'on ne peut espérer ni exiger du département des Travaux publics les soins, les précautions qui assureraient une exécution irréprochable. Les artistes auteurs de ces dessins, justement alarmés de l'usage qu'on peut faire de leurs ouvrages, ont exprimé hautement leurs inquiétudes. D'un côté, ils sont assurés que leur oeuvre serait fidèlement traduite, de l'autre ils craignent des erreurs et une interprétation qui ferait peu d'honneur à leur talent.

La Commission, Monsieur le ministre, espère que ce rapide exposé suffira pour vous faire connaître l'importance et les avantages de la publication qu'elle vous propose d'autoriser.

Reste une dernière question qu'elle n'est pas compétente pour résoudre. C'est celle de la dépense. Il est impossible de l'imputer sur le fonds des Monuments historiques. Celui des encouragements aux Beaux-arts peut-il accepter cette nouvelle charge ? Si elle était trop forte en effet, ne pourrait-on pas espérer qu'un crédit spécial vous serait accordé par l'Assemblée nationale ? Elle ne vous refuserait pas sans doute une allocation de 84 000 Francs répartis en dix exercices, et destinée à faire mieux connaître nos admirables monuments, et à donner un nouvel essor à un art qui peut le plus efficacement perfectionner le goût et répandre au loin 80/15/007/142 la renommée de nos artistes.»

Signé P. Mérimée.

La Commission approuve les termes du rapport et décide qu'il sera soumis à l'approbation de M. le ministre de l'Intérieur pour qu'il veuille bien déterminer quel mode devra être adopté pour arriver au but que se propose la Commission, la publication par un crédit spécial qui serait demandé à l'Assemblée, ou une allocation sur le Fonds de Souscription des Beaux-arts.

Église de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

M. Mérimée, rapporteur.

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission autorise la dépense de 815 Francs faite par M. Garrez, architecte, pour l'étaiement de l'église de Moret. Elle devra être imputée sur l'exercice 1850.

Porte du cimetière de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise)

D'après l'avis de M. Mérimée, la Commission charge M. Garrez d'examiner le devis présenté par M. Guénepin, pour la restauration de la porte du cimetière de Montfort-l'Amaury.

Église de Saint-Michel de l'Aiguilhe (Haute-Loire)

M. Mérimée donne lecture de la lettre qu'il a préparée en réponse à la lettre de Monseigneur l'évêque du Puy au sujet des réparations de l'église Saint-Michel de l'Aiguilhe.

La Commission approuve les termes de la lettre et décide qu'elle sera soumise à la signature du ministre.

Autel à Conques (Aveyron)

M. Mérimée, rapporteur, met sous les yeux de la Commission un projet d'autel proposé pour l'église de Conques. Sur l'avis du rapporteur, la Commission décide que ce projet sera renvoyé au ministre des Cultes, dans les attributions duquel le mobilier des églises rentre plus spécialement, en le prévenant que l'église elle-même demande des réparations. Le fonds des Monuments historiques y contribuera volontiers.

Ancienne cathédrale de Die (Drôme)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une nouvelle demande est adressée au ministre pour obtenir son concours pour l'acquisition des maisons qui entourent l'église de Die. Le rapporteur est d'avis que cette opération peut être considérée comme une dépense de luxe qui n'intéresse pas matériellement la conservation de l'église, et s'en réfère aux conclusions de son rapport du 21 mars dernier dont il rappelle les termes.

La Commission partage 80/15/007/143 cette opinion.

Église de Vouilly (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, expose que les travaux proposés pour l'église de Vouilly n'ont aucun caractère d'urgence et n'intéressent nullement la conservation de l'église. Quelques-uns même semblent très mal conçus. Ainsi, une dépense de 320 Francs est proposée pour la réparation de l'arcature du choeur et, dans cet article, l'architecte indique que la sculpture des chapiteaux serait reposée, le rapporteur pense que cette opération ne peut être que fort dangereuse et doit être absolument interdite.

M. Mérimée ne voit pas non plus la nécessité de construire un autel roman sur les dessins de l'architecte dont les connaissances archéologiques lui inspirent peu de confiance. Il propose de refuser toute allocation et d'avertir l'administration départementale que le projet est mal conçu et pourrait porter préjudice à ce monument remarquable.

Ces conclusions sont adoptées.

La Commission s'ajourne à vendredi 3 janvier 1851 à l'Hôtel de Cluny. 80/15/007/144


8£, 6, p.4.

9£, 6, p.18. Mérimée demande que l'on adresse la lettre du maire de Toul Didelot à Hoguer, chef de division du ministère de l'Intérieur ? sans jamais s'en dessaisir.

10£, 6, p.14. Mérimée informe Viollet-le-Duc de cette nouvelle.

11Idem.

12£, 6, p.31.

13£, 6, p.28.

14£, 6 p.37. Lettre à Baroche résumant l'affaire.

15£, 6, p.21. Historique des prises de position de Mérimée sur cet édifice.

16£, 6, p.33. Rapport de Mérimée sur l'édifice.

17Ibidem, p.34.

18Louis de Guizard, 1797-1879, directeur des Bâtiments civils en 1834, préfet de l'Aveyron en 1830-4 et 1839-1848, chef de la division des Beaux-arts (1850-1852).

19£, 6, p.41.

20Lire : Czartoryski.

21Hyppolithe Dominique Holfeld (1804-1872)

22Savinien Petit

23Jules Laurens (1825-1901) peintre et lithographe

24£, 6, p31. Le travail graphique est de MM Jullien et Bussières, lettre au baron de Girardot.

25£, 6, p45.

26Auguste Pellechet, né à Versailles le 26 novembre 1789, architecte, membre du conseil des Bâtiments civils.

27£, 6, p.48, lettre à Baroche résumant l'aff aire.

28Alexandre Du Mège, ancien officier du Génie, directeur du musée de Toulouse, secrétaire général de la Société archéologique du Midi de la France.

29£, 6, p43.

30£, 6, p.59. La note de Mérimée est datée à tort du 4 juillet 1850.

31minute : demande à M. Meulin des renseignements au sujet des dessins du Palais ducal de Nevers recueillis par M. Ney de La Rochelle.

32£, 6, p.112. Lettre à Lenormant du 6 octobre 1850.

33£, 6, p. 125.

34[écrire : Arles : autoriser l'acquisition de la maison Bonnel 10 000 Francs à prendre sur les 61 000 Francs. (petit papier au crayon dans les minutes)]

35ou Joffroy cf supra note 21.

36Absent des minutes.

37Absent des minutes.