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1879
1878
1880
30 janvier 1879 [Jeudi à 9 h 30]
Président M. le directeur général des Beaux-arts. Membres présents : MM. Abadie, Bailly, Denuelle, Gautier, Laisné, Langlois de Neuville, Lisch, Questel, Quicherat, Ruprich-Robert, de Soubeyran, du Sommerard, des Vallières et Viollet-le-Duc.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance du 9 décembre 1878.
Hôtel de ville de Compiègne (Oise)

M. Viollet-le-Duc demande la parole pour une communication relative à l'Hôtel de ville de Compiègne dont la Commission s'est occupée dans cette dernière séance.

Ayant visité cet édifice, en compagnie de l'architecte M. Lafollye, il croit pouvoir assurer la Commission sur son état qui ne lui a point paru aussi grave qu'on aurait dû le craindre tout d'abord. Les désordres qui se sont produits, et qui se manifestent par des fissures dans toute la façade jusqu'à la base du beffroi, proviendraient de ce que les fondations sous les pieddroits de la porte ouverte dans la partie basse de la tour se trouvent un peu en retrait du parement actuel de la façade. L'architecte qui a dirigé les premiers travaux ayant eu le tort de ne pas tenir compte de cette situation lorsqu'il a modifié les dispositions du monument en déplaçant la porte d'entrée, les pieddroits de cette porte se sont affaissés. Mais le mouvement ne s'est pas étendu fort heureusement à la cage de l'escalier qui a été reprise en pierre dure tout récemment et qui ne s'est pas déliaisonnée du parement. Les jambages de la porte sont maintenant soutenus par deux étais, ce qui empêche le mal de s'aggraver et donnera le temps à l'architecte de rédiger le nouveau projet qui lui a été demandé suivant le voeu émis par la Commission.

Aucune autre observation n'étant présentée sur le procès-verbal de la séance du 9 décembre 1878, l'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. M. [Émile] Boeswillwald sur :

Église de Lhuître (Aube)

Dans ce rapport qui est lu par le secrétaire de la Commission, M. l'Inspecteur général propose d'approuver le nouveau devis qui, conformément aux prescriptions de l'administration, a été réduit de 54 000 Francs à 29 425 Francs. Les travaux prévus comprennent la reprise en sous-oeuvre du pilier qui porte l'angle nord-est de la tour du transept, la reconstruction des murs en craie de l'étage du beffroi et la réfection de la partie supérieure de l'escalier ainsi que le remplacement des marches hors de service. 80/15/011/49

Ces travaux sont strictement nécessaires pour compléter la réparation des dégâts causés à l'édifice par l'incendie du 10 août 1874.

La Commission adopte les conclusions du rapport et propose d'accorder une nouvelle subvention de 15 000 Francs à la Commune de Lhuître, à la charge par elle de parfaire le montant des ressources nécessaires.

Église de Secqueville-en-Bessin (Calvados)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver le projet de restauration rédigé par M. Ruprich-Robert, et d'autoriser l'exécution des travaux de première urgence consistant dans la reconstruction des quatre piliers de la croisée. Une subvention de 10 231 Francs pourrait être allouée sur le crédit des Monuments historiques à la condition que la Commune réunirait de son côté une somme de 5 000 Francs pour parfaire le montant de la dépense évaluée à 15 231 Francs. Les travaux compris dans les chapitres 2 et 3 du devis seraient ajournés jusqu'à nouvel ordre.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Lesterps (Charente)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder une subvention de 20 000 Francs pour la restauration du bas-côté sud, et pour débadigeonnage, rejointoiement et dallage à l'intérieur, travaux dont la dépense s'élèverait d'après les évaluations de M. Abadie à 30 212 Francs 50. La Commune aurait à pourvoir au complément des ressources nécessaires, sans préjudice des travaux de reconstruction de l'abside dont la dépense estimée 24 403 Francs 50 resterait entièrement à sa charge.

La Commission ajourne l'examen de cette affaire afin de permettre à M. M. [Émile] Boeswillwald de répondre aux observations faites par M. Abadie, après lecture du rapport.

Porte Saint-Georges à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose le classement de cet édifice qui date du commencement du XIIe siècle et dont la destruction, demandée par une partie du Conseil municipal de Nancy sous prétexte de faciliter la circulation, serait un précédent d'autant plus fâcheux que la démolition de toutes les autres portes pourrait ensuite être provoquée pour le même motif. La Ville de Nancy se trouverait ainsi privée de monuments qui rappellent sa splendeur d'autrefois et dont il importe d'assurer la conservation, aujourd'hui que les constructions du même genre et de la même époque sont devenues plus rares.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Crypte de l'église Saint-Girons à Hagetmau (Landes)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur est d'avis qu'il conviendrait de prendre les mesures nécessaires pour sauver de la ruine ce spécimen de l'art du XIIe siècle, en raison de la rareté 80/15/011/50 des monuments de cette époque dans le département des Landes. On y remarque une série de chapiteaux décorés de sculptures d'une fort belle exécution, largement traitées et généralement bien conservées. Le profil des bases des colonnes rappelle celui des bases antiques.

La dépense nécessaire peut-être évaluée à 10 000 Francs environ. Mais avant de statuer sur la demande de secours formée par la Commune, il y aurait lieu de faire rédiger un devis détaillé par un architecte offrant toutes garanties.

La Commission désigne M. Lafollye qui est déjà chargé de travaux et d'études dans la même région.

Église de Campigny (Calvados)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, déclare que cet édifice ne mérite pas d'être maintenu sur la Liste des Monuments historiques par suite des travaux exécutés sans autorisation ministérielle qui en ont dénaturé le caractère. Il n'y aurait à réserver que la tour du clocher et les trois tombeaux des seigneurs de Campigny, monuments des XIVe et XVe siècle consistant en sarcophages surmontés de belles figures de grandeur naturelle, dont il reste fort peu d'exemples dans le département du Calvados.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, propose le déclassement de l'église de Campigny, à l'exception de la tour et des tombeaux, et, comme conséquence, le rejet de la demande de secours.

Église du Fresne-Camilly (Calvados)

M. Ruprich-Robert, chargé de rédiger un devis des réparations dont ce petit édifice a besoin, évalue la dépense à 4 496 Francs.

La Commission, considérant que l'église de Fresne-Camilly est un des plus jolis spécimens de l'architecture romane du XIIe siècle en Normandie, propose d'accorder une subvention égale à la moitié de la dépense prévue.

Église de Rouvres (Calvados)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose de classer cet édifice qui présente un intérêt réel au point de vue de l'art et de charger M. Trolonge, architecte à Falaise, d'en faire un relevé exact qui devrait être accompagné d'un rapport et d'un devis, le projet joint à la demande de secours étant de tous points défectueux.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Crypte de Sainte-Benigne à Dijon (Côte-d'Or)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis que, dans le cas où la Commission croirait devoir laisser tout entière à la charge du crédit des édifices diocésains la dépense relative aux réparations dont aurait besoin cette dépendance de la cathédrale de Dijon, il conviendrait cependant de ne pas se désintéresser de la question d'art, puisque la crypte de Saint-Benigne est classée parmi les Monuments historiques ainsi que la cathédrale elle-même. Cette crypte était 80/15/011/51 autrefois couverte d'un édifice circulaire très élevé et extrêmement remarquable, aujourd'hui l'étage inférieur qui subsiste seul est en partie couvert de dallages laissant pénétrer abondamment les eaux pluviales. M. le rapporteur pense qu'il conviendrait de demander à l'auteur du projet de restauration soumis à l'examen de la Commission une étude spéciale pour l'établissement de dallages en pierre et de châssis vitrés sur l'oculus et les autres ouvertures horizontales par lesquelles arrive la lumière.

M. Gautier fait connaître que le chapitre 1er du devis de M. Suisse a déjà été approuvé par le Comité des Inspecteurs généraux des Travaux diocésains et qu'une somme de 22 000 Francs a été accordée sur le budget des Cultes pour l'exécution des travaux qu'il comprend. M. [Victor] Ruprich-Robert croit devoir insister pour que la question de dallage et de vitrage soit étudiée à nouveau, le projet ne lui paraissant pas donner toute satisfaction sur ce point.

M. Viollet-le-Duc déclare que la Commission a été appelée à s'occuper de la crypte de Sainte-Bénigne en 1845 époque à laquelle la Commission des antiquités de la Côte-d'Or fit exécuter des fouilles et commencer la restauration avec le concours de l'État. Mais les travaux exécutés sans qu'on ait tenu compte des instructions de l'Inspecteur général des Monuments historiques ont donné les plus tristes résultats. Plus tard de nouvelles fouilles furent faites pour déblayer complètement l'intérieur de la crypte dont on retrouva le périmètre, et le monument fut reconstitué d'après le plan ancien, avec les fragments conservés. En résumé, la crypte de Sainte-Bénigne a été refaite à neuf et la Commission des Monuments historiques ne paraît pas avoir intérêt à s'en occuper aujourd'hui.

M. Viollet-le-Duc est donc d'avis qu'il conviendrait de laisser à l'administration des Cultes l'entière direction des travaux de conservation qu'elle jugera nécessaires.

La Commission adopte cet avis.

Église de Saint-Seine (Côte-d'Or)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'inviter la Commune à faire disparaître l'exhaussement du sol du côté nord et de l'est afin d'assainir l'édifice, et de charger M. Laisné, membre de la Commission, qui a fait exécuter les précédents travaux, de rédiger un devis des réparations nécessaires pour assurer la conservation de l'église de Saint-Seine qui est remarquable non seulement par la beauté de son plan et son unité mais encore par les fresques qu'elle a conservées et par un bel édicule à trois travées ogivales recouvrant l'autel dont la sculpture est de la plus grande finesse.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/011/52

Galeries du Cimetière de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'approuver le devis de 12 200 Francs présenté par M. de Baudot et d'accorder une subvention de 6 105 Francs pour l'exécution des travaux qui ont pour objet de consolider purement et simplement les constructions par l'adjonction de contreforts sur certains points du mur extérieur et sur quelques piliers intérieurs.

La Commission, considérant qu'il s'agit d'un monument très rare, ainsi que le fait remarquer M. Quicherat, adopte les conclusions du rapport.

Ancienne salle des malades de l'hôpital de Tonnerre (Yonne)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis qu'il conviendrait de faire exécuter des travaux assez importants pour assurer la conservation de cette importante construction du XIIIe siècle qui offre par elle-même le plus grand intérêt et qui renferme en outre plusieurs monuments funéraires très précieux. Mais il serait nécessaire que la rédaction du projet de restauration et la direction des travaux fussent confiées à un architecte expérimenté ; M. Paul Boeswillwald, qui est déjà chargé de divers travaux dans la région, offrirait à cet égard toutes garanties.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Neuvy-Sautour (Yonne)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis qu'il y a lieu de maintenir le blâme adressé au Curé de Neuvy-Sautour pour les travaux qu'il a fait exécuter sans autorisation ministérielle, car ces travaux sont très défectueux. Il propose en outre de charger M. Louzier, architecte, qui a fait un relevé complet du monument, de dresser un projet de restauration des portails et des piscines qui sont actuellement les seules parties réellement intéressantes n'ayant pas subi de sérieuses mutilations.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Antoine (Isère)

M. Laisné appelle l'attention de la Commission sur l'état alarmant des contreforts de cette ancienne église abbatiale et qui est venue [sic] modifier ses premières prévisions. Cette somme de 7 288 Francs représenterait la moitié de la dépense supplémentaire, l'autre moitié resterait à la charge de la Commune qui pourrait y subvenir avec l'aide du département et de l'administration des Cultes.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Palais de Justice de Dijon (Côte-d'Or)

M. Lisch, rapporteur, propose le classement de cet édifice dont la fondation remonte au règne de Louis XII et qui est fort intéressant par son architecture extérieure, malgré les mutilations qu'il a subies, ainsi que par sa riche ornementation à l'intérieur. Il importe d'autant plus de classer sans retard ce remarquable monument, que des travaux importants de restauration et d'agrandissement devant y être exécutés, il y aurait avantage à ce que la 80/15/011/53 Commission pût donner son avis sur le projet et exercer son droit de contrôle sur les travaux en question.

Le projet de classement est adopté.

Crypte de l'ancienne église Saint-Léger à Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

M. Lisch, rapporteur, est d'avis que cette construction qui est aujourd'hui complètement déblayée et qui, par son appareil et les tailles que l'on remarque encore sur les pierres, paraît appartenir au XIIe siècle, mérite d'être classée parmi les Monuments historiques. Les murs et les voûtes étant en assez bon état, la dépense à faire pour conserver cet édifice serait de peu d'importance.

La Commission adopte la proposition de classement.

Église Saint-Nicolas-Saint-Laumer à Blois (Loir-et-Cher)

M. Lisch, rapporteur, propose d'accorder une subvention de 28 657 Francs pour la réfection de la charpente et de la couverture de la tour centrale, travaux d'extrême urgence. La dépense restant à la charge de la Ville serait de 15 000 Francs. La Commission, considérant qu'il est impossible d'ajourner l'exécution de ces réparations, vu l'état de dégradation de la flèche, dont les bois en partie pourris ne tiennent plus dans leurs assemblages, adopte les conclusions du rapport.

Église de Puiseaux (Loiret)

M. Lisch, rapporteur, est d'avis que le projet de grille soumis à la Commission ne peut supporter l'examen. L'église réclame d'ailleurs certaines réparations urgentes, à l'exécution desquelles la Fabrique devrait affecter d'abord ses ressources disponibles avant de s'occuper de l'établissement de grilles et surtout de la continuation des peintures décoratives d'un goût douteux qu'elle a fait exécuter à l'insu du service des Monuments historiques.

M. le rapporteur propose d'inviter M. de Baudot à dresser un projet de restauration d'ensemble et de signifier aux autorités locales que, pour obtenir le concours de l'État, elles devront consacrer leurs ressources aux travaux de conservation et non à des travaux d'ornementation qui dénaturent le caractère du monument. Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Sulpice-de-Favières (Seine-et-Oise)

M. Lisch déclare que pour empêcher la ruine complète de cet édifice, qui est un des types les plus élégants de l'architecture du XIIIe siècle, il serait nécessaire d'exécuter immédiatement la restauration du choeur et de deux travées à la suite. La dépense est évaluée à 66 179 Francs 67 ; la Commune a réuni 10 000 Francs le Conseil général a voté 2 000 Francs, il resterait donc à combler un déficit de 54 179 Francs. La Commission propose d'allouer 40 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques et d'inviter la Commune à s'adresser au ministère des Cultes pour parfaire le montant des ressources nécessaires. 80/15/011/54

Église d'Airvault (Deux-Sèvres)

M. Lisch fait connaître que dans sa dernière tournée d'inspection il avait constaté que des travaux de décoration avaient été exécutés à l'intérieur de cet édifice sans autorisation ministérielle et malgré les observations de l'architecte et du préfet.

Les colonnettes des chapelles ont été recouvertes d'un enduit en plâtre déjà tout boursouflé ; les piliers du choeur ont été badigeonnés, enfin des peintures du plus déplorable effet ont été appliquées aux clefs de voûte du choeur et sur les murs des chapelles de l'abside. L'église Saint-Pierre d'Airvault, édifice des plus remarquables, dans lequel des travaux importants de restauration ont été récemment exécutés, ayant été ainsi déshonorée, au mépris des règlements sur la conservation des Monuments historiques, M. le rapporteur propose de faire exécuter aux frais de la Fabrique les travaux nécessaires pour rendre au monument son aspect primitif.

Adopté.

Église Saint-Laon à Thouars (Deux-Sèvres)

M. Lisch, rapporteur, déclare que cet édifice n'offre qu'un intérêt très secondaire par suite des remaniements qu'il a subis au XVe siècle. Les travaux que la Fabrique a fait exécuter récemment ainsi que ceux qu'elle projette actuellement et dont on ne peut contester l'urgence n'augmenteront pas l'intérêt du monument. Le plus sage parti à prendre dans cette situation serait de déclasser l'église Saint-Laon, à l'exception de sa tour du XIIIe siècle dont la restauration peu coûteuse pourrait être exécutée sous la surveillance de la Commission.

Adopté.

Église de Surgères (Charente-Inférieure)

M. Lisch, rapporteur, a été informé qu'une partie de la façade de cette église venait de s'écrouler et que plusieurs pierres de l'entablement s'étaient détachées à l'angle gauche qui menace également ruine. Il paraît impossible d'abandonner complètement ce curieux monument du XIIe siècle, pour la consolidation duquel un projet avait été présenté en 1876 alors que l'accident signalé aujourd'hui pouvait être déjà prévu. La dépense à faire pour exécuter d'urgence les travaux indispensables serait de 30 000 Francs environ.

La Commission, considérant que les ressources de la Commune sont nulles, propose d'accorder une subvention de 20 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques et de demander un crédit de 10 000 Francs sur le budget des Cultes.

Demande d'acquisition pour le Musée de Cluny d'un modèle de l'église de l'ancienne abbaye de Saint-Denis (Seine)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, déclare que, à l'époque où M. Villeminot a proposé d'exécuter ce modèle en vue de l'Exposition de 1867, il avait été bien entendu que ce travail serait fait à ses risques et périls. Aucun engagement n'a été pris vis-à-vis de lui quant au 80/15/011/55 remboursement de ses frais qu'il évalue à 12000 Francs, somme considérable eu égard à l'intérêt restreint que le modèle en question peut offrir pour le service des Monuments historiques aujourd'hui que l'édifice est en grande partie restauré.

Le Musée de Cluny peut sans doute faire figurer utilement dans ses collections des reproductions de monuments anciens, bien que ces objets ne rentrent pas absolument dans la catégorie de ceux qui doivent y être admis. On a eu raison d'accepter le don du modèle du château de Pierrefonds fait par M. Moret, mais on aurait tort d'entrer dans la voie des achats pour les reproductions de ce genre. Si l'on accordait aujourd'hui à M. Villeminot une indemnité, M. Moret serait certainement fondé à en demander une également. Il ne faudrait donc pas laisser établir un précédent qui serait dangereux.

La Commission, adoptant ces observations, conclut au rejet de la demande de M. Villeminot par ce motif que le crédit des Monuments historiques ne peut-être employé à des acquisitions du genre de celle qu'il propose.

Aiguilles de Figeac (Lot)

M. Quicherat, rapporteur, propose d'approuver un projet de conservation ayant pour objet de céder à la Société française d'archéologie l'usufruit des deux Aiguilles qui subsistent. Cette Société se chargerait ainsi de l'exécution des travaux de consolidation et d'entretien sous la surveillance de la Ville de Figeac qui resterait propriétaire.

La Commission, considérant que la dépense nécessaire pour assurer, quant à présent, la conservation de ces deux anciens monuments du XIIIe siècle serait très minime, est d'avis qu'il serait préférable de faire exécuter les réparations aux frais de l'État, sous la direction de M. [Jean-Camille] Formigé, architecte du Gouvernement qui est déjà chargé de divers travaux dans le département du Lot.

Aquisition de dessins

Dessins de M. [Jean-Camille] Formigé : Temple antique de Vernègues (Bouches-du-Rhône) ; Pont Julien près d'Apt (Vaucluse)

[Dessins] de M. Naples : Monuments civils à Trye-Château (Oise)

La Commission estime que ces dessins peuvent être acquis pour ses archives au prix de 200 Francs par feuille grand aigle. Elle propose d'acquérir au prix de 300 Francs une feuille de dessin de M. Naples dans laquelle sont réunis les divers monuments civils de Trye-Château.

La séance est levée à midi. 80/15/011/56

4 avril 1879 [Vendredi]
Président M. Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Sont présents : MM. Turgnet, Proust, de Ronchaud, vice-présidents. MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Darcy, Denuelle, Dreyfus, Gautier, Laferrière, Laisné, Langlois de Neuville, Legrand, Lisch, Lucet, Henri Martin, de Mortillet, Ruprich-Robert, du Sommerard, Tétreau, Thomson et Viollet-le-Duc. M. le sous-secrétaire d'État s'excuse de ne pouvoir rester à la séance.

Après avoir donné lecture du :

Décret du 27 mars qui réorganise la Commission des Monuments historiques,

M. le ministre rend hommage aux services qu'elle a rendus depuis sa création.

Tenant compte à la fois du besoin de progrès et du besoin de rattacher la société nouvelle aux racines du passé, elle a sauvé ce passé d'une sorte de barbarie. L'état démocratique, arrivé à sa forme définitive, est la conséquence et le couronnement du passé de la France, loin d'être une rupture avec ses origines. La Commission a contribué pour une large part à l'éducation générale des esprits.

Parmi ses membres il en est un, M. Viollet-le-Duc, qu'on doit considérer comme le chef de cette école à laquelle la France nouvelle doit la conservation de la France d'autrefois. M. le ministre termine en déclarant que les propositions de la Commission sont presque toujours ratifiées par décision ministérielle. Comme ses prédécesseurs, il ne peut que s'en rapporter à elle pour le meilleur emploi des crédits, se réservant dans le cas où, par exception, des questions délicates seraient soulevées, de venir les examiner avec elle.

Il est donné lecture du procès-verbal de la séance du 30 janvier 1879.

Porte Saint-Georges à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

Au sujet de la Porte Saint-Georges à Nancy, dont la Commission, dans sa dernière séance, a proposé le classement, M. le ministre fait connaître qu'il a reçu de vives réclamations de la part de la Ville, que ce classement aurait pour effet de mettre dans un grand embarras et demande qu'il soit procédé, dans une prochaine réunion, à un nouvel examen de la question.

Le procès-verbal est adopté.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. Viollet-le-Duc sur : 80/15/011/57

Hôtel de ville de Cordes-sur-Ciel (Tarn)

M. le rapporteur propose d'approuver le devis de M. Paul Gout, architecte, devis dont le montant s'élève à la somme de 67 725 Francs 72 et de contribuer à la restauration de l'édifice par une allocation de 21 339 Francs représentant la dépense nécessaire pour exécuter les travaux de consolidation et de réparation du bâtiment ancien, à la charge par la Ville de pourvoir à l'achèvement de l'entreprise. M. Henri Martin appuie les conclusions du rapport qui sont adoptées.

Hôtel de ville de Dreux (Eure-et-Loir)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver le devis de 164 088 Francs 11 présenté par l'architecte et d'allouer un crédit de 100 000 Francs à répartir sur plusieurs exercices à charge pour la Ville de trouver le complément des ressources nécessaires à l'exécution des travaux. M. Darcy, auteur du projet, fait connaître qu'il ne s'agirait, quant à présent, que de la restauration extérieure, les services municipaux installés dans le monument ne pouvant être déplacés immédiatement. Quant aux ressources que la Ville se propose d'affecter à l'exécution des travaux, elle ne dépasserait pas une somme annuelle de 3 000 Francs.

La Commission est d'avis que, pour engager une entreprise de cette importance, il serait nécessaire que la Ville s'imposât des sacrifices plus sérieux. Elle ajourne en conséquence l'examen de cette affaire, en demandant la production d'un devis spécial pour la restauration extérieure et l'instruction de l'affaire au point de vue des moyens d'exécution.

Fortifications de Rions (Gironde)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver le projet de M. H. Drouyn, qui a été modifié conformément aux observations de la Commission portant sur ce point que le projet primitif donnait un caractère trop civil à la porte de Rions qui est un édifice purement militaire. Il propose également d'en approuver le devis, s'élevant à la somme de 27 562 Francs 83, et d'accorder une subvention égale à la moitié de la dépense, soit 24 000 Francs, à la charge par la Ville de parfaire le reste de la somme.

La Commission, considérant qu'il importe d'appuyer les tendances des villes à conserver leurs anciennes fortifications, monuments dont elles ne peuvent tirer un parti matériel, adopte les conclusions du rapport.

Peintures du Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald rapporteur est d'avis qu'il y a lieu de demander à M. Révoil, architecte, des éclaircissements au sujet des difficultés qu'il rencontre de la part de l'autorité militaire pour la construction d'un corridor traversant les magasins d'habillement et donnant aux 80/15/011/58 visiteurs accès à la ville basse de la Tour Saint-Jean.

M. Viollet-le-Duc observe qu'en 1862 sur la demande de l'État, la Ville d'Avignon a construit une caserne ; mais qu'en 1870, on occupa la caserne, sans abandonner le Palais qui est encore à l'heure actuelle de la part des troupes l'objet des plus regrettables dégradations.

Sur l'avis exprimé par M. le ministre de prendre la question dans son ensemble, la Commission décide que l'évacuation du palais sera demandée à l'administration de la guerre.

Hôtel de ville de La Rochelle (Charente-Inférieure)

Les dépenses nécessaires à l'achèvement de la restauration de l'Hôtel de ville de La Rochelle s'élèvent à la somme de 104 886 Francs 05. La Municipalité sollicite de l'État une nouvelle subvention de 50 000 Francs représentant la dépense afférente à la partie des travaux intéressant les Monuments historiques.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de répondre aux efforts faits par la Ville qui a dépensé jusqu'à ce jour plus de 76 000 Francs pour la conservation de ce monument en lui accordant une subvention qui serait limitée toutefois à la somme de 20 000 Francs.

Adopté.

Porte de Soissons à Laon

Une restauration complète de ce monument d'architecture militaire du XIIIe siècle entraînerait une dépense de 70 000 Francs qui serait réduite à 40 000 Francs, si, au lieu de rétablir le 2° étage de la porte, on se bornait à l'établissement d'un dallage au-dessus des voûtes du 1er.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime qu'il serait difficile d'engager l'affaire sans le concours de la Ville, laquelle aurait l'intention d'affecter cette construction à un musée, mais qui, jusqu'à ce jour, s'est trop désintéressée de la conservation de ses monuments. Il est d'avis en conséquence d'attendre que la Municipalité de Laon ait fait connaître la part qu'elle se propose de prendre dans les frais de restauration de la porte dont il s'agit.

En réponse aux observations faites par M. Henri Martin, qui exprime le voeu de voir l'État venir en aide à la cité pour la conservation de l'édifice, M. Viollet-le-Duc rappelle ce principe adopté par la Commission d'arrêter de préférence son attention sur les monuments types, pour ne pas disperser sur des édifices d'intérêt secondaire les ressources très limitées dont elle dispose. M. le ministre ajoute que les sacrifices de l'État doivent être proportionnés à ceux des Communes et des départements en même temps qu'à la valeur des monuments.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/011/59

Fontaine de Givet (Ardennes)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estimant que cette Fontaine, qui date du XVIIe siècle, n'offre pas assez d'intérêt au point de vue de l'art pour mériter d'être classée parmi les Monuments historiques, propose de laisser à la Ville le soin de restaurer cet édifice, pour la conservation duquel elle demande une somme de 4 000 Francs qui n'excède certainement pas les ressources dont elle dispose.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Donjon de Vire (Calvados)

Le donjon de Vire est le seul reste du château construit au XIe siècle par Henri 1er roi d'Angleterre. Malgré l'intérêt historique qu'il présente à ce titre, M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis que ce monument est aujourd'hui tellement réduit dans ses dimensions, et a conservé si peu de ses formes architecturales primitives qu'il n'y a pas lieu d'en prononcer le classement.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Porte-Horloge de Vire (Calvados)

La ville de Vire demande le classement de cette porte comme Monuments historiques. M. [Victor] Ruprich-Robert rapporteur, est d'avis d'admettre la requête à la condition que la Municipalité dégagera le monument des constructions qui l'entourent. Bien qu'il soit difficile de faire, dans l'état actuel, une évaluation précise des dépenses de consolidation nécessaires, il demande également qu'un devis soit dressé par un architecte attaché à la Commission. Sur sa proposition M. Trolonge, architecte à Falaise, est chargé de cette mission. La Commission adopte la proposition de classement aux conditions énoncées ci-dessus.

Église Notre-Dame à Vire (Calvados)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'approuver l'ensemble du devis dressé par M. Trolonge et s'élevant à la somme de 30 120 Francs 61 et de mettre à la charge de la Fabrique une dépense de 4 065 Francs 86 afférente aux travaux de restauration d'un ancien porche transformé en chapelle par la Fabrique en 1877. La moitié du surplus de la dépense montant à 26 054 Francs 75 soit 13 027 Francs 37 serait fournie par l'État en deux annuités à la charge par la Commune de pourvoir à l'autre moitié.

Sur l'observation qui lui est faite par M. [Émile] Boeswillwald que le monument n'offre pas un très grand intérêt et que la Fabrique l'a mutilé, la Commission jugeant que les documents placés sous ses yeux ne lui permettent pas de se prononcer en parfaite connaissance de cause, ajourne l'examen de l'affaire jusqu'à production de plus amples renseignements.

Église de Chambly (Oise)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, signale à la Commission l'état alarmant de l'édifice et l'informe de la nécessité où il s'est trouvé de faire prendre d'urgence 80/15/011/60 à M. Hérard, architecte, des mesures pour prévenir la chute de certaines parties de l'église. Il propose d'adopter le 2e chapitre du devis s'élevant à 106 498 Francs 08 et présentant ainsi un excédent de dépense de 21 498 Francs 08 sur l'allocation de 87 000 Francs accordée précédemment. Il fait observer toutefois que ce devis déjà modifié est encore insuffisant et qu'il y aurait lieu d'inviter M. Hérard à le remanier une 3e fois.

La Commission est amenée à constater qu'après la production d'un 1er projet qui n'a pas été approuvé par elle, l'architecte en présente un 2e, qui n'est pas non plus susceptible d'être adopté, et accuse de la part de l'auteur une connaissance trop imparfaite de la situation réelle du monument pour qu'on puisse lui demander avec certitude d'obtenir un bon résultat de produire une 3e étude.

En conséquence, et pour être assuré de la bonne direction des travaux qui seront fort délicats dans leur exécution, la Commission propose de remplacer l'architecte actuel par M. [Victor] Ruprich-Robert dont le talent est pour elle une garantie de cette bonne direction.

Église de Caudebec (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, demande à la Commission d'approuver en principe le devis dressé par M. Sauvageot et s'élevant à 190 000 Francs pour le clocher seulement. Laissant de côté la restauration de la partie carrée de la tour qui figure pour la somme de 35 000 Francs, le rapporteur propose de contribuer pour la somme de 60 000 Francs à la restauration de la partie octogone de la tour et de la flèche. L'examen du surplus du devis, dont le total général est de 345 000 Francs, serait ajourné. Après une discussion à laquelle prennent part MM. Viollet-le-Duc et [Émile] Boeswillwald, la Commission, considérant que le monument n'offre pas un intérêt de 1er ordre, est d'avis qu'il suffirait d'accorder une subvention de 20 000 Francs.

Fouilles à Angers (Maine-et-Loire)

M. du Sommerard donne lecture d'un rapport sur deux édicules récemment découverts sur la place du Ralliement à Angers, et dont la Société académique de Maine-et-Loire et plusieurs membres des Sociétés savantes de la Ville demandent le classement.

La Commission, considérant que les édicules dont il s'agit ne présentent pas assez d'intérêt pour être classés non plus que pour être conservés au prix des inconvénients qui en résulteraient pour la Ville, conformément aux conclusions du rapporteur, rejette la demande.

La séance est levée à midi et la prochaine réunion fixée au mercredi 9 avril pour l'examen des affaires restant à l'ordre du jour. 80/15/011/61

9 avril 1879 [Mercredi]
Présidence de M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Sont présents : MM. Turquet, Proust, de Ronchaud, vice-présidents. MM. Abadie, de Baudot, M. [Émile] Boeswillwald, Charton, Darcy, Denuelle, Dreyfus, Gautier, Laisné, Langlois de Neuville, Lisch, Lockroy, Henri Martin, de Mortillet, Quicherat, Ruprich-Robert, du Sommerard, Steinheil, Thomson, Viollet-le-Duc, membres. MM. de Lasteyrie, Lucet s'excusent par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.
Il est donné lecture du procès-verbal de la dernière séance (4 avril 1879).
Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. Viollet-le-Duc demande la parole pour une observation relative au Palais des Papes. Il lui paraît nécessaire d'insister sur ce point qu'une caserne a été bâtie aux frais de la Ville, à la condition que la troupe abandonnerait les bâtiments qu'elle occupait, cette évacuation n'ayant pas eu lieu, il y a en conséquence inexécution des engagements pris par l'administration de la Guerre.

Le procès-verbal est adopté. L'ordre du jour appelle la discussion de la

Porte Saint-Georges à Nancy. (Meurthe-et-Moselle)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître à la Commission l'entretien qu'il a eu avec M. le maire de Nancy relativement à la conservation de la Porte Saint-Georges. Il en résulte que les esprits sont très partagés, même au dire de la Municipalité au sujet de l'intérêt qu'il peut y avoir pour la Ville à faire disparaître le monument.

M. le maire demande pour la satisfaction de quelques amours-propres que M. le ministre rapporte l'arrêté de classement jusqu'à ce que la question ait été examinée sur place par l'administration municipale et l'administration des Beaux-arts.

M. le rapporteur ne voit nul inconvénient à ce qu'il soit procédé à cet examen, mais il est d'avis que la Commission n'a pas à revenir sur sa décision. Il donne ensuite lecture d'une pétition signée d'un certain nombre d'habitants de Nancy et tendant à obtenir la conservation de l'édifice. La Commission adopte les conclusions du rapport

Église Saint-Ouen à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, informe la 80/15/011/62 Commission des efforts qu'il a faits pour obtenir l'enlèvement des statues placées par la Fabrique sur les culs de lampe des piliers du choeur. Il lui fait connaître, en outre, que, depuis la visite de la sous-commission à la date du 26 mars 1878, les modèles en plâtre rejetés par elle ont été, après avoir subi quelques modifications, remplacés par des statues en pierre. Il réfute les assertions contenues dans le mémoire adressé à M. le ministre par le conseil de Fabrique, à la date du 8 mars dernier, tendant à établir l'existence de statues dans l'église dès son origine, et demandant à M. le ministre de modifier sa décision. Quant à la valeur des figures elles-mêmes, il ne peut que la nier absolument. La Fabrique ayant été invitée par M. le préfet, muni des instructions ministérielles, à ne pas donner suite à son projet de décoration intérieure de l'église et à faire disparaître les figures déjà mises en place, M. le rapporteur conclut au maintien des termes de la lettre contenant ces instructions jusqu'à ce qu'un nouvel examen soit fait sur place par la sous-commission à laquelle il demande l'adjonction de deux nouveaux membres.

MM. du Sommerard et Steinheil sont désignés par la Commission qui adopte les conclusions du rapport.

M. le ministre ayant émis l'opinion que les frais de rétablissement des lieux dans leur premier état devait incomber à la Fabrique, la question de responsabilité conduit M. [Émile] Boeswillwald à demander ce que devient le projet de loi relatif à la conservation des Monuments historiques.

M. Proust répond que les délibérations de cette commission sont suspendues par l'attente de la réponse du ministre des Affaires étrangères au sujet des diverses législations existant en Europe.

Église de Lillebonne (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'approuver le projet de restauration du clocher de l'église de Lillebonne présenté par M. Sauvageot, architecte, et d'allouer à la Commune, pour cette entreprise, un secours de 1 000 Francs qui, s'ajoutant à la subvention de 5 000 Francs promise par le département, permettrait d'assurer la complète exécution des travaux évalués à 6 000 Francs.

M. le rapporteur exprime l'avis que les travaux dont les autres parties de l'édifice ont été l'objet en ont tellement dénaturé le caractère qu'elle ne présente plus aucun intérêt et qu'il y a lieu 80/15/011/63 d'en prononcer le déclassement, réserve faite du clocher qui resterait maintenu sur la Liste des Monuments historiques. La Commission adopte les conclusions du rapport.

Palais de Justice de Dijon (Côte-d'Or)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que les études relatives au Palais de Justice de Dijon, approuvées par le Conseil des Bâtiments civils avant le classement du monument, se divisent en deux parties bien distinctes comprenant, l'une la restauration de l'ancien édifice, l'autre, les constructions nouvelles destinées aux différents services du Palais.

En ce qui concerne la 1ère partie, la seule dont la Commission ait à s'occuper, il est d'avis qu'il est nécessaire de l'étudier à nouveau. L'auteur du travail a en effet composé les ensembles et les détails de la décoration des deux grandes salles d'audience qui datent de François Ier sans se servir des indications qui lui étaient fournies par l'état actuel du monument ; les verrières à sujet n'ont aucun rapport avec les fragments du XVIe siècle qui subsistent encore à l'une des fenêtres de la Chambre civile.

En outre, rien ne s'opposerait à la simple restauration de la magnifique porte d'entrée, donnant sous le porche qui, d'après le devis, doit être refaite entièrement.

M. le rapporteur propose, en conséquence, d'inviter l'architecte à modifier ses projets et à s'entourer, pour les travaux de sculpture, de peinture murale et de peinture sur verre, de collaborateurs expérimentés qui auront à soumettre à l'approbation de la Commission les esquisses ou les cartons des oeuvres qui leur auront été confiées.

La discussion, ouverte sur le rapport, donne lieu à l'examen des points les plus délicats. On ne peut que regretter que l'architecte n'ait pas adopté pour les constructions nouvelles le style du vieux Palais ce qui eût donné un aspect plus homogène à l'ensemble des bâtiments.

La Commission toutefois ne croit pas devoir insister sur les défauts de cette partie du projet qu'elle n'a point pour mission spéciale à examiner, quant à la décoration intérieure et à la restauration des parties anciennes ; elle a constaté que l'auteur du travail ne s'était nullement pénétré du caractère de l'édifice : il serait impossible d'obtenir une bonne restauration si la direction actuelle était conservée.

M. le rapporteur objecte l'existence des traités intervenus au sujet des divers travaux pour lesquels M. le ministre de l'Intérieur a déjà reçu et approuvé 80/15/011/64 des Commissions.

M. Viollet-le-Duc observe qu'il y a là un conflit financier d'où l'on ne pourra sortir qu'au moyen d'indemnités.

MM. Proust, [Émile] Boeswillwald, Abadie, Laisné, ce dernier exprimant cette opinion que rien ne s'opposerait à une entente entre l'architecte de la Commission et le conseil des Bâtiments civils.

M. le ministre, divisant la question, consulte la Commission sur le point de savoir si elle accepte le projet qui lui est soumis par l'architecte.

Sur sa réponse négative, M. le ministre pose une 2e question. La Commission est-elle d'avis de demander un nouveau projet à l'architecte départemental.

Après un deuxième vote négatif, la Commission, consultée sur le choix d'un architecte, désigne M. Lisch, Inspecteur général des Monuments historiques, comme étant, à cause de ses fréquents voyages à Dijon, plus désigné pour diriger cette importante restauration.

Église Saint-Pierre de Lisieux (Calvados)

M. Lisch, rapporteur, déclare qu'il s'est rendu compte sur place de l'état alarmant des quatre arcs doubleaux qui portent la tour centrale de l'église Saint-Pierre de Lisieux et conclut à la nécessité de mettre immédiatement à l'étude un projet d'étaiement et la reprise en sous-oeuvre de cette partie de l'édifice.

M. le rapporteur propose à la Commission de charger de la rédaction de ce projet M. Naples, architecte qui depuis un an a suppléé M. Millet, décédé, dans la direction des travaux de restauration de l'église Saint-Pierre de Lisieux.

La Commission adopte les conclusions du rapport

Hôtel de ville de Niort (Deux-Sèvres)

L'ancien Hôtel de ville de Niort, construit de 1520 à 1530, est un charmant édifice qui a malheureusement subi de nombreuses mutilations intérieures par suite de sa transformation en Justice de paix, mais dont l'architecture intérieure a conservé à peu près son aspect primitif.

M. Lisch, rapporteur, propose le classement de ce monument qui est l'un des types les plus élégants de l'architecture civile du XVIe siècle dont les spécimens de plus en plus rares sont d'autant plus dignes d'être conservés.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/011/65

M. le ministre s'étant retiré, M. le sous-secrétaire d'État prend la présidence.

Église de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire)

M. Lisch, rapporteur, estime que le projet de restauration présenté par M. Roffay, architecte, n'est pas de nature à répondre aux besoins de la restauration de l'édifice. L'objet principal de ce travail est la construction d'une sacristie nouvelle qui permettrait de rendre au culte deux chapelles latérales. Les tracés proposés sont d'ailleurs tellement en dehors du caractère du monument qu'il n'y a plus lieu de donner suite à un pareil projet. L'église de Candes, spécimen d'architecture militaire et religieuse, offre un grand caractère de force et d'élégance.

M. le rapporteur propose de charger un architecte attaché à la Commission de se rendre dans cette localité à l'effet de faire un relevé des constructions actuelles et de dresser un devis, dans lequel on aurait soin de ne comprendre que les travaux dont l'exécution serait indispensable à la conservation du monument.

La Commission, adoptant les conclusions du rapport, charge M. Devérin, architecte de la région dont il s'agit.

Église de Dreuilly (Indre-et-Loire)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître qu'à la suite de l'accident arrivé au mois de février dernier à l'église de Dreuilly, il s'est transporté sur les lieux, afin de constater la situation de l'édifice. Cette situation lui a paru nécessiter immédiatement des travaux de consolidation assez considérables. Quelques points plus menacés ont dû même être étayés d'urgence.

M. le rapporteur propose d'adopter le devis, dressé par M. de Baudot, architecte, dont le total s'élève à la somme de 157 730 Francs 79 sur laquelle une somme de 62 119 Francs 41 s'applique aux travaux urgents comprenant la restauration du choeur et du transept ; il propose en outre d'allouer une somme de 25 000 Francs pour cette entreprise. Si M. le curé de Dreuilly veut bien, comme il le fait espérer, contribuer à la restauration dont il s'agit pour une somme de 20 000 Francs il resterait à la Commune, pour parfaire le montant du devis, à pourvoir à la somme de 17 119 Francs 41.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Notre-Dame de Saint-Omer (Pas-de-Calais)

La restauration de l'église Notre-Dame de Saint-Omer entreprise en 1868 n'a pu être entièrement terminée faute de ressources suffisantes. Le transept sud, qui est aujourd'hui le point le plus menacé, a été consolidé, mais la toiture n'en a pas été achevée et l'eau qui a pénétré pendant l'hiver dans cette partie de l'édifice, l'a tellement endommagée qu'il devient urgent de poursuivre la restauration.

Si l'on ne 80/15/011/66 veut pas laisser compromettre les travaux déjà exécutés, M. Lisch, rapporteur, propose d'approuver le projet de M. Darcy, architecte, qui évalue à 63 618 Francs la somme nécessaire pour l'achèvement des travaux et d'accorder une subvention de 25 000 Francs qui, jointe à une somme égale déjà votée par la Commune, réduirait à 13 618 Francs le complément des ressources qu'elle aurait à se procurer.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Fouilles à Poitiers (Vienne)

M. du Sommerard, rapporteur, fait connaître à la Commission le résultat des fouilles entreprises par M. Rothmann, commandant du Génie militaire, chargé de la direction des Travaux pour l'établissement du parc et des magasins à fourrages à Poitiers et lui donne communication du mémoire rédigé par cet officier supérieur ainsi que des dessins dont il l'a accompagné.

M. le rapporteur propose l'impression de ce Mémoire et demande qu'une somme de 300 Francs soit allouée à M. Rothmann pour continuer ses recherches.

M. de Mortillet demande en outre la reproduction de quelques uns des dessins.

La Commission adopte les conclusions du rapport et charge MM. du Sommerard et de Mortillet de choisir parmi les dessins qui lui ont été communiqués, les figures les plus caractéristiques, afin de les intercaler dans le texte.

La séance est levée à 11 h 45. 80/15/011/67

30 mai 1879
Présidence de M. Proust, vice-président. Sont présents : MM. de Ronchaud, vice-président, Abadie, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Darcy, Denuelle, Gautier, La Ferrière, Laisné, Langlois de Neuville, de Lasteyrie, Legrand, Lisch, de Mortillet, Quicherat, du Sommerard, Steinheil, Tétreau, Viollet-le-Duc. M. le sous-secrétaire d'État et M. [Victor] Ruprich-Robert s'excusent par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.
Budget, révision de la liste
M. Proust fait connaître la décision prise par la Commission du Budget au sujet de l'augmentation de 194 000 Francs demandée pour le crédit des Monuments historiques. La Commission du Budget accepte sous la réserve d'une révision du classement. Frappée de l'inconvénient qui résulte de la dispersion des fonds entre un grand nombre de monuments, elle préfère que le crédit soit réparti entre un nombre plus restreint d'édifices. Il y aurait lieu, en conséquence, de désigner une sous-commission pour procéder à la révision du classement.
Musée de moulages

M. Proust soulève la question de savoir si la création d'un musée de moulages reproduisant les différents spécimens de l'art de la sculpture aux différentes époques ne présenterait pas une grande utilité. Un des procédés les plus économiques pour arriver à sa fondation serait la voie des échanges avec l'étranger, et avec les villes de province. Si la Commission adoptait cette pensée on désignerait une sous-commission du Musée.

La Commission des Monuments historiques ayant approuvé ces propositions, on procède à la formation des deux sous-commissions.

Sont nommés membres de la sous-commission du classement :

MM. de Ronchaud, Abadie, de Baudot, M. [Émile] Boeswillwald, Darcy, Laisné, Legrand, Lisch, Ruprich-Robert, Viollet-le-Duc et du Sommerard.

Sont nommés membres de la sous-commission du Musée :

MM. Proust, Denuelle, Langlois de Neuville, de Lasteyrie, Quicherat, du Sommerard, Steinheil et Viollet-le-Duc, de Baudot et Dreyfus.

Église de Marle (Aisne)

M. Laferrière donne communication de la nouvelle qu'il a reçue de l'incendie par la foudre de l'église de Marle (Aisne). L'architecte, M. Gautier, s'est transporté de Laon sur le lieu du sinistre et doit envoyer une dépêche qui en fera connaître l'étendue. 80/15/011/68

Le procès-verbal de la séance du 9 avril est lu et adopté. L'ordre du jour appelle la discussion.

Théâtre antique d'Orange

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que les travaux autorisés sont aujourd'hui terminés et signale un reliquat de 2 328 Francs sur la somme de 23 650 Francs allouée en 1877. D'autres travaux de consolidation seraient encore nécessaires et constitueraient du côté gauche du proscenium une opération à peu près semblable à celle qui vient d'être achevée du côté droit, à savoir : couronnement des murs de cette partie de l'édifice, couronnement du mur parallèle à la façade et du mur de face en retour du côté du pulvinar.

M. le rapporteur propose d'accorder, pour l'exécution de ces ouvrages complémentaires, un nouveau crédit s'élevant à la somme de 19 000 Francs à répartir sur deux exercices et formant avec le reliquat de 2 328 Francs une somme à peu près égale au crédit alloué pour la première partie de l'entreprise, soit 21 328 Francs.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme)

L'église de Vic-le-Comte est un édifice dont la nef et les collatéraux de construction moderne sont sans valeur et dont le choeur formé de l'ancienne chapelle des Comtes d'Auvergne date du commencement du XVIe siècle, à l'exception des verrières peintes qui garnissent deux des fenêtres de l'abside et le retable de l'ancien maître-autel finement sculpté, mais salpêtré, le choeur lui-même n'offre rien de bien intéressant. Le devis dressé par M. Bruyerre, architecte, pour les travaux à exécuter s'élève à la somme de 37 701 Francs 64.

M. M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, estime que loin de justifier une telle subvention sur le crédit, ce monument ne mérite même pas d'être classé. Il est d'avis, en conséquence de laisser les frais des travaux dont il s'agit à la charge des administrations locales qui les ont rendus nécessaires par le peu de soin qu'elles ont apporté à l'entretien de l'édifice, dont il propose le déclassement.

Une discussion s'engage à ce sujet.

M. du Sommerard fait observer que, si l'on déclasse l'édifice en entier, le retable qui est intéressant courra le risque d'être détruit.

M. Lisch propose une distinction. N'y aurait-il pas lieu de diviser, suivant le degré d'intérêt qu'ils présentent, les Monuments historiques 80/15/011/69 en deux sections, les monuments classés et les monuments recommandés ? L'État veillerait sur ces derniers sans leur accorder de subvention.

M. Viollet-le-Duc voit de grands inconvénients à la distinction proposée par M. Lisch. Le classement, en effet, n'oblige pas l'État à fournir des fonds. Son but est d'empêcher la destruction ou l'altération du monument. On pourrait en conséquence maintenir le classement de celui-ci jusqu'au travail général du classement.

M. Laferrière ajoute qu'au point de vue des services que peut rendre l'administration des Cultes, la proposition de M. Lisch aurait de fâcheux résultats. Que serait d'ailleurs un classement qui ne serait point accompagné d'un espoir de subvention ?

La question ayant été mise aux voix, l'église de Vic-le-Comte est maintenue sur la Liste des Monuments classés. Sous cette réserve, les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Volvic (Puy-de-Dôme)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, rappelle qu'à la date du mois de septembre 1878 il avait été appelé à constater que des travaux importants avaient été exécutés à l'église de Volvic, en dehors du contrôle de l'administration des Beaux-arts. Une nef, bordée de doubles bas-côtés et précédée d'un porche que surmonte un clocher, avait été construite, et l'on procédait à la restauration du mur et des bras du transept.

Ce n'est qu'au mois de mai dernier que l'administration a pu obtenir de M. le préfet du Puy-de-Dôme communication du projet en cours d'exécution dont l'auteur est M. Mallay.

En présence de ces faits M. le rapporteur propose le déclassement de l'église de Volvic ; il demande en outre à l'administration des Beaux-arts

1° de s'enquérir des causes qui ont déterminé M. le préfet du Puy-de-Dôme à ne pas transmettre le projet de restauration dont il s'agit à l'approbation ministérielle,

2° de rappeler à ce fonctionnaire les instructions qu'il a reçues à la date du 6 août 1875 relativement à l'exclusion du service des Monuments historiques de M. Mallay à la suite de travaux regrettables exécutés par eux, dans des conditions analogues à l'église de Thuret et à d'autres monuments de l'Auvergne.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Temple d'Auguste et de Livie à Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver 80/15/011/70 le projet présenté par l'architecte, d'une grille à établir autour du monument. Ce projet est conforme aux instructions de la Commission : c'est une clôture sans prétention, composée de barreaux cassés et de traverses. La dépense est évaluée à 15 140 Francs.

M. le rapporteur est d'avis que la Commission des Monuments historiques accorde une subvention de 10 000 Francs, à la charge par la Ville de fournir la somme complémentaire de 5 140 Francs. Cette grille ayant pour but de protéger le Temple lui-même et les antiquités composant le Musée lapidaire qu'on y doit déposer et qui est actuellement installé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.

M. Quicherat fait observer au sujet de ces dernières, que la Cella est infiniment trop petite pour les contenir et qu'on ne peut, d'autre part, laisser dehors les inscriptions : on sait ce que l'épigraphie nîmoise a souffert de trente ans d'exposition en plein air.

M. le rapporteur répond qu'on ne mettra à l'intérieur que les morceaux les plus importants, que rien d'ailleurs ne s'opposera à ce qu'une partie des objets reprenne place au Musée Saint-Pierre, quand la restauration de cette ancienne basilique sera terminée.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église Saint-Julien à Royaucourt (Aisne)

Cet édifice élevé à la fin du XIIe siècle a été presque entièrement réédifié dans la seconde moitié du XIIIe siècle. La travée du choeur et les piles du clocher sont les seules parties qui subsistent du monument primitif. De nombreux travaux de restauration seraient aujourd'hui nécessaires, et certaines parties telles que la couverture de la nef et du choeur devront être refaites presque entièrement. La dépense qu'entraîneraient ces travaux est évaluée à 13000 Francs.

La Commune se trouvant dans l'impossibilité d'y contribuer, M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose l'allocation d'une somme de 8 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la charge par la Commune de pourvoir au déficit en s'adressant au Conseil général et à l'administration des Cultes.

Sur les observations de MM. Viollet-le-Duc, Quicherat, Abadie, qui n'attribuent à ce monument qu'un intérêt très secondaire, la Commission est d'avis d'ajourner l'affaire.

Arc de Triomphe de Carpentras (Vaucluse)

Ce monument romain, contemporain de l'Arc de Triomphe d'Orange, est situé dans une des 80/15/011/71 cours du Palais de Justice de Carpentras. C'est un rectangle percé sur les grandes faces d'une seule arcade soutenue par des pilastres. La voûte est dépourvue de sculpture, le couronnement de l'arc détruit. Les faces latérales sont décorées de bas reliefs représentant des captifs et des trophées.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître la proposition faite par un archéologue du département de Vaucluse, M. Justin Martin, de céder ce monument au Musée de Saint-Germain, cession à laquelle, paraît-il, la Municipalité de Carpentras ne serait pas éloignée de consentir.

M. le directeur des Musées nationaux, ayant demandé l'avis de la Commission au sujet de la meilleure destination à donner à l'Arc de Triomphe de Carpentras, M. le rapporteur propose de décider qu'il n'y a pas lieu d'accueillir la proposition de M. Martin et que le monument en question doit rester à la place qu'il a toujours occupée.
Mont-Saint-Michel (Manche)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que MM. les ingénieurs du Service maritime de la Manche ayant projeté la translation du feu de Couësnon sur la tour Gabriel, M. Corroyer, architecte du Mont-Saint-Michel, fit un projet pour l'établissement d'un logement de garde dans la Tour du Moulin. Ce projet, adopté d'abord par MM. les Ingénieurs, dut, à la suite d'un désaccord relatif à la forme à donner au parapet de la Tour Gabriel, faire place à un autre projet de MM. les Ingénieurs eux-mêmes, qui consistait dans l'établissement d'un réduit pour le gardien au point d'attache de la Tour à l'enceinte.

Par lettre en date du 9 avril 1879 M. le ministre des Travaux publics soumet ce projet à l'approbation de son collègue des Beaux-arts.

M. le rapporteur est d'avis que ce réduit, qui défigurerait l'aspect de la Tour Gabriel, serait remplacé avantageusement par la Tourelle du moulin, facile à réparer et à couvrir, cette modification ne devant d'ailleurs porter aucun préjudice au feu.

Il propose, en conséquence, de demander à M. Corroyer un projet de réparation de la Tour du Moulin qui sera soumis à l'approbation de M. le ministre des Travaux publics.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Civry à Massangis (Yonne)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture du rapport de M. [Victor] Ruprich-Robert proposant le déclassement de l'église de Civry.

La Commission des Monuments historiques, considérant que cet édifice, qui date du XVIe siècle, ne présente pas un intérêt suffisant pour être maintenu sur la Liste des Monuments historiques classés, adopte les conclusions du rapport.

Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. Viollet-le-Duc donne lecture à la Commission d'un rapport duquel il résulte, ainsi que des pièces nouvelles citées à l'appui, qu'il y a bien eu véritablement un contrat entre l'administration de la Guerre et la Ville d'Avignon.

M. Proust propose de transmettre le rapport de M. Viollet-le-Duc au ministre de la Guerre.

M. Tétreau insiste pour qu'il soit pris une mesure pratique.

M. Viollet-le-Duc est d'avis qu'on mette en demeure le ministre de la guerre de remplir ses engagements.

M. Laferrière propose de faire suivre le rapport de M. Viollet-le-Duc d'un avis avec considérant émanant de la Commission des Monuments historiques .

MM. Viollet-le-Duc, Tétreau, Laferrière sont chargés de la rédaction de cet avis qui pourra servir de base à une action contentieuse, laquelle serait intentée devant la juridiction compétente, dans le cas où M. le ministre de la Guerre ne tiendrait pas compte de la mise en demeure qui lui sera adoptée.

Hôtel de ville de Compiègne (Oise)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, donne lecture à la Commission du rapport de M. Lafollye, architecte, sur l'état des fondations de la façade de l'Hôtel de ville de Compiègne. Il résulte de son examen que le mur de fondation est en retrait de plus de 0, 20 m du mur en élévation ; il y a donc urgence à consolider les fondations dans toute la longueur de l'édifice, au moyen d'un contre mur en béton.

L'examen, auquel s'est livré M. Lafollye, l'a conduit également à maintenir la proposition précédemment faite de remettre la porte d'entrée à sa place primitive, c'est-à-dire à côté de la Tour du Beffroi, ce qui est, selon lui, le moyen le plus sûr d'arrêter le mouvement de pression qui s'est produit.

M. Viollet-le-Duc est d'avis d'autoriser M. Lafollye à exécuter, dans le plus bref délai, les travaux 80/15/011/73 mentionnés dans son rapport, y compris le replacement de la porte au lieu qu'elle occupait primitivement. Il propose d'en approuver le devis qui s'élève à la somme de 8 912 Francs et d'allouer cette somme sur le crédit des Monuments historiques.

Église de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur fait connaître que le conseil de Fabrique de l'église de Saint-Père-sous-Vézelay, l'un des édifices les plus intéressants du département de l'Yonne, se déclare hors d'état de subvenir aux frais de réparation qu'exige en ce moment l'édifice, pour la raison qu'il a employé les fonds dont il disposait à des travaux d'embellissement, tels que grattage des chapelles du chevet, maître-autel sculpté, vitraux historiés.

M. le rapporteur est d'avis qu'avant de prendre une décision sur cette affaire, la Commission charge l'un de MM. les Inspecteurs généraux d'adresser à M. le ministre un rapport sur l'état de l'édifice dont il s'agit.

Château de Coucy (Aisne)

Une partie du mur d'enceinte du château de Coucy s'est écroulée par suite de sa vétusté pendant l'automne dernier. La reconstruction de cette portion du mur qui sépare le château du jardin Parent est nécessaire pour empêcher de pénétrer la nuit dans le domaine de l'État.

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver le devis de 1160 Francs dressé par M. Gautier, architecte.

Adopté.

Église Saint-Ouen à Rouen (Seine-Inférieure)

M. du Sommerard a la parole pour la lecture du rapport de M. Ruprich-Robert.

Le rapporteur fait connaître le résultat de la conférence que MM. les membres de la sous-commission ont eue dans l'église Saint-Ouen avec MM. les membres du conseil de Fabrique. Il incline à penser que les observations de la sous-commission ont été accueillies, du moins en ce qui concerne l'insuffisance et la médiocrité des figures.

En tous cas, la sous-commission a été d'avis, à l'unanimité, et elle maintient que, malgré certaines retouches faites à plusieurs des statues sur la propre initiative de la Fabrique qui en avait reconnu elle-même la nécessité, ces figures ne peuvent être conservées. Elle propose à la Commission d'émettre un blâme contre une entreprise qui n'aurait pas dû être tentée sans l'avis du ministre compétent, de rejeter le projet demandé et de demander à M. le ministre 80/15/011/74 que toutes les statues de la nef et du choeur de l'édifice Saint-Ouen soient descendues de leurs supports et non remplacées.

M. du Sommerard fait connaître que M. le préfet de la Seine-Inférieure n'hésitera pas à faire exécuter la décision de la Commission.

Les conclusions du rapport de la sous-commission sont adoptées.

Pont de Valentré à Cahors (Lot)

Le pont de Valentré, qui date du XIIIe siècle, est une construction d'un intérêt exceptionnel dont malheureusement des travaux de restauration, entrepris il y a quelques années par le département, sont venus altérer le caractère. Les créneaux des tours ont été supprimés, les mâchicoulis murés, les toitures dénaturées. Toutefois les traces des dispositions anciennes sont encore assez apparentes pour qu'on puisse se rendre compte de l'aspect primitif.

M. Lisch, rapporteur, propose d'approuver le devis de M. Paul Gout, architecte, qui s'élève à la somme de 21 089 Francs 53 ainsi que son projet de restauration consistant

dans le rétablissement des meurtrières, créneaux, mâchicoulis et dans la remise en état des couvertures

2° dans le rétablissement des dispositions intérieures des tours.

Le département, ne pouvant plus participer aux frais après avoir employé 40 000 Francs pour la consolidation du pont, le total de la dépense se trouverait mis entièrement à la charge de l'État qui pourrait la reporter sur deux exercices.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Cloître de Moissac (Tarn-et-Garonne)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que le cloître de Moissac, l'un des édifices les plus intéressants et les plus remarquables de ce genre, est dans un état de dégradation qui nécessite d'urgentes réparations. Cet état provient non seulement du défaut d'entretien des bâtiments mais de l'humidité causée par l'exhaussement de terrains environnants et par le voisinage d'un immense pan de mur en ruine qui projette son ombre sur le cloître. Pour la démolition de ce pan de mur et pour l'abaissement de ces terrains, la Fabrique sollicite du ministère des Cultes un secours de 8 000 Francs ; quant aux travaux de restauration de l'édifice, un projet a été soumis à la Commission qui l'a approuvé, dans sa séance du 13 mars 1878, ainsi que le devis s'élevant à 27 895 Francs 53. Une subvention de 10 000 Francs a été accordée, sur le crédit des Monuments historiques 80/15/011/75 à la charge par la Commune de parfaire le montant des ressources nécessaires. Celle-ci ne pouvant contribuer aux travaux que pour une somme de 6 000 Francs et le département ne paraissant pas disposé à fournir une subvention supérieure à 1000 Francs il resterait à combler un déficit de 10 895 Francs 53.

M. le rapporteur propose en conséquence d'accorder une nouvelle subvention de 10 000 Francs à la Commune de Moissac et de prier l'administration des Cultes d'inviter la Fabrique à prêter son concours à l'administration des Beaux-arts, en exécutant les travaux d'assainissement mentionnés ci-dessus.

M. Lisch rappelle à ce sujet que la Fabrique a eu autrefois l'usage du cloître, que la Ville a réclamé cet édifice pour en faire un Musée ; qu'à la suite des contestations survenues entre la Commune et la Fabrique, il n'y a pas eu à compter sur le concours de cette dernière, qui ne le prêterait qu'à la condition de la reconnaissance d'un droit d'usage ou de servitude énergiquement refusé par la Commune.

Relativement à la subvention de 8 000 Francs demandée par la Fabrique au ministère des Cultes, M. de Baudot fait connaître que cette subvention a été accordée. Seulement, elle a été accordée pour le presbytère, mais non pour la démolition du mur et l'abaissement du terrain ; peut-être y aurait-il lieu de demander à l'administration des Cultes la modification de la lettre d'avis.

La Commission décide qu'une lettre dans ce sens sera écrite à M. le ministre des Cultes. Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église Sainte-Marie-aux-Dames à Saintes (Charente-Inférieure)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître qu'ayant été chargé de préparer un projet de restauration de la Tour centrale de l'église de Sainte-Marie-des Dames à Saintes et de faire un relevé exact de ce monument, il s'est rendu sur place afin de remplir sa mission.

Il a dû constater que, pour faire une étude sérieuse de la situation de l'édifice, il était nécessaire de dresser un échafaudage en charpente partant du pied de la Tour et s'élevant à la hauteur de 23 m, avec escalier et pont de service rendant possible l'accès de cette Tour, dont la solidité a été sérieusement compromise par les derniers ouragans. Cet échafaudage, qui serait construit de manière à servir aux travaux de restauration, entraînerait une dépense de 7 362 Francs 42. Quant aux frais de la restauration elle-même, M. Lisch estime qu'ils s'élèveraient au chiffre de 25 000 Francs. 80/15/011/76

Toutefois n'ayant pu arriver jusqu'à la coupole, il ne peut répondre qu'ils n'atteindront pas un chiffre peut-être beaucoup plus élevé.

MM. Proust, Viollet-le-Duc, Abadie, de Longpérier, du Sommerard, Tétreau prennent part à la discussion qui s'élève relativement à l'occupation de l'édifice par l'administration de la Guerre. La Ville est propriétaire de l'immeuble qu'elle a cédé à celle-ci pour y établir un casernement. N'y aurait-il pas lieu de demander à la Guerre, si elle ne consentirait point à s'imposer la moitié de la dépense qui pourrait être évaluée à 40 000 Francs.

La Ville, d'autre part, ne saurait-elle voter des fonds pour construire une caserne, ce qui rendrait possible l'évacuation des troupes ?

La Commission se réserve de prendre des conclusions au sujet de cette affaire lorsque l'administration de la Guerre aura été pressenties quant aux questions qui précédent.

Église de Saint-Généroux (Deux-Sèvres)

L'église de Saint-Généroux, dont la construction paraît remonter au IXe siècle, est remarquable par sa disposition et son architecture extérieure. Des travaux de restauration ont été exécutés, il y a une vingtaine d'années, au choeur et au mur sud de la nef. Aujourd'hui le mur nord et la façade menacent ruine, la charpente apparente est en partie pourrie et la toiture est prête à s'effondrer sur plusieurs points.

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que le montant du devis dressé par M. Devérin, architecte, s'élève à la somme de 48 914 Francs14. Tout en reconnaissant que le projet de restauration est sérieusement étudié, il est d'avis qu'il y a lieu d'inviter l'architecte à modifier la décoration de la charpente apparente et à lui donner un caractère de simplicité plus en rapport avec l'esprit général du monument.

Quant aux ressources dont dispose en ce moment la Commune, M. le rapporteur les évalue à 3 500 Francs. Il resterait donc à pourvoir à un déficit de 45 414F. Eu égard à l'intérêt exceptionnel du monument M. le rapporteur propose d'accorder une allocation de 30 000 Francs payable en deux annuités, à la charge par la Commune de parfaire cette somme en s'adressant à l'administration des Cultes et au département.

Le devis étant appelé à subir des modifications, la Commission est d'avis d'ajourner le vote en ce qui concerne le chiffre de l'allocation et d'adopter, sous cette réserve, les conclusions du rapport. 80/15/011/77

Ancienne église Saint-Étienne de Beaugency (Loiret)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que les détériorations qui avaient été signalées dans l'édifice sont d'une importance secondaire. Les travaux à exécuter s'élèveraient à la somme de 1 459 Francs 46 suivant le devis qu'il a dressé lui-même. M. le rapporteur propose de profiter de la saison où l'édifice, qui sert de magasin à bois, est inoccupé, pour faire exécuter les réparations nécessaires. Quant aux frais, ils devront être supportés par l'État, qui est propriétaire de l'ancienne église Saint-Étienne, dont la Ville de Beaugency n'est que locataire.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église d'Évron (Mayenne)

Un projet de vitrail destiné à l'église d'Évron, dont le choeur et le transept appartiennent à la bonne époque du XIVe siècle, est soumis à l'examen de la Commission.

M. Lisch, rapporteur, est d'avis que le dessin ne rentre ni par l'ensemble, ni par les détails, dans le caractère de l'édifice. Il propose en conséquence d'inviter la Fabrique à réclamer du peintre verrier des cartons plus complet, pour lesquels il devra s'inspirer des fenêtres hautes du choeur qui datent de l'époque de la construction de l'église. Il fait connaître en outre que de nombreux travaux de diverses natures sont projetés dans l'église dont il s'agit, tels que la construction d'un autel, l'établissement d'un dallage, d'une grille du monument et l'incrustation de plaques votives dans les murs. Il exprime l'avis qu'il y aurait lieu de rappeler à la Fabrique qu'aucun projet ne doit être exécuté sans l'avis de la Commission et l'autorisation de M. le ministre.

M. de Baudot informe la Commission que les travaux dont fait mention le rapport sont déjà en partie exécutés.

La Commission désigne M. de Baudot pour en prendre la direction et charge spécialement M. Steinheil de diriger les travaux du peintre verrier.

M. [Émile] Boeswillwald ayant exprimé l'opinion qu'on devait s'opposer à l'incrustation des ex-voto, M. de Baudot fait observer que les travaux s'exécutent avec l'argent d'une donation qui exige l'apposition des plaques. Il ne manquera pas de rencontrer des difficultés dans la mission qu'on veut lui confier et déclare qu'il ne l'acceptera qu'à la condition de conserver toute sa liberté d'action. Quant à la mission de M. Steinheil, elle resterait ajournée jusqu'à l'issue des réparations.

Palais de justice à Dijon (Côte-d'Or)

M. Viollet-le-Duc fait connaître qu'il a visité 80/15/011/78 le Palais de Justice de Dijon et que rien n'empêche que la porte soit conservée. Il a, en même temps, examiné les travaux neufs qui ne sont pas faits pour donner confiance dans l'architecte et qui justifient la mesure prise par la Commission en l'écartant de la restauration des parties anciennes.

La prochaine réunion de la Commission est fixée au vendredi 13 juin, celle de la sous-commission des moulages au vendredi 6 et celle de la sous-commission de classement au mercredi 11, celle-ci toutefois devant au sortir de la séance jeter les premières bases de ses travaux. L'heure de 9 heures est adoptée pour les trois réunions.

La séance est levée à midi moins le quart. 80/15/011/79

13 juin 1879
Président : M. le sous-secrétaire d'État. Sont présents : MM. Proust, de Ronchaud, Steinheil, Viollet-le-Duc, Gautier, Laisné, Lisch, MM. [Émile] Boeswillwald, Quicherat, de Lasteyrie, Abadie, de Mortillet, Tétreau, Dreyfus, du Sommerard, de Baudot, Langlois de Neuville, Ruprich-Robert, Lucet Laferrière et Henri Martin.
Le procès-verbal de la séance du 30 mai est lu et adopté sous la réserve de trois modifications qui sont faites par MM. Proust, du Sommerard et Tétreau.

Sur la demande de M. Proust, lecture est donnée du rapport de M. Viollet-le-Duc sur le projet d'un :

Musée de moulages au Trocadéro à Paris (Seine)

dont la Commission s'est entretenue dans sa dernière séance.

Les propositions contenues dans ce rapport sont adoptées par la Commission qui signale les bâtiments du Trocadéro, et principalement ceux situés vers Paris comme étant très favorablement disposés pour l'installation du dit Musée.

Sur l'observation de M. de Mortillet que les galeries situées de ce côté sont déjà occupées par des objets destinés à former un Musée ethnographique, M. Proust fait remarquer que cette occupation ne saurait être considérée comme définitive attendu que la Commission du Budget n'a pas accordé jusqu'à ce jour le crédit demandé pour la formation d'un Musée ethnographique.

M. le sous-secrétaire d'État promet à la Commission d'entretenir le ministre de cette affaire et il a l'espoir d'obtenir une décision favorable.

Palais des Papes à Avignon (Vaucluse)

M. Tétreau donne lecture des considérants qu'il a été chargé de préparer de concert avec MM. Laferrière et Viollet-le-Duc pour appuyer l'avis par lequel la Commission a conclu à ce que le ministre de la guerre mît la Ville d'Avignon, dans le plus bref délai possible, en possession des parties du Palais des Papes actuellement affectées à un casernement qui compromet la conservation de ce Palais.

Ces considérants sont adoptés à l'unanimité.

Église Saint-Laurent à Nogent-sur-Seine (Aube)

Conformément à la proposition de M. Ruprich-Robert, rapporteur, la Commission est d'avis d'imputer sur le crédit des Monuments historiques la moitié de la dépense que nécessitera la restauration de la Tour et des chapelles du choeur de cet édifice, 80/15/011/80 soit une somme de 7 557 Francs 95 à la condition que la Commune réunira une somme égale pour parfaire le devis qui s'élève à 15 115 Francs 90.

Chapelle Saint-Julien au Petit-Quévilly (Seine-Inférieure)

Cet édifice a été l'objet de travaux malentendus exécutés sans autorisation. Les voûtes du sanctuaire renferment des peintures du XIIe siècle très remarquables que M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose de faire dessiner par M. Steinheil pendant qu'elles sont encore apparentes. M. Sauvageot, architecte à Rouen, serait chargé en même temps de préparer un projet de restauration de ladite chapelle.

Ces propositions sont adoptées par la Commission.

Chapelle de l'Hospice d'Harcourt (Eure)

Cette chapelle, qui a été déposée puis reconstruite sur de mauvaises fondations, menace ruine aujourd'hui. Après les transformations qu'elle a subies, elle est tout à fait dépourvue d'intérêt et ne paraît pas d'ailleurs susceptible d'être réparée.

Par ces motifs et conformément à la proposition de M. Ruprich-Robert, rapporteur, la Commission conclut au déclassement de cet édifice.

Église de Ceffonds (Haute-Marne)

Conformément à l'avis de M. Ruprich-Robert, rapporteur, la Commission conclut à l'allocation d'un secours de 3 917 Francs pour la consolidation des piliers du clocher de cet édifice à la condition que la Commune réunira une somme égale pour parfaire le chiffre de la dépense évaluée à 7 835 Francs 26.

Église Notre-Dame de Louviers (Eure)

Dans une visite récente qu'il a faite de cet édifice, M. [Victor] Ruprich-Robert a constaté que la Fabrique a de son côté exécuté à l'intérieur des travaux de luxe très importants qui sont déplorables et qui ne concourent en rien à la conservation du monument dont certaines parties sont en très mauvais état.

Le rapporteur considère que, malgré les mutilations dont elle a été l'objet, l'église Notre-Dame de Louviers est encore très précieuse au point de vue de l'art et demande qu'un blâme sévère soit adressé à l'administration locale avec l'interdiction de cesser toute espèce de restauration ou de prétendus embellissements.

M. [Victor] Ruprich-Robert propose en outre de confier à l'avenir la direction des travaux à M. Sauvageot, architecte à Rouen.

La Commission adopte ces conclusions. 80/15/011/81

Chapelle du Château de Vincennes (Seine)

La dépense d'achèvement de la restauration de cette chapelle est évaluée par M. de Baudot à la somme de 208 638 Francs. Les travaux les plus urgents à exécuter aujourd'hui consisteraient dans l'établissement autour de l'édifice d'une grille qui aurait pour objet de le garantir en l'isolant et d'empêcher l'administration de la Guerre de déposer entre les contreforts, comme elle le fait aujourd'hui, des amas d'objets de diverses natures qui sont une cause de dégradations.

Conformément à la proposition de M. Ruprich-Robert, rapporteur, la Commission conclut à l'approbation du projet et à la continuation des travaux à l'aide de subventions annuelles égales aux précédentes.

Église de Louveciennes (Seine-et-Oise)

L'église de Louveciennes a fait l'objet en 1868 d'une étude de restauration que la Commission n'a pas adoptée. L'auteur du projet, qui est l'architecte diocésain, soumet aujourd'hui de nouvelles propositions que M. Ruprich-Robert, rapporteur, ne considère pas comme acceptables. Il lui paraît impossible de demander une troisième étude au même architecte et il propose de confier ce travail à M. Naples, architecte, qui s'est déjà occupé de ce monument.

La Commission adopte ces conclusions.

Clocher de l'église d'Harfleur (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, qui a visité ce clocher a constaté la justesse des appréciations portées par M. Sauvageot sur l'état de cette construction qui lui parait, comme l'a dit cet architecte, ne présenter aucun danger au point de vue de la sécurité publique. Il serait imprudent toutefois de le surcharger par l'installation de nouvelles cloches et il y a lieu d'empêcher la localité de donner suite à ce projet.

Église Saint-Thomas à Vire (Calvados)

Conformément à l'avis de M. Ruprich-Robert, rapporteur, la Commission conclut au rejet d'une demande de classement de cet édifice qui a subi de nombreuses mutilations et qui est aujourd'hui presque complètement dépourvu d'intérêt.

Ancienne Chartreuse de Dijon (Côte-d'Or) (aujourd'hui chapelle d'un asile d'aliénés)

La Commission partage complètement l'opinion de M. Ruprich-Robert, rapporteur, à savoir que l'état du portail de cette chapelle n'a rien d'inquiétant et qu'il n'y a pas lieu d'autoriser les travaux projetés qui seraient de nature à altérer le caractère de la sculpture.

Ruines de l'ancienne abbaye de Beaumont-le-Roger (Eure)

La lecture du rapport de M. [Victor] Ruprich-Robert entendue et considérant l'importance des 80/15/011/82 sacrifices qu'il faudrait faire pour conserver ces ruines et pour éviter des accidents qui sont imminents d'ici quelques années, sacrifices qui ne seraient pas justifiés par l'intérêt des restes dont il s'agit, la Commission est d'avis qu'il y a lieu de déclasser les ruines de l'abbaye de Beaumont-le-Roger de les abandonner au ministère des Finances, dans leur état actuel, afin que le Domaine les mette en vente ou les utilise au mieux des intérêts de l'État et enfin de charger un architecte du service, M. Darcy, d'en faire un relevé exact afin d'en conserver les dessins pour les archives de la Commission.

Théâtre antique d'Orange (Vaucluse)

M. le sous-secrétaire d'État fait part à la Commission du désir exprimé par M. Gout, député d'Orange, d'être entendu par elle au sujet d'une demande qu'il a adressée au ministre pour l'achèvement du dégagement du Théâtre antique.

La Commission s'empresse d'accueillir ce désir et M. Gout est introduit.

M. [Émile] Boeswillwald donne alors lecture de son rapport sur cette affaire. Il conclut à ce que l'achèvement du dégagement qui ne lui paraît pas d'ailleurs avoir un caractère d'urgence, soit laissé à la charge de la Ville.

M. Gout fait un exposé des circonstances dans lesquelles a été commencée l'exécution du dégagement et donne lecture de lettres ministérielles d'où il résulte que l'État tienne ces engagements en débarrassant le monument des constructions qui l'engagent encore à l'ouest. Le dégagement de ce côté lui paraît d'autant plus désirable qu'il aurait pour effet de laisser voir la partie du Théâtre qui se rattache à l'Hippodrome et qui est la plus intéressante.

En se retirant, M. Gout remercie la Commission de l'attention qu'elle a prêtée à son exposé.

La Commission, tout en reconnaissant que le complet dégagement du Théâtre est très désirable, ne croit pas que la dépense à prévoir pour cette opération puisse être mise à la charge du crédit des Monuments historiques.

M. Viollet-le-Duc rappelle que des opérations de cette nature, ont déjà été exécutées aux frais de l'État, mais que des crédits spéciaux avaient alors été votés par les Chambres pour faire face à la dépense. Si un ministre s'est en quelque 80/15/011/83 sorte engagé il y a trente ans, à dégager complètement ce Théâtre d'Orange, c'est qu'il avait espéré y parvenir au moyen du crédit qu'il avait obtenu pour cet objet ; mais les prévisions de dépense ayant été dépassées, l'administration n'a pu effectuer qu'une partie de l'entreprise.

La Commission est d'avis d'invoquer ces précédents pour proposer au ministre de demander aux Chambres un crédit spécial pour l'achèvement du dégagement du Théâtre d'Orange. 80/15/011/84

27 juin 1879 [Vendredi]
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. Darcy, Laisné, Lisch, [Émile] Boeswillwald, Quicherat, de Lasteyrie, Lucet, de Mortillet, Langlois de Neuville, Tétreau, Dreyfus, du Sommerard, de Ronchaud, de Baudot, Henri Martin et Lockroy.
Le procès-verbal de la séance du 13 juin 1879 est lu et adopté.
Église de Saint-Savin (Vienne)

M. Lisch, Inspecteur général des Monuments historiques, a la parole pour entretenir la Commission d'une visite qu'il a faite à l'église de Saint-Savin et pendant laquelle il a constaté que le curé faisait placer un chemin de croix dont les stations de 4 mètres de haut sont fixées contre les murs à l'aide de scellements qui mutilent les précieuses peintures de cet édifice de la façon la plus déplorable.

M. Lisch, n'ayant pu voir le curé, a donné ordre à l'inspecteur des travaux de l'église de s'opposer à la continuation de cette oeuvre de vandalisme et d'avertir le ministre par un télégramme si l'on ne tenait pas compte de son interdiction.

La Commission demande qu'une lettre ministérielle soit adressée immédiatement au préfet pour l'inviter à faire cesser un pareil travail.

Fouilles à Poitiers (Vienne)

M. du Sommerard rend compte à la Commission des nouveaux résultats que le commandant du Génie Rothmann a obtenus, en continuant les fouilles entreprises à Poitiers sur des terrains appartenant à l'État, et pour lesquelles un secours de 300 Francs a été accordé sur le budget des Monuments historiques. Cet officier supérieur a trouvé un grand nombre de tombes et une trentaine de vases funéraires en verre avec leurs gaines et dont quelques-unes portent des inscriptions.

M. Lisch qui est passé récemment à Poitiers fait connaître qu'un archéologue, le Père de La Croix, a découvert un autre point, en fouillant des terrains dont il a fait l'acquisition, un hypogée très curieux et des tombes d'une conservation parfaite et portant des inscriptions. Ces fouilles pourraient faire l'objet d'un relevé très intéressant. 80/15/011/85

M. Quicherat est d'avis que le Père de La Croix est très capable de faire ce relevé et qu'il y a lieu de lui laisser tout l'honneur de sa découverte.

La Commission partage cet avis.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. le président rend compte à la Commission de l'entretien qu'il a eu avec le ministre au sujet de la formation proposée d'un Musée de sculpture comparée. Il craint qu'il soit aujourd'hui fort difficile d'installer ce Musée au Trocadéro parce que une grande partie de ce palais est déjà occupée par des objets appelés à former un Musée ethnographique.

M. Langlois de Neuville croit que le ministre des Travaux publics voudra, quand remise lui sera faite du Trocadéro, consulter les ministres intéressés et faire, autant que possible, une part à chacun d'eux dans la répartition des locaux mis à sa disposition.

M. Henri Martin considère que cette répartition touche à des questions d'intérêt général et devrait, en conséquence, faire l'objet d'un examen d'ensemble qui serait confié à une grande Commission dans laquelle seraient représentés les différents services intéressés.

Suivant M. Laisné, le Musée de sculpture comparée serait très bien placé à l'École des Beaux-arts, qu'il est question d'agrandir beaucoup par la construction de nouveaux bâtiments.

M. Proust fait observer qu'il a déjà saisi le Conseil supérieur des Beaux-arts de cette proposition, mais qu'il a rencontré une grande résistance de la part de plusieurs de ses membres qui n'accordent pas à la sculpture française assez d'intérêt pour juger composer un Musée avec des reproductions de ces principales oeuvres.

La Commission considère la proposition de M. Henri Martin comme étant celle qui peut amener une solution M. le président promet en conséquence de la présenter au ministre.

Ancienne collégiale de Saint-Quentin (Aisne)

La Fabrique a fait exécuter à l'intérieur, sans jamais soumettre ses projets à l'approbation ministérielle, des travaux de décoration très importants tandis qu'elle a négligé complètement d'entretenir les couvertures dont le mauvais état est la cause de nombreuses et fréquentes infiltrations. La collégiale ne présente plus à l'extérieur qu'un médiocre intérêt après les remaniements qu'elle a subis 80/15/011/86 à différentes époques, que sa restauration entraînerait d'ailleurs une dépense considérable hors de proportion avec sa valeur actuelle.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur est d'avis de déclasser ce monument.

MM. Henri Martin et Quicherat ne partagent pas cet avis. Suivant eux l'édifice a encore un très beau caractère, et ils verraient avec regret la Commission l'abandonner.

MM. Lisch et [Émile] Boeswillwald font observer que quelques uns des travaux exécutés par la Fabrique, notamment la suppression des tirants qui existaient à l'extérieur, sont de nature à compromettre la solidité des constructions, qu'il peut résulter de là de graves désordres, et qu'il importe de dégager par le déclassement la Commission de toute responsabilité.

Ces considérations déterminent la Commission à adopter les conclusions du rapporteur.

Église de Saint-Gaudens (Haute-Garonne)

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission adopte le projet présenté par M. Lafollye pour la restauration de la face méridionale de cet édifice. En ce qui concerne les travaux proposés par cet architecte pour la réparation des désordres qui se sont produits sur la face nord, la Commission est d'avis de les ajourner jusqu'à ce qu'un des inspecteurs généraux se soit rendu sur les lieux pour examiner avec l'architecte la cause des désordres qu'il a signalés.

Mont-Saint-Michel (Manche)

La Commission à laquelle il est donné connaissance des modifications apportées par MM. les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées au projet primitif de la digue insubmersible devant relier le Mont-Saint-Michel à la terre ferme est unanime à demander la suspension des travaux. 80/15/011/87

Église de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

Le clocher, les couvertures et les murs de la nef et le cloître de cette ancienne abbaye ont besoin d'être consolidés par des travaux qui sont évalués à 54 541 Francs par M. Lafollye.

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission est d'avis de borner quant à présent l'oeuvre de restauration à l'exécution des travaux de clocher qui figurent dans le devis pour 22 079 Francs et d'accorder à la Commune un secours de 15 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à charge pour elle de réunir les 7 079 Francs, montant du déficit qui reste à combler.

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Suivant les conclusions du rapport de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission adopte les propositions de M. Révoil pour la continuation des travaux de restauration de l'Amphithéâtre.

Les deux tiers de la dépense qui est évaluée à 133 670 Francs seraient mis à la charge du Budget des Beaux-arts à la condition que la Ville prendrait à sa charge l'autre tiers.

Église Saint-Victor à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver le projet présenté par M. Révoil pour la restauration de cet édifice et de fixer à 30 000 Francs la part contributive du ministère des Beaux-arts dans le paiement de la dépense évaluée à 88 044 Francs.

Église de Marle (Aisne)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture à la Commission du rapport qu'il a adressé au ministre sur l'état actuel de l'église de Marle, dont le clocher a été détruit par un incendie qui a gravement endommagé les combles du choeur et du transept sud. Pour pouvoir fixer exactement le chiffre de la dépense à prévoir pour la réparation de ce désastre, il est indispensable d'étudier un projet que M. l'Inspecteur général mettra prochainement sous les yeux de la Commission.

Église de Lamballe (Côtes-du-Nord)

La Commission, adoptant les observations de M. Lisch, rapporteur, est d'avis de n'approuver aucun des deux projets présentés pour la construction d'une sacristie de cette église. L'architecte devra être invité à faire une nouvelle étude dans laquelle il tiendra compte des observations de M. Lisch qui voudra bien d'ailleurs lui donner toutes les indications dont il pourrait avoir besoin. 80/15/011/88

Abbaye du Thoronet (Var)

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, une somme de 4 837 Francs 50 est allouée sur le crédit des Monuments historiques pour l'achèvement des travaux de restauration de cette abbaye.

Église Saint-Hilaire à Poitiers (Vienne)

A la suite d'importants dégâts causés par un ouragan, il est devenu indispensable de réparer la toiture de cet édifice et il s'agit de profiter de cette opération pour remanier l'ancienne couverture dont la charpente a été mal établie. Les travaux sont évalués à 20 407 Francs dont M. Lisch propose de mettre le tiers à la charge du crédit des Monuments historiques.

M. [Émile] Boeswillwald est d'avis que cette part contributive est trop élevée et qu'on pourrait d'ailleurs réaliser une économie en substituant la tuile ordinaire à la tuile vernissée que l'architecte propose d'employer. M. Lisch fait observer que cette dernière a déjà été adoptée pour la couverture d'une partie de l'édifice et qu'on est dès lors conduit à l'adopter pour toute la couverture.

La Commission partage cet avis, mais elle propose de réduire à 5 000 Francs la part contributive du ministère des Beaux-arts dans le paiement de la dépense.

Église d'Évaux-les-Bains (Creuse)

Sur la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'affecter 1 000 Francs à des réparations de cet édifice qui sont évaluées à 4 800 Francs.

Église de Thiverval (Seine-et-Oise)

Sur le rapport de M. Ruprich-Robert, la Commission adopte le projet rédigé par M. de Baudot pour la restauration du clocher de cet édifice, qui est un type intéressant, et propose d'imputer sur le crédit des Monuments historiques la moitié de la dépense qui est estimée à 16 074 Francs.

Cloitre de Montivilliers (Seine-Inférieure)

Ce cloître qui date de la fin du XVe siècle est l'un des rares exemples qui nous soient restés des constructions en bois élevées à cette époque. M. [Victor] Ruprich-Robert propose de le classer et d'y exécuter quelques travaux de consolidation indispensables.

Ces propositions sont adoptées par la Commission. 80/15/011/89

11 juillet 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. Proust. Sont présents : MM. de Ronchaud, Abadie, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Darcy, Dreyfus, Gautier Laisné, Laferrière, de Lasteyrie, Langlois de Neuville, Legrand, Lisch, Quicherat, Ruprich-Robert, du Sommerard, Steinheil, Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 27 juin est lu et adopté.
Abbaye du Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Proust rend compte d'un entretien qu'il a eu avec M. le ministre des Travaux publics au sujet de la digue du Mont-Saint-Michel. Il transmet la proposition faite au ministre d'inviter l'ingénieur en chef à se concerter avec M. Corroyer, en présence d'un ou deux membres de la Commission des Monuments historiques .

M. [Émile] Boeswillwald donne connaissance d'une lettre de l'Ingénieur en chef qui tend à justifier les travaux accomplis. Cette lettre adressée au ministre des Travaux publics le 28 juin vient d'être communiquée à l'administration des Beaux-arts le 3 juillet.

La Commission désigne MM. [Émile] Boeswillwald et [Victor] Ruprich-Robert pour prendre part à l'entrevue proposée.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. Proust annonce à la Commission que M. le ministre des Beaux-arts a donné des ordres pour que les collections du Musée ethnographique fussent enlevées de l'aile gauche du Palais du Trocadéro. Il lui fait part du désir de M. le sous-secrétaire d'État d'introduire dans la sous-commission du Musée de sculpture comparée un architecte étranger à la Commission des Monuments historiques .

La Commission prie M. le secrétaire général de vouloir bien se faire son interprète auprès de M. le sous-secrétaire d'État pour lui présenter les inconvénients qui pourraient résulter de cette nomination en l'assurant qu'il ne s'agit nullement d'une question de personne, mais seulement d'une question de principe.

L'ordre du jour appelle la discussion sur :

Église Notre-Dame-de- L'Épine L'Épine (Marne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que le devis dressé par MM. Ouradou et Vagny pour la restauration de l'église Notre-Dame-de-l'Épine, l'un des monuments les plus intéressants du département de la Marne, s'élève à la somme de 12 653 Francs. La Fabrique ayant voté une somme 80/15/011/90 de 1 500 Francs et le Conseil général ayant accordé une subvention de 5 991 Francs 13 il resterait à pourvoir à un déficit de 5 666 Francs 87.

M. le rapporteur propose d'accorder une allocation de 2 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la charge par la Ville de se procurer le montant des ressources nécessaires, en s'adressant à l'administration des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Nay (Basses-Pyrénées)

M. Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que le projet de travaux soumis à l'examen de la Commission consiste dans la reconstruction de la charpente et sa recouverture en ardoise aux frais de la Commune. Bien que la Commission se trouve ainsi désintéressée de la question budgétaire, il croit devoir proposer le déclassement de cet édifice du XVe au XVIe siècle qui ne présente au point de vue de l'art aucun intérêt.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Champagne (Seine-et-Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, soumet à la Commission le nouveau devis de restauration de l'église de Champagne dressé par M. Hérard, architecte. Ce devis divisé en sept chapitres, suivant le degré d'urgence s'élève à 149 929 Francs. Suivant l'avis de M. le rapporteur, la restauration du clocher, faisant l'objet du 1er chapitre, est la seule dont il y ait lieu de s'occuper pour le moment. Elle représente une dépense de 61 305 Francs 77 ; tout en reconnaissant que ce nouveau devis est dressé plus sérieusement que le premier.

M. [Émile] Boeswillwald exprime le regret qu'il ne soit pas accompagné d'un rapport explicatif des travaux proposés et de dessins indiquant les nouvelles dispositions projetées. Le projet de maintenir les murs du clocher au moyen de trois chaînages disposés sur la hauteur de deux étages accuse, à ses yeux, le peu d'expérience que paraît avoir l'architecte des travaux de restauration des monuments anciens.

Suivant l'avis de M. le rapporteur, la Commission ne saurait laisser entre les mains de l'architecte, surtout après l'épreuve à laquelle a donné lieu le projet de restauration de l'église de Chambly, la direction de la restauration dont il s'agit. 80/15/011/91

Hôtel de ville de Clermont (Oise)

Les travaux compris dans les deux premiers chapitres du devis, s'élevant ensemble à 107 215 Francs 33, vont être terminés M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'en assurer l'achèvement en autorisant l'exécution de ceux du 3e chapitre qui s'élève à 48 742 Francs 30. La Ville étant disposée à pourvoir comme par le passé, à la moitié de la dépense, M. le rapporteur est d'avis que la Commission prenne à sa charge l'autre moitié soit 24 391 Francs 15. Il fait connaître en même temps que, dans l'exécution des travaux qui s'achèvent en ce moment, M. Selmersheim, architecte, a rencontré des difficultés qui ont entraîné une dépense supplémentaire de 25 000 Francs sur l'ensemble des prévisions. Il y aurait lieu, selon lui, de demander à cet architecte à la fin de l'entreprise la production d'un devis supplémentaire dont la Ville est, dès maintenant, prête à payer la moitié.

Ces propositions sont adoptées.

Église de Gisors (Eure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'approuver un projet de vitraux présenté par M. Léon Lefebvre, peintre verrier à Paris, pour les transepts de l'église de Gisors, et fait connaître que la dépense qui s'élèverait à 7 803 Francs serait couverte au moyen d'un don particulier. Quant à la somme de 400 Francs demandée à l'administration des Beaux-arts pour la mise en état des meneaux, il est d'avis de l'accorder à la condition que, si elle était dépassée, le déficit fût comblé par la Fabrique.

Une autre proposition est présentée par M. le rapporteur au sujet d'une fenêtre d'une des chapelles du choeur de l'époque de la Renaissance avec vitrail du XVIe siècle qui menace ruine. En prévision des nouvelles difficultés que présentera la restauration de ce vitrail. M. [Victor] Ruprich-Robert propose de la confier à M. Steinheil.

La Commission adopte ces propositions.

Église de Manéglise (Seine-Inférieure)

M. [Victor] Ruprich-Robert signale comme un édifice très remarquable du XIe et XIIe siècle et comme un exemple très remarquable de l'art roman à cette époque l'église de Manéglise qui n'aurait subi au XVIe siècle que peu de modifications. Il propose de faire faire un relevé exact de cet édifice par M. de La Rocque, l'un des architectes attachés à la Commission, à qui l'on demanderait 80/15/011/92 en même temps un projet de restauration ne s'appliquant qu'aux travaux d'urgence. Les conclusions sont adoptées.

Église d'Yvignac (Côtes-du-Nord)

M. [Victor] Ruprich-Robert est d'avis que l'église romane d'Yvignac, dont la démolition projetée par la Commune est peut-être déjà commencée, mérite d'être concernée et que la nef pourra être restaurée. Il propose de charger un architecte de faire un relevé exact des parties du monument qui lui paraîtront dignes d'intérêt, ainsi qu'un rapport sur la valeur et son état actuel afin de mettre la Commission à même de décider s'il y a lieu de conserver l'édifice.

Ces conclusions sont adoptées, et M. Corroyer, architecte, est désigné pour la mission dont il s'agit.

Église Saint-Pierre à Touques (Calvados)

Le devis des travaux de restauration de l'église de Touques s'élève à 15 786 Francs 81. M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'approuver le chapitre 1er s'élevant à 6 361 Francs 91 et s'appliquant aux travaux d'urgence. Suivant lui toutefois le carrelage qui y figure pour une somme de 1 600 Francs devrait être reporté sur le chapitre suivant, à cause des dégradations qu'il pourrait avoir à subir lors de l'exécution des travaux de reprise aux arcs de la nef compris au chapitre II. La dépense à autoriser présentement serait donc réduite à 4 751 Francs 98. La Commune y contribuant pour une somme de 848 Francs montant d'une souscription et le Conseil général pour 1 000 Francs, M. le rapporteur propose d'accorder 1 500 Francs sur le crédit des Monuments historiques et de laisser à la Commune le soin de pourvoir ou de se procurer le déficit.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Saint-Sever (Calvados)

Ce monument élevé aux XIIIe, XIVe et XVe siècles et qui faisait partie d'une abbaye de bénédictins est un beau spécimen généralement bien conservé de l'architecture normande. Ses remarquables verrières des XIIIe et XVIe siècles et ses stalles du XVe augmentent encore son intérêt.

M. Ruprich-Robert, rapporteur, n'hésite pas à en proposer le classement et à demander qu'un architecte soit envoyé à Saint-Sever pour préparer un devis des travaux de réparation dont lui-même a constaté l'urgence.

M. Trolonge, architecte, est désigné par la 80/15/011/94 Commission qui adopte les conclusions du rapport.

Église de Saint-Contest (Calvados)

La Commune de Saint-Contest présente pour la restauration de son église un devis de 11 748 Francs 24 sur lesquels 5 791 Francs 78 sont applicables aux travaux de restauration proprement dits et 5 956 Francs 39 à la reconstruction de la sacristie. Les ressources réunies atteignent en ce moment le chiffre de 9 000 Francs. Pour combler le déficit qui est de 2 748 Francs 24 M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'accorder sur le crédit des Monuments historiques une somme de 1 748 Francs 24 qui serait affectée aux travaux de restauration, à la charge par la Commune de s'adresser au Conseil général pour se procurer la somme de 1 000 Francs complémentaire de la dépense dont il s'agit.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Eugranville (Calvados)

Une demande de classement est adressée à l'administration des Beaux-arts pour l'église d'Eugranville, qui appartient à la Société des antiquaires de Normandie et qu'on voudrait rendre au culte comme chapelle de secours, au moyen d'une allocation du Conseil général et de souscriptions particulières. M. [Victor] Ruprich-Robert estime que ce monument, qui conserve encore quelques traces de sa construction romane primitive, mais qui a été rebâti au XIIIe siècle, ne présente pas un intérêt assez sérieux et se trouve dans un trop fâcheux état de conservation pour en prononcer le classement.

On ne pourrait qu'inviter la Société des antiquaires de Normandie à le sauver, s'il est possible de la ruine dont il est menacé. La Commission adopte les conclusions du rapport.

M. de Ronchaud prend la présidence.

Église de Méobecq (Indre)

M. Lisch, rapporteur, propose d'approuver le devis de 119 164 Francs 37 dressé par M. Darcy, pour la restauration de l'église de Méobecq. On n'exécuterait toutefois que les travaux d'urgence compris dans la 1ère partie du devis pour une somme de 45 870 Francs 23. La Commune, qui est bien pauvre, contribuerait à la dépense avec la Fabrique pour une somme de 8 000 Francs. Il resterait à faire face à 37 870 Francs 23 sur lesquels M. Lisch propose d'accorder une subvention de 25 000 Francs en deux annuités, à la condition que 80/15/011/95

la Commune s'adresserait au ministère des Cultes pour obtenir la somme complémentaire de 12 870 Francs 23.

M. Viollet-le-Duc fait ressortir que le monument dont il s'agit n'est pas un type, que, de plus, il est une ruine, sa restauration serait une véritable reconstruction et qu'une telle dépense, appliquée à un monument secondaire, constituerait une dispersion du budget. Il est d'avis, en conséquence, de n'accorder aucun secours à l'église de Méobecq.

La proposition de M. Viollet-le-Duc est mise aux voix et adoptée.

Tour de César à Turenne (Corrèze)

M. de Baudot, rapporteur, rend compte de sa mission à Turenne où il a visité la Tour de César dont il présente le relevé. Il fait en même temps connaître qu'indépendamment de cet édifice, il reste de l'ancien château de Turenne une autre construction appelée Tour du Trésor, donjon carré du XIVe siècle dont M. le maire de Turenne demande le classement.

M. de Baudot ne pense pas qu'il y ait lieu de prendre cette mesure pour sauvegarder un monument d'une valeur tout à fait secondaire et dont la conservation entraînerait nécessairement des travaux très coûteux.

En faveur du classement de cet édifice, M. de Lasteyrie fait valoir cette considération que, la région étant très pauvre en monuments, l'intérêt de la Tour de Turenne se trouve relativement augmenté.

La Commission consultée maintient le classement de la Tour de César, sans admettre celui de la Tour du Trésor.

Église de Montmorency (Seine-et-Oise)

M. de Baudot, rapporteur, est d'avis d'apporter quelques modifications au devis présenté par M. Magne, architecte, dont le total s'élève à 27 543 Francs 03. Il estime qu'une somme de 22 000 Francs environ serait suffisante pour réparer les désordres de l'abside, dont l'architecte s'est exagéré l'importance, et pour sauvegarder les vitraux. Les ressources réunies à ce moment s'élèvent à 14 060 Francs dont 9 060 Francs promis par la Fabrique et 5 000 Francs par la Commune, le déficit serait d'environ 8 000 Francs M. le rapporteur propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques une subvention de 6 000 Francs à la charge pour la Commission de se procurer les 2 000 Francs complémentaires, en s'adressant à l'administration des Cultes. Il insiste en terminant sur la nécessité de soumettre le choix du peintre verrier, 80/15/011/96 chargé de la restauration des vitraux, à l'approbation de M. le ministre des Beaux-arts.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Deuil (Seine-et-Oise)

M. de Baudot, rapporteur, fait observer que le projet de remplacement au plafond actuel de la nef par une charpente apparente n'est nullement justifié par la structure primitive de l'église, il estime d'ailleurs que par suite de modifications et de réparations subies à diverses époques, cette église a perdu tout son caractère et que la Commission n'a pas à s'intéresser au projet dont il s'agit. En conséquence et tout en croyant devoir signaler l'état alarmant de la partie inférieure du choeur qui s'affaisse sous la pression des constructions dont on l'a surchargé pour constituer une voûte. M. de Baudot propose le déclassement de l'église de Deuil.

Les conclusions de M. Baudot sont adoptées.

Fouilles au Puy-de-Dôme (Puy-de-Dôme)

M. Quicherat, rapporteur, fait connaître la demande formée par M. Maradeix à l'effet d'obtenir pour exécuter les fouilles du Puy-de-Dôme une somme de 3 000 Francs que le solliciteur, se disant doué d'un sens particulier pour découvrir les métaux, s'engage à rembourser sur sa part d'inventeur. M. le rapporteur estime que c'est trop s'avancer que d'exempter ainsi le résultat de l'entreprise et propose le rejet de la demande.

La proposition est adoptée.

Mosaïque à Angers (Maine-et-Loire)

M. du Sommerard, rapporteur, fait connaître qu'au mois de novembre dernier, une mosaïque remontant au Ier ou IIe siècle, fut découverte sur le sol d'une des places publiques d'Angers et que la Ville a dépensé une somme d'environ 4 000 Francs pour les travaux de déblaiement, de préservation contre les gelées, de transport et d'installation au Musée de cette oeuvre curieuse au point de vue de l'histoire et de l'art.

Pour atténuer ces sacrifices, M. le maire d'Angers sollicite de l'administration des Beaux-arts une subvention de 1 000 Francs.

Sur la proposition de M. le rapporteur, la Commission des Monuments historiques est d'allouer une somme de 500 Francs à la Ville d'Angers.

Église de Saint-Vaast-de-Longmont (Oise)

M. de Caix de Saint-Aymour présente à la Commission une demande de classement formée par le maire de Longmont. Une demande analogue avait été 80/15/011/97 repoussée en 1877 mais on a constaté depuis que le choeur primitif, qui serait de la même date que le clocher, a été conservé.

M. Quicherat émet l'opinion que ce qui a été dit relativement à l'église de Méobecq doit recevoir encore ici son application.

La Commission veut bien toutefois provoquer un nouvel examen et désigner M. [Victor] Ruprich-Robert pour faire un rapport sur le monument.

Vente d'objets de l' église Saint-Vaast-de-Longmont (Oise)

M. de Caix de Saint-Aymour fait ensuite passer sous les yeux de la Commission quelques objets anciens dont la Fabrique de Saint-Wast se dessaisirait volontiers.

La Commission n'ayant point qualité pour acheter ces objets, que M. du Sommerard estime à une faible somme, ne peut que rappeler à la Fabrique qu'elle ne saurait se dessaisir sans autorisation d'objets dont elle n'est qu'affectataire.

La séance est levée à 11 heures. 80/15/011/98

25 juillet 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. du Sommerard. Sont présents : MM. de Baudot, Darcy, Laisné, de Lasteyrie, Lisch, de Mortillet, Quicherat, Ruprich-Robert, Steinheil. M. Langlois de Neuville s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la séance.
Portrait de Ludovic Vitet

M. le président transmet à la Commission l'hommage fait par M. Roux du portrait de M. Vitet, gravure de M. François. La Commission accepte et décide que des remerciements seront adressés à M. Roux.

Le procès-verbal de la séance du 11 juillet est lu et adopté sous la réserve de deux notifications faites par M. [Victor] Ruprich-Robert et relatives l'une à l'église de Gisors, l'autre à l'église d'Eugranville.

L'ordre du jour appelle la discussion.

Hôtel Jacques Coeur à Bourges (Cher)

M. l'architecte, chargé de la restauration de ce monument, propose de rétablir les 6 statuettes représentant les patrons de Jacques Coeur et deux enfants qui décoraient autrefois la chapelle, ainsi que la statue équestre de Charles VII qui occupait, avant la Révolution, la niche située au-dessus de la partie principale.

M. Ruprich-Robert, rapporteur, propose d'ajourner l'exécution des figurines qui reviendrait à 7 800 Francs et d'autoriser l'exécution de la statue équestre qui coûterait environ 10 000 Francs.

M. du Sommerard fait observer que cette dernière devrait être payée sur les fonds d'Encouragement des Beaux-arts et M. Lisch ajoute que les statuettes pourraient également faire l'objet de commandes de la part de ce service sous la réserve que les artistes seraient agréés par la Commission.

La Commission consultée adopte cette proposition ainsi que le projet de rétablissement des statues.

Église de La Charité-sur-Loire (Nièvre)

Le devis dressé par l'architecte pour la restauration de cet édifice s'élève à 537 338 Francs 73 et se divise en 3 parties par ordre d'urgence. La 1ère ne comprend que les travaux de charpente et de couverture absolument nécessaires et donne un chiffre de 36 804 Francs 05. La Commune demande à la Commission de concourir entièrement aux frais.

Le rapporteur, M. Ruprich-Robert, 80/15/011/99 pense qu'il convient de lui accorder une subvention à peu près égale à la moitié, soit 18 000 Francs sous la condition qu'elle se procurera l'autre moitié, en s'adressant au besoin à l'administration des Cultes par l'intermédiaire du Conseil général.

Conclusions adoptées.

Église de Taverny (Seine-et-Oise)

M. Simil, architecte de cet édifice, soumet à l'examen de la Commission un projet de vitraux peints destiné à remplacer les vitraux blancs du choeur. L'auteur des cartons est M. Gsell (Laurent). La Fabrique prendrait entièrement à sa charge la dépense qui est évaluée à 5 600 Francs.

M. Ruprich-Robert, rapporteur, est d'avis d'approuver le projet.

La Commission adopte la proposition du rapporteur.

Église de Montfort-l'Amaury (Seine-et-Oise)

Sur la demande qui lui en a été faite par le ministre, M. de Baudot, architecte, adresse à la Commission un devis des réparations urgentes à faire à l'église de Montfort-l'Amaury. Ce devis s'élève à 7 431 Francs 59.

M. [Victor] Ruprich-Robert rapporteur, propose de l'approuver et d'offrir à la Ville de payer le tiers de la dépense, soit 2 477 Francs 19 à la charge par elle de pourvoir au déficit en s'adressant à l'administration des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Lonlay-l'Abbaye (Orne)

Il ne reste de ce monument qu'un transept du XIe siècle et son choeur du XIIIe siècle. Les dispositions de ce choeur sont intéressantes, mais les murs sont déversés à l'intérieur et menacent ruine. Le reste de l'édifice est dans un très mauvais état de conservation. Les récentes mutilations qu'il a subies en ont encore diminué l'intérêt. Quant aux travaux de badigeonnage et de grattage entrepris récemment sans autorisation ministérielle, ils lui ont fait perdre le peu de caractère qui lui restait.

Conformément aux conclusions de M. Ruprich-Robert, la Commission prononce le déclassement de l'église de Lonlaye l'abbaye.

Église de Conques (Aveyron)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, fait connaître que la reprise en sous-oeuvre des piliers du choeur, non comprise dans le chapitre 1er du devis, est terminée et propose d'ouvrir un crédit supplémentaire de 8 243 Francs 48 pour le paiement de ces travaux. L'architecte, 80/15/011/100 chargé de la restauration, demande en outre l'autorisation de faire réparer et de replacer les grilles du XIIe siècle qui existaient entre les piliers.

M. le rapporteur propose d'approuver le devis de cette restauration qui s'élève à 6 600 Francs ; il serait à la charge du crédit des Monuments historiques.

La Commission adopte ces conclusions.

Cloître de Pont-l'Abbé (Finistère)

Le Conseil général du Finistère a émis dans sa dernière session le voeu que le cloître de l'ancien couvent des Carmes de Pont-l'Abbé fut classé parmi les Monuments historiques. Le monument appartient à un particulier dont le désir serait de le vendre. La Commune qui a déjà acquis la propriété dont il faisait partie pour y établir des écoles, l'achèterait peut-être, s'il était classé.

Sur le rapport verbal et la proposition de M. Ruprich-Robert, la Commission prononce le classement du cloître de Pont l'Abbé.

Abbaye de Cerisy-la-Forêt (Manche)

Cette abbaye qui date des XIe, XIIe et XIIIe siècles est un édifice des plus intéressants en ce qu'il présente peut-être le seul exemple de la transition entre les charpentes apparentes du XIe siècle et les voûtes du XIIe. Malheureusement des travaux de réparation ont été entrepris, et l'on se dispose à couvrir le transept de voûtes en bois et plâtre.

M. [Victor] Ruprich-Robert propose, en attendant de pouvoir statuer sur le classement de cet édifice, de faire suspendre les travaux et de charger un architecte d'examiner sur place les projets de restauration.

Ces conclusions sont adoptées et M. [Victor] Ruprich-Robert est désigné pour l'examen des projets dont il s'agit.

Église de Prémery (Nièvre)

La Fabrique de Prémery demande à remplacer les vitraux blancs de l'église par des vitraux peints dont M. Ruprich-Robert, rapporteur, soumet les photographies à la Commission ; elle offre en même temps de payer la dépense qui est de 3 007 Francs.

Tout en regrettant que la Fabrique ait accepté les vitraux qui lui sont soumis et en lui adressant un blâme à ce sujet, la Commission, conformément à l'avis de son rapporteur, accorde l'autorisation qui lui est demandée.

Église d'Yvignac (Côtes-du-Nord)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, donne lecture du rapport de M. Corroyer ; il est d'avis d'en approuver les conclusions qui consistent à classer l'édifice et à demander à l'architecte un nouveau projet dans 80/15/011/101 lequel serait maintenu tout ce qui reste du XIe siècle, notamment les cinq travées de la nef la porte de l'abside. On réaliserait de la sorte une économie puisque, au lieu d'une reconstruction complète, on procéderait simplement à un agrandissement de l'église.

MM. de Baudot et de Mortillet s'élèvent contre le classement de cet édifice qui, suivant eux, n'est pas plus intéressant que l'autre récemment déclassé.

La Commission, appelée à voter sur le classement, se prononce en faveur de cette mesure par 6 voix contre 3. Un projet est en conséquence demandé à l'architecte.

Mont-Saint-Michel (Manche)

Lecture est donnée par M. Ruprich-Robert, rapporteur, d'une lettre de M. Corroyer faisant connaître que, depuis la construction de la digue, l'abord de l'entrée du mont est devenu difficilement praticable, et que, par suite les habitants du mont et les ouvriers travaillant à la digue franchissent les remparts à l'aide d'échelles placées entre les tours du roi et de l'escadre, ce qui ne peut manquer de causer de rapides dégradations. M. le maire du Mont-Saint-Michel, qui est chargé de veiller à la conservation des remparts, se trouve très embarrassé en présence de l'autorisation donnée par MM. les Ingénieurs à leurs ouvriers d'entrer dans la Ville par une sorte d'escalade contre laquelle il a vainement protesté jusqu'ici.

M. Corroyer lui a conseillé d'en référer à l'entraide ministérielle, si ses protestations demeuraient sans effet.

La Commission adopte les conclusions du rapport de M. Corroyer.

M. [Victor] Ruprich-Robert rend ensuite compte de la conférence avec MM. les ingénieurs de la Navigation, ceux-ci se retranchant, pour refuser toute modification à la digue, derrière le décret qui en a prescrit la création.

La Commission des Monuments historiques aurait dû, suivant eux, faire valoir ses droits au moment de l'enquête, il n'est plus temps aujourd'hui. Ils n'ont toutefois pas rejeté la proposition faite par M. [Victor] Ruprich-Robert d'isoler le monument au moyen d'un viaduc se prolongeant de la tête de la digue jusqu'au Mont et permettant à la mer de faire le tour du rocher.

Les Inspecteurs généraux des Ponts-et-Chaussées se réuniraient aux Inspecteurs généraux des Monuments historiques pour étudier la question.

La Commission procède à la nomination 80/15/011/102 d'une sous-commission chargée de se transporter au besoin sur place pour tenter un nouvel effort. Sont adjoints à MM. les Inspecteurs généraux, MM. Proust, Viollet-le-Duc, de Baudot, Henri Martin, du Sommerard, Laisné, Charton, Tétreau, Viollet-le-Duc fils secrétaire.

Bueil-en-Touraine (Indre-et-Loire)

Une requête est adressée à la Commission par M. Hucher, du Mans, à l'effet d'assurer la conservation de trois statues funéraires découvertes, il y a plusieurs années, dans le pavement de l'église du Bueil. Déposée depuis leur exhumation, elles y sont considérées comme un embarras et exposées aux dégradations. M. Hucher voudrait qu'elles fussent replacées dans l'église sur des socles en pierre. Il a préparé à cet effet une souscription et désirerait obtenir de la Commission le concours d'un de ses architectes pour faire le meilleur emploi de la somme recueillie qui devrait s'élever à 600 Francs.

M. Quicherat, rapporteur, est d'avis d'accueillir cette demande et d'envoyer un architecte sur les lieux dès qu'on saura à quoi s'en tenir sur la souscription annoncée par M. Hucher.

La Commission adopte les conclusions du rapport, et M. de Baudot est désigné pour remplir la mission dont il s'agit.

Église Saint-Martin à Laval (Mayenne)

Bâtie au XIIe siècle, remaniée au XVe, cette abbaye, aujourd'hui propriété particulière, était intéressante dans quelques-unes de ses parties, telles que la porte romane, la nef et l'une des chapelles qui portent encore des traces de peinture à peu près disparues, sauf quelques une exécutées au XVIIIe siècle mais ne présentant aucun intérêt. La propriétaire de ce petit édifice, dans le but de le transformer en cercle catholique militaire, y a fait des réparations maladroites qui ont complètement dénaturé son caractère en compromettant sa solidité.

Conformément à l'avis de M. de Baudot, rapporteur, la Commission prononce le déclassement de l'abbaye de Saint-Martin.

Arènes de Saintes (Charente-Inférieure)

M. le maire de Saintes sollicite de la Commission les fonds nécessaires au déblaiement des Arènes, qui ont servi, pendant des siècles, au dépôt des immondices de la ville. La dépense qu'entraînerait ce travail est considérable, mais il y a lieu de supposer que les propriétaires voisins de la Charente ne demanderaient pas mieux que d'employer 80/15/011/103 ces remblais pour exhausser leurs terrains inondés chaque année par la rivière. En outre, le colonel du régiment examinera à Saintes, ne sachant où trouver des remblais suffisants pour faire établir un champ de tir, propose de faire soulever toutes les terres par des soldats.

Quoi qu'il en soit, suivant M. Lisch, rapporteur, il y aurait à faire précéder ces travaux d'une opération préparatoire consistant dans l'ouverture de deux tranchées suivant le grand axe et le petit axe des arènes et dans le dégagement du podium que l'on suppose recouvert de 2 m à 2 50 m environ de terre. Cette opération permettrait de faire un relevé exact des constructions, de juger de leur intérêt et de leur état de conservation. M. le rapporteur, qui évalue à 35 000 Francs environ la dépense totale nécessitée par le déblaiement, propose d'accorder d'abord une allocation de 10 000 Francs suffisante et au delà à l'exécution des travaux préparatoires.

La Commission adopte cette proposition.

Fortifications de La Rochelle (Charente-Inférieure)

M. le ministre de la Guerre par lettre du 10 juillet fait connaître que son administration ne saurait céder à la Ville de La Rochelle les trois tours de Saint-Nicolas, de la Chaîne et de la Lanterne qui font partie des anciennes fortifications et qu'il considère comme pouvant servir à la défense. Il ne consentirait au classement qu'à la condition de les conserver comme magasins à sa disposition et serait prêt à donner au service du Génie militaire l'ordre de laisser exécuter les travaux de restauration dont elles pourraient avoir besoin par les architectes de la Commission. Il résulte de cette lettre, suivant M. Lisch, rapporteur, qu'il y a lieu d'informer M. le ministre de la Guerre,

1° que le classement des tours de La Rochelle est un fait acquis, qui ne peut-être subordonné à une acceptation

2° que, si des travaux sont nécessaires, ils ne seront exécutés qu'avec la participation de l'administration de la guerre, puisqu'elle juge convenable d'en garder la propriété et la jouissance

3° que les devis projetés de restauration seront dressés par l'architecte de la Commission et qu'il est nécessaire que des instructions soient données au génie militaire pour faciliter ces opérations.

Les conclusions du rapport sont adoptées. 80/15/011/104

Église Notre-Dame de Cléry (Loiret)

Le Conseil municipal de la Ville de Cléry demande la restauration aux frais de l'État du monument de Louis XV qui existait dans l'église avant sa restauration et l'enlèvement de cloisons en briques qui obstruent la chapelle de Longueville. En ce qui concerne cette dernière demande, M. Lisch, rapporteur, propose d'y faire droit à la condition toutefois que les frais seront à la charge de la Fabrique qui a élevé la cloison ; quant au tombeau, il n'y a pas lieu, suivant lui, de réédifier un monument qui datait de 1818 et se composait d'un socle carré sans caractère et sans style, le monument original ayant été détruit dès 1552. La Commission adopte les conditions du rapport.

Église Sainte-Marie-aux-Dames à Saintes (Charente-Inférieure)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître la réponse de M. le ministre de la guerre à la demande qui lui était adressée de participer à la restauration de la Tour de l'église Sainte-Marie-des-Dames, restauration qui était évaluée à une somme approximative de 40 000 Francs, M. le ministre de la Guerre se refuse à toute participation à la dépense dont il s'agit, se fondant sur les charges considérables que lui impose la réorganisation de l'armée.

Dans ces conditions, M. le rapporteur est d'avis qu'il y a lieu de surseoir à l'entreprise, de s'opposer énergiquement à la démolition d'un des types les plus curieux de l'architecture du XIIe siècle et de faire étayer la partie menacée en attendant que des circonstances plus favorables permettent de faire sortir ce monument des mains de l'administration de la guerre.

Adopté.

Église de Saint-Angel (Corrèze)

L'église de Saint-Angel, qui faisait partie d'une abbaye fortifiée, est un édifice du XIIe siècle dont la nef a été remaniée au XVe siècle, mais qui a conservé beaucoup de caractère. Des travaux importants ont été exécutés à diverses époques dans cette église et, pour en assurer la conservation, il resterait à pourvoir à une dépense de 20 642 Francs 31 d'après le devis de l'architecte. La Commune et la Fabrique ayant réuni une somme de 8 000 Francs, M. Lisch, rapporteur, propose d'accorder 6 642 Francs 31 sous la condition que la Commune se procurera les 6 000 Francs complémentaires, en s'adressant à l'administration des Cultes, par l'intermédiaire du Conseil général.

La Commission adopte les conclusions du rapport. 80/15/011/105

Église de Lavardin (Loir-et-Cher)

Cet édifice qui date du XIIe siècle est remarquable surtout par la disposition de son plan et ses proportions générales. Malheureusement il est dans le plus fâcheux état de conservation. Les travaux à exécuter, d'après le devis de l'architecte, coûteraient environ 30 000 Francs.

La Commune et la Fabrique ne pouvant réunir ensemble qu'une somme de 3 000 Francs, il est, suivant M. Lisch, rapporteur, impossible d'entreprendre, quant à présent, la restauration de l'église dont il s'agit.

Ces conclusions sont adoptées.

Monuments de Pons (Charente-Inférieure)
Donjon de Pons (Charente-Inférieure)

La Ville de Pons possède un donjon du XIIe siècle parfaitement conservé, qui n'a subi que quelques modifications et auquel il serait facile de rendre son aspect primitif, la Municipalité se dispose, parait-il, à convertir en une salle de spectacle une grande pièce située au premier étage de l'édifice, ce qui en entraînerait la transformation complète.

Pour empêcher cette mutilation, M. Lisch, rapporteur, propose le classement du donjon.

Chapelle Saint-Gilles à Pons (Charente-Inférieure)

M. Lisch signale en même temps un petit monument du XIIe siècle appelé aujourd'hui Chapelle Saint-Gilles, qui lui semble se rattacher au château de Pons, dont il devrait être l'auteur [sic].

Ce monument très intéressant et dont l'architecture présente un grand caractère de puissance fait partie d'une propriété particulière et, selon M. Lisch, mériterait également d'être classé.

Passage de l'Hôpital à Pons (Charente-Inférieure)

Un troisième monument dont M. Lisch demande également le classement est le passage voûté situé à l'entrée de la ville et dit Passage de l'Hôpital. Cette construction du XIIe siècle est composée d'une large voussure en berceau et décorée sur chacune des parois latérales d'arcatures entre lesquelles sont disposés les tombeaux.

La Commission conclut un classement des trois monuments dont il s'agit.

Église de Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne)

La Fabrique de Beaumont présente deux projets de travaux bien distincts, qu'elle se propose d'exécuter ; le 1er comprend l'ouverture d'une entrée latérale qui n'est que le rétablissement d'une ancienne disposition de l'édifice, dont la dépense est évaluée à 1 000 Francs ; le 2e consiste dans la peinture et dans une sorte de badigeonnage du plus mauvais goût des murs et des voûtes. 80/15/011/106

Conformément à l'avis de M. Lisch, rapporteur, la Commission adopte le 1er projet et repousse le 2e.

Hypogée de Poitiers (Vienne)

M. Lisch donne lecture d'une lettre de M. l'architecte [Jean-Camille] Formigé au sujet de ce monument découvert par le Père de La Croix. Cet archéologue, qui a acheté le terrain qu'il vient de fouiller désire léguer l'Hypogée à la Société des antiquaires de l'Ouest et veut faire construire pour le protéger un petit monument du même style, pour lequel il désire prendre conseil de la Commission des Monuments historiques .

La Commission désigne MM. Lisch et du Sommerard pour se rendre à Poitiers à l'effet d'examiner le genre de monument qu'il convient d'adopter.

Objets antiques à Tarbes (Hautes-Pyrénées)

M. de Mortillet soumet à l'examen de la Commission des photographies des vases trouvés dans des tumulus qui couvrent le champ de manoeuvres de Tarbes. C'est le directeur de l'Artillerie de cette ville qui envoie ces reproductions en proposant de continuer les fouilles, sans demander autre chose qu'un appui moral.

La Commission ne peut qu'encourager ces sentiments de conservation artistique qui semblent se manifester dans l'armée.

Vente des mosaïques de Lillebonne (Seine-inférieeure)

M. Lisch donne communication d'une lettre du propriétaire de la mosaïque de Lillebonne qui en propose la vente. M. de Mortillet objecte à cette acquisition le prix considérable que coûte l'entretien des mosaïques.

La Commission charge M. Lisch de demander au propriétaire la permission de laisser dessiner celle dont il s'agit et charge M. Steinheil d'en faire faire une impression coloriée.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/011/107

1er août 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. Proust. Sont présents : MM. Darcy, Gautier, Laisné, Lisch, Ruprich-Robert, du Sommerard, Steinheil, Tétreau, Viollet-le-Duc.
Le procès-verbal de la séance du 25 juillet est lu et adopté.
Palais de justice de Dijon (Côte-d'or)

M. Viollet-le-Duc demande s'il ne conviendrait pas que M. le ministre des Beaux-arts intervienne en personne auprès de M. le ministre de l'Intérieur pour obtenir une réponse au sujet du palais de justice de Dijon.

La Commission adopte cette opinion.

M. Proust s'engage, en attendant, à entretenir de l'affaire M. Magnin, sénateur, président du Conseil général de la Côte d'Or.

Statues de l'église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

M. du Sommerard rappelle l'affaire des statues de Saint-Ouen de Rouen : aucune réponse n'est encore venue de la préfecture de la Seine-Inférieure à ce sujet.

En l'absence de M. [Émile] Boeswillwald, il est donné lecture de ses rapports sur les trois monuments ci-après :

Église de Nouvion-le-Vineux (Aisne)

De nombreuses difficultés, qu'on n'avait pu prévoir lors de la rédaction du premier devis, se sont rencontrées dans l'exécution des travaux de restauration du clocher de cette église. Elles proviennent pour la plupart du mauvais état dans lequel s'est trouvé l'intérieur des murs, qui par suite, au lieu d'être repris partiellement, ont dû être entièrement reconstruits. La restauration des faces est et sud-est aujourd'hui terminée.

M. [Émile] Boeswillwald propose d'accorder pour la restauration des deux autres faces une somme de 29 915 Francs 61 montant du devis supplémentaire, qui, vu l'impossibilité où est la Commune de participer à la dépense serait tout entière à la charge des Monuments historiques.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Sainte-Chapelle du Palais de Justice à Paris

Les pluies et les gelées de plusieurs hivers ont déterminé la désagrégation des pierres des balustrades, des corniches, des couronnements des contreforts et des pignons au-dessus des fenêtres, qui avaient été soumis à un degré de chaleur considérable pendant l'incendie de 1871. Dès 1874, des fragments se détachèrent de la construction et il importe de remédier promptement à une situation qui ne fait que s'aggraver 80/15/011/108 chaque jour.

M. [Émile] Boeswillwald présente un devis de travaux à exécuter d'après lequel la dépense s'élèverait à 84 774 Francs 62. Il propose d'accorder cette somme sur le crédit des Monuments historiques et de la répartir sur plusieurs exercices, bien que les travaux doivent être exécutés en une seule campagne.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Leu-d'Esserent (Oise)

M. Selmersheim, architecte, a dressé en 1876 en vue de la restauration de l'église de Saint-Leu-d'Esserent, un devis divisé en 6 chapitres et s'élevant à 306. 908 Francs 65. Les travaux compris au 6e chapitre ont été commencés d'urgence et il importe de les terminer.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'allouer à cet effet la somme de 41 149 Francs montant du reliquat de ce chapitre, sur le crédit des Monuments historiques. Indépendamment de ces travaux, des ouvrages figurant dans les chapitres 1 à 5 ont été déjà exécutés.

M. le rapporteur estime que l'architecte devra, avant de pouvoir statuer sur la mise à exécution du reste des travaux, produire une situation exacte des dépenses faites jusqu'à ce jour et supprimer de son devis les ouvrages exécutés figurant au cours des chapitres 1 à 5.

La Commission adopte les conclusions de son rapporteur.

Hôtel de Pincé à Angers (Maine-et-Loire)

L'Hôtel de Pincé à Angers, qui date du commencement du XVIe siècle, est un des spécimens les plus complets de la Renaissance angevine, M. Magne, architecte, a dressé un devis de 139 177 Francs 23 en vue de sa restauration. Les travaux urgents sont compris dans ce devis pour une somme de 34 835 Francs 68.

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose d'approuver cette partie du devis et d'accorder pour l'exécution des ouvrages qu'elle comprend une somme de 20 000 Francs à la charge par la Ville, qui a déjà fourni 10 000 Francs sur son crédit, de se procurer les ressources complémentaires, en s'adressant à l'administration départementale.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Montmorillon (Vienne)

M. [Jean-Camille] Formigé, architecte, a dressé deux devis en vue de la restauration de cet intéressant édifice : l'un ne comprend que les travaux nécessaires à sa conservation et s'élève à 8 447 Francs 16 ; l'autre embrasse la restauration complète et monte à 56 248 Francs 93. M. Ruprich-Robert, rapporteur, expose à la Commission l'inconvénient(57) 80/15/011/169 qui résulterait de l'adoption de ce deuxième projet, d'après lequel on remplacerait la charpente actuelle par un couronnement en pierre dont l'exactitude archéologique pourrait être soumise à plus d'une contestation. Il conclut à l'adoption de la première étude comme suffisant à assurer pour un temps fort long la conservation de la chapelle octogone de Montmorillon.

La Commission adopte cette conclusion.

Portes de l'église Saint-Maclou à Rouen (Seine-Inférieure)

Une lettre adressée à M. le sous-secrétaire d'État appelle l'attention de la Commission des Monuments historiques sur les dégradations dont les portes de l'église Saint-Maclou sont l'objet de la part des passants.

M. Lisch propose de charger M. Sauvageot, architecte diocésain, de prendre les dispositions nécessaires pour l'entretien et la conservation des portes en question, l'église Saint-Maclou étant un édifice paroissial.

Sur le rapport de M. Ruprich-Robert, la Commission est d'avis qu'il y a lieu d'inviter M. le maire de Rouen par l'intermédiaire du préfet, à veiller sur l'édifice.

Église de Mézières-en-Brenne (Indre)

Les travaux de restauration à exécuter à l'église de Mézières-en-Brenne donneront lieu, d'après le devis de M. Darcy, architecte, à une dépense de 70 013 Francs 10. Mais il y a lieu de ne pourvoir en ce moment qu'aux travaux urgents compris dans le chapitre 1er pour la somme de 38 576 Francs 35, la Fabrique et la Municipalité ayant réuni une somme de 11 000 Francs.

M. Lisch, rapporteur, propose d'allouer 20 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques à la condition que le ministre des Cultes consentira de son côté à imputer sur son budget la somme de 7 576 Francs 35 montant du déficit auquel il reste à pourvoir.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Boulogne (Seine)

Le devis des dépenses à faire à l'église de Boulogne-sur-Seine s'élève à 44 175 Francs, M. Lisch, rapporteur, fait connaître que la Fabrique, qui a déjà dépensé plus de 130 000 Francs pour la restauration de l'édifice, ne dispose en ce moment que de 20 000 Francs, peut-être arrivera-t-elle à réunir encore une somme de 10 000 Francs, ce qui réduirait le déficit à 14 175 Francs.

M le rapporteur propose de prendre en considération la demande de secours formée par la Fabrique en réduisant toutefois à 10 000 Francs, la subvention qui pourrait être accordée 80/15/011/170 sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission est d'avis d'accorder 6 000 Francs pour la restauration de l'église de Boulogne-sur-Seine.

Tour de Jeanne d'Arc à Rouen (Seine-Inférieure)

M. le président entretient la Commission d'une réclamation de M. Desseaux, au sujet de la tour de Jeanne d'Arc à Rouen par laquelle ce député, s'appuyant sur une promesse de M. Rouher, alors ministre de l'Intérieur demande le rachat de ce monument par l'État.

La Commission, estimant qu'elle n'est pas engagée par une promesse dépourvue de caractère officiel, que d'ailleurs le rachat dont il s'agit devait être effectué au moyen des fonds du ministère de l'Intérieur, passe à l'ordre du jour.

Acquisition de dessins

La Commission examine les dessins qui lui sont soumis par MM. les architectes et décide l' acquisition pour ses archives des ouvrages suivants :

les murailles de Guérande (Loire-inférieure), par M. Paul Boeswillwald au prix de 1 500 Francs

les tombeaux d'Oiron (Deux-Sèvres), par M. Devérin au prix de 500 Francs

le Nymphée de Nîmes (Gard) par M. Simil au prix de 2 400 Francs

autel de la Major [à Marseille, Bouches-du-Rône)], par M. Jolly au prix de 200 Francs

autel de la Major[à Marseille, Bouches-du-Rône)], par M. Roustan au prix de 400 Francs

vitraux de la Sainte-Chapelle de Vincennes (Seine) par M. Oudinot au prix de 2 500 Francs.

La séance est levée à 11 h 30 80/15/011/171

29 octobre 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. le ministre. Sont présents : MM. Turquet, Proust, de Ronchaud, vice-présidents. MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Dreyfus, Gautier, Laisné, Lisch, Henri Martin, de Mortillet, Quicherat, Ruprich-Robert, du Sommerard, Steinheil, Tétreau membres. M. Langlois de Neuville s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.
Décès de M. Viollet-le-Duc

M. le ministre prononce une allocution dans laquelle il rend hommage à la mémoire de M. Viollet-le-Duc et dont le texte publié au Journal Officiel numéro du 8 novembre 1879 est joint au présent procès-verbal.

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Mont-Saint-Michel (Manche)

M. le sous-secrétaire d'État fait connaître que, s'étant rendu sur place le 21 octobre, il a constaté de visu le déplorable effet produit par la digue sur l'aspect du monument. La digue masque les remparts dans toute sa largeur, en outre sur plus de la moitié de la hauteur elle les enterre. Examinant successivement les considérations d'utilité mises en avant par MM. les ingénieurs, il établit :

1er que la création d'un chemin de fer dont la gare terminus serait construite au pied du Mont-Saint-Michel serait improductive, sinon onéreuse.

2e que celle d'un port serait sans utilité publique et présenterait des dangers.

3e quant à l'opération du colmatage, dont les résultats ne peuvent être considérés comme étant d'intérêt général, rien n'empêcherait de la sauvegarder en sauvegardant le Mont.

La solution proposée par M. le sous-secrétaire d'État consiste à modifier le tracé de la digue, de telle sorte qu'au lieu d'avoir des points d'attache au Mont-Saint-Michel, elle se relie à la digue de la Roche Torin par une courbe, dont la distance du Mont serait de 300 mètres environ. Le Mont conserverait ainsi la position insulaire et la vaste étendue des terrains à conquérir sur la mer ne serait pas sensiblement diminuée. La concession des grèves de la baie a été faite à la Compagnie des Polders de l'Ouest dans certaines conditions. Ainsi le Génie a demandé que les digues s'arrêteraient à une distance de 400 mètres du monument. On ne portera donc nulle atteinte 80/15/011/172 aux droits de la Compagnie et rien ne s'oppose à la modification du décret d'utilité publique. Les parties intéressées n'ont d'ailleurs pas été toutes entendues à l'enquête qui l'a précédée. Le ministre des Beaux-arts n'a point été convoqué. Un seul témoin a été appelé, le directeur des Pères du Mont-Saint-Michel, qui a fait entendre qu'un chemin de fer était indispensable pour provoquer un grand courant de pèlerins.

M. Tétreau constate également qu'on a omis de suivre en cette affaire les usages et les traditions qu'on a toujours suivis. Il ne voit nulle difficulté à modifier le décret, puisqu'il n'y a pas de droits acquis pour des tiers.

Le décret d'ailleurs, dit M. Ruprich-Robert, ne vise pas la destruction des murailles du Mont-Saint-Michel ; il faudra pourtant admettre qu'il l'autorise, si l'on maintient la digue en son état actuel.

M. Corroyer, architecte du monument, appelé dans la salle des séances de la Commission fait connaître que le crédit affecté sur le budget et les Travaux publics à l'exécution de la digue, devait être réparti sur quatre exercices et que les travaux ont été exécutés en un an. Il pense que M. l'Ingénieur en chef ne se refuserait point à couper la digue ; mais qu'il y a en jeu une question d'amour propre très vive.

M. le ministre regarde comme pratique la solution proposée par M. le Secrétaire d'État. Il aura le plus tôt possible avec son collègue des Travaux publics un entretien à ce sujet.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. Proust prie M. le ministre de vouloir bien autoriser la sous-commission à prendre possession de l'aile du Palais du Trocadéro, située du côté de Paris.

M. le ministre répond qu'il a ordonné l'évacuation du Musée d'Ethnologie et que cette évacuation n'est retardée que par l'absence de crédit. Si la Commission des Monuments historiques veut faire l'avance des fonds nécessaires au déplacement dont il s'agit sur le crédit qui lui a été accordé par la Commission du budget pour l'organisation du Musée de sculpture, M. le ministre prendrait immédiatement 80/15/011/173 un arrêté pour assurer la prise de possession des locaux.

La Commission ayant adopté cette proposition, il est décidé qu'un arrêté sera présenté à la signature de M. le ministre, attribuant au service des Monuments historiques toute l'aile du Trocadéro, sol, sous-sol, rez-de-chaussée, étages compris, ainsi que toutes les salles au-dessus du portique du côté de Paris.

M. du Sommerard met à la disposition de la Commission des Monuments historiques, pour le déménagement, le personnel du Musée de Cluny.

Fouilles à Poitiers (Vienne)

M. du Sommerard met sous les yeux de la Commission les résultats obtenus par M. le commandant Rothmann, dans les fouilles qu'il a dirigées. Il rend également compte des intentions du Père de La Croix relativement à l'Hypogée.

Alignements de Carnac (Morbihan)

M. Quicherat fait connaître les prétentions exorbitantes des propriétaires des terrains sur lesquels s'élèvent les alignements de Carnac. Le devis d'acquisition dressé par les habitants était de 45 000 Francs. Après nouvelle information, un devis de 39 000 Francs est venu s'ajouter à la précédente estimation. La Société polymatique du Morbihan, appelée par le préfet à examiner l'affaire, a déclaré que ces chiffres étaient exagérés de plus de moitié. Le préfet actuel demande à M. le ministre de nommer une Commission spéciale chargée d'établir la valeur des terrains.

M. Henri Martin est d'avis que l'acquisition devrait s'étendre aux trois groupes de Carnac, d'Erdeven et de Locmariaker. Le Morbihan présente un ensemble unique de monuments celtiques qu'il faut sauver. Le seul mode d'acquisition serait l'expropriation pour cause d'utilité publique.

M. de Mortillet fait observer que les monuments de Carnac sont les moins protégés, parce qu'ils appartiennent à des particuliers ; il signale la rapidité avec laquelle disparaissent tous les monuments mégalithiques.

Sous-commission pour l'établissement de l'inventaire des monuments mégalithiques

M. Henri Martin propose à la Commission de faire dresser un inventaire des monuments primitifs de France et d'Algérie ; mais, pour exécuter ce travail, il faudrait que la Commission s'associât des auxiliaires parmi les Sociétés savantes de province et les personnes compétentes de Paris.

M. le ministre partage cet avis, il nomme à cet 80/15/011/174 effet une sous-commission composée de MM. Henri Martin, de Mortillet et du Sommerard, qui est autorisée à s'adjoindre pour ses travaux M. Daubrée, directeur de l'École des Mines, et trois membres de la Société d'anthropologie.

Hommage à M. Viollet-le-Duc

M. le ministre, conformément à la proposition de la Commission des Monuments historiques, décide qu'un buste de M. Viollet-le-Duc sera placé à l'entrée du Musée de sculpture comparée au Trocadéro et que M. Geoffroy-Dechaume sera chargé de son exécution.

M. le ministre et M. le sous-secrétaire d'État quittent la séance. M. Proust prend la présidence.

M. Ouradou, candidat à la place de membre vacante par le décès de M. Viollet-le-Duc

[M. Proust] Il propose la nomination de M. Ouradou, architecte, comme membre de la Commission en remplacement de M. Viollet-le-Duc.

La prochaine séance est fixée au vendredi 31 octobre à 9 h 30. La séance est levée à 11 h 30. 80/15/011/175

31 octobre 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. Proust, vice-président. Sont présents : MM. de Ronchaud, vice-président, [Émile] Boeswillwald, Denuelle, Dreyfus, Gautier, Hérold Laisné, Langlois de Neuville, Lisch, H.Martin, Quicherat, du Sommerard, Steinheil, Tétreau, membres.

Les procès-verbaux des séances des 1er août et 29 octobre sont lus et adoptés.

Palais de justice de Dijon (Côte-d'Or)

M. le président fait connaître qu'il a entretenu M. Magnin au sujet de l'affaire du Palais de Justice. M. Lisch, qui n'a pas cru devoir se rendre à Dijon avant la rectification par M. le ministre de l'Intérieur de sa nomination d'architecte chargé de la restauration de cet édifice, est invité à rédiger un rapport sur la situation du monument dont il serait donné communication à M. le ministre de l'Intérieur.

M. [Émile] Boeswillwald, au nom de MM. les Inspecteurs généraux, donne lecture d'un rapport sur l'

Attribution des travaux de M. Viollet-le-Duc à de nouveaux architectes.

Les conclusions sont les suivantes : les travaux de restauration de la basilique de Saint-Denis seraient attribuées à M. Darcy ; ceux des monuments de Toulouse à M. de Baudot ; ceux des fortifications de Carcassonne à M. Paul Boeswillwald ; ceux de l'église d'Eu à M. Sauvageot ; ceux du château de Pierrefonds à M. Ouradou, sauf ratification de cette dernière proposition par M. le ministre des Travaux publics.

Ces propositions sont adoptées par la Commission.

L'ordre du jour appelle la présentation d'un membre de la Commission des Monuments historiques en

Remplacement de M. Cernuschi, démissionnaire

M. [Émile] Boeswillwald propose de porter les voix sur M. Geoffroy-Dechaume, dont la présence serait de la plus grande utilité pour l'organisation du Musée de sculpture comparée.

M. le président énumère les autres candidatures : ce sont celles de MM. le colonel Leclerc, Thuilier, Véron, Schlumberger.

M. Denuelle demande qu'on ajoute le nom de M. Questel, ancien membre de la Commission, en tête de la liste des candidats. M. le président est d'avis de mentionner au procès-verbal la motion de M. Denuelle, mais il 80/15/011/176 considère que cette candidature n'a pas le même caractère d'opportunité que celle de M. Geoffroy-Dechaume. La candidature de M. Geoffroy-Dechaume est mise au voix et adoptée.

Notice sur M. Viollet-le-Duc

La Commission désigne, pour rédiger la notice qui doit être consacrée à M. Viollet-le-Duc, M. de Baudot, comme étant celui de ses élèves qui a le plus vécu avec lui.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. le président rend compte de l'entretien qu'il a eu avec M. le directeur des Bâtiments civils. L'attribution du Trocadéro au ministère de l'Instruction publique n'est pas régulièrement établie, il y aura lieu de régulariser la situation. En ce qui touche la décoration des salles et les quelques réparations qui peuvent être nécessaires pour l'installation du Musée, M. le directeur des Bâtiments civils est disposé à subvenir dans une certaine mesure aux besoins de la situation, quand elle sera établie.

M. Langlois de Neuville, invité à compléter ces explications, estime qu'il y aura lieu d'examiner les propositions qui seront faites par les différents services appelés à prendre possession du Trocadéro. Le crédit de 1879 est épuisé. Quant à celui de 1880 le chapitre de l'entretien s'applique à un ensemble prévu, dans lequel ne figure point le Palais du Trocadéro. Le ministre des Travaux publics se propose de demander un crédit supplémentaire pour les édifices nouveaux. Le service des Monuments historiques aurait en conséquence à faire connaître d'urgence l'état des dépenses qui lui sont nécessaires. Toutefois le ministre des Travaux publics ne saurait accepter aucune proposition avant que la remise du Palais du Trocadéro lui ait été faite.

M. Proust invite la sous-commission du Musée à se réunir au Trocadéro le lundi 3 novembre à 3 heures de l'après midi pour se concerter au sujet des mesures à prendre pour le déménagement du Musée ethnographique. M. Charmes, chef du bureau des Travaux historiques et Sociétés savantes, du service de qui relève le Musée d'Ethnographie, devra être convoqué à la réunion.

Statues de l'église Saint-Ouen de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Tétreau expose comment il a été amené à adresser un rapport sur cette affaire à M. le sous-secrétaire d'État. La question qu'il a été appelé à examiner est celle-ci. L'État peut-il contraindre le conseil de Fabrique de l'église Saint-Ouen 80/15/011/177 à faire retirer les statues qu'il a fait placer dans le choeur et dans la nef de cette église. Etablissant qu'en fait la Fabrique a commis une série d'illégalités, qu'en droit les statues dont il s'agit sont des immeubles par destination aux termes même de l'art. 525 du Code civil, M. le rapporteur estime que M. le ministre des Beaux-arts, représenté par le préfet de la Seine-Inférieure, doit saisir la juridiction civile, dans les formes ordinaires, d'une action tendant à faire ordonner le déplacement desdites statues, refusé par le conseil de Fabrique de l'église Saint-Ouen. La Commission adopte à l'unanimité les conclusions du rapport.

Mosaïques à Sens (Yonne)

M. Laisné communique à la Commission les dessins d'une mosaïque trouvée à Sens en 1877 et dont l'acquisition est proposée à la Commission des Monuments historiques .

Mosaïques de Lillebonne (Seine-Inférieure)

M. Lisch fait connaître, à ce sujet, qu'il a vu le propriétaire de la mosaïque de Lilleborne, dont la Commission avait désiré obtenir un estampage. Cette mosaïque a été vendue et va être transportée en Russie, sans que l'acquéreur en ait autorisé la reproduction sous aucune forme.

La séance est levée à 11 h 30. 80/15/011/178

2 décembre 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. le sous-secrétaire d'État. Sont présents : MM. Proust, de Ronchaud, vice-présidents. MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Laisné, de Lasteyrie, Legrand, Lisch, Henri Martin, de Mortillet, Ouradou, Ruprich-Robert, Tétreau, du Sommerard, membres. M. Charton s'excuse par lettre de ne pouvoir assister à la réunion.

Le procès-verbal de la séance du 31 octobre est lu et adopté.

Abbaye du Mont-Saint-Michel (Manche)

La parole est donnée à M. [Victor] Ruprich-Robert pour la lecture d'un rapport sur l'affaire du Mont-Saint-Michel. MM. les Inspecteurs généraux [Victor] Ruprich-Robert et Lisch, auteurs de ce rapport, font connaître le résultat de leur conférence du 26 novembre avec MM. les Ingénieurs des Ponts-et-Chaussées. Ces derniers se sont retranchés définitivement derrière le décret du 25 juin 1874 qui déclare la digue d'utilité publique.

MM. les inspecteurs généraux des Monuments historiques ont invoqué le décret antérieur du 20 avril de la même année, qui affecte la propriété domaniale du Mont-Saint-Michel au service des Monuments historiques pour en assurer la conservation. Et considérant que les fortifications du Mont sont menacées de destruction, ils concluent à la notification du décret du 25 juin, en ce sens que la digue serait coupée et arrêtée à 500 mètres de l'îlot. Elle remplirait de la sorte son véritable objet qui est de défendre le littoral contre les envahissements de la mer et de rendre à l'agriculture, dans un temps donné, une grande partie de la baie du Mont-Saint-Michel.

M. le sous-secrétaire d'État propose d'émettre un voeu tendant à ce que le décret d'utilité publique du 25 juin 1874 soit rapporté ; ce voeu sera communiqué au ministre qui en saisira le conseil, si celui-ci se déclare contre le rapport du décret, on s'adressera au Parlement par voie d'interpellation.

M. Tétreau demande qu'il soit donné lecture du décret, afin d'examiner s'il ne serait pas suffisant de le modifier : une modification rencontrerait sans doute moins de difficultés qu'un retrait.

M. le sous-secrétaire d'État donne lecture du dit décret.

M. Proust fait observer qu'il n'y est nullement question de la construction d'un chemin de fer.

M. le sous-secrétaire d'État donne ensuite lecture 80/15/011/179 du décret d'affectation du Mont-Saint-Michel au service des Monuments historiques.

M. Proust est d'avis qu'il y aurait lieu, avant de saisir le conseil des ministres, de provoquer un débat contradictoire entre les inspecteurs généraux des deux services devant les deux ministres compétents.

M. le sous-secrétaire d'État estime que ce débat doit être précédé d'un voeu de la Commission, visant le rapport de MM. les inspecteurs généraux lequel serait déposé aux archives. Il propose de rédiger le voeu dans les termes suivants :

La Commission des Monuments historiques, après avoir entendu les communications de MM. [Victor] Ruprich-Robert et Lisch, inspecteurs généraux des Monuments historiques, au sujet de la digue du Mont-Saint-Michel persiste à demander le maintien de la situation insulaire du Mont, et, prenant acte des dispositions conciliantes de MM. les Inspecteurs généraux des Ponts-et-Chaussées, invite son président à provoquer un débat contradictoire entre les inspecteurs généraux des deux services devant les ministres intéressés.

La Commission adopte la proposition de M. le sous-secrétaire d'État.

Escalier en bois à Morlaix (Finistère)

M. Dreyfus fait connaître qu'il a vu à Morlaix un escalier de bois du XVe siècle qui pourrait faire l'objet d'une acquisition pour le Musée de Cluny dans des conditions avantageuses.

M. Lisch répond qu'il y aurait lieu d'abord d'examiner de quel emplacement peut disposer le Musée de Cluny et de se procurer des dessins.

Musée de sculpture comparée à Paris (Seine)

M. Proust demande que des remerciements soient votés par la Commission à l'adresse de M. du Sommerard, qui a terminé les opérations de déménagement du Musée ethnographique. Les collections ont été transportées au 1er étage et classées série par série.

Il est donné acte à M. du Sommerard que dans le déplacement de ces collections qui s'est opéré sans l'assistance d'aucun des agents supérieurs chargés de leur conservation ainsi que dans celui des antiquités cambodgiennes, aucun objet n'a été endommagé.

Monuments mégalithiques

M. Henri Martin annonce que la sous-commission chargée de l'inventaire des Monuments mégalithiques et blocs erratiques est entrée en fonctions.

Dolmens à Oran (Algérie)

M. Proust a fait savoir qu'une découverte de dolmens venait d'être faite dans la province d'Oran. Ces monuments sont déjà menacés : tout concourt à établir la nécessité d'un inventaire de ces monuments qu'on puisse présenter à la Chambre à l'appui du projet de loi.

Projet de loi sur les Monuments historiques

M. le sous-secrétaire d'État fait connaître que la 80/15/011/180 Commission parlementaire n'a point avancé son travail ; selon ses prévisions, la loi ne sera pas prête avant trois ou quatre mois. M. Proust croit à la nécessité de présenter un nouveau projet de loi à la Chambre, celle-ci nommerait une nouvelle Commission.

M. Henri Martin déclare le projet de loi insuffisant.

M. Proust appelle l'attention de la Commission sur les dépenses auxquelles donnera lieu l'inventaire des Monuments Mégalithiques et l'expropriation des quelques groupes que l'on tient particulièrement à conserver. M. Henri Martin est invité à donner des notes à ce sujet le plus tôt possible.

M. Legrand présente une observation relative à l'Algérie. Il serait question de détruire le :

Palais archiépiscopal d'Alger (Algérie)

M. Gautier rétablit les faits : ces bruits sont anciens. L'archevêque a demandé qu'on lui construisît un autre Palais, ce qui ne lui a pas été accordé.

Villefranche-de Rouergue (Aveyron) - près Rodez

M. du Sommerard a reçu une communication relative à un retable que le Conseil municipal de Villefranche vient de mettre en vente. Le prix devant être modique, M. du Sommerard demande l'autorisation d'en faire l'acquisition pour le Musée de Cluny.

La Commission accorde l'autorisation demandée.

La séance est levée à 11 h 15. 80/15/011/181

15 décembre 1879
La séance est ouverte sous la présidence de M. Proust. Sont présents : MM. de Ronchaud, vice-président, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Darcy, Dreyfus, Thoirens, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Langlois de Neuville, de Lasteyrie, Laisné, Lisch, Henri Martin, de Mortillet, Ouradou, Quicherat, Ruprich-Robert, Steinheil, du Sommerard.

Le procès-verbal de la séance du 2 décembre est lu et adopté.

Mort de M. Denuelle, son remplacement

M. Proust rend hommage à la mémoire de M. Denuelle, mort récemment à Florence, et rappelle le talent distingué, la longue expérience et les travaux remarquables de cet artiste.

Il propose à la Commission de présenter au choix du ministre M. Lameire, élève de M. Denuelle pour le remplacer. M. [Émile] Boeswillwald met en avant le nom de M. Diétertre.

La Commission adopte la proposition de M. le président de désigner M. Lameire.

Mont-Saint-Michel (Manche)

M. Lisch fait part à la Commission de la remise à MM. les inspecteurs des Ponts-et-Chaussées du voeu exprimé dans sa dernière séance par la Commission des Monuments historiques . M. le président, à qui M. le ministre des Travaux publics a dit qu'il acceptait la proposition de la Commission, invite M. le secrétaire général à lui demander par lettre l'exécution de sa promesse.

La parole est à M. [Émile] Boeswillwald pour la lecture d'un rapport sur la

Porte de Soissons, à Laon (Aisne)

M. le rapporteur expose qu'invitée à faire connaître les ressources qu'elle serait disposée à affecter à la restauration dont le devis s'élève à 40500 Francs, la Municipalité a offert de participer à l'entreprise dans la proportion du 10%, c'est-à-dire pour 4000 Francs à imputer sur le budget de 1880.

M. [Émile] Boeswillwald estime que la Commission ne doit donner suite à cette affaire que lorsque la Ville aura pris à sa charge le tiers de la dépense, soit 13 500 Francs imputable au besoin sur plusieurs exercices.

La Commission adopte les conclusions du rapport et invite M. Henri Martin à vouloir bien insister dans leur sens auprès de la Municipalité de Laon.

Église de Montataire (Oise)

La dépense pour les travaux de restauration restant à exécuter à l'église de Montataire s'élève à 25 936 Francs 61. Le ministère des Beaux-arts a accordé une subvention de 16 000 Francs sous la condition que la Commune réunirait la somme complémentaire de 9 936 Francs 11.

En présence de l'impossibilité où se trouve cette dernière de réunir les ressources nécessaires, 80/15/011/182 M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'engager la Municipalité de Montataire à s'adresser au département et, par l'intermédiaire du Conseil général, à l'administration des Cultes, pour combler ce déficit.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Baume-les-Messieurs (Jura)

Les travaux à exécuter à cet édifice sont évalués à 28 980 Francs 62 ; ils comprennent la consolidation des contreforts du choeur, la reprise des fenêtres, meneaux, jambages et vitraux, la restitution des parements de l'intérieur de la nef, la reprise des maçonneries en mauvais état du clocher et la réparation des couvertures.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de fixer à 13000 Francs le montant de la part contributive du service des Monuments historiques dans cette entreprise, sous la condition que la Commune et la Fabrique, qui disposent déjà de 1 600 Francs, réuniront le complément des ressources nécessaires, soit 15 250 Francs, avec l'aide du département et du ministère des Cultes.

Indépendamment des travaux énumérés ci-dessus le devis comprend la restauration du maître-autel et du triptyque qu'il supporte. M. [Émile] Boeswillwald est d'avis que cette réparation évaluée à 2 400 Francs pourrait être mise à la charge du crédit ouvert au budget des Beaux-arts pour la conservation des objets de cette nature.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église Saint-Maurice de Vienne (Isère)

M. Laisné, architecte de cet édifice, propose de remplacer, pour la réfection de la couverture de la nef et des bas-côtés, les tuiles plates prévues au devis, qui ne présentent pas de garanties suffisantes de durée, par des tuiles de Carcassonne, de forme antique et d'excellente qualité.

Conformément à l'avis de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission adopte la proposition de M. Laisné.

Église Saint-Pierre à Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que le Conseil municipal de Vienne propose d'ajourner à une époque ultérieure la restauration de la basilique de Saint-Pierre et d'attribuer à l'église Saint-Maurice les 14 000 Francs affectés à la basilique par arrêté du 25 mars 1879. Mais le devis de restauration de l'église Saint-Maurice ne s'élevant qu'à 84 229 Francs et les ressources disponibles pour cette entreprise atteignant déjà la somme de 62 566 Francs 50 il en résulte la possibilité de faire face aux ouvrages les plus urgents et d'attendre de nouveaux crédits pour compléter le devis. Estimant que la Municipalité, par sa délibération n'a d'autre but que de s'exonérer des nouvelles charges que pourrait entraîner pour son budget la suite des réparations 80/15/011/183 de Saint-Maurice et de s'affranchir de toute contribution à la restauration de la basilique Saint-Pierre, M. [Émile] Boeswillwald propose de maintenir l'affectation à cette dernière de l'allocation de 140000 Francs ainsi que les conditions imposées aux administrations locales, et d'autoriser, pour l'église Saint-Maurice l'exécution des travaux jusqu'à concurrence des ressources réunies, qui devront comprendre des souscriptions particulières conditionnelles, converties en souscriptions pures et simples, encore de la dite restauration.

M. le rapporteur ajoute qu'il serait peut-être possible de demander à M. Daumet, architecte de Saint-Pierre, de revoir son projet de charpente dans le but de faire une économie. Il y aurait lieu d'examiner si l'on ne pourrait pas supprimer la charpente apparente et se servir des anciens bois pour faire un plafond. M. [Émile] Boeswillwald ne croit pas, en outre, que la reconstruction de tous les piliers soit d'une nécessité absolue.

La Commission est d'avis d'ajourner sa décision jusqu'à production de plus amples renseignements qui seraient demandés à M. Daumet.

Église de Gonesse (Seine-et-Oise)

M. le préfet de Seine-et-Oise soumet à l'examen de la Commission un devis de travaux à exécuter pour la restauration de l'église de Gonesse. Ce devis, dont le total général est de 220 700 Francs 61, se divise en trois chapitres par ordre d'urgence.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de n'approuver, quant à présent, que le 1er chapitre en supprimant certains travaux de démolition et de réfection sans caractère d'urgence, qui y figurent pour la somme de 3 035 Francs 09 ce qui réduirait la dépense à 70 844 Francs 53.

La Commission adopte cette proposition, et conformément aux conclusions de son rapporteur, est d'avis d'accorder pour l'entreprise dont il s'agit 50 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la condition que la Commune réunira les ressources complémentaires soit 20 844 Francs 53.

Église d'Urcel (Aisne)

M. le préfet de l'Aisne sollicite le classement au nombre des Monuments historiques, de ce monument l'un des plus intéressants et des plus complets, sinon des plus importants du département de l'Aisne. M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, conclut en faveur de cette demande et la Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Cruas (Ardèche)

Les travaux à exécuter aujourd'hui à l'église de Cruas consistent presque tous en ouvrages de consolidation. Ces ouvrages comprennent en particulier l'établissement des toitures des bas-côtés, le remplacement des nombreux appareils ruinés ou disparus du mur sud de la nef, la réouverture 80/15/011/184 des baies aujourd'hui condamnées, etc. Il serait en outre nécessaire d'établir le long du bas-côté sud un fossé d'assainissement et de dégager les maçonneries de l'édifice des terres de la cour voisine dont le niveau est supérieur de 50 cm à celui du sol de l'église. On terminerait enfin la restauration de la façade principale et du clocher. Le devis de ces divers travaux s'élève à 35 018 Francs 69. A cette somme il convient d'ajouter celle de 3 910 Francs 61, montant du complément du 1er devis de 38 910 Francs 61 approuvé en 1874 et dont les travaux sont aujourd'hui terminés. La dépense totale serait en conséquence, de 36 929 Francs 30.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder 30 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques, à la charge par la Commune de réunir les 6 929 Francs 30 supplémentaires du devis. L'architecte, ayant, en outre, proposé la démolition de la sacristie actuelle, qui engage une partie de l'abside et son remplacement par une sacristie, qui serait élevée en dehors du périmètre de l'église, M. [Émile] Boeswillwald propose d'attendre la production du projet pour prendre une décision sur ce point.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Lesterps (Charente)

L'examen de cette affaire avait été ajournée afin de permettre à M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, de répondre aux observations de M. Abadie, concernant les énonciations du rapport sur l'emploi de la boucharde pour le débadigeonnage, et les réserves relatives à la reconstruction de l'abside. Il est de nouveau donné lecture du rapport.

M. Lisch rend compte de la visite qu'il a faite du monument, visite qui lui a permis de constater la justesse des énonciations de M. [Émile] Boeswillwald. Il fait connaître que les ressources dont la Commune dispose aujourd'hui s'élevent à 22 000 Francs.

M. de Lasteyrie élève une objection sur l'adoption du plan d'abside à pans carrés.

Sur la réponse qui lui est faite que M. Abadie croit avoir retrouvé des traces d'une abside rectangulaire, il est décidé qu'on demandera à cet architecte un renseignement plus précis avant la mise à exécution des travaux. Il existe d'ailleurs des absides de ce genre dans la région.

Les conclusions du rapport, qui tendent d'accorder 20 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques pour la restauration dont il s'agit, sont adoptées.

Obélisque d'Ivry-la-Bataille (Eure)

Bien que l'obélisque élevé par le premier conseil en mémoire de la Bataille d'Ivry ne présente aucun intérêt au point de vue de l'art, M. [Victor] Ruprich-Robert rapporteur, estime qu'il y aurait quelque inconvénient à l'abandonner. Il propose, en conséquence 80/15/011/185 à la Commission de consentir à payer la somme de 14 Francs dépensée d'urgence pour l'entretien du monument par le maire de la Commune d'Épieds sur le territoire de laquelle il est situé.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Palais de Justice de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, constate que le projet de reconstruction des bâtiments du Palais de justice de Rouen affectés au service du Tribunal de Première Instance respecte l'architecture du monument classé aux endroits de raccordement et qu'il s'harmonise, autant qu'on peut le désirer, avec les anciennes constructions. Il estime que, dans ces conditions, la Commission des Monuments historiques n'a aucune objection à présenter au projet et qu'il y a lieu de l'approuver.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Saint-Jean-aux-Bois (Oise)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, fait connaître que les travaux commencés à l'église de Saint-Jean-aux-Bois sont suspendus depuis près d'un an, malgré les avertissements réitérés qu'il a cru devoir adresser à l'architecte, M. Mimey. Il résulte en outre de l'examen qu'il a fait sur place des ouvrages dont il s'agit que leur exécution laisse beaucoup à désirer. Tout en reconnaissant le mérite de cet architecte, M. le rapporteur propose de confier à d'autres mains la restauration de l'église de Saint-Jean-aux-Bois.

La Commission adopte cette conclusion et désigne M. Ouradou pour remplacer M. Mimey.

Église Saint-Jacques de Dieppe (Seine-Inférieure)

M. [Victor] Ruprich-Robert rend compte de sa visite à l'église Saint-Jacques de Dieppe. Cet édifice exige encore dans plusieurs de ses parties de sérieuses réparations qui entraîneraient une dépense considérable. En raison des ressources restreintes dont on peut disposer et qui consistent dans un reliquat de 17 806 Francs 79 sur le devis de la restauration que vient de terminer l'architecte, M. [Victor] Ruprich-Robert est d'avis qu'on doit se borner pour le moment à la restauration de la sacristie et de la salle du trésor située au 1er étage et où conduit un escalier en bois sculpté d'une disposition rare, qu'il importerait de conserver. M. le rapporteur propose en conséquence de demander à M. Sauvageot, architecte, un devis comprenant uniquement cette partie du monument. La Commission adopte cette proposition.

M. du Sommerard appelle ensuite l'attention de la Commission sur une sacristie du plus déplorable effet, située sur le côté opposé de l'abside et qui vient d'être reconstruite sans autorisation ministérielle, par M. Sauvageot, avec les fonds fournis par M. le curé de Saint-Jacques, conformément 80/15/011/186 aux exigences de celui-ci.

La Commission regrette que le projet de reconstruction ne lui ait pas été soumis et est d'avis d'infliger à l'architecte un blâme à ce sujet. M. le directeur général des Cultes ajoute que, s'il n'a pas été procédé régulièrement dans cette affaire, la Commission pourra exiger la démolition de la sacristie dont il s'agit. Il y aura lieu de prendre auprès du maire tous les renseignements sur ce point.

Tour d'Oudon (Loire-inférieure)

M. Ruprich-Robert, rapporteur, fait connaître la délibération du Conseil général de la Loire-inférieure, par laquelle cette assemblée, en présence de l'impossibilité où se trouvent la Commune et le département de fournir la somme complémentaire de 20 000 Francs nécessaire pour entreprendre la restauration de la Tour d'Oudon avec les 20 139 Francs 27 accordés par le ministre des Beaux-arts, propose à l'État la cession du monument dont il s'agit.

M. le rapporteur estime qu'en raison de l'intérêt que présente la Tour d'Oudon et de la ruine dont elle est menacée, si l'on ne procède promptement à sa restauration, il y a lieu d'accepter la proposition du Conseil général de la Loire-inférieure.

Église de Saint-Père-sous-Vézelay (Yonne)

M. [Victor] Ruprich-Robert a constaté qu'un certain nombre de travaux ont été exécutés sans autorisation ministérielle et que notamment des vitraux ont été posés dans la chapelle de la Vierge sans avoir été soumis préalablement à la Commission. Il propose en conséquence à cette dernière d'infliger un blâme à la Fabrique.

Conformément à l'avis de son rapporteur, la Commission charge M. Paul Boeswillwald de dresser un devis des travaux urgents, consistant dans la restauration de la chapelle du choeur, au nord le pavage de l'église et la reprise de l'une des piles d'angle du clocher. Elle le charge également de rédiger un projet de reconstruction du porche qui précède l'église, se réservant de prendre parti, en présence d'une étude sérieusement faite, sur la grave question de cette importante restauration.

Ancienne cathédrale de Dol (Ille-et-Vilaine)

L'état de cet édifice nécessite quelques réparations à l'extérieur : les toitures sont à remanier et même à refaire complètement dans certaines parties, les soubassements des murs sont à reprendre ainsi que beaucoup de fenestrages, balustrades et corniches. La tour du porche restée inachevée menace ruine, et le porche principal est à peu près détruit.

Conformément à la proposition de M. Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis de demander à M. Corroyer, architecte, un projet complet de la 80/15/011/187 restauration de cet édifice à laquelle le département, la Municipalité et la Fabrique sont disposés à concourir.

Pont de Vernay à Airvault (Deux-Sèvres)

Les travaux restant à exécuter à ce monument s'élèvent à 25 200 Francs. Le Conseil général, dans sa dernière session, a voté une somme de 2 000 Francs et la Commune une allocation de 100 Francs pour cette restauration. M. Lisch, rapporteur, estimant que deux années sont encore nécessaires pour l'achèvement de l'entreprise, propose d'allouer 20 000 Francs imputables sur deux exercices du budget des Monuments historiques, à la charge par la Commune et le département de combler le déficit. L'architecte ayant de la sorte à sa disposition, pour l'exercice 1880, une somme de 12 100 Francs provenant : 10 000 des Monuments historiques, 2 000 du département, 100 de la Commune se trouverait mis à même de continuer dès à présent les travaux.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Sur la demande de M. de Lasteyrie, l'architecte sera invité à profiter de ces réparations pour relever au moyen de l'estampage les inscriptions romaines qui existent sur les piles au-dessus du niveau de la rivière.

Église d'Airvault (Deux-Sèvres)

M. le président rappelle que le curé d'Airvault a fait revêtir de plâtre et badigeonner son église. Le préfet n'a pu obtenir que le monument fût remis dans son premier état. M. le directeur général des Cultes ne saurait-il intervenir ?

M. [Émile] Boeswillwald pense qu'il y aurait lieu de faire enlever le badigeonnage par l'architecte, sauf à imputer la dépense sur le budget des Monuments historiques.

La Commission est d'avis qu'une lettre dans ce sens doit être écrite à l'architecte.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Ce monument est dans un état de dégradation regrettable par suite du défaut d'entretien. M. Lisch rapporteur, a cru devoir, en conséquence, inviter M. [Jean-Camille] Formigé, architecte, à dresser d'urgence un devis des réparations nécessaires. Ce devis s'élève à la somme de 2 102 Francs.

Conformément à la proposition de son rapporteur, la Commission est d'avis d'accorder cette somme pour l'exécution immédiate des travaux dont il s'agit.

Église de Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que la Commune se trouve dans l'impossibilité d'acquérir, comme elle y aurait 80/15/011/188 été invitée, les propriétés dans lesquelles se trouve enclavée son église, mais que d'autre part, elle a porté à 2 000 Francs le chiffre de sa part contributive dans la restauration de ce monument. En présence de ce sacrifice et pour assurer l'exécution des travaux les plus urgents, dont le devis s'élève à 11 793 Francs M. le rapporteur est d'avis d'accorder, sur le budget des Monuments historiques, une somme de 6 793 Francs, à la charge par la Commune de se procurer le montant des ressources complémentaires soit 3 000 Francs en s'adressant à l'administration des Cultes par l'intermédiaire du Conseil général.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église d'Yvignac (Côtes-du-Nord)

Il résulte des sondages opérés dans les piles, les axes et les maçonneries qui composent les cinq travées de la nef romane de l'église d'Ivignac que cette partie de l'édifice est susceptible d'être conservée. M. Lisch, rapporteur, estime en conséquence que la conservation de ces cinq travées doit être une des conditions essentielles du projet de construction du monument.

M. l'architecte du département ayant déclaré qu'il préférait renoncer aux travaux plutôt que de prendre la responsabilité de conserver les vieilles constructions, la Commission, sur la proposition de son rapporteur, est d'avis de désigner un autre architecte pour dresser un nouveau projet et porte son choix sur M. Corroyer. Elle est également d'avis qu'il y a lieu d'inviter M. le préfet des Côtes-du-Nord à prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaires pour empêcher qu'aucune construction nouvelle soit exécutée dans l'église sans le contrôle des Monuments historiques.

Église Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren (Côtes-du-Nord)

La chapelle de Notre-Dame-du-Tertre à Châtelaudren renferme des peintures du XVe siècle du plus haut intérêt, dont il importe d'assurer la conservation, en exécutant certains travaux de réparation à la charpente et à la couverture de l'édifice. Un devis de M. Corroyer, architecte, évalue la dépense des dits travaux à 3 927 Francs.

M. Lisch, rapporteur, propose à la Commission d'approuver ce devis dont la dépense serait imputée sur le crédit des Monuments historiques et de charger M. Lameire de reproduire au 1/10 de l'exécution, les peintures dont il s'agit.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Château de Blois (Loir-et-Cher)

M. Lisch, rapporteur, fait connaître que les gelées des derniers hivers ont fortement éprouvé l'édifice. C'est surtout dans la partie construite sous François Ier que les dégâts se sont manifestés. La toiture laisse passer l'eau, les cheneaux sont rompus en plusieurs endroits, les murs 80/15/011/189 endommagés par l'humidité qui s'attaque jusqu'aux décorations intérieures, la balustrade du grand escalier s'effrite et tombe en poussière.

En présence de cette situation, M. le rapporteur propose de demander à M. de Baudot un devis des réparations urgentes de toute la partie haute du bâtiment de François Ier comprenant la restauration des lucarnes, de souches de cheminées, des balustrades, ainsi que le remaniement de la couverture et des cheneaux.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Rétable de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron)

M. du Sommerard donne lecture d'une lettre par laquelle il est offert à l'administration des Beaux-arts de se rendre acquéreur pour une somme de 1 000 Francs du retable placé dans le cloître de cette ville. M. du Sommerard est d'avis qu'au lieu d'acheter le retable, il conviendrait d'allouer une allocation pour le monument lui-même qui est classé.

La Commission charge M. du Sommerard d'entamer des négociations à ce sujet.

Tour des Ducs de Bourgogne à Paris (Seine)

Le classement de cet édifice proposé à la Commission est adopté.

Église de Simorre et chapelle de Sisteron (Basses-Alpes)

M. Laisné soumet à la Commission un projet de vitrail pour l'église de Simorre et un projet de décoration d'une chapelle de l'église de Sisteron M. Steinheil est chargé d'un rapport sur les deux projets dont il s'agit.

La séance est levée à 12 h. 80/15/011/190


57La pagination du manuscrit saute de 108 à 169.