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1856
1855
1857
12 janvier 1856
Présents : MM. Caristie, de Laborde, Paul Lacroix, Lenormant, Mérimée, Vaudoyer et Courmont.
Temple de Diane à Nîmes (Gard)

M. Courmont, rapporteur, fait connaître quels seraient les travaux qu'il y aurait encore à faire pour compléter les fouilles exécutées derrière le Temple de Diane, au moyen des secours accordés sur le fonds des Monuments historiques :

1° d'abord, il faudrait fouiller la partie acquise qui n'a pas pu encore être attaquée, et qui, par son élévation, coupe en deux quartiers l'enceinte achetée. Une somme de 4 000 Francs suffirait pour achever ce travail. A la suite de ce déblaiement, il serait possible de faire une recette qui permette d'annihiler la servitude d'ouverture contractée envers le vendeur du terrain ; ce mur en moellon coûterait environ 3 000 Francs

2° il conviendrait de déposer le bahut et la grille placée sur la gauche du Nymphée, de les transporter à la suite du mur de clôture qui sert d'enceinte à la promenade, et de prolonger cette grille

3° il y aurait lieu de transporter au Musée la belle mosaïque découverte dans les premières fouilles, qui se détériore en plein air. On pourrait ensuite transformer en parterre la partie qui précède les gros massifs qui font suite à la façade du Nymphée.

Les autres travaux de plantation qu'il serait bon de faire du côté du Mont d'Haussaye regarderaient la Ville de Nîmes. Ce serait en résumé une somme de 9 556 Francs 75 qu'il faudrait imputer sur le crédit des Monuments historiques.

Le rapporteur propose à la Commission de voter cette somme.

Les conclusions du rapporteur sont approuvées.

Salle des actes à Orléans (Loiret)

M. le préfet du Loiret transmet un travail graphique de M. Delton sur la Salle des actes à Orléans. A ces dessins est jointe une notice historique rédigée par M. Mantellier, membre de la Société archéologique de l'Orléanais ; à la suite de cet envoi, le préfet demande au ministre de statuer sur le classement de ce monument, et de l'autoriser à remplir les formalités nécessaires pour parvenir à l'acquisition de la Salle des actes par voie d'expropriation pour cause d'utilité publique.

M. Lenormant, rapporteur, est d'avis de proposer au ministre le classement du monument dont il s'agit, mais il croit qu'on ne peut demander l'expropriation que lorsque le préfet aura fait connaître quels motifs s'opposent à une 80/15/009/33 acquisition amiable, et quelles ressources ont été réunies pour faire face à cette acquisition.

Ces conclusions sont approuvées.

Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Courmont, rapporteur, fait connaître à la Commission qu'il résulte d'un rapport de M. Révoil sur la situation du Théâtre antique d'Arles, que la Ville veut continuer la rue de la Miséricorde jusqu'aux arènes en renversant les maisons 44 et 43 de son plan, et en abattant plus tard les numéros 48, 47, 46 et 45. Aujourd'hui elle achète les numéros 3 et 4 au prix de 12 000 Francs, et il ne restera plus dans l'enceinte du Théâtre que les numéros 1 et 2 estimés ensemble 7 000 Francs et toute cette partie sera déblayée jusqu'à l'île (sic) de maisons qui regarde la scène. Passant en avant du mur de face, on trouve les maisons 102, 103 et 104, propriétés communales habitées par des Soeurs de charité, que la Ville a achetées 18 000 Francs et qu'elle compte démolir plus tard. En présence des sacrifices de la Ville, M. Révoil propose au ministre d'acheter les maisons 1 et 12, 2 et 42.

Il demande en outre un certain nombre de réparations urgentes telles que :

1° la réparation des deux arcades de la rue de la Miséricorde,

2° le dégagement des arcades placées du côté de la Lice et qui continuent le demi-cercle du Théâtre. Un grand rempart, composé de matériaux de grand appareil presque tous antiques et sculptés pour la plupart, prend la naissance contre la troisième arcade et en cachant toute la partie circulaire empêche de saisir le véritable aspect de ce portique. La démolition des maisons numéros 24 et 26 coûterait 12 000 Francs environ. On récupérerait par ce moyen de beaux fragments antiques qui ont servi à la construction du rempart, outre qu'on trouverait là les matériaux homogènes, nécessaires pour restaurer les arcs de la rue de la Miséricorde.

M. Révoil termine son rapport en demandant le dégagement des arcades situées à gauche de la Tour Rolland et leur exhaussement jusqu'au niveau des impostes, travail qu'il estime à 3 500 Francs.

Le rapporteur est d'avis qu'il y a lieu d'approuver presque toutes les propositions de M. Révoil. Tout ce qui concerne les travaux dont le devis est de 14 050 Francs ne lui paraît pas faire de difficulté. Il propose donc de l'approuver en principe. Pour les maisons à acquérir, il n'en est pas de même. D'abord, le rapporteur croit qu'on doit laisser à la charge de la Ville la maison n° 4 qui a surtout pour objet d'ouvrir une voie nouvelle de communication ce qui intéresse avant tout la municipalité de la Ville d'Arles. 80/15/009/34

En outre, comme par suite de l'expérience qu'il a faite dans les expropriations tentées à Arles pour le déblaiement de l'Amphithéâtre et surtout par la dernière tentative faite pour le dégagement du Théâtre d'Orange, le Gouvernement a pu reconnaître combien il était victime des exigences du jury d'expropriation, quand c'est lui qui se charge de ces sortes d'opérations ; le rapporteur est d'avis de proposer au ministre d'accorder à la Ville d'Arles une somme déterminée à la charge par elle de faire à ses risques et périls l'expropriation de toutes les maisons dont la démolition est proposée par M. Révoil.

Le rapporteur propose d'allouer pour la contribution de l'État dans cette partie de la dépense une somme de 16 000 Francs, ce qui ferait en tout 30 000 Francs.

Ces conclusions sont approuvées. Seulement la Commission demande que M. Révoil mette une assise de plus au-dessus des arcades, à gauche de la Tour de Rolland, qu'il se propose d'exhausser jusqu'au niveau des impostes.

Théâtre d'Orange (Vaucluse)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission décide que M. Constant-Dufeux sera invité à refaire le plus tôt possible les escaliers du Théâtre d'Orange.

Fouilles à Decize (Saône-et-Loire)

M. le préfet de Saône-et-Loire demande qu'une somme de 3 ou 400 Francs soit mise à la disposition de M. le maire de Decize, pour explorer des terrains où se trouvent des substructions romaines, ce qui aurait l'avantage de procurer du travail aux indigents valides de la localité.

Le rapporteur, M. Mérimée, pense qu'il y aura lieu de faire droit à cette demande si M. le ministre de l'Intérieur met à la disposition du ministre d'État une partie du fonds destiné à donner du travail aux malheureux.

Église Saint-Jacques à Nantes (Loire-inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que M. le préfet de la Loire-Inférieure demande à M. le ministre d'État une subvention de 11 000 Francs pour arriver au dégagement de l'église Saint-Jacques à Nantes. La Fabrique contribue pour 2 000 Francs et la Ville pour 3 000 Francs.

Le rapporteur est d'avis que la demande du préfet est des plus insolites, puisqu'il s'agit d'une dépense purement municipale. En effet, la plus forte dépense est dans le nivellement des abords, ce qui regarde la voirie. En conséquence le rapporteur propose de ne pas prendre la demande 80/15/009/35 en considération.

Église de Souvigny (Allier)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une grande partie des travaux exécutés à Souvigny n'a eu aucun résultat pour la conservation de l'édifice, parce qu'on s'est servi de mauvais matériaux, et d'un autre côté qu'on n'a appliqué que des palliatifs, lorsqu'il fallait des réparations radicales. En outre le défaut absolu d'entretien a rendu inutiles les restaurations exécutées. M. Millet propose de refaire la toiture et le rapporteur croit cette réparation indispensable. Elle doit entraîner une dépense de 24 500 Francs qui doit tomber entièrement à la charge de l'État parce que la Commune est dénuée de ressources et que l'édifice est un des plus remarquables de la France centrale. L'architecte propose de demander que l'entretien des couvertures qui sera de 250 Francs par an soit à la charge du département.

Le rapporteur partage son opinion, et est d'avis d'en faire une condition de l'allocation accordée à l'église. Il propose également de demander au préfet la démolition d'une baraque adossée à l'église, et le déblaiement des abords de l'église.

Ces conclusions sont approuvées.

Église de Saint-Menoux (Allier)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que les propositions de M. Millet pour les travaux que réclame l'église de Saint-Menoux lui semblent fort justes ; seulement il s'agit de pourvoir à une dépense de 8 000 Francs environ, et l'on n'a assuré, malgré tous les travaux faits jusqu'à ce jour, que la conservation du choeur et du narthex intérieur. La nef du XVe siècle est dans un état pitoyable ainsi qu'une fort belle tour du XIIIe siècle. Le rapporteur demande à quel point on devra arrêter la restauration : devra-t-on laisser une ruine entre deux parties de l'édifice restaurées ?

Le rapporteur est d'avis de demander un devis complet de la restauration à M. Millet et d'accorder les 8 000 Francs que nécessitent les travaux urgents.

Église de Clamecy (Nièvre)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître qu'il résulte d'un rapport de M. Nicolle qu'il serait nécessaire pour remédier au mauvais état de l'église de Clamecy de reconstruire trois travées de la nef. Le rapporteur est d'avis que ce parti serait désespéré et pourrait avoir pour conséquence la reconstruction totale de l'église. M. Mérimée désirerait qu'un architecte, plus habitué que M. Nicolle à ces sortes de travaux, examine l'église.

La Commission partage l'avis du rapporteur et désigne M. Viollet-le-Duc pour remplir cette mission. 80/15/009/36

Église de Saint-Maximin (Var)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la restauration de l'église de Saint-Maximin doit, d'après le devis de M. Révoil, occasionner une dépense de 60 000 Francs : savoir, 13 000 Francs pour acquisition de maisons et 47 000 Francs de travaux. La Commune et le département offrent, pour leur part de concours, 4 400 Francs.

Le rapporteur est d'avis d'ajourner cette affaire jusqu'à ce que la Commune et le département fassent des propositions acceptables.

Conclusions approuvées.

Église Saint-Sauveur de Dinan (Côtes-du-Nord)

M. [V.] Ruprich-Robert, sur l'invitation de la Commission, a rédigé un devis des travaux de restauration de l'église Saint-Sauveur à Dinan. Ce devis porte la dépense à 35 425 Francs.

Le rapporteur, M. Mérimée, est d'avis que l'église Saint-Sauveur est intéressante, du moins les parties de l'édifice qui appartiennent à la première construction, mais la somme nécessaire aux réparations lui paraît bien considérable. Avant de présenter au ministre une proposition à son égard, le rapporteur croit qu'il faudrait connaître les ressources et les intentions de la Ville.

La Commission partage cette opinion.

Église des Jacobins à Dinan (Côtes-du-Nord)

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission est d'avis de remercier M. [V.] Ruprich-Robert du soin qu'il a mis à relever les restes de l'église des Jacobins aujourd'hui détruite.

Église de Vertheuil (Gironde)

Sur le rapport de M. Mérimée, la Commission ajourne toute proposition au ministre en faveur de l'église de Vertheuil.

Église de Châteauneuf-sur-Charente (Charente)

M. Courmont, rapporteur, propose d'ajourner la restauration de l'église de Châteauneuf, jusqu'à ce que la Commune ait fait connaître quelle part elle compte prendre à la restauration. Le devis est de 30 348 Francs. L'administration supérieure ne pourra dans aucun cas prendre à sa charge plus de la moitié de la dépense.

Conclusions adoptées. 80/15/009/37

2 février 1856
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Labrouste, Questel, Paul Lacroix, de Longpérier, Vaudoyer, Mérimée, Courmont.
Église de Saint-Lubin-des-Joncherets (Eure-et-Loir)

M. Mérimée, rapporteur, propose de faire visiter l'église de Saint-Lubin-des-Joncherets par un architecte attaché à la Commission.

La Commission est d'avis de charger M. Lambert de faire un rapport sur l'intérêt que peut présenter le monument.

Maison romane à Saint-Gilles (Gard)

M. le préfet du Gard demande l'autorisation au ministre d'affecter au presbytère de la Commune de Saint-Gilles la Maison romane dernièrement achetée dans cette ville.

Le rapporteur, M. Courmont, ne voit pas de motifs pour s'opposer à ce que ce monument soit affecté au presbytère. Toutefois il est d'avis de prévenir le préfet qu'il ne faut pas que la municipalité de Saint-Gilles s'imagine que par ce moyen elle exonérera son budget d'une somme de 400 Francs. Car pour mettre la Maison romane en état de servir de presbytère, elle devra contribuer pour une somme qui représentera bien le capital des 400 Francs qu'elle veut économiser.

Avis adopté.

Église de La Puye (Vienne)

Sur la proposition du rapporteur, M. Courmont, la Commission est d'avis de déclasser l'église de La Puye en laissant au préfet le soin de juger de l'opportunité de la démolition que l'on se propose de faire du clocher.

Église Saint-Nazaire de Carcassonne (Aude)

M. Courmont, rapporteur.

M. Viollet-le-Duc fait connaître dans un rapport adressé au ministre que la chapelle basse de Saint-Nazaire de Carcassonne, dans laquelle se trouve placé le magnifique tombeau de l'évêque Randolphe, se trouve enterrée de plus d'un mètre, et engagée, vers son chevet, par les bâtiments du presbytère, qui n'ont aucune importance. De plus, il existe de ce côté, à la distance de 20 mètres environ de la chapelle, une ancienne poterne de la seconde enceinte fortifiée de Philippe le Hardi laquelle donnerait sur les lieux. Le jardin du presbytère occupe tout l'espace compris entre la chapelle, cette tour, les bâtiments de la cure et l'ancien mur du cloître de Saint-Nazaire. Pour entreprendre la restauration de ce côté, il faut enlever les terres de ce jardin.

Lors de sa visite à Carcassonne, le rapporteur a reconnu tous les avantages qu'il y aurait à déblayer le côté sud de l'église Saint-Nazaire. Mais pour obtenir ce résultat, il faut nécessairement déplacer le presbytère. Or, dans la Cité de 80/15/009/38 Carcassonne, on peut pour une somme minime trouver une maison avec jardin remplissant parfaitement les conditions exigées pour le logement du curé. Les sacrifices considérables que fait le gouvernement pour l'église et les murailles de Carcassonne font espérer que la Ville fera de son côté des efforts. Il y a donc lieu de demander à la municipalité de Carcassonne d'aider le gouvernement pour obtenir l'amélioration que le rapporteur a expliquée.

La Commission partage l'avis du rapporteur et décide qu'il sera écrit dans ce sens au préfet de l'Aude.

Temple Saint-Jean à Poitiers (Vienne)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, expose qu'il résulte d'un rapport de M. Joly-Leterme que les travaux exécutés au Temple Saint-Jean consistent dans la consolidation des murs repris tous en sous-oeuvre. Le commencement de la réédification des contreforts et des absides retrouvés du côté de la place publique et du côté d'une propriété voisine qui s'est successivement emparée des constructions et du sol de celle-ci, le déblaiement du sol intérieur, l'enlèvement de tous les matériaux et substructions amoncelés dans cet édifice depuis un long espace de temps. Les questions à vider pour continuer les travaux sont d'abord le changement d'alignement, ou l'autorisation de construire sur la place publique, l'abside et un dégagement en forme de fossé avec un mur d'escarpe pour empêcher la poussée des terres et l'humidité, un travail analogue dans la propriété Sinaudeau en face au nord. Les travaux à faire consistent comme cela est décrit dans le devis estimatif dans la reconstruction des murs encore en mauvais état, dans la consolidation et la réunion au moyen de chaînements de ces murs lézardés en haut, dans la construction d'une charpente du comble et d'une couverture. Tous ces travaux sont estimés à la somme de 30 000 Francs.

Le rapporteur propose à la Commission de décider en principe l'achèvement de cette restauration qui pourrait être terminé en deux années.

Cet avis est adopté par la Commission.

La séance est levée. 80/15/009/39

8 mars 1856
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Labrouste, Questel, de Montalembert, Mercey, Vaudoyer, Mérimée, Laborde, Courmont.
Église du Monastier de Brioude à Monastier-sur-Gazeille (Haute-Loire)

Le secrétaire donne à la Commission connaissance de deux demandes adressées au ministre par M. Mallay, architecte. Ces demandes ont pour but d'obtenir du gouvernement un acompte sur les honoraires auxquels M. Mallay aurait eu droit si l'administration n'avait pas ajourné la restauration des églises de Brioude et du Monastier.

La Commission renvoie cette réclamation à l'examen d'une sous-commission composée de MM. Vaudoyer, Caristie et Labrouste.

Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

Le secrétaire, M. Courmont, rapporteur, propose quelques additions aux travaux qui faisaient l'objet du premier devis de restauration du Pont du Gard. Cette augmentation de dépense lui paraît suffisamment motivée par la nécessité où l'on est de refaire d'une manière plus convenable les reprises des brèches, mal réparés dans le siècle dernier, et en outre, de remplacer complètement le dallage et la corniche des premières arcades.

La Commission approuve en principe l'addition proposée au premier projet, elle demande toutefois que M. Laisné, architecte, produise un exposé des moyens qu'il compte employer pour la reprise des brèches.

Église de Chassy (Cher)

M. Mérimée donne communication au Comité [sic] d'une lettre du curé de Chassy qui signale la découverte dans son église de onze peintures à fresque du XVe siècle parmi lesquelles, une, représentant une danse macabre.

Sur l'avis du rapporteur la Commission propose de charger M. Denuelle de relever les peintures qui sont signalées, si elles paraissent mériter l'intérêt que leur attribue le correspondant de M. l'Inspecteur général.

Église de Vouvant (Vendée)

M. Mérimée met sous les yeux de la Commission deux inscriptions découvertes par M. Joly sur la corniche de l'église de Vouvant, l'une au sud, l'autre au nord : Sum Virgo Maria, Scala coeli ego.

La Commission remercie M. Joly des renseignements que contient sa lettre à M. l'Inspecteur général.

Chapelle du monastère de Sainte-Odile à Ottrott (Bas-Rhin)

M. Mérimée expose que la chapelle de Sainte-Eugénie que M. [Émile] Boeswillwald a été chargé de voir est une construction du VIIIe siècle. Trois murs dont l'architecte donne les dimensions, un cercueil fait avec une espèce de ciment, et le dallage de l'emplacement 80/15/009/40 de l'autel sont tout ce qui subsiste de la chapelle ancienne. La façade et la charpente sont de construction toute récente, et dans l'état actuel ne semble pas avoir besoin de secours. Il n'en est pas de même de la chapelle de Sainte-Odile, construite vers la fin du VIIe siècle et composée de deux chapelles élevées au-dessus de l'autre. La chapelle inférieure est en parfait état mais la chapelle supérieure incendiée à deux reprises en 1546 et 1622 menace ruine sur plusieurs points. Le devis des travaux proposés pour cette restauration est de 1 837 Francs.

Le rapporteur propose d'exécuter les réparations indiquées par l'architecte.

La Commission partage son avis.

Église de La Trinité à Caen (Calvados)

M. Mérimée expose que M. [V.] Ruprich-Robert, architecte de l'église de La Trinité à Caen, en faisant tomber les enduits posés en 1810 sur les murs des bas-côtés de l'église de La Trinité, a reconnu que les murs des bas-côtés de la nef appartiennent à l'église primitive, contemporains de Mathilde ; qu'ils sont percés de fenêtres, qui étaient autrefois séparées par des contreforts, ayant environ vingt centimètres de saillie ; mais que les axes de ces contreforts et des baies ne correspondent nullement aux divisions des piliers et des travées de la nef. Après cette découverte M. [V.] Ruprich-Robert hésite à exécuter le premier projet qu'il a proposé, et qui a été adopté par la Commission, et demande s'il n'importe pas de laisser le plus de traces possible du monument de Mathilde et s'il ne serait pas convenable de conserver la disposition actuelle, en ajoutant au droit de chaque arc-boutant, un contrefort saillant, et une corniche accusant le style du XIIe siècle. Les anciens parements seraient conservés et les anciennes baies débouchées.

Le rapporteur croit que les murs découverts n'offrent que très peu d'intérêt et seulement pour l'antiquaire, il lui semble qu'il serait fâcheux de modifier la restauration, pour conserver quelques traces qu'on serait obligé de modifier par l'addition des contreforts indispensables.

M. Mérimée propose en conséquence d'exécuter le premier projet proposé.

La Commission approuve les conclusions du rapporteur.

Palais épiscopal de Laon (Aisne)

M. le préfet de l'Aisne envoie au ministre un projet de restauration du palais épiscopal de Laon rédigé par M. [Émile] Boeswillwald.

Le rapporteur, M. Mérimée, est d'avis que l'importance du monument n'est pas contestable ; ce qui lui paraît nécessaire de savoir d'abord, c'est l'intérêt que la Ville attache à sa conservation. Si elle est disposée à faire quelques sacrifices dans ce but, le rapporteur croit que l'édifice mérite à tous égards de participer aux secours accordés par le gouvernement.

Conclusions adoptées. 80/15/009/41

Église de Mont-Notre-Dame (Aisne)

M. le préfet de l'Aisne adresse une demande de classement de l'église Mont-Notre-Dame.

M. Mérimée, rapporteur, pense que la petite gravure envoyée à l'appui de la demande est un renseignement qui suffit pour faire classer l'édifice ; mais il propose de signaler le monument à M. [Émile] Boeswillwald pour avoir de lui un rapport sur sa situation.

Cet avis est adopté.

Cloître de Buisson-de-Cadouin (Dordogne)

Le curé du canton de Cadouin demande un nouveau secours pour la restauration du cloître de Cadouin.

Le rapporteur, M. Mérimée, est d'avis de réclamer de M. Abadie un rapport sur les travaux exécutés à ce monument, et de le prier de s'assurer s'il s'agit en effet de réparations nouvelles ou si, comme on a lieu de le soupçonner, la demande adressée au ministre n'aurait pour but que de solder un déficit relatif à des travaux déjà exécutés.

Conclusions adoptées.

Église de Mollègès (Bouches-du-Rhône)

Le préfet des Bouches-du-Rhône transmet au ministre un dossier relatif à un projet d'agrandissement et de restauration de l'église paroissiale de Mollègès. Les ressources pour l'exécution du projet sont assurées.

Le rapporteur, M. Mérimée, trouve que les travaux proposés sont convenables et il est d'avis de les approuver.

Conclusions adoptées.

Tour de Luxembourg à Ligny-en-Barrois (Meuse)

Le préfet de la Meuse transmet une demande de secours pour la réparation de la Tour de Luxembourg à Ligny et, à l'appui, un devis rédigé en 1837.

Le rapporteur, M. Mérimée, fait observer à la Commission que les travaux demandés paraissent surtout destinés à l'appropriation de la Tour de Luxembourg à sa destination actuelle. Il lui paraît évident que c'est à la Commune de Ligny qu'il appartient de pourvoir à l'entretien d'un édifice qui sert de prison.

Église de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne)

M. le préfet de Seine-et-Marne prie le ministre de faire visiter par un architecte l'église de Moret, dont il signale le mauvais état.

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commission n'ignore pas la situation déplorable de l'église de Moret, qu'elle sait également que la Commune ne peut pas faire les sacrifices nécessaires pour la restauration, et que le département de Seine-et-Marne refuse son concours.

Le rapporteur est d'avis que, malgré l'intérêt qui s'attache à cet édifice, on ne peut sans une sérieuse assistance du département en entreprendre la restauration.

Cet avis est adopté par la Commission. 80/15/009/42

Église d'Orbais (Marne)

M. Mérimée expose que l'excellent rapport de M. Millet démontre que l'église d'Orbais a été un édifice des plus remarquables et que le sens et l'incurie des habitants de la ville l'ont si gravement endommagé que les travaux à faire ressemblent à une reconstruction. Les travaux de 1ère catégorie sont de 86 000 Francs et encore le badigeon empêche-t-il de bien reconnaître l'étendue du dommage à réparer.

Le rapporteur pense que ce serait une imprudence d'entreprendre cette restauration sans le concours de la Commune et du département et sans que la dépense des travaux d'urgence n'ait été en majeure partie couverte par les intéressés.

Il propose en conséquence de communiquer les conclusions du rapport de M. Millet au maire d'Orbais, en lui demandant quelles sont les ressources de la Commune et en l'avertissant que le gouvernement ne pourrait prendre part à la restauration que si la dépense était supportée au moins pour les deux tiers par la Ville ou le département.

Conclusions adoptées.

Publication de la Commission

M. Lemaître est introduit pour donner des renseignements sur l'état d'avancement de la publication qu'il a entreprise, et les moyens qu'il a pris pour assurer la continuation de l'ouvrage. M. Lemaître fait connaître qu'il s'est assuré le concours de M. Olivier, qu'il a donné à MM. Sulpis et Burry les dessins des Saintes-Maries, à M. Lecocq la coupe de Notre-Dame de Laon, à M. Guillaumet le tympan de l'église de Vézelay, à MM. Sellier et Desjardins la peinture de Tournus ; qu'il a en outre trois planches de Tournus dans son atelier, une du château de Blois qui est prête, ainsi que le plan de Tournus et de plus que Mademoiselle Clément termine en ce moment la seconde planche de Simorre, qui sera prête à la fin du mois.

M. Lemaître s'engage à s'adjoindre, s'il est nécessaire, un plus grand nombre d'artistes, et promet de venir rendre compte à la Commission des démarches qu'il aura faites avant la fin du mois de mars. 80/15/009/43

29 mars 1856
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Labrouste, Questel, Paul Lacroix, Mérimée, Vaudoyer, Mercey, de Pastoret, de Laborde, de Montalembert, Courmont.
Pont du Gard à Vers-Pont-du-Gard (Gard)

M. Vaudoyer, rapporteur, fait connaître à la Commission quels sont les moyens que M. Laisné se propose d'employer pour reprendre les échancrures des piles du pont du Gard, bouchées d'une manière tout à fait imparfaite en 1702. On retirerait, au moyen d'un système de moises, les bandes de voussoires qui sont indépendantes et qui alors ne formeraient plus qu'un, à l'ordre des arcs cintrés, la partie supérieure serait supportée, puis la partie intermédiaire le serait par des ravalements s'appuyant sur des claveaux saillants qui forment crosettes. L'architecte proposait en outre quatre doubles contrefiches, que le rapporteur ne croit pas indispensables. Ces travaux qui n'ont pas figuré dans le premier devis entraîneraient une dépense de 65 714 Francs. Mais ils sont si essentiels pour compléter la consolidation de l'édifice que le rapporteur n'hésite pas à en proposer l'adoption.

La Commission, confirmant l'avis qu'elle a émis dans sa dernière séance, adopte les propositions du rapporteur.

Églises de Brioude et du Monastier-sur-Gazeille (Haute-Loire)

M. Vaudoyer, rapporteur, propose d'adopter la demande faite par M. Mallay d'honoraires pour les travaux préparatoires qu'il a produits, relativement à la restauration des églises de Brioude et du Monastier. Il pense que le chiffre de 2 500 Francs fixé par l'architecte n'est pas exagéré ; seulement, dans le cas où les travaux proposés auraient une suite, les honoraires que M. Mallay va toucher seraient déduits de ceux qui lui pourraient être attribués lors de l'exécution.

Castellum de Nîmes (Gard)

M. Mérimée donne lecture d'une lettre de M. Pelet au sujet du Castellum de Nîmes qui n'est pas encore débarrassé des constructions qui l'obstruent. Le secrétaire fait connaître que cette opération ne va pas tarder à se faire par suite de l'allocation que le ministre vient d'accorder pour y concourir.

Porte Blanche de Strasbourg (Bas-Rhin)

M. Mérimée, rapporteur, donne ensuite lecture d'une lettre de M. Schneegans qui déplore les projets qui menacent la Porte Blanche de Strasbourg. M. Mérimée est d'avis qu'on ne peut faire à cet égard que des démarches 80/15/009/44 auprès des Strasbourgeois pour qu'ils veuillent bien prendre la défense de leurs monuments.

La Commission partage cet avis.

Église de Carentan (Manche)

La Fabrique de Carentan réclame les secours de l'État pour restaurer son église.

Sur la proposition de M. Mérimée, la Commission est d'avis de demander à M. [V.] Ruprich-Robert un rapport sur l'intérêt qu'offre le monument et sur sa situation.

Église de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme)

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'administration est engagée à prendre à sa charge la moitié de la dépense d'ailleurs très utile qui a pour but la translation du cimetière de Saint-Nectaire. Il propose donc d'allouer la somme de 1 500 Francs demandée, en stipulant que tous les objets, trouvés dans ce cimetière, ayant quelque importance au point de vue de l'art, appartiendront à l'État.

Conclusions adoptées.

Église de Norrey (Calvados)

M. Mérimée, rapporteur, expose que l'église de Norrey, pour laquelle M. le préfet du Calvados demande un secours est un édifice des plus intéressants et de la meilleure époque gothique. Il paraît que sa situation est alarmante et qu'elle tend à s'aggraver. Le devis de M. Vérolles qui n'inspire pas une confiance complète au rapporteur s'élève à 4 000 Francs. Peut-être serait-il possible de réduire un peu la dépense en se bornant à l'exécution des travaux de consolidation les plus indispensables. En tout cas, M. Mérimée croit qu'il serait à propos de charger un des architectes du ministère, M. Danjoy par exemple, d'examiner l'église et de vérifier sur les lieux le devis produit.

Ces conclusions sont adoptées.

Château des évêques de Cahors (Lot)

Monseigneur l'évêque de Cahors adresse au ministre d'État une demande dans le but d'obtenir que le gouvernement rachète le Château des évêques de Cahors qui, en 1791, a été vendu par la Nation.

M. Mérimée, rapporteur, pense que l'administration, qui a tant de peine à faire des restaurations indispensables, n'a pas de fonds pour des dépenses de cette nature et que cette affaire regarde le ministère des Cultes.

Conclusions approuvées. 80/15/009/45

Église de Lusignan (Vienne)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Ville de Lusignan est en instance pour obtenir de l'État les fonds nécessaires à l'acquisition de deux maisons qui entourent encore l'église. L'architecte M. Joly regarde l'acquisition de ces deux maisons comme fort utile, mais il aimerait mieux cependant qu'on lui donnât de quoi achever les réparations commencées. La Commune paraît être dans une situation financière difficile.

Après ce rapport, la Commission est d'avis de laisser à la charge de la Commune les dépenses d'acquisition des maisons, l'administration se réservant de faire terminer les travaux de restauration.

Église de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne)

Le préfet de Seine-et-Marne demande un secours de 3 000 Francs pour acquisition d'une maison nécessaire au dégagement de l'église de Brie.

M. Mérimée, rapporteur, rappelle l'importance de cette église, un des jolis monuments du XIIIe siècle des environs de Paris. Le curé de Brie a donné 4 000 Francs de ses deniers, et, quant à la Ville et à la Fabrique, elles allèguent l'impuissance de concourir à la dépense. Le rapporteur pense que le dégagement est utile, mais en même temps il ne pense pas que l'administration des Monuments doive prendre à sa charge les dépenses de cette nature, quand elle doit pourvoir à tant de travaux de restauration.

Le rapporteur propose de charger M. Millet de voir la maison dont il s'agit.

Ces conclusions sont approuvées.

Cimetière mérovingien à Merville (Nord)

M. de Backer informe le ministre de la découverte faite à Merville d'un cimetière mérovingien, en construisant un magasin de tabac.

Le rapporteur, M. Mérimée, croit qu'on pourrait obtenir du ministère des Finances que les fouilles fussent faites avec plus de soin, du moins que les ouvriers fussent surveillés et que les objets découverts fussent respectés. Le rapporteur propose d'écrire dans ce sens au ministre des Finances.

Ces conclusions sont approuvées. M. Lenormant demande que M. Leblanc soit informé de cette découverte.

Église de Bissezeel (Nord)

M. de Backer signale la démolition d'une petite église du Nord à Bissezeel, qui doit être du Xe ou du XIe siècle.

M. Mérimée, rapporteur, est d'avis de demander pourquoi on démolit cette église. Il propose de réclamer ce renseignement de M. le préfet du Nord. 80/15/009/46

Avis adopté.

Église de Cunault à Chênehutte-Trèves-Cunault (Maine-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, propose d'allouer une somme de 1 260 Francs formant le restant du devis définitif de restauration de l'église de Cunault.

La Commission approuve cet avis.

Église de Bignay (Charente-Inférieure)

M. Mérimée, rapporteur, expose que la Commune de Bignay a voté 5 000 Francs sur un devis de 8 300 Francs pour la restauration de son église, le ministère des Cultes a donné 1 200 Francs. Comme il n'y a pas de renseignements graphiques à l'appui de la demande, il propose de demander des renseignements à M. Abadie pour savoir si l'on doit accorder le restant de la somme nécessaire.

Avis adopté.

Église d'Auvers (Seine-et-Oise)

M. Godeboeuf signale l'importance de l'église d'Auvers, mais en même temps il fait connaître la situation fâcheuse où elle se trouve. Les murs sont hors d'aplomb et les voûtes dans un état déplorable.

Le rapporteur, M. Mérimée, propose de demander à M. Godeboeuf un dessin et un devis. Conclusions adoptées.

3 mai 1856
Présents : MM. Lenormant, Caristie, Questel, de Laborde, Duban et Courmont.
Fontaine de Birague à Paris (Seine)

Sur la proposition de M. de Laborde, la Commission est d'avis de demander au ministre de vouloir bien réclamer de M. le préfet de la Seine les fragments de la fontaine de Birague, pour les envoyer à l'Hôtel de Cluny.

Préfecture de Police à Paris (Seine)

M. Lenormant demande qu'il soit écrit dans le même sens à M. le préfet de la Seine, pour les restes de la préfecture de police qui va bientôt être démolie. Le rapporteur pense qu'on doit réserver dans la vente des matériaux l'arc de la rue de Nazareth et les portraits peints de l'Hôtel du Lieutenant civil. M. Gilbert s'est engagé à faire un dessin exact et très complet du bâtiment avant d'en opérer la démolition. Malheureusement il ne croit pas pouvoir 80/15/009/47 se servir de l'Arc de Nazareth dans la construction qu'il projette, et il est peut-être très difficile de transporter les médaillons.

La Commission, sur les observations de M. le président, décide que M. Gilbert sera convoqué à la première réunion pour donner des explications sur tout ce qui touche à cette affaire.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. Questel rapporteur, présente à la Commission le projet qu'il a fait pour le mobilier du choeur de l'église d'Ainay.

La Commission est d'avis d'approuver les stalles, mais elle demande une nouvelle étude de la table de communion.

10 mai 1856
Présents : MM. Lenormant, Questel, Labrouste, de Laborde, Mérimée, Mercey, de Montalembert, de Longpérier et Courmont.
Préfecture de Police à Paris (Seine)

M. Gilbert architecte chargé de la reconstruction de la préfecture de Police, est introduit. M. Lenormant demande à M. Gilbert de vouloir bien donner des renseignements sur le sort qui attend certaines portions de la préfecture de Police actuelle, entre autres l'Arc de Nazareth et les portraits de la Cour du palais du Lieutenant civil. M. Gilbert fait connaître que, d'après les projets adoptés, l'Arc de Nazareth se trouve placé de telle façon qu'il est impossible de le conserver dans les constructions qui sont proposées. Il pense que M. le préfet de la Seine ne s'opposera pas à ce que ce fragment soit réservé lors de l'adjudication des bâtiments à démolir, et que peut-être y aurait-il moyen de le conserver à l'Hôtel de Cluny. Un des motifs principaux qui s'opposent à sa conservation, c'est qu'il est en contrebas du niveau fixé définitivement pour l'assiette des bâtiments nouveaux. M. Lenormant exprime le regret qu'on n'ait tenu aucun compte de l'importance de ce fragment classé parmi les Monuments historiques, lorsqu'on a érigé le programme que M. Gilbert a dû suivre pour la rédaction de son 80/15/009/48 projet, et il trouve très fâcheux que M. Gilbert de son côté n'ait pas étudié une combinaison qui aurait sauvé cette partie intéressante de l'édifice que l'on va détruire, lorsqu'il a fait les études de la nouvelle préfecture de Police.

M. Mérimée et M. de Montalembert insistent pour que M. Gilbert voie de nouveau s'il ne pourrait pas faire rentrer ce fragment dans son travail. M. Gilbert promet de faire de nouvelles études à ce sujet. Quant aux peintures des médaillons, il croit qu'il sera difficile de les sauver toutes, peut-être cependant pourra-t-on conserver un médaillon complet comme spécimen.

La Commission décide que M. Frappaz sera chargé de la copie de ces peintures qui devra être faite à l'échelle de moitié des originaux.

Château de Chinon (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, annonce que le maire de Chinon lui écrit qu'un pan de murailles du château est tombé ; il demande s'il ne faudrait pas écrire à M. Joly. Le secrétaire de la Commission fait connaître qu'il a déjà demandé des renseignements à M. Joly à ce sujet.

Église de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que Son Excellence le cardinal archevêque de Tours est enchanté des travaux de Candes, et que son intention est d'y établir une espèce d'asile de prêtres vieux et infirmes.

Église de Dol (Ille-et-Vilaine)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'une personne de Rennes lui a donné des renseignements très fâcheux sur le mauvais état de la fenêtre du choeur de l'église de Dol, fenêtre dont les vitraux présentent le plus haut intérêt. La Commission décide qu'il sera donné avis de cette circonstance à M. Lambert architecte.

Église Saint-Quiriace de Provins (Seine-et-Marne)

M. Mérimée appelle l'attention de la Commission sur l'église Saint-Quiriace de Provins, dont l'état est alarmant. Le secrétaire fait connaître à la Commission que M. Millet prépare en ce moment un travail au sujet de cet édifice. 80/15/009/49

21 juin 1856
Présents : MM. de Laborde, Mérimée, Paul Lacroix, Vaudoyer, Lenormant, Labrouste, Questel, de Montalembert, Mercey, de Longpérier, Courmont.

M. le président demande qu'il soit inséré au procès-verbal de la séance que la Commission a appris avec une vive satisfaction la décision par laquelle S. M. a accordé à M. Joly-Leterme la croix de la Légion d'Honneur.

Monuments d'Orange (Vaucluse)

M. Caristie rend compte à la Commission d'une visite qu'il vient de faire des monuments romains de la ville d'Orange. Il signale le danger que présente l'état du pilier de la grande salle du Théâtre, située du côté du Cirque ; or il croit que c'est sur la consolidation de ce pilier que doivent porter les efforts que le gouvernement veut faire pour la conservation du monument. Les voûtes du postscenium sont également en mauvais état ; il serait nécessaire d'arracher les herbes qui couvrent l'édifice et de faire en outre placer une porte dans les escaliers pour empêcher les marches d'être encombrées de poussière. Enfin, M. Caristie demande qu'une échelle en fer soit placée, qui permette de monter au-dessus des grands murs du postsceniuM. Pour l'Arc de triomphe, M. Caristie demande qu'on fasse un nettoyage et qu'on refasse les joints pour empêcher les herbes de croître dessus.

Tombeau romain de Lanuéjols (Lozère)

M. Mérimée, rapporteur, fait connaître que le tombeau de Lanuéjols a été élevé en l'honneur de Bassumus, ce qui ferait remonter son origine au règne de Caracalla et augmenterait encore l'intérêt que présente le monument. Le rapporteur pense que toute la restauration que demande le monument consiste surtout à le garantir contre les eaux de torrent qui le menace. Il propose de charger M. Révoil d'étudier la question de la digue à placer.

Monuments druidiques du Morbihan

M. le préfet du Morbihan signale les difficultés qu'il rencontre à faire respecter les monuments druidiques de son département.

Le rapporteur, M. Mérimée, ne voit pas d'autres moyens de les défendre que la persuasion. Toutefois, il pense que le département ou les Communes pourraient acheter quelques-uns des principaux dolmens ; en s'entendant avec le clergé, ils pourraient encore y faire planter des croix ou étudier des chapelles dans quelques-uns des plus remarquables, ce serait dans la Bretagne un moyen très sûr de conservation.

Le rapporteur rappelle que le ministre de la Guerre s'était engagé à faire dresser par les offciers du Génie une carte des monuments druidiques de la Bretagne. Il propose de 80/15/009/50 réclamer ce travail à M. le maréchal Vaillant. Il est d'avis de recommander également à M. Lambert d'étudier de nouveau le projet de redressement du Grand menhir de Locmariaquer.

Église de Thann (Haut-Rhin)

M. le préfet du Haut-Rhin appelle l'attention du ministre d'État sur la situation de la flèche de l'église de Thann.

M. Mérimée, rapporteur, fait observer que la flèche de Thann est un des monuments les plus intéressants de l'Alsace, et sa conservation mérite toute la sollicitude de la Commission.

Bien que le rapport de l'architecte ne paraisse pas devoir faire craindre quelque accident, le rapporteur pense qu'il y aurait lieu d'inviter M. [Émile] Boeswillwald à examiner par lui-même la situation et à en adresser un rapport au ministre.

Conclusions adoptées.

Abbaye de Senanques à Gordes (Vaucluse)

M. Mérimée, rapporteur, expose que M. le préfet de Vaucluse vient d'adresser une demande de secours en faveur de l'abbaye de Senanques, monument intéressant qui vient d'être acquis par des religieux Bernardins de l'ordre de Cîteaux.

Le rapporteur fait connaître que, lorsqu'il a visité cette abbaye il y a quelques années, l'église et le cloître, seules parties remarquables, étaient en bon état.

M. Mérimée pense qu'on pourrait charger M. Révoil d'examiner la situation de l'édifice, en lui recommandant de ne faire aucune promesse de concours.

Cet avis est adopté.

Église de Pont-Sainte-Marie (Aube)

M. Mérimée, rapporteur.Le Conseil municipal de Pont-Sainte-Marie ou de Pont-Hubert adresse une demande en faveur de son église qui a eu beaucoup à souffrir dans la Guerre de France.

Comme le monument dont il s'agit n'est pas classé parmi les édifices historiques, le rapporteur propose le renvoi de l'affaire au ministre des Cultes.

Le renvoi est prononcé.

Église Notre-Dame de Liesse (Aisne)

M. Mérimée, rapporteur, présente les mêmes conclusions au sujet de l'église Notre-Dame de Liesse qui n'est pas classée et qui d'ailleurs est dans un état satisfaisant et n'a besoin que d'entretien.

Avis adopté.

Tombeau de Marguerite d'Autriche dans l'église de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain)

M. Mérimée, rapporteur, expose qu'un nouveau devis vient 80/15/009/51 d'être produit pour l'achèvement de la restauration du tombeau de Marguerite d'Autriche. Le rapporteur trouve la somme demandée bien considérable. Il rappelle qu'il y a peu d'années il ne s'agissait pour tout terminer que de 2 500 Francs : aujourd'hui on demande 6 000 Francs. M. Mérimée trouve cette différence singulière, d'autant mieux qu'elle n'est pas expliquée. Il propose en conséquence de renvoyer cette affaire au ministère des Cultes.

La Commission propose l'ajournement.

Église de Gençay (Vienne)

M. Joly envoie un devis de 16 000 Francs pour la restauration de l'église de Gençay. M. Mérimée est d'avis que les singularités que présente le plan de cette église en font un des plus remarquables du département de la Vienne.

Si la situation est telle que la représente M. Joly, le rapporteur, M. Mérimée, croit qu'il est nécessaire de s'en occuper, et de faire dès à présent diligence pour demander le concours de la Commune, du département et du ministère des Cultes.

Adopté.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

Sur la proposition de M. Lenormant, rapporteur, la Commission est d'avis de proposer à M. le ministre d'État d'accorder les 15 000 Francs nécessaires à l'achèvement de la restauration de l'église d'Ainay, mais à la condition expresse que la Fabrique fera effacer les peintures qui déshonorent la chapelle de Sainte-Blandine.

Église de Tillières (Eure)

La Commission accepte l'avis donné par M. Lenormant, rapporteur, de proposer au ministre d'allouer 1 500 Francs pour l'achèvement de la restauration du plafond de l'église de Tillières.

Église Saint-Ours de Loches (Indre-et-Loire)

M. Lenormant, rapporteur, expose que la restauration de l'église Saint-Ours de Loches touche à son terme ; d'après le rapport adressé au ministre par M. Verdier, les travaux urgents que réclame encore l'édifice sont évalués à 10 363 Francs. Une allocation est demandée sur le crédit des Monuments historiques pour en assurer l'exécution.

Le rapporteur est d'avis qu'un secours de 5 000 Francs pourrait être accordé sur le budget du ministère d'État, si la Commune prenait à sa charge le surplus de la dépense.

Cette proposition reçoit l'assentiment de la Commission.

Palais des Thermes à Paris (Seine)

M. Lenormant rapporteur, entretient la Commission des démolitions exécutées auprès du Palais des Thermes. Il rappelle que, 80/15/009/52 sur la demande qui en avait été faite, les constructions romaines ont été réservées lors de la vente des matériaux, qu'un inspecteur a été chargé de surveiller les démolitions, ce qui a permis de sauver à peu près complètement les restes de l'ancien palais des Empereurs compris dans les maisons de la rue des Mathurins-Saint-Jacques. Aujourd'hui la Ville paraissant peu disposée à se dessaisir des terrains qui renferment les salles romaines, une intervention nouvelle du ministre d'État est devenue nécessaire. M. Lenormant ajoute que les caves retrouvées contiennent des parties des plus intéressantes qu'il ne peut croire du temps de Constance Chlore, mais bien du temps des Antonins, ce qui ajoute encore au mérite du monument et fait d'autant plus désirer qu'il soit ajouté aux parties qui sont déjà jointes au Musée de Cluny.

Sur la demande de M. le président, la Commission décide qu'elle se transportera le samedi 28 juin à l'Hôtel de Cluny.

Moulages des chapiteaux du choeur de Saint-Martin-des-Champs (Seine)

M. Vaudoyer demande qu'une somme de 1 500 Francs soit accordée sur le crédit des monuments pour opérer le moulage des chapiteaux du choeur de l'église Saint-Martin-des-Champs.

La Commission approuve cette demande.

18 octobre 1856
Présents : MM. Paul Lacroix, de Laborde, Caristie, Lenormant, Questel, Labrouste, de Pastoret, Mérimée, Courmont.
Dessins des monuments de la Haute-Vienne

M. Chibois, architecte, est introduit ; il donne communication à la Commission des relevés qu'il a faits d'après un certain nombre de monuments de la Haute-Vienne. M. Mérimée propose de choisir parmi les monuments que M. Chibois a dessinés deux édifices dont on demanderait des dessins plus complets. Il choisirait dans ce cas le château de Chalusse et l'église de Solignac. M. Lenormant propose d'ajouter les églises de Dorat, de Saint-Junien et de Saint-Léonard.

La Commission décide que MM. Caristie et Labrouste seront chargés d'examiner de nouveau les dessins de M. Chibois et indiqueront à ce dernier de quelle manière les dessins qui seront demandés par le ministère devront être rendus. MM. Caristie 80/15/009/53 et Labrouste devront faire un rapport à la Commission pour lui faire connaître quels sont les monuments dont ils proposeraient la reproduction.

Ruines de Lambessa (Algérie)

La Commission prend connaissance des dessins que M. Tresgot a faits d'après les mosaïques et les ruines de Lambessa. La Commission est d'avis que si M. Tresgot consent à détacher de son album les dessins des mosaïques, il y aurait lieu de les acheter pour les archives de la Commission.

Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Lenormant, rapporteur, fait connaître à la Commission un rapport adressé par M. Révoil, architecte, au sujet du projet supplémentaire relatif à l'exhaussement des arcades de la Tour Rolland au Théâtre antique d'Arles. Le premier rapport demandait la construction des piliers jusqu'à la première assise au-dessus des archivoltes. Après avoir fait démolir les murs modernes des remparts et fait déposer la frise antique qui s'y trouvait incrustée, il a paru convenable à l'architecte de demander l'achèvement complet d'une de ces arcades comme consolidation de la Tour Rolland, ce qui permettra de rétablir la frise antique qui viendrait couronner les parties restaurées. Ce complément de restauration doit augmenter la dépense de 1 367 Francs 80.

Le rapporteur est d'avis d'accepter cette proposition.

Ces conclusions sont adoptées.

8 novembre 1856
Présents : MM. Lenormant, Caristie, de Laborde, Blanche, Contencin, Mérimée, Labrouste, Questel, Vaudoyer, de Pastoret et Mercey.
La Commission des monuments de Vienne (Autriche) demande communication des travaux exécutés par celle de France

Le secrétaire donne lecture d'une lettre adressée par M. le ministre des Affaires étrangères au ministre d'État, par laquelle ce dernier est informé que la Commission des Monuments historiques de Vienne (Autriche), demande la communication des travaux exécutés par la Commission des Monuments historiques de France, et propose en échange de transmettre au ministre d'État pour être remis à la Commission les documents recueillis par celle de Vienne, d'après les monuments de l'Autriche.

M. Lenormant fait l'analyse des livraisons 80/15/009/54 de la publication de la Commission de Vienne transmises au ministre et propose d'accepter l'échange proposé.

Cet avis est partagé par la Commission qui propose de demander au ministre d'État d'envoyer à la Commission de Vienne un exemplaire de la publication des archives en train de publication.

Hôtel de Cluny à Paris (Seine)

Le secrétaire donne communication à la Commission de deux propositions transmises par le conservateur du musée des Thermes et de l'Hôtel de Cluny, l'une ayant trait à la réfection de la voûte du caveau qui se trouve placé sous la rue des Mathurins, l'autre au projet de grille destiné à inclure les terrains cédés par la Ville à l'Hôtel de Cluny.

La Commission est d'avis de charger deux de ses membres d'examiner ces questions sur place. Elle indique à cet effet MM. Caristie et Vaudoyer.

Edifices divers

M. Mérimée propose d'inscrire parmi les affaires à suivre prochainement : église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère), église Saint-Quiriace à Provins (Seine-et-Marne), Maison du Grand-Veneur à Cordes (Tarn), Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

M. Lenormant propose de joindre à ces affaires l'Amphithéâtre de Nîmes.

M. Mérimée se charge de préparer un rapport au ministre sur les besoins du service des Monuments historiques qui sont en ce moment plus grands qu'ils n'ont jamais été.

Église de Brou à Bourg-en-Bresse (Ain)

M. Labrouste donne connaissance d'une lettre que lui a adressée M. Dupasquier au sujet de la restauration des tombeaux que renferme l'église de Brou. M. de Contencin expose que le ministre des Cultes a ouvert un crédit pour faire face à ces travaux.

Église de Langogne (Lozère)

Le secrétaire donne lecture d'une lettre de l'évêque de Mende qui réclame le déclassement de l'église de Langogne.

La Commission n'ayant pas de renseignements sur ce monument décide qu'il sera demandé à M. Viollet-le-Duc s'il connaît cet édifice.

Église de Sainte-Catherine-de-Fierbois (Indre-et-Loire)

Sur la proposition du secrétaire, la Commission rejette une demande de secours adressée en faveur de l'église de Sainte-Catherine-de-Fierbois. 80/15/009/55

Église de Cluny (Saône-et-Loire)

Sur la proposition de M. Millet, la Commission propose d'adopter le classement de l'église paroissiale de Cluny parmi les Monuments historiques.

Dessins de monuments du département de la Haute-Vienne

La sous-commission, chargée d'examiner les dessins de M. Chibois, est composée de MM. Labrouste et Caristie et est d'avis qu'on devrait désirer avoir des reproductions des églises de Solignac, de Saint-Léonard, de Saint-Junien et du château de Chalusses, mais qu'ils n'ont cru devoir autoriser M. Chibois à ne donner que des dessins du château de Chalusse.

20 décembre 1856
Présents : MM. Lenormant, Labrouste, Blanche, de Contencin, Paul Lacroix, Questel, Caristie et Courmont.
Église Saint-Bénigne à Dijon (Côte-d'Or)

M. Lenormant donne connaissance d'une lettre relative à l'église Saint-Bénigne de Dijon qui signale le mauvais état du monument. M. de Contencin dit que le ministre des Cultes est informé et qu'il sera pris des mesures pour réparer les parties menacées.

Le secrétaire donne lecture du rapport de M. Mérimée sur la situation du service des Monuments historiques.

Ce rapport est approuvé par la Commission.