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1891
1890
1892
6 février 1891
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts, puis de M. [Émile] Boeswillwald. Sont présents : M. Antonin Proust, vice-président, MM. de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Kaempfen, Lameire, de Lasteyrie, [Jean-Juste] Lisch, de Mortillet, Renaud, Sauvageot, Selmersheim.

Lecture du procès-verbal de la séance du 5 décembre 1890.

Mont-Saint-Michel (Manche)

A propos du procès-verbal, M. Selmersheim fait connaître qu'il ne sera pas possible, comme on avait cru pouvoir l'espérer, de commencer la restauration de la tour centrale avec les fonds disponibles en 1891. La restauration du dortoir nécessitera l'emploi de ces fonds, et il croit préférable de terminer cette restauration avant d'entreprendre l'autre.

Cet avis est partagé par la Commission.

Le procès-verbal est adopté.

Décès de M. Laisné

M. le directeur rappelle la perte récente faite par la Commission dans la personne de M. Laisné, les titres de cet architecte, les services qu'il a rendus à la cause représentée par la Commission. Il regrette de n'avoir pu assister à ses funérailles où il a délégué un Inspecteur des Beaux-arts pour prendre la parole au nom de l'administration. Il propose d'adresser une lettre de regrets au fils de M. Laisné.

La Commission s'associant aux sentiments exprimés par M. le directeur adopte cette proposition. 80/15/013/257

M. Bardoux membre de la Commission

M. le directeur fait connaître ensuite que M. le ministre a désigné M. Bardoux, sénateur, pour succéder à M. Charton, certain d'aller par un tel choix au devant des désirs de la Commission.

Liste de candidats

M. le directeur propose de nommer une sous-commission pour établir une liste des candidats à la place vacante par la mort de M. Laisné.

Cette commission sera composée de MM. les Inspecteurs Généraux et de trois membres désignés : MM. de Lasteyrie, Courajod, Darcel.

Maison des Gens d'Armes à Caen (Calvados)

M. Antonin Proust donne communication d'une lettre de l'ancien propriétaire de la Maison des Gens d'Armes, qui signale, comme dangereux l'état actuel du couronnement de la principale tour et exprime le voeu qu'un architecte soit envoyé d'urgence afin de s'en rendre compte.

M. Selmersheim expose la situation. Le retard dans la restauration vient des difficultés rencontrées par l'administration municipale pour s'imposer une somme égale à la moitié du devis. En présence de ces difficultés l'administration des Beaux-arts, a récemment élevé la subvention de l'État de 11 866 Francs à 15 821 Francs.

M. Selmersheim se rendra à Caen et prendra d'urgence les mesures nécessaires pour empêcher tout accident.

L'ordre du jour appelle l'affaire de l'

Ancienne cathédrale de Digne (Basses-Alpes)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que l'administration des Cultes a refusé de contribuer à la dépense, ses crédits n'étant pas applicables à une église classée comme chapelle de secours seulement. Il propose, en conséquence, et en raison de l'urgence des travaux de porter de 6 000 à 7 139 Francs 90 la subvention à accorder sur le crédit des Monuments historiques.

Adopté. 80/15/013/258

Ruines au sommet du Puy-de-Dôme

Projet de baraquement présenté par l'architecte en vue d'abriter les ouvriers pendant la durée des travaux. La dépense est évaluée à 2 652 Francs 94, que M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'accorder sur le crédit.

Adopté.

Mosaïque gallo romaine découverte à Reims (Marne)

Le maire de Reims en sollicite le classement.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître l'état de cette mosaïque composée d'un rectangle de 5 mètres de long sur 4 mètres de haut et dont un tableau de 1 m 50 sur 1 m 12 occupe le milieu. Ce tableau représente un combat de gladiateurs, mais il n'en subsiste guère qu'une figure. L'ornementation de l'encadrement est toutefois bien conservée.

M. le rapporteur pense que, dans l'état de mutilation du sujet principal, il n'y a pas lieu de donner une suite favorable à la demande de classement, à laquelle s'opposeraient d'ailleurs probablement les propriétaires décidés à aliéner cet objet. Il serait d'avis d'engager la Ville à faire un sacrifice pour s'en rendre acquéreur au profit de son musée.

La Commission partage cet avis.

Maison d'Armande Béjart à Meudon (Seine)

M. le directeur invite M. Selmersheim à donner lecture de son rapport. Cette construction qui paraît remonter à la fin du règne de Louis XIII, sans présenter un grand intérêt architectural, rappelle des souvenirs peut-être suffisants pour motiver son inscription sur la Liste des Monuments historiques. D'ailleurs, le propriétaire actuel déclare ne demander aucun secours à l'État et ne solliciter le classement que dans le but d'affranchir la maison de la servitude d'alignement. 80/15/013/259

M. de Lasteyrie a reçu une lettre du propriétaire qui lui fait connaître l'existence d'un projet d'alignement au moins de l'autre côté de la rue. Il craint en conséquence que le classement de la maison dont il s'agit ne conduise à un conflit. Il faudrait, suivant lui, demander communication du plan d'alignement et ajourner le classement.

M. le directeur expose les motifs qui le rendraient en principe favorable au classement, mais il estime qu'en effet il ne faut point se hâter et invite M. l'Inspecteur général à s'entretenir, au préalable, de cette affaire avec le maire de Meudon.

Publication de M. Cagnat sur les fouilles de Timgad (Algérie)

M. le directeur rappelle le travail de M. Cagnat sur les fouilles de Timgad et fait connaître le désir exprimé par lui d'obtenir une mission pour achever son travail.

M. le directeur a l'intention de la lui accorder et d'en imputer la dépense sur le crédit des missions.

Accueil de M. Bardoux

M. Bardoux étant entré à ce moment dans la salle des séances, M. le directeur lui souhaite la bienvenue tant en son nom personnel qu'au nom de la Commission. Approbation de la Commission et remerciements de M. Bardoux.

Obligé de se retirer, M. le directeur invite M. [Émile] Boeswillwald, M. Proust se retirant également, à prendre la présidence. Suite de l'ordre du jour :
Église de Talmont (Vendée)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver le projet dressé par le service des Ponts et Chaussées en vue de la consolidation, au moyen d'un mur de soutènement, du rocher sur lequel repose l'édifice, et de laisser la dépense à la charge du département en réservant le concours de l'administration pour 80/15/013/260 les travaux de réparation dont un devis serait demandé à l'architecte.

Lanterne des morts de Château-Larcher (Vienne)

M. [Jean-Camille] Formigé présente un devis de 1 687 Francs 91 pour la dépose de ce petit édifice jusqu'à la table d'autel, la consolidation en sous-oeuvre du piédestal et le remontage pierre par pierre de la Colonne.

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission vote l'adoption de cette proposition et l'allocation de la somme nécessaire sur le crédit des Monuments historiques.

Abbaye de Brantôme (Dordogne)

Le Conseil municipal demande le rétablissement des bâtiments de l'ancienne abbaye sur la Liste des Monuments historiques.

M. l'Inspecteur général [Jean-Juste] Lisch ayant constaté que le bâtiment principal affecté à l'usage de mairie, de Justice de Paix, d'écoles, de salles de concert, etc…, .avait subi par suite de ces diverses affectations de telles modifications qu'il n'offrait plus aucun intérêt artistique ou archéologique, conclut à écarter sur ce point la demande du Conseil municipal ; mais il propose de l'admettre en ce qui concerne un petit pavillon, dit Corps de Garde, qui flanquait autrefois une des portes de l'abbaye.

M. le maire de Brantôme ayant exprimé le désir de le restaurer à l'aide de fonds dont il dispose, M. le rapporteur est d'avis de désigner M. Rapine pour cette restauration.

Ces conclusions sont adoptées.

Église du Grand-Brassac (Dordogne)

L'architecte a présenté un devis de 9 514 Francs 25 en vue de l'achèvement de la restauration de cet édifice.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'approuver ce devis et d'allouer, en raison de l'intérêt du monument et de la pénurie des ressources locales, une allocation conditionnelle de 4 000 Francs.

Adopté. 80/15/013/261

Église de Rudelle (Lot)

La dépense en vue de la restauration de cette église a été évaluée par l'architecte à la somme de 12 529 Francs 18, et M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'y contribuer par une allocation conditionnelle de 6 000 Francs. Toutefois le projet dressé par M. Gout est l'objet de diverses observations, notamment dans la manière dont seraient rétablis les créneaux.

M. [Jean-Camille] Formigé demande qu'on photographie les créneaux dans leur état actuel.

La Commission est d'avis de demander à l'architecte un complément d'étude dans lequel il serait tenu compte des traces anciennes, et de l'engager à se mettre en rapport avec l'Inspecteur général pour établir les modifications à apporter au projet présenté.

Ancienne salle capitulaire du prieuré Saint-Jean à Catus (Lot)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis de classer cet intéressant édifice et d'accorder un secours de mille francs pour sa mise en état qui est évaluée à 2 485 Francs par l'architecte du département.

Église de Varen (Tarn-et-Garonne)

Propositions de l'architecte en vue de travaux de réparation devant assurer l'assainissement de l'église.

M. [Jean-Juste] Lisch est d'avis d'approuver et d'allouer, à défaut de ressources locales, les 202 Francs montant de la dépense.

Adopté.

Église de Cerizay (Deux-Sèvres)

La reconstruction de cette église ayant été entreprise par la Fabrique, la Société archéologique des Deux-Sèvres demande que le vieux sanctuaire qui présente quelques particularités intéressantes, soit conservé, et, pour assurer cette conservation, classé parmi les Monuments historiques. 80/15/013/262

La Commune et la Fabrique s'opposent à cette mesure qui aurait pour effet d'empêcher l'établissement d'une rue latérale à l'église neuve et qui entraînerait le paiement d'une indemnité à l'entrepreneur.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, estime que le sanctuaire en question pourrait être utilisé et relié à la nouvelle église dont l'isolement pourrait être poursuivi en même temps que l'agrandissement de la place du marché.

La Commission, considérant que l'édifice ne présente pas assez d'intérêt pour qu'il y ait lieu de s'engager dans cette affaire, laquelle en raison de l'insuffisance des ressources locales ne laisserait pas d'être coûteuse, rejette la proposition de classement.

Église de Soulac (Gironde)

M. de Lasteyrie fait observer qu'un édifice beaucoup plus intéressant que l'église de Cerizay ne figure pas sur la Liste : c'est l'église de Soulac. Il en propose le classement qui est adopté.

Église de Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres)

Le devis général dressé par M. l'architecte Devérin en vue de la restauration de cet édifice s'élève à 413 098 Francs, mais il ne s'agirait pour le moment que de pourvoir à l'exécution des travaux urgents faisant l'objet du 1er chapitre qui s'élève à 107 740 Francs 41. Ces travaux comprennent l'étaiement des murs et des voûtes du collatéral sud, la dépose (avec soin et par parties successives) des voûtes, des murs, des arcs doubleaux, des contreforts, tous les matériaux susceptibles d'être réemployés devant être conservés. Les piliers de la nef seraient consolidés au moyen d'incrustements et de reprises partielles, enfin la réfection de toute cette partie de l'édifice devrait être exécutée en matériaux de choix qui entreraient au moins pour les deux tiers dans la nouvelle construction. 80/15/013/263

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, insiste sur l'urgence de ces travaux, et fait connaître que le mur du collatéral sud surplombe dans certaines parties de près de quarante centimètres ; que la voûte en berceau est lézardée dans toute sa longueur et que, sur divers points, les crevasses ont une largeur de dix à douze centimètres, que les désordres s'aggravent chaque jour et que la propriété particulière dans laquelle l'église est enclavée se trouve par suite sérieusement menacée.

M. l'Inspecteur général pense que dans ces conditions, en raison de l'intérêt exceptionnel de l'édifice, et de la pénurie des ressources locales, il y a lieu d'allouer pour la restauration du collatéral sud et de la façade une subvention de 60 000 Francs payable en deux annuités, en invitant la Commune à pourvoir au supplément de la dépense avec le concours de la Fabrique, du département et de l'administration des Cultes.

M. de Lasteyrie demande l'ajournement du vote à la prochaine séance afin de pouvoir étudier les projets, en raison de l'importance de l'affaire.

M. [Jean-Juste] Lisch affirme qu'il n'a pas à craindre de changement à l'état actuel.

M. [Jean-Camille] Formigé insiste sur l'urgence.

M. [Émile] Boeswillwald propose la nomination d'une sous-commission pour visiter l'édifice.

Cette proposition est adoptée.

Sont désignés pour faire partie de la sous-commission MM. les inspecteurs généraux et MM. de Lasteyrie, [Jean-Camille] Formigé, Courajod, Sauvageot et Darcy. La visite est fixée au samedi 28 février.

Église de Mussy-sur-Seine (Aube)

M. Selmersheim a dressé un devis de 47 394 Francs 21, dressé en deux chapitres ; le premier 35 036 Francs pour la restauration de deux arcs-boutants 80/15/013/264 du choeur, des piles au dessous et des couvertures, le deuxième de 12 358 Francs pour la restauration de la vitrerie et des ferrements des fenêtres hautes du choeur. La Fabrique ayant voté 12 000 Francs pour l'exécution des travaux du 1er chapitre et disposant de 4 000 Francs de souscriptions pour ceux du second, M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose, en même temps que l'approbation du devis une allocation conditionnelle d'égale somme sur le crédit des Monuments historiques.

Adopté.

Église de Champagne (Ardèche)

M. Petitgrand, architecte, propose en vue de terminer la restauration de cet édifice, l'adoption d'un nouveau projet comprenant : 1er la restauration de la façade ouest, 2e la réfection des dallages et carrelages intérieurs, 3e le débadigeonnage et le jointoiement de l'intérieur, 4e enfin, la reconstruction de la partie supérieure du clocher sud.

Ces travaux groupés dans un 1er chapitre, entraîneraient une dépense de 40 349 Francs 84. Un 2e chapitre, comprenant la construction d'un 2e étage au clocher sud, réclamé par la Commune, s'élève à 6 482 Francs 82.

M. le rapporteur Selmersheim, propose d'écarter pour le moment cette dernière proposition mais d'approuver le premier chapitre et d'allouer, en raison de l'intérêt qui s'attache à l'édifice et pour permettre de fermer le chantier, une somme égale à la moitié de la dépense.

M. de Lasteyrie s'élève contre la restauration de la façade ; telle qu'elle est, il la trouve très intéressante avec les nombreuses sculptures qui y sont incrustées et les traces 80/15/013/265 de la tour qui existait autrefois devant ce mur pignon et dont les derniers restes ont été détruits pour l'élargissement de la route Nationale, il combat également le projet de construction d'un étage au clocher sud, à plus forte raison, celle de deux étages et déplore que deux étages aient été construits sur le clocher nord ; enfin le débadigeonnage ne lui paraît pas urgent, il ne voit d'urgent que la réfection du dallage.

M. le rapporteur n'insiste pas sur la proposition relative à l'étage du clocher sud, il croit qu'on peut en effet se borner à un arasement de la tour, mais il insiste pour la restauration de la façade qui lui paraît indispensable. Les diverses propositions du rapport sont mises aux voix et adoptées, avec l'amendement de l'arasement de la tour.

La séance est levée. 80/15/013/266

28 février 1891
Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres)
Séance de la Commission des Monuments historiques à Saint-Jouin-de-Marnes le samedi 28 février 1891.
La Commission des Monuments historiques s'est réunie à Saint-Jouin-de-Marnes pour examiner l'état de l'église de cette Commune. Etaient présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, [Jean-Camille] Formigé, [Jean-Juste] Lisch, Sauvageot, Selmersheim. M. Devérin architecte du monument, assistait à la réunion.

Un déversement du mur du collatéral sud s'étant manifesté d'une manière inquiétante dans le courant de 1889, M. l'architecte Devérin avait été autorisé, au mois d'octobre de la même année, à procéder à l'étaiement de cette partie de l'édifice, et plus spécialement de la cinquième travée, la plus menacée.

Depuis cette époque ces désordres n'ayant fait que s'aggraver, et cette situation ne pouvant se prolonger davantage, la Commission était appelée à déterminer les mesures à prendre pour rendre au mur déversé sa solidité et assurer le maintien des voûtes qu'il soutient.

La Commission constate tout d'abord que le dévers du mur, lequel mesure 11 m 65 de hauteur sur 1 m 15 d'épaisseur, est de 0 m 65 centimètres. Extérieurement, le niveau auquel cet infléchissement commence, n'est pas apparent ; intérieurement, l'on reconnaît qu'il s'est produit à partir de la 3e assise ; à ce niveau, le mur s'est en effet disjoint sur une ligne continue horizontale et s'est incliné vers le dehors. L'absence de lézarde constatée sur la face extérieure fait reconnaître que le mur 80/15/013/267 s'est infléchi tout d'une pièce. Ce mouvement a amené la dislocation des arcs-doubleaux et la rupture de la voûte. Par suite une lézarde anciennement bouchée s'est rouverte sur toute la longueur du berceau, et présente en certains endroits un écartement qui atteint jusqu'à 10 et 12 cent[imètres]. La cause de ce mouvement ne paraît pas imputable aux fondations : une fouille exécutée au pied du mur permet en effet de constater le bon état des substructions qui n'ont pas bougé, elle doit être cherchée dans la trop grande pesanteur de la voûte qui a poussé au vide.

La Commission recherche si des mouvements analogues ne se sont pas produits également dans la nef centrale : elle reconnaît que des fissures sont apparentes dans la voûte et que plusieurs claveaux se sont déjà échappés, les piliers de la nef avoisinant l'entrée ont été recouverts d'un enduit épais de ciment et paraissent en mauvais état. Dans le choeur quelques déclarations sont visibles. Sur le collatéral nord, des désordres de même nature que ceux du collatéral sud se sont manifestés, mais avec moins d'intensité, car cette partie de l'édifice est contrebutée extérieurement par les restes d'un cloître du XVe siècle. Le dévers du mur, mesuré de ce côté, est de 0 m 15 au 3e arc-doubleau et de 0 m 28 au 4e.

La Commission se transporte ensuite sur les voûtes : elle y constate l'existence d'un amas de matériaux provenant en grande partie de la chute des toitures successives, et elle reconnaît la nécessité de les décharger sans retard de ce poids dangereux. Dans les charpentes du bas-côté sud aucun arrachement ne s'est produit. La partie de la corniche, refaite il y a une dizaine d'années, ne présente aucun dérangement. L'aplomb du mur, mesuré tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, fournit de l'un et l'autre côté un chiffre égal de 6 m 65 environ. Cette constatation rapprochée de ce fait qu'il n'existe aucune lézarde extérieure corrobore 80/15/013/268 l'opinion que le mur s'est infléchi tout d'une pièce et que par suite ses maçonneries doivent être en bon état. Il pourrait néanmoins être à craindre qu'il n'y eut eu décollement des parements : la percussion du mur semblerait en tous cas dénoter la présence de cavités plus ou moins profondes dans les maçonneries. Il y aura donc lieu de s'assurer par des sondages de l'état du mur et de procéder au débadigeonnage de ses parements intérieurs afin de faciliter les recherches.

Il résulte des constatations précédentes que deux solutions s'imposent pour rendre au mur son assiette et sa solidité :

soit le déposer totalement et le remonter dans son aplomb en faisant réemploi de tous les matériaux pouvant être conservés,

soit le soutenir par des arcs-boutants ou des contreforts saillants au droit des arcs doubleaux. Les arcs-boutants auraient l'inconvénient de nécessiter, pour l'établissement de leurs retombées, l'acquisition d'une partie du terrain contigu et de rendre difficile le passage des voitures de fourrages du cultivateur voisin qui ne possède d'autre accès dans sa propriété. Les contreforts, au contraire, pourraient ne pas dépasser la saillie de l'éperon qui existe déjà à la 5e travée.

Quel que soit le parti adopté, la voûte du collatéral devra être reconstruite en matériaux plus légers. Après un échange de vues sur les inconvénients et les avantages des deux solutions proposées, la Commission s'arrête aux conclusions suivantes :

Considérant qu'il y a grand intérêt, au point de vue archéologique, à conserver, sans le déposer, le mur déversé, que, d'autre part, cette conservation ne pourra être assurée que si le mur est reconnu en bon état, et que enfin, l'état du mur ne pourra être reconnu d'une 80/15/013/269 manière définitive et certaine qu'après le débadigeonnage intérieur et l'exécution de sondages, qui permettront de s'assurer si des fissures se sont produites et s'il n'y a pas eu décollement des parements, la Commission est d'avis :

1ère de faire procéder à cette double opération préparatoire, pour laquelle un crédit sera mis à la disposition de l'architecte

2e de renforcer sans plus tarder et à titre d'essai, le 6e contrefort, le plus menacé, par l'établissement d'un éperon dont la saillie n'excédera pas l'alignement du 5e contrefort voisin

L'architecte devra avoir soin de relier intérieurement ce contrefort au mur par l'établissement de harpes pénétrant profondément dans les maçonneries, il devra fournir à cet effet un carnet d'appareil à l'entrepreneur. Si cet essai donne de bons résultats, il y aura lieu de le poursuivre pour les autres contreforts de la même façade. Si au contraire, au cours des travaux, il est reconnu que le mur est dédoublé, il conviendra d'avoir recours à la première solution proposée. 80/15/013/270

13 mars 1891
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts, puis de M. Antonin Proust. Sont présents MM. Antonin Proust, vice-président, Bardoux, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Comte, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Kaempfen, Lameire, de Lasteyrie, [Jean-Juste] Lisch, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim.
Le procès-verbal de la séance du 6 février est lu et adopté.
Visite à Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres)

Il est ensuite donné lecture du procès-verbal de la mission de la Commission des Monuments historiques à Saint-Jouin-de-Marnes.

MM. [Émile] Boeswillwald et [Jean-Juste] Lisch proposent une modification aux conclusions prises sur place en ce qui concerne l'établissement d'un éperon au 6e contrefort. Ils jugent cette mesure insuffisante et demandent de l'étendre à deux contreforts de manière à obtenir la consolidation d'une travée complète.

La Commission adopte et vote un crédit de 10 000 Francs pour cette opération.

Maison des Gens d'Armes à Caen (Calvados)

M. Proust entretient la Commission de l'affaire de la Maison des Gens d'Armes à Caen qui fait l'objet de réclamations de la part de l'ancien propriétaire. M. Selmersheim fait connaître qu'il a pris jour avec M. Moisson pour examiner la situation.

Liste de candidats

M. [Jean-Juste] Lisch a la parole pour exposer les résultats de la réunion de la sous-commission en vue de l'établissement d'une liste de candidats à la place laissée vacante par la mort de M. Laisné. 80/15/013/271

La sous-commission a été d'avis en majorité de présenter MM. Gonse, André Michel, Héron de Villefosse.

M. de Baudot s'attendait à ce qu'on présentât un architecte en remplacement d'un architecte. Il ne voit pas pourquoi on met en lutte l'architecture avec l'archéologie, d'autant que l'architecte est aujourd'hui archéologue. Si donc il ne s'agit pas de lutter contre l'archéologie il y aurait avantage à présenter un artiste dont l'action se fait plus sentir au dehors, qui répand les principes de l'enseignement par l'exemple et par suite est plus militant. Il croit qu'on trouverait parmi les architectes du service des hommes suffisants au point de vue de l'archéologie et se demande pourquoi les architectes de la sous-commission n'ont pas envisagé la question sous cet aspect.

M. de Lasteyrie expose à quel point de vue se sont placés les archéologues. Ils se sont demandé quels étaient les candidats qui pouvaient le mieux servir les intérêts de la Commission au dedans et au dehors. Il s'associe à la manière de voir de M. de Baudot. Ce qui a déplacé la question, c'est qu'un des membres a réclamé la nomination d'un architecte. La sous-commission s'est alors reportée aux listes des arrêtés de 1872 et décret de 1879 qui comprenaient, toutes deux, huit architectes, nombre atteint aujourd'hui.

M. de Lasteyrie s'élève contre cette opinion qu'on doive nommer les architectes pour les récompenser.

La Commission a été attaquée plus d'une fois au Parlement et dans la Presse. Elle a des défenseurs dans le Parlement ; dans la presse elle n'en a pas.

La sous-commission s'est préoccupée de cette situation ; M. Gonse, directeur d'un des journaux d'art les plus autorisés ; M. André Michel, critique d'art, à qui le Moyen Âge est familier, lui ont paru présenter les titres les plus sérieux dans ce sens. 80/15/013/272

A leur nom, elle a ajouté celui de M. Héron de Villefosse qui possède une compétence toute particulière au point de vue de l'antiquité gallo-romaine.

M. de Baudot déclare que, s'il ne s'agissait pas de remplacer un architecte, il s'associerait à la présentation de la sous-commission. Mais il entend se placer surtout au point de vue de l'enseignement, et c'est pourquoi, suivant lui, l'architecte doit être préféré. La presse a peu défendu la Commission depuis vingt ans, il ne lui paraît pas qu'elle ait besoin d'être représentée. Ce qui le frappe dans la proposition de la sous-commission, c'est la mise en infériorité d'un architecte par un archéologue.

Sur la demande de M. Kaempfen, M. le président donne lecture du décret d'organisation de la Commission du 3 janvier 1889. Il constate que le nombre respectif des architectes et des archéologues n'y est pas fixé, il en conclut qu'il n'y a pas lieu de poser une question de principe à ce sujet, mais simplement de présenter une liste de trois noms, aux termes de l'article 5.

M. Antonin Proust estime qu'en effet il n'y a pas à se prononcer sur une question de catégorie, mais à voter sur des noms. Il s'élève contre l'opinion exprimée par M. de Baudot à savoir que la presse ne défend pas la Commission et il croit qu'il y a lieu précisément lieu de prendre aujourd'hui des personnes qui ont donné des gages dans la presse. Il serait d'ailleurs d'avis d'augmenter le nombre des membres de la Commission en raison de l'accroissement des travaux, des inspections, et d'augmenter ainsi le nombre des compétences.

Sur l'invitation de M. le président de formuler ses propositions, M. de Baudot propose une liste composée de MM. Magne, 80/15/013/273 de La Rocque et Petitgrand architectes.

On procède au vote nominatif.

Le nombre des votants est de 21, la majorité absolue de 11.

M. Gonse ayant obtenu 12 voix au 1er tour est présenté en première ligne. M. André Michel est présenté en deuxième ligne, avec 10 voix au deuxième tour et M. Magne en troisième avec neuf.

Ont ensuite obtenu le plus de voix MM. Héron de Villefosse et Petitgrand.

En conséquence la liste des candidats est ainsi composée : MM. Gonse, André Michel et Magne.

M. le directeur des Beaux-arts s'étant retiré, M. Antonin Proust prend la présidence. Il adresse des paroles de bienvenue à M. Bardoux qui le remercie.
L'ordre du jour appelle l'affaire de l'
Église Saint-Laurent de Salon (Bouches-du-Rhône)

L'architecte tenant compte des observations de la Commission sur ses précédentes propositions présente un nouveau projet de couverture en tuiles sur comble en charpente disposé au-dessus des voûtes. Mais ce projet ayant l'inconvénient d'augmenter considérablement la dépense, il croit devoir proposer une solution nouvelle consistant en la dépose de la couverture en tuiles actuelle et en celle de la toiture en dalles primitive, puis dans l'établissement sur les voûtes et les remblais d'une aire en béton de 0 m 10 d'épaisseur avec pente de 0 m 15 par mètre ; enfin, dans la repose sur béton d'un nouveau dallage dans lequel seraient utilisées toutes les dalles anciennes susceptibles de remploi.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver cette dernière solution qui comporte une dépense de 6 285 Francs 34 et d'allouer conditionnellement sur le crédit le tiers de la dépense, soit 2 095 Francs 47.

Adopté.

Église Saint-Pierre à Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, 80/15/013/274 fait connaître la situation. La dépense des travaux faits s'élève à 9 800 francs, celle des travaux restant à faire à 9 500 francs, dans le projet présenté par l'architecte en vue de ces derniers, M. l'Inspecteur général a constaté que les moindres traces subsistant de la construction primitive ont été respectées. Il conclut, en conséquence, à autoriser l'achèvement de l'entreprise suivant les propositions de l'architecte.

M. de Lasteyrie demande une répartition des travaux par ordre d'urgence. Il craint d'autre part, que la restauration du petit bâtiment élevé sur le côté nord de la basilique, telle que la propose l'architecte, ne lui fasse perdre de son intérêt. En tout état de cause, il ne croit pas que la dépense doive être mise à la charge du crédit des Monuments historiques, puisque la Municipalité destine ce pavillon au logement d'un conservateur du futur musée. Il propose un nouvel examen de la question et l'ajournement de l'affaire.

M. Proust s'élève contre l'emploi d'une part quelconque du crédit à des ouvrages qui ne sont pas absolument de restauration.

L'affaire est ajournée.

Cloître d'Arles-sur-Tech (Pyrénées-Orientales)

En l'absence de renseignements suffisants relativement à la propriété de certaines parties de l'édifice, l'affaire est ajournée jusqu'au prochain voyage de M. [Émile] Boeswillwald, sauf à inviter l'architecte à étayer la galerie ouest dont l'état est menaçant, en attendant la décision à intervenir.

Mosaïque des Quatre-Saisons à Lambèze (Algérie)

L'administration pénitentiaire propose de faire enlever par fragments, pour les reconstituer sur une aire en plâtre, les parties restées intactes de cette mosaïque et de faire exécuter ce travail par quelques détenus de la 80/15/013/275 maison centrale.

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, la Commission demande qu'on laisse le soin de la restauration dont il s'agit au service des Monuments historiques de l'Algérie.

Antiquités romaines à Philippeville (Algérie)

La Municipalité ayant sollicité un secours de 3 000 Francs pour la conservation de ces antiquités, le Gouverneur général appuie cette demande qu'il ne peut satisfaire au moyen d'aucun crédit.

M. [Émile] Boeswillwald a constaté sur place le bien-fondé des réclamations de la Municipalité et la nécessité de mettre à l'abri des dégradations les ruines du théâtre et les antiquités qu'il renferme. Il propose en conséquence, d'inviter l'architecte des Monuments historiques d'Algérie à étudier l'établissement d'une grille de clôture au pourtour de la partie haute des ruines. Il aurait également à prévoir le nettoyage de ces ruines et l'aménagement des objets.

Adopté.

Thermes antiques de Royat (Puy-de-Dôme)

M. l'architecte Petitgrand a évalué à 5 000 Francs environ la dépense nécessaire pour assurer la conservation de ces restes dont l'état d'abandon a été signalé à l'administration par un correspondant du ministère.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de signaler la situation au président du conseil d'administration de la Société fermière des eaux de Royat qui est propriétaire de ces ruines et de lui promettre le concours de l'État s'il consentait à faire exécuter les travaux nécessaires à leur conservation.

Adopté.

Église de La Garde-Adhémar

Conformément aux conclusions de 80/15/013/276 M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 645 Francs pour les travaux urgents et d'allouer conditionnellement la moitié de cette somme sur le crédit des Monuments historiques.

Église de Venerque (Haute-Garonne)

Cette église ayant été signalée comme se trouvant dans un état de délabrement qui nécessite une restauration, la Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis de demander communication à M. Esquié, architecte à Toulouse, d'un projet de restauration de cet édifice, projet qu'il a exposé au salon il y a quelques années.

Église du Grand-Andely (Eure)

Projet de rétablissement du buffet d'orgues.

M. Darcy, architecte de l'édifice, propose de disposer le buffet au devant et en contre bas de la tribune en pierre dont l'emplacement serait réservé à l'instrument proprement dit. Un système de charpente en fer, construit en bascule, recevrait le buffet et sa tribune en bois, à laquelle on accèderait par un degré en bois reliant les deux planchers.

M. Selmersheim, rapporteur, objecte que cet échafaudage sera peu rassurant à l'oeil et que la menuiserie du buffet masquant l'arc de la tribune produira un effet fâcheux. Il propose, en conséquence, de réduire la hauteur générale de l'ensemble de 1 m 50, de manière à faire coïncider le dessous du plancher de la tribune en bois avec la clef de l'arc en pierre, et cela, en réduisant ou même supprimant les couronnements projetés sur les tourelles, et en recoupant le soubassement du buffet.

M. [Jean-Juste] Lisch fait une objection contre la solidité du système proposé par M. Darcy.

M. [Jean-Camille] Formigé propose de soutenir le buffet par des points d'appui.

M. de Lasteyrie serait également 80/15/013/277 partisan des points d'appui et s'élève contre la proposition de couper la menuiserie.

M. Darcy expose comment il a compris l'assemblage des pièces qui composent son système et répond aux objections qui lui sont faites.

M. de Baudot se range à l'avis de M. Darcy, il comprend toutefois les objections qui lui sont faites en ce qui concerne l'assemblage, mais il estime qu'il suffit de les avoir exprimés à l'architecte et il propose de s'en rapporter à l'expérience de M. Darcy pour conduire ce travail difficile à bonne fin.

Cette proposition est adoptée.

La séance est levée. 80/15/013/278

10 avril 1891
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts, puis de M. [Émile] Boeswillwald. Sont présents : MM. Antonin Proust, vice-président, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Kaempfen, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance du 13 mars.
Achat d'une porte en bois du manoir des Gens d'Armes par le Musée de Cluny

M. Darcel fait connaître qu'il a reçu une proposition de vente d'une porte en bois sculptée provenant du manoir des Gens d'Armes, il en est demandé 1 500 Francs.

M. Selmersheim répond qu'il a vu cette porte, qu'elle provient d'une partie du manoir démoli et qu'elle n'a pas été comprise dans le contrat. Le prix en outre lui en paraît trop élevé.

La Commission n'est pas d'avis d'en poursuivre l'acquisition.

Église Saint-Pierre à Vienne (Isère)

M. [Émile] Boeswillwald donne le détail des travaux restant à exécuter à Saint-Pierre de Vienne. Il tient à établir que le crédit a été employé suivant l'affectation déterminée par le vote même de la Commission lors de l'examen du devis.

M. Proust déclare que son observation ne portait que sur la nature de la dépense et cela d'une manière générale. Il pense que les dépenses municipales ne doivent pas entrer en ligne de compte dans la répartition du crédit et que la Commission doit écarter, dans l'avenir, toute contribution de dépenses à des travaux qui ne sont pas des restaurations.

Le procès-verbal est adopté.

Maison d'Armande Béjart à Meudon (Seine)

M. Selmersheim fait connaître que, d'après la déclaration de M. le maire de Meudon, la Maison d'Armande Béjart n'est pas grevée de la servitude d'alignement par le plan actuellement en vigueur. 80/15/013/279

Rien ne s'opposerait, en conséquence, au classement de la dite maison.

Le classement est adopté.

Mission de M. Letaille en Algérie, envoi au Musée du Louvre

M. le directeur des Beaux-arts fait l'historique de la mission donnée à M. Letaille, ancien élève de l'École des Chartes, par le ministre de l'Instruction publique, de se rendre en Algérie et en Tunisie et d'en rapporter pour le musée du Louvre un certain nombre de monuments épigraphiques dont la liste lui a été donnée. Trois de ces monuments avaient été déposés par le service des Monuments historiques dans le praetorium de Lambèze : un discours de l'empereur Hadrien, un album des décurions et le sarcophage du Bon-Pasteur.

M. Letaille prit possession de ces monuments et les expédia par le chemin de fer à Philippeville, où ils devraient être embarqués à destination du Louvre. Mais à la suite d'une démarche faite auprès du ministre par M. Thomson sur la réclamation du maire de Lambèze, M. le ministre a donné l'ordre de surseoir à l'embarquement et a saisi en même temps la Commission des Monuments historiques de la question.

M. le directeur consulte, en conséquence, la Commission sur la question d'ordre général soulevée par cette espèce et dont il importe de poser les règles.

1er définition du droit de l'État, non contestable,

2e exercice de ce droit, son avis doit porter sur la question particulière des monuments du praetorium et sur les questions générales qui viennent d'être énoncées.

M. le directeur ajoute que, dans la circonstance, les objets étant sous clef non visibles pour le public et exposés à des dégradations, il ne s'agissait nullement d'en frustrer une Ville mais de savoir si, lorsque des documents intéressaient l'État tout entier, il fallait les laisser aux musées municipaux.

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître qu'il a assisté à la découverte de l'album des décurions et des discours d'Hadrien, que l'on recherchait dans les ruines bouleversées de Timgad, et il rappelle que M. Rénier avait toujours demandé le transport de ces objets au Louvre 80/15/013/280 où ils devaient compléter d'autres documents. Ce transport a été retardé par la mort de M. Duthoit. Quant aux objets il dit à quel point leur conservation était difficile et que le seul contact de l'air suffirait à les dégrader. Ils furent déposés dans un abri du chantier, puis enfermés dans le prétoire, en attendant leur transport au Louvre, où leur conservation eut été assurée.

M. Thomson justifie l'émotion de la Municipalité de Lambèze et affirme que la mission de M. Letaille avait pour objet de rapporter de diverses localités algériennes des objets curieux. Il a demandé de quel droit l'État les a fait enlever. Rien dans la loi de 1887 n'autorise l'administration à prendre les objets dans le lieu de leur découverte et à les amener à Paris. La loi ne s'est préoccupée que de les sauver. L'article 16 n'est que la reproduction de l'art [blanc], des décrets de concession et ne vise que le cas où les objets seraient entre les mains d'un indigène ou d'un colon. Il se reporte à la circulaire du Prince Napoléon en 1858 et trouve dans ce document l'esprit des dispositions de la loi actuelle. Cet esprit est que l'État à la propriété des objets et doit les conserver, mais sur place. Il s'appuie également sur les paroles de M. Bardoux dans la discussion au Sénat de la loi de 1887 et enfin se demande si, en supposant que l'administration ait le droit d'enlever ces objets, il y a lieu pour elle de l'exercer.

Il croit qu'une telle mesure serait contraire à l'oeuvre même que poursuit la Commission, qui est de conserver les monuments là où l'histoire les a placés.

M. [Émile] Boeswillwald expose les difficultés que l'on rencontre à conserver les objets en Algérie et rend compte de ce qu'il y a vu de destructions.

M. le président délimite le débat. La mission Letaille est spécifiée pour le dossier. Il ne s'agit que d'inscriptions, de documents épigraphiques, dont l'étude ne peut être faite que dans un milieu spécial. Il comprendrait s'il se fût agi d'objets d'art, d'objets de musée. L'administration des Beaux-arts n'a pas 80/15/013/281 songé à dépouiller les localités. La loi de 1887 ne veut que sauver les objets mais n'est ce pas aller contre son esprit que de les laisser en des localités où leur conservation serait forcément compromise ?

M. le directeur donne lecture de la note du ministre sur la question, il relève dans le débat deux parties distinctes :

1ère l'administration avait elle le droit de donner à M. Letaille la mission qu'il a reçue

2e au point de vue de l'avenir, que faut-il faire pour respecter le droit de l'État et celui des particuliers ?

M. de Mortillet se déclare partisan des musées locaux, mais à la condition que la conservation des objets y soit assurée. Il cite un fait tendant à prouver qu'elle ne l'est pas toujours, il appuie la demande au Louvre.

M. Thomson conteste le droit de l'État aussi bien pour les inscriptions que pour les objets d'art. Il signale les efforts faits en faveur de la conservation. Il voit un agent naturel de cette conservation dans la Municipalité, il souhaite que l'on organise des musées locaux et désire provoquer une enquête sur les faits cités.

M. le président pense qu'en raison de l'ampleur prise par la discussion, il y a lieu de nommer une sous-commission pour l'étude de la question.

Cette sous-commission sera composée de MM. Antonin Proust, Kaempfen, Thomson, [Émile] Boeswillwald, de Mortillet, Bardoux, et sera convoquée à bref délai.

M. Gonse étant entré dans la salle des séances, M. le directeur lui adresse des paroles de bienvenue.

Remerciements de M. Gonse.

Suite de l'ordre du jour :

Porte Saint-Georges à Nancy (Meurthe-et-Moselle)

La Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'autoriser la Municipalité de Nancy, sur la demande du maire de cette Ville, à disposer du terrain situé entre la rue Saint-Georges prolongée et la face latérale de la Porte Saint-Georges pour la construction d'un hôtel particulier sous la réserve, 1ère de l'établissement d'un passage d'isolement 80/15/013/282 de 4 m de largeur au pourtour de la face latérale de gauche de la Porte et de son échauguette du côté du faubourg ; 2e de limiter à 11 m 50 l à hauteur de l'hôtel entre le sol du trottoir et le dessus du faîtage de la couverture ; 3e de ne pratiquer aucune ouverture dans les murs du côté du passage d'isolement ; 4e d'entretenir en bon état ce passage.

Église Notre-Dame à Mantes (Seine-et-Oise)

Conformément aux conclusions de M. Selmersheim, la Commission est d'avis d'approuver les maquettes de MM.Gsell et Gaudin présentés par M. Simil pour les sept fenêtres du choeur ainsi que le devis de la dépense s'élevant à 41 481 Francs 55, et de répartir le travail entre M. Gsell pour la fenêtre centrale et M. Gaudin pour les six autres fenêtres, avec la disposition du croquis n°5, à l'exclusion d'un troisième concurrent choisi par la Fabrique en raison des conditions pécuniaires avantageuses qu'il présentait.

M. Selmersheim exprime à ce sujet le voeu de voir établir pour les Monuments historiques une liste de peintres-verriers reconnus capables, comme il a été fait à l'administration des Cultes, pour guider les Fabriques dans le choix de leurs artistes.

M. [Émile] Boeswillwald ne partage pas cette manière de voir et croit qu'il appartient à l'architecte de choisir l'artiste qui lui convient.

Église de Gisors (Eure)

Projet de vitrail pour la chapelle de la Vierge.

M. Selmersheim propose de rejeter le projet de M. Duhamel-Marette dont les tonalités lui semblent d'une intensité criarde inadmissible.

La Commission, sur la proposition de M. Gonse, serait d'avis que le peintre verrier traitât son sujet en camaïeu à deux tons.

Église de Rugles (Eure)

La Commission, conformément aux conclusions de M. Selmersheim, est d'avis d'allouer conditionnellement 80/15/013/283 5 000 Francs pour les travaux de restauration de cet édifice évalués à 22 156 Francs, à la charge par la Commission de combler le déficit qui reste de 5 156 Francs.

Arènes de Senlis (Oise)

L'architecte présente un devis en deux chapitres dont M. Selmersheim, rapporteur, propose d'approuver le premier s'élevant à 2 935 Francs, et comprenant les travaux de déblaiement du centre de l'arène, la construction d'un mur de séparation entre une portion de terrain récemment acquise et la propriété voisine ; divers travaux de consolidation.

M. le rapporteur propose en outre l'allocation conditionnelle de 1 500 Francs. L'examen du deuxième chapitre serait ajourné après l'exécution des travaux du premier.

Adopté.

Église de Plailly (Oise)

L'architecte propose, pour terminer l'entreprise la reprise des soubassements extérieurs sur les faces sud, est et nord du choeur, la réfection de deux voûtes du collatéral nord, enfin l'établissement d'un trottoir en pavés maçonnés pour protéger la face est, le projet s'élève à 22 697 Francs 99.

M. Selmersheim, rapporteur, est d'avis d'approuver la 1ère proposition de l'architecte ; de modifier la seconde en se contentant d'étayer les remplissages des voûtes, au lieu de les déposer, pour la réfection des nervures et des sommiers minés des voûtes ; enfin de substituer au trottoir proposé, un revers en pavés maçonnés posés sur une couche de béton hydraulique, avec pente suffisante pour l'écoulement des eaux.

M. le rapporteur, est d'avis d'approuver le projet sous ces réserves et d'allouer 8 000 Francs conditionnellement à la Commune de Plailly.

Adopté.

Église de Quintenas (Ardèche)
Demande de classement.

La Commission, conformément aux conclusions de M. Selmersheim, est d'avis que, par suite des remaniements dont elle a été l'objet, cette église ne présente plus un intérêt suffisant pour être classée.

Croix de Cimetière à Pagny-la-Ville (Côte-d'Or)
Demande de classement.

Sur la proposition de M. Selmersheim, rapporteur, la Commission émet un avis favorable. 80/15/013/284

Château de Bourg-d'Oisans (Isère)
Demande de classement.

La Commission, conformément aux conclusions de M. Selmersheim, est d'avis que cet édifice ne présente pas un intérêt suffisant pour motiver le classement.

Église de Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados)

M. Selmersheim propose d'approuver un devis de 33 106 Francs dressé par M. Louzier en vue de la restauration de l'église de Saint-Pierre-sur-Dives et d'allouer conditionnellement sur le crédit des Monuments historiques une somme de 8 000 Francs à peu près égale à la moitié du déficit.

Adopté.

Théâtre de Philippeville (Algérie)

M. [Émile] Boeswillwald soumet à l'examen de la Commission le projet dressé par M. A. Ballu en vue de l'établissement d'une grille de clôture au pourtour de la partie haute du théâtre antique. Il en propose l'approbation avec allocation des 3 225 Francs nécessaires pour le paiement de la dépense.

Adopté.

Église de Chambon-sur-Voueize (Creuse)

Le Conseil municipal sollicite le déclassement de cet édifice afin de parer à la situation menaçante des constructions dont l'architecte considère la restauration comme impossible.

La Commission, considérant d'autre part que l'édifice a, par suite de réparations mal entendues, perdu tout intérêt artistique, est d'avis de donner satisfaction à la demande de la Municipalité.

La séance est levée. 80/15/013/285

20 avril 1891
Sous-commission chargée de l'étude des questions soulevées par l'affaire de la mission Letaille en Algérie.
Procès-verbal de la séance du 20 avril 1891. 1ère séance.
Présidence de M. le directeur des Beaux-arts. Présents : MM. Antonin Proust, Tétreau, [Émile] Boeswillwald, Bardoux, Thomson, de Mortillet, Kaempfen.

M. Tétreau a la parole pour donner son avis sur les difficultés résultant des faits qui ont motivé la réunion de la sous-commission. Il rappelle dans quelles conditions s'est effectuée la mission Letaille et comment s'est posée la question de la détermination des droits de l'État sur les objets d'art ou monuments épigraphiques découverts en France ou en Algérie.

M. le président donne lecture de la note de M. le ministre indiquant les points sur lesquels il désire avoir le sentiment de la Commission. Il s'agit d'une jurisprudence à établir pour l'Algérie comme pour la France. Mais, de l'avis de M. le ministre, le droit de l'État étant incontestable, c'est plutôt sur une question de pratique que sur une question de droit qu'il désire être éclairé.

M. Tétreau n'a, lui non plus, aucun doute en ce qui concerne le droit de l'État. La question qui se pose est, en effet, suivant lui une question de motus vivendi. L'État a-t-il le droit de transporter les objets ? Oui, incontestablement, mais, incontestablement aussi, il ne doit user de ce droit qu'avec une extrême circonspection. Dès 1838 une circulaire du ministre de l'Intérieur a indiqué dans quelle mesure l'État entendait procéder. L'esprit de cette circulaire se retrouve dans celle du maréchal Bugeaud, en 1844, et dans celle du Prince Napoléon, en 1858. L'État est propriétaire incontestable mais il doit se préoccuper de ne pas décourager les efforts locaux. En principe, la conservation doit, 80/15/013/286 autant que possible, être effectuée sur place, mais à la règle, il y a deux exceptions :

1ère c'est lorsque les monuments ou objets présentent une importance exceptionnelle,

2e lorsque leur conservation serait impossible, soit en raison de leur fragilité, soit par suite de l'absence dans la région de locaux ou d'abris pour assurer leur conservation.

Il s'agit de voir dans quelles conditions l'État peut exercer ce droit qui ne peut lui être contesté, pour cela, l'État a des conseils pour l'éclairer et c'est à ces conseils comme aux savants, comme aux artistes qu'il appartiendra de se prononcer sur la question de savoir s'il y a lieu de la part de l'État de réclamer le dépôt des objets dans les collections qui lui appartiennent.

M. Proust rappelle qu'il y a lieu de distinguer entre le régime provisoire qui s'est étendu de 1837 à 1887 et le régime définitif établi par la loi du 30 mars, il rappelle que dans la préparation de cette loi, le législateur a pensé à entourer des mêmes garanties le classement et le déclassement des objets ; si cette disposition ne figure pas dans la Loi, son esprit la domine, et lui-même a exprimé dans son rapport le regret que cette assimilation ne soit pas établie.

M. Bardoux ne croit pas qu'on soit en présence d'une question si délicate. Suivant lui, l'idée qui a dominé au Sénat, c'est l'idée de décentralisation, l'idée de laisser, autant que possible, les objets dans leur milieu. D'un autre côté, le Sénat, préoccupé de la nécessité de la conservation, a voulu laisser à l'État le moyen de l'assurer, au besoin, par le déplacement.

Donc, pour M. Bardoux, s'il était possible d'assurer sur place la sécurité des objets dont il s'agit, il faudrait les y laisser ; si, au contraire cette sécurité n'existait pas sur place, il ne faudrait pas hésiter à les déplacer. 80/15/013/287

M. le directeur des Beaux-arts croit qu'un autre principe peut encore être invoqué, c'est celui de l'intérêt majeur des études historiques et artistiques.

M. Proust combat cette doctrine. En dehors des dangers du déplacement, les études sur place sont faciles aujourd'hui. A bien des points de vue elles sont complètes. Un objet d'art, s'il est rattaché à une grande collection, est perdu pour l'étude de l'art local. Il insiste sur ce que la Commission de la Chambre avait la pensée d'éviter autant que possible les déplacements.

M. Thomson n'aperçoit pas dans la loi de 1887 le droit de l'État aussi évident qu'on paraît le voir. En poussant ce droit jusqu'à l'absurde on pourrait, avec ce système, transporter un Monument historique ; suivant lui, le Sénat, ni la Chambre, n'ont entendu donner cette portée à la loi. Il ne pense pas, d'autre part, qu'il y ait de distinction à faire entre l'Algérie et la France. On n'a pas pensé faire une loi spéciale pour l'Algérie. L'idée qui domine la loi est une idée de conservation. C'est elle qu'on a voulu consacrer dans l'article 10, en déclassant les objets classés et appartenant à l'État, inaliénables et imprescriptibles.

L'intervention de l'État n'a lieu que lorsque l'objet ou le monument est menacé. Dans ce cas seulement il peut appliquer le droit, en entourant cette application de toutes les garanties, en observant toutes les formes.

Dans l'espèce, les objets étaient-ils menacés ? S'ils l'étaient, s'ils se détérioraient dans le Praetorium restauré par les soins de la Commission, c'est elle qui encourrait la responsabilité. Il conclut qu'il ne faut recourir au déplacement que s'il n'existe pas d'autre moyen de sauver les objets, mais il ne saurait admettre que l'on fasse des tournées en Algérie pour en rapporter.

M. Tétreau rappelle qu'à un point de vue général, ses observations étaient dans le même sens. Il n'admet le déplacement qu'à titre exceptionnel. 80/15/013/288

La difficulté est, suivant lui, dans la manière d'user du droit de déplacement. Il fait observer que, la loi ne s'étant pas exprimée à ce sujet, il ne se pose pas la de question de droit. Sans doute les représentants des intérêts locaux pourront toujours faire une interpellation, mais ils ne pourront jamais démontrer qu'il y a eu une violation de la loi, quand la Loi ne s'est pas prononcée et n'a apporté aucune limite aux droits de l'État.

M. Tétreau ne voit pas non plus de distinction à faire entre la France et l'Algérie, mais il ne voit pas d'argument à tirer de l'article 10 ; l'État n'aliène pas les objets quand il les déplace pour les verser dans ses collections publiques. Il limite toutefois l'exercice de ce droit aux deux cas sus énoncés.

M. Bardoux croit que, lorsque l'objet est en péril, le droit de l'État est incontesté et que là dessus tout le monde est d'accord. Mais où il y a dissidence, c'est lorsqu'on ajoute le droit de déplacement dans l'intérêt des études. Il doit déclarer que le Sénat n'a pas eu cette pensée et il voit un danger à invoquer les intérêts supérieurs de l'art et de l'archéologie.

M. Proust voudrait ramener la question à ce qu'elle était à l'origine. La loi de 1887 étant une atteinte à la propriété, l'usage du droit de l'État est un abus qu'on ne saurait dans la pratique entourer de trop de garanties. Il rappelle ce qui s'est passé en Tunisie, où des missionnaires de l'État ont détruit des monuments pour découvrir des inscriptions. Il croit donc que, si la sous-commission formulait des conclusions dans le sens de la nécessité des garanties, le ministre consentirait à entrer dans ces vues, qu'il croit conformes à l'intérêt public.

M. Kaempfen rappelle que, des observations de M. Thomson, il semblerait résulter un nouveau 80/15/013/289 droit de propriété qui ne serait plus tel que la loi l'a défini. En ce qui concerne les dangers du déplacement, ils sont rares. Les déplacements sont continuels dans les musées. L'État, sous prétexte de danger, ne pourrait-il plus rien déplacer ?

Quant à la mission donnée à M. Letaille, il déclare qu'elle était précise et contenait l'indication des objets à rapporter.

M. Thomson compare le droit de l'État, au point de vue du déplacement, à celui qui grève les objets d'une interdiction de vente, il ne peut s'en servir que comme d'une arme, en des cas exceptionnels. Il demande si l'État transporterait à Paris des manuscrits d'une bibliothèque de province. Il n'y a pas d'exemple de l'usage de ce droit par l'État.

M. de Mortillet ramène la question à une question de risques courus ou non courus par les objets. Il croit qu'il faut porter la discussion sur la question de conservation.

M. Thomson fait remarquer que ce n'est pas cette considération qui a motivé la mission Letaille.

M. Kaempfen répond qu'évidemment ces objets sont d'un intérêt tel que leur place était désignée au Louvre, mais que d'ailleurs le Louvre se préoccupait en même temps de leur sécurité.

M. [Émile] Boeswillwald expose à ce sujet la situation de l'administration des Beaux-arts au Praetorium dont la conservation a été revendiquée de droit par le directeur du pénitencier et en fait lui appartient actuellement.

M. Thomson s'élève contre la manière dont s'exécute le service de conservation en Algérie.

M. [Émile] Boeswillwald rend compte des travaux exécutés.

M. le directeur rappelle quels sont les points soumis à l'examen de la Commission. Il distingue la question de principe de la question de fait. Prenant la question de principe, il met aux voix la question suivante : 80/15/013/290

1° L'État a-t-il le droit, en vertu d'un intérêt de conservation, de déplacer les objets ? Oui à l'unanimité.

2° L'État a-t-il le droit, en vertu d'un intérêt artistique ou historique exceptionnel, de déplacer les objets qui sont sa propriété ? Quatre voix pour l'affirmative, trois voix pour la négative.

3° Sous quelle forme l'État peut-il exercer ce droit ? Quelle sera la procédure à suivre ?

Sur cette troisième question, M. Tétreau présente une observation. La solution en résiderait, suivant lui, dans la fusion des circulaires relatives à ce sujet et leur mise en accord avec la loi de 1887.

M. Thomson voudrait comme garantie que la région dépossédée fût appelée à donner son avis.

M. le président pose la question : La sous-commission estime-t-elle qu'il y a lieu d'entourer de garanties le déplacement exceptionnel ?

Oui, à l'unanimité.

Quelles seront ces garanties ?

M. Proust propose d'assimiler le déplacement au classement et au déclassement.

M. Tétreau fait une objection tirée de l'impossibilité d'appliquer cette procédure à l'État quand il s'agit d'objets ou d'immeubles affectés au ministère des Beaux-arts.

M. Bardoux propose le renvoi à une séance ultérieure, pour rechercher en attendant et étudier à cette séance, les garanties que l'État pourrait s'imposer pour l'exercice du droit qui lui est reconnu par les votes précédents.

Cette proposition est adoptée.

M. le directeur propose de renvoyer également à une prochaine séance la discussion sur l'application des principes au cas particulier.

M. Thomson insiste pour que la région intéressée soit entendue. 80/15/013/291

M. Proust demande que l'on instruise la question de la conservation des Monuments historiques en Algérie. La suite de la discussion est, en conséquence, renvoyée au lundi suivant 27 avril.

La séance est levée.
27 avril 1891
Sous-commission chargée de l'étude des questions soulevées par l'affaire de la mission Letaille en Algérie.
Procès-verbal de la séance du 27 avril 1891, 2e séance.
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts. Présents : MM. Tétreau, Kaempfen, de Mortillet, [Émile] Boeswillwald, Bardoux, Thomson.
Le procès-verbal de la séance du 20 avril est lu et adopté.

M. le directeur pose les questions à examiner et donne la parole à M. Tétreau.

M. Tétreau s'est préoccupé d'abord de la proposition de M. Antonin Proust consistant dans l'assimilation du déplacement des objets au classement et au déclassement.

Cette proposition ne lui a pas paru susceptible d'une solution pratique. Les garanties du déclassement ont été établies surtout au profit des propriétaires, particuliers, établissements publics, Commune et département, ou au profit de l'État, mais quand un autre ministre que celui des Beaux-arts est affectataire du monument classé. Quand le monument est la propriété du ministère des Beaux-arts, on ne saurait comprendre le ministre de ce département dirigeant contre lui-même une enquête. Il faut donc chercher autre part les garanties. La question étant de prendre des précautions contre l'abus d'un droit reconnu absolu ; les garanties qui paraîtraient à M. Tétreau pouvoir être utilement 80/15/013/292 établies seraient que, dans chaque affaire, la Commission fut consultée et donnât un avis motivé, et que préalablement elle eut la faculté de consulter elle-même les représentants autorisés de la région, dans le cas où il s'agirait d'objets menacés par le fait de l'absence d'abris de conservation dans cette région.

M. Tétreau admettrait donc :

1° l'avis obligatoire et motivé de la Commission

et

2° la faculté pour la Commission de provoquer l'avis des localités et de s'entourer de tous les autres renseignements qui pourraient l'éclairer. De cette manière et sur l'ensemble de ces informations, le ministre pourrait prendre la décision et tous les intérêts seraient sauvegardés.

M. Bardoux, après avoir reconnu que la procédure était entièrement à créer dans la matière et s'être rangé à l'avis de M. Tétreau sur l'établissement des garanties, tient à s'expliquer toutefois sur la 2e condition qui laisse à la Commission la faculté de prendre l'avis des localités. Il tient cette faculté pour dangereuse en raison des froissements qui pourraient résulter d'une omission, et proposerait de rendre cet avis obligatoire pour l'administration.

M. Thomson partage cette manière de voir.

M. Tétreau déclare que son sentiment avait été d'abord en faveur de l'obligation, mais qu'il avait écarté ce terme en raison de l'idée de droit qu'il semble impliquer.

M. le directeur fait observer que, sans mettre l'État dans l'obligation d'entrer en rapport directe avec les localités, on pourrait lui faire demander obligatoirement l'avis au préfet qui saisirait ses assemblées départementales et communales ; à ces deux avis obligatoires de la Commission et du préfet, il y aurait lieu d'ajouter un avis facultatif, celui des compagnies savantes du département. 80/15/013/293

M. Thomson appelle l'attention sur un passage de la note du ministre où il est question d'une compensation à accorder à la localité dépossédée, ce qui indique qu'il lui est causé un préjudice. Il désirerait qu'il fût stipulé que l'administration aurait à tenir compte de cette dépossession.

M. Bardoux ne pense pas que cela doive être spécifié. Il y a tel cas où l'application de cette disposition serait impossible en raison de l'importance minime de la localité.

M. Bardoux prévoit le cas où les avis seraient opposés ; c'est alors le ministre qui déciderait. Il est bien entendu qu'il n'est pas lié par les avis et qu'il a le droit de statuer en toutes circonstances.

M. le directeur reprend et détermine les propositions sur lesquelles la sous-commission va être appelée à voter :

1° avis obligatoire de la Commission,

2° avis obligatoire de la Commune et du département par l'intermédiaire du préfet.

3° avis facultatif des corps savants.

La sous-commission admet ces propositions.

M. le directeur arrive au cas particulier : peut-on prescrire l'embarquement des caisses arrêtées à Philippeville, ou doit-on examiner l'affaire suivant les règles qui viennent d'être établies ?

M. le directeur croit qu'on pourrait arriver à une solution équitable : il rappelle que M. Letaille a reçu une mission déterminée, il estime que les inscriptions dont il s'agit n'ont pas d'intérêt sur place, mais qu'elles en ont un très grand au Louvre. Ne pourrait-on faire venir les deux inscriptions et prendre les avis au sujet du sarcophage ?

M. Thomson s'élève contre cette manière de procéder. Il demande l'application au cas actuel des règles qui viennent d'être admises. Il fait appel à l'intérêt général qui est de ne pas froisser les localités et de ne pas les décourager dans la recherche des objets qu'elles renferment, mais au contraire de les intéresser à leur conservation. Il aurait compris, sans l'accepter d'ailleurs, que l'on retint une inscription d'un intérêt exceptionnel, mais il y en a 80/15/013/294 plusieurs et il ne saurait admettre qu'elles fussent toutes dirigées sur le Louvre.

M. Tétreau déclare s'être toujours placé dans l'hypothèse des trois objets désignés.

M. Kaempfen affirme qu'en effet les six caisses arrêtées à Philippeville ne renferment que les trois monuments en question.

M. le directeur fait remarquer que dans le cas particulier, il y a eu un commencement d'exécution dans l'exercice d'un droit qui est absolu.

M. Tétreau propose une solution d'après laquelle seraient posés à la fois le principe et les exceptions, et qui consisterait à transporter les deux inscriptions au Louvre et à ramener le sarcophage à Lambèze.

M. Bardoux se rallie à cette solution.

M. de Mortillet demande quel est l'intérêt artistique du sarcophage ; aux yeux de M. Kaempfen, il n'a pas de valeur artistique, mais il a une valeur au point de vue de l'histoire de l'art et compléterait une série.

M. de Mortillet indique le danger des séries.

M. Thomson fait valoir l'intérêt de l'objet au point de vue local.

M. le directeur va consulter la sous-commission sur les deux solutions en présence :

la 1ère qui consisterait à appliquer les règles admises par la sous-commission aux trois monuments en question,

la 2e à continuer l'envoi au Louvre du discours d'Hadrien et de l'album des décurions et à renvoyer le sarcophage à Lambèze.

Cette dernière solution est admise.

Sur la demande de M. Thomson la sous-commission vote que les règles seront appliquées aux autres objets provenant de la mission Letaille.

M. Tétreau a la parole pour donner lecture d'un avant projet de délibération sur lequel la Commission pourrait être appelée à voter dans sa prochaine séance et dans lequel se trouvent posés les principes et réglé le cas particulier.

Après quelques observations de M. Bardoux et Thomson le texte de cette délibération est arrêté et sera annexé au présent procès-verbal.

Sur la proposition de M. le directeur, la Commission des Monuments historiques se réunira le lundi 4 mai.
La séance est levée. 80/15/013/295
4 mai 1891
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts. Sont présents : MM. Antonin Proust, vice-président, Bardoux, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Gonse, Kaempfen, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, de Lasteyrie, de Mortillet, Renaud, Sauvageot, Selmersheim, Tétreau. M. Thomson s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
Lecture des procès verbaux des deux séances de la :
Sous-commission chargée de l'étude des questions soulevées par l'exécution de la mission Letaille en Algérie

M. le président donne ensuite lecture du projet d'avis adopté par la sous-commission ; il adresse à ce sujet à M. Tétreau des remerciements auxquels s'associe la Commission.

M. Proust estimant que la délibération de la sous-commission consacre le principe des garanties dont il voulait qu'on entourât le déplacement, déclare qu'il votera le projet.

M. Courajod demande la parole sur le 1er considérant, où il est dit que l'administration des Beaux-arts a toujours considéré qu'elle ne devait pas réclamer le dépôt dans les grandes collections publiques de la capitale des objets d'art ou d'archéologie trouvés sur les terrains lui appartenant ; suivant lui, l'administration est loin d'avoir toujours observé ce principe. Il en existe un autre établi par la Convention auquel on doit la création de nos musées. C'est un principe de centralisation. Il juge absolument nécessaire de le maintenir et considère l'existence même de nos musées comme étroitement liée à ce principe. Il rappelle les missions Léon Rénier et plus tard Héron de Villefosse qui ont été données et exécutées dans cet esprit. Il croit que l'administration ne s'est jamais départie de ce principe centralisateur et il demande qu'elle ne s'en départe pas.

M. Tétreau déclare être d'accord avec M. Courajod sur le point historique, mais il rappelle que l'application 80/15/013/296 du principe centralisateur donna lieu à des pratiques abusives et qu'en 1838, l'administration dût se préoccuper de la conservation des objets sur place, qu'une circulaire du 13 mars 1838 eut pour objet d'édicter à ce sujet des règles dont l'administration ne s'est plus écartée depuis et que la loi de 1887 n'a pas abrogées.

M. Tétreau donne lecture d'un passage de cette circulaire. Les principes qu'elle pose ont été consacrés de nouveau par les circulaires du maréchal Bugeaud et du Prince Napoléon.

La Commission des Monuments historiques les a adoptés et appliqués à maintes reprises : exemple de la Vierge du Breuil. Le projet d'avis de la sous-commission ne fait que les rappeler et l'on doit se féliciter de l'incident soulevé par M. Thomson qui a permis de les remettre en lumière.

M. Proust rappelle à M. Courajod qu'il est dans la tradition de la Commission de conserver les objets sur place, que c'est pour ainsi dire la raison d'être de la Commission. C'est en invoquant les principes rappelés par M. Tétreau qu'il a obtenu de la chambre un crédit de 50 000 Francs pour la conservation des monuments de l'Algérie.

M. Bardoux se félicite comme M. Tétreau de ce que la question ait été soulevée. Il rappelle que depuis 1830 on a fait des efforts constants pour donner à la province le goût des monuments qu'elle possède. La centralisation aurait pour effet de détruire ce goût.

M. le directeur dit qu'il faut reconnaître que l'administration ne peut plus s'inspirer aujourd'hui des mêmes principes que la Convention. Si l'on pratiquait la centralisation, comme semble l'entendre M. Courajod, Paris finirait par absorber la France.

M. de Lasteyrie est d'avis que les règles à suivre ont été établies par la circulaire de 1838. Des infractions ont été commises, même récemment. C'est ainsi qu'une partie des restes de l'ancien Jubé de la cathédrale de Bourges déposés 80/15/013/297 dans la crypte a été enlevée pour être envoyée au Louvre. Il y a eu la destruction d'un ensemble, regrettable pour la science et contre laquelle il proteste, au nom du principe qu'on ne doit pas enlever les monuments aux Villes qui les possèdent, à moins qu'ils ne soient menacés.

M. Paul Boeswillwald répond à M. de Lasteyrie que, depuis 28 ans, les restes du Jubé de Bourges étaient placés de telle sorte qu'on ne pouvait les voir. Les autorités locales ne se sont jamais préoccupées de leur conservation, on n'a pas eu le soin de les placer au musée d'où il n'aurait pas songé à les enlever. Les savants locaux ne se sont émus que lorsqu'on les a transportés au Louvre.

M. le directeur clôt l'incident et propose à la Commission de lui donner lecture du projet d'avis paragraphe par paragraphe en l'appelant à voter sur chacun d'eux séparément.

1er Considérant : M. Bardoux propose d'y relater la date de la circulaire de M. de Montalivet qui établit les principes qu'il s'agit de faire reconnaître.

Adopté.

2e Considérant : M. de Lasteyrie demande de ne pas viser les bibliothèques comme lieu de conservation des objets.

M. le directeur appuie cette motion en raison des conflits que le maintien de ce mot pourrait occasionner au point de vue administratif.

Adopté.

Sur l'application du principe au cas particulier, M. Courajod demande la parole. Il estime que le sarcophage du Bon Pasteur est un monument capital qui ne prendra tout son intérêt qu'à Paris, au Louvre où un musée chrétien commence à se former. Il le réclame en conséquence pour le Louvre.

M. Proust fait observer qu'il y a eu une proposition de transaction acceptée et il demande à la Commission de la ratifier ; puis que M. [Émile] Boeswillwald soit invité à rédiger un rapport sur la conservation des monuments de l'Algérie dans lequel il signalerait les faits et proposerait des moyens de conservation.

M. Tétreau indique de quel esprit la sous-commission était animée en s'arrêtant à la revendication de deux objets 80/15/013/298 seulement. Elle a été heureuse de prononcer le mot de transaction sans toutefois l'écrire.

M. de Lasteyrie demande que la question du sarcophage soit réservée jusqu'à ce que M. [Émile] Boeswillwald ait déposé son rapport.

M. Courajod demande également qu'il soit pris acte de ses observations et de ses réserves au sujet du sarcophage.

La Commission vote le projet d'avis dans son ensemble.

M. [Émile] Boeswillwald est chargé de la rédaction d'un rapport.

M. le directeur des Beaux-arts, obligé de se retirer, cède la présidence à M. Antonin Proust.
Hôtel des Prévôts à Paris (Seine)

M. le président fait connaître que le Conseil municipal de Paris a émis un voeu en faveur de la conservation de l'Hôtel des Prévôts et demande l'avis de la Commission des Monuments historiques à ce sujet. Il croit qu'il serait bon d'émettre un avis favorable à la demande du conseil et propose d'entamer les négociations nécessaires pour arriver au classement.

M. Renaud fait connaître la situation de l'affaire et dit que M. Alphand désireux de sauver cet édifice intéressant s'est heurté à des exigences exorbitantes de la part des propriétaires.

M. le président propose de charger M. Courajod et M. Selmersheim de faire un rapport.

M. [Jean-Juste] Lisch se demande si, à cette occasion, la Commission ne pourrait pas rappeler l'intérêt qu'elle attache à la conservation de l'Hôtel de Sens.

M. le président partage cet avis qui est adopté par la Commission.

M. le président s'enquiert de l'état d'avancement du
Classement des objets mobiliers.

M. de Lasteyrie rend compte de l'état d'avancement de son travail et des difficultés qu'il a rencontrées. Il serait à même de présenter une liste d'environ 1 500 objets.

La Commission vote le classement de ces objets.

Essai de durcissement des pierres

M. Darcel désire consulter la Commission sur un procédé de durcissement des pierres exploité par MM. Faure, Kessler et Cie, ingénieurs à Clermont-Ferrand, qui demandent à faire un essai sur des parties du Musée de Cluny.

M. Darcel est autorisé à faire cet essai sur des fragments sans valeur.

La séance est levée. 80/15/013/299
8 mai 1891
Présidence de M. [Émile] Boeswillwald. Sont présents : MM. de Baudot, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Gonse, Lameire, de Lasteyrie, [Jean-Juste] Lisch, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim.
Le procès-verbal de la séance du 4 mai est lu et adopté.
Monuments mégalithiques à Saint-Affrique (Aveyron)

M. de Mortillet fait part d'une découverte dans l'Aveyron, arrondissement de Saint-Affrique de Monuments mégalithiques portant des sculptures de personnages. Ces personnages ont un costume, très rudimentaire il est vrai, mais qui permettrait peut être d'établir le lien entre les peuples qui ont élevé ces monuments et les peuples orientaux.

Peintures murales de l'église de Saint-Jacques-des-Guérets (Loir-et-Cher)

M. [Jean-Juste] Lisch remet à la Commission, de la part de l'auteur, une brochure sur la découverte de peintures murales dans l'église de Saint-Jacques-des-Guérets par l'abbé Haugou. Des remerciements seront adressés à l'auteur.

L'ordre du jour appelle la lecture du rapport de M. Courajod sur l'affaire de l' :
Hôtel des Prévôts à Paris (Seine)

M. Proust empêché d'assister à la séance ayant exprimé le désir d'être présent à la discussion, l'affaire est ajournée à la séance prochaine.

Église de Saint-Avit-Sénieur (Dordogne)

L'architecte propose d'exécuter un certain nombre de travaux compris dans le 3e chapitre de son devis qu'il considère comme urgents et dont la dépense s'élèverait à 7 917 Francs. Cette dépense serait couverte jusqu'à concurrence de 4 221 Francs par un boni réalisé sur la première entreprise.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, est d'avis d'approuver les propositions de l'architecte et de lui ouvrir un nouveau crédit de 2 000 Francs, à la charge par la Commune de combler le déficit.

Adopté.

Église de Nouaillé (Vienne)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver un devis supplémentaire de 3 251 Francs 02 dressé par M. [Jean-Camille] Formigé pour des réparations urgentes à exécuter à cet édifice et d'allouer conditionnellement 1 800 Francs pour cette entreprise. 80/15/013/300

Église de Lusignan (Vienne)

Par suite de la démolition d'une grange accolée au mur nord de l'édifice et de l'arrachement des pierres formant liaison de ce bâtiment avec l'un des contreforts, la solidité de la nef s'est trouvée compromise, et l'architecte a dû faire suspendre le travail. Il présente en vue de la restauration des parties endommagées un devis de 2 255 Francs, que M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'allouer sur le crédit des Monuments historiques.

La Commission est d'avis d'allouer 1 000 Francs.

Église de Troo (Loir-et-Cher)

Un devis de réparations urgentes s'élevant à 10 979 Francs 40 est communiqué par l'administration des Cultes.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose de l'approuver et d'allouer pour cette entreprise une somme de 4 300 Francs représentant la moitié de la dépense restant à couvrir.

Adopté.

Église de Dol (Ille-et-Vilaine)

La Fabrique, qui dispose de 28 000 Francs a demandé à M. Ballu un projet de restauration du porche dont cet architecte évalue la dépense à 48 375 Francs.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'approuver ce projet et d'allouer 10 000 Francs sur le crédit.

M. de Lasteyrie se demande si, le soubassement n'étant pas de la même époque que le fenestrage, il y a intérêt à dépenser une somme si considérable pour ce dernier.

M. [Jean-Juste] Lisch fait observer qu'on ne demande à la Commission que de participer à la dépense de consolidation proprement dite ; la Fabrique aurait à sa charge la dépense de l'ornementation. Il appuie la proposition de rétablir les sculptures du porche, car il voit dans ce travail un encouragement pour les artistes qui veulent bien étudier le Moyen Âge.

M. de Baudot ne voit pas que, si le fenestrage et le soubassement, quoique appartenant à deux époques différentes, sont intéressantes, il y ait à distinguer. Ce qui le préoccupe, c'est la manière dont se fait l'écoulement des eaux. Il croit que cet écoulement se fait mal et que c'est à cette cause qu'il faut attribuer les dégradations du porche. Le projet présenté ne lui paraît pas suffisamment étudié sur ce 80/15/013/301 point ; il propose de garantir les arcs par un recouvrement en granit et de demander à l'architecte d'étudier son projet dans ce sens ; on pourrait subordonner la participation à la dépense à cette condition de garantie pour l'avenir de la restauration. La proposition de M. de Baudot est adoptée.

Église de Pujols (Gironde)

Sur la proposition de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver un projet dressé par M. Rapine en vue de la consolidation de l'église de Pujols et d'accorder conditionnellement 6 000 Francs pour cette entreprise dont la dépense est évaluée à 14 307 Francs.

Elle se range toutefois à l'opinion de M. de Baudot qui est de réparer le comble sans déraser le mur, en abaissant les tirants au point de poussée, au lieu d'abaisser le bahut qui porte le comble comme le proposait l'architecte.

Église de Montrésor (Indre-et-Loire)

Les deux grandes verrières du sanctuaire ayant été brisées par une tempête, la Commune demande l'autorisation de les remplacer par des vitraux offerts par M. le Comte Branicki, dont un croquis est placé sous les yeux de la Commission.

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, celle ci approuve en principe la réfection des deux verrières, mais exprime le désir d'en avoir un détail à plus grande échelle ainsi qu'un fragment du vitrail, grandeur d'exécution.

Église Notre-Dame-de-Nanteuil à Montrichard (Loir-et-Cher)

La Commune, réunissant ses ressources à celles de la Fabrique a pu pourvoir au second tiers de la dépense prévue, soit 15 000 Francs, mais n'a pu obtenir de l'administration des Cultes la subvention d'égale somme, nécessaire à la réalisation du projet, par la raison que l'église de Nanteuil n'est pourvue que du titre de Chapelle de Secours. Elle demande, en conséquence, à l'administration des Beaux-arts une nouvelle subvention, et M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose de porter de 15 000 à 22 500 le chiffre de l'allocation sur le crédit des Monuments historiques.

M. de Baudot ayant fait connaître que la Commune est actuellement en instance pour obtenir que la dite chapelle soit classée comme paroisse, la Commission ajourne la question de secours supplémentaire et émet l'avis d'autoriser l'emploi des 80/15/013/302 30 000 Francs actuellement réunis.

Chapelle du Creisker à Saint-Pol-de-Léon (Finistère)

M. [Jean-Juste] Lisch fait connaître que la Ville de Saint-Pol vient de voter pour le dégagement de son église une somme de 2 600 Francs et de s'engager à des sacrifices considérables pour poursuivre les expropriations nécessaires à ce dégagement. Il propose, en conséquence, de lui venir en aide en lui accordant une subvention supplémentaire de 3 829 Francs 48 qui porterait à 12 199 Francs 48 la part contributive du crédit des Monuments historiques dans cette entreprise et permettrait de la terminer.

Cette proposition est adoptée.

Portes de Belfort

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître qu'en vertu d'un traité passé avec le Génie militaire, la Ville de Belfort a le droit, sous certaines conditions de conserver ou détruire, à son choix, la Porte de France, et qu'en ce moment même elle est appelée à prendre une résolution à ce sujet.

M. le rapporteur mettant sous les yeux de la Commission les photographies des Portes de France et de Brissac, fait observer en même temps, que le même modèle a servi pour la construction de ces deux portes, mais que l'écusson de celle de France a été l'objet d'une restauration totale, tandis que celui de la Porte de Brissac est authentique. Il conclut en conséquence, au classement de cette dernière, en exprimant le voeu toutefois que les deux fussent conservées.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Château-Landon (Seine-et-Marne)

M. Sauvageot a rédigé un devis de 69 499 Francs pour la restauration de cet édifice dont la situation présente une extrême gravité, et M. Selmersheim, rapporteur, en propose l'approbation sous la réserve d'une objection relative au mode de redressement des piles et arcades de la nef et du mur du bas-côté que l'architecte projette d'opérer travée par travée, mécaniquement après blindage et encaissement des parties.

M. le rapporteur trouverait préférable la dépose et la reconstruction ; il croit toutefois qu'on peut laisser à l'architecte toute latitude quant au mode de procéder au mieux de la conservation du caractère du monument.

M. Selmersheim estime également qu'il y a avantage à couvrir le bas-côté nord avec les vieilles tuiles du monument, tout en conservant l'ardoise pour le comble supérieur, et qu'il y a lieu de substituer un lambris en chêne à celui en sapin prévu au devis pour les charpentes apparentes. Il propose enfin une allocation égale au tiers de la dépense. Ces propositions sont adoptées.

La séance est levée. 80/15/013/303
5 juin 1891
Présidence de M. Larroumet, directeur des Beaux-arts. Sont présents : MM. Antonin Proust, vice-président, Bardoux, de Baudot, Paul Boeswillwald, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Geoffroy-Dechaume, Gonse, Lameire, de Lasteyrie, [Jean-Juste] Lisch, de Mortillet, Renaud, Sauvageot, Selmersheim.
Le procès-verbal de la séance du 8 mai est lu et adopté.
Ordre du jour.
Donjon de Bricquebec (Manche)

Conformément aux conclusions de M. Selmersheim, rapporteur, la Commission est d'avis d'accorder une allocation conditionnelle de 3 300 Francs sur le nouveau devis de 6 639 Francs 20 présenté par M. Louzier pour achever les travaux de restauration de cet édifice.

Église de Vienne-en-Bessin (Calvados)

Cette affaire est ajournée jusqu'à production de documents graphiques qui seront demandés à M. le préfet.

Église de Rouvres (Calvados)

Un devis de l'architecte évalue à 2 595 Francs 22 les travaux urgents de clôture à exécuter à trois fenêtres de l'église de Rouvres qui sont dans un état de dégradation complet. Sur la proposition de M. Selmersheim la Commission est d'avis d'approuver le devis et d'accorder conditionnellement 1 000 Francs sur le crédit des Monuments historiques.

Église de La Celle-Bruère (Cher)
Demande d'autorisation par M. le curé de faire exécuter une grille de clôture du choeur, huit stalles pour les chantres, un maître autel, dont les croquis sont présentés.

M. Selmersheim, rapporteur, conclut au rejet de ces divers projets comme étant conçus en mauvais 80/15/013/304 style et sans préoccupation de la destination des objets. En outre, les stalles lui paraissent inutiles dans une église dépourvue de clergé, et la grille de clôture devrait être ajournée en raison des remaniements que doit subir le choeur lorsqu'il sera restauré. Si toutefois les fonds destinés à l'exécution provenaient de dons avec affectation particulière, M. le rapporteur exprimerait le voeu que M. le curé s'adressât de préférence à l'architecte de l'église comme étant plus désigné qu'un autre pour en étudier le mobilier.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle Saint-Sylvain à La Celle-Bruère (Cher)

M. Selmersheim fait connaître la situation de ce petit édifice remontant à la fin du XIIe siècle qu'il juge assez médiocre, mais qui renferme un tombeau intéressant du XVe siècle, lui paraissant digne d'être classé. La question serait de savoir s'il y a lieu de classer l'édifice dans son ensemble ou le tombeau seulement. Un comité local qui s'est formé en vue de sauver la chapelle possède des ressources pouvant s'élever à 15 000 Francs.

Dans ces conditions et en vue de diriger les réparations, M. le rapporteur propose de classer la chapelle y compris le tombeau.

La Commission adopte cette proposition.

Église de Mehun-sur-Yèvre (Cher)

L'architecte présente un devis de 9 756 Francs 19 pour l'achèvement des travaux de la première entreprise dont les prévisions ont été dépassées et pour la réfection de la toiture de la nef qui ne saurait être plus longtemps différée.

Conformément aux conclusions du rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver ce devis et d'allouer conditionnellement 3 200 Francs, somme égale au tiers de la dépense.

Vente d'objets de l'église de Saint-Pourçain-sur-Sioule (Allier)

Projet d'aliénation de fragments sculptés 80/15/013/305 de provenance étrangère à l'église et dont la Fabrique voudrait employer le produit à des réparations.

M. Selmersheim, rapporteur, ayant constaté l'intérêt de ces pièces dont la provenance ne lui paraît pas établie et qui pourraient se rattacher à un ensemble dont ferait partie un Christ placé sur l'autel de l'une des chapelles, est d'avis qu'il n'y a pas lieu d'autoriser la vente. Il propose en outre d'étendre le classement aux restes du cloître et de l'abbaye, la première servant de sacristie, les autres affectés à des services municipaux.

Cette proposition est adoptée et M. Darcy est chargé d'étudier les divers fragments signalés au point de vue de la reconstitution du monument.

Objets de l'église d'Izeure (Allier)

A propos de ces fragments de sculpture, M. Courajod signale dans la même région, l'église d'Izeure dans la nef de laquelle il y avait des figures très intéressantes qui ont été entassées dans la crypte et dont quelques unes seraient dignes de figurer au Louvre, notamment un Saint-Sébastien.

M. de Lasteyrie s'étonne que cette église ait été rayée de la Liste des Monuments historiques et il en demande le reclassement.

M. Selmersheim se propose d'instruire l'affaire à ce point de vue.

M. le directeur obligé de se retirer cède la présidence à M. Bardoux.
Église d'Ébreuil (Allier)

La Commission, conformément aux conclusions de M. Selmersheim, est d'avis d'approuver le devis de M. Georges Darcy modifié suivant ses indications et réduit de 33 450 Francs à 21 328 Francs. Elle est d'avis également d'allouer conditionnellement une somme de 5 000 Francs pour l'entreprise.

Église de Mantes (Seine-et-Oise)

M. Selmersheim propose d'approuver le devis de M. Simil modifié suivant les observations 80/15/013/306 de la Commission et réduit de 33 090 Francs à 26 072 Francs 24. La Fabrique prend à sa charge la dépense du mobilier et du vitrail de la chapelle Saint-Charles estimés à part et participe à celle des gros travaux pour une somme de 8 645 Francs 91.

M. le rapporteur demande que cette participation soit portée à un chiffre plus élevé pour la raison que les travaux prévus et demandés par la Fabrique n'intéressent pas tous la conservation du monument et propose d'allouer conditionnellement 6000 Francs. Quant au mobilier il rappelle que les tracés en devront être soumis à la Commission, ainsi que la maquette et le carton du vitrail pour l'exécution duquel il indique MM. Gaudin ou Gsell Laurent.

Ces conclusions sont adoptées.

Des maquettes ayant d'autre part été présentées tardivement par M. Simil pour les verrières hautes du choeur de l'église Notre-Dame de Mantes, M. Selmersheim ne juge pas qu'elles aient une valeur artistique suffisante pour faire revenir la Commission sur le voeu émis par elle, le 10 avril dernier, de voir MM. Gaudin et Gsell chargés de ce travail.

M. de Lasteyrie pense que puisque ces maquettes ne donnent pas une idée de la manière dont les vitraux seraient exécutés tant au point de vue de la coloration que du dessin, on ne doit pas les renvoyer à leur auteur, M. Tournel, sans lui demander d'indiquer ses références au point de vue de l'exécution de son travail.

La Commission adopte cet avis.

Mont-Saint-Michel (Manche)

L'architecte présente un devis de 28 712 Francs pour des reprises à effectuer au transept sud dont les parements ont été mis à nu par la suppression d'annexes le reliant aux bâtiments du logis abbatial, et pour des consolidations à faire à ces bâtiments. 80/15/013/307

M. Selmersheim, rapporteur, fait ressortir que le crédit de 70 000 Francs de 1891 couvrira les dépenses autorisées au dortoir, à 6 312 Francs près ; les 6 312 Francs ajoutés au montant du devis actuel, porteront à 35 000 Francs environ la somme à imputer sur le crédit de 1892, soit la moitié du crédit annuel, dont l'autre moitié resterait affectée à la restauration des quatre piles de la croisée du transept.

M. le rapporteur estimant les propositions de l'architecte conformes aux réels besoins du monument est d'avis de les approuver.

Adopté.

Au sujet du Mont-Saint-Michel, M. Antonin Proust rappelle que les députés de la Manche insistent pour l'établissement d'un droit d'entrée.

Sur sa proposition, la Commission renouvelle le voeu qu'elle a précédemment exprimé et demande qu'une solution soit apportée à la question avant la discussion du budget.

Théâtre d'Orange (Vaucluse)

M. Antonin Proust fait connaître également que la Commission du budget serait disposée à augmenter le crédit, mais qu'elle attache une grande importance à la remise en état du Théâtre d'Orange. Il rappelle la situation de l'affaire. Le devis de M. Daumet a été fait en vue d'une restauration dont la dépense serait considérable. Ce que demande la Commission du budget serait un travail de consolidation des gradins jusqu'à la 1ère précinction.

M. Proust serait d'avis de commettre un architecte de la Commission des Monuments historiques pour ne faire que les propositions indispensables, M. [Jean-Camille] Formigé par exemple.

Cette proposition est adoptée.

Circulaire des Travaux publics sur les Monuments mégalithiques

M. Proust propose enfin d'adresser de la part de la Commission des remerciements au ministre des Travaux publics au sujet de la circulaire qu'il a adressée au personnel de son département en vue de la conservation des Monuments mégalithiques.

Cette circulaire sera insérée au procès-verbal. 80/15/013/308

Reprise de l'ordre du jour.

M. Courajod est invité à donner lecture de son rapport sur l'

Hôtel des Prévôts à Paris (Seine)

Se plaçant au point de vue des souvenirs municipaux.

M. le rapporteur estime que l'intérêt historique, qui pourrait militer en faveur de la conservation de l'édifice, est digne de considération et que la Commission ne peut que s'associer aux conclusions de la pétition accueillie par le Conseil municipal.

Puis, se demandant si l'histoire de l'art et l'archéologie sont intéressées à la défense et à la protection de cette épave du vieux Paris au même degré que l'histoire proprement dite, il constate les remaniements dont l'édifice du XIVe siècle a été l'objet au XVIe, l'intérêt de certains détails de cette époque et la superfétation des constructions modernes qui, en raison des dispositions des propriétaires, paraît constituer un état de choses définitif. Il laisse à la Commission le soin de conclure.

M. Antonin Proust rappelle comment les choses se sont passées au Conseil municipal qui a émis le voeu que la Commission fut consultée. Il propose de remercier le conseil et d'émettre un avis favorable qui l'aidera à poursuivre les négociations avec les propriétaires dont il faudrait obtenir le consentement pour classer.

Cette proposition est adoptée.

Il y aurait lieu de rappeler à ce propos l'Hôtel de Sens pour lequel la Commission serait d'avis que le conseil se réservât de préférence s'il entend faire un sacrifice.

Arc de Sizun (Finistère)

M. le ministre des Travaux publics ayant fait connaître que la dépense prévue pour le dégagement devait être augmentée de 1 800 Francs, propose à son collègue des Beaux-arts de prendre à sa charge la moitié de ce supplément de 80/15/013/309 dépense et de lui en laisser supporter l'autre moitié.

Sur le rapport de M. [Jean-Juste] Lisch, cette proposition est adoptée.

Fontaine de Saint-Jean-du-Doigt (Finistère)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur.

Proposition de porter de 1 600 à 1 800 Francs l'allocation sur le crédit des Monuments historiques, faute d'exécution d'une promesse verbale de contribution d'égale somme par un particulier.

Église Saint-Radegonde à Poitiers (Vienne)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 55 015 Francs 93, rédigé par M. [Jean-Camille] Formigé et d'allouer conditionnellement sur le crédit une subvention de 18 000 Francs. La Fabrique qui s'est engagée à contribuer à la dépense pour 15 000 Francs serait invitée à prendre en outre à sa charge le rachat d'un immeuble évalué 40 000 Francs dans le devis.

Église de Civray (Vienne)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose l'approbation d'un devis de 13 000 Francs dressé par M. [Jean-Camille] Formigé et l'allocation conditionnelle de 5 000 Francs sur le crédit.

Adopté.

Hôtel de ville de Beaugency (Loiret)

Sur le rapport de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 46 444 Francs dressé par M. Dussère et d'allouer une somme de 22 000 Francs qui, jointe aux 15 000 Francs votés par la Ville et aux 9 000 Francs votés par le département, doit couvrir à peu près la dépense et permettre d'exécuter les travaux.

La séance est levée. 80/15/013/310
3 juillet [1891]

Présidence de M. Antonin Proust, puis de M. Bardoux. Sont présents : MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Geoffroy-Dechaume, Gonse, Kaempfen, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, Selmersheim, Renaud.

Lecture du procès-verbal de la séance du 5 juin.
Théâtre d'Orange (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald fait part à la Commission de l'entretien qu'il a eu avec M. Daumet qui, sur sa demande et ses indications, a rédigé et lui a envoyé une évaluation de la dépense des travaux à exécuter pour la mise en état du Théâtre antique d'Orange. Dans le cas où ces éléments d'appréciation sommaires paraîtraient insuffisants à la Commission.

M. Daumet, dans sa lettre d'envoi, propose de charger M. Devérin de faire un complément d'études, il propose également d'abandonner en faveur de cet architecte les édifices dont la conservation lui est confiée, à l'exception de la Basilique Saint-Pierre de Vienne dont il désire mener à fin les travaux.

M. Antonin Proust est d'avis que, dans les conditions où elle se produit, la démission de M. Daumet ne saurait être acceptée et qu'il y a lieu d'insister auprès de lui pour la lui faire retirer.

Le procès-verbal est adopté.
M. Paté, secrétaire, proposé comme chevalier de la Légion d'Honneur

M. Antonin Proust rappelle que la Commission des Monuments historiques vient d'adresser à M. le ministre une lettre par laquelle elle lui a exprimé la satisfaction qu'elle aurait à voir nommer M. Lucien Paté, son secrétaire, chevalier de la Légion d'honneur.

M. Jules Roche, ministre du commerce 80/15/013/311 et membre de la Commission, ayant bien voulu se charger de remettre cette lettre à son collègue, M. le président propose d'inviter le bureau à en remettre copie à M. le directeur des Beaux-arts, en le priant d'appuyer, de son côté, le voeu de la Commission auprès de M. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts.

Cette proposition est adoptée.

M. le secrétaire remercie la Commission et lui exprime ses sentiments de reconnaissance.

M. Mieusement proposé comme chevalier de la Légion d'Honneur

M. le président rappelle qu'une demande en faveur de M. Mieusement avait été adressée par la Commission à M. le ministre des Beaux-arts, à la suite de l'Exposition universelle, et propose de la transmettre, en l'appuyant, à l'administration des Cultes, au service de laquelle M. Mieusement est également attaché.

Adopté.

Exposition de Chicago

M. Antonin Proust entretient la Commission de l'intérêt qu'il y aurait à envoyer à l'Exposition de Chicago des dessins d'architectes et même des moulages.

Legs Moreaux au Musée de Cluny

M. Darcel fait connaître qu'il a reçu de M. Moreaux un legs fort important, dont il énumère les pièces.

M. Proust obligé de se retirer prie M. Bardoux de présider la séance.
Ordre du jour.
Église et clocher de Carbini (Corse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose d'approuver un devis de 33 054 Francs pour la restauration de l'église et du campanile et d'allouer conditionnellement 11 000 Francs pour cette entreprise.

M. l'Inspecteur général fait observer que cette dépense pourrait être à la rigueur diminuée si l'on se bornait à restituer deux étages du clocher, mais comme ce campanile isolé constitue un spécimen rare, il insiste pour sa restitution complète avec ses trois étages.

Adopté. 80/15/013/312

Église de Lembeye (Basses-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, rappelle que la Commission a précédemment refusé de contribuer à la dépense d'une restauration, en raison de l'intérêt secondaire du monument.

Mais considérant l'absence de ressources de la Commune, et la disposition où serait l'administration des Cultes de fournir une somme de 5 000 Francs, montant de la moitié de la dépense, il propose à la Commission de voter une allocation de pareille somme.

La Commission après examen des documents photographiques placés sous ses yeux est d'avis qu'il est préférable de déclasser l'édifice.

Église de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle)
Projet d'établissement de paratonnerre dressé par l'architecte du monument sur la demande de la Municipalité.

M. [Émile] Boeswillwald en propose l'approbation avec prélèvement des 4 390 Francs auxquels est évaluée la dépense sur les ressources crées en vue de la restauration de l'église dont la situation accuse un disponible de plus de 34 000 Francs.

Adopté.

Ancien château des Papes à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse)

Le maire de cette localité a soumis à l'examen du préfet du Vaucluse une demande d'autorisation de faire des fouilles dans la tour du château, en faisant connaître les conditions auxquelles il conviendrait, suivant lui, de l'accorder. Cette demande est transmise à la Commission.

M. le président fait observer que la Commission n'a pas à donner d'avis sur cette autorisation, les restes de l'ancien château n'étant pas classés.

Il est nécessaire que M. [Émile] Boeswillwald éclaire d'abord la Commission sur la valeur du monument et la mette à même de se prononcer sur la demande de classement dont elle est saisie. 80/15/013/313

Amphithéâtre de Fréjus (Var)

En présence des difficultés auxquelles donnerait lieu actuellement le dégagement du podium des arènes, l'architecte demande à employer à la suppression des végétations et à des reprises urgentes la somme de 322 Francs allouée primitivement pour le dégagement.

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission adopte ce changement d'application des fonds accordés.

Un devis des travaux de consolidation sera ensuite demandé à l'architecte.

Église de Six-Fours (Var)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître d'après le rapport détaillé de M. Révoil, la situation de l'édifice dont la toiture seule aurait besoin de réparations urgentes. Ces réparations sont évaluées à 7 798 Francs 90.

M. le rapporteur propose d'en approuver le devis et d'allouer conditionnellement 2 600 Francs pour cette dépense.

Adopté.

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître également qu'il existe dans l'église de Six Fours deux remarquables triptyques peints sur bois, ainsi qu'un autel dont l'un d'eux forme le retable.

M. Kaempfen rappelle que la conservation de ces peintures a déjà préoccupé l'administration. La dépense avait paru bien considérable en raison de leur valeur ; puis il y avait eu des difficultés avec l'évêque qui se refusait à laisser sortir les tryptiques.

M. Kaempfen pense qu'il y aurait lieu de demander communication du dossier au bureau des Beaux-arts avant de donner suite à un nouveau projet de restauration.

M. [Émile] Boeswillwald ira à Six Fours et, avant de partir, prendra connaissance du dossier.

Église de Coucy-la-Ville (Aisne)
Demande de classement formée par la Municipalité.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de ne classer que les parties intéressantes, à savoir le 80/15/013/314 clocher, le transept et le clocher de l'abside.

MM. [Jean-Juste] Lisch et Selmersheim sont d'avis de s'en tenir au classement du clocher de l'abside et du transept.

M. [Émile] Boeswillwald fait observer que la Municipalité attache un grand intérêt à la conservation du clocher dont l'état de ruine est une menace pour l'église elle-même.

Ses conclusions sont adoptées et M. Gautier, architecte à Laon, sera chargé de la rédaction d'un devis.

Église de Courcôme (Charente)

En présence de l'impossibilité où se trouve la Commune de se procurer les ressources nécessaires pour parfaire le devis de restauration de son église, la Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis de limiter la dépense au montant des ressources réunies, soit à 8 565 Francs.

Église Notre-Dame de Châlons-sur-Marne (Marne)

La Fabrique sollicite le concours de l'administration pour l'aider dans le paiement d'une dépense de 13 501 Francs applicable à la restauration des toitures et qui est déjà couverte jusqu'à concurrence de 6 000 Francs.

La Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis d'allouer une somme de 3 700 Francs, égale à la moitié du déficit.

Château de Tournoël (Puy-de-Dôme)

M. l'architecte Petitgrand a rédigé en vue de la consolidation des restes de cet intéressant édifice un devis d'après lequel la dépense est évaluée à 3 050 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald en propose l'approbation avec allocation conditionnelle de 1 525 Francs.

Adopté.

Église d'Isômes (Haute-Marne)

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 2 835 Francs dressé par M. Brocard, architecte, ancien inspecteur des Monuments historiques, en vue de travaux très urgents et d'allouer conditionnellement 1 000 Francs sur le crédit. 80/15/013/315

Église de Dol (Ille-et-Vilaine)

A la suite des observations faites par la Commission sur son projet de restauration du porche, M. l'architecte Ballu informe M. le ministre que, dans l'état présent l'écoulement des eaux se fait facilement au moyen des gargouilles très bien disposées, et qu'il n'y a pas lieu de leur substituer des tuyaux de descente ; que les dégradations des tympans et des moulures du porche ne proviennent pas de l'humidité mais du martelage des sculptures ; il expose le résultat de ses recherches au sujet de la décoration générale du porche telle qu'elle existait autrefois et dont il propose le rétablissement ; il fait connaître enfin que M. le curé de Dol s'est engagé à prendre entièrement à sa charge les travaux de sculpture prévus au devis pour une somme de 33 000 Francs, sur 48 375. C'est donc un déficit de 15 375 Francs sur lequel M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'allouer conditionnellement 10 000 Francs sur le crédit. Il demeure entendu d'ailleurs que le sculpteur présentera des maquettes.

M. Dreyfus objecte que l'on ne pourra faire faire avec les 33 000 Francs que de la sculpture médiocre dont l'aspect neuf tranchera avec le reste de l'édifice.

M. [Jean-Juste] Lisch répond qu'il y a là une occasion exceptionnelle d'encourager les sculpteurs qui s'occupent du Moyen Âge et que la Commission a le devoir de la saisir.

M. le président met aux voix la question. Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de Bussière-Badil (Dordogne)

L'affaire ajournée faute de renseignements suffisants revient devant la Commission avec tous les documents graphiques nécessaires pour apprécier la valeur de l'édifice et l'état des constructions.

M. [Jean-Juste] Lisch dans ces conditions maintient les conclusions de son premier rapport et propose d'approuver le devis de 38 841 Francs dressé par M. Rapine et d'allouer conditionnellement 19 000 Francs pour l'entreprise.

La Commission est d'avis d'allouer 13 000 Francs.

Pont de Vernay à Airvault (Deux-Sèvres)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, 80/15/013/316 la Commission est d'avis d'approuver un devis supplémentaire de 4 273 Francs et d'allouer cette somme qui doit assurer l'achèvement des travaux.

Église de Moirax (Lot-et-Garonne)

En raison de l'urgence des travaux projetés par M. Lafollye, architecte décédé, M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose de désigner M. l'architecte Gout pour faire immédiatement emploi des ressources disponibles et s'entendre avec les administrations locales pour réaliser les ressources nécessaires à l'achèvement de la restauration.

Adopté.

Église de La Motte-Feuilly (Orne)

La Commune demande le classement de son église et des fragments du tombeau de Charlotte d'Albret qui y sont déposés.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, est d'avis que l'église ne présente pas assez d'intérêt pour être classée, mais qu'il y a lieu de classer les restes du tombeau et de charger M. Georges Darcy d'étudier une restitution sommaire de ce petit monument en constituant un massif en maçonnerie rappelant la forme du tombeau dans lequel seraient scellés les fragments de manière à assurer leur conservation.

M. [Jean-Juste] Lisch fait connaître en outre qu'on a trouvé dans les archives du duc La Trémoille une pièce de compte désignant l'emplacement de chaque figure et devant ainsi permettre la reconstitution du tombeau.

Adopté.

Église d'Uzerche (Corrèze)
Demande de secours.

L'affaire est ajournée faute de documents suffisants pour éclairer la Commission sur la nature des travaux projetés.

Hôpital de Pons (Charente-Inférieure)

Demande d'ouverture d'un crédit de 500 Francs pour l'exécution de travaux urgents à la voûte du passage.

Sur le rapport de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission l'adopte.

M. Ballu présente en même temps un projet de restauration du Donjon, comprenant d'une part la démolition de l'escalier actuel et l'établissement d'une tourelle d'escalier sur la face latérale, angle sud-est, pour le remplacer et d'autre part des reprises partielles des anciennes constructions. 80/15/013/317

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'approuver le projet présenté par M. A. Ballu ; mais, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis de faire un escalier intérieur, pour conserver intacts les aspects de la tour, et de percer la voûte au lieu de percer le mur, un projet dans ce sens sera demandé à l'architecte.

Église de Moissac (Tarn-et-Garonne)

M. [Jean-Juste] Lisch propose de désigner pour remplacer M. Lafollye, M. Gout, à qui il serait demandé de dresser d'urgence un devis des travaux nécessaires ; M. [Jean-Juste] Lisch rappelle que pour le cloître de Moissac, M. Lafollye avait dressé un avis de 4 300 Francs et que 2 000 Francs avaient été alloués conditionnellement sur le crédit des Monuments historiques.

Les conditions ne s'étant pas réalisées et la situation devenant très urgente, M. le rapporteur propose de charger également M. Gout de la direction des travaux à exécuter et de l'autoriser à faire emploi des 2 000 Francs accordés.

Adopté.

Église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère)

M. [Jean-Juste] Lisch fait connaître que depuis son passage à Quimperlé, la Municipalité a demandé et insiste pour obtenir que le clocher soit élevé, non à dix mètres de l'église comme il avait été décidé, mais sur les quatre piles de la croix du transept. L'architecte a fait une étude dans ce sens et M. l'Inspecteur général pose la question de savoir si cette proposition nouvelle peut être adoptée ou s'il y a lieu de maintenir les précédentes conclusions.

M. [Émile] Boeswillwald estime qu'il y a lieu de s'en tenir à ce dernier parti, les piles ne présentant pas les garanties de solidité nécessaire pour la construction d'un nouveau clocher.

La Commission se range à cet avis.

La séance est levée. 80/15/013/318
31 juillet [1891]
Présidence de M. [Émile] Boeswillwald. Sont présents : MM. de Baudot, Paul Boeswillwald, Courajod, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Gonse, Geoffroy-Dechaume, Kaempfen, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim, Renaud.
Le procès-verbal de la séance du 3 juillet est lu et adopté.
Ordre du jour.
Sépulture à Pontivy (Morbihan)

M. de Mortillet transmet une demande de la Municipalité de Pontivy tendant à obtenir le classement d'une sépulture appartenant à une époque pré-romaine, postérieure aux dolmens, appelée par les paléontologues 1ère époque du fer. Cette sépulture a été transportée et fidèlement reconstruite dans le jardin public de la Ville.

M. de Mortillet en propose le classement qui est adopté.

Église de la Trinité à Falaise (Calvados)

Deux devis ont été présentés par M. l'architecte Trolonge, l'un relatif à la réfection des couvertures s'élevant à 4 519 Francs 09, l'autre relatif à des travaux de sculpture montant à 1 890 Francs.

Sur la proposition de M. Selmersheim, rapporteur, la Commission est d'avis de les approuver et d'allouer conditionnellement 2 000 Francs sur le crédit.

Église Saint-Gervais à Falaise (Calvados)

Projet de reconstruction du beffroi.

Cette oeuvre de charpente ne donnant lieu à aucune observation, le projet est approuvé sur la proposition du rapporteur.

Projet d'édification d'un autel en pierre dans une des chapelles latérales du choeur.

M. Selmersheim en propose le rejet en raison de la banalité et de la monotonie de la composition et de l'insuffisance des garanties au point de vue de l'exécution.

Ces conclusions sont adoptées.

Château de Falaise (Calvados)

M. Trolonge, reprenant la suite du projet dressé en 1883 par M. [Victor] Ruprich-Robert, demande l'autorisation d'exécuter la restauration de la 2e 80/15/013/319 salle du Donjon dont la dépense évaluée à 21 657 Francs, serait couverte en partie par une subvention de 15 000 Francs accordée en 1885 sur le crédit des Monuments historiques. Les travaux prévus consisteraient dans la démolition des parties de maçonnerie en ruine, le raccord des parements et la réfection des maçonneries jusqu'au-dessus des baies de manière à former une arase sur laquelle on établirait un dallage en roche, avec chéneau et gargouilles, bordé par un parapet.

M. Selmersheim fait observer dans son rapport que ces prévisions sont conçues dans le même ordre d'idées que les travaux déjà exécutés pour protéger les murs du Donjon, mais que ce système de protection n'a pas donné de bons résultats. Il comprend peu d'ailleurs un dallage et un garde-corps ayant un caractère monumental et définitif sur des murs dérasés. Il croit enfin que les murs de la 2e salle admirablement construits, peuvent résister longtemps dans leur état actuel et qu'il n'y a pas lieu de les modifier.

M. le rapporteur conclut qu'il y a lieu de se borner à des ouvrages d'entretien, pour lesquels on pourrait inviter M. Trolonge à faire de nouvelles propositions.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Dives-sur-Mer (Calvados)

Conformément à la proposition de M. Selmersheim, la Commission est d'avis d'approuver en principe le devis de restauration des dallages de toiture, sous la réserve toutefois de la production par l'architecte d'un tracé graphique indiquant les dispositions anciennes qu'il s'agit de rétablir, tant pour les dallages que pour les chéneaux. Une somme de 6 000 Francs sur le crédit pourrait être accordée pour cette entreprise évaluée à 26 058 Francs.

Église de Saulieu (Côte-d'Or)

Projet de restauration du campanile ; dépense évaluée à 9 927 Francs, sur laquelle la Fabrique a fourni 5 309 Francs.

M. Selmersheim, rapporteur, estime que le campanile 80/15/013/320 oeuvre de plomberie du XVIIIe siècle ne présent pas un intérêt suffisant pour faire participer le crédit des Monuments historiques à sa restauration ; mais certains travaux, dans le devis, intéressant la conservation du monument, lui paraissent pouvoir être l'objet d'une subvention.

Il propose, en conséquence, l'approbation du projet et l'allocation conditionnelle de 1 500 Francs.

Adopté.

Église de Manéglise (Seine-Inférieure)

Conformément aux conclusions de M. Selmersheim, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 24 822 Francs, dressé par M. de La Rocque, et comprenant notamment le rétablissement suivant les dispositions anciennes des bas-côtés reconstruits au XVIIe siècle. Une somme de 4 000 Francs à peu près égale au tiers de la dépense des travaux de restauration proprement dits, est votée pour cette entreprise.

Église d'Appoigny (Yonne)

La Commission, sur la proposition de M. Selmersheim, est d'avis d'approuver un devis de 17 904 Francs dressé par M. Paul Boeswillwald et d'allouer conditionnellement 8 000 Francs sur le crédit.

Église de Dannemarie (Seine-et-Marne)

M. l'architecte Louzier présente un devis de 19 509 Francs.

M. Selmersheim, rapporteur, en propose l'approbation avec allocation conditionnelle de 7 000 Francs sur le crédit.

Adopté.

Église de Louveciennes (Seine-et-Oise)
Projet de construction d'un clocher.

Ce clocher reposerait sur les quatre gros piliers de la travée précédant le choeur et dont la forme et la section considérable indiquent bien qu'un clocher a été amorcé sinon terminé à cette place au XIIIe siècle.

M. l'architecte Petitgrand a adopté pour ce clocher la forme octogonale dont plusieurs types existent dans la région avec charpente recouverte d'ardoises. La dépense totale s'élèverait à 58 655 Francs dont 10 639 Francs seraient appliqués à la restauration et à la consolidation des piles sous le clocher et de la voûte centrale. 80/15/013/321

M. Selmersheim, rapporteur, propose d'approuver ce projet et d'allouer conditionnellement 10 000 Francs sur le crédit.

Ces conclusions sont adoptées, sous la réserve d'observations présentées par MM. [Jean-Juste] Lisch et de Baudot tendant à l'abaissement du clocher, à la suppression du glacis qui nuit à la silhouette et altère le type que l'architecte a pris pour modèle. M. Petitgrand serait invité à fournir un complément d'étude dans le sens indiqué.

Ancien Hôtel Jacques Coeur à Bourges (Cher)

Sur la proposition de M. Selmersheim, la Commission est d'avis d'approuver un projet dressé par M. Paul Boeswillwald, sur la demande du préfet du Cher, en vue de la modification du grand degré mettant en communication la rue Jacques Coeur et la place Berry et de la suppression du passage voûté traversant l'Hôtel Jacques Coeur.

M. le rapporteur estime que le travail en question intéresse la conservation de l'édifice puisqu'il doit amener la suppression d'une servitude préjudiciable, et qu'en conséquence, une subvention peut être accordée sur le crédit pour cette affaire. La dépense est évaluée 4 252 Francs ; la Commission vote 1 000 Francs.

M. le préfet du Cher transmet également une délibération du Conseil général en vue du transfèrement au musée de Bourges des deux portes romanes encastrées l'une dans le mur de clôture de l'École normale de garçons, l'autre dans celui de la préfecture, cette dernière classée parmi les Monuments historiques.

La Commission est d'avis de donner satisfaction au voeu du Conseil général et de confier l'opération de transfèrement à l'architecte des Monuments historiques.

Palais de Justice de Rouen (Seine-Inférieure)

M. le ministre de l'Intérieur a transmis un devis dressé par M. l'architecte Lefort. Ce devis s'élève pour la partie afférente au département à 102 000 Francs, et pour la partie affectée à la Cour d'Appel à 49 000 Francs. L'architecte fait valoir, pour justifier l'importance des travaux que depuis longtemps rien n'a été fait pour entretenir les parties sculptées soumises aux intempéries ; les toitures réclament des réparations urgentes qu'on ne peut entreprendre sans avoir au préalable 80/15/013/322 restauré les parties en pierre contiguës, il insiste enfin sur la difficulté de réparer un monument de la nature de celui ci au fur et à mesure des dégradations produites en raison des dépenses d'échafaudages, ce qui entraîne à attendre un état général justifiant l'établissement d'un grand échafaud et l'exécution d'un travail d'ensemble.

M. Selmersheim, rapporteur, propose d'approuver dans son ensemble le projet présenté et de limiter la participation du crédit des Monuments historiques au tiers de la dépense des travaux de restauration proprement dits, c'est-à-dire déduction faite des travaux concernant la canalisation des eaux.

M. de Baudot croit nécessaire d'affirmer la nécessité d'entretenir le monument d'une manière permanente et de mettre cette condition à toute participation aux frais d'une restauration. Il regrette que l'absence de plans et de détails ne permette pas de déterminer l'importance des reprises proposées et de spécifier les bâtiments dans lesquels ces reprises seraient exécutées.

La Commission ajourne son vote jusqu'à production d'un devis spécial relatif à la partie historique proprement dite du monument avec plan et détail à l'appui.

Château d'Hyères (Var)

Chargé de renseigner l'administration sur la situation des restes du château d'Hyères, ainsi que sur le degré d'urgence et la valeur approximative des travaux qu'il y aurait lieu d'exécuter, M. Révoil propose d'étayer le rocher qui domine l'entrée de manière à contrebuter un bloc énorme qui menace de s'en séparer, et de détacher ce bloc du massif en le tranchant morceau par morceau. Il propose en outre d'assurer par des reprises en sous-oeuvre la conservation de trois échauguettes situées près d'une des tours de l'enceinte, tour R du plan communiqué. L'évaluation de la dépense totale est de 1 732 Francs.

La Commission, sur le vu des photographies des restes du château d'Hyères, en raison de l'état de ruine complète qu'ils présentent, est d'avis d'ajourner toute décision jusqu'au prochain voyage de M. l'Inspecteur général dans la région. 80/15/013/323

Ancienne cathédrale de Die (Drôme)
Travaux exécutés sans autorisation par ordre du conseil de Fabrique dans une pièce voûtée située au-dessus du porche en vue de l'appropriation de ce local d'une chapelle de catéchisme.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait ressortir de la correspondance de l'architecte et du curé que la Fabrique a sciemment trompé l'administration, et il propose de lui infliger un blâme en l'obligeant à rétablir l'état ancien à ses frais, sous la surveillance de l'architecte des Monuments historiques.

Adopté.

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. [Émile] Boeswillwald expose l'état des travaux et fait connaître la suite que propose de leur donner l'architecte, il s'agit, en suivant l'ordre d'urgence, de la restauration des galeries rayonnantes qui partent de l'enceinte extérieure, aboutissant aux vomitoires de la cavea, et de la reprise en recherche des parties les plus menaçantes de la galerie circulaire intérieure du 1er étage. Ces divers travaux font l'objet d'un devis s'élevant à 65 000 Francs.

M. le rapporteur en a récemment constaté sur place la nécessité, il propose en conséquence, d'approuver le devis et d'allouer 45 000 Francs sur le crédit payables en trois annuités, à la charge par la Ville de payer le complément de la dépense conformément à la proportion adoptée jusqu'à ce jour.

Adopté.

Église d'Étival (Vosges)

Travaux entrepris sans autorisation et consistant dans la reprise des fondations du transept déchaussé par suite de la construction d'un caniveau en pavés longeant et touchant l'église. Cette reprise dirigée par l'agent-voyer cantonal a été effectuée dans des conditions très fâcheuses, en moellons sur une épaisseur insuffisante, sans liaison avec les anciennes maçonneries.

Signalés par M. l'architecte diocésain Schuler, ces travaux ont été suspendus par ordre de l'administration des Beaux-arts.

M. le maire d'Étival a déclaré que la Commune ne supposait pas, avant 1889, que son église était classée, et qu'à cette date, informée du classement par le préfet, 80/15/013/324 elle a refusé son consentement.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, ne saurait admettre cette déclaration, l'église d'Étival ayant été l'objet d'un secours sur le crédit des Monuments historiques. Il propose de sauvegarder l'avenir en rendant la Commune responsable de ce qui pourrait advenir du fait des mauvais travaux qu'elle a fait exécuter, de lui interdire de les continuer, et de lui adresser un blâme en la rappelant à l'observation de la Loi.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle des Cordeliers à Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Projet de remplacer la clôture en plancher qui sépare la toiture de l'église des Cordeliers de celle de l'école municipale, par une cloison en briques, réparations diverses de peinture et de badigeon.

Conformément au rapport de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver le devis présenté montant à 1 150 Francs et d'allouer cette somme sur le crédit.

Église Saint-Pierre à Bar-le-Duc (Meuse)

Cette affaire est ajournée jusqu'à production d'un devis plus sérieux pour la réfection de la couverture de la nef.

M. l'Inspecteur général correspondra avec l'architecte.

Église de Cauroy-lès-Hermonville (Marne)

Un devis de 2 060 Francs rédigé par M. Thiérot, architecte à Reims, pour la restauration du porche, est présenté par la Fabrique qui, pour témoigner de l'intérêt qu'elle porte à la conservation de cette partie très intéressante de l'église, a voté 300 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait ressortir qu'il s'agit presque d'une reconstruction, le projet comportant la dépose et la réfection ; il ne juge pas ce projet conçu d'une manière satisfaisante et il craint que l'architecte ne présente pas les garanties nécessaires pour mener à bonne fin un travail aussi délicat. L'affaire est ajournée.

Mosaïque des Quatre Saisons à Lambèze (Algérie)

M. [Émile] Boeswillwald fait connaître que M. le directeur du pénitencier a été invité à surseoir 80/15/013/325 à tous travaux concernant la mosaïque et de laisser le soin de cette restauration au service des Monuments historiques. Il conclut en conséquence, à demander à M. Albert Ballu un devis approximatif de la dépense qu'exigera l'opération.

Adopté.

Ruines de Timgad (Algérie)

M. [Émile] Boeswillwald donne lecture d'un rapport à lui adressé par le garde assermenté des ruines rendant compte d'actes de violence contre les personnes et de mutilations des monuments dont à la date du 25 juin dernier se sont rendus coupables quelques visiteurs nommément désignés, et pour la plupart fonctionnaires. Procès-verbal du conflit a été dressé par le garde obligé de céder lui-même à la violence, et constatation des dégradations commises faite par l'Inspecteur correspondant.

M. l'Inspecteur général expose les difficultés que présentera désormais la situation pour le Garde assermenté, si l'on ne prend des mesures sévères pour empêcher le renouvellement d'actes de sauvagerie tels que ceux qui ont été signalés. Il conclut en conséquence à ce que le préfet de Constantine soit avisé et invité à donner à l'affaire la suite qu'elle comporte.

Adopté.

Liste des Monuments historiques classés en Tunisie

Communication par M. G. Doublet, Inspecteur des Antiquités et des Arts dans la Régence de Tunis, d'une Liste des Monuments historiques classés en Tunisie par décret beylical du 8 juin.

A renvoyer à la direction du secrétariat, service des Missions d'Afrique.

Église de Chadenac (Charente-Inférieure)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'approuver un devis de 9 830 Francs 88 dressé par M. Albert Ballu en vue des travaux urgents et d'allouer conditionnellement 2 000 Francs sur le crédit.

Adopté.

Église Saint-Nicolas-Saint-Laumer à Blois (Loir-et-Cher)

L'administration des Hospices de Blois ayant adressé à M. de Baudot une délibération au sujet de dégâts occasionnés aux bâtiments de l'Hôtel-Dieu par le fait des travaux de restauration de l'église Saint-Laumer, M. de Baudot, en transmettant cette réclamation, fait ressortir qu'il y a dû avoir empiétement et prise de possession par l'hospice d'un terrain 80/15/013/326 qui faisait partie autrefois du bas-côté sud de l'église. Il fait connaître également qu'ayant demandé à l'administration hospitalière d'établir ses droits à l'égard de cette situation, il n'en a obtenu jusqu'à ce jour aucune réponse.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, qui s'est rendu compte de la situation sur place, est d'avis que l'opinion de M. de Baudot est justifiée et qu'il y a lieu d'inviter la Commission administrative des Hospices de Blois à fournir ses titres de propriété, et quelle que soit la solution de la question, d'aviser à certaines mesures en vue de dégager l'édifice classé.

Adopté.

Tour de l'ancien Hôtel de ville de Bordeaux (Gironde)

Projet dressé par la Ville de Bordeaux en vue de la substitution d'un cadran lumineux au cadran opaque existant sur la façade sud de la tour, et proposition de la Commission départementale des Monuments historiques tendant à maintenir le cadran actuel mais à remplacer l'armoire de bois dans laquelle est encastrée l'horloge par un encadrement de pierre.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, est d'avis de maintenir en effet le cadran actuel, mais en même temps de conserver les dispositions existantes de l'encadrement de bois, sauf à faire exécuter toutes les réparations nécessaires à leur conservation.

Adopté.

Église Sainte-Eulalie à Bordeaux (Gironde)

Projet présenté par le conseil de Fabrique en vue de la restauration de la fenêtre de la 2e travée de la façade latérale nord dans laquelle serait replacé un vitrail enlevé à l'une des chapelles et actuellement sans emploi.

Conformément à l'avis de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission propose d'approuver ce projet dont l'exécution est tout entière à la charge de la Fabrique.

Église de Saint-Michel-Lapujade (Gironde)

Projet de carrelage présenté par la Municipalité qui prend la dépense à sa charge. Sur la proposition de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver.

Église de Locronan (Finistère)

M. l'architecte Gout a présenté un devis des travaux de restauration qu'il serait urgent d'exécuter, d'après lequel la dépense est évaluée à 14 518 Francs.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'approuver 80/15/013/327 ce projet et d'allouer conditionnellement sur le crédit.

Adopté.

Église Sainte-Croix de Quimperlé (Finistère)

M. le maire de Quimperlé, ayant fait savoir que le Conseil municipal n'acceptait pas la solution proposée par la Commission et consistant dans la construction du clocher derrière l'église, dans l'axe de l'abside, M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'élever ce clocher sur la façade latérale sud, et, si la Commission accepte cette solution nouvelle, de charger M. Paul Gout de présenter un projet dans ce sens.

Adopté.

Église de Germigny-des-Prés (Loiret)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 4 240 Francs dressé par M. Dussère en vue des réparations urgentes et d'allouer cette somme sur le crédit des Monuments historiques.

En ce qui concerne les mosaïques qui se détériorent de plus en plus, M. le rapporteur fait connaître qu'il a reçu une proposition de M. le directeur de la Manufacture nationale des mosaïques qui s'engagerait à exécuter, sous sa direction, la restauration des mosaïques de Germigny des Prés, sans réclamer aucune subvention sur le crédit des Monuments historiques.

Solution ajournée.

Église de Chambon-sur-Voueize (Creuse)

Projet de réparation des couvertures d'après lequel la dépense est évaluée à environ 1 300 Francs dont 600 seraient payés par la Fabrique.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'autoriser le travail à la condition qu'il soit dirigé par M. Georges Darcy, et d'allouer 350 Francs sur le crédit.

Tour du lycée de Cahors (Lot)

Demande de classement.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose de se prononcer en faveur de cette mesure, tout en faisant observer que le monument n'est pas en parfait état et que la coupole nécessitera de prochains travaux pour lesquels un secours sera demandé à l'administration.

La Commission adopte la proposition de classement.

La séance est levée. 80/15/013/328
6 novembre 1891
Présidence de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. Bardoux, [Émile] Boeswillwald, Comte, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Dumay, [Jean-Camille] Formigé, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Gonse, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim, Thomson.
Le procès-verbal de la séance du 31 juillet est adopté.
Il est procédé à l'examen des propositions de classement.
Église de Bayons (Basses-Alpes)

Le classement proposé par M. l'Inspecteur général [Émile] Boeswillwald est adopté et M. Révoil est désigné pour dresser un devis des réparations nécessaires.

Chapelle des Templiers à Comps (Var)

M. [Émile] Boeswillwald fait ressortir l'intérêt de ce petit monument tant au point de vue de l'histoire qu'à celui de sa disposition et de sa construction et en propose le classement avec désignation de M. Révoil pour dresser un devis des travaux urgents.

Adopté.

Église de Saint-Tricat (Pas-de-Calais)

M. [Émile] Boeswillwald estime qu'après les restaurations dont elle a été l'objet, la tour de cette église, dont le classement est sollicité par la Commune, ne présente aucun intérêt et qu'il n'y a pas lieu d'accueillir cette demande.

Adopté.

Porte Saint-Nicolas à Arras (Pas-de-Calais)

Ce reste important des fortifications de la Ville au XIIIe siècle est destiné à disparaître dans les travaux de dérasement de la place en exécution de la loi militaire de déclassement du 23 décembre 1890.

M. [Émile] Boeswillwald en signale tout l'intérêt et exprime l'avis de provoquer d'urgence 80/15/013/329 le consentement de la Ville au classement de la porte, de manière à placer le monument sous la protection de l'article et du décret jusqu'à l'intervention de la décision ministérielle.

Cette proposition est adoptée.

Enceinte romaine de Venasque (Vaucluse)

M. [Jean-Camille] Formigé signale une ruine très importante et unique en France, celle de l'enceinte romaine de Venasque, dont la situation et l'aspect semblent répondre à la description d'Aera, par Strabon. Cette ruine est la propriété de la Commune, et M. [Jean-Camille] Formigé en a fait arrêter la démolition qui était commencée. Il en propose le classement.

Adopté.

Château de Dijon (Côte-d'Or)

M. le président se demande si, en raison du changement de la Municipalité de Dijon, il n'y aurait pas lieu de reprendre la question du château et de faire une démarche auprès du ministre en faveur de sa conservation.

M. [Jean-Juste] Lisch croit qu'en effet la Ville serait peut être disposée à revenir sur ses précédents projets : il est d'avis de pressentir à ce sujet la Municipalité.

M. Selmersheim devant prochainement se rendre dans la région, M. le président propose d'aviser le maire de la prochaine visite de l'Inspecteur général.

Adopté.

Château de La Tour-d'Aigues (Vaucluse)

Les propriétaires ayant fixé à 15 000 Francs le prix auquel ils étaient disposés à vendre les parties classées des ruines, et le Conseil général ayant voté une contribution de 3 000 Francs à cet effet, la Commission, sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, est d'avis d'allouer sur le crédit les 12 000 Francs nécessaires à l'acquisition sous la réserve de céder les ruines acquises au département qui aurait à sa charge les dépenses d'entretien.

Église de Margerie-Hancourt (Marne)

A la date du 23 juillet 1891, M. le ministre a approuvé un devis de 1 274 Francs pour la reconstruction de la sacristie qui avait dû être démolie pour permettre 80/15/013/330 la restauration de l'église, la Commune et la Fabrique sollicitent un secours de 1 000 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, considérant que la reconstruction de la sacristie est une conséquence de la restauration du monument, est d'avis de contribuer pour 500 Francs à la dépense.

La Commission décide de laisser la dépense entière à la charge de l'administration des Cultes.

Église Saint-Paul à Issoire (Puy-de-Dôme)

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission propose d'approuver un devis de 18 079 Francs dressé par M. Petitgrand en vue de divers travaux de conservation et d'entretien et d'allouer conditionnellement le tiers de la dépense, soit 6 000 Francs sur le crédit.

Portes de Belfort (Territoire-de-Belfort)

La Municipalité ayant fait connaître que l'entretien de la Porte de Brisach était assuré par le service du génie et demandé si l'administration des Beaux-arts consentirait à reporter sur la Porte de France les crédits dont elle eût disposé pour la première.

M. [Émile] Boeswillwald propose à la Commission de se prononcer en ce sens et de classer la Porte de France.

Adopté.

Église d'Allos (Basses-Alpes)

Les travaux indispensables pour la conservation de cet édifice sont évalués par M. l'architecte Révoil à 18 852 Francs 67.

M. [Émile] Boeswillwald propose l'approbation du devis et l'allocation conditionnelle de 9 000 Francs sur le crédit.

Adopté.

Église Saint-[Pierre] à Bar-le-Duc (Meuse)

Conformément aux conclusions de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver le nouveau projet auquel l'architecte a fait les modifications demandées, et d'allouer 2 667 Francs, formant le tiers de la dépense des 80/15/013/331 travaux urgents évalués à 8 000 Francs à la charge par la Fabrique de parfaire le devis dont le total est de 10 092 Francs 99.

Église de Saint-Calais (Sarthe)

La Municipalité présente un projet de restauration de la flèche qui est lézardée dans toute sa hauteur, et sollicite le concours de l'État pour l'exécution des travaux projetés.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, en constate l'urgence mais, le projet étant incomplet, il y a lieu de craindre que l'auteur n'offre pas les garanties nécessaires pour l'exécution : il propose en conséquence à la Commission de désigner un architecte du service pour étudier un nouveau projet de restauration à la dépense de laquelle l'administration des Beaux-arts pourrait être appelée à participer.

M. le président estime qu'il y a lieu de demander d'abord un complément d'étude à l'architecte de la Municipalité.

Cet avis est adopté.

Église de Saint-Jouin-de-Marnes (Deux-Sèvres)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, fait connaître les résultats de l'opération exécutée par M. Devérin en vue de la consolidation de la 3e travée. Il résulte des sondages pratiqués dans le mur à différentes hauteurs que la construction est homogène, que les contreforts lui donnent une résistance suffisante, que leur redressement fait disparaître en partie le surplomb du mur, enfin que la paroi intermédiaire et l'ancienne fenêtre ont pu être entièrement conservées.

M. le rapporteur conclut, en conséquence, à la continuation de la restauration suivant ce premier essai. Le devis de l'architecte remanié suivant ces nouvelles données s'élève à 97 719 Francs 80.

M. [Jean-Juste] Lisch en propose l'approbation avec allocation de 60 000 Francs sur le budget des Beaux-arts, à répartir sur deux exercices.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église de Fenioux (Charente-Inférieure)

Conformément aux conclusions de 80/15/013/332 M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 15 000 Francs, dressé par M. l'architecte Ballu en vue de l'achèvement des travaux de restauration du clocher et d'allouer sur le crédit une somme de 7 000 Francs à la charge par la Fabrique de pourvoir au complément des ressources nécessaires.

Église d'Aulnay (Charente-Inférieure)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'allouer 2 000 Francs à titre conditionnel sur les 5 976 Francs 69, auxquels est évaluée la dépense des travaux projetés.

Adopté.

Église de Talmont (Charente-Inférieure)

M. l'Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées dont le service doit pourvoir à la consolidation des falaises sur lesquelles s'élève l'édifice ayant proposé de limiter quant à présent les travaux au remplissage des excavations, M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, est d'avis d'accepter cette proposition et d'allouer conditionnellement 1 500 Francs pour les travaux de réparations urgentes de l'église évalués par l'architecte à 2 994 Francs 52.

Adopté.

Église de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire)

Sur le rapport de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission est d'avis d'approuver un devis de 20 947 Francs 33, établi par M. Devérin, et d'allouer conditionnellement 10 000 Francs sur le crédit pour la consolidation de la charpente et la réfection de la toiture de cet édifice.

Église de Saint-Émilion (Gironde)

La Municipalité a fait établir par l'architecte du département un devis de restauration du clocher de l'église collégiale récemment frappé par la foudre, et voté 15 000 Francs pour cette réparation.

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, fait connaître que ce devis comprend non seulement la restauration de la flèche, mais celle de la tour dans son entier, et divers travaux qui ne sauraient être considérés 80/15/013/333 comme urgents, et dont quelques uns même auraient pour effet de modifier les dispositions actuelles de l'édifice. L'ensemble de la dépense s'élèverait à 30 000 Francs. Il conclut à ce que l'architecte soit invité à restreindre son devis aux travaux intéressant la conservation du monument et pour l'exécution desquels doivent suffire les 15 000 Francs votés par la Municipalité.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Église Notre-Dame-du-Bon-Secours à Guingamp (Côtes-du-Nord)

Sur la proposition de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, la Commission est d'avis d'inviter M. Albert Ballu à visiter d'urgence l'édifice dont la flèche lézardée inspire de sérieuses inquiétudes et à déterminer les mesures à prendre pour éviter tout accident.

Crypte Saint-Léger à Saint-Maixent (Deux-Sèvres)

La Fabrique avait projeté de construire au lieu et place de la chapelle supérieure de la crypte, une salle de catéchisme qui eût eu pour effet de protéger cette crypte ; mais, faute de ressources, elle a dû abandonner son projet. Cependant, la chapelle est en ruines et il y a lieu d'aviser : M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, propose d'inviter M. Devérin à dresser un projet consistant dans le déblaiement des ruines de la chapelle, l'établissement des escaliers permettant l'accès de la crypte, enfin la construction d'un abri protecteur, et dans le cas où la Fabrique reprendrait son projet de salle de catéchisme, M. l'Inspecteur général proposerait l'allocation, à titre de subvention, d'une somme égale à celle prévue pour la simple construction d'un abri.

La Commission est d'avis de faire faire une étude d'abri par M. Devérin.

Palais de justice de Rouen (Seine-Inférieure)

M. l'architecte Lefort ayant complété par la production de plans et de photographies son projet de restauration, la Commission est d'avis, conformément aux propositions de M. Selmersheim, de l'approuver et 80/15/013/334 d'allouer une somme de 42 000 Francs égale au tiers de la dépense relative à la restauration proprement dite. L'allocation serait appliquée aux travaux du 1er devis jusqu'à concurrence de 28 000 Francs et de 14 000 Francs pour le second.

M. Sauvageot place sous les yeux de la Commission un dessin de la décoration peinte du Gros-Horloge de Rouen. Il estime qu'il y a très grand intérêt à la refaire, avant que les dernières traces en soient disparues, et il propose de charger de ce travail M. Lameire. La nécessité de ce travail étant contestée, la Commission décide qu'il y aura lieu de se rendre sur place avant de prendre une décision.

Cette visite est fixée au 1er novembre.

Mission Letaille en Algérie

M. Thomson expose l'état de la question de l'affaire Letaille et fait connaître que les caisses contenant les objets sont encore à Philippeville.

M. le président lui donne l'assurance qu'il va être donné sans retard une solution à cette affaire.

La séance est levée. 80/15/013/335
13 novembre 1891 [Vendredi]
Rouen (Seine-Inférieure)
Etaient présents : MM. Émile [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Louis Gonse, Lameire, [Jean-Juste] Lisch, Henry Maret, Sauvageot, Selmersheim.
Gros-Horloge à Rouen (Seine-Inférieure)

La Commission s'est d'abord rendue au Gros-Horloge.

La principale question soumise à son examen était celle de la restauration des peintures de la roue du zodiaque qui formait la partie la plus richement ornée de chacun des deux cadrans.

M. Sauvageot expose que le mécanisme, aujourd'hui disparu, qui actionnait ces deux roues, ayant cessé de fonctionner depuis le XVIIe siècle, l'un des segments de chacune d'elles s'est trouvé arrêté, depuis cette époque, au droit de l'ajout ménagé à la base du cadran et, par suite, a particulièrement eu à souffrir des intempéries. Mais l'arrêt ne s'étant pas produit sur le même point pour les deux roues, il sera facile de reconstituer les deux séries du zodiaque, puisque, les sujets des deux faces étant semblables, les parties manquant à l'une d'elles sont conservées sur l'autre.

La Commission se rend compte de l'état des peintures : les pilastres séparatifs de chaque sujet sont dorés, les chars dorés en plein et rechampis de nielles par dessus la dorure, 80/15/013/336 les personnages et les costumes sont recouverts de tons vifs et variés avec rehauts de parties dorées, la coloration des fonds change avec chaque sujet, un cerné noir sertit énergiquement chaque figure et vient, avec les modelés peints, accentuer le caractère décoratif des sujets en relief, en les rendant aussi plus lisibles à distance.

La Commission constate que les restes de peinture sont assez nombreux pour que, dans la restauration il n'y ait matière à aucune interprétation, elle reconnaît, d'autre part, que les couleurs s'écaillent et qu'il n'est pas possible, sans craindre leur destruction à bref délai, de les laisser dans leur état actuel. Elle est en conséquence d'avis de donner suite au projet de restauration de ces peintures présenté par M. Sauvageot, dont l'exécution serait confiée à M. Lameire.

Les divers sujets qui constituent chacune des roues sont en plomb repoussé et ciselé, ils seront rapportés sur un fond en fer blanc analogue à l'ancien, en remplacement des parties endommagées de celui-ci.

Les cadrans et leur entourage reprendront également leurs colorations primitives dont les traces subsistent encore : les cadrans étaient d'azur avec chiffres dorés, les nuages d'un blanc grisâtre semé d'étoiles d'or, les fonds des frises et des pilastres d'un ton vert, sauf les disques et moutons se détachant sur du vermillon ; les moulures de l'entablement, les ornements et feuillages étaient dorés.

Au-dessus de l'arcade en pierre, les deux faces du monument sont construites en pans de bois revêtus d'une décoration en plâtre. Sur la face à l'est, regardant la cathédrale, M. Sauvageot a conservé à leur place les deux pilastres anciens, presque entiers, de l'attique, et aussi, à titre de témoin, une 80/15/013/337 portion de l'enduit uni primitif, dont le parti décoratif consiste en un simple tracé d'appareil. Sur cette même face à l'étage principal, dont l'entablement complet existe à la gauche du cadran, il a été retrouvé une partie de pilastre sculpté en plâtre, venant compléter les éléments de l'ordonnance de cet étage.

Des traces de coloration unie ont été relevées sur ces diverses parties anciennes de la décoration en plâtre.

M. Sauvageot montre, dans l'agence des travaux, les dessins, grandeur d'exécution qu'il a préparés pour compléter le pilastre de l'étage principal, et pour rétablir la crête et les épis en plomberie surmontés du soleil et de la lune qui, jusqu'en 1819, époque de leur destruction, garnissaient le sommet du comble recouvrant le monument. La disposition générale de cette grande crête est fournie par une gravure de l'ouvrage de Millin.

La Commission approuve ces différents projets, elle rend hommage à la discrétion apportée par M. Sauvageot dans la restauration des parties déjà reprises et elle est d'avis de poursuivre en ce sens le travail commencé, conformément au projet général qu'elle a précédemment adopté.

Palais de Justice de Rouen (Seine-Inférieure)

A deux heures de l'après midi, la Commission s'est en outre transportée au Palais de Justice. Sous la conduite de M. l'architecte Lefort, elle a examiné l'état des toitures, lucarnes, gables, pinacles, etc…, des bâtiments classés comme Monuments historiques. Elle a reconnu l'intérêt qu'il y avait à profiter des travaux indispensables qui vont s'exécuter dans les combles de l'édifice 80/15/013/338 pour rétablir certaines parties disparues de la décoration mais elle a été d'avis de ne procéder à ce travail que dans les limites du strict nécessaire.

Enfin, après avoir constaté en passant le bon résultat obtenu par la restauration du monument de La Ferté, récemment opérée sous la direction de M. Sauvageot, la Commission s'est ensuite rendue à

Hôtel du Bourgthéroulde de Rouen (Seine-Inférieure)

M. Sauvageot a mis sous ses yeux un projet dressé par M. Gosselin en vue de la restauration de la façade extérieure de ce monument. Le Comptoir d'Escompte de Rouen, qui en est propriétaire, a réclamé dans les délais voulus contre le classement, et il refuse de l'accepter aujourd'hui même en retour d'une subvention de l'État. Il se montre toutefois disposé à accueillir les conseils que voudra bien lui donner la Commission.

Après examen des dessins du projet de M. Gosselin, la Commission a reconnu que les dispositions de celui ci ne tiennent pas suffisamment compte des indications des dispositions anciennes, encore visibles sur le monument ou fournies par divers documents graphiques, certains concernant l'édifice, indications que M. Sauvageot a résumées dans un autre projet de restauration de la façade extérieure, mis sous les yeux de la Commission.

En exprimant le regret de voir l'Hôtel du Bourgthéroulde échapper au classement, la Commission, ne pouvant faire plus, a été d'avis qu'il y avait lieu de conseiller les propriétaires de cet édifice dans le sens du rétablissement des dispositions 80/15/013/339 anciennes figurées sur le projet dressé par M. Sauvageot, lequel, lors de l'exécution, serait invité à leur fournir les détails utiles à sa réalisation. 80/15/013/340

4 décembre 1891
Présidence de M. Henry Roujon, directeur des Beaux-arts. Sont présents MM. Antonin Proust, vice-président, MM. Bardoux, de Baudot, [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald, de Caix de Saint-Aymour, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, [Jean-Camille] Formigé, Geoffroy-Dechaume, Gonse, Kaempfen, Lameire, de Lasteyrie, [Jean-Juste] Lisch, de Mortillet, Sauvageot, Selmersheim.
Excuse du directeur pour son absence

M. le directeur prend la parole. Il exprime le regret de ne pas avoir assisté à la dernière séance en raison de la maladie dont il a été atteint au début de ses fonctions. Il s'empresse de déclarer qu'il a été élevé dans le respect et l'admiration des continuateurs de l'oeuvre d'architectes tels que Viollet-le-Duc et Lassus, d'archéologues tels que Mérimée et Quicherat. Il se félicite de pouvoir s'associer à l'oeuvre de la Commission, mais, prévoyant qu'il sera trop souvent empêché d'assister aux séances, il s'applaudit en songeant qu'alors elle aura pour diriger ses travaux l'homme éminent dont il est heureux de louer l'énergie, le dévouement, le tact, certain d'être envers lui l'interprète des sentiments de la Commission.

M. Antonin Proust remercie M. le directeur des sentiments qu'il vient d'exprimer à son égard en même temps que du témoignage qu'il a rendu à l'oeuvre de la Commission des Monuments historiques .

Le procès-verbal de la séance du 6 novembre 1891 est lu et adopté.
Lecture est également donnée du procès-verbal de la visite de la Commission 80/15/013/341 à Rouen, qui est adopté sous la réserve de l'observation suivante :
Gros-Horloge à Rouen, travaux exécutés par les membres de la Commission

M. Lameire y est désigné comme devant être chargé du travail de décoration peinte du Gros-Horloge.

M. le directeur fait observer qu'il y aurait inconvénient à ce qu'un travail fût confié à un membre de la Commission, au lendemain même de la discussion du budget et après les questions de principe qui y ont été soulevées.

M. [Jean-Camille] Formigé croit devoir relever une confusion qui semble s'être établie dans cette discussion entre les Inspecteurs généraux et les architectes membres de la Commission. Il définit leur rôle respectif et indique que la réforme proposée aurait pour résultat l'annulation complète de ces derniers. Il ne saurait cependant être question de cumul de leur part, non plus que d'engagement pris par eux, en entrant dans la Commission, de ne plus exécuter de travaux.

M. Antonin Proust est d'avis qu'il n'y a pas d'assimilation à établir entre la Commission des Monuments historiques et les comités des Bâtiments civils ou des édifices diocésains ; mais, ce qu'il regarde comme admis par le ministre, c'est qu'à l'avenir les architectes membres de la Commission ne pourront pas être chargés de nouveaux travaux.

M. de Lasteyrie considère que le service se trouvera par suite privé de ses meilleurs architectes.

M. Antonin Proust reconnaît la justesse de l'objection ; aussi a-t-il songé à atténuer cet effet en poursuivant l'organisation du recrutement des architectes par le moyen de l'enseignement à l'école des Beaux-arts.

M. Selmersheim fait observer qu'il faut de longues années pour préparer des élèves capables de diriger des travaux.

M. [Jean-Juste] Lisch considère que l'incompatibilité 80/15/013/342 était admise en ce qui concerne les inspecteurs généraux, mais il ne croit pas qu'elle doive s'étendre aux architectes membres de la Commission.

M. de Baudot le croit également et fait ressortir les raisons de rester dans le statu quo. Il se félicite d'ailleurs que l'occasion ait été saisie par M. Antonin Proust de demander la création d'une chaire à l'École des Beaux-arts, mais cette chaire ne formera pas des constructeurs : ceux ci ne se formeront que sur des chantiers.

M. Antonin Proust donne lecture des parties de la discussion parlementaire relatives à la question : il lui semble résulter de l'esprit, sinon des termes mêmes, du discours du ministre qu'il y a assimilation des membres de la Commission aux Inspecteurs généraux.

M. le directeur observe qu'il sera facile de le savoir du ministre lui-même et il invite la Commission à faire de ses observations l'objet d'un voeu qui serait présenté à M. le ministre dans la séance qu'il se propose de présider. Revenant au point de départ, il engage la Commission à ne pas insister sur une proposition de personne à laquelle on pourrait, dans la présente occasion, attribuer un caractère qui n'est pas dans l'esprit de la Commission.

Église Saint-Maclou à Rouen (Seine-Inférieure)

M. Darcel fait une observation au sujet des portes de l'église Saint-Maclou de Rouen, dont les grilles de protection devront être rétablies.

Travaux dans des édifices classés sans autorisation de la Commission

M. Antonin Proust soulève une question relative aux effets du classement. La Chambre s'étonne que la Commission laisse exécuter des travaux dans certains monuments classés sans avoir examiné les projets. Il rappelle qu'aux termes de la loi de 1887 elle a le droit et le devoir d'intervenir. Il estime qu'il y aurait 80/15/013/343 lieu pour elle de soumettre au ministre un voeu tendant à ce qu'il s'établisse entre lui et son collègue des Travaux publics un accord pour qu'à l'avenir la Commission soit consultée sur la valeur des projets relatifs à la conservation des Palais nationaux.

L'ordre du jour appelle l'examen des affaires suivantes :
Église de Faverney (Haute-Saône)

L'administration a été saisie d'un projet de couronnement du clocher dont la dépense serait entièrement à la charge de Madame la comtesse de Poinctes.

M. Selmersheim fait connaître que s'étant rendu sur place pour examiner l'opportunité de ce projet, il s'est trouvé en présence d'une autre entreprise en cours d'exécution, consistant dans le remaniement complet de l'intérieur du choeur.

M. l'Inspecteur général fit suspendre ces travaux, qui n'étaient pas autorisés, et s'étant assuré de l'impossibilité de restituer au choeur son aspect primitif que l'on prétendait lui rendre, il propose d'exiger de la Fabrique la remise du choeur dans l'état où il était avant les travaux et le rétablissement de sa décoration en marbre telle qu'elle se comportait à cette époque.

En ce qui concerne le projet de couronnement, M. Selmersheim est d'avis qu'il n'y a pas lieu de l'approuver parce que cette conception prétentieuse inspirée des formes du XIIe siècle paraîtrait un anachronisme sur une tour du XIVe ; parce qu'il est douteux que les piles du collatéral devant servir de points d'appui à la construction soient assez fortes pour supporter l'excédent de charge, enfin, parce que les couronnements actuels des clochers de Faverney forment un ensemble bien en rapport avec les constructions inférieures et que les charpentes et les maçonneries en sont en bon 80/15/013/344 état de conservation.

Les conclusions du rapport sont adoptées.

Église de l'abbaye de La Trinité à Fécamp (Seine-Inférieure)

M. Selmersheim, rapporteur, propose l'approbation d'un projet de grilles en fer forgé à établir dans les entre-colonnements du choeur, mais il insiste pour qu'il ne soit donné suite à ce travail de luxe que lorsque la Fabrique aura fait aux toitures des réparations dont il a constaté l'urgence.

La Commission adopte cette manière de voir, mais elle est d'avis, en ce qui concerne le projet de grilles, d'inviter l'architecte à s'inspirer pour sa composition du style du XVIIIe siècle dans lequel est conçu l'ensemble décoratif du choeur et à adopter les formes de cette époque de préférence aux formes modernes qui constituent le projet présenté.

Église de Taverny (Seine-et-Oise)

L'administration a reçu deux réclamations formulées par M. le curé et par le conseil de Fabrique, relatives aux travaux exécutés au transept nord. La première tend à établir que les ressources votées pour la restauration complète ont été absorbées par une partie seulement ; la seconde signale une série de malfaçons et en demande l'examen contradictoire par l'administration et la Fabrique et, au cas où elles seraient démontrées, la révocation de l'architecte et le retrait des travaux à l'entrepreneur.

M. Selmersheim, s'étant rendu sur place, a cru pouvoir constater, autant qu'il était possible de le faire sans recourir à des sondages coûteux, que la restauration était conforme aux dispositions générales du projet approuvé ; mais il a constaté, d'autre part, que l'architecte avait plutôt reconstruit que restauré, qu'il n'avait en cela pas fait oeuvre sérieuse de 80/15/013/345 restauration, et qu'il méritait de ce chef un blâme sévère. Il propose toutefois d'écarter la demande d'expertise et de s'en remettre à M. le contrôleur des Monuments historiques pour établir les faits lorsqu'il vérifiera les comptes que l'architecte aurait dû produire avant de faire des propositions nouvelles.

Ces propositions, M. l'Inspecteur général est d'avis de les écarter pour les motifs à déduire des faits énoncés au-dessus et en raison de la déclaration de la Fabrique qu'elle ne voterait aucun subside tant que M. Simil dirigerait la restauration. Il conclut à l'arrêt des travaux en attendant le résultat du contrôle.

La Commission adopte les conclusions du rapport.

Palais Granvelle à Besançon (Doubs)

La Commission consultée au sujet d'un accord à intervenir entre la Ville et la Caisse d'épargne en vue de la construction par celle ci d'une aile neuve au Palais Granvelle, estime, avec son rapporteur M. Selmersheim, qu'il serait désirable que le Palais Granvelle fût affecté au service d'un musée dont l'aile projetée pourrait être utilisée pour l'installation des peintures, et propose de participer aux frais de restauration de la partie ancienne du Palais, à cette condition. Elle rappelle en outre la nécessité de soumettre le projet à l'approbation du ministre.

Ancienne chapelle du Couvent des Carmélites à Saint-Denis (Seine)

La Fabrique de l'église paroissiale de Saint-Denis sollicite le classement de ce petit édifice aujourd'hui chapelle de secours, dont la Municipalité demande la désaffectation, en vue de sa transformation soit en justice de paix, soit en bibliothèque, soit en musée.

M. Selmersheim est d'avis que, ce monument étant un type très complet et intéressant 80/15/013/346 de l'architecture de la fin du XVIIIe siècle, qui ne nécessitera d'ailleurs aucune dépense, il y a lieu de donner satisfaction à la demande de la Fabrique, en vue de le conserver dans son intégrité.

Adopté.

Église de Graville-Sainte-Honorine (Seine-Inférieure)

Conformément aux conclusions de M. Selmersheim, rapporteur, la Commission est d'avis d'allouer conditionnellement 1 500 Francs pour aider la Fabrique dans le paiement de la dépense de travaux de reprises et d'assainissement dont le devis dressé par l'architecte de l'arrondissement s'élève à 7 291 Francs.

Église Notre-Dame à Dijon (Côte-d'Or)

Projet de buffet d'orgues présenté par la Fabrique.

M. Selmersheim, rapporteur, rappelle qu'autrefois le grand orgue occupait le vaste espace de la tribune existant au-dessus du porche ouest, qu'il a dû être démonté lors des travaux de restauration et que l'avis de la Commission a été que les dispositions originales de cette tribune ne devraient jamais être masquées.

L'architecte a en conséquence projeté de placer le buffet en avant de la tribune, en réduisant les dimensions de l'instrument et de la disposer contre la paroi intérieure de la porte d'entrée, sa plate forme garnie d'un garde-corps devant se trouver au niveau de la partie inférieure de la tribune.

M. Selmersheim propose d'approuver le projet traité dans le style du XIIIe siècle, d'une manière convenable.

M. Dreyfus trouve les sculptures exagérées et craint leur mauvaise exécution. Il se demande si l'on ne pourrait pas s'opposer à l'établissement d'un orgue dans une église aussi intéressante que Notre-Dame. 80/15/013/347

M. de Baudot est d'avis que l'on veille à ce que le voisinage du buffet ne nuise pas à l'édifice. Il propose que l'on demande à l'architecte une combinaison autre que celle qu'il a proposée et que l'on rejette tout projet qui aurait pour effet de dénaturer le monument.

Cette proposition est adoptée.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

Sur la proposition de M. Selmersheim, la Commission est d'avis d'approuver le nouveau projet de restauration de la chapelle sainte Blandine, rédigé suivant les indications données par elle dans la séance du 5 décembre 1890.

Église de Montmorency (Seine-et-Oise)

Projet de sacristie.

L'architecte propose de l'établir parallèlement à la face sud de la nef et de la mettre en communication avec l'église par un petit passage dont la couverture passerait sous les appuis des fenêtres et une porte existants dans le mur sud du bas-côté. La construction de cette sacristie aurait pour résultat de permettre la démolition de l'annexe de l'ancienne sacristie des chanoines qui masque une des fenêtres du chevet.

M. Selmersheim, rapporteur, propose l'adoption de ce projet.

Après des observations présentées par MM. [Émile] Boeswillwald, Paul Boeswillwald et de Lasteyrie, l'affaire est ajournée à la séance prochaine.

La séance est levée. 80/15/013/348
18 décembre 1891
Présidence de M. [Émile] Boeswillwald, puis de M. Antonin Proust. Sont présents : MM. de Baudot, Paul Boeswillwald, Courajod, Darcel, Darcy, Dreyfus, Gautier, Geoffroy-Dechaume, Gonse, [Jean-Camille] Formigé, Kaempfen, [Jean-Juste] Lisch, Lameire, Sauvageot, Selmersheim, Renaud.
Il est donné lecture du procès-verbal de la séance du 4 décembre 1891.
Église de Montmorency (Seine-et-Oise)

A propos de l'affaire de l'église de Montmorency, M. Selmersheim communique les observations qui lui ont été faites par M. Magne en faveur du maintien des pignons nécessaires pour obtenir un éclairage suffisant. M. Selmersheim conclut à l'approbation du projet.

M. [Jean-Juste] Lisch insiste pour la suppression des pignons et l'adoption de la forme des croupes dans lesquelles on peut aussi bien prendre jour par des lucarnes.

M. de Baudot est d'avis de s'en tenir à l'idée des croupes qui a été présentée en vue du dégagement du monument. Il y a là une amélioration et la Commission n'a pas à se préoccuper d'autre chose. Cette opinion est adoptée.

Communication de M. Courajod au sujet de l'ancienne :

Église Saint-Laurent à Rouen (Seine-Inférieure)

Propriété privée dont le clocher en particulier présente un véritable intérêt.

M. Courajod se demande s'il n'y aurait pas lieu de classer le monument afin d'échapper à des spéculations pouvant en entraîner la destruction.

M. Sauvageot fait connaître qu'il 80/15/013/349 a été question d'une proposition de la part du propriétaire de céder à la Ville l'édifice tout entier : la Ville démolirait l'église qui est moins intéressante en conservant la tour de sorte que la démolition de la première aurait pour résultat de sauver la seconde.

La Commission exprime un voeu tendant à engager le Conseil municipal à accepter la proposition dans ces termes de manière à assurer la conservation de la tour et des parties les plus intéressantes de l'édifice.

Le procès-verbal est adopté.

Catalogue du Musée de Cluny

M. Darcel entretient la Commission de la question du catalogue du Musée de Cluny. Il sera en mesure d'imprimer au printemps : la pierre, le marbre, le bronze et l'ivoire. Il en publierait deux éditions : l'une sommaire et l'autre plus développée. Il fait part des propositions de l'éditeur Delagrave qui adopterait le format in 8°, chaque volume ayant environ 400 pages, 150 avis dans le texte et 8 figures hors texte ; le prix du volume serait de 10 Francs.

Une souscription à 500 exemplaires, soit 15 000 Francs, à répartir entre plusieurs exercices, serait demandée aux deux administrations de l'Instruction publique et des Beaux-arts.

La Commission exprime un voeu favorable à la proposition de M. Darcel.

M. Darcel demande la nomination d'une commission qui serait chargée d'étudier et de définir la participation du Musée de Cluny dans l'attribution des fonds de la Caisse des Musées. Sont désignés pour en faire partie : MM. Darcel, Kaempfen, Courajod, Dreyfus, Gonse.

Ordre du jour

Rapport de M. [Jean-Juste] Lisch sur l' :

Église d'Auvillar (Tarn-et-Garonne)

Conformément aux conclusions du rapport 80/15/013/350 la Commission est d'avis d'approuver un devis de 7 141 Francs 14 dressé par M. Paul Gout en vue des travaux urgents et d'allouer conditionnellement 3 000 Francs sur le crédit pour cette entreprise.

Église de Penmarch (Finistère)

Pour réparer les désastres occasionnés par un ouragan du mois de novembre dernier qui a détruit plus d'un tiers de la toiture, M. Paul Gout a dû rédiger d'urgence un devis qui s'élève à 38 329 Francs 30.

La Commune et la Fabrique ayant voté 12 000 Francs pour cette dépense, la Commission, sur la proposition de M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, est d'avis d'accorder 13 000 Francs à titre conditionnel pour ces travaux dont le devis lui paraît susceptible d'être approuvé.

Église de Loctudy (Finistère)

Conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, la Commission propose l'allocation d'une somme de 450 Francs nécessaire pour assurer la liquidation de l'entreprise. Informée par l'architecte du projet du curé de faire exécuter le mobilier de l'église sans l'autorisation de l'administration des Beaux-arts, elle propose qu'une lettre soit écrite au préfet en vue de rappeler cette obligation au maire et au curé de Loctudy.

Tour Saint-Antoine à Loches (Indre-et-Loire)

M. [Jean-Juste] Lisch, rapporteur, fait ressortir l'intérêt qu'il y aurait à achever le plus tôt possible les travaux entrepris depuis plus de deux années à la tour, en procédant à la reconstruction du campanile ; il propose en conséquence de prendre à la charge du crédit la moitié du déficit de 4 000 Francs dont l'autre moitié resterait à la charge de la Ville.

Adopté.

Église de Beaulieu-lès-Loches (Indre-et-Loire)

Le préfet saisi par la 80/15/013/351 Municipalité d'un projet d'installation d'horloge dans le clocher de l'église, n'a pas cru devoir en autoriser l'exécution.

La Commission considérant qu'un cadran aurait pour effet de déshonorer la belle architecture de ce magnifique monument du XIIe siècle, est d'avis, conformément aux conclusions de M. [Jean-Juste] Lisch, d'interdire l'établissement de cette horloge dans le clocher et d'inviter la Commune à s'adresser à l'architecte du monument pour trouver un autre emplacement, soit dans un campanile spécial, soit sur le pignon de l'église.

Château de Cherveux (Deux-Sèvres)

Cette magnifique demeure des XIVe et XVe siècles, composée d'une entrée avec pont levis donnant accès dans une cour aux angles de laquelle s'élèvent des tours et un grand donjon d'une disposition originale, renfermant d'autre part à l'intérieur de curieux détails sculptés, paraît à M. [Jean-Juste] Lisch tout à fait digne du classement que le propriétaire serait très disposé à accepter.

La Commission adopte cet avis.

Classement divers en Charente

M. [Jean-Juste] Lisch propose également le classement du

Château de Sabbart (Deux-Sèvres)

Château de Dampierre-sur-Boutonne (Charente-Inférieure)

d'un puits et d'une Porte de Ville à Saint-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure)

Ces diverses propositions sont adoptées.

Église de Saint-Marcel-lès-Sauzet (Drôme)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait connaître que la situation de l'édifice nécessite des travaux urgents et que ces travaux ont été évalués par l'architecte à 9 137 Francs. 80/15/013/352

Conformément à ses conclusions, la Commission vote l'approbation du devis et l'allocation conditionnelle de 3 000 Francs sur le crédit.

Maison de Jeanne d'Arc à Domrémy (Vosges)

Chargé par M. le ministre d'étudier un projet de conservation de la Maison dite de Jeanne d'Arc et de son appropriation à un musée, M. [Émile] Boeswillwald expose la situation de l'affaire au point de vue des rapports entre l'administration des Beaux-arts et le Conseil général.

Cette assemblée, en acceptant l'offre faite par l'État de la création d'un musée des souvenirs se rapportant à Jeanne, et la transformation du grenier à cet effet, y met cette condition que l'on devra conserver au grenier son caractère ancien et en maintenir le plancher actuel avec l'escalier.

M. [Émile] Boeswillwald regarde comme nécessaire l'opération de la réfection du plancher et de l'escalier qu'il évalue à 963 Francs et estime d'autre part à 2 600 Francs la dépense des travaux de conservation des murs et des couvertures.

Il propose de prendre la première tout entière et la moitié de la seconde à la charge de l'administration.

Ces conclusions sont adoptées.

M. [Émile] Boeswillwald ayant en outre démontré que la Maison dite actuellement de Jeanne d'Arc ne consiste en réalité que dans les dépendances de la véritable, maison de Jeanne qui a été démolie, la Commission est d'avis de modifier en ce sens la désignation de ce monument historique sur la Liste de classement.

Église des Baux (Bouches-du-Rhône)

Conformément aux conclusions 80/15/013/353 de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis qu'il y a lieu d'approuver un devis de 3 902 Francs pour les réparations urgentes et d'allouer conditionnellement le tiers de la dépense, soit 1 300 Francs sur le crédit.

Cloître de l'ancienne abbaye de Saint-Jean-des-Vignes à Soissons (Aisne)

Un devis de 2 680 Francs a été rédigé par M. l'architecte Gout en vue de compléter les travaux de restauration du cloître par la canalisation des eaux pluviales, au moyen d'un caniveau pavé longeant le devant des contreforts et leurs intervalles et déversant les eaux dans l'ancien puisard.

Sur la proposition de M. [Émile] Boeswillwald, la Commission est d'avis d'approuver ce devis et d'allouer sur le crédit le montant de la dépense.

La séance est levée. 80/15/014/1