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28 mars 1862
Son Excellence Rouland], Monsieur le ministre, président. Présents : MM. Marchand, de Saulcy, de Guilhermy, Beulé, [Émile] Boeswillwald, Courmont, Duban, de Laborde, Labrouste, de Longpérier, de Nieuwerkerke, Questel, du Sommerard, Vaudoyer, Viollet-le-Duc. M. de Cardaillac, chef de la division des Bâtiments civils est admis à la séance.
Le procès-verbal de la dernière séance, dont il est donné lecture, est adopté sans observations.
Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)

Son Excellence Rouland] ouvre la séance et annonce à la Commission qu'elle l'a réunie spécialement à l'effet d'avoir son avis sur le parti qu'il convient d'adopter pour la restauration du château de Saint-Germain et son appropriation à l'installation d'un musée.

Deux projets sont en présence : l'un consiste dans la restauration du château pure et simple, tel qu'il existe aujourd'hui, l'autre comprend la suppression des quatre pavillons ajoutés sous Louis XIV et la restauration du château suivant le caractère qu'il avait à l'époque de François Ier.

Son Excellence ayant exprimé le désir d'entendre l'architecte auteur de ces projets, M. Millet est introduit. M. le ministre déclare que, si dans le choix proposé, la question financière est à prendre en considération, elle ne doit pas du moins influencer la Commission d'une façon déterminante.

M. Millet est invité à faire la lecture de son rapport.

Après cette lecture, Son Excellence Rouland] demande à la Commission si, d'après la connaissance qu'elle possède de la question, elle croit pouvoir procéder à la discussion.

M. Viollet-le-Duc, prenant la parole, est d'avis de juger immédiatement la question. Il regarde comme très fâcheuses les annexions faites au château de Saint-Germain au commencement du règne de Louis XIV ; selon lui, ces pavillons sont d'une mauvaise architecture, se trouvant en saillie, ils masquent par l'effet de la perspective la partie la plus intéressante du château ; ils tiennent dans l'ombre des façades et rendent complètement obscures les pièces situées aux extrémités. Cette obscurité qui avait des inconvénients lorsque l'on voulait habiter le château en aurait de bien plus grands lorsqu'il s'agirait d'en faire un musée. On se verrait alors dans la nécessité de conserver de grandes pièces sans pouvoir les utiliser. M. Viollet-le-Duc pense que l'entretien de ces pavillons serait énorme à cause de leur construction vicieuse et de leur mauvaise disposition qui est un obstacle à l'écoulement des eaux, ils n'ont, d'ailleurs, jamais été terminés et ne font pas corps avec la construction primitive. En les supprimant, on aurait économie quant à la restauration et quant à l'entretien ; l'appropriation projetée se ferait dans des conditions plus favorables, les différentes parties du château seraient, sans exception, propres à l'installation d'un musée, l'architecture de François Ier reprendrait sa véritable importance et l'on dégagerait l'une des plus jolies chapelles qui se puissent voir ; car, si ce n'étaient les constructions qui l'entourent de toutes parts et qui l'empêchent d'être aperçue, elle exciterait non moins d'admiration que la Sainte-Chapelle de Paris.

M. de Longpérier est d'un avis contraire : il verrait avec peine 80/15/009/150 qu'on détruisît ces pavillons qui sont, peut-être, le seul spécimen que nous possédions de l'architecture de Louis XIV. Il pense qu'il faut respecter une construction dès que son architecture porte le caractère d'une phase quelconque de l'art. C'est à ses yeux, un legs qu'il ne nous appartient pas de retirer de la succession qui reviendra aux générations suivantes. Il demande au moins que la Commission réfléchisse longuement avant de prendre une détermination sur laquelle il ne serait plus possible de revenir alors qu'on regretterait peut-être de l'avoir prise.

M. Duban prend la parole et déclare qu'il se rallierait à l'avis de M. de Longpérier si l'architecture de ces pavillons appartenait au style de Louis XIV ; mais comme ce n'est qu'une mauvaise imitation de celle du siècle précédent, il ne se fait aucun scrupule de demander leur suppression dont le résultat sera de rendre au château son véritable caractère. M. Duban fait observer à la Commission que, si l'on se représente cette résidence avant les annexes faites par Louis XIV, on la trouve admirablement située par rapport à tout ce qui l'environnait. On n'en peut dire autant de son état actuel : les pavillons ajoutés font qu'il n'existe plus entre le château et la ville, l'espace suffisant pour l'agrément des lieux. On est donc, à son avis, invinciblement amené à souhaiter une restauration qui rendrait à ce château sa forme originelle.

M. le comte de Laborde partage l'opinion de M. Duban et croit qu'il appartient à la Commission de rétablir le caractère propre des édifices, c'est d'ailleurs un principe qu'elle a suivi jusqu'alors et il semble que ce soit, moins que jamais, l'occasion de s'en écarter.

M. le ministre se place à deux points de vue différents pour envisager la question ; au point de vue de l'art, la restauration du château dans le caractère primitif lui paraît être préférable, mais ces constructions ajoutées par Louis XIV n'ont-elles pas au point de vue de l'histoire, un intérêt qui fait souhaiter leur conservation ?

M. Viollet-le-Duc pense que le véritable château de Saint-Germain n'est pas celui qui existe mais bien celui qui existait sous François Ier ; à cette époque le monument était complet, il est resté tel pendant un siècle et demi et les pavillons ajoutés n'ont servi qu'à le rendre inhabitable. Les considérations qui ont fait respecter à Fontainebleau toutes les parties du château, quelle que soit l'époque à laquelle elles appartenaient, ne pourraient être invoquées en cette circonstance, car autre chose est d'une construction qui, se transformant et s'augmentant successivement, garde dans chaque partie le caractère propre d'une époque, ou d'une construction qui est le fait d'une seule conception et que des adjonctions maladroites sont venues défigurer.

M. Beulé envisage la question au point de vue de l'archéologie, autant il serait d'avis de respecter un monument authentique de Louis XIV, autant il est prêt à condamner ce qui n'est qu'une contrefaçon d'un style d'architecture. Là où des additions fâcheuses sont venues altérer la pureté du style d'un édifice, l'archéologie ne peut intervenir contre le rétablissement de l'état primitif. M. Beulé croit donc être l'interprète des archéologues en demandant 80/15/009/151 la restauration du château suivant les dispositions qui datent de François Ier.

La discussion paraissant épuisée, M. le ministre annonce qu'il va recueillir les voix pour ou contre la suppression des pavillons.

La suppression est adoptée à l'unanimité moins une voix.

M. le comte de Laborde croit devoir insister pour que la discussion qui vient d'avoir lieu laisse complètement réservé l'examen par la Commission de celui des projets qui a prévalu.

Son Excellence Rouland] répond que son intention est de ne rien arrêter quant à l'exécution de ce projet sans prendre l'avis de la Commission.

Église de Boulogne (Seine)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, croit devoir saisir de nouveau la Commission de cette affaire. Le porche proposé par l'architecte pour l'agrandissement de l'église ne lui semble pas remplir suffisamment le but qu'on se propose. Il est d'avis de construire simplement une travée de plus et, si la dépense est un obstacle à ce projet, de fermer l'église sans la précéder d'un porche.

La Commission partage l'opinion du rapporteur, mais, comme l'agrandissement au moyen d'une travée doit occasionner un supplément de dépenses, elle est d'avis de laisser la Commune prendre l'initiative afin qu'on soit vis-à-vis d'elle dans la position de faire des conditions.

Ces conclusions sont adoptées.

Église d'Eu (Seine-Inférieure)

Dans l'état actuel de l'édifice, M. Viollet-le-Duc, rapporteur, pense que, dans l'intérêt de l'église comme dans l'intérêt du budget des Monuments historiques, il est sage de ne commencer la restauration que lorsque les ressources assurées s'élèveront à 300 000 Francs environ.

Son Excellence Rouland], ayant reçu du préfet l'avis qu'une somme de 100 000 Francs permettrait d'entreprendre une partie de la restauration, insiste pour tenir de ce fonctionnaire une explication sur la manière dont il compte employer cette somme de 100 000 Francs. M. le ministre déclare donc qu'il ajournera toute décision jusqu'à la production de ces renseignements qu'il croit nécessaires pour sauvegarder sa responsabilité.

Sainte-Chapelle d'Aigueperse (Puy-de-Dôme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

La Commune d'Aigueperse dispose d'une somme assez importante pour la restauration de son église et sollicite un secours sur le fonds des Monuments historiques.

Les ressources qu'elle a déjà réunies s'élevant à 52 000 Francs et suffisant presque à l'exécution des travaux les plus urgents, le rapporteur pense qu'il y a lieu d'autoriser la restauration, mais il n'est pas d'avis, en présence du peu d'intérêt que présente l'édifice et dans l'état actuel du budget des Monuments historiques, d'accorder un secours à la Commune.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Église de Magny-les-Hameaux (Seine-et-Oise)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, pense qu'il serait regrettable de ne pas accorder à la Commune de Magny le secours qu'elle demande pour la restauration 80/15/009/152 du carrelage de l'église, cette restauration devant avoir entre autres résultats celui de préserver de la ruine une vingtaine de pierres tombales conservant encore le souvenir des célèbres habitants de Port-Royal.

M. de Guilhermy reconnaît que ces tombes représentent toute l'histoire de Port-Royal et il attache le plus grand prix à leur conservation.

La Commission est unanime pour soutenir la même opinion et Son Excellence Rouland] déclare qu'elle met à la charge de son département la somme de 705 Francs qui est estimée nécessaire pour la conservation de ces tombes.

Hôtel de Pincé à Angers (Maine-et-Loire)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

La Ville d'Angers sollicite un secours de l'État pour la restauration de cet Hôtel qu'elle tient de la générosité de M. Bodinier. La restauration devant s'élever à 50 000 Francs, le rapporteur est d'avis que la Ville en demandant un secours de 27 000 Francs ne s'impose plus à elle-même des sacrifices en rapport avec les avantages qui lui sont faits.

M. Duban rappelle le désintéressement dont a fait preuve M. Bodinier et il pense qu'il serait fâcheux de laisser échapper cette occasion qui se présente à l'État d'ajouter encore à l'éclat de cet acte de générosité en s'y associant dans une certaine mesure.

La Commission partage cet avis.

Son Excellence Rouland] admet en principe la participation de l'État et se réserve de la régler ultérieurement.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

La Fabrique de l'église d'Ainay demande l'autorisation de reconstruire la chapelle de la Vierge élevée sur le bas-côté sud. La dépense est évaluée à la somme de 45 492 Francs et paraît couverte par des souscriptions recueillies dans la paroisse. Le rapporteur critique le projet présenté et ne conçoit pas que la rédaction n'en ait pas été confiée à M. Questel, architecte chargé par l'administration du ministère d'État de la restauration de l'église.

La Commission est unanime pour poser en principe qu'une direction unique doit être suivie pour la restauration d'un monument historique. En conséquence, elle est d'avis de rejeter le projet présenté et d'avertir la Fabrique que la rédaction ne peut en être confiée qu'à M. Questel.

Ces conclusions sont adoptées.

Lu et adopté dans la séance du 15 avril 1862. L'un des vice-présidents, conseiller d'État, secrétaire général du ministère d'État. 80/15/009/153

15 avril 1862
Monsieur le secrétaire général, président. Présents : MM. Mérimée, de Saulcy, Beulé, [Émile] Boeswillwald, Courmont, de Laborde, Labrouste, de Longpérier, Questel, Viollet-le-Duc. MM. du Sommerard et de Guilhermy, ne pouvant assister à la séance, font parvenir leurs excuses à la Commission.
Le procès-verbal de la dernière séance dont il est donné lecture est adopté sans observations.
Église d'Eu (Seine-Inférieure)

M. le secrétaire général ouvre la séance et saisit de nouveau la Commission de l'affaire de l'église d'Eu.

Il fait la lecture d'une lettre de M. le préfet en réponse à la demande de renseignements qui lui avait été faite conformément à la décision prise dans la séance précédente.

Après la lecture de cette lettre, M. Viollet-le-Duc, rapporteur de cette affaire, donne de nouvelles explications desquelles il ressort qu'une somme de 100 000 Francs permettrait en effet de commencer les travaux mais qu'il serait désastreux pour l'édifice de s'en tenir aux résultats obtenus au moyen de cette somme.

M. Mérimée pense que, si d'une part il importe de ne pas abandonner ce monument, il n'en est pas moins important pour la Commission de bien envisager l'entreprise dans laquelle on s'engagera en commençant une restauration de ce genre car la commencer c'est prendre l'engagement de la finir.

Pour la seule exécution des travaux de 1ère urgence, il faut compter sur une dépense de 300 000 Francs au moins. Dans la situation actuelle du crédit, l'administration fera d'énormes sacrifices si elle s'impose la moitié de cette somme en la répartissant sur 5 ou 6 exercices.

M. Mérimée pense donc que pour conduire à bien cette entreprise, il faut s'assurer dès le début le concours de la localité pour une somme de 150 000 Francs au moins. Cette solution lui paraît d'autant plus désirable que, vu l'état actuel de l'édifice, on peut d'un jour à l'autre se trouver sous la menace d'un désastre immédiat et alors être placé dans l'alternative de laisser une partie de l'église s'écrouler ou d'entreprendre la restauration au prix de sacrifices énormes et sans pouvoir espérer le concours de la localité qui, vraisemblablement, laisserait peser tout entière sur l'administration la responsabilité d'une telle situation.

La Commission, partageant absolument l'avis de M. Mérimée, M. le secrétaire général propose pour conclusion d'annoncer au préfet que l'administration est disposée à concourir à la restauration de l'église d'Eu pour une somme de 150 000 Francs à la condition que la localité s'imposera une somme au moins égale.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de La Grave (Hautes-Alpes)

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, n'accordant à cette église qu'un assez médiocre intérêt au point de vue de l'art, propose dans la situation actuelle du crédit des Monuments historiques de rejeter la demande de secours présenté par la Commune et d'engager cette dernière à solliciter du 80/15/009/154 ministre des Cultes un secours sur le crédit des édifices paroissiaux.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Église du Grand-Andely (Eure)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, condamne le projet proposé par M. Durand pour la reprise des piliers de la nef de cette église. On ne peut à son avis obtenir un résultat satisfaisant qu'en reprenant les piliers en plein et la somme prévue au devis pour cette opération lui paraît devoir être dépassée ; d'autre part il ne croit pas à l'efficacité du système d'étrésillonnement projeté ; enfin, il n'approuve pas la modification proposée par l'architecte pour la couverture de l'édifice et il préfère le mode ancien.

La Commission, partageant l'opinion du rapporteur, est d'avis de transmettre les observations du rapport à M. Durand et de l'inviter à produire un supplément de devis au travail graphique qu'il a déjà présenté. Toutefois comme les travaux à exécuter ne souffrent pas d'ajournement M. Durand devra préparer immédiatement les étrésillonnements afin de pouvoir prévenir tout accident.

Église de Saint-Florentin (Yonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

La restauration de l'église de Saint-Florentin, entreprise en dehors du concours des Monuments historiques, a coûté 203 000 Francs. La Commune a pris à sa charge cette énorme dépense, et solde environ 183 000 Francs. Il reste à pourvoir à un déficit de 20 000 Francs, pour y faire face, la Commune sollicite le concours de l'État.

Le rapporteur est d'avis d'avoir égard aux sacrifices tout exceptionnels que s'est imposée la Ville de Saint-Florentin et de ne pas voir une cause de fin de non-recevoir dans l'initiative prise en dehors des avis de la Commission, puisque c'est un des architectes attachés à cette Commission, M. Piéplu, qui a été chargé de la direction des travaux. M. Viollet-le-Duc pense donc qu'il y aurait lieu de promettre une allocation de 10 000 Francs à la condition que Son Excellence Rouland], M. le ministre des Cultes, donnerait les dix autres mille francs manquants, sur le crédit des édifices paroissiaux.

M. Mérimée propose de mettre d'autres conditions au concours de l'administration : l'édifice étant aujourd'hui consolidé et d'ailleurs n'ayant de valeur que par les vitraux qu'il renferme, il serait d'avis de réserver le secours pour la restauration des verrières, dût-on d'ailleurs se montrer plus généreux en cette occasion.

M. de Longpérier partage cette opinion et propose de présenter à la Ville la promesse d'un secours de 10 000 Francs pour la restauration des vitraux, à la condition que le déficit de 20 000 Francs serait comblé moitié par l'administration des Cultes, moitié par la Ville.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

M. Questel, rapporteur.

La restauration de l'Amphithéâtre de Nîmes, confiée à M. Révoil, est sur un point l'objet des critiques de M. Pelet, correspondant de la Commission des Monuments historiques. Ce dernier a fait insérer, dans le journal de la localité, une lettre qu'il adresse au préfet et dans laquelle il critique des reprises en maçonnerie exécutées dans la partie sud-ouest du mur du podium auprès de l'une des grandes entrées de l'arène. Le rapporteur, après l'examen des pièces produites par M. Révoil pour la justification des travaux exécutés sous ses ordres, n'hésite pas à donner raison à l'architecte.

La Commission demande la lecture de la lettre de M. Pelet et du rapport de M. Révoil. Après cette lecture, elle partage l'opinion du rapporteur, mais elle est d'avis de laisser tomber le débat en priant le préfet d'engager M. Pelet à transmettre directement ses observations à M. le ministre et à ne pas donner à ses divergences d'opinion avec l'architecte une publicité qui peut discréditer inutilement la direction des travaux.

Ces conclusions sont adoptées.

M. le secrétaire général s'étant retiré, M. Mérimée préside la séance.

Église de Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire)

M. [Émile] Boeswillwald, [rapporteur] architecte.

M. Verdier, chargé de la restauration de cette église, vient d'exécuter des travaux pour une somme de 32 000 Francs ; mais les prévisions de son devis ont été dépassées par suite de la nécessité où l'on s'est trouvé de refaire les voûtes du choeur sur une plus grande étendue qu'il n'avait été permis de le prévoir avant l'établissement des échafauds. En conséquence l'architecte présente un nouveau devis dont le montant est de 36 883 Francs. Les travaux d'urgence y figurent pour une somme de 20 727 Francs.

Le rapporteur propose d'en accorder la moitié soit 10 300 Francs sur les fonds du ministère d'État si la Ville et le ministre des Cultes consentent à faire le reste.

M. Courmont rappelle que la situation du crédit commande la plus grande parcimonie dans la répartition des secours. En conséquence il est d'avis de gagner du temps en promettant un secours conditionnel qui laisserait à la charge de la Ville la moitié de la dépense ; pendant ce temps l'architecte serait chargé d'étayer les parties qui menacent ruine.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Yrieix (Haute-Vienne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, critique vivement le projet préparé pour la restauration de Saint-Yrieix. Il regrette que ce travail n'ait pas été confié à M. Abadie qui connaît parfaitement les édifices de cette contrée et en a restauré plusieurs avec succès.

M. Mérimée propose d'informer la Ville que son projet n'est pas admissible et que l'Inspecteur général des Monuments historiques se rendra prochainement à Saint-Yrieix afin de faire un rapport sur l'édifice.

M. Viollet-le-Duc pense qu'il y aurait lieu d'inviter la Commune à procéder d'abord au dégagement de l'édifice afin de faciliter l'étude et la restauration. Pendant ce temps et sans préjudice de la visite de M. l'Inspecteur général, M. Abadie qui a des travaux de ce côté 80/15/009/157 pourrait être chargé d'étudier un projet de restauration et de dresser un devis sommaire.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

28 avril 1862
M. de Nieuwerkerke, président. Présents à la séance : MM. Beulé, [Émile] Boeswillwald, Courmont, de Guilhermy, de Laborde, de Longpérier, Questel et Viollet-le-Duc.
Lecture est donnée du procès-verbal de la dernière séance.
Amphithéâtre de Nîmes (Gard)

M. Questel observe qu'il n'y est pas rappelé l'une des conclusions adoptées par la Commission au sujet de l'Amphithéâtre de Nîmes, conclusions se traduisant par la proposition faite à Son Excellence Rouland], M. le ministre, d'envoyer à Nîmes M. l'Inspecteur général afin de tenir de lui des renseignements suffisants pour juger les contestations survenues à propos de la restauration exécutée par M. Révoil.

La Commission décide qu'une rectification dans le sens de cette observation sera faite au procès-verbal qui est adopté.

Église Saint-Anatoile de Salins-les-Bains (Jura)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait remarquer que le projet présenté aujourd'hui pour la restauration de cet édifice reproduit presque exactement les propositions déjà présentées en 1858 et qui furent rejetées à cette époque par la Commission. Cependant, en raison de l'intérêt que présente l'église, il est difficile que l'administration ne vienne pas en aide à la Ville qui a voté pour cette entreprise une somme de 30 000 Francs. Dans la situation le rapporteur propose de confier à un architecte attaché à la Commission des Monuments historiques l'étude d'un projet de restauration.

La Commission tout en adoptant cette proposition est d'avis que ce soit 80/15/009/157 la Commune elle-même qui charge de ce travail un architecte qu'on lui désignera.

Église d'Autheuil (Orne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, regarde l'église d'Autheuil comme un édifice intéressant et qui mérite d'être classé parmi les Monuments historiques. Le style de son architecture, intermédiaire entre le style normand et le style manceau, présente un des rares exemples de l'art à cette époque dans cette partie de la France.

Le ministre des Cultes ayant promis de participer à la restauration pour une somme de 5 000 Francs, M. Viollet-le-Duc propose d'accorder un secours de 2 000 Francs sur les fonds des Monuments historiques afin que les travaux les plus urgents puissent être exécutés.

La Commission adopte en principe les conclusions proposées, mais sans déterminer l'exercice sur lequel on imputera l'allocation.

Église de Nouaillé (Vienne)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, fait la lecture de son rapport. L'édifice est à son avis d'un grand intérêt, il fait partie d'une réunion de constructions très curieuses qui formaient autrefois l'abbaye de Nouaillé. La situation est très alarmante et les travaux d'extrême urgence seulement sont estimés à 29 000 Francs.

La Commune ne possédant aucune ressource, le rapporteur propose de lui accorder une somme de 10 000 Francs en un ou deux exercices et de l'inviter à réclamer du ministre des Cultes un secours suffisant pour compléter les ressources nécessaires à l'exécution des travaux de consolidation projetés.

M. Courmont, qui a visité l'édifice, pense qu'il serait urgent d'allouer dès à présent les fonds nécessaires à la restauration de la noue dont l'état lui a paru fort inquiétant.

La Commission adopte les conclusions de M. [Émile] Boeswillwald en y joignant la proposition de M. Courmont.

Église de Layrac (Lot-et-Garonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Cette église ne présentant qu'un très médiocre intérêt au point de vue de l'art, le rapporteur propose d'en laisser la restauration à la charge de la Commune et du ministère des Cultes.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle du cimetière de Bléré (Indre-et-Loire)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, propose le classement de cet édifice parmi les Monuments historiques. Cette chapelle est dans un tel état de ruine que sa restauration équivaudrait presque à une reconstruction. Si la Commune ne croit pas devoir s'engager dans une pareille entreprise, le rapporteur pense que l'édifice est assez intéressant pour qu'un architecte soit chargé d'en relever exactement les plans, coupes et élévations, et que l'on prenne quelques précautions afin de le conserver au moins à l'état de ruine et en arrêter la destruction complète.

M. de Laborde est d'avis d'insister auprès de la Commune pour qu'elle prenne à sa charge la restauration. Il propose en même temps de recommander à l'architecte qui pourrait 80/15/009/158 être chargé de relever l'édifice, de faire ce travail en prévision d'une restauration.

Ces propositions sont adoptées par la Commission.

Porte de Carrouge à Autun (Saône-et-Loire)

Il ne paraît pas au rapporteur, M. Viollet-le-Duc, que la Porte dite du Carrouge, soit un édifice d'une importance telle au point de vue de l'art qu'il y ait lieu de s'opposer à sa démolition qui est vivement souhaitée par la Ville dans un but d'utilité publique.

M. de Guilhermy est d'avis d'éviter que l'administration paraisse autoriser officiellement cette démolition.

M. Courmont ajoute qu'il est facile de ne point se mettre en cause puisque l'édifice n'est pas classé parmi les Monuments historiques.

La Commission décide que l'administration n'interviendra pas dans cette affaire puisqu'il s'agit d'un monument non classé.

Cloître Saint-Trophime d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Questel, rapporteur, est d'avis d'autoriser les travaux proposés par M. Révoil, mais il regarde comme irrégulière une clause insérée à la fin du devis de cet architecte et portant que l'entrepreneur serait payé de son travail par l'abandon qu'on lui ferait des vieux matériaux.

M. de Laborde est d'avis que la Ville doit rester libre de donner à ses engagements vis-à-vis de l'entrepreneur la forme qui lui convient si les travaux s'exécutent sans le concours de l'administration.

La Commission partage cette opinion. Elle autorise les travaux proposés mais la situation du crédit ne lui paraît pas devoir permettre d'y prendre part.

Abbaye de Montmajour à Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Questel, rapporteur.

M. Révoil présente un devis s'élevant à 4 221 Francs 18 et dont tous les articles ont aux yeux du rapporteur un caractère d'utilité parfaitement justifié.

La Commission approuve les travaux compris dans le devis, mais la situation du crédit des Monuments historiques lui paraît encore mettre obstacle au concours de l'administration.

Théâtre antique d'Arles (Bouches-du-Rhône)

Suivant l'avis du rapporteur, M. Questel, il s'agit de poursuivre les travaux antérieurement approuvés et dont l'exécution paraît devoir être autorisée puisque la Ville a satisfait de son côté aux engagements qu'elle a pris d'acquérir les immeubles situés sur l'emplacement du théâtre. La dernière acquisition s'élevant à 25 900 Francs permettra de déblayer une nouvelle partie du monument et la dépense évaluée nécessaire, tant pour la restauration des piliers que pour la clôture des nouveaux portiques au moyen de grilles semblables à celle placée dans les arcades restaurées, est de 24 916 Francs 63.

La Commission propose d'allouer cette somme sur le fonds des Monuments historiques. 80/15/009/159

Amphithéâtre d'Arles (Bouches-du-Rhône)

M. Questel, rapporteur, est d'avis d'autoriser les travaux proposés par M. Révoil et qui paraissent tous utiles à la conservation du monument. La Ville prend à sa charge la dépense que ces travaux occasionneront.

La Commission se montre favorable au projet et donne l'autorisation demandée.

Ancienne cathédrale de Bazas (Gironde)

Cet édifice menace ruine sur plusieurs points et réclame de promptes réparations. La Ville de Bazas soumet à l'examen de la Commission un devis des travaux s'élevant à 89 600 Francs environ.

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, réduit à 43 840 Francs l'estimation de la dépense des travaux urgents. La Ville et le département réunissant ensemble une somme de 20 000 Francs, il propose d'accorder sur un ou deux exercices une somme de 10 000 Francs sous la condition que l'administration des Cultes fournisse de son côté une somme égale et que les 40 000 Francs ainsi assurés soient exclusivement employés aux travaux énoncés dans l'article 2 du devis.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Église de La Trinité à Fécamp (Seine-Inférieure)

M. [Émile] Boeswillwald, architecte, rapporteur.

Sur une somme de 25 000 Francs estimée nécessaire pour la restauration de cet édifice, la Ville offre 5 000 Francs et l'administration des Cultes 8 333 Francs. Il reste à pourvoir à un déficit de 11 000 Francs, somme que l'on demande à Son Excellence Rouland] M. le ministre d'État.

Le rapporteur est d'avis que les travaux compris dans le devis ne sont pas tous d'une urgence bien constatée. La Ville ne s'impose pas d'ailleurs des sacrifices suffisamment en rapport avec l'importance de la dépense. En conséquence, il propose de laisser à sa charge la somme à laquelle il reste à pourvoir pour compléter le devis.

M. de Laborde représente à la Commission que l'église de Fécamp est masquée d'une façon déplorable par des constructions particulières et que ce serait peut-être le cas de promettre un secours en y mettant pour condition le dégagement de l'édifice.

M. Courmont observe que les sacrifices à faire seraient d'une telle importance qu'il ne faut pas songer à l'obtenir de la Ville.

La Commission revient aux conclusions du rapporteur et les adopte.

Église d'Uzeste (Gironde)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, regarde cet édifice comme presque dépourvu d'intérêt, à l'intérieur il a perdu son caractère architectural par suite de la construction de 4 piliers énormes, ridicules de forme, élevés pour renforcer 4 piliers de la disposition primitive.

M. [Émile] Boeswillwald pense que sur les ressources très restreintes de son crédit l'administration ne doit pas intervenir en cette circonstance. D'autant plus que de l'avis même de la Commission des Monuments historiques de la Gironde, il n'existe pas de traces alarmantes de dislocation 80/15/009/160 tant à l'intérieur qu'à l'extérieur et les travaux à exécuter sont des travaux de simple réparation et d'entretien. Les conclusions du rapporteur sont adoptées.

Église de Sainte-Engrâce (Basses-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

L'église collégiale de Sainte-Engrâce située au sommet des Basses-Pyrénées est, au point de vue du rapporteur, un monument très intéressant du XIe siècle. Des deux projets de restauration présentés, ni l'un ni l'autre ne lui paraît susceptible d'être approuvé.

M. l'Inspecteur général, qui a visité l'église, a trouvé la masse de la construction en assez bon état et il n'estime pas à plus de 10 000 Francs la dépense à prévoir pour l'exécution des travaux urgents, mais il voit de la difficulté dans ce transport à pied d'oeuvre de tous autres matériaux que ceux provenant de la localité. La Commune ayant réuni 4 000 Francs, M. de Laborde propose d'accorder 6 000 Francs.

M. Courmont, ayant appris que la Commune avait l'intention de consacrer ses ressources à la décoration intérieure de l'église, est d'avis d'accorder un secours en y mettant pour condition que la Commune se conforma pour l'emploi de son argent, au principe adopté par la Commission pour la restauration des édifices.

Les conclusions présentées par M. Courmont sont adoptées.

Église Notre-Dame-du-Port à Clermont (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur.

M. Mallay a donné les renseignements que la Commission désirait avoir sur le projet qu'il a présenté pour la décoration peinte de l'église Notre-Dame-du-Port. Cet architecte fait connaître à Son Excellence Rouland], M. le ministre, que son projet s'applique à l'ensemble de l'édifice et que son intention n'a jamais été de réserver dans cette décoration aucun emplacement pour des figures.

La Commission n'approuve pas les propositions de M. Mallay et pense qu'il y a lieu d'engager la Ville à consacrer les ressources dont elle dispose à des travaux plus essentiels que ceux d'une décoration intérieure. 80/15/009/161

23 mai 1862
M. Marchand, secrétaire général, président. Présents à la séance : MM. Beulé, Courmont, de Guilhermy, de Laborde, de Nieuwerkerke, Questel, Vaudoyer et Viollet-le-Duc.
Château de Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise)

Conformément au désir exprimé par la Commission dans l'une de ses dernières séances, le projet préparé par M. Millet pour la restauration de ce château est l'objet d'un examen.

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, approuve complètement ce projet. L'architecte à son avis s'est conformé de tous points aux ensembles donnés par les gravures anciennes représentant le château de Saint-Germain avant les adjonctions de Louis XIV. Quant à la dépense, elle ne lui paraît pas pouvoir être autrement estimée que par un devis sommaire.

Le bureau de contrôle de l'administration des Bâtiments civils, en prévoyant pour la restauration une somme plus élevée que celle prévue par M. Millet, ne s'est peut-être pas approché davantage de la vérité. Pour pouvoir faire une estimation présentant de la certitude, il faut savoir dans quel état l'on trouvera les parements de l'édifice après la démolition des gros pavillons.

M. le président demande quelle devra être l'importance des allocations annuelles pour l'exécution des travaux.

Le moyen le plus simple et le plus économique de procéder à cette restauration serait, suivant l'avis de M. Viollet-le-Duc, d'allouer chaque année une somme suffisante pour tenir un chantier ouvert sans interruption. Pour cela, il suffirait de 150 000 ou 200 000 Francs sur chaque exercice.

M. de Laborde revient à l'observation qu'il avait faite au sujet de l'annexe proposée pour la chapelle et devant servir de sacristie. Il verrait avec peine qu'on ajoutât quelque chose qui ne fût pas indispensable.

M. Millet est admis à la séance pour prendre part à la discussion sur ce point. Cet architecte déclare que l'annexe est une simple proposition au maintien de laquelle il n'accorde pas d'importance d'autant que la chapelle communique avec des pièces voisines dont l'une d'elles pourrait au besoin servir de sacristie.

La Commission après avoir décidé que cette question serait réservée, approuve les conclusions du rapporteur.

Église de Vivoin (Sarthe)

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, ne croit pas que M. Hucher puisse, à titre de correspondant pour le service des Monuments historiques, être chargé du travail qu'il propose d'exécuter pour la restauration du carrelage et du débadigeonnage des peintures de cette église. D'ailleurs avant de songer à de pareils travaux il y aurait lieu de demander à un architecte ayant à faire des restaurations dans ce pays, à M. Darcy par exemple, si l'édifice ne demande pas des réparations plus urgentes. 80/15/009/162

M. Gasnier, secrétaire, fait observer à la Commission que cette affaire paraît devoir être d'autant plus instruite dans ce sens que l'auteur du projet est lui-même entrepreneur de carrelage.

Les conclusions du rapporteur sont adoptées.

Église de Saint-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne)

Les travaux proposés par M. Laval, architecte, pour la restauration de cet édifice ont un véritable caractère d'urgence.

En conséquence, le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, est d'avis d'accorder un secours en admettant que la Commune ou l'administration des Cultes feront au moins la moitié de la somme nécessaire estimée à 21 870 Francs 45.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Mouen (Calvados)

Le projet qu'on soumet à l'examen de la Commission ne concernant pas tant la restauration de l'édifice que la construction d'une sacristie et certaines modifications de peu d'importance.

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, est d'avis de n'accorder aucun secours. La Commission partage cet avis et conclut à l'approbation du projet.

M. de Laborde fait remarquer à propos des dessins communiqués à la Commission, combien il est regrettable que les architectes emploient invariablement du papier format grand aigle. Il souhaiterait que le format fût subordonné à l'échelle suivant laquelle on fait le dessin.

Église de Chambly (Oise)

Dans la situation du budget des Monuments historiques, le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, ne croit pas qu'il y ait lieu de s'occuper de la restauration de cet édifice qui ne présente d'ailleurs qu'un intérêt très médiocre au point de vue de l'art.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Vermenton (Yonne)

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, accorde beaucoup d'intérêt à cet édifice mais il pense qu'il y aurait beaucoup à faire si l'on voulait en entreprendre la restauration. Le devis présenté par la Commune lui paraît ne comprendre que des travaux de peu d'importance ou de simple entretien, en conséquence M. Viollet-le-Duc propose de ne pas accorder de secours et d'attendre que la Commune ait présenté un projet sérieux de restauration.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Just de Narbonne (Aude)

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, regarde le gros oeuvre de l'édifice comme très bon. Ce dont cette cathédrale a besoin, c'est d'être entretenue avec suite et avec méthode. Or, la Fabrique et la Ville possèdent assez de ressources pour subvenir à cet entretien d'une manière convenable. L'administration ne paraît donc devoir intervenir que pour faire adopter cette voie par l'autorité locale.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/009/161

Église Notre-Dame d'Alet-les-Bains (Aude)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Cet édifice, quoique fort intéressant, est dans un tel état de ruine que le rapporteur n'est pas d'avis d'y affecter une allocation. Il lui semble que dans la situation présente du crédit des Monuments historiques tous les efforts de l'administration ne peuvent tendre qu'à terminer les entreprises commencées et à conserver des édifices encore entiers ou qui par leur caractère tout exceptionnel méritent des affectations de crédit.

Ces conclusions sont adoptées.

Chapelle Saint-Germain de Querqueville (Manche)

Conformément aux conclusions du rapporteur, M. Viollet-le-Duc, la Commission propose d'accorder le secours de 180 Francs demandé pour quelques réparations urgentes à faire à cette chapelle.

Église Saint-Gengoult de Toul (Meurthe)

Le rapporteur est d'avis qu'avant de s'engager dans un travail de restauration important, il convient que la Commune soit en mesure de faire les dépenses nécessaires pour le dégagement de l'église. M. Courmont croit qu'il est prudent de terminer la restauration de la cathédrale de Toul avant d'entreprendre celle de Saint-Gengoult.

La Commission est du même avis et conclut à l'ajournement de la restauration.

Église de La Chaise-Dieu (Haute-Loire)

Malgré l'intérêt qui s'attache à l'édifice, le rapporteur, M. Questel, est d'avis, en présence de la mauvaise volonté que manifeste le Conseil général du département, de ne pas accorder le secours demandé et de répondre au préfet que l'administration ne pourra prendre de détermination au sujet de cette église qu'autant que la localité s'imposera elle-même des sacrifices proportionnés à l'importance de l'entreprise.

Église de Varen (Tarn-et-Garonne)

M. Questel, rapporteur.

Cette église méritant sous tous les points de vue l'intérêt de l'administration, le rapporteur propose de venir en aide à la Commune qui fait preuve de bonne volonté. Le devis est divisé en deux catégories dont la 1ère ne comprenant que des travaux très urgents s'élève à 3 469 Francs. Un secours de 2 000 Francs joint aux ressources réunies par la localité suffirait pour assurer l'exécution de ces travaux.

La Commission conclut à l'allocation de cette somme sur l'exercice prochain.

Église de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme)

M. Questel, rapporteur.

M. Laisné, architecte chargé de la restauration de cet édifice, présente un devis s'élevant à 9 092 Francs pour l'achèvement complet des travaux. Le rapporteur approuve toutes les propositions de cet architecte à l'exception toutefois de celle relative au déplacement de l'orgue. La nouvelle disposition 80/15/009/164 lui semblerait nuire à l'effet du monument encore plus que la disposition actuelle.

La Commission partage cet avis et décide que l'orgue sera maintenu dans la place qu'il occupe. Les autres travaux sont approuvés. Il sera pourvu à la dépense par l'administration dans la mesure des ressources disponibles.

Église de Cour-sur-Loire (Loir-et-Cher)

Le rapporteur, M. Questel, ne croit pas que le ministère d'État doive concourir à la restauration de cette église qui lui paraît ne présenter qu'un médiocre intérêt au point de vue de l'art.

La Commission conclut dans le même sens.

Obélisques de Figeac (Lot)

M. Questel, rapporteur.

Ces obélisques étaient au nombre de 4 ; 2 sont aujourd'hui complètement détruits, un troisième est gravement détérioré dans sa partie supérieure et le rapporteur propose d'accorder le secours de 200 Francs que demande la Commune de Figeac pour aider à sa restauration.

M. Courmont pense que la Commune est assez riche pour supporter la dépense tout entière devant s'élever à 300 Francs.

La Commission est d'avis d'adresser des observations dans ce sens à la Ville et de ne lui accorder un secours qu'autant qu'elle témoignera de l'insuffisance de ses ressources.

Fouilles au Puy-en-Velay (Haute-Loire)

Le rapporteur, M. de Guilhermy, n'est pas d'avis d'accorder de subvention nouvelle, attendu que les travaux entrepris par la Ville du Puy pour établir des réservoirs et des fontaines nécessiteront des fouilles qui pourront compléter celles qui ont été déjà opérées, sans que le concours du ministère d'État soit nécessaire.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Notre-Dame-du-Rouet à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Ce monument est, aux yeux du rapporteur, M. de Guilhermy, digne d'être classé parmi les Monuments historiques ; mais, comme il paraît être menacé par les règlements de la voirie municipale, M. de Guilhermy propose de ne pas accueillir la demande de classement avant qu'on ait demandé l'avis de l'administration préfectorale.

Ces conclusions sont adoptées.

Amphithéâtre de Saintes (Charente-Inférieure)

Le sol de l'Amphithéâtre de Saintes est divisé en propriétés particulières dont l'acquisition coûterait une somme de 11 700 Francs. Les ressources réalisées par la localité s'élèvent à 6 369 Francs 50 et le préfet émet le voeu que ce déficit soit couvert au moyen d'une subvention de l'État.

Le rapporteur, M. de Guilhermy, ne pense pas que l'administration puisse prendre à sa charge la moitié environ de la dépense totale, mais il propose d'allouer 3 000 Francs.

M. Courmont est d'avis de ne pas s'écarter de la règle qu'on a suivie jusqu'à présent pour les affaires de cette nature, c'est-à-dire de 80/15/009/165 s'engager vis-à-vis de la Ville à lui venir en aide pour les travaux de déblaiement, mais seulement lorsqu'elle aura fait à ses frais l'acquisition du sol.

Cette proposition est adoptée.

Aqueduc romain près de Chartres (Eure-et-Loir)

M. de Guilhermy, rapporteur.

La découverte que l'on a faite à Chartres du château d'eau d'un aqueduc gallo-romain qui alimentait les fontaines de cette ville ne paraît pas, de l'avis du rapporteur, différer en rien de celles qui ont lieu journellement aux abords des villes d'origine antique.

En conséquence, M. de Guilhermy ne croit pas que l'administration doive intervenir dans les frais nécessaires pour la location du terrain et pour l'établissement d'abris ou de clôtures destinés à protéger les ruines.

Ces conclusions sont adoptées.

Bains romains à Mackwiller (Bas-Rhin)

M. de Guilhermy, rapporteur.

La Commission adopte la proposition que fait le rapporteur de reconnaître l'intérêt qui s'attache à la découverte des substructions de cet établissement thermal en contribuant par un secours aux recherches entreprises par le Comité des Monuments historiques d'Alsace. En outre, la Commission est d'avis de rappeler à ce Comité combien il importe de surveiller les travaux de la nature de ceux dont il s'agit afin de n'avoir pas à se reprocher des mutilations semblables à celles qu'on a fait subir à l'ancienne enceinte de la Montagne de Saint-Odile.

Église Notre-Dame-du-Port à Clermont (Puy-de-Dôme)

M. Courmont, rapporteur.

Sur le refus de la Commission d'autoriser l'exécution du projet de peintures murales proposé par M. Mallay pour la décoration de l'église Notre-Dame-du-Port, cet architecte expose qu'il est impossible de laisser à l'édifice l'aspect que lui donne la variété de couleur des matériaux dont il est construit. Autorisera-t-on un badigeon ?

M. Viollet-le-Duc propose, soit de fondre entre elles, comme à Vézelay, les couleurs différentes de pierre au moyen de brosses de chiendent trempées dans l'eau, soit de faire un lavage général avec de l'eau dans laquelle on mettrait un peu de lait de chaux ; ce dernier moyen est regardé par la Commission comme devant être le plus efficace. En conséquence elle propose de conseiller à M. Mallay de l'employer. 80/15/009/166

5 juin 1862
M. le secrétaire général, président. Présents à la séance : MM. [Émile] Boeswillwald, Courmont, de Guilhermy, de Laborde, de Nieuwerkerke, Questel, de Saulcy et Viollet-le-Duc. M. le président ouvre la séance et donne la parole à M. Viollet-le-Duc.
Chapelle de Kermania à Plouha (Côtes-du-Nord)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Cet édifice n'ayant aucun intérêt par lui-même ; le rapporteur ne croit pas devoir engager l'administration à entreprendre une restauration assez considérable dans le seul but de conserver des peintures dont une partie serait d'ailleurs inévitablement perdue par le fait même de la restauration.

Conclusions adoptées.

Crypte de Ronceray à Angers (Maine-et-Loire)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, pense qu'il est nécessaire d'achever les travaux commencés pour restaurer la crypte de l'abbaye de Ronceray. Il propose donc d'approuver un second devis de 2 627 Francs 63 Francs comprenant des travaux complémentaires destinés à préserver cette crypte des inondations et des infiltrations de la Maine. Cette somme serait mise à la disposition de l'architecte dès que la situation du crédit des Monuments historiques permettra de le faire.

M. Viollet-le-Duc propose également d'obtenir de l'École impériale des Arts et Métiers, sur les terrains de laquelle une partie de cette crypte se trouve être comprise, qu'elle mette la Fabrique de l'église de La Trinité d'Angers en possession de cette partie sans laquelle la crypte n'est pas complète.

Les conclusions du rapporteur sont adoptées par la Commission.

Tour de Carville à Darnétal (Seine-Inférieure)

Suivant l'avis du rapporteur, M. Viollet-le-Duc, cette tour paraît devoir être classée parmi les Monuments historiques.

Le classement est adopté.

Église de Vézelay (Yonne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, fait remarquer à la Commission que les travaux proposés par M. Piéplu, architecte, ont déjà été approuvés, mais n'ont pu être exécutés en raison des augmentations survenues dans les séries de prix pendant ces dernières années. Si la Commission croit devoir les ajourner à cause de la situation présente du crédit, M. Viollet-le-Duc n'y voit pas d'inconvénient, mais il croit nécessaire d'affecter annuellement une somme de 2 010 Francs à l'entretien de l'édifice et au paiement du gardien.

M. le secrétaire de la Commission ne conteste pas la nécessité d'un entretien, mais il souhaiterait que la charge en restât au département afin de laisser au crédit tout entier sa véritable destination. M. Courmont exprime la crainte que le département 80/15/009/167 en supposant qu'il accepte cette charge veuille tôt ou tard s'en débarrasser ou la rendre moins lourde. L'administration se trouverait alors peut-être dans la nécessité de faire d'importantes réparations à un édifice dont la restauration lui a coûté des sommes considérables.

La Commission est d'avis, d'après ces dernières considérations, d'allouer annuellement une somme de 2 000 Francs.

Église de Vivoin (Sarthe)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Le rapport que M. Darcy, architecte, a transmis à l'administration au sujet de cet édifice ne fait pas connaître quelle serait l'étendue de la dépense à faire pour le restaurer. Toutefois le rapporteur ne pense pas que la restauration d'un monument aussi important, puisse être commencée au moyen des ressources actuelles.

Conclusions adoptées.

Église d'Airaines (Somme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, ne croit pas que, dans la situation présente du budget des Monuments historiques, on puisse accorder des fonds pour la restauration de cette église qui ne présente qu'un très médiocre intérêt au point de vue de l'art.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Jean-aux-Bois (Oise)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, accorde beaucoup d'intérêt à cet édifice du XIIIe siècle. Le plan et les dispositions du transept en sont très jolis. Des travaux de consolidation estimés à 6 191 Francs sont absolument nécessaires. La localité s'est imposée de très grands sacrifices en réunissant une somme de 4 200 Francs.

Le rapporteur propose en conséquence d'accorder un secours de 1 939 Francs pour parfaire le montant de la dépense prévue.

La Commission adopte ces conclusions et décide qu'en l'absence de M. Mimey, architecte auteur du projet, M. Wiganowski, architecte inspecteur des Monuments historiques dans ce département, sera chargé de surveiller l'exécution des travaux.

Église de Gassicourt (Seine-et-Oise)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, regarde comme très important de ne pas laisser en suspens les travaux de restauration de cette église. Ces travaux devant s'élever à 6 189 Francs et la Commune n'ayant plus en caisse qu'une somme de 4 056 Francs pour y pourvoir, il propose de combler le déficit par une allocation de 2 133 Francs sur le crédit des Monuments historiques.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Fouilles exécutées à Neuvy-sur-Barangeon (Cher)

M. de Saulcy, rapporteur, fait part à la Commission des raisons qu'il a de regarder les résultats obtenus par ces fouilles comme tout à fait dérisoires. Les objets trouvés ont si peu le caractère de l'époque à laquelle on les attribue qu'il est impossible de ne pas croire à une mystification.

La Commission décide en conséquence qu'il ne sera donné aucune suite à cette affaire.

Chapelle de Locmaria à Quimper (Finistère)

Le devis présenté pour la restauration de cet édifice est de 25 000 Francs. 80/15/009/168

Il comprend des travaux de reconstruction à la dépense desquels l'administration ne peut participer.

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, le réduit à 14 200 Francs en n'y comprenant que les travaux qui ont un caractère d'urgence. Vu l'intérêt que présente le monument et la bonne volonté dont fait preuve la Fabrique en s'imposant une somme de 4 000 Francs, le rapporteur propose d'accorder 5 000 Francs à la condition que l'administration des Cultes fournira le surplus de la dépense, soit 5 200 Francs.

La Commission approuve le sens de ces conclusions mais la situation du crédit oblige d'en ajourner l'adoption.

Église d'Ainay à Lyon (Rhône)

Conformément au désir exprimé par la Commission dans sa séance du 28 mars dernier, M. Questel a été chargé par la Fabrique de présenter un projet pour la construction de la chapelle de la Vierge.

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, expose les propositions de l'architecte et les approuve.

La Commission ne fait aucune objection et le projet est adopté.

Église de Saint-Marcel (Indre)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, convient que cet édifice réclame d'importants travaux de consolidation, mais il croit que la Fabrique pourrait en prendre à sa charge une grande partie si elle y consacrait les ressources qu'elle a l'intention d'employer à des verrières.

La Commission ne trouve pas satisfaisant le travail graphique exécuté par M. de Mérindol et conclut actuellement au renvoi du projet à cet architecte qui sera prié de fournir un travail complémentaire.

Théâtre d'Orange (Vaucluse)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, est d'avis d'ajourner l'isolement du Théâtre et de demander à M. Constant-Dufeux, architecte, un devis des travaux les plus urgents à exécuter pour la consolidation des parties déblayées.

La Commission propose l'ajournement de ces travaux. Pour ce qui est de l'isolement du Théâtre, elle est d'avis, sur la demande de M. Courmont, de le laisser tout entier à la charge de la Ville afin que l'administration ne supporte pas des exigences que la spéculation ne manque jamais de produire lorsqu'il s'agit de négocier des acquisitions en son nom.

Église de Morlaàs (Basses-Pyrénées)

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, propose de conserver la belle façade de cette église en la garantissant par un porche simple en saillie. La Commune qui dispose pour cela d'une somme de 13 000 Francs demande qu'un architecte lui soit désigné pour l'exécution des travaux.

La Commission approuve les travaux mais ajourne le choix de l'architecte.

Château de Bayard à Pontcharra (Isère)

Les habitants de Pontcharra demandent l'érection d'une colonne sur les ruines du Château de Bayard.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, regarde cette affaire comme en 80/15/009/169 dehors des attributions de la Commission et propose de la renvoyer au Conseil général de l'Isère.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul à Wissembourg (Bas-Rhin)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, signale les différents travaux de restauration que réclame cet édifice. Certains de ces travaux peuvent être ajournés mais devraient être conduits très rapidement si leur exécution était commencée, d'autres au contraire sont urgents et peuvent être exécutés successivement au moyen de petits crédits. Le rapporteur propose en conséquence de l'appliquer d'abord à l'exécution de ces derniers, mais seulement lorsque la Ville aura fait connaître quelle part de la dépense elle pourra s'imposer et lorsque l'architecte de la Ville aura dressé un devis exact pour les travaux de consolidation de l'ensemble de l'église et pour ceux en particulier de la tour centrale.

Ces conclusions sont adoptées.

Église Sainte-Marie à Oloron-Sainte-Marie (Basses-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, critique quelques uns des travaux proposés par M. Loupot pour la restauration de cet édifice. La Ville dispose de 70 000 Francs. Ces ressources devront suffire largement si l'on retranche du devis ce qui se rapporte à la décoration.

La Commission refuse en conséquence le secours demandé et de plus est d'avis de mettre la Ville en garde contre certaines propositions de l'architecte qui tendaient à compromettre la solidité ou à dénaturer le caractère de l'édifice.

Église de Vernouillet (Seine-et-Oise)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, propose de ne pas donner suite à cette affaire tant que le préfet n'en aura pas complété l'instruction en faisant connaître la somme dont l'administration des Cultes pourra disposer pour la restauration de cette église.

La Commission adopte ces conclusions.

Fouilles commencées à Grand (Vosges)

Dans l'état d'insuffisance du crédit affecté à la conservation des Monuments historiques, M. de Guilhermy, rapporteur, ne croit pas devoir proposer une allocation pour des recherches d'un succès douteux, et il est d'avis de réserver les encouragements pécuniaires pour celles dont les résultats à venir sont le mieux garantis par la valeur des découvertes déjà obtenues.

Ces conclusions sont adoptées. 80/15/009/171

21 juillet 1862
M. le secrétaire général, président. Présents à la séance : MM. [Émile] Boeswillwald, Courmont, de Guilhermy, de Longpérier, de Nieuwerkerke, du Sommerard et Mérimée.
M. Viollet-le-Duc ne pouvant assister à la séance, M. Courmont prend la parole pour exposer la situation des affaires dont ce membre de la Commission est le rapporteur.
Église Notre-Dame de Dijon (Côte-d'Or)

M. Courmont est d'avis d'ajourner à la prochaine séance l'examen de cette affaire attendu que M. Viollet-le-Duc n'a pas tenu compte dans son rapport d'un projet de restauration préparé par M. l'ingénieur Vernis et que la Ville s'oppose à celui préparé par M. Millet, architecte attaché à la Commission.

M. Courmont propose de demander au rapporteur des renseignements qui permettent à la Commission de juger lequel des deux projets doit être préféré.

Ces conclusions sont adoptées.

Église de Saint-Nectaire (Puy-de-Dôme)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Les conclusions du rapport sont de laisser à la charge du département le dégagement de l'église et, lorsque cette opération sera faite, d'allouer sur le crédit des Monuments historiques la moitié de la somme nécessaire à la restauration proprement dite, à la condition toutefois que le ministère de l'Instruction publique et des Cultes assurera l'autre moitié de la dépense.

M. Courmont est d'avis que l'administration devrait en échange de ces sacrifices obtenir de la Fabrique la cession d'un reliquaire fort ancien représentant saint Brantôme et dont la conservation intacte présente le plus grand intérêt. M. Anatole Dauvergne, à qui l'on doit une reproduction très exacte de ce reliquaire, pourrait être chargé de cette négociation.

La Commission approuve les conclusions qui précèdent quant à la restauration de l'église et quant à la proposition de M. Courmont.

Église de Saint-Savin (Hautes-Pyrénées)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, est d'avis qu'il y a lieu d'approuver le devis dressé par M. [Émile] Boeswillwald pour la consolidation de la voûte principale de l'édifice et de mettre la somme nécessaire à cette réparation (6 670 Francs) à la disposition de cet architecte.

La Commission approuve ces conclusions et propose d'allouer cette somme sur le crédit de l'exercice 1863.

Église de Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne)

Les travaux de restauration de cette église entrepris par la Commune concurremment avec l'administration des Cultes et celle du ministère d'État ont déjà coûté 22 000 Francs.

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, croit que ce qui reste à faire est de beaucoup plus important que ce qui a déjà été exécuté. Il n'estime pas à moins de 70 000 ou 75 000 Francs la somme nécessaire à des réparations urgentes. Avant de statuer sur une nouvelle demande de secours adressée par la Commune le rapporteur propose de faire dresser un devis exact et complet 80/15/009/172 des travaux par M. Millet.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

Église de Montrésor (Indre-et-Loire)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

L'architecte, chargé de la restauration de cette église, présente un devis complémentaire s'élevant à 67 533 Francs 70. Parmi les travaux que ce devis comprend il faut distinguer ceux relatifs à la construction d'un clocher dont la dépense ne peut être mise à la charge du crédit des Monuments historiques et ceux qui peuvent être ajournés sans inconvénient. Les réparations urgentes paraissent devoir exiger une somme de 11 000 Francs environ.

La Commission propose d'accorder cette somme à la condition que la Commune s'imposera la dépense relative aux autres travaux. Elle est d'accord avec le rapporteur pour demander à M. Verdier un projet de flèche ou de clocher plus simple et plus en harmonie avec le style de l'église que n'est celui qu'il a produit. Enfin elle partage l'opinion de M. Mérimée qui est d'avis de recommander à la Commune d'avoir le plus grand soin des tombeaux très remarquables que l'église renferme.

Église d'Isômes (Haute-Marne)

La restauration de cet édifice a déjà coûté 13 000 Francs. L'administration y a contribué pour 10 000 Francs et les Cultes pour 3 000 Francs. Les travaux qui restent à exécuter sont très urgents. Ils consistent principalement dans le rétablissement de la charpente et de la couverture du collatéral nord et de l'abside. La dépense doit s'élever à 2 343 Francs mais la Commune est incapable d'y pourvoir.

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, propose en conséquence d'accorder la somme de 1 343 Francs et de demander le surplus au ministre des Cultes soit 1 000 Francs.

M. Courmont est d'avis de laisser toute la dépense à la charge du ministère des Cultes en lui faisant observer que le concours prêté par lui pour l'exécution des derniers travaux est en disproportion avec celui prêté par les Monuments historiques.

La Commission adopte ces dernières conclusions se réservant d'aviser de nouveau en cas de refus de la part de l'administration des Cultes.

Église de Plaimpied (Cher)

Le projet de restauration de cet édifice est approuvé depuis 1873. Les travaux furent ajournés à cause du faible concours que la Commune pouvait apporter à l'entreprise. Aujourd'hui les ressources locales s'élèvent à 10 000 Francs. La somme nécessaire à l'exécution des travaux de 1ère urgence étant de 27 000 Francs le déficit est de 17 000 Francs.

Le rapporteur, M. [Émile] Boeswillwald, propose de prendre part à la dépense après s'être assuré le concours du ministre des Cultes.

La Commission se réserve de prendre une décision lorsqu'elle connaîtra les intentions de l'administration des Cultes.

Église du Grand-Andely (Eure)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur.

Après examen du projet de restauration préparé par M. Durand, la Commission a chargé cet architecte d'étudier 80/15/009/173 de nouveau certaines parties du projet qui lui paraissaient devoir subir quelques modifications. Après s'être acquitté de ce travail, M. Durand a cru devoir présenter un devis supplémentaire s'élevant à 65 787 Francs.

M. Courmont fait observer à la Commission que la Ville semble avoir agi par surprise. En effet l'administration n'avait accordé une somme de 40 000 Francs pour la restauration du grand et du petit Andely que parce que la Ville avait promis d'assurer le reste de la dépense avec ses propres ressources. Le rapporteur propose, pour ne pas dépasser l'allocation de 40 000 Francs, de s'en tenir à la restauration de la nef et d'inviter l'architecte à faire le réemploi des vieux matériaux pour la conservation des bas-côtés.

Ces conclusions sont adoptées par la Commission.

[Trignères] : Monuments antiques dans le Loiret(48)

M. de Guilhermy, rapporteur, expose que l'intérêt des ruines découvertes à Trignères par la Société archéologique de l'Orléanais consiste principalement dans les restes d'un établissement thermal qui paraît avoir une certaine importance. Le rapporteur croit que l'intervention du gouvernement doit se borner à remercier la Société archéologique de son zèle en l'engageant à faire faire une étude complète des ruines de Trignères et un plan qui en constate les détails.

La Commission adopte ces conclusions.

Ancien monastère à Moulins (Allier)

M. Mérimée donne à la Commission communication du projet que les Dames de la Visitation paraissent avoir de s'établir dans ce monastère et de demander au gouvernement des secours pour la restauration des bâtiments qui subsistent. Le rapporteur ne croit pas que l'administration doive intervenir dans la dépense que nécessiterait cette installation.

La Commission partage cet avis en exprimant le désir qu'on obtienne du préfet des renseignements sur la situation de l'affaire. 80/15/009/174

4 août 1862
M. le secrétaire général, président. Présents à la séance : MM. [Émile] Boeswillwald, Courmont, de Guilhermy, de Longpérier, Mérimée, de Nieuwerkerke, Questel et Viollet-le-Duc.
Église Notre-Dame de Dijon (Côte-d'Or)

La tour centrale de cet édifice menace ruine. M. Millet, architecte attaché à la Commission des Monuments historiques, propose de remédier à l'état actuel en rendant à cette partie de l'église sa disposition primitive, c'est-à-dire en supprimant l'étage du clocher élevé à la fin du XIIIe siècle. Cette mesure entraînerait le déplacement du beffroi et des cloches. D'autre part, M. l'ingénieur Vernis propose de ne rien changer à la disposition actuelle et de consolider la tour au moyen d'une reprise en sous-oeuvre.

Le rapporteur, M. Viollet-le-Duc, approuve le 1er projet et rejette le 2e. Il ne comprend pas l'avantage qu'on pourrait trouver à faire une reprise très délicate, dispendieuse pour conserver en place un couronnement de tour qui est mauvais, disloqué et sans caractère.

La Commission adopte les conclusions du rapport de M. Viollet-le-Duc en émettant l'avis que l'administration ne prenne part aux travaux essentiels de consolidation qu'autant que la Ville s'imposera elle-même d'importants sacrifices pour cette restauration.

Palais de Justice de Poitiers (Vienne)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur, regrette que cet édifice ait été l'objet de travaux importants sans qu'on ait au préalable saisi la Commission des Monuments historiques du projet de restauration. La réfection de la charpente ne lui paraît pas satisfaisante. Toutefois les choses sont aujourd'hui trop avancées pour qu'il soit possible d'y remédier efficacement. On ne peut que prévenir de nouvelles fautes dans les travaux de détail qui restent encore à exécuter.

La Commission exprime le désir qu'à l'avenir la Commission des Bâtiments civils ne néglige pas de soumettre à l'examen de la Commission des Monuments historiques les projets concernant des édifices classés. En outre elle propose de signaler officieusement à M. le ministre de l'Intérieur l'insuffisance de l'architecte chargé des travaux.

Oratoire des Templiers à Metz (Moselle)

M. Viollet-le-Duc, rapporteur.

Cette chapelle se trouve aujourd'hui presque complètement englobée dans des bâtiments élevés par le Génie militaire. La manière dont ces constructions sont placées ne fait pas douter que l'administration de la Guerre ait l'intention de la démolir tôt ou tard.

Le rapporteur n'approuve pas le projet qui consisterait à déposer cet oratoire pour le reconstruire quelques mètres plus loin.

M. Mérimée croit cette opération d'autant plus impraticable que les peintures qui décorent l'intérieur de l'oratoire et y ajoutent un grand intérêt seraient complètement détruites. 80/15/009/175

M. de Guilhermy est d'avis de n'autoriser la démolition dans aucun cas.

La Commission partage cette opinion et propose de provoquer de la part de Son Excellence [Randon] M. le ministre de la Guerre une décision qui assurerait la conservation de cet oratoire à la place qu'il occupe.

Église de Saint-Savin (Hautes-Pyrénées)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, craint que le projet d'affecter cette abbaye à un dépôt de mendicité ait l'inconvénient de la rendre inaccessible aux visiteurs. Toutefois cette destination lui paraît devoir être adoptée si le département n'en peut trouver une autre.

La Commission approuve ces conclusions et propose dans le cas où l'on donnerait à l'édifice la destination projetée, d'obtenir du département qu'il fasse établir un mur de clôture au droit de l'extrémité de la salle capitulaire afin que le public puisse toujours visiter cette partie regardée comme la plus intéressante de l'abbaye.

Église de Quimperlé (Finistère)

M. [Émile] Boeswillwald, rapporteur, après s'être rendu à Quimperlé afin d'examiner la cause de l'écroulement de la tour centrale de l'église Sainte-Croix, a dressé un rapport dont il donne lecture à la Commission. Le rapport de cet architecte et celui résultant de l'enquête sont unanimes pour attribuer la cause du sinistre à la négligence et au peu de conscience que l'architecte et l'entrepreneur ont apportés dans la surveillance et l'exécution des travaux.

La Commission partageant cette opinion émet l'avis qu'on doit faire peser sur l'architecte et l'entrepreneur la responsabilité solidaire que la législation leur attribue dans la circonstance présente. En conséquence elle propose de donner aux intéressés, ainsi qu'au préfet, communication des deux rapports mentionnés et d'attendre, pour la suite à donner, que ce dernier ait provoqué un jugement du conseil de préfecture, sauf à recourir au Conseil d'État, s'il y a lieu. 80/15/009/176


48barré : Nîmes dans le Gard (sic)