1 Mathieu de Montmorency, dernier fils de Mathieu Ier,
connétable de France, mort vers 1160, et d'Aline d'Angleterre, sa première femme,
mariée en 1126, morte en 1140, fut d'abord seigneur d'Attichy. Son frère Thibault,
se faisant, entre 1179 et 1189, moine à Notre-Dame-du-Val, lui laissa la terre de
Marly. Croisé avec Philippe-Auguste, il se distingua au siège d'Acre. Au retour,
il prit part à toutes les guerres de Normandie. En 1198, il fut fait prisonnier
près de Gisors par le roi Richard en personne. En 1202, il se croisa de nouveau à
la voix de Foulques de Neuilly et prit part à la conquête de Constantinople. Mais
il mourut dans la victoire. Villehardoin dit à ce sujet : « Lors avint une moult
grant mésaventure dans l'ost, que Mahius de Montmorency qui ete un des meillors
chevalier del royaume de France et des plus prisiez et des plus aimez, fut mors et
fut enterré en une yglise de Monseigneur S. Jean de l'Ospital de
Jérusalem. »
Sa femme, Mathilde ou Mahaut de Garlande, était fille de Guillaume de
Garlande, seigneur de Livry et d'Idoine de Trie, et était veuve sans enfants de
Hugues de Galardon. La famille de Garlande, originaire de la Brie, où elle
subsista jusqu'à la fin du xiiie siècle, avait pris
une grande importance en 1096 lorsque Philippe Ier ayant,
disgrâcié le sénéchal tout-puissant Gui de Rochefort, choisit, pour le remplacer,
Payen de Garlande. Après un retour passager de Gui de Rochefort, Louis
VI, devenu roi, rompit de nouveau avec lui et confia cette charge, la
première alors du royaume, à Anseau, frère de Payen, celle de chancelier à un
second frère, étienne, et celle de bouteiller à un troisième, Guillaume. Les
Garlande succédaient donc à la fortune insolente des Rochefort. Anseau de Garlande
avait autrefois épousé une fille du sénéchal Gui de Rochefort, et celle-ci, à la
mort de son frère Gui II, vers 1114, hérita de cette châtellenie.
Anseau mourut en 1118, au siège du Puiset, ne laissant qu'une fille, Agnès de
Garlande, mariée en 1120 à Amaury de Montfort, comte d'évreux, auquel elle apporta
Rochefort, Gomets et Gournay-sur-Marne. Mais, en 1127, Etienne, le plus jeune et
le plus ambitieux des frères, voulant, malgré le roi, transmettre sa charge de
sénéchal à son neveu Amaury de Montfort, provoqua la ruine de sa famille. Lui et
son frère Gilbert, bouteiller à son tour, après Guillaume, furent chassés du
palais, leurs somptueuses demeures à Paris renversées, et les vignes attenantes
arrachées restèrent plusieurs années en friche. Leurs héritiers recueillirent
pourtant quelques débris de leurs immenses possessions et, il est à croire que la
petite châtellenie de Magny, dot de Mathilde de Garlande, est un de ces
débris.
Comme Hugues de Galardon, probablement mort en Palestine, où il se trouvait en
même temps que Mathieu de Marly, ne laissait pas d'enfant, une partie de ce qu'il
possédait à Galardon revint à sa veuve comme douaire. Le reste fut partagé entre
les nombreux membres de la famille de Galardon. Mathilde de Garlande n'ayant pas
tardé à conclure une nouvelle alliance avec Mathieu de Marly, les biens qu'elle
lui apporta à Galardon prirent le nom de fief de Marly-à-Galardon, ce qui a
quelquefois fait croire que la famille de Marly tirait son origine de la Beauce.
Nous verrons bientôt les libéralités faites sur ces biens aux abbayes de Porrois
et des Vaux-de-Cernay.
Mathieu de Marly avait déjà fait des dons à plusieurs abbayes. En 1194, avec sa
femme Mathilde, il avait confirmé un accord de l'abbaye de Sainte-Geneviève avec
Garnier de Roquencourt. Le nécrologe de Port-Royal (Suppl.,
p. 464) cite un autre don de lui au prieuré de Gournay-sur-Marne
pour l'anniversaire de Guillaume de Garlande, père de Mathilde. En 1197,
Philippe-Auguste mentionne, dans les biens donnés a l'abbaye de Livry, 5 arpens à
la Chapelle du don de Mathieu de Marly. En 1199, avec Mathilde, il donne à
l'abbaye des Vaux-de-Cernay la franchise d'une maison à Marly, et en 1202 ils
ajoutent une rente de 100 sous sur Meulan.