L’édition
L’éditeur : éléments biographiques
Chercheur régional, le comte Adolphe de Dion (1823-1909) s’était particulièrement attaché à l’histoire médiévale de l’ancien département de Seine-et-Oise. Ce notable, maire de Montfort-l’Amaury, inspecteur général de la Société française d’archéologie, anima la Société archéologique de l’arrondissement de Rambouillet et la Société des antiquités et arts de Seine-et-Oise. Ses travaux ont porté sur l’archéologie, la castellologie, la numismatique, le monachisme et la noblesse dans l’ouest de l’Île-de-France. Son appétence pour l’édition de sources documentaires est évidente : il avait ainsi publié à Rambouillet, en 1878, les cartulaires de Saint-Thomas d’Épernon et de Notre-Dame de Maintenon, deux prieurés de l’abbaye de Marmoutier, en collaboration avec un autre érudit local, Auguste Moutié.
Sources : nécrologie et documents annexes par Lorin, Notice sur le comte de Dion, dans Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet, t. 21, 1910, p. 405-439. Le travail de l’édition des chartes de Port-Royal est encore documenté par un article du fonds de Dion, conservé aux Archives départementales des Yvelines (5 F 1-24, ici 5 F 16, Extraits du cartulaire et des titres de Port-Royal ; liste chronologique des chartes).
Conception et contenu de l’édition
Les éléments fournis en introduction sur la conception de l’édition doivent être prolongés d’un examen complémentaire pour apprécier l’étendue du travail réalisé et ses lacunes.
Adolphe de Dion a repris (sans jamais pouvoir donner la suite prévue pour un second volume) un projet d’édition qui avait été plusieurs fois formulé et abandonné depuis les années 1840, un projet qu’il commença à mener en 1860, et qu’un autre érudit local, le chartiste Georges Grassoreille (1860-1893), ne put non plus mener à bien.
La base de l’édition est formée par les deux volumes successifs des cartulaires du
XIIIe siècle (désignés simplement au fil de la publication par les
numéros d’ordre I
et II
), dont est aussi publié en prologue l’état des
cens et rentes (p. 15-24). Mais, quand il reprend le projet, la pratique de l’édition
des chartriers (et non plus des seuls cartulaires) s’est trop répandue, et Adolphe de
Dion, au terme de sa carrière, a accumulé trop de notes pour en rester là. Il choisit
donc de reventiler l’ensemble des actes dans l’ordre chronologique (ce qui, au passage,
lui fait négliger la question de l’ordre choisi par les compilateurs) et il insère dans
ce fil d’autres éléments de la tradition, voire des sources extérieures.
Tel qu’il est livré par l’édition, le contenu du chartrier est riche du tout-venant des actes relatifs au patrimoine, mais il comprend aussi des pièces intéressantes sur l’histoire des institutions cisterciennes (bulles générale pour l’ordre, documents sur les rapports avec l’abbaye-mère). On notera comme particulièrement dignes d’intérêt trois actes de dotation de moniales par leur père : le chevalier Hugues de Marchais en 1217 a st.. (éd. n° XXXIV), Guillaume d’Autonne alors sénéchal de Beaucaire en 1255 (éd. n° CCLXIV), l’orfèvre parisien Jean de Lagny pour deux filles en 1266 n.st. (éd. n° CCCV).
En mettant à part l’état des cens et rentes, l’édition compte 336 pièces, ainsi réparties :
XIIIe siècle | 336 |
---|---|
Première moitié XIIIe siècle | 257 |
1204-1210 | 15 |
1211-1220 | 37 |
1221-1230 | 70 |
1231-1240 | 78 |
1241-1250 | 57 |
Seconde moitié XIIIe siècle | 79 |
1251-1260 | 21 |
1261-1270 | 42 |
1271-1280 | 14 |
1281 | 2 |
Qualité de l’édition
Le résultat final souffre d’autant plus des hésitations du parti, que le travail de
repérage mené aux Archives nationales a été très léger. Nos propres sondages, eux-mêmes
trop rapides, montrent ainsi que l’éditeur a dépouillé le carton S 4520 (qui devient
parfois, par le fait d’une coquille, S.L. 520
, aujourd’hui S 4520A), et qu’il a connu des copies du carton K 181, mais qu’il a ignoré les
originaux conservés, par exemple, dans les cartons S 4518 (original de l’acte n° CCLIV
et copie de l’acte n° CCLVIII), H5 4039 (originaux de l’acte
n° CCXXXII, qui se trouve ainsi complété de lacunes, et de l’acte n° CCXXXI), L 1034
(qui permettait surtout d’enrichir de l’acte d’origine la simple mention donnée sous le
n° LXXXII).
Au fil de la lecture, on peut par contre apprécier l’étendue des autres dépouillements de l’éditeur, qui cite épitaphes et mentions nécrologiques, et qui tire parti de cartulaires édités (Notre-Dame de Paris, Vaux-de-Cernay, Notre-Dame de La Roche), de publications diverses (France pontificale de Fisquet, Layettes du Trésor des chartes de Teulet), voire d’inédits (Arch. dép. de Seine-et-Oise et d’Eure-et-Loir, cartulaire de Sainte-Geneviève).
Pour certains actes, plus rares en fait qu’il ne l’annonce, l’éditeur a procédé à des coupes, soit de parties répétitives ou de formulaire, soit de passages n’intéressant pas directement l’abbaye (dans le cas de testaments ne concernant celle-ci qu’en partie).
Le matériau est donc riche, mais devrait être soumis à une révision d’ensemble pour tout travail spécifique sur l’abbaye. Il en va de même des identifications de toponymes, très inégalement proposées et étayées, et qui confluent dans un index déficient.