École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Notre-Dame de Chartres » Tome deuxième » 1265, 6 mai

« Rescriptum apostolicum super compromisso facto pro injuria cuidam canonico et advocato ecclesie Carnotensis. »

  • A Original en parchemin. Arch. dép. Eure-et-Loir, G 716 (ancienne cote : fonds du Chapitre, carton X, E, 3).
  • a Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, éd. Eugène de Lépinois et Lucien Merlet, Chartres, 1862.
D'après a.

« Clemens, episcopus, servus servorum Dei, venerabili patri archiepiscopo et dilectis filiis decano et priori secularis ecclesie Sancti-Ursini Bituricensis, salutem et apostolicam benedictionem. Lecta coram nobis dilectorum filiorum decani et Capituli ecclesie Carnotensis peticio continebat quod inter ipsos ex parte una et nobilem virum Johannem comitem, castellanum, prepositos, balivos, servientes et clericos ipsius comitis et mercerios Carnotenses, super fractione domus Reginaldi Colli-Rubei1, civis Carnotensis, advocati quondam Reginaldi de Bello-Monte, canonici ejusdem ecclesie, necnon super modo advocationis burgensium Carnotensium, quos canonici dicte ecclesie ad sua obsequia advocabant2, captione matricularii dicte ecclesie, ac contentionibus et rebus aliis ex altera materia questionis exorta, fuit tandem super hoc in venerabiles fratres nostros Belvacensem, Autisiodorensem et Ebroicensem episcopos et dilectos filios fratrem Symonem, tunc priorem fratrum Predicatorum Parisiensium, et magistrum Henricum de Virziliaco, canonicum Autisiodorensem, a partibus, sub certa pena, concorditer compromissum. Adjecta quod si contingeret aliquem arbitrorum ipsorum abesse vel etiam impediri, magister Petrus, tunc decanus Cenomannensis, si presens esset, cum aliis procederet loco ejus. Promiserunt etiam partes ipse, sub pena hujusmodi, quod ratum et firmum haberent et observarent quicquid ab eisdem arbitris statutum fuit vel etiam ordinatum. Sane predicti arbitri non attendentes quod ad instar judiciorum arbitria sunt redacta, lite non contestata et juris ordine non servato, contra dictos decanum et Capitulum minus provide arbitrium protulerunt, quod redundat in grave dicte Carnotensis ecclesie prejudicium et non modicam lesionem ; propter quod idem decanus et Capitulum, non valere dictum arbitrium asserentes, nobis humiliter supplicarunt ut ipsum arbitrium denunciari nullum et eos ad observationem ipsius aliquatenus non teneri per discretos aliquos mandaremus. Quia vero nobis non constitit de premissis, dilectioni vestre per apostolica scripta mandamus quatinus, partibus convocatis, audiatis causam, et, appellatione remota, fine debito terminetis, facientes quod decreveritis per censuram ecclesiasticam firmiter observari, proviso ne in terram dicti nobilis et universitatis Carnotensis excommunicationis vel interdicti sententiam proferatis nisi a nobis super hoc mandatum reciperitis speciale. Testes autem qui fuerint nominati, si se gratia, odio vel timore subtraxerint, censura simili, appellatione cessante, cogatis veritati testimonium perhibere. Quod si non omnes hiis exequendis potueritis interesse, tu, frater archiepiscope, cum eorum altero, ea nichilominus exequaris. Datum Perusii, ii nonas maii, pontificatus nostri anno primo3. »


1 La famille Col-Rouge avait une certaine importance à Chartres à cette époque. Gui Col-Rouge, abbé de Saint-Père, mourut le 21 juin 1272.

2 Le grand procès entre le comte et le Chapitre au sujet de Renaud Col-Rouge commença au mois de mars 1260. Il était à la fois question de Renaud Col-Rouge et de Denisot son fils, de Gilot, fils de Gilbert Col-Rouge, frère dudit Renaud, et de Guillaume Floier. Les parties firent un premier compromis entre les mains de Jacques, trésorier de Beauvais, et de Guillaume de Limigni, archidiacre de Pinserais. Les arbitres durent rechercher se cil Renaut Corroge iert telz ou en tel estat que il peust estre avoez de chanone de Chartres, et seur ce doit li quens de Chartres ses prueves amener à prover se il est usurier ou marcheant, et se li cuens puet prover que il soit marcheanz ou usurier, Chapistre ne chanone de Chartres ne le puent défendre par la reison de celui avoement. Quant à Gilot Col-Rouge, maire du Chapitre, les arbitres enquerront se li maires de Chapistre puet marchander franchement, et se il trovent que li meres puisse marcheander et estre frans de la marcheandise quant au conte, la briseure de sa meson et les injures seront amendées et les domages li seront renduz. Les sentences d'excommunication et d'interdit prononcées contre le comte et ses officiers seront suspendues jusqu'à l'octave de la Madeleine.

Rien ne fut décidé à l'octave de la Madeleine, et, au mois de juillet, les parties firent un nouveau compromis entre les mains du doyen de Chartres, du trésorier de Beauvais et de Gui de Neaufle, doyen de Saint-Martin de Tours. La sentence de ces nouveaux arbitres devait être rendue avant l'octave de la Toussaint. La querelle ne put encore être terminée à cette époque, et de nouveaux arbitres furent nommés ; ce sont ceux désignés dans la bulle que nous publions. Ils rendirent leur sentence en 1263, mais nous voyons que le Chapitre de Chartres en appela au pape de leur décision. (Original en parchemin. fonds du Chap., C. X, E, 3).

3 Clément IV adressa deux autres bulles, dans le même sens, à l'archevêque de Bourges et au doyen de Saint-Ursin, datées de Viterbe, le 10 juillet et le 24 novembre 1267. La querelle s'était d'ailleurs envenimée, pendant l'intervalle de ces deux années, par de nouvelles vexations de la part du comte. Une bulle de Clément IV, datée de Viterbe, le 24 novembre 1266, nous apprend que le comte quosdam homines ipsius Capituli de corpore contra justiciam capi fecerat ac predictos decanum et Capitulum angariis et perangariis et aliis exactionibus indebitis aggravabat. Une autre bulle du même pape, donnée à Viterbe, le 28 juillet 1267, rapporte que le comte decanum et Capitulum perturbat multipliciter ac impedit quominus valeant uti jure advocandi ad sua servitia cives Carnotenses ac per hoc ipsos a jurisdictione seculari qualibet eximendi. (Orig. en parch. bullés ; fonds du Chap., C. X, E, 3.)

La sentence de l'archevêque de Bourges, du doyen et du prieur de Saint-Ursin fut rendue à la fin de l'année 1268, mais le Chapitre refusa de s'y soumettre. Le 30 janvier 1269, Guillaume Potier, clerc, Guillaume de Lèves, chanoine de Chartres, et Gervais le Plâtrier, Plastrarius, citoyen de Chartres, procureurs dudit Chapitre, déposèrent, devant Jean de Hauteville, notaire apostolique, une protestation contre ce jugement, se fondant sur ce qu'il ne leur avait pas été permis de faire entendre librement leurs témoins et sur ce que les dires de leur adversaire ne leur avaient pas été communiqués. (Original en parchemin. fonds du Chap., C., X, E, 7).

Ce long procès ne fut terminé qu'en 1271 par la composition conclue sous la médiation de Philippe-le-Hardi. (Voir nº CCCL).