École des chartes » ELEC » Le formulaire d'Odart de Morchesne » Chappitre de diverses lettres diffuses » Arriere ban
[fol. 109v]
[fol. 110]

Arriere ban

Charles etc., a tous etc. Comme nous soions acertenez que noz ennemis se soient traiz et approuchiez de laa riviere de Loire1 en entencion de usurper sur nous et noz subgetz villes et chasteaulx et de y faire tous autres faiz et exploiz de guerre, et pour ceste cause et pour resister a leur dampnable entreprise, conserver noz païs et subgetz et grever lesdiz ennemis en toutes manieres ayons conclud et deliberé et soions de tous poins determinez de nous mettre presentement suz a toute puissance et d'assembler, convoquer et appeller a nostre aide tous noz bons, vraiz et loyaulx subgetz, tant nobles que autres, qui ont acoustumé de eulx armer et de suivir les guerres, pour ce est il que nous mandons, commandons et estroictement enjoingnons a tous nobles, barons, chevaliers, escuiers et autres gens tenans de nous en fief ou arriere fief ou qui ont acoustumé d'eulx armer et suivir les guerres que, sur peine de confiscacion de corps et de biens et d'estre reputez desloyaulx envers nous et la couronne de France, ilz se mettent suz en armes et soient par devers nous, toutes excusacions cessans, en tel lieu etc., tel jour etc., montez, armez et acompaignez suffisamment, chascun selon son estat, pour venir en nostre compaignie a l'encontre desdiz anciens ennemis. Si donnons en mandement par ces presentes a nostre seneschal de Poictou ou a son lieutenant ou : a telz et telz que en et par toutes les villes notables et chastellenies de ladicte seneschaucié ou : de tel bailliage ilz facent hastivement et sanz delay ces lettres publier a son de trompe es lieux acoustumez, telement que aucun n'en puisse ou doye pretendre ignorance, en commandant de par nous a tous les dessusdiz que ainsi le facent sur les peines dessusdictes ; et, s'aucuns desdiz nobles ou autres frequantans les armes sont ou estoient refusans ou delayans de eulx mettre hastivement suz et de venir par devers nous audit jour, ou plus tost preignent et arrestent tous leurs fiefz, meubles et immeubles, heritages, possessions et autres biens quelzconques reaulment et de fait en nostre main, sanz leur en faire aucune recreance ou delivrance, et en oultre les preignent au corps de main mise et en facent ou facent faire punicion comme de crimineulx de leze magesté et desobeïssance a leur souverain seigneur, telement que ce soit exemple a tous autres et que ilz n'en doyent estre reprins de negligence ou dissimulacion. Car ainsi voulons que soit fait. Non obstans quelzconques mandemens de gardes ou garnisons [fol. 110 v] de forteresse et autres excusacions frivoles a ce contraires. En tesmoing etc. Donné etc.

[11.36.a] ¶ Selon la necessité et selon les cas, on fait ces mandemens d'arriere ban aucune foiz plus expres, aucune foiz moins ; toutesvoies, quant le roy veult aler sur les champs en personne, on le doit tousjours faire plus expres.


a suivi de la, répété par erreur.
1 La proximité des Anglais de la Loire et l'expression desobeïssance a leur souverain seigneur situent cette formule au temps de Charles VII. Du Fresne, t. II, p. 606, mentionne cette lettre en l'associant aux entreprises des Anglais en 1428, mais sans raison convaincante.