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Lettre pour avoir ses gaiges ja soit ce qu'on soit absent

Charles etc., a nostre amé N., par nous commis a faire la poursuite et paiement des gaiges des gens de nostre parlement a Poictiers, salut et dilection. Comme nostre amé et feal conseiller oudit parlement maistre H. Lopier1 soit parti de ladicte ville de Poictiers des le mois de novembre derrain passé pour aler en ambaxade [fol. 145] par devers nostre saint pere le pape, pour choses touchans le bien de nous et de l'eglise de nostre royaume et du Daulphiné et aussi de ladicte court de parlement, et en ladicte ambaxade lui conviengne faire grant despense et maintenir honnorable estat, ce qu'il ne pourroit pas bonnement supporter sanz avoir ses gaiges dudit office de nostre conseiller oudit parlement, ainsi qu'il nous a fait remonstrer, pour ce est il que nous, ce consideré et autres causes a ce nous mouvans, voulons et ordonnons que tant que ledit maistre Henry sera et demourra en ladicte ambaxade, il ait et preigne sesdiz gaiges de nostre conseiller oudit parlement a commencier du jour qu'il parti de Poictiers tout ainsi comme s'il estoit resident en icelui parlement. Si vous mandons et enjoingnons que d'iceulx gaiges vous lui faites compte et paiement selon nostre presente voulenté et ordonnance. Et par rapportant ces presentes et quittance suffisant sur ce tant seulement, tout ce que lui en aurez paié sera alloué en voz comptes et rabatu de vostre recepte par noz amez etc. Ausquelz etc. Non obstant que ledit maistre H. soit absent dudit parlement comme dit est et quelzconques ordonnances, mandemens ou defenses a ce contraires. Donné a etc.


1 Clerc, maître des requêtes du duc de Guyenne en 1415, attesté comme maître des requêtes de Charles VII en 1422, Henri Loppier fut reçu conseiller au parlement de Poitiers le 11 mai 1423 (Autrand, Naissance d'un grand corps, p. 96). De la fin novembre 1422 à janvier 1423, il avait accompagné le chancelier Martin Gouge qui, par l'entremise du duc de Savoie, devait négocier une trêve avec les Bourguignons à Bourg-en-Bresse (Du Fresne, t. II, p. 319-322). L'ambassade à laquelle il est fait référence dans cette formule est celle qui fut dépêchée au pape en novembre 1424. On trouve le nom d'Henri Loppier dans des suppliques de mai et de décembre 1425, où il est présenté comme devotus vester Henricus Lopperii, in utroque jure licentiatus, decanus Aurelianensis, unus ex ambaxiatoribus regis Francie, ad S.V. noviter destinatus (Domingues de Sousa Costa, Leis atentatorias, p. 513-514, n. 25). Puisque Loppier était encore à Rome en décembre 1425, la lettre-source du formulaire doit dater du courant de l'année 1425.