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Commission a faire vuidier pillars ou les habandonner

Charles etc., a nostre amé Tel etc. Pour ce qu'il est venu a nostre congnoissance que alentour de nostre ville de Bourges et autre part en nostre païs de Berry1 a pluseurs gens d'armes et de trait de diverses contrees et nacions, lesquelz se sont [fol. 129v] ja longuement tenuz et tiennent en nostredit païs de Berry, y desrobent et ransonnent les marchans et toutes autres manieres de gens, prennent les blez et autres biens des laboureurs, leur ostent leurs voictures aux champs, emportent et gastent leurs mesnages et utenciles d'ostelz et font autres maulx et dommages innumerables, a nostre tres grant desplaisance et a la grant charge et foule2 de noz subgetz dudit païs et du bien publicque d'icelui, et par ce s'en ensuivroit famine, sterilité de biens et la perdicion totale de nostredicte ville de Bourges, qui est la principale de nostredit païs de Berry, se par nous n'y estoit mise provision, nous, desirans de tout nostre cuer pourveoir aux maulx dessusdiz et marchandise avoir plainement son cours et les labourages, dont nous, noz serviteurs et bons subgetz vivons, estre faiz seurement sanz aucun empeschement, pour la confiance que nous avons de vous et de voz sens et bonne diligence, vous mandons et commettons par ces presentes que vous vous transportez, incontinent ces lettres veues, par devers lesdictes gens d'armes et de trait et autres de leur condicion ainsi vivans sur le povre peuple, en quelque lieu que savoir les pourreza 3, et leur faites ou faites faire expres commandement de par nous, soit en general par cry publique ou particulierement a leurs personnes, sur tant qu'ilz doubtent encourir nostre indignacion et d'estre habandonnez, que ilz vuident et partent sanz aucun sejour ou demeure de nostredit païs de Berry et s'en voisent en la frontiere de noz ennemis par devers noz chiefz de guerre, chascun soubz son cappitaine, et delaissent et restituent les voictures, mesnages, jumens, monteures et autres biens qu'ilz ont prins et destroussez de nosdiz subgetz ; et ou cas que de ce faire ilz seroient refusans ou trop delayans, contraingnez les y ou faites contraindre par puissance et main armee de par nous et les habandonnez, et nous mesmes des maintenant pour lors en leur faulte, coulpe et desobeïssance les habandonnons. Et mandons a tous noz justiciers, officiers, vassaulx et subgetz tant de nostredit païs de Berry que autres des païs voisins que ilz aident a vous et a voz commis et depputez a destrousser et faire partir lesdictes gens d'armes et de trait, soit par voie de fait et en armes ou autrement ainsi que besoing sera, telement que la force en soit nostre, en faisant [fol. 130] tele punicion et justice des delinquens que ce soit exemple a tous autres. Et se, en faisant et executant les choses dessusdictes ou aucunes d'icelles, s'en ensuivoit mort ou mutilacion sur lesdictes gens d'armes et de trait et autres dessusdiz, nous des maintenant pour lors le pardonnons et remettons a ceulx qui ce leur auront fait et ne voulons pas qu'ilz en soient poursuiz ne travailliez par justice, ores ou ou temps a venir ; ainçoiz en imposons silence perpetuel a nostre procureur. Voulens que au vidimus de ces presentes, pour ce que on en pourroit avoir a faire en divers lieux, foy soit adjoustee comme a ce present original. Donné etc.


a sic ms, comprendre savoir le pourrez ou trouver les pourrez.
1 L'expression nostre païs de Berry peut être un indice qui permettrait de considérer cette lettre comme émise par Charles VII, qui avait officiellement reçu le Berry, après la mort du duc Jean, le 17 mai 1417.
2 Au sens figuré, “oppression”, “violence”, “mal” (Godefroy, t. IV, p. 111).
3 Même leçon dans P ; comprendre : “où vous pourrez savoir qu'ils se trouvent”.