École des chartes » ELEC » Le formulaire d'Odart de Morchesne » Chappitre de diverses lettres diffuses » Supplicacion pour appel ou Daulphiné
[fol. 119]
[fol. 119v]

Supplicacion pour appel ou Daulphiné

Karolus, Dei gracia Francorum rex, dalphinus Viennensis, dilectis et fidelibus nostris gubernatori1 vel ejus locumtenentia gentibusque consilii nostri Dalphinatus Gratianopolis2 residentib, salutem et dilectionem. Audita per nos humili supplicacione Marie de Miribello3, domicelle, continenti quod nuper in quadamc causa inter ipsam Mariamd ex una parte et Johannem de Mirebello, milite, ex altera pendente coram vobis occasione successionis defuncti Petri de Mirebello lata fuit sentencia, si talis dici debeat, contra ipsam Mariam et ad utilitatem dicti militis, a qua sentencia, quia dicta Maria per ipsam se gravari senciit, fuit pro parte ipsius Marie ad nos supplicatum, nos, eidem Marie super dicta supplicacione sua providere volentes, vobis mandamus quatinus, vocatis vobiscum dilecto et fideli consiliario nostro Johanne Girardi4, magistro requestarum hospicii nostri, si in dicto nostro Dalphinatu tunc existat, et aliis jurisperitis usque ad numerum quatuor, vel tot quot vobis videbitur sufficere debere, resumptoque processu in dicta causa facto, ipsum processum cum dicta sentencia jam, ut dictum est, super ipso lata diligenter visitetis ; quo facto, ipsam sentenciam, si fieri debeat, corrigatis, interim execucionem dicte sentencie supersedere faciendo, aut alias ipsi Marie supplicanti super hoc provideatis sicut secundum jus vobis videbitur fore fiendum. Datum etc.

[11.52.a] ¶  Ceste lettre se baille a ceulx du Daulphiné quant ilz se sentent grevez par le gouverneur ou les gens du conseil, pour ce qu'on n'a pas acoustumé d'appeller d'eulx ; aussi le roy daulphin ne seuffre pas a ses subgetz qu'ilz en appellassent, car aucuns dient qu'il n'en recongnoist point de souverain pour le Daulphiné, ja soit ce qu'il soit en l'Empire.

[Le fol. 120 est blanc.]

a locuntenenti ms.
b sic ms, sans doute pour residentis ou residentibus.
c quadem ms.
d Matiam ms.
1 De novembre 1420 à mars 1425, le gouverneur du Dauphiné fut Randon II, baron de Joyeuse et de Saint-Didier, chevalier banneret, conseiller et chambellan du roi, dont la fille Jeanne épousa, le 15 janvier 1423, Gilbert de La Fayette (Gallia regia, t. II, n° 7835 ; Bouillé, Un conseiller de Charles VII, p. 79-81).
2 Grenoble (Isère, ch.-l. dép.).
3 Une noble famille de Miribel est attestée dans le Viennois depuis 1180. Des quatre branches de cette famille mentionnées par Guy Allard (Dictionnaire historique chronologique, géographique, généalogique, héraldique, juridique, politique et botanograpique du Dauphiné, repr. Genève, 1970, p. 141-142), seuls les seigneurs de Miribel survécurent jusqu'au XVe siècle. Selon cet ouvrage, leur branche s'éteignit avec Jean-Amédée et Pierre de Miribel qui moururent sans enfants environ l'an 1450 ; Marie, leur sœur, fut dame de Sonas. Il est probable que la lettre utilisée par Morchesne fasse référence aux disputes de succession entre Marie et Jean-Amédée après la mort de Pierre.
4 Jean Girard apparaît également dans la formule [15.2] en tant qu'ambassadeur envoyé au pape ; il est peut-être aussi mentionné dans la formule [7.15]. Jurisconsulte né à Paris à la fin du XIVe siècle, il devint docteur ès lois. Le 27 février 1417, la ville de Lyon lui fit des présents en tant que docteur ès lois et conseiller pour se le concilier. En 1420, il succéda à Guillaume Gélinon comme président unique du conseil du dauphin. Il fut remplacé à cette fonction par Pierre de Tholon le 20 avril 1422, mais, dans un acte de 16 avril 1424, il portait encore le titre de conseiller royal. De 1419 à 1428, il fut maître des requêtes de Charles VII ; il fut nommé, le 1er novembre 1428, lieutenant du gouverneur de Dauphiné, office qu'il conserva jusqu'en 1434 (Gallia regia, t. II, n° 7869). Voir entre autres D.B.F., t. XVI, p. 153 ; Didier Neuville, Le parlement royal à Poitiers, 1418-1436, dans R.H., t. 6, 1878, p. 1-28 et 272-314, spéc. p. 282-283 ; C.U.P., t. IV, n° 2251 ; Gaussin, Les conseillers de Charles VII, p. 116. Il faudrait de plus amples recherches pour lever quelques incohérences entre les diverses informations que nous avons ainsi recueillies.