École des chartes » ELEC » Le formulaire d'Odart de Morchesne » Collacions et autres lettres de benefices » Collacion de prebende vaccant par permutacion
[fol. 66]

Collacion de prebende vaccant par permutacion

Karolus etc., dilectis nostris decano et capitulo ecclesie collegiate Beate Marie de Villanova juxta Avinionem1, salutem. Notum facimus quod nos canonicatum et prebendam ecclesie prefate de Villanova quos obtinere solebat N., nunc liberos et vaccantes et ad collacionem nostram hac vice, prout fertur, spectantes, causa tamen permutacionis per N., procuratorem dicti N. ad hoc specialiter fundatum, in manibus dilecti et fidelis confessoris nostri facte cum dilecto nostro magistro Tali ad cappellam seu cappellaniam perpetuam Beati Aniani in ecclesia Lodevensi fundatam2 quam idem magister Johannes obtinebat,prefato magistro Talidedimus et contulimus damusque et conferimus pietatis intuitu per presentes ; earum serie vobis mandantes quatinus memoratum Talem seu ejus procuratorem pro eo in possessionem etc. comme es precedens lettres 3.

[9.4.a]  ¶ Nota que les permutacions de benefices estans a la collacion du roy se doivent faire es mains du confesseur du roy, au moins on lui en doit parler et il doit veoir les procuracions et savoir la [fol. 66 v] maniere de la permutacion et enquerir bien s'il y a symonnie ne autre paction illicite, car en ce cas ne les doit recevoir, et ce est des deppendences de son office pour la descharge de la conscience du roy qui est collateur.

[9.4.b] ¶ Item nota ces mots hac vice, car ils sont miz en ceste lettre pour ce que les prebendes de l'eglise de Villeneuve sont en collacion alternative du roy et du pape : quant le pape en a donné une, le roy donne l'autre de plain droit.

[9.4.c] ¶  Nota que, toutes et quantes foiz qu'on parle d'une eglise cathedrale ou metropolitaine, on ne doit point nommer le saint ou la sainte dont elle est fondee, ne dire ne metropolitaine ne cathedrale, mais seulement l'eglise de tel lieu ; et quant c'est pour autres eglises collegiales ou parrochialesa, on le y doit mettre a la difference de l'eglise cathedrale, comme en disant ainsi ecclesie collegiate Beate Marie vel Beati Aniani in Bitturia4 vel N.

[9.4.d]  ¶ Item nota que on doit tousjours mettre la maniere de la vaccacion du benefice et nommer celui qui le tenoit ; et aussi quant le benefice vacque en regale, on doit mettre le nom et non pas le seurnom de l'arcevesque ou de l'evesque par la mort duquel la regale a lieu, sinon toutesvoies quant on prent sa collacion doubteuse come la precedent de si et in quamtum.

[9.4.e]  ¶ Item en lettres de collacions de benefices on y doit mettre ces motz pietatis intuitu, car ainsi se doivent donner et mesmement pour le seel n'en prent on riens a l'audience ne chancelerie.

[9.4.f]  ¶ Item nota que le roy, en parlant a ceulx d'un chappitre, ne dit pas de vostre eglise, mais seulement de tele eglise, ou de ladicte eglise.

[9.4.g]  ¶ Item nota que ce mot solennitatibus se doit escrire par deux net i, et par une l, et non pas par m et par p comme souventes foiz on l'escript, et ainsi le [fol. 67] b trouveras ou Catholicum et de solennis et de solenniter 5.

[9.4.h] [fol. 66v]¶ Item nota que la regale, comme dient les pluseurs, n'a point de lieu es provinces de Bourges, de Lyon, de Thoulouse, de Narbonne, d'Aux, de Bourdeaulx, ne autres qui sont deça la riviere de Loire.

[9.4.i] ¶ Item dient que administracions de maisons Dieu, de maladeries et de cures ne cheent point en regale.

[9.4.j]  [fol. 67] ¶ Item nota que la regale n'a lieu fors en aucuns dioceses qui en la fin de livre 6 seront nommez et escripz ; et dure la regale depuis la mort de l'arcevesque ou evesque jusques a ce qu'il en y ait un autre et que celui qui est ou lieu du trespassé ait fait hommage ou serement de feaulté au roy, au moins jusques a ce qu'il ait obtenu grace et surseance du roy de le lui faire.


a parrachiales ms.
b La fin de la phrase, de trouveras à solenniter, d'abord laissée en blanc en cours de ligne, a été portée en haut du fol. 67. Dans la mesure où cet alinéa est suivi, en bas du fol. 66v, de deux autres alinéas, entiers, et que le complément a été porté non en fin de ligne (dont environ les deux tiers restaient disponibles), mais en première ligne du fol. 67, à l'intérieur de la justification, et sans signe de renvoi, on ne peut attribuer cette incohérence qu'à une mauvaise compréhension, par le copiste, du manuscrit transcrit. On notera que P comme M donnent dans un ordre différent les derniers nota : [9.4.g ], [9.4.j ], puis [9.4.h ] et [9.4.i ].
1 Notre-Dame de Villeneuve-lès-Avignon : voir ci-dessus, annotation de la formule [9.1].
2 Lodève (Hérault, ch.-l. arr.). Une rapide recherche bibliographique ne nous a pas permis de découvrir d'autre mention de la chapelle Saint-Aignan en la cathédrale de Lodève.
3 Morchesne renvoie ici aux formules [9.1] et [9.2].
4 Collégiale de Saint-Aignan, dont Morchesne était prieur : voir ci-dessus, formule [1.1].
5 Référence est faite ici au Catholicon de Jean Balbi de Gênes. Cet ouvrage, achevé en 1286, compte cinq parties, les quatre premières portant sur l'orthographe, l'accentuation, l'étymologie et la syntaxe, et la dernière étant un dictionnaire du latin qui valut à l'auteur une place très importante parmi les lexicographes du Moyen Âge. L'ouvrage, qui n'a toujours pas d'édition critique, fut parmi les premiers livres imprimés à la fin du XVe siècle. L'édition du Catholicon par Bonetus Locatellus (Venise, 1495, consultable sur le site internet Gallica de la Bibliothèque nationale de France), fol. 275, orthographie bien le mot Solennitas comme le prescrit Morchesne. — Le précepte est suivi plus bas, à la formule [17.21] (voir note [l] de l'apparat). Le manuscrit P le donne dans une formulation différente, et sans mention du Catholicon : solennis se doit escripre par deux n n sans p, et qu'il n'y ait que une l, per versus : “Si quis solennis cuppiat desculpare pennis,/ l simplex ponat ; pecat qui p sibi donat”. Le manuscrit M reprend cette formulation, mais sans les vers et avec mention du Catholicon.
6 La fin du ms (voir ci-dessous, chap. [18]) ne contient pas la liste ici annoncée, mais seulement un provincial sous la forme d'un glossaire latin-français des noms de provinces et diocèses. Ce renvoi est omis dans P et M.