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[fol. 152]

Povoir sur aliances1

Karolus etc. Qui conservaverunt amicicias obtinuerunt regna2 et in amicicie virtute potestates firmantur ; geminata siquidem virtus validius subsistit atque resistit potencius, amicorumque fides et in prosperis solacium est et presidium in adversis. Ob eam causam reges et potentes seculi contemporaneorum federa principum solerter exquirunt fortunaque dampna amicorum utilitate compensat eta caritatisb serie memoriter tenemus sacrum imperium Francorumque regiam magestatem sui federis unitate fidem protexisse, ecclesiam sustentasse et vicisimc sibi prosperitatem et pacem servasse longevam, et predecessorum in hac parte vestigiis adheremus. Attendentes igitur serenissimi principis Sigismundi, Dei gracia Romanorum regis semper augusti etc., consanguinei nostri dilectissimi, gloriosam famam, virtutis dignitatemd et apud nos affectionem sinceram, domosque Francie et Boemie ab annis antiquis conjunctas recolentes, cum eodem consanguineo nostro sacro imperio et Boemie domo et antiquas observare amicicias et in novitatem reformare et roborare studemus. Quapropter de carissimi et dilectissimi avunculi nostri Ludovici, ducis in Bavaria3, ac dilectorum et fidelium nostrorum, Artaudi, abbatis Sancti Anthonii Viennensis4, consiliarii, et magistri Odardi Morchesne, secretarii nostrorum, prudencia et fide confisi, eosdem ad presenciam ejusdem consanguinei nostri nostros destinavimus oratores atque nuncios speciales. Dantes eisdem potestatem ac mandatum speciale firmandi, roborandi, [fol. 152v] renovandi et de novo tractandi et paciscendi federa, ligas et amicicias inter sacrum imperium et christianissimam Francorum magestatem, reges et regna atque domos Francie et Boemie initas et inita, juxta antiquarum confederacionum seriem et tenorem ; ac in eisdem addendi, diminuendi et interpretandi quicquid ad utriusque partis utilitatem videbitur convenire. Promittentes bona fide et in verbo regio nos ratum et gratum habituros omnee et quicquid in predictis tractatum, pactum, concordatum, promissum et firmatum, confirmatum aut renovatum fuerit ; et super hiis mandare litteras in predictorum firmitatem, cum fuerimus requisiti, pares litteras ab eodem consanguineo nostro recipiendof. In quorum omnium testimonium etc.


a ea ms, corrigé d'après P.
b caritat ms, avec ajout d'un tilde final, d'une autre encre.
c sic ms.
d dignitate ms.
e omnie ms.
f abrégé recipien-, comme dans P, le ci ajouté dans le ms en interligne ; on attendrait plutôt recepturi.
1 Cette formule, qui mentionne à nouveau Morchesne comme ambassadeur, a été comme la formule [15.1] citée par Tessier, Le formulaire, p. 77-78, et n. 1 de la p. 78, qui a semblablement émis quelque doute sur la participation effective de Morchesne, au motif que la lettre ferait double emploi avec le pouvoir attribué à Artaud de Grandval, Alain Chartier et Guillaume Saignet le 31 décembre 1424, suivant Du Fresne, t. II, p. 346-347. Il est vrai que Morchesne n'est pas autrement cité au cours du véritable ballet diplomatique auquel participèrent en 1424-1425 Artaud de Grandval et Alain Chartier, peut-être illustré par d'autres formules recueillies dans le formulaire, pourquoi pas à l'occasion de contacts avec l'un ou l'autre de ces hommes. Mais il reste fort possible que, comme pour l'ambassade de Castille [15.1], la formule [15.3] transmette le souvenir d'une autre ambassade, avortée ou menée à terme, comme incite à la penser la mention qui est faite du duc de Bavière, dont on voit mal que Morchesne l'ait aussi interpolée. — Voici, essentiellement d'après la mise au point de Paul-Michel Perret, L'ambassade de l'abbé de Saint-Antoine de Vienne et d'Alain Chartier à Venise d'après des documents vénitiens, dans R.H., t. 45, 1891, p. 298-307, le résumé des ambassades connues de 1424-1425 : Artaud de Grandval traite avec le duc de Milan Philippe-Marie Visconti (ci-dessous, formule [15.7]) et le 17 février 1424 obtient la formation d'une ligue entre la France, Milan, l'Écosse et la Castille. Le 31 décembre 1424, Charles VII accrédite Artaud et Alain Chartier auprès de Sigismond. Au printemps 1425, les deux hommes se trouvent à Rome avec d'autres ambassadeurs du roi (formule [15.2], qui ne les mentionne pas). Fin avril ou début mai 1425, ils débarquent à Venise pour offrir au Sénat la médiation de Charles VII entre la République et l'empereur Sigismond. Artaud, sans Alain Chartier, se rend auprès de l'empereur, qu'il trouve à Buda ou aux environs, en juillet ou août 1425, puis gagne à nouveau Venise en octobre. Ce scénario laisse donc largement place pour une lettre de pouvoir attribuée à Artaud, à Morchesne et au duc de Bavière, comme à une autre sollicitant le vicariat du Dauphiné au profit du dauphin Louis (formule [15.5]), qui fut octroyé par Sigismond probablement en 1425 (dans les premiers mois de l'année, conjecture Du Fresne, t. I, p. 349, n. 5, sans preuve positive).
2 Cf. 1 Mac. 8, 12.
3 Louis, comte palatin du Rhin, duc de Bavière, était l'oncle maternel de Charles VII. Présent plusieurs fois au conseil de Charles VI, il détint l'office de grand maître de l'hôtel de 1402 à 1405 (Anselme, t. VIII, p. 344). Son mariage avec Anne de Bourbon, en 1402, lui apporta la Basse-Marche dont il eut l'administration au nom de son fils, Louis, jusqu'en 1442. Une plaidoirie devant le parlement de Poitiers nous apprend que, en juin 1424, Louis de Bavière était en Allemagne (Thomas, Le comté de la Marche, p. 91).
4 Artaud de Grandval fut pourvu de la charge d'abbé de Saint-Antoine de Viennois (Isère, cant. Saint-Marcellin) le 22 décembre 1418 et demeura en fonction jusqu'à son décès, le 18 septembre 1427 ; confronté à un compétiteur et aux problèmes de la gestion et de la réforme de l'ordre des Antonins, il fut un actif diplomate de Charles VII (Adalbert Mischlewski, Un ordre hospitalier au Moyen Âge : les chanoines réguliers de Saint-Antoine en Viennois, trad. franç., Grenoble, 1995 [La pierre et l'écrit], passim ).