École des chartes » ELEC » Le formulaire d'Odart de Morchesne » Defenses » Defense a gens d'armes qu'ilz ne logent ne facent dommage es villes, terres ou forteresses d'un serviteur ou d'un prince
[fol. 122]
[fol. 122v]

Defense a gens d'armes qu'ilz ne logent ne facent dommage es villes, terres ou forteresses d'un serviteur ou d'un prince1

Nous, Charles, filz du roy de France etc. Considerans les grans et notables services que reverend pere en Dieu et nostre amé et feal conseiller Tel a faiz par long temps et fait chascun jour a mon seigneur et a nous en pluseurs manieres, tant ou païs de Languedoc que autre part, et esperons que plus face ou temps a venir, considerans aussi les grans pertes et dommages que lui et ses subgetz ont eues et souffertes a l'occasion de nostre service et de la loyaulté que ilz ont et a tousjours tenue et gardee envers mondit seigneur et nous, voulans pour ce que devant autres ilz ayent aucun avantage et exempcion et qu'ilz soient aucunement relevez de leursdictes pertes et dommages, ad ce que de plus en plus ilz soient tenuz et voulentiz de nous bien servir et de demourer en leurdicte loyauté, voulons, ordonnons et expressement defendons a tous chevaliers, escuiers, cappitaines, rotiers, gouverneurs et conduiseurs de gens d'armes, archiers, arbalestriers et autres gens de guerre estans ou service de mon seigneur et de nous que ilz ne se logent ne seuffrent que aucuns de leurs gens se logent ou chastel, ville ou forsbourgs de tel lieu ne en aucunes autres villes, masages2, terres, seigneuries, maisons ou places appartenans audit Tel et ne y preignent ou fourragent ne seuffrent prendre ou fourragier blez, vins, avoines, olives3, vollaille, bestiail, chevaulx, jumens, muletz, mesnaiges, utenciles d'ostel ne autres biens ou choses quelzconques, sinon toutesvoyes du bon gré ou consentement de ceulx a qui seront lesdictes choses, et ne facent ou seuffrent faire autre desplaisir ou dommage a icelui Tel ne a sesdiz subgetz en quelque maniere que ce soit, ainçoiz sesdiz subgetz et leurs varletz, gens ou serviteurs seuffrent et laissent aler et venir en leurs affaires paisiblement, saichans de vray que, se aucuns font le contraire, il nous en desplaira et les en feront telement punir que les autres y prendront exemple. Et pour ce que de ces presentes l'en pourra avoir a faire en pluseurs et divers lieux, nous voulons que au vidimus d'icelles fait soubz seel autentique foy soit adjoustee comme a ce present original. Donné etc.


1 Du Fresne, t. I, p. 433, n. 3, qui cite cette lettre, considère qu'elle avait à l'évidence pour bénéficiaire l'archevêque de Reims, Regnault de Chartres. Nous n'en sommes pas sûrs.
2 Masage : tenure où l'on bâtit une maison (Godefroy, t. V, p. 192) ; au pluriel, le terme semble renvoyer à des habitats modestes ou dispersés, par opposition à celui de villes.
3 Indice de localisation méridionale du bénéficiaire.