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[fol. 147]
[fol. 147 v]

Retenue de general1

Charles etc., a tous etc. Comme pour convenablement pourveoir aux grans affaires qui chascun jour nous seurviennent soit expediant et necessaire de commettre le gouvernement et distribucion de noz finances a personnes notables, feables et expers, savoir faisons que nous, confiens entierement des grans sens, experience, loyauté et bonne diligence de noz amez et feaulx N. M., iceulx en la compaignie de nostre amé et feal P., general conseiller sur le fait et gouvernement de nosdictes finances, par l'advis et deliberacion de pluseurs, tant de nostre sang et lignage comme prelaz, barons et autres gens de nostre grant conseil presentement assemblez de nostre commandement en ceste nostre ville de N., avons aujourd'uy retenua, ordonné et establi, retenons, ordonnons et establissons par ces presentes noz generaulx conseillers sur le fait et gouvernement de toutes noz finances tant de noz païs de Languedoïl comme de Languedoc, pour icelui office et estat de general conseiller avoir, tenir et excercer par lesdiz etc. avec ledit N., aux gaiges chascun d'eulx trois de M par an et les chevauchees de tant par jour et aux autres droiz, honneurs, prerogatives, preeminences, franchises, libertez et emolumens accoustumez et audit office et estat appartenans tant comme il nous plaira. Ausquelz N. N. ensemble et a chascun par soy avons donné et par ces presentes donnons plain povoir, auctorité et mandement especial de entendre et besoingner a faire venir enz tous les deniers quelzconques qui nous sont et seront deuz tant du temps passé comme du temps present et a venir de quelzconques noz receptes tant ordinaires comme extraordinaires de noz demaines, monnoyes, greniers, aides et autres subvencions mis et a mettre suz en nostre royaume ; de faire recevoir tous les deniers venans de toutes nosdictes finances tant ordinaires comme extraordinaires par nostre amé et feal receveur general de nosdictes finances N. ou autre receveur general qui pour le temps a venir sera ; de mander tous et quelzconques personnes qui se seront meslez et entremis de faire aucunes receptes pour nous a venir devers eulx la ou il leur plaira toutes et quantes foiz que bon leur semblera, veoir leurs estaz et a ce et a paier ab nostredit receveur general les deniers qu'ilz devront les contraindre et chascun [fol. 148] d'eulx par prinse de corps et de biens et par toutes voyes et manieres acoustumees pour noz propres debtes, cessans toutes opposicions ou appellacions ; de congnoistre de tous debaz, querelles, plaiz et procés meuz et a mouvoir touchans le fait des aides et gabelle et en determiner en toutes manieres ; de tauxer voyages et autres salaires raisonnables ou il appartendra et sur ce bailler leurs lettres a ce neccessaires pour la descharge des paieurs ; de distribuer les deniers de nosdictes finances en noz affaires et besoingnes ainsi qu'ilz verront estre a faire ; de verifier et expedier noz lettres et mandemens faictes et a faire ; de lever et faire lever par nostredit receveur general descharges sur noz receveurs de demaines, greniers, maistres de monnoyes, receveurs d'aides ou tailles mises ou a mettre suz ; de suspendre, s'ilz voyent que il soit a faire pour nostre bien et prouffit, nosdiz receveurs, grenetiers et autres chargiez de recepte ou ceulx d'eulx que bon leur semblera, et en lieu d'iceulx y commettre d'autres jusques a ce que autrement en soit ordonné ; de assoupper2 et delayer les assignacions faictes sur noz receptes ordinaires et extraordinaires qu'ilz verront non estre necessaires afin d'avancer et faire venir bonnes et vallables les autres ainsi qu'ilz verront estre a faire pour le bien de nous et de nosdiz affaires ; defendre a tous noz receveurs que de quelzconques assignacions et descharges levees sur eulx ilz ne paient aucune chose sur peine de le recouvrer d'eulz, sinon par l'expres commandement et ordonnance de noz generaulx conseillers dessus nommez, ausquelz et non a autres en toutes choses touchans nosdictes finances voulons par tous estre obeÿ ; et generalment de faire, besoingner et ordonner en toutes et chascunes les choses dessusdictes, leurs circonstances et deppendences tout ce qu'ilz verront estre au bien de nous et a l'acroissement et augmentacion de nosdictes finances, comme leurs predecesseurs generaulx conseillers sur noz finances ont acoustumé faire, posé ores que la chose requist mandement plus especial. Si donnons en mandement par cesdictes presentes a nostre amé et feal chancelier que, prins et receu desdiz N. N. le serement acoustumé, iceulx mette et institue en possession et saisine dudit office et d'icelui les face joïr et user plainement et paisiblement et [fol. 148 v] a eulx obeïr par tous ceulx qu'il appartendra. Mandons aussi au receveur general, au contreroleur de la recepte generale et aux receveurs ordinaires, grenetiers, maistres de nos monnoyes, receveur d'aydes et a tous autres commis et a commettre aux receptes et autrement sur le fait de nosdictes finances tant ordinaires comme extraordinaires que, en ensuivant, enterinant et acomplissant nostre dessusdicte ordonnance et sanz transgresser ou trespasser icelle, ilz obeïssent et entendent diligemment aux dessus nommez noz generaulx conseillers et a chascun d'eulx et a leurs commis et depputez es choses dessusdictes et leurs circonstances et deppendences. Mandons avec ce a noz amez et feaulx gens de noz comptes que tout ce qui aura esté paié par les descharges ou ordonnances de noz dessus nommez generaulx conseillers et de chascun d'eulx ilz allouent es comptes des paieurs, en rapportant les lettres de nosdiz generaulx et les quittances seulement, non obstans quelzconques autres puissances par nous autres foiz donnees a autres personnes queles que elles soient. Mandons en oultre audit G. Charrier, receveur general de nosdictes finances ou autre qui pour le temps a venir sera, que il paie, baille et delivre d'ores en avant par chascun an aux termes et en la forme et maniere acoustumez a chascun desdiz N. N. noz generaulx conseillers lesdiz gaiges de VI C livres parisis par an et les chevauchees de VI livres tournois par jour qu'ilz affermeront par leurs lettres avoir vacqué, besoingnié et chevauchié pour le fait de nosdictes finances. Et par rapportant vidimus de ces presentes, fait soubz seel royal, pour une foiz seulement, avec quittances des dessus nommez et de chascun d'eulx affirmatoires desdictes chevauchees seulement, nous voulons tout ce qui a la cause dessusdicte leur aura esté paié estre alloué es comptes et rabatu de la recepte dudit receveur general par nosdictes gens des comptes ; ausquelzc nous mandons que ainsi le facent sanz contredit ou difficulté. Non obstans quelzconques constitucions, editz, ordonnances, restrinctions, mandemens et defenses a ce contraires. Et pour ce que de ces presentes, lesquelles voulons estre publiees ou il escherra, on pourra avoir a faire en divers lieux, voulons que au vidimus d'icelles, fait soubz seel royal, tele foy soit adjoustee comme a cest original. Auquel en tesmoing de ce nous avons [fol. 149] fait mettre nostre seel. Donné etc.

[14.31.a] ¶  Mon seigneur le chancelier a acoustumé d'avoir des generaulx ou commissaires sur le fait des finances et aussi du receveur general, quant ilz sont faiz nouveaulx, une escarlate pour son droit avant que il face seeller leurs lettres ou qu'il recoive leur serement.

[Le fol. 149v est blanc et le fol. 150 coupé.]

a suivi de et, rayé.
b a omis ms.
c auquelz ms.
1 La lettre-source date au plus tôt de novembre 1418, d'après la mention du receveur général Guillaume Charrier (voir ci-dessus, formule [8.10]), et même de la fin octobre 1422, vu l'expression en nostre royaume. Il est donc probable que la présente formule doive être rapprochée de la nomination, faite le 17 août 1423, de Guillaume de Champeaux, Alexandre Le Boursier et Jean de La Barre aux offices de generaulx conseilliers (Du Fresne, t. II, p. 616).
2 Godefroy (t. I, p. 57, achoper) cite plusieurs attestations où, dans un contexte comptable, le verbe signifie “retenir”, “bloquer” un paiement pour le différer ou ne pas le faire.