École des chartes » ELEC » Cartulaires d'Île-de-France » Vaux-de-Cernay » Tome premier (2e partie) 1251-1300 » 1251-1260 » Mart. 1251, n. s.

" De dono domini Montismorenciaci, per portum de Confluentio1".

  • A Original en parchemin scellé. — Inv., p. 27, l. 8.
  • a Cartulaire de l’abbaye Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, de l’ordre de Cîteaux, au diocèse de Paris, éd. Lucien Merlet et Auguste Moutié, Paris, 1857-1858.
D'après a.

Omnibus presentes litteras inspecturis, Matheus2, dominus Montismorenciaci, et Johanna3, uxor ejus, salutem in Domino : Notum facimus quod nos, ob remedium animarum nostrarum et antecessorum nostrorum, in puram et perpetuam elemosinam, damus, concedimus et quitamus im perpetuum viris religiosis abbati et conventui Vallium Sarnaii et eorum monasterio liberum transitum, quantum ad nos et heredes et successores nostros pertinet, absque pedagio, transverso, consuetudine vel costuma et absque alia qualibet exactione, per portum de Confluencio4, omnium vinorum suorum et omnium rerum suarum quarumcumque, de suis possessionibus provenientium, et animalium eorumdem quorumcumque, transeuntium per eundem portum, et aliorum que ad usum dicti monasterii contigerit comparari, vel eciam in elemosinam sibi dari, quandocumque et quocienscumque per dictum portum eundo et redeundo contigerit naves et res eorum pertransire, dum tamen fidem faciat manualem monachus vel conversus ejusdem monasterii, si ab eodem petita fuerit, quod res sunt monasterii pretaxati, probacione alia minime requirenda ; ita tamen quod, antequam res eorum transeant, vel in ipso transitu, prius super hoc fidem faciet monachus vel conversus. Volentes et concedentes quod predicti abbas et conventus predictum liberum transitum rerum suarum quite et libere de cetero, absque aliqua redibitione, quantum ad nos et successores et heredes nostros pertinet, habeant per dictum portum et possideant in futurum. Immo eciam quitamus dictis abbati et conventui et eorum monasterio transversum, pedagium, consuetudinem et coustumam, si que nobis vel heredibus vel successoribus nostris competebant vel competere poterant aliquo modo in rebus monachorum predictis vel in transitu earumdem. Promittimus, etc........................... Ego vero Ysabellis1, relicta defuncti Buchardi, quondam domini Montismorenciaci, mater predicti Mathei, omnia premissa volo, laudo et concedo ; quito etiam im perpetuam elemosinam, ob remedium anime mee et antecessorum meorum, quicquid juris habebamus vel habere poteramus, ratione dotis sive dotalicii seu donacionis propter nupcias vel alio quoquo modo, dictis abbati et conventui in omnibus et singulis supradictis. In cujus rei testimonium et munimen, nos Matheus, Johanna et Ysabellis predicti presentibus litteris sigilla nostra2 duximus apponenda. Actum .


1 En 1190, Gaston de Poissy avait de même affranchi l'abbaye des Vaux de Cernay de tout droit de passage par le port de Maisons. Voir nº LXXXIV, p. 103.
2 Mathieu III succéda, fort jeune encore et sous la tutelle de sa mère, en 1243, à Bouchard VI, son père, seigneur de Montmorency. Il suivit saint Louis à sa dernière croisade, et l'on croit qu'il mourut avec lui à Tunis, en 1270.
3 Jeanne, quatrième fille d'Erard de Brienne, seigneur de Rameru, et de Philippe de Champagne, était mariée avant 1250. Voy. P. Anselme, t. III, p. 571, et André Duchesne, Hist. de Montmorency, p. 164.
4 La seigneurie de Conflans-Sainte-Honorine était entrée avant l'an 1094 dans la maison de Montmorency par le mariage d'Agnès, fille d'Yves II, comte de Beaumont-sur-Oise, et sœur de Mathieu, aussi comte de Beaumont et chambrier de France, avec Bouchard IV, seigneur de Montmorency. Conflans était le premier fief de l'église de Paris, et c'est de là que les descendants de Bouchard IV, seigneurs de ce lieu, eurent le premier rang parmi les barons auxquels appartenait le droit de porter le dais sur l'évêque de Paris lorsqu'il faisait son entrée solennelle dans son église. Voy. André Duchesne, loc. cit., p. 83. — On sait que le seigneur de Chevreuse partageait cet honneur avec le sire de Montmorency. A. M.
1 Isabelle de Laval, sœur d'Emme, dame de Laval, mariée avant 1226 à Bouchard VI de Montmorency.

2 Trois sceaux en cire verte, sur lacs de soie verte et rouge.

Sceau de Mathieu III de Montmorency. — Rond et de moyenne dimension. Écu couché, aux nouvelles armes de Montmorency, timbré d'un chien courant à dextre. Légende, commençant à l'angle sénestre de l'écu : † S. Mathe......... renciaco * brache. (Gravé, pl. vi, nº 5.)

Sceau de Jeanne. — De forme ogivale et de moyenne dimension. Dame debout, la main droite sur la poitrine et tenant un faucon sur le poing gauche. Légende : [† S.] domicelle Iohe vxor....... i Motismoran..... (Gravé, pl. ix, nº 2.)

Sceau d'Isabelle. — Ogival comme le précédent. Dame debout, tenant une fleur de lis de la main droite, et la main gauche posée sur la poitrine. Légende : † S. Isabelle dne.....

Les deux premiers sceaux nous fourniront des observations importantes pour l'histoire sigillographique de la maison de Montmorency.

André Duchesne (p. 30 de son Histoire généalogique de la maison de Montmorency) nous apprend que le chien courant fut substitué au paon traditionnel qui figurait au timbre des armes des premiers seigneurs de Montmorency : « Ce qui, dit-il, semble estre advenu depuis Mathieu IV, seigneur de Montmorency, chambellan et admiral de France, ou depuis Jean de Montmorency, son fils, puisque le paon estoit encore sur son timbre au temps du roy Philippe le Bel..... Et certes les armoiries des vieux sceaux enseignent que ce fut Charles, seigneur de Montmorency, mareschal de France, qui le changea pour le chien, régnant le roy Philippe de Valois ; car il y a aux archives de l'église collégiale de Montmorency des lettres de l'an 1345, scellées de petits sceaux de luy et de Jeanne de Roucy, sa femme, où le chien est représenté. « Il donne, en effet, à l'appui de son assertion la gravure de ces deux sceaux.

Le savant généalogiste semble donc avoir complètement ignoré l'existence du sceau qui nous occupe, et qui prouve que Mathieu III, avant l'an 1250, timbrait déjà ses armoiries du chien courant, usage que ses successeurs adoptèrent par la suite.

Il nous parait constant que le sceau de Mathieu III, tel que nous venons de le décrire et tel que nous l'avons fait graver, fut le premier dont ce seigneur se soit servi. Il doit l'avoir fait faire du vivant de son père, ou du moins pendant sa longue minorité, avant d'être entré dans l'ordre de la chevalerie. On ne trouve, en effet, dans la légende ni le titre de domini, ni celui de militis ; ce dernier même nous semble y être remplacé par cette abréviation presque fruste brache, que nous croyons devoir lire brachelerii pour barchelerii, bachelier. Quant à la légende malheureusement très-mutilée, nous pensons devoir la restituer ainsi : † Sigillvm Mathei de Monte Morenciaco * Brache. Le fils différenciait ordinairement par une brisure ses armoiries de celles de son père encore vivant. On sait qu'après la bataille de Bouvines, Mathieu, connétable de France, augmenta de douze alérions ses armoiries, qui étaient primitivement de quatre, et en plaça quatre à chacun des cantons de la croix de son écu, et cet usage fut invariablement suivi par ses successeurs. La croix de l'écu du sceau de Mathieu III n'est cantonnée que de dix aiglettes posées 2, 2, 3 et 3, mais cette circonstance doit être attribuée au défaut d'espace plutôt qu'à une intention de brisure, puisque le sceau du fils était suffisamment différencié de celui de son père par la dissemblance de leurs noms, Bouchard et Mathieu.

Du reste, Mathieu III ne timbra son écu du chien courant que sur ce premier sceau : on ne le retrouve ni sur le grand sceau équestre, ni sur le contre-sceau dont il se servait en 1260 et 1270, ni sur le contre-sceau dont Jeanne de Brienne, sa femme, usait aux mêmes époques. Duchesne a donné une double gravure de ces deux sceaux, page 22 de son Histoire et 118 de ses Preuves. Sur l'écu du cavalier, sur le caparaçon du cheval et sur le contre-sceau on ne trouve que la croix cantonnée de seize alérions avec cette légende autour du sceau : † S. Mathei domini de Montemorenciaco milit.

Le sceau de Jeanne de Brienne est certainement contemporain des premières années de son mariage, et antérieur à l'époque à laquelle elle devint dame de Montmorency. Elle n'y prend effectivement que le titre de domicella, au lieu de celui de domina, comme elle le fit plus tard, et comme le faisait Isabelle, sa belle-mère. Le sceau de 1260, cité par Duchesne, est d'une dimension double de celui que nous avons décrit : la dame y est représentée dans la même attitude, mais accostée de six aiglettes, avec cette légende : † S. Iohanne domine de Montemorenciaco. Le contre-sceau est parti du lion de Brienne et des seize alérions de Montmorency. A. M.

1 Cette charte fut confirmée au mois d'avril suivant par Renaud de Corbeil, évêque de Paris : « Omnibus presentes litteras inspecturis, Reginaldus, miseratione divina, Parisiensis ecclesie minister indignus, salutem in Domino : Noveritis nos litteras nobilis viri Mathei, domini Montismorenciaci, et Johanne, uxoris ejus, necnon et domine Ysabellis, relicte Buchardi quondam domini Montismorenciaci, vidisse in hec verba, sigillis eorumdem sigillatas :

« Nos vero, dictam donationem et quitationem ratas habentes, omnia et singula predicta volumus, concedimus et laudamus, et ad petitionem factam ex parte dictorum nobilium, presentes litteras sigilli nostri munimine roboravimus, in testimonium perpetuum et confirmationem omnium predictorum. Actum anno Domini millesimo CCº quinquagesimo, mense aprili. « (Inv., p. 27, l. S.)

Elle fut vidimée en 1275 par l'official de Paris :

Universis presentes litteras inspecturis, officialis curie Parisiensis, salutem in Domino : Notum facimus quod nos litteras infrascriptas, anno Domini Mº CCº LXXº quinto, die sabbati post festum beati Luce evangeliste, vidimus in hec verba :

"Transcriptum autem hujusmodi litterarum fecimus sub sigillo curie Parisiensis, salvo jure cujuslibet. Datum anno et die sabbati predictis. » (Inv., p. 27, l. N.)

Elle fut de nouveau vidimée en 1289, par le prévôt de Paris, en même temps que les lettres de confirmation de Renaud de Corbeil :

A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Jehan de Montigni, garde de la prévosté de Paris, salut : Nous faisons à savoir que nous avons veu deus paires de lettres, dont la teneur est telle :

 »Desqueles lettres nous faimes transcrit sus le scel de la prévosté de Paris, sauf le droit de chacun, l'an de grâce mil CC quatre vinz et neuf, le jour de feste saint Michel. « (Inv., p. 27, l. S.)